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118. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Petitot, Auger5 , et Le Mercier, ont rendu hommage au génie de Molière en étudiant ses ouvrages. […] Combien de scènes blâmées, d’intentions calomniées, dans lesquelles il faut toujours finir par reconnaître un trait de morale et de génie ! […] C’était un de ces génies supérieurs et réjouissants, que l’on annonçait six mois avant que de le pouvoir donner pendant un repas. […] C’était un fort honnête homme, d’un petit génie, mais bon mari, bon père, et vivant avec ses camarades dans une grande union. […] Elles offrent, selon nous, l’appréciation la plus juste, le jugement le mieux motivé qui ait jamais été porté sur le génie de Molière.

119. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

(Riccoboni, observation sur la Comédie & le génie de Moliere. […] (Riccoboni, observations sur la Comédie & le génie de Moliere.

120. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

On.admire, sans trouver de termes pour la louer, cette scène étonnante, où, avec une vérité crue et une hardiesse sans exemple, sont placés face à face le vice et la vertu, dans une situation si critique, qu’il fallait toute l’audace du génie pour l’aborder. […] Il y avait du génie à le concevoir ; il y avait de l’audace à le dire aux femmes, du siècle.

121. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Je le répete, & mes Lecteurs seront certainement de mon avis, Boileau & Madame Dacier ont été entraînés dans leurs jugements par le respect aveugle que l’on avoit jadis pour l’antiquité, & par l’idée où l’on étoit que nos génies ne pouvoient se mesurer avec les anciens, sans se montrer inférieurs : idée presque aussi ridicule, mais bien moins impertinente que notre mépris actuel pour les ouvrages du siecle passé, & la haute estime que nous avons de nos monstrueuses productions. […] Sosie fait à sa lanterne, dans Rotrou comme dans Plaute, un récit très long, très ennuyeux, très bien circonstancié, du combat auquel il n’a pas assisté ; mais la prétendue Alcmene ne l’interrompt point ; Sosie & la suivante d’Alcmene, nommée Céphalie, ne se parlent jamais : ainsi nous pouvons dire que Moliere doit à son génie seul ce qui écarte la monotonie de son sujet & en varie le comique. […] Son génie auroit-il pu s’y assujettir ?

122. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Heureux & mille fois heureux le Comique doué d’un génie assez vaste pour voir tous ses sujets du côté plaisant & du côté philosophique, pour savoir adoucir les maux attachés à l’humanité, dérider le front des hommes par des saillies heureuses, & leur prodiguer en même temps les leçons les plus exquises ! […] Moliere entre dans la carriere des Lettres : son génie lui fait concevoir l’art du Poëte comme nous venons de le définir. […] Rien au monde ne révolte davantage un homme qui se sent du génie. […] Le peu de soin d’Angélique pour combattre son penchant amoureux, l’aversion qu’elle montre pour son mari, tout ce qu’elle fait pour le tromper & l’inquiéter, ses démarches rien moins qu’innocentes, les expédients qu’elle trouve pour se tirer d’embarras & pour paroître innocente aux yeux de tous ses parents, excepté à ceux de son mari, sont autant de traits de génie nécessaires pour remplir l’objet de l’Auteur.

123. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

N’eût-il que de l’esprit, son zele, encouragé par des distinctions aussi flatteuses, doit lui tenir lieu de génie.

124. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

On peut la voir encore dans les Réflexions sur le génie d’Horace, de Despréaux, & de Rousseau, par M.L.

125. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

C’est du reste un tic commun à beaucoup d’écrivains, d’indiquer dans nos vieilles cours l’origine du génie en tout genre, comme s’ils étaient aussi sûrs de la trouver cette source qu’ils le sont d’y trouver l’origine des plus grands vices.

126. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Ceci n’est point un reproche : la pièce est tout ce qu’elle devait et pouvait être, une espèce de prologue dialogué ; mais Molière y a su mettre plus de génie comique qu’on n’en trouve dans beaucoup de grandes pièces fortement intriguées. […] Il fallait toutes les ressources du génie le plus fécond, pour rendre comique et même attachant, ce tableau d’un intérieur bourgeois, où la lutte n’est établie qu’entre le bon sens un peu grossier d’un chef de famille, et la folie pédantesque de sa femme, de sa sœur et de sa fille aînée ; où tout le danger qui menace les personnages est le projet d’un mariage ridicule, opposé à celui d’un hymen bien assorti. […] Il n’est pas un personnage de la comédie des Femmes savantes, qui, soumis à cette espèce d’analyse, et considéré soit à part, soit comparativement, ne pût suggérer de ces réflexions propres à faire éclater le génie de Molière dans la composition et le jeu des caractères. […] Procurer d’un même coup, et par le plus simple moyen, la manifestation du vice et celle de la vertu, la punition de l’un et le triomphe de l’autre, c’est un trait, de génie où Molière apparaît tout entier. […] Dufresny n’avait pas besoin de s’approcher ainsi de Molière, et de lutter, pour ainsi dire, corps à corps avec lui, pour nous faire apercevoir de combien l’homme de génie surpassait en hauteur et en force l’homme d’esprit, qui s’ignorait assez pour se croire au moins son égal.

127. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

LETTRE DE M** SUR LA VIE ET LES OUVRAGES DE MOLIERE (AOUT 1735) Il est vrai, Monsieur, qu’on a déjà beaucoup parlé de Moliere ; mais on ne sçauroit jamais en trop dire sur cet incomparable génie. « Personne, selon M. […] Il s’est particulièrement appliqué à connoître le génie des grands, et de ce qu’on appelle le beau monde, au lieu que les autres se sont souvent bornés à la connoissance du peuple. […] MmeDacie‌r19 trouve qu’il avoit beaucoup de génie et des manières de Plaute et d’Aristophane. […] Baillet, qu’il parloit assez bien françois, qu’il traduisoit passablement l’italien, qu’il ne copioit point mal ses auteurs ; mais on dit, peut-être trop légèrement, qu’il n’avoit point le don de l’invention, ni le génie de la belle poésie25, quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses pièces le comédien avoit plus de part que le poëte, et que leur principale beauté consistoit dans l’action. » Quelques-uns trouvent qu’il outroit, dit M. de Grimare‌st26; mais ces gens-là ignorent les ressorts qui émeuvent le public, auquel il faut des traits marquez fortement, et lorsque Moliere en employoit de cette espèce, il n’ignoroit pas la manière d’en mettre en œuvre de plus délicats, aussi bien que Plaute et Terence auxquels bien des gens l’ont préféré. […] Moliere a changé, parla supériorité de son génie, le goût de ses contemporains pour l’obscénité, et les a forcés à venir en foule se divertir en gens raisonnables, et non pas en grigous et en crocheteurs.

128. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Jupiter symbolisa l’ordre public et l’autorité de l’État ; Cérès, l’agriculture, c’est-à-dire la propriété laborieuse du sol, avec ses conséquences et ses garanties, les lois civiles, le mariage, la paix et tous les principes de la civilisation ; Junon figura le lien conjugal ; Vénus et son fils, les passions de l’amour physique ; Minerve, la valeur militaire et la sagesse des tribunaux, et elle apparut en même temps comme la divine et vivante image du génie de la ville d’Athènes. […] Apollon oppose à ce rapport purement naturel le droit moral de l’époux, et ici la gravité du génie d’Eschyle est digne d’être éternellement admirée. […] IX Shakespeare est trop grand pour que l’on puisse définir son génie par un trait. Mais, s’il est un trait de son génie qui soit plus remarquable que les autres, n’est-ce pas la libéralité avec laquelle il prodigue à ses moindres personnages mille dons naturels, dont la profusion éclatante les rend très supérieurs au rôle spécial qu’ils ont à remplir ? […] Goethe, avec ce grand sens qu’il a porté dans tonies les créations de son ferme génie, a choisi pour l’essai poétique de sa jeunesse la lutte du moyen âge expirant contre les premiers efforts d’organisation de la société moderne.

129. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Dominique, qui était homme d’esprit et de savoir, connaissant le génie de la nation française, qui aime l’esprit partout où elle le trouve, s’avisa de faire usage des pointes et des saillies convenables à l’Arlequin. […] Lorsqu’il a été manié par des acteurs de quelque génie, il a fait les délices des plus grands rois et des gens du meilleur goût ; c’est un caméléon qui prend toutes les couleurs. » Arlequin, s’il n’était jadis naïf qu’à demi, devient alors tout à fait scélérat : « Arrogant dans la bonne fortune, dit M Jules Guillemot 48 , traître et rusé dans la mauvaise ; criant et pleurant à l’heure de la menace et du péril, en un mot Scapin doublé de Panurge, c’est le type du fourbe impudent, qui se sauve par son exagération même, et dont le cynisme plein de verve nous amuse précisément parce qu’il passe la mesure du possible pour tomber dans le domaine de la fantaisie. » Arlequin, avec ses nouvelles mœurs, court fréquemment le risque d’être pendu ; il n’y échappe qu’à force de lazzi.

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