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194. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Le beau jeune Seigneur ! […] Le beau jeune Seigneur !

195. (1856) Les reprises au Théâtre-Français : l’Amphitryon, de Molière (Revue des deux mondes) pp. 456-

Le poète a beau quitter la terre pour le séjour des dieux, tracer pour le maître de l’Olympe un rôle de fourbe et pour Mercure un rôle d’entremetteur : il ne peut se dégager pour longtemps de ses souffrances morales. […] Quant à Rotrou, chacun sait qu’il a plus d’une fois parlé une langue aussi belle, aussi précise que celle de Corneille, et ce mérite reconnu de tous, lui assigne un rang considérable dans notre littérature dramatique.

196. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Je consume les plus beaux jours de ma vie au service d’autrui… Je vis dans une action continuelle ; pas un moment à donner à mes amis ; les bontés du roi ne sauraient me dédommager de toutes ces pertes. » On pourrait trouver une nuance d’ingratitude dans ces paroles, si l’on n’y voyait la sage précaution d’une femme intacte contre des soupçons offensants. […] « Depuis près de deux ans, dit-elle, cette belle amitié (de mesdames de Montespan et Scarron) s’est changée en une véritable aversion, une aigreur, une antipathie comme du blanc au noir.

197. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Elle lui peint malignement les plaisirs qu’elle goûtera quand elle sera la femme d’un époux si beau, qui a l’oreille rouge & le teint fleuri ; sur-tout lorsqu’elle ira par le coche voir les parents de son époux. […] Elle croira s’être endormie pour faire un beau songe. […] Ces scenes sont belles, me dira-t-on.

198. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Tous ces beaux et nobles jeunes gens ne seront-ils donc jamais pères un jour ? […] Molière y alla sans marchander ; il mit sur la scène un gueux plus noble de cœur qu’un gentilhomme716 ; il bafoua les bourgeois qui croient que c’est une belle chose de devenir gentilhomme ; les Arnolphe qui se donnent le nom de Monsieur de la Souche ; les Gros-Pierre qui s’appellent pompeusement Monsieur de l’Isle 717 ; les George Dandin qui, par un allongement, reçoivent le titre de Monsieur de la Dandinière 718 ; on n’oubliera jamais l’illustre maison de Sotenville, dans laquelle « Bertrand de Sotenville fut si considéré en son temps que d’avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d’outre-mer719, » ni celle de la Prudoterie « où le ventre anoblit720 ; » on rira éternellement des manies de dignité et de vanité qui constituent toute la noblesse des Pourceaugnac et des Escarbagnas ; enfin le type du marquis, produit par Molière et prodigué dans toutes ses pièces, est resté et restera comme l’un des meilleurs personnages du théâtre comique. […] Dans les Fâcheux, passent en courant devant les yeux étonnés d’une telle variété, le marquis du bel air725, le marquis musicien726, le marquis duelliste727, le marquis joueur728, le marquis chasseur729, le marquis obligeant730. […] La raison en est belle ; et c’est par là qu’il s’empêcheroit des choses ! 

199. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

si vous saviez comme elle dogmatise sur la religion, cela vous ferait horreur… Elle trouve que votre frère a la simplicité de la colombe, il semble à sa mère : c’est Mme de Grignan qui a tout le sel de la maison et oui n’est pas si sotte d’être dans cette docilité. » Le chevalier de Sévigné lui-même, malgré sa docilité, était entraîné dans le courant des impiétés de la jeunesse : « Il est dans le bel air par-dessus les yeux ; point de pâques. ». […] Il le fallait beau, spirituel, intrépide, plein de grâce et d’élégance, le grand seigneur dans toute sa gloire, dans tout son triomphe. […] , intrépide et fier devant le danger, même celui des prodiges, en un mot l’un des plus beaux types de l’homme moderne, ayant séduit les poètes, un Byron, un Musset, comme il avait séduit toutes les femmes ? […] La matière eût été belle… et l’on aurait écouté don Juan avec patience sans l’interrompre !  […] Dans le Tartuffe seulement, Molière a consenti à mettre dans la bouche de son Cléante une tirade apologétique qui lui a fourni les plus beaux vers du monde, mais dont il se serait dispensé s’il n’y avait pas eu pour lui une nécessité politique de distinguer la vraie et la fausse dévotion.

200. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Ils font ensemble une des plus belles scenes qui soient au théâtre, du moins par la situation qui est très piquante. […] Et par quels beaux discours que l’artifice inspire.... […] La jalousie du Prince prend de nouvelles forces ; il reste anéanti, & fait avec Delmire la belle scene qui sans doute a séduit Moliere, & lui a donné l’envie de transporter le sujet italien sur son théâtre. […] La belle proposition ! […] Quant à la belle scene qui est dans les deux ouvrages, la situation y est à-peu-près de la même force.

201. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

A ce mot de province, les femmes me toiserent, pour examiner, à mon air, si je l’avois quittée depuis long-temps ; on me pria de raconter mon histoire, afin de voir, disoit-on, si elle prêtoit réellement au comique, & je le fis à-peu-près en ces termes : « Une demoiselle, jeune, riche, belle, & coquette sur-tout, comme on le verra dans la suite, écoutoit assez favorablement les vœux de plusieurs soupirants ; Damon, Clitandre & Sainval l’aimoient publiquement. […] il ne faut que le sens commun & une ame, pour juger du vrai beau. […] Je veux croire qu’il y a grand plaisir à pousser des soupirs amoureux auprès d’une tombe fraîchement faite, & galamment couverte d’un tendre feuillage ; mais jusqu’ici nos belles dames n’ont pas mis cette galanterie à la mode, & un Auteur ne doit pas brusquer ainsi les mœurs & les coutumes de sa nation, pour présenter un spectacle très désagréable.

202. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

L’amour qu’il a pour la belle esclave lui tourne si fort la cervelle, qu’il est devenu comme un homme hébêté. […] Son valet Scapin promet de lui procurer un moment d’entretien avec sa belle, malgré Arlequin, marchand d’esclaves, qui la garde avec le plus grand soin. […] que le beau coup que tu viens de faire me réduit à m’aller pendre sans balancer.

203. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

De même donc que l’artiste réalise, dans le marbre ou sur la toile, le beau idéal des formes physiques, l’auteur comique individualise sur la scène le beau idéal des difformités intellectuelles, je veux dire du vice, de la folie et de la sottise. […] Il avait la taille plus grande que petite, le port noble, la jambe belle. […] Cette fille de Mignard était fort belle, et l’on a prétendu, je ne sais sur quel fondement, que Molière en avait été très épris. […] D’autres le citent de cette manière : Nos beaux-esprits ont beau se trémousser, ils n’effaceront pas le bonhomme. […] On sait qu’il était fort beau.

204. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

Ils l’ont saisi d’abord et avant qu’il ait eu le loisir de les trouver mauvais; il les a loués modestement en ma présence, et il ne les a pas loués depuis devant personne : je l’excuse et je n’en demande pas davantage à un auteur; je le plains même d’avoir écouté de belles choses qu’il n’a point faites ‌ 7 . » Et, de vrai, cela se comprend dans une carrière où l’imagination est continuellement surexcitée, où il faut créer sans cesse et avec le plus d’esprit possible, où il est nécessaire de plaire à un public. […] Votre procureur s’entendra avec votre partie et vous vendra à beaux deniers comptants.

205. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

En lisant cette remontrance si noble et si pathétique, on éprouve le besoin de s’incliner devant le génie de Molière, aussi apte à rendre le plus beau côté de l’humanité que son côté le plus hideux. […] Quel beau caractère n’a-t-il pas dépeint chez Don Louis, père de Don Juan ; quelles maximes admirables Molière n’a-t-il pas exprimées par la bouche de ce malheureux père dans la scène vi de l’acte IV ! […] Ses larmes n’étaient point de ces larmes désagréables qui défigurent un visage ; elle avait, à pleurer, une grâce touchante, et sa douleur était la plus belle du monde. […] Réponds-moi, coquin, voyons un peu tes belles raisons… — Oh ! […] Ce sont choses de soi qui sont belles et bonnes ; mais j’aimerais mieux être au rang des ignorants que de me voir savant comme certaines gens.»

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