. — Or, cette méthode a pris possession du corps et de l’âme du seigneur Pancrace : la moindre infraction le met hors de lui : « Sais-tu bien ce que tu as fait ? […] Ou si vous avez peur de vous déranger, prenez Molière, il est aussi profond, plus profond même que l’école de médecine, et non moins au courant qu’elle des questions à la mode : Voulez-vous savoir, en effet, « si la substance et l’accident sont termes synonymes ou équivoques à l’égard de l’être ? […] La fille que je veux prendre est fort jeune et fort belle. […] Enfin, comme si les deux adversaires eussent pris à tâche de se contredire en tout et partout, tandis que Descartes refuse l’âme aux animaux et en fait de simples machines, Gassendi est près de raccorder aux plantes et de les ranger parmi les animaux (38). […] Mais s’il avait voulu s’en moquer, comment donc aurait-il dû s’y prendre ?
La sensualité prend souvent cet air de bonhomie. […] » crie l’avare à son fils, pris tout à coup « d’un éblouissement ». […] Lorsqu’on s’offre de prendre une fille sans dot, on ne doit point regarder plus avant. […] Aussitôt il redemande son bien à l’esclave, qui n’a rien pris, rentre dans le temple, reprend sa marmite et court la cacher dans le bois sacré de Sylvain. […] Harpagon entre dans une colère comique contre Cléante qui lui prend son diamant pour le donner à Marianne.
Il prit fantaisie à Chapelle*, en descendant d’Auteuil, de lui faire perdre cette prérogative, et de le faire monter derrière son carrosse. […] Celui-ci se met en colère, l’autre se moque de lui ; ils se prennent dans le carrosse.
Un esclave dérobe Pegnie, âgé seulement de quatre ans, prend la fuite avec lui, & le vend en Elide à Théodoromede, qui le nomme Tindare, & le donne à Philocrate son fils, âgé aussi d’environ quatre ans. […] Il se doute bien que le Vieillard aimera mieux risquer l’esclave que le maître ; & voulant se sacrifier pour son jeune patron, il lui conseille de prendre le nom de Tindare & de passer pour son esclave : le stratagême réussit. […] On prend dans un roman une historiette déja toute disposée dans son nœud & dans son dénouement : avec peu de changements on l’ajuste à la scene, & voilà une comédie à la mode. […] Deux exemples suffiront : nous les prendrons dans les Femmes Savantes & le Tartufe. […] Valere lui annonce qu’on a donné des ordres pour s’assurer de sa personne : il est entouré d’une épouse, d’une mere, d’un frere, d’un fils, d’une fille, d’un ami, qui déplorent son malheur, qui l’exhortent à prendre la fuite, quand Tartufe, accompagné d’un Exempt, paroît pour l’arrêter.
Le théatre françois, ce théâtre élevé sur les ruines de tous les autres ; ce théâtre, l’objet de l’admiration & de la jalousie de toutes les nations policées ; ce théâtre qui a si bien contribué à porter la langue françoise dans tous les pays où l’on sait lire ; ce théâtre enfin que les peuples instruits veulent voir chez eux, ou qu’ils tâchent d’imiter, est aujourd’hui sacrifié au mauvais goût dans le sein de cette même capitale où il prit naissance, & qu’il couvrit de gloire. […] Les Auteurs écrivent que c’est la faute des Comédiens & du Public ; de son côté le Public en accuse les Auteurs & les Comédiens ; ceux-ci ne manquent pas de s’en prendre aux premiers. […] Une troupe munie d’un privilege exclusif peut malheureusement dire à la France entiere : « Nous ne voulons vous donner dans le courant de cette année, qu’une ou deux nouveautés, encore serez-vous forcée de les prendre dans le genre qu’il nous plaira d’adopter. […] Une troupe qui jouit d’un privilege exclusif, peut enchaîner le génie, lui arracher ses ailes, & lui dire : « Il n’est plus question de prendre l’essor, & de t’élever à ton gré dans les nues : il faut te modeler à notre taille, à nos gestes. […] Vous lisez les ouvrages des anciens : le desir de vous illustrer sur la scene s’empare de votre cœur ; il vous dévore ; vous lui sacrifiez vos veilles : elles ne sont pas infructueuses ; vous enfantez une piece ; vous la présentez ; vous demandez une lecture ; souvent vous attendez la réponse pendant quatre ans ; l’impatience vous prend ; vous renoncez à une carriere si désagréable, ou bien l’incertitude vous tient long-temps dans l’oisiveté.
vraiment, tu prends beaucoup de peine De tout mon cœur, bonjour. […] Flaminia l’admirait ; Scapin le prenait afin qu’elle pût le voir mieux, le lui montrait de près, puis l’assurait que Pantalon la suppliait de l’accepter. […] Ainsi, lorsque les personnages se cherchent à tâtons dans la nuit noire, se prennent les uns pour les autres, et que Lubin, croyant avoir affaire à Claudine, révèle à George Dandin la trahison d’Angélique, nous sommes en plein sur le terrain de la comédie italienne ; ces jeux nocturnes, ces échanges, ces méprises abondent dans les canevas des Gelosi.
D’autre part, et cela pouvait tenter le poëte comique, malgré les efforts de Patru, de ceux qui, comme Gilet et Erard, prenaient à tâche de marcher sur ses traces, le barreau, trop fidèle à de vieilles habitudes, n’avait pas encore renoncé à ces formes surannées de style, à ce flot d’inutiles citations, à ces figures de mauvais goût, dont l’éloquence judiciaire du temps ne nous offre que trop d’exemples. […] L’avocat n’a pas à créer; il prend les faits dans son dossier; il les explique non pas, avec son imagination, mais avec sa raison et son expérience des affaires ; et quant au public, ignore-t-on que les portes de l’audience ne sont pas ouvertes pour que des esprits oisifs ou blasés viennent chercher le plaisir dans le scandale, l’intérêt dans l’aspect d’un malheureux ? […] Le mot avocat est pris au figuré. — Le Malade imaginaire, acte I, scène IX.
Je me suis pris parfois, disait-il en terminant, à croire qu’il y avait autre chose qu’une plaisanterie dans ce que soutenait Sainte-Beuve lorsqu’il nous disait qu’il fallait chercher l’indépendance littéraire, non pas à Paris, mais aux frontières de la France.» […] Mais quand la critique s’en prenait à lui et que son amour-propre était piqué, il avait des mouvements capables de lui faire oublier jusqu’aux plus simples convenances. […] Aussi, dans le moyen âge, le trouvère épia-t-il le moine, et, dans le dix-septième siècle, quand l’hypocrisie se fut raffinée dans les hautes classes de la société, y jouant son jeu avec audace, Molière prit-il la succession des trouvères, et, au lieu d’un fabliau narquois, on eut le Tartufe. […] Mais ici se pose une question : celle de savoir si, en entrant dans la lice, Molière faisait œuvre de religion ou de frivolité ; s’il venait au secours de Pascal, ou s’il ne prenait en main que la cause des plaisirs de la cour, menacés par une feinte sévérité. […] Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.
Ainsi Armande dit à Henriette : Songez à prendre goût des plus nobles plaisirs, Et, traitant de mépris les sens et la matière, A l’esprit, comme nous, donnez-vous tout entière… Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie. […] … La chute en est jolie, amoureuse, admirable… Je n’ai jamais oui de vers si bien tournés… Est-ce à raison que, dans la scène de la médisance, Philinte prend le parti de Célimène contre Alceste ? […] Je veux que l’on soit sage avec sobriété… Je prends tout doucement les hommes comme ils sont. […] Un de ses domestiques à qui il avait ordonné de mettre sa perruque sous le papier, prit un cahier de sa traduction pour faire des papillottes.
ai-je dû présumer Que le Ciel pour moi seul eût pris soin de former, Ce qu’on ne vit jamais, une femme accomplie ? […] C’est à moi, si je puis, d’éviter tous débats, De prendre patience, & d’enrager tout bas. […] Si bien donc que ce mois j’ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit médecines & douze lavements ; & l’autre mois il y avoit douze médecines & vingt lavements. […] Madame Pernelle prend feu, & le défend avec le plus grand zele.
[Introduction] Ne perdons pas de vue les engagements que nous avons pris à la fin du troisieme Livre : pour cet effet il est essentiel de nous les rappeller. […] Ils sont en effet, comme le monstre d’Horace, composés de parties prises dans la nature, mais si mal placées, si mal assorties qu’elles font un ensemble détestable.
Cette division une fois reconnue, le génie prit bientôt l’essor le plus sublime, et la scène fut enrichie de chefs-d’œuvre. […] Quand on parle des arts, il faut prendre un vol audacieux, planer dans les airs, être animé de ce feu divin qui a embrasé tout entiers ces beaux génies, dont le nom seul inspire l’admiration. […] C’est ainsi que, désespérant de reproduire cette belle simplicité des formes primitives, un artiste malheureux ne suit plus pour guide que sa seule imagination, et se jette dans le bizarre et le monstrueux, souvent même il prend pour un élan du génie ce qui n’est que la saillie de son mauvais goût. […] Si vous voulez que vos noms soient répétés d’âge en âge, prenez toujours pour modèle de vos compositions la nature et la vérité : elles seules peuvent leur assurer un rang durable et distingué. […] Si, habile à saisir tous ses avantages, l’hypocrisie se présente sous toutes les formes, prend tous les aspects, change, varie suivant les temps, ses principaux traits cependant sont éternels, dureront aussi longtemps que le cœur humain ; et ce sont eux que Molière a saisis avec une vérité admirable, qu’il a représentés avec un coloris qui sera de tous les siècles.