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117. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Mais ces félicités ne sont guère durables, Et notre passion, alentissant son cours, Après ces bonnes nuits donne de mauvais jours. […] Il doit « s’abandonner à la foi de sa femme565, » « Car toujours leur honneur veut se garder lui-même566, Et renfermer sa femme est un mauvais parti567. » XIX.

118. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Louis XIV avait assisté incognito, au retour de la chasse, à une pièce italienne que l’on avait donnée à Versailles ; le roi dit, en sortant, à Dominique : « Voilà une mauvaise pièce. — Dites cela tout bas, lui répondit Arlequin, parce que, si le roi le savait, il me congédierait avec ma troupe. » Dominique joignait l’étude à ses dispositions naturelles. […] Lorsqu’il a été manié par des acteurs de quelque génie, il a fait les délices des plus grands rois et des gens du meilleur goût ; c’est un caméléon qui prend toutes les couleurs. » Arlequin, s’il n’était jadis naïf qu’à demi, devient alors tout à fait scélérat : « Arrogant dans la bonne fortune, dit M Jules Guillemot 48 , traître et rusé dans la mauvaise ; criant et pleurant à l’heure de la menace et du péril, en un mot Scapin doublé de Panurge, c’est le type du fourbe impudent, qui se sauve par son exagération même, et dont le cynisme plein de verve nous amuse précisément parce qu’il passe la mesure du possible pour tomber dans le domaine de la fantaisie. » Arlequin, avec ses nouvelles mœurs, court fréquemment le risque d’être pendu ; il n’y échappe qu’à force de lazzi.

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Je vais plus loin : tout le monde sait que la piece du Joueur n’est pas intéressante, & je soutiens que c’est parceque le héros n’est pas riche, & que, toujours mesquin dans ses pertes & dans ses gains, sa bonne ou sa mauvaise fortune peut affecter seulement son valet, sa selliere & son tailleur. […] D’ailleurs la timidité des premiers prouve leur peu d’amour propre ; celle des seconds fait voir qu’ils sont honteux d’une foiblesse à laquelle ils n’ont pu se dérober, qu’ils en connoissent le ridicule, & en triompheront tôt ou tard : les uns & les autres n’en sont que plus estimables ; on auroit très mauvaise grace à les jouer. […] Oui, ma vive tendresse Se complaît à le voir l’appui de ma vieillesse : Sentiments inconnus à votre mauvais cœur.

120. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

La Ramée avertit Don Juan que deux Cavaliers le cherchent pour lui faire un très mauvais parti. […] Don Alvaros se plaint des désordres de son fils : il est interrompu par les mauvaises bouffonneries du valet. […] Il résulte de tout cela que le poëme est mauvais, mais qu’il y a beaucoup de spectacle ; & c’est, comme nous l’avons dit, ce qui convenoit au théâtre du Marais : aussi la gazette rimée de Grimaret a-t-elle dit dans ce temps-là : . . . . . . .

121. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Rambert3, n’est peut-être pas en soi un des défauts les plus graves; mais elle finit, si on ne la combat pas de bonne heure, par s’emparer à fond d’un homme, et par faciliter l’accès de son cœur à une foule de mauvaises pensées. […] Il est parlé quelque part dans la Bible de mauvais esprits, qui, après avoir choisi leur demeure, s’en vont chercher des esprits plus méchants qu’eux pour leur en faire les honneurs. […] Il avouait lui-même que la moindre critique, si mauvaise qu’elle fût, lui avait toujours causé plus de chagrin que toutes les louanges ne lui avaient fait de plaisir. » Jusqu’ici le jeune professeur de Lausanne marche d’accord avec Vinet ; mais il se sépare de lui au moment de tirer les conséquences de son récit.

122. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Des Comédies Héroïques. » pp. 9-29

« Eh bien, me dira-t-on peut-être, vos exemples ne prouvent pas que le genre héroïque soit mauvais ; ils font voir seulement que les Auteurs des deux pieces que vous venez de citer l’ont traité mal. […] L’Auteur aura peut-être mieux vu le genre, que M. de Voltaire & que tous ceux qui le trouvent mauvais ; il nous le prouvera en le traitant mieux que Corneille : jusqu’à ce temps-là je le croirai détestable.

123. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Le Marchand se félicite d’avoir déja vendu un Antiquaire & un Médecin François qui étoient de très mauvaise défaite. […] En effet, & je m’apperçois que le vaisseau que nous avons pris étoit chargé d’assez mauvaise marchandise.

124. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

  Que Molière ait quelquefois prétendu que ses comédies avaient un but moral9, soit par nécessité, soit par une de ces illusions communes aux auteurs, qui sont facilement entraînés à s’exagérer la portée de leurs œuvres, soit plutôt par une réflexion après coup sur l’influence morale qu’elles pouvaient avoir10, il n’est pas moins vrai qu’il se faisait une opinion plus modeste de ce que peut être la bonne comédie au point de vue de la morale : « J’avoue, dit-il, qu’il y a des lieux qu’il vaut mieux fréquenter que le théâtre ; et si l’on veut blâmer toutes les choses qui ne regardent pas directement Dieu et notre salut, il est certain que la comédie en doit être, et je ne trouve point mauvais qu’elle soit condamnée avec le reste. […] Pour d’autres pièces, comme l’Avare 16 ou le Festin de Pierre 17, ne faudrait-il pas avouer que le sublime talent déployé par l’auteur était vraiment superflu pour développer le lieu commun que l’avarice est un vice honteux, et que les débauchés font souvent une mauvaise fin ?

125. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

La raison qu’il nous donne pour nous persuader que Géronte ne reconnoîtra pas le valet de son fils, étoit valable autrefois ; celle de Brueys 43 & Palaprat ne peut qu’avoir été très mauvaise de tout temps, & le sera toujours.

126. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Si ce sont de faux dévots, leur fausse dévotion n’est pas, à mon égard, un titre pour être un mauvais chrétien. » L’hypocrisie servant donc, suivant Bourdaloue, de prétexte et de justification aux libertins, il en conclut que c’est se rendre coupable contre la piété que de s’élever sans mandat contre l’hypocrisie : c’est ce qu’a fait Molière, auquel Bourdaloue fait ouvertement allusion dans un passage célèbre« Voilà, chrétiens, ce qui est arrivé lorsque des esprits profanes ont entrepris de censurer l’hypocrisie, non pour en réformer l’abus, ce qui n’est point de leur ressort, mais pour faire une espèce de diversion dont le libertinage pût profiter2. » Après avoir prouvé aux libertins que lors même que tous les dévots seraient trompeurs, la piété n’en serait pas moins un devoir, Bourdaloue revient sur cette concession apparente et soutient qu’il existe une vraie piété : « Grâces immortelles vous soient rendues, ô Seigneur ! […] Malgré tout cela, il faut bien reconnaître le succès, et le critique avoue que Molière a eu du bonheur « de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie et de duper tout Paris avec de mauvaises pièces ». […] Tout porte à supposer que, tout entier à l’administration de son théâtre et à la composition de ses pièces, il mit peu de temps de reste pour se livrer à la philosophie, qu’il n’en prenait que ce qui était conforme au bon sens ; qu’il ne s’occupait pas non plus beaucoup de religion, mais que l’impiété insolente, jointe aux mauvaises mœurs (ce qui était fréquemment le cas), lui était désagréable ; que la dévotion outrée, affectant l’horreur du théâtre, devait facilement se tourner pour lui en cagotisme et en hypocrisie ; qu’en un mot, sur toutes ces questions, il était placé au point de vue mondain et latitudinaire, sans aucune hostilité systématique et en tout cas sans dépasser le déisme14. […] S’il est vrai que le rire n’est pas toujours mauvais signe lorsqu’il ne s’adresse qu’à des travers légers et peu importants, et surtout à des travers qui viennent d’un cœur noble et généreux, cela est surtout vrai lorsqu’il a sa source dans les circonstances et dans les conditions du dehors plus que dans le fond du caractère lui-même, et c’est ce qui a lieu dans Le Misanthrope. […] Vous me demandez si vous avez fait un bon sonnet : est-ce ma faute s’il est mauvais ?

127. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Celui-là avait le grand défaut de mettre son nom à des comédies qu’il n’avait pas faites et qui étaient de bien mauvaises comédies. […] quelle est cette voix qui sort de ce nez de mauvais augure, un pied de nez, autant que de cette bouche pincée en cœur ? […] Quel patois des plus mauvais lieux ! […] On ne traiterait pas autrement une mauvaise fille qui aurait volé une paire de gants ou un pot de fard. […] les mauvais comédiens ! 

128. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Et tandis que les mauvaises mœurs et le langage grossier constataient leur impuissance contre la société polie, celle-ci prenait sur elles un invincible ascendant ; elle le prenait sans discussion, sans dispute, uniquement par la force de son exemple, par la séduction propre à son langage spirituel, élégant et gracieux ; peut-être aussi par un effet naturel du progrès des lumières, et de l’affinage des esprits dans l’exercice continu de la conversation, dont la société de Rambouillet avait eu le mérite de fournir le premier modèle.

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