Alors leurs pieces peuvent encore être beaucoup plus séduisantes que les nôtres, parceque le masque d’Arlequin a le même avantage que les masques des Anciens, & que sans rendre la ressemblance des deux personnages trop parfaite, il peut cependant les faire ressembler assez pour favoriser l’illusion.
« Nous n’avons parmi les ouvrages des Anciens que deux modeles en ce genre, l’Amphitrion & les Ménechmes.
Mais nous avons fait voir que ces titres étoient dus seulement à ceux qui transportent sur la scene de petits incidents pris dans la société, qui ne font que dialoguer des romans, qui pillent de bons ouvrages pour en parer de mauvais ; ceux enfin qui font passer sur notre théâtre les pieces de nos voisins ou des anciens avec tous leurs défauts.
Vétérans de l’orgueil, des anciens préjugés Les défenseurs encor ne sont pas corrigés3 : Leurs faibles yeux du jour redoutent la lumière ; Ils n’ont plus d’avenir, et, toujours en arrière, Reportent leurs regards dans la nuit du vieux temps.
Pour être sûr de ne pas tomber dans le vulgaire, on alla jusqu’au précieux ; l’honnête décence ne paraissant pas assez éloignée de l’ancienne liberté de propos, on poussa jusqu’à la pruderie, et ainsi du reste. […] Les anciennes farces et sotties n’ont pas davantage oublié le faux dévot. […] Dans leur ancien domicile, loge la Guerre, avec son esclave, Tumulte. […] Dans le répertoire de l’ancien théâtre français, il existe, par exemple, une farce ou moralité qui nous représente Église, Noblesse et Pauvreté faisant la lessive. […] Jugée à ce double point de vue, l’ancienne comédie française, dont Molière, tout en la renouvelant, accepta les traditions, laisse beaucoup à désirer.
Les Auteurs qui connoissent la marche aisée des Drames anciens, les entrées & les sorties forcées des modernes, ne peuvent pas nier que la rue ne soit le champ le plus commode pour faire passer une action comique.
La réponse de Valere, qui prend le parti d’Harpagon, & qui dit à Maître Jacques qu’on n’invite pas les gens pour les assassiner à force de mangeaille ; que rien n’est plus préjudiciable à l’homme que de manger avec excès ; que pour se bien montrer ami des gens que l’on invite, il faut les traiter avec frugalité ; & que, suivant le dire d’un Ancien, il faut manger pour vivre, & non pas vivre pour manger : tout cela cesse d’être comique, si Maître Jacques y a donné lieu, & si l’on ne voit pas que c’est la flatterie, & non le bon sens, qui le fait dire à Valere 28.
Parcourons quelques-unes des comédies anciennes dans lesquelles on a joué des professions, & voyons si, à présent que les choses ont si bien changé, on pourroit remettre avec succès le même sujet sur la scene.
Le Sieur Angelo, (Docteur de l’ancienne Troupe Italienne) m’a dit, (c’est ce M. de Tralage qui parle) que Moliere qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de Théatre & d’autres, le même sieur Angelo, dit à Moliere, qu’il avoit vu représenter en Italie, (à Naples) une Piece intitulée le Misanthrope : & que l’on devroit traiter ce sujet ; il le lui rapporta tout en entier, & même quelques endroits particuliers qui lui avoient parus remarquables, & entr’autres ce caractere d’un homme de Cour fainéant, qui s’amuse à cracher dans un puits pour faire des ronds.
Quel mérite n’est-ce point que d’avoir seul, sans modèle ancien ni exemple contemporain, su voir et dépeindre avec tant de finesse.et d’énergie ce que doit être la femme : pure, simple, franche, douce, naturelle gracieuse !
D’Aubigné était d’ancienne noblesse et connu pour tel76.
J’y ai vu Delaunay, qui était là, comme dans tout l’ancien répertoire, incomparable. […] Tout le long de la pièce, il lui donne l’allure du « commissaire » de l’ancien guignol, créé tout spécialement pour recevoir les coups de bâton de Polichinelle. […] Elle fait ce que font tous les acteurs dans les rôles de l’ancien répertoire : elle accommode le personnage à ses moyens d’exécution. […] Il l’est, en effet ; mais, je l’ai dit fort souvent : dans l’ancien répertoire, il ne faut jamais se préoccuper de l’âge des acteurs. […] Elle jouait Finette ; elle a le visage éveillé et fripon d’une soubrette de l’ancien répertoire ; la diction est nette, juste et vive : c’est un très heureux début.