/ 147
122. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Le dénouement des Adelphes n’a nulle vraisemblance : il n’est point dans la nature qu’un vieillard qui a été soixante-dix ans chagrin, sévère et avare, devienne tout à coup gai, complaisant et libéral.

123. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Sa misanthropie, toute en paroles, n’est au fond qu’une philanthropie chagrine qui s’irriterait moins des vices, si elle affectionnait moins les hommes.

124. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Je veux, malgré vous, aller où il me plaira, mener avec moi qui je voudrai, & faire à mon aise le je ne sais quoi qui vous tient si fort au cœur, & qui me plaît moins par le délice que j’y trouve, que par le chagrin que vous en recevez.

125. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

et de Pourceaugnac pour le finale : Sortez de ces lieux Soucis, chagrins et tristesse...

126. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

On comprend que Boileau, vieux et chagrin, voyant cette décadence, s’écriât : « En vérité, les Pradons, dont nous nous sommes tant moqués, étaient des aigles auprès de ces gens-là. » Il faut être juste cependant : à cette époque où, sous Mmede Maintenon, la cour voyait succéder la dévotion et la tristesse aux fantaisies brillantes d’autrefois, où Louis XIV, frappé dans ses affections les plus chères, après avoir vu mourir autour de lui ses fils et ses petits-fils, restait presque seul de sa famille dans son palais morne et silencieux, il y a encore un coin de la littérature où toute la vie intellectuelle du temps semble s’être réfugiée : c’est la comédie.

127. (1871) Molière

Mais, le poète en proie à tous les chagrins domestiques ; le malheureux dont les jours sont comptés, et qui sent, à chaque effort, se déchirer sa poitrine en feu, voilà de quoi tomber dans le sérieux.

128. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Il avouait lui-même que la moindre critique, si mauvaise qu’elle fût, lui avait toujours causé plus de chagrin que toutes les louanges ne lui avaient fait de plaisir. » Jusqu’ici le jeune professeur de Lausanne marche d’accord avec Vinet ; mais il se sépare de lui au moment de tirer les conséquences de son récit.

129. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

— L’amour se croit offensé si le chagrin jette ses ombres sur le cœur qu’il cherche à remplir d’un soleil sans nuages. » Et un peu plus bas ce roi gentilhomme, si plein de tact et de goût, s’oubliait jusqu’à dire à mademoiselle de La Vallière : — « Madame, ai-je mérité le muet reproche de votre chagrin ? […] doit être, non pas du chagrin, mais quelque chose comme le désespoir sublime de ce Romain, qui sentait qu’il perdait un monde… Se savoir à lui !

130. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Au lieu de creuser notre malheur, de nous enfoncer dans la poitrine la pointe de nos chagrins, nous portons avec une facilité vraiment extraordinaire notre attention sur d’autres objets plus agréables, et nous retrempons notre courage dans l’oubli de nos maux. […] Elle a encore cet inconvénient, qui n’est pas mince au théâtre : elle est morose et chagrine. […] Il prétend que le public reste insensible à ces émotions et s’en retourne ennuyé, chagrin. […] Comme on y sentait, sous la discrétion du langage, un chagrin sérieux  et profond ! […] Angélique ignore que c’est là une épreuve ; elle y va bon jeu, bon argent ; son chagrin est sincère, il faut donc que l’actrice qui le traduit aux yeux le manifeste par les signes qui, dans la vie réelle, le caractérisent.

131. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Contradictions À cette question la réponse ne saurait être douteuse, et nous ne dirons point avec Philinte : Dans vos brusques chagrins je ne puis vous comprendre ; car il nous semble manifeste que sa « bizarrerie » et ses incartades soudaines s’expliquent par la passion malheureuse qui lui arrache ce cri de tendre courroux : Ah ! […] Ce n’est pas qu’il en soit mort de chagrin, comme on l’a prétendu : car il ne trépassa que dix ans après. […] Cette disposition à regarder en silence s’accrut avec l’âge et les chagrins de la vie.

132. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Rapin affirme que « cette conduite donna tant de chagrin aux plus entêtés de ce parti qu’ils se retirèrent peu à peu et ne parurent plus aux assemblées : » pour qui connaît la combativité janséniste, il est malaisé de croire qu’ils s’éliminèrent aussi gracieusement.

133. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

On sent que l’auteur a connu le grand poète, qu’il a pénétré dans son intimité, vu de près ses chagrins domestiques et peut-être même recueilli ses doléances. […] Mais ce trait-là n’est pas exclusivement particulier aux jansénistes ; il est le signe distinctif de tous les esprits chagrins en lutte avec les lâchetés et les transactions mondaines, la marque propre de la misanthropie.

/ 147