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226. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Et pourtant, un pénétrant critique, Stapfer, a écrit, sans paradoxe, tout un livre où il compare l’Anglais et le Français et les met sur le même plan intellectuel. […] Les traits saillants de leur caractère sont à la fois peu nombreux et mis en valeur avec un relief si puissant qu’on les devine et qu’on les pénètre du premier abord. […] Le Sosie, le Périandre, le Chrysippe de La Bruyère sont peints avec une fidélité rigoureuse, sans charge, avec une exactitude qui met en valeur les demi-teintes aux dépens peut-être des couleurs. Mettez-les sur la scène : le public aura peine à reconnaître en eux les originaux dont ils sont la copie aussi fine que scrupuleuse.

227. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « [Introduction] » pp. 1-4

Je comparerois volontiers cette espece de prestige que l’une & l’autre exercent sur nous, à l’artifice des lunettes d’approche qui efface la distance des objets, & qui met en état d’en recevoir une impression si vive & si distincte, que, comme c’est par cette distinction & cette vivacité que je juge de leur proximité, je crois voir la lune au bout du télescope au travers duquel je l’apperçois : il ne fait que la placer à la portée de mes yeux ; &, après cela, c’est la lune elle-même que j’observe, c’est sa lumiere qui agit sur moi, & quelquefois si fortement, que j’en suis ébloui. […] Tel est à-peu-près ce que j’ai nommé le prestige de l’imagination du Peintre & du Poëte ; il rapproche l’objet, il le met tout entier & tel qu’il est sous mes yeux : c’est à quoi se termine toute l’industrie de l’Imitateur.

228. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Entre eux deux la nature est propice à tel point, Que le sort les sépare & le sang les rejoint : Etant vrai que l’enfant est l’ouvrage du pere, Sa douleur sur lui-même aisément réverbere, Et le sang l’un de l’autre est si fort dépendant, Que l’enfant met le pere en un trouble évident. […] D’ailleurs notre Poëte faisant jouer le rôle de faux Médecin à un premier personnage, ne pouvoit mettre dans sa bouche un verbiage ridicule qui auroit affadi le plaisant de l’idée. […] Les beautés qui sont dans Moliere sont bien dans Cyrano ; mais notre Poëte a su les mettre au creuset & les séparer d’avec l’alliage qui les dégradoit. […] Une telle ordonnance ne satisfait pas l’Apothicaire, sur-tout quand le Docteur lui défend de mettre la bouteille d’eau sur son mémoire. […] Il jure de ne plus mettre le pied chez Pantalon.

229. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Un auteur doit donc commencer par montrer les traits principaux et distinctifs du caractère qu’il a mis en scène, en bien établir la réalité. […] Le plan est la manière dont l’auteur fait agir ses personnages, les met en situation ; il doit contenir l’exposition, le nœud et le dénouement. […] Dans toutes les bonnes pièces, il faut que l’exposition soit claire, fasse connaître au spectateur les traits les plus prononcés du caractère principal, et mette au fait de tout ce qui doit contribuer à la marche de l’action. […] Le style est l’expression des personnages mis en scène ; il doit être proportionné à la situation présente de chaque personnage ; que tantôt il soit simple, familier, tantôt qu’il s’élève, s’anoblisse : Interdùm tamen et vocem comœdia tollit Iratusque Chremes tumido delitigat ore. […] C’est à faire sentir ces diverses nuances que les auteurs doivent s’appliquer ; qu’ils ne mettent jamais dans la bouche d’un homme sans éducation, des discours qu’un homme bien élevé peut seul tenir.

230. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Il ne pouvoit pas mettre sur la scene un homme rossant sa femme, dans l’idée que ses larmes écarteroient les soupirants ; une pareille scene auroit paru absurde dans un temps où une épouse affligée trouve tant de consolateurs : aussi a-t-il substitué à ce mari mal-adroit, un époux qui veut être le maître chez lui, qui s’impatiente des criailleries de sa femme, & la bat. […] Roze, de l’Académie Françoise, & Secrétaire du Cabinet du Roi, mit, pour s’amuser, le couplet de Sganarelle en vers latins, & ensuite, pour faire une petite malice à Moliere, il lui reprocha, chez M. le Duc de Montauzier, d’être plagiaire ; ce qui donna lieu à une dispute fort plaisante. […] Plusieurs autres Ecrivains le mettent sous celui d’Alexis.

231. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Il est certain que ce mariage fut la première cause qui mit fin à ce qu’on peut appeler le règne de l’hôtel Rambouillet, c’est-à-dire à ses nombreuses réunions, à l’appareil des conversations de haut intérêt, à l’influence, à l’autorité des opinions qui y prévalaient. […] L’anarchie se mit dans le bel esprit et dans les usages de bienséance ; les mauvaises copies de l’hôtel de Rambouillet eurent la prétention de devenir modèles. […] C’était un homme avec qui il fallait compter, pour qui le roi n’eut toujours des égards infinis et beaucoup de confiance, et monseigneur une déférence totale tant qu’il vécut, et qui bien que peu affligé de sa mort, a conservé toujours pour tout ce qui lui a appartenu, et jusques à ses domestiques, toutes sortes d’égards et d’attentions. » Saint-Simon ajoute à ces graves notions, celle-ci, qui n’est pas sans mérite : « La propreté de M. de Montausier, qui vivait avec une grande splendeur, était redoutable à sa table, où il avait été l’inventeur des grandes cuillers et des grandes fourchettes qu’il mit en usage et à la mode. »

232. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [74, p. 108-114] »

. ― Eh bien donc, répliqua Chapelle*, mettez-vous dans la tête que malgré tout ce que Molière vous a dit, vous en aurez plus en six moins de théâtre qu’en six années de barreau. […] Nous avons mis cette note à la suite de l’anecdote.

233. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

Notre jeunesse est harcelée par de maudits parents qui veulent que nous nous mettions un tas de fariboles dans la tête. […] Indignés du secours qu’on venait de leur donner, ils mettent l’épée à la main, courent sur leurs ennemis, les poursuivent jusques dans Auteuil, et les voulaient tuer.

234. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Il met la muse comique au service de ses passions politiques et de ses haines personnelles259. […] Shakespeare, plus grand dans la tragédie que dans la comédie, parce que la première comporte mieux les fantaisies de l’imagination, et que la seconde doit ressembler davantage à une peinture265, Shakespeare ne met presque jamais la vie réelle sur la scène comique266.

235. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

On ajoute une autre comédie qui porte le titre du Festin de Pierre ; mais elle ne paraît plus au monde, du moins n’a-t-elle pas été mise dans le Recueil des autres : de sorte qu’elle doit passer pour une pièce supprimée, dont la mémoire ne subsiste plus que par les observations qu’on a faites contre cette pièce et celle du Tartuffe. […] Il leur fallut un Comédien Qui mît à les polir son art et son étude. […] L’un défenseur zélé des Bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots, le condamnait au feu.

236. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Hermann Fritsche, de Stettin (province de Poméranie), a cru devoir adresser à ce journal en réponse à un petit article de moi, où je l’avais mis en cause, au sujet de l’étymologie du nom de Sganarelle. […] de m’en citer un, par exemple dans Mirèio, qui, sans doute, est une autorité valable. » Vous le voyez, je me suis mis dans de vilains draps ! […] C’est fort heureux, bon Goudouli, que vous ayez existé, — sans quoi le mauvais cas où je me suis mis eût été cuisant à mon amour-propre de Méridional.

237. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. Des Pieces intriguées par des noms. » pp. 204-215

Il ordonne qu’on aiguise les glaives avec lesquels il doit égorger les Grecs, & qu’on allume du feu pour les faire cuire ; il offre à ses hôtes, par dérision, un bassin que ses peres lui ont laissé & dans lequel il doit mettre les Grecs par morceaux. […] Mettez-vous en ma place. […] Sont-ce là des sujets pour vous mettre en colere ?

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