Elle lui demande si elle est l’Agnès de l’Ecole des Femmes : Nenni, répond la jeune fille, je suis les Dehors trompeurs. […] Il lui débite beaucoup d’impertinences que son nom & son caractere autorisent, & après différents projets qu’il lui communique sur la parure des femmes & sur celle des hommes, il lui parle de cinq brochures qui portent les titres suivants : Traité des riens, avec une Dissertation sur la babiole, dédié aux Dames. […] Il demande ensuite quelques éventails communs, des rubans unis pour sa femme, & les plus beaux bijoux pour une Actrice de l’Opéra qu’il entretient ; ce qui fait dire au Chevalier : Du monde perverti tel est le caractere : L’intérêt & l’orgueil prodiguent les écus, Les plaisirs effrénés répandent encor plus ; Mais l’amitié ne donne guere. […] Parodie de deux vers de la piece même, mais qui ne les vaut pas : Ci gît, sans avoir rendu l’ame, Le Baron enterré vis-à-vis de sa femme.
C’est par cette raison qu’il applaudit à tous les entr’actes des Femmes Savantes, & qu’il critique ceux de George Dandin. […] LES FEMMES SAVANTES. […] Oui, j’admire mon malheur, & la subtile adresse de ma carogne de femme pour se donner toujours raison & me faire avoir tort. […] Dans l’exemple que je viens de citer des Femmes Savantes, ce que fait Clitandre tient & sert à la machine générale, puisqu’il prie l’oncle de sa maîtresse d’être favorable à son amour, & que c’est en conséquence de cette priere, qu’Ariste agit & fait le dénouement. […] Simon se préparera à gronder sa femme.
La femme de son ami solide (la reine) lui fait des visites, et la famille tour à tour ; elle passe nettement devant toutes les duchesses ; et celle qu’elle a placée (madame de Richelieu) témoigne tous les jours sa reconnaissance par les pas qu’elle fait faire112. […] Il est certain que l’ami de Quantova (le roi) dit à sa femme et à son curé par deux fois : Soyez persuadés que je n’ai pas changé les résolutions que j’avais en partant ; fiez-vous à ma parole, et instruisez les curieux de mes sentiments116. » 31 juillet. […] Rien n’est caché, rien n’est secret ; les promenades en triomphe : cet air déplairait encore plus à une femme qui serait un peu jalouse ; mais tout le monde est content. » La suite de cette lettre se rapporte à la situation de mesdames de Montespan et de Maintenon à l’égard l’une de l’autre. […] Elle est d’une femme souffrante qui, bien qu’exempte de jalousie, ne peut supporter l’aspect d’une liaison désordonnée et si opposée à tous les avantages qu’elle espérait de sa raison, de sa vertu, et de ses soins pour le jeune prince dont elle était chargée. C’est cette mélancolie qui lui rendait insupportables des empressements adressés à sa faveur apparente ; c’est cette sorte de tristesse que madame de Coulanges, femme spirituelle, mais légère et vaniteuse, prenait pour un refroidissement opéré par une fortune inespérée.
Il était devenu « de notoriété publique»qu’il s’assemblait, dans cette ville, « une congrégation illicite de plusieurs personnes, privilégiées et non privilégiées, » qu’elle « décidait de la réputation des hommes et des femmes et envoyait dans les maisons des billets injurieux ou quelqu’un de ses membres pour troubler le repos des familles; » même qu’ « elle faisait enlever des femmes et des filles et les enfermait dans le couvent de Sainte-Magdelaine sans information, ni condamnation. » Par arrêt du 12 juillet 1658, le Parlement de Guyenne interdit à la supérieure du couvent de recevoir ces prisonnières, aux Jurats de prêter main-forte à ces arrestations arbitraires, « à toutes personnes, de quelle qualité et condition qu’elles fussent, de porter ni envoyer aucuns billets injurieux à la réputation... sous peine de punition corporelle; » enfin de « s’assembler sans permission du Roi ou de la Cour. » Ce fut à Blois, l’année suivante, que la Compagnie du Saint-Sacrement trembla. […] Amenés devant les magistrats, ils avaient répondu « qu’ils étaient prêts de souffrir la mort pour soutenir la vérité qu’ils annonçaient. » Un peu plus tard, vers la Pentecôte, « quelques-uns s’acheminèrent, »hommes et femmes cette fois, à Argentan. […] En 1662, Molière commence d’être attaqué par des écrits publics : une polémique de deux ans suivit l’École des Femmes. […] Et, « dans l’esprit de ce Patrocle, Charpy se met si bien, s’impatronise tellement de lui comme de sa femme qu’il chasse de chez eux tout le monde. »Mme Hausse ouvrit enfin les yeux, et avertit son gendre. […] Despois, Notice sur l’Ecole des Femmes (Molière des Grands Ecrivains, 111, p. 138.)
Grimarest raconte que, la femme de Molière s’étant brouillée avec celle d’un médecin chez qui elle logeait, les maris prirent parti dans la querelle avec beaucoup de chaleur ; il ajoute que Molière, pour venger sa femme et lui-même, composa L’Amour médecin, et que, depuis ce temps, il ne négligea aucune occasion de décrier la faculté. […] Notice historique et littéraire sur Le Misanthrope Depuis le chef-d’œuvre de L’École des femmes, Molière avait mis au jour six comédies. Auteur blessé dans son amour-propre, il avait fait, pour se venger, La Critique de l’École des femmes, et L’Impromptu de Versailles. […] Il est insensé, car il préfère obstinément à une femme aimable et vertueuse qui l’aime et qui le rendrait heureux, une coquette perfide qui le tourmente, le bafoue et le trahit. […] Molière, de même que Plaute et Térence, n’a point mis de simples paysans dans ses grandes pièces, si l’on excepte Le Festin de Pierre, ouvrage sans conséquence, où il s’est affranchi de presque toutes les règles, et Les Femmes savantes, où il faut, de toute nécessité, que Martine estropie les mots, pour exciter le courroux pédantesque de ses doctes maîtresses.
La fameuse scene des Femmes savantes, dans laquelle Vadius & Trissotin se donnent mutuellement un encens fade, & finissent par se traiter de grimaud, de rimeur de balle, de frippier d’écrits, de cuistre, de plagiaire, &c. n’est certainement dans aucun des prédécesseurs de Moliere ; mais on prétend qu’il l’a vue d’après nature, au palais de Luxembourg chez Mademoiselle, par Cotin & Ménage. […] Dans la premiere scene de l’Ecole des Femmes, Arnolphe & Chrisalde se regardent mutuellement en pitié, parceque l’un pense mettre son front à l’abri de toute insulte en épousant une femme sotte ; & que l’autre croit au contraire l’honneur d’un mari plus en danger entre les mains d’une idiote que d’une spirituelle. […] lisons la scene IX, acte III du Bourgeois Gentilhomme : l’Auteur a non seulement imité les caprices que sa femme lui faisoit essuyer, les brouilleries, les tendres dépits, les raccommodements qui s’ensuivoient ; il y copie la taille, la façon de parler, la conversation, les manieres, les traits d’une épouse qu’il adora toujours, & qui, par des infidélités redoublées, sembla s’étudier à prouver que le génie n’est pas le mérite le plus estimé des femmes, ou du moins le plus propre à les fixer. […] & vois-tu rien de plus impertinent que des femmes qui rient à tout propos ? […] Dans les Femmes Savantes.
Les choses terribles c’étaient des scènes de jalousie : les choses horribles qui étaient imputées à la gouvernante, c’était d’employer l’art, le manège, l’intrigue d’une femme galante pour séduire le roi ; tandis qu’elle renonçait pour la paix à tous ses goûts, à tous ses sentiments. […] Le roi, ou pour apaiser la favorite, ou pour la tromper, ou parce qu’il se persuadait qu’en effet cette glorieuse s’enorgueillissait de sa faveur, peut-être aussi par un peu de disposition prendre de l’humeur contre une résistance obstinée à des avances Qu’aucune autre femme n’avait jusque-là rebutées, se laissait aller à une légère bouderie, à l’expression d’un léger mécontentement. […] « Il me parut qu’il entendait les miennes. »Comment un ministre courtisan n’aurait-il pas entendu les raisons d’une femme qu’il savait ne pas déplaire au roi ? […] Les femmes de service avaient succombé sous la fatigue.
Mowbrai apporte, dit-il, une heureuse nouvelle : Arabelle sera dans un instant la femme de Belton. […] Au reste, Belti vantant la façon dont on aime dans les bois, méprisant l’or & l’usage qu’on en fait chez les peuples policés, demandant si elle est riche, voulant qu’on la remene dans les bois où elle ne connoissoit pas la pauvreté, blâmant nos loix, se moquant de nos femmes indolentes, a beaucoup de ressemblance avec Arlequin Sauvage, voulant manger l’argent qu’on lui présente, & ne comprenant pas à quel autre usage il peut être bon ; décidant que nous sommes des frippons en naissant, puisque nous avons besoin de loix pour être bons ; félicitant un plaideur d’avoir perdu son procès qui l’importunoit ; demandant si la Justice est un animal, & s’il mord ; se moquant des personnes qui se font servir comme si elles n’avoient ni bras ni jambes, & sur-tout des hommes qui font avec eux le métier de bêtes ; priant enfin son Capitaine de le remener dans ses bois, où, ne connoissant pas la pauvreté, il étoit son maître & son roi. […] Zaïde voudroit qu’il donnât la liberté à une femme : son mari lui représente qu’une captive a des ressources pour adoucir les rigueurs de l’esclavage. […] As-tu été pris avec ta femme ? […] Tu as fait enfermer ta femme !
Sa femme & lui sont tout déguenillés. […] Guillemette, femme de Patelin, lui dit que son époux est malade depuis six semaines. […] Patelin suit avec sa femme, qui le gronde, lui dit qu’il a fait une vilaine action en prenant chez Guillaume un habit qu’il ne sauroit payer : Patelin prétend qu’il est difficile d’être honnête homme lorsqu’on est pauvre. […] Ma femme, ma femme, j’entends des voleurs qui ouvrent notre porte. […] Et lorsqu’une femme de qualité aura été au logis ?
Jourdain auprès d’une belle marquise dont il est lui-même l’amant ; et, ce qui n’est pas une feinte, il enrichit sa maîtresse, qui va devenir sa femme, des dons précieux qu’il est chargé par un autre de lui faire accepter. […] Moins spirituelle et moins bien-disante que Dorine du Tartuffe, dont les maîtres, sous ce rapport, sont supérieurs eux-mêmes à M. et à madame Jourdain, elle est moins simple et moins incorrecte en son langage que Martine des Femmes savantes, dont le patois rustique ne saurait contraster trop fortement avec le purisme pédantesque de Philaminte et de Bélise. […] L’intérêt est pour la femme honnête et sensée qui gémit des désastreuses folies de son mari, sans pouvoir les empêcher ; il est pour la jeune fille aimable et sensible qu’un père extravagant veut sacrifier à sa chimère ; il est, enfin, pour le jeune homme plein de franchise et d’amour, dont cette même manie repousse l’ardente et honorable poursuite. […] La première renferme ces grands tableaux de mœurs et de caractères qu’il composait d’après la seule impulsion de son génie, tels que Le Misanthrope, Tartuffe, L’Avare et Les Femmes savantes. […] Comment, dans l’ordre des travaux et des pensées de Molière, Les Fourberies de Scapin auraient- elles pu prendre place entre Le Bourgeois gentilhomme et Les Femmes savantes ?
Mais cependant ma femme... […] Hé bien, votre femme ! […] Vous avez souvent vu de ces femmes étiques, Dont la face n’est pas plus grosse que cela, Accabler leur maigreur d’ornements magnifiques, Et se traîner à l’opéra. […] De nos pieces voilà la peinture comique : Les détails, ce sont les brillants ; Et le fond, c’est la femme étique.
Elle se plaint à Polilla de Don Carlos, qui auroit dû, par simple politesse, lui rendre les soins qu’on rend aux autres femmes. […] La Princesse piquée répond qu’elle est surprise de le voir soupirer pour une femme qui ne le mérite pas. […] Une femme qui a le dépit de voir manquer les armes qu’elle croit les plus puissantes pour ranger un homme sous ses loix, la contrainte d’un amant qui est forcé de cacher les progrès que l’amour & les talents de sa maîtresse font sur son cœur, tout cela auroit-il paru à Moliere indigne d’attacher le spectateur ? […] Marivaux n’a pas senti qu’il affoiblissoit son personnage principal, en substituant à la fierté de la Princesse d’Elide la foiblesse d’une femme légere, qu’on perd & qu’on ramene dans l’instant. […] La naïve & maligne Henriette tient dans la premiere scene des Femmes Savantes le même propos, à-peu-près, à la prude Armande sa sœur.