Il est vrai néanmoins que les visées de ce grand génie ne se sont point élevées si haut. En composant ses œuvres, il a eu surtout en vue d’amuser le public ; mais il a jugé que la meilleure manière d’atteindre ce but était de représenter l’humanité dans ses principaux travers ; et cette représentation s’est trouvée si profonde et si parfaite, qu’elle est devenue un haut enseignement psychologique. […] (Haut.) […] Les sentiments qui l’inspirent parlent en ce moment plus haut dans son esprit que la voix de sa passion, ce qui n’avait pas lieu lorsqu’il désirait perdre son procès pour avoir le droit de haïr davantage le genre humain. […] Il fallait donc, pour instruire le lecteur et l’intéresser, que ses passionnés fussent haut placés dans la hiérarchie de la famille.
Si, par bonheur, j’ai pu vous divertir, Si mon babil a su vous plaire, Daignez le témoigner tout haut.
Racine, en 1664, dans La Renommée aux muses, Boileau, en 1665, dans son Discours au roi, avaient porté l’art de louer au plus haut degré.
Mais Molière arrive trop tard ; la place est déjà prise par un certain Cormier, et, n’était l’insistance de Cosnac, qui veut dégager sa parole, on n’admettrait même pas la troupe à l’honneur de jouer devant le prince… Cette anecdote, que nous connaissons par les Mémoires de Cosnac, montre du moins la fausseté de la légende que nous avons rappelée plus haut, et selon laquelle on fait remonter la bienveillance dont le prince honora Molière au souvenir de leur camaraderie du collège de Clermont. — La troupe reçut pension d’Armand de Bourbon, et l’on s’intitula désormais « comédiens du Prince de Conti ». […] Comme le Roman comique ne laisse pas d’être amusant, l’hypothèse a fait fortune : Dufresne donc, le chef nominal de la troupe, s’avançant « courbé sous le poids d’une basse de viole », Madeleine Béjart faisant son entrée dans les villes « juchée comme une poule sur le haut du bagage », et Molière qui l’escorte « avec un grand fusil sur l’épaule et chaussé de brodequins à l’antique », tous ces traits, et d’autres encore, ce tableau de la troupe et du grand homme en débraillé, traversant allègrement les années d’épreuves et de misères, ne pouvait manquer de séduire les imaginations. […] Là, elle manque d’élévation, se contente à peu de frais, et ne place pas haut son idéal. […] Ils étaient de plus haute origine, et plus gênants pour le roi lui-même et pour Molière. […] Molière est « honnête homme », aussi lui, beaucoup plus « honnête homme » que son ami La Fontaine ; et, s’il n’a jamais rien enseigné de très haut et de très noble, du moins n’a-t-il rien enseigné qui ne soit, en apparence, sage et raisonnable.
Ce fut le principe de la haute fortune de Lulli. […] Louis XIV tenait en plus haute estime un ballet ou une mascarade, surtout quand il y figurait, que les meilleures œuvres tragiques ou comiques. […] Je m’incline d’avance devant sa haute compétence, et je profite de l’occasion pour lui soumettre une idée qui ferait, selon moi, son chemin dans l’esprit public si elle était lancée par une main autorisée. […] Articles de la Revue des Deux-Mondes cités plus haut. […] Il faut dire que les deux motifs de tolérance que je résume ici sont combattus par plusieurs docteurs de Sorbonne dans le dictionnaire de Lamet et Fromageau, cité plus haut en note.
S’il fallait le génie et la flamme d’en haut pour concevoir et pour exécuter une telle œuvre, quelle habileté, quelle insinuation, auprès du roi, auprès du haut clergé, serait jamais capable de la faire accepter ? […] Cela excitait au plus haut point la curiosité, tant la chose paraissait à tous impossible. […] Molière, lorsqu’il écrivit ce rôle, était au plus haut de sa gloire; il allait voir (par Tartuffe) tous ses ennemis confondus. […] La comédie atteignait ici, comme art et comme style, à son plus haut point de perfection ; mais, excepté dans le rôle de Martine, joué d’original par la servante de Molière, cette œuvre de calme et de sérénité, trop simple pour le théâtre, n’eut point de succès. […] Votre plus haut savoir n’est que pure chimère.
Molière se serait bien gardé de la tenir à l’écart, au moment où sa troupe avait besoin de toutes ses forces pour soutenir de redoutables rivalités et conquérir de haute lutte la faveur publique. […] Il n’y a lieu de discuter aucune de ces attributions, également dénuées de preuves ; les deux premières surtout sont d’une haute fantaisie : ni La Fontaine, malgré sa médiocre dignité de caractère, ni Racine, bien qu’il ait eu des torts envers Molière, n’étaient capables de commettre une infamie, et la Fameuse Comédienne en est une. […] Cependant Molière, averti de nouveau, se met dans une fureur violente et il menace sa femme « de la faire enfermer. » Nouvelle scène de cris et de larmes ; mais, au lieu de s’humilier une seconde fois, Armande le prend de haut, et exige une séparation. […] Dans la grande querelle qui précéda la séparation de 1666, elle déclara bien haut « qu’elle ne pouvoit plus souffrir un homme qui avoit toujours conservé des liaisons particulières avec la de Brie, qui demeurait dans leur maison et qui n’en étoit point sortie depuis leur mariage. » Elle exagérait sans doute un peu en précisant ainsi son grief ; Molière était alors trop épris de sa femme pour l’abandonner si tôt.
Vous vous faites honneur d’être un franc libertin : Vous tenez votre gloire à tenir bien du vin ; Et lorsque, tout fumant d’une vineuse haleine, Sur vos pieds chancelants vous vous tenez à peine, Sur un théâtre alors vous venez vous montrer : Là, parmi vos pareils on vous voit folâtrer : Vous allez vous baiser comme des demoiselles ; Et, pour vous faire voir, jusques sur les chandelles Poussant l’un, heurtant l’autre, & comptant vos exploits, Plus haut que les acteurs vous élevez la voix ; Et tout Paris, témoin de vos traits de folie, Rit plus cent fois de vous que de la comédie. […] Nos cercles fourmillent de modernes Cotins, qui s’y sont glissés en rampant comme le serpent ; qui s’y sont accrédités à l’aide d’une épître, d’un drame, ou d’un bouquet insipide, & y traitent du haut de leur orgueil, intimident les Auteurs naissants, qui cherchent à s’y répandre dans l’espoir de s’instruire. […] Livrez à la risée publique le contraste plaisant qu’offrent leur petit savoir & leur morgue, la haute opinion qu’ils ont d’eux-mêmes & le mépris qu’ils ont des autres ; mais laissez en paix leurs noms, leurs habits, & leur personne.
Molière ne se ralentit pas jusqu’au dernier jour ; il n’aurait pu, à dire vrai, écouter les conseils de Boileau, rester dans la haute comédie, sans compromettre la prospérité de son théâtre.
Sans aller chercher des exemples bien loin, finissons de lire la scene des Précieuses que je viens de citer plus haut. […] A table, au plus haut bout il veut qu’il soit assis.
Si vous portez vos vues plus haut, munissez-vous d’autres qualités. […] J’ai vu de la grandeur pauvre, & de la pauvreté riche ; de hautes dignités avec une basse flatterie ; beaucoup d’orgueil, point de mérite.
Qu’il a toujours, malgré ses remontrances, Heurté le fondement de toutes les Sciences, La Grammaire, qui sait régenter jusqu’aux Rois, Et les fait, la main haute, obéir à ses loix49.