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102. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Peu de spectateurs sont capables de cette contention d’esprit : on ne rit guère par réflexion au spectacle. […] Si vous arrivez au spectacle avec cette opinion préconçue, vous vous gâterez vous-même tout votre plaisir, et vous ne jouirez pas, comme il faut, du jeu si fin, si varié, de Delaunay. […] Ce spectacle vous est très familier. […] Il est, certes, difficile de voir un plus beau spectacle que celui qu’a tiré M.  […] Toinette s’amuse ; elle va se donner à elle-même le spectacle d’une consultation : elle va faire une charge, une parade.

103. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Le Théâtre-Français avait donné, le jour du mardi gras, son spectacle habituel du carnaval, Le Malade imaginaire, accompagné de la cérémonie ; ce même jour, on avait représenté, aux Matinées littéraires de la Gaîté, Le Bourgeois gentilhomme, suivi du Passe-Pied, qu’on ne met en scène que dans les grandes occasions. […] Il s’agirait de disposer du bénéfice entier de la représentation qui sera donnée à l’occasion de la centenaire de Molière, pour élever une statue à ce grand homme dans le foyer de la nouvelle salle de spectacle qui va se bâtir sous vos ordres. Une détermination de cette nature ne peut qu’honorer le spectacle national et tous les gens de lettres, qui se feront un devoir indispensable d’y contribuer. […] La Du Parc pour se mettre bien avec sa nouvelle hôtesse, lui donna un billet de comédie, celle-ci s’en servit avec joie, parce qu’il ne lui en coûtait rien pour voir le spectacle. […] Il a le premier inventé la manière de mêler des Scènes de Musique et des Ballets dans les Comédies, et il avait trouvé par là un nouveau secret de plaire, qui avait été jusqu’alors inconnu et qui a donné lieu en France à ces fameux Opéra qui font aujourd’hui tant de bruit, et dont la magnificence des spectacles n’empêche pas qu’on ne le regrette tous les jours.

104. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

C’était un spectacle mouvant et sans fin, qui menait à un autre plus vivant encore. […] Chaque distribution de prix avait là son théâtre, son spectacle, sa tragédie. […] Enfin vous l’avez vu pour ce qui est arrivé avec la Troupe de Molière et celle de Cormier ; on aimait tant le spectacle dans cette petite cour, qu’on ne dédaignait même pas de prendre du plaisir aux représentations de comédiens de campagne, et qu’au lieu d’une compagnie d’acteurs, il se trouvait qu’on en avait engagé deux. […] En voici le titre : Traité de la Comédie et des spectacles, selon la tradition de l’Église, Paris, 1667, in-8. […] Il lit venir les principaux de la Troupe de l’Hôtel de Bourgogne, leur dit que leurs représentations étaient d un ennui mortel, auprès du plaisant spectacle que lui avaient donné ces farceurs, et il leur ordonna de les adjoindre à leur théâtre.

105. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Mais ce spectacle risible n’est pas moins lamentable, et c’est une des principales raisons de l’universel succès de Molière d’en faire sentir en même temps que le ridicule la profonde tristesse.

106. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Il pouvait savoir par le prince et la princesse de Conti, dont il avait été le poète et le directeur des spectacles, que la cour avait été importunée du bruit elle nouvelle école si opposée à ses traditions et à ses habitudes. […] Mais ce qui n’admet point de réplique, c’est ce fait, attesté par Ménage, que madame de Rambouillet voulut réchauffer et réjouir sa souffrante vieillesse du spectacle des Précieuses, à leur première représentation, bien assurée sans doute de rire un moment à leurs dépens, et qu’il ne viendrait dans l’idée de personne de rire aux siens ; et en effet, elle et ses vieux amis y applaudirent de tout leur cœur52.

107. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

La tragédie, en nous offrant le spectacle agrandi de nos devoirs, de nos passions, de notre destinée, nous invite à rentrer en nous-mêmes et à réfléchir profondément sur la vie ; c’est là sa mission : mais que la comédie s’en garde bien ! […] Mais les incidents épisodiques, les bizarreries de toute espèce, reçoivent de la gaieté un favorable accueil, lors même que ces hors-d’œuvre sont plus sérieux que tout le reste du spectacle ; car la gaieté est toujours bien aise d’échapper à la chose dont on l’occupe, et toute attention prolongée, quel qu’en soit l’objet, lui est pénible. […] Les Français apparemment considèrent une pièce de théâtre comme une sorte de morale en action ; ils veulent se former l’esprit et le cœur au spectacle ; et, en effet, une comédie de caractère est une chose éminemment instructive.

108.

Or, qu’on se rappelle la touchante anecdote, racontée par le trop dédaigné Grimarest, de ce vieux comédien chargé de famille et réduit à la misère, se présentant chez Molière, à sa maison d’Auteuil, pour implorer de lui quelque secours et se mettre en état de rejoindre une troupe nomade : « Ce pauvre homme, dont le nom de famille était Mignot, et Mondorge celui de comédien, faisait le spectacle du monde le plus pitoyable. […] Celle du Palais-Royal, où Molière s’établit en 1661, était certainement plus grande et plus belle, puisque le Cardinal de Richelieu l’avait fait construire pour ses spectacles ; mais la disposition devait être toujours la même : le parterre pour la cohue, la livrée et les filous, les loges et l’amphithéâtre pour les personnes de qualité, les loges hautes pour la bourgeoisie en famille, les troisièmes loges pour les petites gens de la province, les gens de l’entriguet, et le théâtre pour les marquis. […] Ce spectacle très varié, et aussi très licencieux, orné de changements à vue, coupé de pantomimes, de chants et de danses, était fort amusant ; les petites pièces jouées plus tard aux deux grandes foires de Paris n’en donnent qu’une idée très réduite. […] Jean Bernier, qui ne pardonne pas à Molière d’avoir attaqué les médecins, dit positivement qu’il ne fit « monter la médecine en spectacle de raillerie sur le théâtre, que par intérêt et pour se venger contre une famille de médecins ». […] Mais, pour ne laisser aucun doute sur cet article, il faut apprendre au peuple, aux demi-savants et aux adorateurs de la comédie, que Molière n’a fait monter la médecine en spectacle de raillerie sur le théâtre, que par intérêt et pour se venger contre une famille de médecins, sans se mettre en peine des règles du théâtre et particulièrement de celles de la vraisemblance, car, de toutes les pièces dont ce comédien a outré les caractères, ce qui lui est souvent arrivé, et qu’on ne voit guère dans l’ancienne comédie, celles où il a joué les médecins sont incomparablement plus outrées que toutes les autres ; mais, comme il faut être maître pour s’en apercevoir, ceux qui cherchent à rire ne pensent qu’à rire, sans se mettre en peine s’ils rient à propos.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Je veux croire qu’il y a grand plaisir à pousser des soupirs amoureux auprès d’une tombe fraîchement faite, & galamment couverte d’un tendre feuillage ; mais jusqu’ici nos belles dames n’ont pas mis cette galanterie à la mode, & un Auteur ne doit pas brusquer ainsi les mœurs & les coutumes de sa nation, pour présenter un spectacle très désagréable.

110. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Oui, ces beautés superficielles qui, n’allant au spectacle que pour y voir ou y être vues, sont bien aises d’y trouver une scene détachée qu’elles puissent écouter comme une ariette, sans être obligées de suivre la marche d’une piece ; ou ces nymphes qui, blasées sur l’amour par l’amour même, feignent cependant d’en avoir toute la vivacité, toute la délicatesse, & pensent le prouver en s’extasiant au seul mot de tendresse, en sautillant dans leur loge quand un acteur qui connoît leur foible, sautille sur les planches, & fait semblant d’appeller l’ame sur ses levres toutes les fois qu’il a besoin de respirer.

111. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Enfin, quand elle voit tous ses efforts sur le point d’échouer, c’est elle-même qui se décide à éclairer le père pris pour dupe et l’époux outragé ; c’est l’épouse, c’est la mère par amour et par devoir, sinon par nature, qui se chargera de cette tâche, et qui se sentira assez inattaquable pour offrir au chef de famille le spectacle des attaques dont elle est l’objet.

112. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Il suffit de se rappeler ce que dit Brantôme du goût de Catherine de Médicis pour les spectacles de la commedia dell’arte, pour qu’on ne doute pas que l’apparition des artistes italiens parmi nous dût suivre de près le mariage de cette princesse et devenir, dès lors, de plus en plus fréquente.

113. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Madame Scarron accompagnait habituellement la maréchale au spectacle.

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