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212. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Je sais ce que je sais. […] Vous m’avez dit que vous ne savez pas danser, mais je vous envoie le premier homme du monde. . . . […] Monsieur le premier homme du monde, savez-vous bien que vous risquez beaucoup ici ?

213. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

On peut dire que jamais homme n’a mieux su que lui remplir le précepte, qui veut que la Comédie instruise en divertissant. […] On sait de quelle manière il y a excellé, non seulement comme Acteur, par le grand nombre d’Ouvrages qu’il nous a laissés, et qui ont tous leurs beautés proportionnées aux sujets qu’il a choisis. […] Toutes ses Pièces n’ont pas d’égales beautés, mais on peut dire que dans ses moindres il y a des traits qui n’ont pu partir que de la main d’un grand maître, et que celles qu’on estime les meilleures, comme Le Misanthrope, Le Tartuffe, Les Femmes savantes, etc. sont des chef-d’œuvres qu’on ne saurait assez admirer. […] Il n’y a plus présentement dans Paris que cette seule Compagnie de Comédiens du Roi entretenu par sa Majesté : Elle est établie en son Hôtel rue Mazarini, et représente tous les jours sans interruption, ce qui a été une nouveauté utile aux plaisirs de cette superbe Ville, dans laquelle avant la jonction il n’y avait comédie que trois fois chaque semaine, savoir le Mardi, le Vendredi et le Dimanche, ainsi qu’il s’était toujours pratiqué.

214. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Enfin, pour couronner toute cette morale, ce comédien a su parler de Dieu. Lui, l’homme du rire et du plaisir, il a su, dans quelques scènes étonnantes d’une pièce pleine de farces comme le Festin de Pierre, peindre la croyance en Dieu, l’amour de Dieu, la dignité, la nécessité de cette croyance et de cet amour. […] Pour moi, monsieur, je n’ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne sauroit se vanter de m’avoir jamais rien appris ; mais avec mon petit sens mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons n’est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuit. […] Ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui… » La tirade est interrompue comiquement par nécessité de comédie ; puis le sérieux reparaît, quand Sganarelle conclut : « Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose d’admirable dans l’homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer. […] Dimanche 768, sait passer tout à coup à l’expression la plus pure de la foi chrétienne et aux élans les plus ardents de l’amour divin, sans que cet incroyable mélange choque le spectateur, qui ne s’aperçoit même pas de ces contrastes audacieux, tant est immense et douce la puissance du génie.

215. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Ils ne maudissent pas Dieu, ils ne pensent pas à lui ; leurs croyances ne sont ni confirmées ni troublées par les accidents de leur vie, attendu qu’ils n’ont pas de croyances, qu’ils n’en cherchent pas, qu’ils ne savent pas ce que ce mot veut dire. […] Oronte approche ; Alceste le sait, il le sent, il le hait, il s’agite, il se dépite, il la querelle, il lui fait des scènes ! […] Aussi ne daigne-t-elle pas se défendre ; le danger est nul, elle ne tient pas à Alceste ; et d’ailleurs elle sait que l’accusateur, obligé de pardonner, pardonnera sans condition et finira par demander pardon lui-même : elle a raison. […] L’innocence même le connaît par je ne sais quel reflet sympathique ; une solidarité merveilleuse, en l’unissant aux coupables, lui permet des larmes dont, sans le repentir, elle serait privée. […] Nous savons aujourd’hui que l’art est le glorieux langage de l’humanité créatrice.

216. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du point où doit commencer l’action d’une fable comique. » pp. 172-177

Elle ne peut aller que bien lentement, puisque l’amant ne sait encore ni le nom ni la demeure de sa belle, & que l’amante, malgré sa coquetterie & le plaisir qu’elle sent à être cajolée, peut encore moins contribuer à sa rapidité sans manquer tout-à-fait à la bienséance ; ce qui seroit encore pis. […] Je sais bien que les spectateurs s’amusent, en attendant une action plus vive, de quelques mensonges dans lesquels Dorante s’embarrasse, & qu’ils sont intrigués pour savoir comment il se tirera d’affaire : mais l’intérêt de curiosité ne vaut pas celui de sentiment ; l’un n’amuse que l’esprit, l’autre affecte le cœur. […] l’Abbé veut dire par-là ; mais je sais que tout ce qui est ou a dû être englobé dans l’avant-scene d’une piece, a mauvaise grace dans l’action, soit qu’on veuille le réciter ou le mettre en mouvement.

217. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Madame, savez-vous que j’ai vingt ans passés ? […] Parceque vous savez que nous ne choisirons personne. […] Quoi qu’il en soit, vous ne sauriez blâmer notre goût pour la solitude : & pour mettre en repos l’esprit d’un mari qu’on aime, on ne sauroit prendre trop de précautions. […] Vous savez qu’aucune autre domestique ne m’approche, qu’une simple jardiniere.

218. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Si on trouvait leurs lettres, on en tirerait de grands avantages… On apprendrait toute la politesse du style et la plus délicate manière de parler sur toute chose Elles ont su les affaires de tous les états du monde, toutes les intrigues des particuliers, soit de galanterie ou d’autres choses où leurs avis ont été nécessaires… C’étaient des personnes par les mains desquelles le secret de tout le monde avait à passer. […] Madame de La Sablière regarda d’abord cette distraction, cette désertion ; elle examina les mauvaises excuses, les raisons peu sincères, les prétextes, les justifications embarrassées, les conversations peu naturelles, les impatiences de sortir de chez elle, les voyages à Saint-Germain où il jouait, les ennuis, les ne savoir plus que dire ; enfin, quand elle eut bien observé cette éclipse qui se faisait, et le corps étranger qui cachait peu à peu tout cet amour si brillant, elle prit sa résolution, le ne sais ce qu’elle lui a coûté. […] Voilà la route que Dieu avait marquée à cette jolie femme… » Madame de Sévigné ne savait pas tout.

219. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Comment j’ai été amené à l’entreprendre, c’est ce que s’expliqueront aisément ceux des lecteurs qui savent que j’ai publié une édition des œuvres de Molière avec toutes les recherches et tous les développements qu’une telle publication comporte1. […] Ils parcoururent le pays avec leur nouveau bouffe qui réussit à merveille et eut accès partout à la faveur de ses pointes : ce à quoi contribuèrent aussi son physique de caricature et sa tenue de campagnard, à savoir la camisole et le pantalon de toile blanche. […] Malgré ces nombreux devanciers, le soin que j’ai pris de remonter autant que possible aux textes et aux documents originaux, m’a permis d’apporter dans cette étude quelques éléments nouveaux, que le lecteur qui a étudié ces questions saura facilement reconnaître.

220. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [17, p. 47-48] »

Enfin, il lui envoya le maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses études, espérant que par l’autorité que son maître avait eue sur lui pendant ce temps là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que ce bonhomme lui persuadât de quitter sa profession, le jeune Molière lui persuada de l’embrasser lui-même, et d’être le docteur de la comédie ; lui ayant représenté que le peu de latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le personnage, et que la vie qu’ils mèneraient serait bien plus agréable que celle d’un homme qui tient des pensionnaires. […] Ce bon Père lui envoya ensuite le Maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses Études, espérant que par l’autorité que ce Maître avait eue sur lui pendant ces temps-là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que le Maître lui persuadât de quitter la profession de Comédien, le jeune Molière lui persuada d’embrasser le même Profession, et d’être le Docteur de leur Comédie, lui ayant représenté que le peu de Latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le Personnage, et que la vie qu’ils mèneraient, serait bien plus agréable que celle d’un Homme qui tient des Pensionnaires.

221. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [58, p. 95-96] »

Celui qui sut vaincre Numance238, (Scipion l’Africain)239   Qui mit Carthage sous sa loi,   Jadis sous le nom de Térence*   Sut-il mieux badiner que toi ? […] Si tu savais un peu moins plaire, Tu ne leur déplairais pas tant.

222. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

qui sache avoir la fermeté pour les conduire et l’indulgence pour se faire aimer ? […] On ne saurait trop faire remarquer cette étonnante et désastreuse lacune dans la morale de Molière. […] Qu’est-ce pourtant qu’un honnête homme, un citoyen, qui ne sait être père ? […] Si les défauts de la cour sont blâmés, les qualités d’esprit, de tact, de politesse, que Louis XIV sut développer dans son entourage, sont parfaitement reconnues et appréciées738. […] On sait tout ce qu’il y a de touchant et de vraiment paternel dans le caractère de Ménèdème, sans que ces qualités nuisent en rien au comique, ni le comique à la dignité du père.

223. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Un particulier, nommé Neufvillenaine, ayant été la voir plusieurs fois, s’aperçut qu’elle était restée presque en entier dans sa mémoire ; il y retourna encore une fois pour achever de la savoir, la mit par écrit, et l’envoya en province à un de ses amis. […] Il a usé aussi du plus heureux ménagement, lorsqu’au lieu d’une femme provoquant et faisant naître, par ses avances, un amour dont on ne s’avisait pas, il a introduit une jeune fille implorant, acceptant un secours nécessaire, d’une tendresse vive et pure qu’elle a su inspirer avant de la ressentir elle-même. […] Je ne sais sur quel fondement des critiques ont imaginé que Molière pourrait bien avoir eu quelques obligations à Dorimond. […] Il est vrai que la leçon peut s’adresser aux maris, et que c’est à eux surtout qu’il importe d’en savoir profiter. […] C’est à lui-même, dit-on, que Molière s’adressa pour savoir les termes de vénerie qu’il devait employer.

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