La duchesse de Bouillon trouvait du plaisir dans cette société ; elle présenta nos poètes à ses sœurs, la duchesse de Mazarin et la comtesse de Soissons, qui tenaient de grandes maisons à Paris.
Un avare, en effet, peut-il parler ainsi : Plus on aime l’argent et moins on a de vices; Le plaisir d’entasser vaut seul tous les plaisirs. […] L’amour du luxe et le besoin des plaisirs étaient tels que pour les satisfaire, des grands seigneurs mettaient à prix leurs liaisons amoureuses, et que des femmes de qualité ne se montraient pas moins intéressées, en se prostituant, que les plus avides courtisanes. […] Madame Dalainville, de son côté, donne bien l’idée de ces femmes légères et frivoles à qui l’amour du luxe et des plaisirs faisait négliger leurs devoirs les plus essentiels. […] Puis, riches des dépouilles de leurs victimes, pour satisfaire un certain goût du luxe ou leur amour des plaisirs, se livrer inconsidérément à des dépenses qui éveillent les soupçons de la justice et finissent par les amener à la cour d’assises ? […] et dit à Tartuffe : Ne me retenez pas, Tartuffe en ce moment, loin de faire mine de le retenir, reste immobile sur le devant de la scène, et par sa physionomie exprime le plaisir qu’il aurait à voir Orgon exécuter son projet.
Qu’on enleve à Ariste sa robe, son état ; qu’on en fasse un bon gentilhomme, comme il en est, qui se font un plaisir de mettre fin aux différends de leurs vassaux, & qu’on traite le même sujet, la plus grande portion du comique & du moral de la piece sera enlevée : les détails même ne pourront avoir rien d’aussi saillant ; & Ariste deviendra bien moins intéressant. […] Vous me feriez grand plaisir de la deviner. […] Festiva puella : fille qui aime la joie & le plaisir, fille enjouée.
Je vais la transcrire, en partie, parcequ’indépendamment du plaisir que le Lecteur prendra en la lisant, il est nécessaire qu’il puisse la comparer avec la scene originale. […] Florente dit encore à Delmire que la Duchesse de Tyrol l’assure de ses respects, & qu’elle viendra lui rendre ses hommages, si elle est sure que sa visite lui fasse plaisir, & si la Princesse daigne le lui écrire. […] Vous savez que, malgré la foiblesse de mon sexe, je me suis toujours fait un plaisir des armes.
Sganarelle prévoit qu’elle sera mal reçue : Don Juan le confirme dans cette opinion, en lui peignant les plaisirs d’un cœur volage, & en lui faisant part du dessein qu’il a formé depuis peu. […] Catalinon conduit deux pêcheurs qui se font un plaisir d’emmener Don Juan chez eux pour le régaler. […] Il est très naturel qu’une nation romanesque, superstitieuse, amoureuse du merveilleux, ait vu avec grand plaisir des filles simples subornées par un scélérat, des rendez-vous nocturnes, des combats, un mélange de religion & d’impiété, le spectacle d’une statue qui marche, & la punition miraculeuse d’un homme odieux par ses crimes.
Je vois avec plaisir que depuis quelque temps nos Auteurs modernes ne nous donnent pas de prologues sur la Scene Françoise : mais on en fait beaucoup sur les théâtres de société, cela m’alarme, & ce n’est pas sans fondement. […] Ne vaut-il pas mieux employer l’un & l’autre à varier ses plaisirs & ses connoissances.
Alors mon homme, aidé du simple sens commun, pourroit lui répondre, je pense : « Puisque la satisfaction du cœur a deux façons de s’exprimer, gardez votre joie pleureuse pour les pieces que je viens voir avec l’intention d’y pleurer ; mais lorsque, sur la foi de votre affiche, je vous donne de l’argent pour rire, régalez-moi, je vous prie, d’un plaisir qui soit gai, & qui ne ressemble pas si fort au chagrin ». […] Les Anciens, qui sentoient vraisemblablement combien il étoit difficile de rendre une reconnoissance plaisante, & qui ne croyoient pas qu’il fût beau, grand, sublime, de filer de longues scenes larmoyantes pour forcer le public à pleurer à force de plaisir, faisoient passer presque toutes leurs reconnoissances derriere la toile ; ensuite un acteur venoit en instruire le spectateur.
Belti est enchantée de retrouver son ami après quelques instants d’absence : tout le monde l’a assiégée pour lui faire des questions ; elle a répondu de son mieux ; elle a remarqué avec plaisir qu’on rioit ; elle est surprise de ne voir pas rire Belton ; elle lui demande le sujet de sa tristesse : Belton lui dit qu’elle est causée par sa misere ; qu’il va bientôt manquer de tout ; qu’il n’a point d’or. […] Il s’informa quel prix l’on mettoit ordinairement à la rédemption des captifs : il crut le pouvoir fournir, en retranchant quelque chose à ses plaisirs ; &, sans perdre un moment, il s’employa avec tant de succès auprès du Marchand, qu’il obtint ce qu’il desiroit pour la somme de cent quarante ducats.
Et puis, sur les quatre ou cinq heures après minuit, les femmes se viennent coucher dans un appartement séparé de celui du mari, en telle sorte qu’un pauvre diable d’homme est quelquefois six semaines sans rencontrer sa femme dans sa maison ; et vous le voyez courir les rues à pied, pendant que madame se sert du carrosse pour ses plaisirs. […] L’été, les dames de Paris dirigent de préférence leurs promenades vers la Porte Saint-Bernard, c’est-à-dire sur les bords la Seine, où les Parisiens se changent en tritons, où les dames elles-mêmes se livrent au plaisir de la natation sous des tentes closes, où les bateliers offrent aux compagnies joyeuses leurs bachots pour aller aux Carrières, à l’Épée-Royale ou au Port-à-l’Anglais.
Ses parents le voient avec plaisir mettre en prison, & ne lui fournissent aucun secours ; ce qui fait qu’après avoir été renfermé, & après avoir chanté long-temps coucou, sa nouvelle passion commence à s’évanouir. […] Scapin prend avec transport la clef du coffre ; il croit qu’on va lui permettre de puiser à pleines mains, il jouit quelque temps de ce plaisir : point du tout, il est bien frustré dans ses espérances. […] C’est un plaisir sans pareil de contempler ce fantôme arrêté dans une rue : vous y verrez amasser cent curieux, & tous en extase disputer de son origine ; l’un, soutenir que l’imprimerie ni le papier n’étant pas encore trouvés, les Doctes y avoient tracé l’Histoire universelle ; & sur cela remontant de Pharamond à César, de Romule à Priam, de Prométhée au premier homme, il ne laissera pas échapper un filet qui ne soit au moins le symbole de la décadence d’une Monarchie. […] Genevote doit nécessairement nous faire moins de plaisir que Zerbinette : premiérement, parcequ’elle vient de dessein prémédité dire des injures à Granger ; la derniere au contraire, poussée seulement par l’envie de rire d’une aventure plaisante qu’on lui a rapportée, & brûlant de trouver quelqu’un à qui elle puisse la raconter, trouve par hasard le pere de son amant sur son passage, & lui rend naïvement sa propre histoire.
Ses jeunes gens aiment pour le seul plaisir d’aimer, comme si la vie n’était rien sans l’amour, comme si l’amour était toute la vie. […] Trésors d’amour et de science, Plaisirs, dont l’inexpérience Nous compose un philtre divin ! […] Il s’insinue ainsi ; sous ce modeste titre, Des plaisirs de Versaille il est bientôt l’arbitre.
Vous avez tous, Messieurs, récité ces vers si précis, si bien frappés et qui, comme tous ceux du même poète, une fois entrés dans la mémoire, n’en peuvent plus guère sortir : Chez nos dévots aïeux, le théâtre abhorré Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré. […] Je ne m’excuse point, Messieurs, de cette citation un peu longue : je suis sûr que vous avez plaisir à revoir en passant; cette poésie franche de ton, colorée sans être fardée, vive et enjouée sans afféterie, et où le bon sens devient du génie. […] A la vérité, on se trouverait d’accord ainsi avec un ancien critique, qui n’a connu ni « le théâtre » de Hroswitha, ni les Vierges sages et les Vierges folles, ni les Epîtres farcies ; il en coûtera peut-être quelque chose à notre amour-propre d’avoir édité tant de vieux textes, pour n’arriver qu’à répéter avec Boileau, que « le théâtre fut longtemps, chez nos dévots aïeux, un plaisir ignoré. » Toutefois, Messieurs, je n’y vois pas grand mal et, quand les idées reçues ont du bon, je trouve assez sage de s’y tenir.