elle est majestueuse, pleine de dignité : elle bégaie, elle articule mal ?
Jetons un voile sur ces tristes aberrations de goût, et tâchons d’oublier que Fénelon a déclaré l’Avare « moins mal écrit que les pièces de l’auteur qui sont en vers, » et que La Bruyère impute au style de Molière, vers et prose, d’être entaché « de jargon et de barbarisme. » 10. […] On a eu tort d’inférer du titre de Festin de Pierre, conservé par Molière, qu’il avait mal compris le titre espagnol El Burlador de Sevilla y combidado de piedra.
Allez vous promener. » Dans Le Médecin volant, le capitan vient consulter Arlequin qui fait le médecin, et lui demande un remède pour le mal de dents : « Prenez une pomme, répond Arlequin, coupez-la en quatre parties égales : mettez un des quartiers dans votre bouche, et ensuite tenez-vous ainsi la tête dans un four, jusqu’à ce que la pomme soit cuite, et je réponds que votre mal de dents se trouvera guéri. » Voilà qui prouve bien ce que dit un de ses panégyristes : « qu’il avait plusieurs connaissances particulières des secrets de la nature 52 ».
C’est ne pas être moins éloigné, d’autre part, de ces âmes fades et molles qui, en présence du mal, ne savent ni s’indigner ni haïr. […] Champmeslé les cousit ensemble, tant bien que mal, et les fit représenter avec succès. […] Jamais homme a-t-il été plus bafoué et plus calomnié, calomnié et bafoué dans sa vie, dans ses œuvres, dans sa femme, dans sa douleur, dans le mal mortel dont il mourait ? […] Le roi qui savait le mal que le comte voulait au comédien, et jugeant de son dessein, lui répondit : “La Feuillade, je vous entends bien ; je vous demande la grâce de Molière.” […] À quoi Frosine répond : “Votre fluxion ne vous sied point mal, et vous avez grâce à tousser.”
Ci gist qui parut sur la scène Le singe de la vie humaine, Qui n’aura jamais son égal ; Qui voulant de la mort, ainsi que de la vie, Etre l’imitateur dans une comedie, Pour trop bien réussir, y réussit fort mal : Car la mort en étant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original.
Ces Béjart, assez mal gardés, avaient pour père un procureur au Châtelet. […] Un jour, il rencontre un malheureux comédien de campagne, épuisé, mort de faim, et mal vêtu : — Que ferais-tu ? […] Ainsi fut justifiée, à l’heure suprême du maître jour, cette éloquente sortie de l’évêque de Meaux, sans pitié pour Molière, qu’il a traité plus mal, certes, que Luther ou Calvin : « La postérité saura la fin de ce poète-comédien qui, en jouant son Malade imaginaire ou son Médecin par force, reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez !
Le lecteur peut voir sans peine que tout ce qui se passe dans cette piece naît du caractere jaloux de Talgo, que lui seul se fait tout le mal, & que cette piece, malgré ses irrégularités, figure beaucoup mieux parmi les pieces à caractere, que plusieurs des nôtres, où le principal personnage ne produit aucune situation.
Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope.
Boisrobert lui dit que le cardinal la priait en amie de lui donner avis de ceux qui parlaient de lui dans les assemblées qui se tenaient chez elle : elle répondit qu’ils étaient si follement persuadés de la considération et de l’amitié qu’elle avait pour son éminence, qu’il n’y en avait pas un seul qui eut la hardiesse de parler mal de lui en sa présence, et ainsi qu’elle n’avait jamais occasion de lui donner de semblables avis.
Le mal était devenu incurable.
L’homme ne songe pas à faire du mal au tigre, mais le tigre ne pense qu’à faire du mal à l’homme.
Vous voilà mal, au moins si j’en crois l’apparence ; Et la donation & cette confidence Sont, à vous en parler selon mon sentiment, Des démarches par vous faites légérement. […] D’un souverain pouvoir, il brise les liens Du contrat qui lui fait un don de tous vos biens, Et vous pardonne enfin cette offense secrete Où vous a d’un ami fait tomber la retraite : Et c’est le prix qu’il donne au zele qu’autrefois On vous vit témoigner en appuyant ses droits : Pour montrer que son cœur sait, quand moins on y pense, D’une bonne action verser la récompense ; Que jamais le mérite avec lui ne perd rien, Et que, mieux que du mal, il se souvient du bien.