Je souffre pour les Comédiens de voir le public se faire un jeu de casser leurs arrêts.
Que d’art pour bien graduer la peinture qu’il offre aux jeux du public, pour ne pas dissiper en un instant tous les matériaux qu’il a pu amasser ?
Et enfin le voilà usurier de son propre fils98, dont il ne blâme la vie dissipée que parce qu’elle coûte, dont il ne blâme le jeu effréné que parce que le gain n’en est pas placé à bon intérêt99, avec lequel il ruse comme avec un ennemi100, et qu’il réduit enfin à l’insulter101 et à le voler102.
Je ne sais si le raisonnement est bien bon, mais je sais que le temps vient où la critique, s’imaginant avoir justifié par des raisons inverses toutes les prétendues fautes de goût de Shakespeare, dédaignera de blâmer les plus mauvais jeux de mots d’Hamlet, et oubliera de nous faire frémir d’horreur au spectacle de l’œil de Glocester écrasé par le talon de Cornouailles367. […] Ils ont l’air de considérer l’homme dans la nature comme un empire dans un autre empire, et l’empire même de la nature comme le jeu des secrets caprices du Destin. […] Ce fut une succession de toutes les fantaisies qui peuvent charmer et ravir les sens, travestissements, cavalcades, courses de bagues, concerts de voix et d’instruments, récits de vers, festins servis par les Jeux, les Ris et les Délices, ballets, machines, feux d’artifices, illuminations, loteries, collations.
Excité, piqué au jeu par ces contradictions, M. […] Même sûreté, même puissance de Molière à recueillir, à rassembler, par le jeu du dialogue, autour d’une de ces figures qu’il crée toutes vives, beaucoup de traits accessoires, de circonstances, dont l’effet est de la mettre pour nous, au mieux, dans son cadre, ou de lui donner un fond, un fond d’une teinte appropriée, et dont le détail la complète. […] La Rochefoucauld a dit, dans ses maximes, un mot bien outré, mais qui paraît juste : « Il y a de bons mariages : il n’y en a pas de délicieux. » Le mot est charmant, mais, dans la littérature au moins, il est outré ; il y a des mariages qui sont à la fois bons et délicieux, le mariage de Silvia avec Dorante dans Le Jeu de l’amour et du hasard, le mariage d’Araminte avec son intendant, dans Les Fausses Confidences. […] Au-dessus de nos têtes, entre eux et moi, une muse flottait, invisible et transparente sous son éther, semant le feu poétique qui allume les âmes et qui les transporte ou les tient au niveau des hauts et profonds poètes ou des poètes dégagés, qui nous met à l’unisson de leurs grandes paroles, de leurs jeux et de leurs ris, qui nous fait créer à nouveau les belles œuvres dans les moments que nous les lisons, les sentons et les expliquons. » ……………………………………………………………………… G. […] La comédie répond si bien à notre humeur ; elle naît si naturellement de nos habitudes d’esprit et du jeu spontané de nos facultés, qu’elle est chez nous de toutes les époques.
Ma valeur est connue ; Je ne me bats jamais qu’aussi-tôt je ne tue : De cent jolis combats je me suis démêlé : J’ai la botte trompeuse, & le jeu très brouillé.
Il y a là le travail d’un artiste qui se reprend, se corrige et se perfectionne, bien plus que l’explosion d’un cœur qui se met lui-même en jeu.
Ainsi, dans la tragédie d’Hamlet, les ambassadeurs d’Angleterre et le prince de Norwége Fortinbras ne permettent pas au spectateur d’oublier que les destinées du Danemark sont en jeu. […] Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude, Un prince dont les jeux se font jour dans les cœurs, Et que ne peut tromper tout l’art des imposteurs.
Pythias, servante de Thaïs, se fait un jeu d’alarmer Parmenon, en lui disant qu’on a lié Cherea, & qu’on va lui faire la plus cruelle des opérations.
Mais ni Regnard, toujours bon plaisant, toujours comique par son style, souvent par la situation dans ses Pièces privées de moralité ; ni Dancourt, soutenant par un dialogue vif, facile et gai une intrigue agréable, quoique licencieuse gratuitement ; ni Dufréni, toujours plein d’esprit, Philosophe dans les détails, très peu dans l’ensemble, faisant sortir son comique ou du mélange de plusieurs caractères inférieurs, ou du jeu de deux passions contrariées l’une par l’autre dans le même personnage ; ni quelques Auteurs célèbres par un ou deux bons Ouvrages dans le genre où Molière en a tant donné : rien n’a dédommagé la Nation, forcée enfin d’apprécier ce grand homme, en voyant sa place vacante pendant un siècle.
Nous sommes à deux de jeu. […] Qui ne voit que ce jeu de théâtre a précisément pour objet de permettre à don Juan de se tirer de la dialectique de son valet par un sot quolibet ?
Ce gentilhomme était propriétaire ou principal locataire du jeu de paume de la Bouteille, rue Mazarine, en face de la rue Guénégaud : les trois associés firent construire là un théâtre. […] Vitu fait partie de la Société de l’histoire de Paris, et l’on ne pourrait dire, tant il sait associer les deux qualités, si c’est le disciple de Taschereau ou celui de Caumont qui publie, dans le Bulletin et dans les Mémoires de cette’ société, des études telles que celle qui concerne le Jeu de Paume des Mestayers et l’illustre Théâtre, et celle qui a pour titre : La maison des Pocquelins et la maison de Regnard aux piliers des Halles. […] Ce n’est pas non plus un type, celui du Misanthrope, car, prise en elle-même, la misanthropie ne saurait devenir la donnée d’un personnage scénique : elle n’est point comme l’avarice, l’ambition, l’amour du jeu, une passion agissante et susceptible de former le pivot d’une intrigue dramatique.