Mettons sous les yeux du Lecteur un exemple qui prouve le mauvais goût des auteurs de ce temps-là, & du spectateur qui les applaudissoit. […] Je soupçonne même l’Auteur d’avoir pris son idée dans l’inscription de la ville de Venise, par Sannazar. […] Peu d’Auteurs ont la force de lutter contre le goût du siecle ; & voilà le mal. […] Le desir de passer pour auteurs de la bonne compagnie, a conduit bien plus loin nos jeunes poëtes. […] Les badauds, les gens qui admirent tout, s’écrient : l’Auteur connoît le monde.
L’Auteur se trompe. […] Si l’Auteur juge ces pieces dignes de nos premiers treteaux, nous n’avons pas le plus petit mot à lui répondre. […] Marions-nous au plus vîte sur la parole de l’Auteur. […] Croyons l’Auteur lorsqu’il nous exhorte à ne pas marcher sur les traces des frippons d’Athenes. […] On pourroit chicaner l’Auteur sur l’épithete de burlesques, qu’il donne aux manes des frippons d’Athenes.
Faire rire & corriger les hommes, est le double but que doit se proposer un Auteur comique. […] Devineroit-on présentement quel but moral s’est proposé l’Auteur ? […] L’Auteur étoit gourmand, & il avoit fait en Turquie le métier de cuisinier. […] L’Auteur semble s’y être appliqué à prêcher la philosophie de l’égoïsme. […] L’Auteur des Mémoires sur les ouvrages de Moliere, imprimés en 1733, est de cet avis.
Voici ce qu’en dit un auteur contemporain. […] Harpin sont le germe de trois caractères que les auteurs comiques ont depuis si souvent traités et développés sur le théâtre. […] Ce n’est pas ce Martial-là, Madame, c’est un auteur qui vivait il y a trente ou quarante ans. […] Après sa mort, sa veuve vendit cette pièce et quelques autres à Thierry, libraire, qui l’imprima en 1682, avec les autres pièces du même auteur. […] Voyez la vie de Quinault, à la tête du théâtre de cet auteur.
Celui des deux auteurs qui a copié l’autre devait du moins citer sa source. […] Malgré tout cela, il est, dans mon opinion, fort supérieur aux auteurs qui se bornent à une stricte imitation de la vie. […] Néanmoins les opéras de cet auteur sont remarquables par leur marche légère et animée, et par l’imagination qui y brille. […] Quelques auteurs après lui, et malheureusement Lessing lui-même, ont étendu la même idée à tous les genres dramatiques. […] Mais aussi, comme nous l’avons vu, cet ouvrage déplut si fort aux Athéniens, que pour en punir l’auteur ils le condamnèrent à l’amende.
Si les acteurs qui représentent Dom Juan & Dom Carlos paroissent avant le temps qu’il faut à-peu-près pour faire ce que je viens de dire, c’est une faute qu’ils font pour diminuer celle de l’Auteur. […] Il y a tant de manieres de faire succéder les acteurs les uns aux autres, & de les renouveller sur le théâtre, qu’un Auteur n’est pas excusable lorsqu’il ne les fait pas servir à lier ses scenes. […] Moyennant cette petite précaution de l’Auteur, le théâtre ne reste point vuide, parcequ’on a vu Frontin avant que d’avoir perdu de vue le Capitaine. […] Il est bon de remarquer que si la regle ordinaire exige qu’on annonce l’arrivée d’un acteur & le sujet de sa scene, l’art demande quelquefois le contraire ; c’est lorsque l’Auteur veut ménager une liaison de surprise. […] J’ai fait entendre plus haut que les Auteurs, à force d’user de la permission qu’on a de lier des scenes par des monologues, en abusent enfin, & ne font bien souvent que des monologues de remplissage.
La plupart des Auteurs ont senti, comme Moliere, la nécessité de prévenir les critiques ; mais peu l’ont fait avec cette justesse de raisonnement, avec cette adresse persuasive qui captive le sentiment du public, & le force, pour ainsi dire, à ne juger qu’au gré de l’Auteur. […] L’Auteur oublie, dans le courant de la piece, que M. […] Si Silvestre ne se déguise point de façon à n’être pas reconnu, s’il ne change pas bien le son de sa voix, si, sur-tout, la mode des déguisements est passée, ce n’est pas la faute de l’Auteur. […] L’Abbé Brueys, Auteur Comique, associa à son travail Palaprat. […] Les Auteurs de la piece n’ont pas tiré tout le parti possible de ce trait.
Ce joug volontaire que les Auteurs s’imposoient, étoit aussi ridicule qu’embarrassant, parcequ’il est des sujets qui, féconds ou stériles par eux-mêmes, peuvent fournir beaucoup ou bien peu à l’Auteur. […] Malheur à l’Auteur qui n’en a jamais vu qu’un à la fois. […] Diafoirus, parceque les grains de sel égrugé & tels qu’on les met dans un œuf, sont à-peu-près de la même grosseur, & que les scenes sont tantôt longues, tantôt courtes, selon leur sujet, le caprice de l’Auteur ou celui de sa Muse. […] A propos de cela, je me souviendrai toute ma vie d’une épigramme faite à une premiere représentation : elle m’alarme encore, & doit faire trembler tous les jeunes Auteurs. […] Cet Auteur mourut à Boulogne sur mer en 1747.
Ces trois lettres, fort étendues et que l’auteur a intitulées Discours, sont ce que Balzac a écrit de plus intéressant et a le mieux écrit27. […] L’auteur cite plusieurs exemples de l’urbanité des plus illustres Romains du temps de la république, « même de ce fâcheux et insupportable homme de bien, Caton le censeur. […] Elle présente aussi des résultats assez piquants des recherches de l’auteur. […] L’auteur y oppose l’amour de la gloire qui, chez les peuples anciens, à Rome surtout, payait les plus grands services ; il s’exalte de nouveau et avec une éloquente chaleur au souvenir de ces grands hommes de la république romaine, dont il sent si bien la dignité. […] On en trouverait probablement la date précise dans l’édition complète des Œuvres de l’auteur, en 2 vol. in-fol., publiée en 1665, après sa mort, par l’abbé Cassaigne, son ami.
Mais elle est le premier ouvrage de l’auteur. […] Nous lui répondrons avec notre auteur : voyons, monsieur, le temps ne fait rien à l’affaire. […] disons plus vrai, Thomas n’était pas l’auteur du Tartuffe. […] Contentons-nous d’indiquer les endroits de ces trois pièces qu’on pourra reconnaître dans celle de notre auteur. […] Faut-il en croire l’auteur ?
L’auteur du canevas a indiqué le sujet du Cocu imaginaire ; Molière l’a traité. […] C’est l’imitation d’un auteur italien, Giacinto Andrea Cicognini, qui a servi d’original à Molière. […] L’auteur français égale presque la pureté de la diction de Térence, et le passe de bien loin dans l’intrigue, dans le caractère, dans le dénouement, dans la plaisanterie. […] Je ne crains pas qu’on me blâme de rapporter ici en entier le jugement que La Fontaine porte sur la pièce et sur son auteur. […] Le fait est ainsi raconté par l’auteur du Bolœana, qui prétend avoir appris de la bouche même de Boileau les anecdotes dont se compose son recueil, et, en particulier, celle dont il s’agit ici.
Le mérite ne va plus décider ici du rang des Auteurs, ce sera la date de leur premiere entrée chez l’une ou l’autre Thalie. […] Nous pousserons la circonspection jusqu’à ne pas dire si l’Auteur moderne se rencontre avec son prédécesseur par hasard ou de dessein prémédité. […] Les Auteurs dont je vais parler sont des hommes. […] Un parent de l’Auteur présenta très humblement la piece à M. de la Roque. […] Gayot de Pitaval l’a copiée lui-même d’un autre Auteur.
Quand on lit ses pièces avec réflexion, ce n’est pas de l’auteur qu’on est étonné, c’est de soi-même. […] Mais s’il avait été assez raisonnable pour en savoir gré à l’auteur, je l’admirerais presque autant que Molière. […] Ainsi il y avait non seulement querelle d’auteur à auteur, mais de théâtre à théâtre. […] Qu’on se représente ce seul instant et tout ce qu’il fait envisager, et qu’on juge ce que l’auteur hasardait. […] Il était cependant à la fois auteur, acteur et directeur de comédie.
Nous verrons, quand nous parlerons de l’Art de l’Imitation, que Moliere, pour composer la plus grande partie de ses pieces, & principalement son Avare, a pris des traits chez une infinité d’Auteurs qui avoient peint avant lui l’avarice. Un Auteur qui veut traiter un caractere permanent, peut même essayer ses forces & la bonté de son sujet dans une esquisse, avant que d’entreprendre le portrait en grand. […] Les caracteres du moment sont donc plus difficiles à traiter que les autres, & plus ingrats : ils sont plus difficiles, parcequ’un Auteur n’a pas avec eux tous les avantages dont nous venons de parler, qu’il a besoin de prendre le ridicule sur le fait, de saisir ses traits au moment où ils sont à peine formés, de peindre sa laideur dès qu’elle commence à se faire remarquer, & de rendre cependant le portrait frappant. […] tout Auteur n’est pas un Moliere. Je ne veux pas décourager les jeunes Auteurs qui entreprendroient de faire la guerre aux ridicules, aux travers, même aux vices naissants : au contraire, je leur ai fait voir les difficultés qu’il y a dans le succès, non pour ralentir leur zele, mais pour les engager à redoubler leurs efforts : je leur dirai même, pour les encourager, que si ces sortes de pieces procurent une gloire souvent moins durable, elle est ordinairement plus éclatante.
Et lui, quand, après la pièce, l’auteur dépouillait le costume de l’acteur, le pourpoint troué d’Harpagon ou l’habit vert d’Alceste, était-ce assez pour lui, que cette franche gaieté dont il avait enivré le parterre, et s’en allait-il content quand on avait ri ? […] Mais ceux qui veulent voir dans les œuvres dramatiques vraiment belles des intentions morales, prêtent presque toujours aux auteurs une pensée qu’ils n’ont point eue. […] Ensuite, plusieurs auteurs, et Molière lui-même, ont été obligés de mettre en avant l’utilité morale, pour assurer le succès de leurs pièces, pour les défendre contre une critique hostile, ou même pour en obtenir la représentation6. […] Dans cette juste mesure, nulle œuvre artistique plus que celle de Molière, nul auteur dramatique plus que lui n’est digne d’attirer l’attention au point de vue moral. […] Mais enfin, quelle influence définitive sur l’esprit du spectateur doivent exercer ces contrastes, et quel est, dans l’esprit de l’auteur, ce milieu parfait qu’il a la prudence de ne jamais exprimer ?
Il ne fut imprimé qu’après la mort de l’auteur. […] Est-ce le même auteur, disait-on, qui a fait ces deux pièces ? […] Cet ordre fut un coup de foudre pour les comédiens et pour l’auteur. […] En voici un second que me fournit le même auteur. […] L’auteur désigne ici mademoiselle de Brie.
Il ne s’en déclara point l’auteur, mais il eut la prudence de le dire à Sa Majesté. […] Comédies du même auteur, non imprimées, et jouées en province. […] « Dès que le préjugé eut cessé, on rendit justice à l’auteur. […] Il a aussi écarté du comique de la liste l’outré que l’auteur italien y avait ajoutée. […] Par la seule comparaison des prologues, on peut connaître que l’avantage est du côté de l’auteur moderne.
Acteur et auteur, Molière succès avait séduit et pour toujours conquis le public. […] Et l’auteur de Tartuffe n’en avait point fini avec les tribulations. […] Non pas l’œuvre, l’homme ; non pas le livre, l’auteur ! […] L’auteur était l’abbé Lebeau de Schosne. […] Vie de l’auteur, p. 57.
On a voulu remettre, il y a quelque temps, la Coquette du même auteur, très mauvais ouvrage qui n’a eu aucun succès. […] On serait tenté d’en faire un reproche grave à l’auteur, si lui-même ne s’en était accusé avec cette franchise modeste et courageuse dont j’ai déjà cité plus d’un témoignage. […] On sait que le repentir de Rodope, qui a méconnu sa mère un moment, a toujours fait verser des larmes : l’auteur a touché un des endroits du cœur humain les plus sensibles. […] Il fut repris au bout de trente ans, après la mort de l’auteur, et il réussit. […] Cet auteur courait après l’historiette ou l’objet du moment pour en faire un vaudeville qu’on oubliait aussi vite que le fait qui l’avait fait naître.
que l’auteur depuis son établissement à Paris, avoit perfectionné son stile. […] Quelques auteurs voulurent critiquer, mais à peine furent-ils écoutés. […] Dès que le préjugé eut cessé, on rendit justice à l’auteur. […] Louis XIV en jugea mieux, & rassûra l’auteur alarmé du peu de succès de la premiére représentation. […] Tirso de Molina en est l’auteur.
On parle d’un Auteur qui doit jouer les Philosophes dans une Comédie. […] Vous en savez l’auteur ? […] Vous en savez l’auteur ? […] Oui, oui, je te renvoie à l’Auteur des Satyres. […] Le Lecteur trouve-t-il que l’Auteur ait bien fait ?
Mais en revanche les petites bagatelles de cette espece peuvent avoir beaucoup plus de piquant, de comique & un plus grand nombre de saillies, parcequ’une Divinité entourée de simples mortels a sur eux une supériorité qu’un Auteur ingénieux sait partager, & qui le met très fort à son aise. […] Il en est de plusieurs especes, qui toutes ont séparément & des beautés & des défauts inséparables de leur nature, & plus ou moins frappants, selon l’art de l’Auteur. […] Cet Auteur, chez Apollon, Va toujours à reculon. […] Feuilletez avec soin tous nos Auteurs fameux ; Mes traits les plus frappants sont tirés d’après eux. […] Boissi, qui est aussi l’auteur de la Vie est un songe, ne se ménage point.
— « Cela prouve que ces pieces sont faites pour figurer avec grace sur la scene, puisque le théâtre est un cadre sous lequel les Auteurs ont droit de nous peindre la Nature dans toutes ses attitudes ». […] Les Auteurs du genre prétendu moderne & philosophique voient encore que les Romains mettoient déja sur leur scene des situations généreuses, magnanimes. […] D’après ce que vous venez de lire, Auteurs tragi-comiques, ne vous flattez plus d’avoir créé un nouveau genre, & d’être de bons originaux. […] L’homme livré à mille peines inséparables de l’humanité, sait toujours gré aux Auteurs qui lui font perdre un instant ses chagrins de vue. […] L’Auteur n’a plus qu’un pas à faire, & la gaieté est totalement bannie de la scene, quand elle y est ramenée par la personne même qui cause le malheur dont nous sommes affectés.
Je conserverai le stile même des Auteurs autant que la liaison & l’ordre le pourront permettre. […] Est-ce le même Auteur, disoit on, qui a fait ces deux pieces ? […] (Je n’ai pû savoir de quel Auteur.) […] Cet ordre fut un coup de foudre pour les Comediens, & pour l’Auteur. […] Il ne s’en declara point l’Auteur ; mais il eut la prudence de le dire à Sa Majesté.
Elles partent de là pour assurer sur leur honneur que les Auteurs vivants sont des sots, des animaux qui ne savent rien voir. « Je n’ai pas l’avantage d’être Auteur continue, M. […] Si les petites choses qui enthousiasment si fort nos élégants beaux esprits, suffisoient pour fournir les matériaux nécessaires à une piece, je conseillerois à nos Auteurs de prendre bien vîte un de ces Messieurs pour héros : mais comme leur caractere est accessoire & tient à mille autres, qu’il n’offre que des superficies de quelque côté qu’on le tourne, qu’il seroit minutieux sur la scene, qu’il n’intéresseroit qu’un très petit nombre de spectateurs, qu’il a été traité en détail dans plusieurs pieces différentes, je n’exhorterai personne à les prendre pour modele. […] Espece de drame composé ordinairement par des especes d’Auteurs, joué par des especes de comédiens, trouvé sublime par des especes de connoisseurs, & qui ameute contre les véritables drames, contre les véritables auteurs, contre les véritables acteurs, des censeurs d’autant plus dangereux, qu’ils se mettent en comparaison.
Qu’on lise le parallele qu’en a fait, avec Terence, l’auteur du siecle de Louis XIV. le plus digne de les juger, la Bruyere. […] C’est d’une connoissance profonde de leurs objets, que les Arts tirent leurs regles, & les auteurs leur fécondité. […] C’est un ridicule de plus, qui ne doit pas empêcher un auteur de peindre les bourgeois avec les mœurs bourgeoises. […] Voilà donc deux causes du caractere des pieces d’Aristophane, le goût du peuple & celui de l’auteur. […] Il fut acteur distingué, & est devenu un auteur immortel.
En parlant d’une savante, l’auteur dit : D’où vient qu’elle a l’œil trouble et le teint si terni ? […] Louis XIV comprit l’auteur de Britannicus. […] N’en doutons pas, ceux-ci s’étaient assurés de la manière la plus positive qu’ils n’avaient point à redouter les applications des ouvrages satiriques dont les auteurs leur faisaient la lecture ; ils savaient indubitablement de la bouche des auteurs mêmes le nom des personnes qui avaient servi de modèle à leurs tableaux, et ils n’avaient pas besoin de le demander. […] Il faudrait bien peu connaître et les gens du monde et les auteurs pour douter de la curiosité des premiers et de l’empressement des seconds à la satisfaire. […] L’auteur, né en 1636, n’avait donc effectivement que 38 ans.
Mais les pieces sont plus souvent lues que représentées ; le lecteur ne voit pas la décoration : d’ailleurs il faut que l’Auteur m’apprenne positivement chez qui ou devant la maison de qui je suis. […] Je prends le livre, l’Auteur a mis au bas du nom des personnages, la scene est à Paris. […] Il est cependant des occasions où l’un des personnages peut rappeller à l’autre des événements qu’il sait aussi bien que lui ; mais il faut que l’Auteur ait l’adresse de motiver cette répétition. […] Un Auteur adroit trouve des ressources pour tout motiver. […] Il le semble d’abord, puisqu’il le charge d’épier la conduite de son fils, & de lui faire une fausse confidence ; mais c’est un prétexte de l’Auteur.
Elle est tirée d’une farce jouée l’an 1470, & qui décele le plus grand génie dans son Auteur. […] Dans les Auteurs modernes, M. […] Les Auteurs ont même eu l’adresse de ramener les principaux ressorts de l’intrigue. […] Palaprat dit dans un Avertissement, que le Muet ne rapporta pas beaucoup d’argent à ses Auteurs. […] Les Auteurs François ne pouvoient pas introduire un eunuque sur notre scene.
Les gravelures devenaient à la mode ; et Dancourt, comme bien des auteurs, servit le public selon son goût. […] Le style, qui distingue surtout le talent de l’auteur, fait le principal mérite de l’ouvrage. […] De tous nos auteurs, c’est encore M. […] Est-ce au public ou bien aux auteurs? […] Sans admirer en vous l’auteur de la nature, etc.
Il faut avoir une envie étrange de se munir du nom des auteurs graves, et de se donner des garants d’importance, pour vouloir nous persuader par l’autorité de quelques critiques de réputation qui ont eu de l’indulgence pour Molière, que ces vices qu’il a corrigés fussent autre chose que des manières extérieures d’agir et de converser dans le Monde. […] Car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité, et les autres crimes semblables ; il ne faut pas croire, selon l’observation du même auteur, qu’elles leur aient fait beaucoup de mal. […] Rosteau prétend qu’il était également bon auteur et bon acteur, que rien n’est plus plaisamment imaginé que la plupart de ses pièces ; qu’il ne s’est pas contenté de posséder simplement l’art de la bouffonnerie, comme la plupart des autres comédiens ; mais qu’il a fait voir, quand il lui a plu, qu’il était assez sérieusement savant5. […] Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnais plus l’Auteur du Misanthrope. […] Le même auteur dans l’Art poétiq.
Quelques Auteurs, pour éviter le défaut dont nous venons de parler, sont tombés dans un autre presque aussi grand. […] Remarquons dans cet exemple même, que Moliere a évité un défaut commun à presque tous les Auteurs. […] Voilà comme chez Moliere le goût, la finesse, la vraisemblance, les égards, la délicatesse du cœur, l’économie & toutes les bienséances concourent à le mettre, pour les dénouements comme pour les autres parties de ses drames, au-dessus de tous les Auteurs. […] Nous croyons, d’après ce vers, que la toile va tomber : point du tout ; l’Auteur en emploie encore vingt-huit pour décider si Marinette épousera Gros René ou Mascarille. […] Ce trait, que Moliere a lâché certainement contre les Auteurs possédés du démon des citations, me retient bien souvent.
On voit peu d’Auteurs pécher faute d’être fastueux, & M. […] jugez, par cet essai, Si nos Auteurs n’ont pas cette expression tendre... […] Mon Auteur est sans art, & ne sait que sentir. […] Je cherche à vous bien rendre Ce que l’Auteur fait dire à l’amant le plus tendre. […] Charmant, grace à nos traducteurs, Je connois un peu vos Auteurs.
Par conséquent les aparté, quoique dans la nature par eux-mêmes, peuvent devenir plus ou moins vicieux, plus ou moins naturels, selon l’art des Auteurs. […] On voit que ces aparté n’ont rien de forcé, graces à l’adresse de l’Auteur. […] Si l’Auteur n’avoit pas pris cette précaution, la contrainte de l’acteur muet paroîtroit tout le temps que dure le couplet de l’autre ; & leurs aparté seroient aussi mauvais qu’ils sont bons, mais par la faute du Poëte seulement. […] Aussi l’Auteur, pour aller au devant de la critique & sauver ce défaut, fait que le vieillard remarquant l’aparté du fourbe, lui dit : Que dis-tu là tout seul ? […] Je suis surpris que pas un seul Auteur n’ait encore imaginé d’en enrichir notre scene, du moins je ne me souviens pas d’avoir vu rien d’égal dans aucun comique.
Tu conserves toujours à chaque personnage Son état et ses mœurs, ses traits et son langage ; Et, par l’illusion complétant notre erreur, Derrière lui jamais l’on n’aperçoit l’auteur. […] et les vices titrés Pour les auteurs du jour sont des objets sacrés. […] »… de l’avenir me répond le présent ; Et bientôt les auteurs dont s’honore la scène Vont de la comédie agrandir le domaine. […] Parce que l’on ne vit pas seulement de gloire, et que ceux qui travaillent pour les petits théâtres gagnent plus d’argent en six mois que l’auteur d’une bonne comédie en dix ans. Pourquoi le Gouvernement n’accorderait-il pas un encouragement à l’auteur d’une comédie ou d’une tragédie qui aurait eu du succès au Théâtre Français ?
L’origine de ces méprises est presque toujours la même : les comédiens, trop souvent, veulent avoir plus d’esprit que l’auteur. […] Quand il est mandé devant la cour des maréchaux, au lieu de dire, comme l’auteur l’a voulu : « Quel accommodement veut-on faire entre nous ? […] Je n’ai rien à dire aujourd’hui de la thèse soutenue par l’auteur, et qui rencontre parmi les femmes du siècle présent de nombreuses contradictions. […] S’il exprime la faculté de greffer sa pensée personnelle sur la pensée de l’auteur, il doit être banni à tout jamais. […] L’auteur n’est plus là pour imposer sa volonté.
Ce tableau ne serait que ridicule, si l’auteur s’était borné à la prétention d’en faire une facétie littéraire. […] Grimarest, auteur d’une Vie de Molière, rédigée sur les témoignages de Baron, et publiée en 1705, l’affirme. […] » La guerre dont parle l’auteur, c’est la Fronde, qui a éclaté en 1648, et fini en 1652. […] Chez les Scudéry, on disserte sur Quinault ; et l’on est partage sur son mérite : il est, selon les uns, un bon auteur, selon les autres un mauvais. […] Autheur, auteur.
Toutes ces pieces peuvent être également bonnes en vers & en prose ; mais il faut que l’Auteur sache moduler sa prose & ses vers sur le ton du sujet qu’il traite. […] Je voudrois, malgré cela, qu’il fût défendu à tout Auteur de faire sa premiere piece en vers. Un pareil ordre, s’il étoit possible de le donner ou de le faire exécuter, décideroit la vocation des Auteurs. […] Faites des vers alexandrins, vous Auteurs comiques qui pourrez en composer d’approchants à ceux du Misanthrope, des Femmes Savantes & du Tartufe. […] L’indolence l’avoit fait Ecclésiastique, & l’ennui le fit Auteur, lorsqu’il fut perclus de tous ses membres.
Les frères Parfait nomment Charles Beys, l’auteur en question. […] Il pratiqua assidûment les auteurs comiques de l’antiquité. […] Aucun bouquin ne se sauvait de ses mains, dit un auteur du temps. […] Quel auteur comique s’est soumis à un plus terrible noviciat ? […] L’auteur de Molière inconnu, M.
J’ai dit que nous avions cette obligation à la vanité mal entendue des Auteurs, & je le soutiens. […] Les Auteurs ont la sotte maladie de vouloir faire croire qu’ils ne vivent que dans le grand monde. […] Qu’un Auteur tâche, par ses talents, & sur-tout par ses mœurs, de mériter l’estime des Grands ; il le doit. […] Devons-nous pour cela en vouloir beaucoup à l’Auteur ? […] Cela prouve qu’un Auteur est plus embarrassé qu’on ne croit pour nommer ses personnages.
L’Étourdi n’est point de l’invention de Molière ; c’est, comme on l’a pu voir dans les notes, l’imitation d’une pièce italienne, intitulée L’Inavvertito et imprimée en 1629, de Nicolo Barbieri, dit Beltrame, qui était à la fois comédien et auteur. […] Au titre d’Inavvertito, l’auteur italien a cru devoir joindre celui de Scappino disturbato, e Mezzetino travagliato, et il ne l’a fait, dit-il, que pour remplir son frontispice, per infrascar la facciata. […] L’ouvrage original, intitulé L’Interesse, est de Niccolo Secchi ou Secco, auteur du seizième siècle, assez estimé de sa nation1. […] Molière a eu, pour Le Dépit amoureux, de plus grandes obligations à l’auteur de L’Interesse, qu’il n’en avait eu, pour L’Étourdi, à celui de L’Inavvertito. […] Mais que parlé-je d’auteurs ?
Quand on lit ses pièces avec réflexion, ce n’est pas de l’auteur qu’on est étonné, c’est de soi-même. […] Ces sortes de méprises sont ordinairement des triomphes pour l’auteur comique. […] Mais s’il avait été assez raisonnable pour en savoir gré à l’auteur, je l’admirerais presque autant que Molière. […] Il était cependant à-la-fois auteur, acteur et chef de troupe. […] S’il s’élevait parmi nous dans la suite un auteur comique qu’on pût lui opposer, c’est que nos mœurs seraient devenues plus fortes, et que cet auteur aurait encore plus de génie que lui.
Il faut en croire la préface que l’auteur a mise en tête de sa pièce. […] Triste faiblesse de l’auteur jaloux ! […] On l’a publiée l’année suivante sans nom d’auteur. […] Ingrat, l’auteur de La Thébaïde devait l’être. […] Dans l’épilogue, l’auteur déclare qu’il a pris sa comédie de Molière, qu’il appelle « le fameux Shakespeare de ce siècle, et comme auteur et comme acteur ».
Il y a donc une méchanceté latente au fond de tout auteur comique. […] Voici une œuvre où le public approuve tout ce que l’auteur condamne. […] Et le critique doit-il rendre l’auteur responsable de toutes les interprétations saugrenues qu’il est possible que le public fasse de l’œuvre de l’auteur ? […] A certains moments, on dirait, en vérité, que l’auteur se moque de M. […] L’auteur de cette dissertation est un petit bourgeois.
Maître Jacques dit à Harpagon qu’on parle par-tout de sa lésine ; rien de plus naturel dans une piece où l’Auteur attaque l’avarice. […] Je sais qu’il y a des pieces dans lesquelles l’Auteur ne s’est pas embarrassé de lier les incidents. […] L’Auteur se tire avec adresse de la plupart ; mais il en est un qu’il ne dénoue pas naturellement. […] On voit la différence que produit cette virgule supprimée ; mais on voit aussi que l’Auteur, en imaginant l’embarras, s’étoit ménagé les moyens d’en sortir en ne ponctuant pas la lettre. […] Nous avons déja dit que cette piece étoit une des plus médiocres de l’Auteur ; cependant elle attache.
Les Auteurs Italiens, singes nés des Auteurs Espagnols, n’ont pas osé, à la vérité, mettre en jeu les Anges & les Saints, sous les yeux du Chef de la Religion ; mais ils ont bien pris leur revanche avec les diables, les démons, les sorciers. […] Un Auteur auroit le plus grand tort s’il s’occupoit sérieusement d’un genre trop facile pour faire honneur. D’ailleurs, si l’on donne carriere à son imagination, les acteurs, grands ennemis de la dépense, ne veulent pas se charger de la piece : si l’Auteur, gêné par leurs mesquineries, resserre ses idées, il ne pourra pas soutenir l’admiration du spectateur ; & lorsqu’on cesse, dans ces pieces, de le surprendre, tout est perdu. […] Nous n’avons pas fait mention dans le Chapitre précédent de la Princesse d’Elide de Moliere, ni de sa Psyché, quoique ces deux pieces soient héroïques : nous n’en dirons rien dans celui-ci, quoique toutes les deux soient des pieces à spectacle : nous en parlerons dans le Chapitre suivant, parceque l’Auteur les a rangées dans la classe des Comédies-Ballets : ce qui prouve suffisamment que nos pieces à spectacle, nos Comédies-Ballets, ainsi que nos Comédies héroïques, ont toutes pris naissance, comme je l’ai dit, des Comédies héroïques des Espagnols. […] Le lecteur doit savoir que tous les canevas composés à Paris par les Comédiens Italiens, depuis leur établissement en France, sont remplis avec des scenes tirées de leurs anciens Auteurs.
Il ne reste plus à notre auteur qu’à gémir avec eux sur les malheurs du temps. […] Cette belle philosophie, avouons-le donc, est prêchée dans le théâtre de notre auteur : elle a un admirateur, un admirateur passionné. […] Oui, le devoir avec ses ordres impérieux et ses saintes violences est à peu près inconnu à notre auteur. […] Je m’occupais de l’œuvre, et voici que l’œuvre vient se confondre avec la vie tout entière de l’auteur. […] En fait de scepticisme, l’auteur de la Méthode me semble beaucoup plus à l’abri de tout soupçon que son adversaire.
La plus grande partie des pieces à caractere sont foibles, mal remplies, & froides par conséquent, parceque les Auteurs ne savent pas leur donner l’embonpoint nécessaire par le moyen des épisodes. […] Ils ont cependant leur prix quand ils servent à peindre le vice que l’Auteur attaque. […] Je vais mettre mon Lecteur à portée de juger les deux Auteurs. […] Qu’on ne m’accuse pas de partialité contre Destouches ; si je l’estimois moins, je ne le mettrois pas si souvent aux prises avec Moliere : mais il est bon, je crois, d’étudier aux yeux des Auteurs naissants ceux qui doivent leur servir de guide. […] De là ces pieces encore, auxquelles l’Auteur a voulu donner de l’embonpoint, & qui ne sont que boursoufflées.
Si l’ouvrage peint l’homme de toutes les nations, on le traduit dans toutes les langues ; il franchit ainsi les bornes du royaume & porte le nom de l’Auteur avec lui : s’il ne peint qu’un François, un Italien, un Espagnol, il sera seulement connu en France, en Italie, en Espagne, & le nom de l’Auteur ne s’étendra pas plus loin, à moins qu’il ne doive cet honneur à quelque autre piece. […] Les femmes d’à-présent sont bien loin de ces mœurs : Elles veulent écrire & devenir auteurs : Nulle science n’est pour elles trop profonde ; Et céans, beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde, Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir ; Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir. […] Il ne s’ensuit pas de ce que j’ai dit, qu’il vaille mieux avoir fait le Malade imaginaire que les Femmes savantes ; mais je soutiens que si l’Auteur s’étoit donné autant de soins pour la premiere de ces pieces que pour la derniere, elle lui auroit fait plus d’honneur, & qu’à mérite égal le choix du sujet lui auroit valu la préférence. […] J’exhorte les Auteurs, lorsqu’ils ne trouveront pas des caracteres propres à toutes les nations par le fond & les nuances, à s’emparer bien vîte de ceux qui le sont par le fond seulement : on ne traduira pas leur ouvrage, mais on leur fera l’honneur de l’imiter ; c’est beaucoup.
Son génie n’est pas là ; ce n’est pas là sa besogne d’auteur dramatique. […] De la grossièreté de l’ouvrage on a conclu tout naturellement à celle de l’auteur. […] C’est un auteur dramatique. […] On se demandait, avant toute chose, si l’auteur a posé et résolu le problème:des lycées de filles. […] Cependant, il ne faut pas tomber dans l’excès contraire et se figurer qu’étant un auteur comique, il a simplement voulu faire rire.
Il était bien temps, en effet, de restituer à l’auteur du Misanthrope ce précieux joyau de sa couronne dramatique, vendu par sa veuve et soustrait, depuis cent soixante-dix ans, aux applaudissements de la foule. […] Loret, l’auteur de la Muse historique, était au moment de clore sa Gazette en vers, si l’on peut appeler vers un bavardage rimé tel que le sien. […] La Serre, qui est en ceci la grande et, je crois, la seule autorité, dit simplement, dans son Mémoire sur la vie et les ouvrages de Molière, « qu’on, fut blessé de quelques traits hasardés, que l’auteur supprima à la représentation. » De plus, la scène dont il s’agit a-t-elle été retranchée tout entière, ou seulement raccourcie ? […] Assurément, puisqu’il répandit contre l’auteur d’odieux et sanglants libelles. […] Sa pièce, intitulée le Nouveau Festin de Pierre ou l’Athée foudroyé, fut jouée par la troupe du Marais, de laquelle l’auteur faisait partie.
Depuis Regnard, un nombre infini d’auteurs ont travaillé sur ce modèle, et le dénouement surtout est devenu un expédient banal, une espèce de propriété commune. […] Auteur blessé dans son amour-propre, il avait fait, pour se venger, La Critique de l’École des femmes, et L’Impromptu de Versailles. […] Ce n’est la faute ni de l’auteur, ni du public : c’est celle de l’époque. […] L’ouvrage serait achevé peut-être, si l’auteur, n’empruntant pas les noms des personnages du Misanthrope, avait emprunté les formes nobles et régulières de leur langage. […] Enfin, chez nous-mêmes, un auteur du dernier siècle, de Lisle, a transporté le misanthrope d’Athènes sur la scène italienne, scène subalterne et peu régulière qui permit à l’auteur de montrer l’âne de Timon métamorphosé en arlequin, et donnant à son maître des leçons de sagesse et de bonté dont il profite.
Un Auteur propose deux pieces à Trivelin qui les trouve jolies, mais il a besoin d’un prologue. L’Auteur lui répond qu’il pourra peut-être trouver ce qu’il cherche en voyant les apprentifs Poëtes prendre leur leçon. […] La Folie conduit les Auteurs à Paris, qui est, dit-elle, leur vrai séjour ; tous la suivent en chantant & en dansant avec elle. […] Supposons qu’aucun Auteur n’ait avant lui traité ce sujet, Moliere ne l’a-t-il pas trouvé dans la Fable ? […] Jamais Auteur ne m’en imposera sur ses plagiats.
On allait à celle de l’hôtel de Bourgogne ; les Auteurs Tragiques y portaient presque tous leurs Ouvrages. […] Cet ordre fut un coup de foudre pour les Comédiens, et pour l’Auteur. […] Il ne s’en déclara point l’auteur ; mais il eut la prudence de le dire à Sa Majesté. […] C’était, disait-on, un homme sans mœurs, sans Religion, mauvais Auteur. […] Mais j’ai de bons Garants de la vérité que j’ai rendue au Public à l’avantage de cet Auteur.
A son retour à Paris, sa passion pour la comédie qui l’avoit déterminé à faire ses études, se réveilla, & il résolut de la satisfaire en devenant en même temps comédien & auteur. […] Il donna avant & depuis ce temps-là, plusieurs piéces dans le véritable goût de la comédie, que nos auteurs avoient négligé, corrompus par l’exemple des Espagnols & des Italiens, qui donnent beaucoup plus aux intrigues surprenantes, & aux plaisanteries forcées, qu’à la peinture des mœurs & de la vie civile. […] Il étoit aussi bon acteur qu’excellent auteur ; & dans la représentation de sa derniere piéce, qui fut le Malade imaginaire, il sembloit s’être surpassé lui-même. […] Voyez le jugement que l’auteur des reflexions sur la poëtique a fait de Moliere « Personne, dit-il, n’a porté le ridicule de la comédie plus haut parmi nous que Moliere ; car les autres poëtes comiques n’ont que les valets pour plaisans de leur théâtre ; & les plaisans du théâtre de Moliere, sont des marquis & des gens de qualité. […] On a mis dans le dernier volume l’Ombre de Moliere, comédie par Brécourt ; des extraits de divers auteurs, contenant plusieurs particularités de la vie de Molieren des jugemens sur quelques-unes de ses piéces, & un recueil de diverses piéces sur la mort de Moliere.
Au talent de bien rendre la pensée de l’auteur, le comédien était obligé de joindre celui d’improvisateur. […] Le prince de Conti fut frappé des beautés de l’ouvrage, et offrit à l’auteur la place de secrétaire de ses commandements. […] Cette comédie était composée depuis longtemps : deux fois l’auteur avait voulu la produire devant le parterre ; deux fois les bigots s’étaient ameutés en fureur, et, par leurs cris, leurs menaces et leurs intrigues, avaient forcé les comédiens à la retirer ; le président Lamoignon lui-même, trompé sur les intentions de l’auteur, prêta l’appui de son autorité à ces cabales remuantes. […] Sa troupe venait de monter Le Malade imaginaire ; la foule se pressait pour voir cette comédie dans laquelle l’auteur remplissait le principal rôle. […] Si l’on s’en rapporte à l’auteur de la Lettre sur Molière et les comédiens de son temps, de Brie succéda à Duparc dans les rôles de Gros-René.
En face de ce portrait impitoyable, le spectateur se trouve eu cause ; il croit que les regards de tous vont se fixer sur lui, comme si l’auteur le dénonçait. […] La plaisanterie part de la gaieté personnelle de l’auteur ; aussi est-elle franchement gaie. […] Dans la plaisanterie, c’est l’auteur qui rit, qui se moque, qui fait rire. […] C’est l’auteur qui parle quand George Dandin pose en principe que le meilleur parti à prendre, c’est de se jeter dans la rivière. […] Mais la vérité absolue, qui n’avait rien à faire entre Alceste et Célimène, n’avait rien à faire non plus entre l’auteur et son œuvre.
Ils poussoient la licence jusqu’à les nommer : mais comme le nom d’un personnage quel qu’il soit n’a rien d’assez piquant pour fournir le comique nécessaire à une comédie, il est indubitable que les Auteurs après avoir nommé leurs héros, représentoient leurs vices, ce qu’ils ne pouvoient faire sans peindre leur caractere. Dans la Comédie moyenne, les Auteurs n’ayant plus la permission de nommer leurs victimes, prirent des masques qui représentoient les traits de leurs visages. […] Les traits d’un homme ne pouvant pas fournir au plaisant nécessaire pour toute une piece, il est probable que les Auteurs, en offrant au public la figure d’un personnage connu, ne manquoient pas d’étaler ses travers & ses défauts, ce qu’ils ne pouvoient faire encore sans tracer le portrait de son caractere. […] N’est-il pas à présumer que les Auteurs, gênés par les ordres rigoureux des Magistrats, & obligés d’abandonner les caracteres particuliers, se jetterent dans l’intrigue, & composerent les pieces imitées depuis par les Romains, & qui ne leur sont parvenues que parcequ’elles étoient plus modernes. […] Soyons aussi modestes que l’Auteur du Menteur François, le grand Corneille ; il en convient de bonne foi.
Avant d’entrer en matiere, je prie le Lecteur de voir avec moi ce qu’un Auteur qui a traité de l’Art de la Comédie, dit sur le mot caractere. « Les anciens employoient un seul & même terme pour exprimer ce que nous entendons par mœurs & caracteres ; c’est de quoi on peut se convaincre en lisant les poétiques d’Aristote & d’Horace, & même les caracteres de Théophraste : en effet, bien que ce traité porte dans la langue originale le titre de caracteres, l’Auteur n’a point employé ce terme dans l’ouvrage même ; il se sert d’un mot qui semble mieux répondre à celui de mœurs en françois ». […] L’Auteur a voulu dire, je crois, que nos modernes ont très bien fait de distinguer les mœurs, des caracteres & des passions, pour étudier les nuances qui les différencient, & les peindre avec plus ou moins de force sur nos théâtres. […] Un Auteur peut-il peindre les mœurs ou les coutumes d’une nation sans en peindre le caractere ?
Souvent j’ai beau rêver du matin jusqu’au soir, Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir : Si je veux d’un galant dépeindre la figure, Ma plume pour rimer trouve l’Abbé de Pure : Si je pense exprimer un Auteur sans défauts, La raison dit Virgile, et la Rime Kainaut. […] Imite mon exemple ; et lorsqu’une Cabale, Un tas de vains Auteurs follement te ravale, Profite de leur haine, et de leur mauvais sens : Ris du bruit passager de leurs cris impuissants. […] Que l’Auteur du Jonas s’empresse pour les lire ? […] Dans ce sac ridicule où 1 Scapin s’enveloppe, Je ne reconnais plus l’Auteur du Misanthrope. […] J’aime sur le Théâtre un agréable Auteur Qui, sans se diffamer aux yeux du Spectateur, Plaît par la raison seule, et jamais ne la choque.
Bientôt après, les Auteurs dramatiques rirent de la simplicité de leurs prédécesseurs. […] L’Auteur peut se flatter d’avoir heureusement imité Virgile 20. […] Moyennant nos recherches, j’espere que nous ne perdrons pas de vue la chaîne qui lie les Auteurs les plus anciens aux Auteurs les plus modernes. […] Prouvons présentement qu’il a dégénéré, & que si les Auteurs n’y prennent garde, ils pourront bien le replonger insensiblement dans la barbarie dont nous l’avons vu sortir. L’Auteur ingénieux d’Heureusement, de la Matinée à la mode, du Tour du Carnaval, donna il y a trois ans une piece dans le genre gracieux, intitulée Hilas & Silvie.
Deux volumes ne nous suffiroient pas : chaque page, à la vérité, nous feroit admirer de plus en plus ce célebre Auteur ; mais nous sortirions des bornes que nous nous sommes prescrites. […] Le sort contribue quelquefois autant au grand mérite d’une piece que le génie de l’Auteur. […] Il est encore plus d’un Auteur vivant dont les productions sont certainement bien dignes de figurer parmi celles dont nous venons de parler ; mais les uns veulent garder l’anonyme, les autres semblent avoir abandonné la carriere. […] Nous verrons en même temps, en revenant sur nos pas, que les Auteurs les plus critiqués, & ceux qui n’ont obtenu que des applaudissements de surprise, se sont attiré cette disgrace faute d’avoir voulu ou d’avoir pu marcher sur les traces du pere de la comédie. […] Indépendamment de tout cela, mille circonstances ont concouru à seconder la nature pour former en lui l’homme extraordinaire, & s’opposent trop bien présentement aux progrès d’un Auteur comique.
On vient de voir comme une méprise peut rendre une piece ou une scene plus ou moins comique, selon le génie de l’Auteur. […] Une fois qu’il voit les efforts de l’Auteur pour éluder l’éclaircissement, tout est perdu, & le vrai comique disparoît. […] Voilà encore trois on qui jouent un vilain tour à l’Auteur. […] On voit qu’elle a été amenée avec vraisemblance, & que pendant le temps qu’elle a duré, elle n’a eu rien de forcé, rien de tiraillé, rien qui distillât la sueur de l’Auteur. […] Les Auteurs qui les ont employées avec tant de succès, se sont contentés d’exciter en nous le plaisir de rire, sans nous laisser leur secret : tâchons de le trouver dans leurs ouvrages.
Le vieillard croit s’allier à la gloire en prenant pour gendre l’Auteur prétendu du Mercure ; lui-même lui présente sa fille, & quitte les amants pour visiter la maison. […] Quel a été le but de l’Auteur ? […] Cette nouvelle disposition eût changé toute la piece, & l’Auteur auroit été fort embarrassé pour lui donner un titre. […] Je vais les réunir pour faire mieux goûter l’adresse de l’Auteur. […] Dans la premiere, ils ont une raison pour aller chez l’Auteur dont ils implorent le secours.
Le comique qu’une ressemblance bien annoncée & bien ménagée fournit à un Auteur ingénieux, mérite quelque indulgence. […] Un Auteur doit s’appliquer à prouver au spectateur que la ressemblance qu’il va mettre en jeu pour l’amuser, peut être possible. […] Les mauvais plaisants soutinrent que l’Auteur avoit bien rempli le titre de sa piece, puisqu’en la composant il avoit fait une rude Méprise. […] L’Auteur, grand amateur de mystifications, s’étoit ménagé, en composant sa piece, un plaisir singulier. […] Le projet de l’Auteur n’avoit point eu d’exemple dans les fastes littéraires d’aucune nation...
Leur imagination, prompte à s’échauffer, ne voit pas qu’un Auteur dans un de ces moments d’enthousiasme qui lui dicte une belle phrase, une phrase sonore, jette sur le papier, sans scrupule & sans réflexion, une pensée qu’il ne risqueroit point ou qu’il détailleroit s’il traitoit à fond de l’art dont il ne parle qu’en passant. […] Un Auteur moderne ne fera point pousser des soupirs, de grands élancements à son héros : il ne lui fera pas baiser humblement la terre à tous moments : il ne lui fera pas dire à sa maîtresse qu’il a pour elle une dévotion à nulle autre pareille ; mais il manquera son coup s’il ne le peint pas convoitant la femme, la fille52, & le bien de son bienfaiteur. […] Il est singulier qu’un des caracteres le mieux traité, le plus approfondi par Moliere, soit précisément celui que nos Auteurs modernes sont plus tentés de refaire. […] La raillerie échauffoit mes adversaires ; ils ramassoient leurs forces & pensoient me laisser sans réplique, en me disant « que si nos avares ressembloient intérieurement à Harpagon, ils lui étoient tout-à-fait opposés par l’extérieur, puisqu’ils cachoient leur avarice sous un faux air de magnificence, qui, contrastant toujours avec leur passion, pouvoit les rendre très plaisants, sur-tout si un Auteur avoit l’adresse de les mettre dans une situation où ils fussent contraints à faire beaucoup de dépense pour ne pas démentir leur masque ». […] Cet Auteur retoucha pendant trente ans sa traduction de Quinte Curce.
L’auteur, M. […] C’est là un fait avancé par l’auteur de La Fameuse Comédienne et que M. […] Et cependant, car il faut tout dire, l’auteur de ce magnifique catalogue Bovet, M. […] Elle se compose, outre l’auteur du projet, de seize personnes : MM. […] L’auteur de l’article où ces arguments sont exposés est M.
Je sais qu’il est beau d’affecter le cœur dans une comédie ; qu’un Auteur doit s’étudier à l’attacher, à l’intéresser. […] Le grand art d’un Auteur Comique seroit de se rendre intéressant sans aucun des moyens employés si souvent en Espagne, en Italie, à Londres, & par malheur sur notre théâtre, en dépit du goût, du bon sens & de Thalie. Le véritable intérêt comique se déguise sous assez de formes : tantôt il affecte le cœur, tantôt il ne pique que la curiosité, mais de mille façons diverses, suivant le génie de l’Auteur, & l’adresse avec laquelle il sait les amener, les mettre en jeu & les faire contraster. […] Qu’on envisage ainsi l’intérêt comique, qu’on ne le confonde pas avec l’intérêt tragique, & l’on verra que Moliere est le plus attachant des Auteurs. […] J’ai dit plus haut que Moliere est le plus intéressant, ou le plus attachant des Auteurs comiques, mais qu’il auroit pu l’être davantage.
, mais plus réelle dans cette farce vraiment assez gaie que dans aucun des grands drames sérieux du même auteur. […] L’auteur n’a eu qu’à copier ce qu’il avait sous les yeux. […] Le plan de l’auteur ou plutôt de l’imitateur latin est extrêmement simple. […] Dans le monologue d’Harpagon, après le vol, l’auteur moderne n’a fait qu’amplifier et broder l’original. […] Thalie en est charmée, et l’auteur, impatient du dieu qui l’agite : Allons, s’écrie-t-il, Allons, Muse !
Molière échoua comme auteur et comme acteur : il céda promptement son rôle, et il ne tarda pas à retirer sa pièce. […] Cette accusation de l’auteur de Zénobie contre l’auteur du Cid, ne laisserait aucune impression dans les esprits, si elle n’était fortifiée du témoignage d’un ami et d’un admirateur passionné de Corneille. […] Beffara, auteur d’uneDissertation sur J. […] Voltaire dit qu’il y avait déjà un comédien appelé Molière, auteur de la tragédie dePolyxène. […] Auteur, entre autres ouvrages, d’une traduction en vers de l’Imitation de J.
Voici encore un chapitre qu’on ne pourroit traiter à fond qu’en revenant sur presque tous les articles dont nous avons déja parlé, puisque l’illusion théâtrale ne sauroit exister si l’Auteur n’a mis la plus grande adresse dans son plan, dans la maniere de l’exposer & d’en traiter toutes les parties. […] La faute est bien plus impardonnable lorsqu’un Auteur fait adresser la parole au spectateur pour lui dire des injures, ainsi que dans l’Aulularia, Cuclion cherchant celui qui a volé son trésor, apostrophe ainsi le public : ACTE IV. […] Outre le tort considérable qu’un Auteur se fait en interrompant l’illusion, je crois qu’il est malhonnête à lui de dire des injures à ses juges. […] Nombre d’Auteurs prétendent qu’un poëte peut s’adresser au spectateur quand la piece est finie, & lorsque les comédiens vont rompre l’illusion en faisant leur révérence à l’assemblée. […] Goldoni, Auteur très estimable, & le restaurateur du théâtre Italien, adresse à la fin de quelques-unes de ses pieces un sonnet au spectateur.
Il joue alternativement le rôle de Campagnard, de Veuve, de Géronte lui-même ; aussi devient-il un personnage conséquent dans l’esprit du public : le gré qu’on lui sait de sa peine rejaillit sur la piece & sur l’Auteur. […] Alors un Auteur adroit, souple, ingénieux, sait prendre une tournure qui pare à cet inconvénient, sans enlever presque rien à la gloire de son fourbe. […] Après avoir prouvé qu’une piece intriguée par un seul intrigant est meilleure & mérite plus de gloire à l’Auteur que celle où il y en a deux, on désapprouvera surement ces comédies compliquées, dans lesquelles les maîtres & les valets entremêlent leurs fourberies. Le spectateur ne sait jamais à quel intrigant il a l’obligation du succès ; & l’Auteur, embarrassé pour nuancer leurs rôles, ou ne met aucune différence entre eux, on ne différencie celui du valet que par un jargon bas & affecté, tout-à-fait ridicule. […] L’Auteur l’étoit bien moins, lorsqu’il fit parler ainsi son la Montagne, & sur-tout lorsqu’il imagina d’employer cinq à six intrigants de différents états, de différents sexes, pour filer une intrigue qui se dénoue très mal.
Quand il s’agit de Tartuffe ou du Misanthrope, de l’École des femmes ou des Femmes savantes, il est bon, il est utile d’étudier les intentions de l’auteur. […] Quelque soit le mérite d’Amphitryon, je suis loin de le ranger parmi les meilleurs ouvrages de l’auteur. […] La fable de cet ouvrage, que Plaute n’a pas inventée, repose sur une donnée qui n’a rien de réel ; l’auteur ne prend aucun souci de la vraisemblance. […] Les images, les comparaisons se pressent sous la plume de l’auteur, et font du dialogue un singulier mélange de poésie charmante et de détails familiers. […] Si Alcmène parle une langue moins pure qu’Elmire, si Cléanthis ne rend pas sa pensée avec la même franchise, la même simplicité que Dorine, il faut nous en prendre à la double profession de l’auteur.
J’ai dit ailleurs que nombre d’Auteurs, entraînés par la vanité de prouver ou de faire croire qu’ils vivent dans le grand monde, craindroient de passer pour des roturiers s’ils ne puisoient leurs sujets & leurs caracteres chez nos demi-Dieux. […] Un bourgeois sensé qui vient à la comédie pour se délasser en y riant du ridicule de ses semblables, & à qui l’on donne une piece qui roule sur les intrigues des grands, ne seroit-il pas tenté de répéter à l’Auteur ce que le savetier disoit à sa femme ? […] Cependant la fureur que nous lui reprochons de titrer tous ses personnages, est plus excusable chez lui que chez mille Auteurs qui connoissent les grands par leur nom seulement, & pensent avoir assez vu la Cour quand ils ont assisté au grand couvert. […] On se lasse de la mauvaise compagnie sur le théâtre comme dans le monde, & l’on dit des Auteurs qui font de pareilles pieces, ce que Despréaux dit du satyrique Regnier. […] Un Auteur de cette espece doit être précieux pour le Gouvernement, s’il sait l’employer.
Dans ce sac ridicule, où Scapin s’envelope, Je ne reconnois plus l’Auteur du Misantrope. […] On y reconnoît le genie admirable de leur Auteur ; qu’on lise ou qu’on voye representer les Fourberies de Scapin, le Malade imaginaire, le Bourgeois Gentilhomme ? […] Cette Piece fut le tombeau de son Auteur, qui mourut cinq ou six heures après qu’il y eut joué le rôle du Malade imaginaire. La plus grande partie des Pieces de Moliere ont été traduites en diverses Langues ; en Italien, par Nicolo Castelli, imprimées à Leipsic 1692. en Anglois & en Allemand, par des Auteurs de ces pays. […] Ce dernier Ecrivain en qualité de Prêtre & d’homme d’une morale très-severe, en parlant des grands talens de Moliere, a declamé un peu trop contre cet Auteur & contre la Comédie.
Content du suffrage de quelques amis, il la porte aux Comédiens ; il ne leur fait pas l’affront de croire qu’il faille faire bassement la cour & renoncer à la part d’Auteur pour leur plaire. […] C’est ce que l’Auteur a très heureusement exécuté ; de sorte que ce poëme dramatique fit prédire aux connoisseurs la brillante carriere que M. […] J’exposerai mes raisons lorsque nous aurons vu les changements faits par l’Auteur dramatique. […] Voyons si l’Auteur François recueille autant de beautés qu’il évite de défauts. […] Nous serons plus à portée de rendre justice à l’Auteur, quand nous aurons vu le fonds sur lequel il a bâti.
Tous les mouvements, tous les traits saillants du dialogue sont indiqués avec justesse, le sens est rendu fidèlement, et le texte même est souvent cité avec une telle littéralité qu’il semblerait que l’auteur, quand il y a manqué, l’a fait plutôt à dessein qu’involontairement. […] C’était sans doute manquer à la charité chrétienne que d’inculper si gravement les intentions d’un auteur, quand il pouvait suffire de prévenir ou de combattre les conséquences de son ouvrage. […] Bourdaloue fut de bonne foi : beaucoup d’autres hommes pieux et éclairés le furent comme lui dans la guerre ouverte qu’ils déclarèrent au Tartuffe et à son auteur. […] La pièce de Plaute amusa longtemps l’ancienne Rome ; et, s’il en faut croire Arnobe, plusieurs siècles encore après la mort de l’auteur, on la jouait dans les temps de calamité publique, afin d’apaiser la colère de Jupiter. […] Par la seule comparaison des prologues, on peut connaître que l’avantage est du côté de l’auteur moderne. » Cette supériorité si généralement attribuée à Molière, la création du rôle de Cléanthis suffisait pour la lui assurer.
Bien des personnes pensent que le sonnet du Courtisan bel esprit est l’ouvrage d’un Auteur contemporain de Moliere. […] « Il peut se faire aussi, me dira-t-on, que quelque Auteur précieux & maniéré eût lu le couplet espagnol, qu’il eût trouvé l’idée charmante, qu’il en eût voulu enrichir notre langue ; & que Moliere, toujours guidé par son bon goût, en eût montré le faux ». Je conviens que la chose pourroit absolument être ainsi ; mais les critiques qui vivoient alors n’auroient-ils pas fait passer jusqu’à nous le nom d’un Auteur ridiculisé en plein théâtre ? A-t-on jamais ignoré que Cotin est l’Auteur du sonnet sur la fievre qui tient la belle Uranie, & du madrigal sur un carrosse couleur d’amaranthe, si bien analysé dans les Femmes Savantes.
Pieyre, l’estimable auteur de L’École des pères, a fait sur la Comédie de La Princesse d’Élide un travail qui a obtenu l’approbation des gens de goût. […] Elle fut attribuée à un auteur de profession dont le nom, répandu alors dans le public, n’est point arrivé à notre connaissance. […] Les deux auteurs français, qui ont traité le sujet avant Molière, de Villiers et Dorimond, ont imité la pièce italienne, ou se sont imités l’un l’autre. […] Voltaire n’a pas craint de faire entrer, dans son Commentaire de Corneille, la Bérénice, de Racine, afin qu’on pût la comparer avec celle de son auteur. […] Il existe une autre relation de ces fêtes, en prose et en vers, dont l’auteur est Marigny, celui qui, pendant la fronde, fit tant de pièces satiriques contre Mazarin.
Tant pis pour les Auteurs dramatiques qui ne savent pas choisir un Roman propre à faire illusion, c’est la faute de l’Auteur & non celle du genre. […] Si l’un des caracteres contrastants est sacrifié à l’autre, on attribue sa foiblesse à l’Auteur. […] J’ose penser que si le public ne croit pas dans la premiere scene voir autant le Philanthrope que le Misanthrope, ce n’est ni au titre ni à l’annonce que l’Auteur en a l’obligation : c’est encore moins à la précaution de mettre dans la bouche d’Alceste des raisons triomphantes & de faire de Philinte un sot ; de bien plaider la cause du Misanthrope, de mal plaider celle du prétendu Philanthrope ; mais à l’adresse de différencier les deux rôles sans les faire contraster, puisqu’Alceste est l’ennemi déclaré du genre humain, & que Philinte, loin d’être l’ami déclaré des hommes, les plaint sans les aimer, souffre leurs défauts uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & l’impossibilité de les rendre meilleurs. […] Non, sans doute, ce ne seroit pas une raison pour prescrire des contrastes aux Auteurs : mais en seroit-ce une pour les leur interdire ? […] Voilà les contrastes qu’un Auteur doit rechercher.
Lysidas, auteur vain et jaloux, dont la peinture a également fourni quelques traits pour celle de Trissotin. […] Ajoutons que, dans ce temps-là, le costume des auteurs et de tous les hommes de profession grave ne différait guère de celui des ecclésiastiques. […] Les auteurs dramatiques ne se faisaient point scrupule de se nommer eux-mêmes, et de nommer les autres dans leurs ouvrages. […] Beaucoup de savants, comme Trissotin le reproche à Vadius, et comme on le reprochait à Ménage lui-même, avaient pillé les auteurs grecs et latins. […] Vigée, réussit assez peu pour avertir de nouveau les auteurs du danger d’un semblable sujet.
De plus, la postérité conviendra qu’il devait lui être extrêmement difficile, sinon impossible, de distinguer l’auteur comique, sublime dans ses œuvres comme dans son jeu, de l’acteur, avili par l’immoralité ou la médiocrité des pièces que, dans l’intérêt de sa troupe, il se faisait un triste devoir de jouer lui-même, avec une indifférence, hélas ! […] Pour s’attacher au mal, il n’y a qu’à suivre tout droit la route des joyeuses émotions que l’auteur sait imposer à son public ; tandis que pour discerner et apprécier le bien caché sous ces excellentes plaisanteries, il faut un effort de réflexion dont on est d’autant plus incapable qu’on est mieux charmé. […] Lettre d’un Homme d’érudition et de mérite consulté par l’auteur pour savoir si la comédie peut être permise, ou doit être absolument défendue. […] Le style de Molière a été heureusement apprécié par un poète moderne : Quel maître en fait de langue, et quel auteur charmant ! […] Ses admirateurs doivent estime et reconnaissance à tous les auteurs que nous citons ici : De Cailhava, De l’Art de la Comédie, 1772 ; Étude sur Molière, 1802.
De ce premier défaut sont nés tous ceux qu’on voit dans la piece, & qui feront toujours reprocher à l’Auteur d’avoir employé de si bons matériaux pour remplir un sujet ingrat, puisqu’il péchoit contre la premiere des regles, la vérité. […] Je me flatte d’avoir suffisamment prouvé, par le Dépit Amoureux, que si le pere du Tartufe n’a pu faire qu’une mauvaise piece d’un mauvais sujet, les jeunes Auteurs ne doivent pas avoir la vaine présomption de se croire plus adroits. […] D’après cet oracle, le bel esprit de la société trace le plan, chacun y met quelque détail ; le précepteur de l’enfant de la maison transcrit ce qu’on appelle une piece, & s’admire : les auteurs la jouent ; vous jugez bien qu’ils la trouvent divine, c’est le mot, & digne de paroître sur le Théâtre François. […] Après que l’Auteur s’est déterminé pour un sujet, qu’il a mesuré son étendue, qu’il a pesé sa juste valeur, il doit voir s’il peut se flatter de faire rire les hommes en les corrigeant, ou s’il est contraint de se borner à les faire rire. […] Il fut auteur & acteur.
D’ailleurs un Auteur, moins gêné dans un monologue, peut plus librement se livrer à la gaieté, y faire dire des choses plus amusantes, y faire faire des lazzis plus agréables que dans une scene dialoguée, dans laquelle les personnages doivent être occupés à répondre prestement aux questions qu’ils se font mutuellement ». […] Ajoutez à ces quatre monologues qu’Ariste prononce tous dans un seul acte, huit autres qu’il y a encore dans le reste de la piece, vous conviendrez que l’Auteur en a été un peu trop libéral. […] « D’ailleurs un Auteur, moins gêné dans un monologue, peut plus librement se livrer à sa gaieté, y faire dire des choses plus jolies, y faire faire des lazzis plus agréables que dans une scene dialoguée ». […] ils varient, comme le dialogue, selon le caractere, la situation du personnage, & le génie de l’Auteur. […] Il espere qu’en lui avouant ses torts, il obtiendra son pardon, & qu’il fera approuver son hyménée par l’auteur de ses jours.
Les Auteurs comiques de tous les siecles, de toutes les nations, ont tous fait des reconnoissances. […] Autrefois un Auteur comique n’osoit qu’en tremblant risquer une situation larmoyante sur la scene comique ; à présent, les larmes en font tout l’ornement. […] Regnard a fait une bonne reconnoissance comique ; un autre Auteur, né avec un génie réellement comique, en fera peut-être une meilleure. […] Aussi l’Auteur députe-t-il Mascarille pour nous dire plaisamment comment la chose s’est passée. […] Croiroit-on que l’auteur de ces vers est celui qui a fait un plus grand nombre de reconnoissances ?
Voyons, étudions la nature : c’est chez elle qu’un Auteur, & un Auteur comique sur-tout, doit puiser toutes ses regles. […] Quand la situation d’une scene laisse à l’Auteur la liberté de couper son dialogue, ou de ne pas le couper, je l’exhorte à ne point hésiter. […] Un Auteur comique a besoin d’un art infini, d’une connoissance très profonde du théâtre & du cœur humain, pour savoir distinguer les situations qui veulent qu’un interlocuteur réponde prestement aux questions qu’on lui fait, ou à celles qui exigent au contraire que l’interlocuteur hésite, & fasse long-temps attendre une réponse positive. […] Un Auteur qui veut se piquer de précision, doit encore savoir sacrifier son esprit au bon goût, & se priver du plaisir de faire dire à ses interlocuteurs de jolies choses, à moins qu’elles ne tiennent tout-à-fait au sujet, à l’action, à la scene. […] Voilà la regle que les bons Auteurs ont puisée dans la nature, dans le cœur humain, & qu’ils se sont imposée : ils ont mieux fait ; ils ont oublié leur cabinet, le théâtre, leur esprit sur-tout ; ils se sont mis à la place de leurs personnages, ils se sont bien pénétrés de leur situation, & ils ont coupé, pressé, ralenti leur dialogue en conséquence.
Les Auteurs doivent se persuader que, l’exposition une fois faite, une scene purement amoureuse ne peut être que très ennuyeuse pour le spectateur, & très difficile à faire pour un homme qui connoît son art. […] On me dira peut-être que le grand art d’un Auteur est de savoir plaire, & que, puisque les scenes amoureuses ravissent, enchantent, nos poëtes font très bien d’en larder plusieurs dans leurs drames, & de faire même des pieces exprès pour en amener. […] Je présente aux jeunes Auteurs le plus excellent modele qui ait existé, Moliere. […] Cet Auteur a le génie plus épigrammatique que comique. Son dialogue est par-tout semé de faux brillants, de traits ingénieux à la vérité, mais déplacés, & qui montrent toujours l’Auteur à la place du personnage.
Un Auteur fameux a laissé entrevoir que les Comiques pourroient tirer un parti considérable des professions, s’ils les mettoient sur la scene. […] Je suppose qu’un Auteur ait envie de mettre sur le théâtre les Procureurs de nos jours. […] S’ils ont encore les vices qu’on a jadis reprochés à leur profession, pourquoi entreprendre de leur répéter ce que l’Auteur d’Arlequin Grapignant leur a si bien dit ? […] L’Auteur voudra sans doute nous montrer les Procureurs se chargeant sans distinction de la cause des honnêtes gens & des frippons ; mais le fera-t-il avec plus de succès qu’Arlequin Grapignant ? […] L’Auteur voudra, sans contredit, nous montrer son héros s’entendant avec les deux parties adverses, & rendant un procès éternel moyennant une pension ; mais il se trouvera encore prévenu dans la même piece.
Ils ont laissé de certains ouvrages qui ne se sont pas perpétués sur la scène de la même façon que leurs chefs-d’œuvre, et qui ne sont pas devenus, comme ceux-ci, des textes quotidiens pour les écoliers ; la raison de la réserve où sont demeurés ces ouvrages, c’est apparemment qu’ils étaient moins beaux et attachés plus proprement à une époque ; n’importe : c’est eux qu’on va retirer de l’ombre pour célébrer leurs auteurs. […] Aussi, vers la fin de la vie de Molière, le Florentin l’emportera-t-il en faveur sur le Parisien ; et, ayant inventé en France, avec Quinault, la tragédie chantée tout entière, c’est-à-dire l’opéra, il obtiendra que défense soit faite aux comédiens de se servir de plus de six « musiciens » et de plus de douze joueurs d’instrumens, et « d’aucuns des danseurs qui reçoivent pension de Sa Majesté. » Jusque-là, dans ces occasions, Molière, auteur des récits, se tient à peu près sur le même rang que Benserade, auteur des vers, — c’est-à-dire des complimens glissés dans le livre de ballet, ou programme distribué aux spectateurs, en l’honneur des principaux personnages qui assistent au spectacle où se mêlent de danser un pas. […] Les Fâcheux ne sont rien qu’une série de silhouettes qu’on fait défiler dans une fête pour divertir les invités : l’auteur, pour « lier ensemble » ces bonshommes, avertit qu’il s’est « servi du premier nœud qu’il a pu trouver ; » il les a, de la façon la plus simple, attachés en chapelet pour les égrener. […] En 1671, trois ans après la paix d’Aix-la-Chapelle, Louis XIV, à son apogée, commande à l’auteur des Amans magnifiques, pour le carnaval, quelque nouvelle pompe du genre galant. […] On prend plaisir, d’ailleurs, à voir le vieil auteur d’Horace manier ce frêle outil, le vers libre, et le manier si bien qu’on reconnaît à peine le moment où l’ouvrage passe des mains de Molière dans les siennes : en ce point, « barbare » rime avec « mystère, » voilà tout ; si M.
Cette idée est digne qu’on la recherche et qu’on l’étudie, parce que c’est l’idée d’un observateur hors ligne et d’un génie exceptionnel ; il est utile de la bien connaître pour se rendre compte de l’influence morale d’un auteur si attachant. […] Il faut protester contre le jugement raffiné de Boileau : Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnois plus l’auteur du Misanthrope 229. Si vraiment, on reconnaît l’auteur comique230 : sa verve n’est pas moindre, et il ne traite pas le bouffon avec moins de génie que l’agréable et le fin 231. […] La vérité : c’est que l’auteur atteint, dans tous les genres, au sublime du comique, et qu’il est un comédien parfait. […] « On reconnaît encor l’auteur du Misanthrope.
Il jouait les auteurs du temps surtout Corneille, en vogue immense à cette époque, et il était déjà (mais très peu et comme la plupart des hommes supérieurs, il n’a pas été précoce), à la rencontre, auteur lui-même. […] Il n’y a qu’une intrigue, à la vérité assez emmêlée et que L’auteur, à la fin, semble avoir eu assez de peine à débrouiller. […] En tous les temps la réalité burlesque égale l’imagination burlesque des auteurs comiques et quelquefois la dépasse. […] L’auteur dans le monde bourgeois vient d’abord se faire admirer. […] Molière a, à peu près, épuisé le type de l’auteur.
On voit que l’auteur n’a pas besoin d’attendre l’inspiration : il fait des chansons comme la Fontaine fait des fables, sans recherche, sans effort, presque sans y penser. […] C’est ainsi que Marivaux écrivant des comédies, faisait encore des romans, et que Lesage écrivant des romans, faisait encore des comédies ; car, ce n’est pas seulement la facilité de combiner des scènes et de développer une intrigue qui constitue l’auteur comique, c’est l’art de saisir les caractères, d’observer les mœurs, et d’en présenter un tableau dramatique et fidèle. […] Un auteur qui parvint à la célébrité en immolant à la risée publique les grands hommes de son temps, vivait à coup sûr chez un peuple ombrageux, ingrat et jaloux. […] C’est lui qui, ouvrant au génie la plus vaste et la plus brillante carrière, a fait voir tout à la fois dans l’auteur comique, le peintre éloquent, le moraliste sévère et l’historien fidèle. […] L’auteur comique peut donc reproduire d’anciens personnages sous d’autres couleurs, et peindre une seconde fois des figures qui ne sont plus les mêmes.
Ce roman est une pastorale allégorique dans laquelle l’auteur a décrit ses propres amours dégagés de toute idée grossière, et où, « par plusieurs histoires et sous personnes de bergers et d’autres, sont déduits les divers effets de l’honnête amitié ». […] L’auteur, dit encore Patru, a mêlé ces histoires de fictions pour les rendre plus agréables, et les a, pour ainsi dire, romancées. […] Ce présent lui fut fort agréable, quoique l’auteur ne le lui fût guère. » Henri IV ne connut que ce premier volume. […] « Ces ouvrages, dit Huet, furent reçus du public avec un applaudissement infini, et principalement de ceux qui se distinguaient par la politesse et par la beauté de l’esprit. » Rien ne nous apprend comment le Ier volume du roman du marquis d’Urfé fut accueilli à l’hôtel de Rambouillet, ni si l’auteur s’introduisit dans cette société.
Celle-ci (Mélite) a fait son effet par l’humeur enjouée de gens, d’une condition au-dessus de ceux qu’on voit dans les comédies de Plaute et de Térence. » En effet, dans cette pièce, l’auteur ne se bornait pas à produire des personnages décents, au lieu des bouffons de fantaisie : il leur donna, dit-il, un style naïf qui faisait une peinture de la conversation des honnêtes gens . Le succès de cet ouvrage, que l’auteur reconnaît être fort défectueux, « fut, dit-il, surprenant ; il donna lieu à l’établissement d’une nouvelle troupe de comédiens malgré le mérite de celle qui était en possession de s’y voir l’unique ». […] Voltaire, dans son Commentaire sur Corneille, a relevé comme grossier, un mot employé par l’auteur dans une épigramme contre Scudéry, qui à la suite de quelques débats à l’occasion de la critique du Cid, l’avait appelé en duel. […] Boileau, l’ayant employé depuis en parlant des vers pleins de sel de Régnier, se hâta de le remplacer par ceux-ci : Heureux si ses discours, craints du chaste lecteur, Ne se sentaient des lieux où fréquentait l’auteur !
Les auteurs de l’Histoire du théâtre français, Voltaire, Bret, Cailhava, et tous ceux qui ont écrit depuis sur Molière, ont répété les mêmes faits. […] Il fallut du temps pour que cette excellente comédie triomphât du préjugé, et prît, parmi les chefs-d’œuvre de l’auteur, la place qu’elle a toujours conservée depuis. […] Tel qu’il est toutefois, l’intention de l’auteur n’y saurait être méconnue. […] Molière alors se déclara l’auteur des vers ; et Benserade fut puni, par des moqueries, de sa ridicule vanité. […] C’est en 1775 qu’a paru ce chef-d’œuvre de hardiesse et de sottise, dont l’auteur se nommait Mailhol.
Perrault s’est attiré beaucoup d’Adversaires, pour s’être opposé fort vivement à ceux qui disent qu’il n’y a point aujourd’hui d’Auteurs, que l’on puisse comparer aux Homeres & aux Virgiles, aux Demosthenes & aux Cicerons, aux Aristophanes & aux Terences, aux Sophocles & aux Euripides. […] On ne peut contester légitimement aux bons Auteurs le droit de forger de nouveaux mots, puisque sans cela les Langues seroient toujours pauvres, stériles, languissantes. […] Le sens de l’Auteur est que sa Muse ressembleroit à ses sœurs qui ont beaucoup de babil ; mais selon la Grammaire cela signifie clairement & uniquement qu’elle ne manqueroit pas de caquet comme les autres Muses en manquent. […] s’envelope, Je ne reconnois plus l’Auteur du Misanthrope30. […] Chappuzeau en est l’Auteur.
Si jamais Auteur comique a fait voir comment il avait conçu le système de la société, c’est Molière dans Le Misanthrope. […] Ce fut dans ce moment qu’on attaqua l’Auteur du Misanthrope. […] Garcie de Navarre, et peut-être la moitié de la France s’était flattée que l’Auteur n’honorerait point sa patrie. […] quelle justesse dans la manière dont l’Auteur sépare l’hypocrisie de la vraie piété ! […] Ce genre de Comique où l’on admet des intrigues de valets, des personnages d’un ridicule outré, lui donnait des ressources dont l’Auteur du Misanthrope avait dû se priver.
» Mais, rien n’empêche de l’avouer, la malveillance, l’envie, qui toujours veillent autour des grandes gloires, y ont aussi leur part ; elles s’ingénient à multiplier les allusions blessantes qui peuvent devenir fatales à l’auteur. Molière, on le sait, avait ses envieux, et l’orage qui devait bientôt éclater sur l’auteur du Tartufe grondait déjà dans le lointain. […] Assurément, en prêtant à l’auteur des intentions aussi malveillantes, Mmc de Longueville aurait pu lui fournir avec plus de vraisemblance le type d’une Arsinoé12. […] « Je rends au public ce qu’il m’a prêté, » dit l’auteur des Caractères... […] L’entendre autrement, c’est ignorer ce qu’il y a de multiple et de complexe dans cette mystérieuse physiologie dramatique dont l’auteur seul a le secret.
Tous les genres sont bons pour la presse, d’accord ; & chacun d’eux peut illustrer l’Auteur qui le traite avec succès. […] Cependant, s’ils s’étoient avisés de mettre le titre de Comédie à la tête de leurs ouvrages, de les distribuer en scenes, & de les exposer sur le théâtre, le crédit des Auteurs & l’amour de la nouveauté auroient pu les y soutenir quelque temps ; mais ils en seroient bientôt tombés pour être ensevelis dans l’oubli ; ou pour ne devoir leur célébrité qu’à leur ridicule. […] Etudiez nos Auteurs, vous verrez que les ennemis de l’ancien genre, du bon comique, se déchaînent contre lui, parcequ’ils se sentent hors d’état de le traiter avec succès. […] Tout le monde a reconnu dans les bons Auteurs comiques trois especes de pieces, pieces à intrigue, pieces à caractere, pieces mixtes, c’est-à-dire, qui tiennent des deux premieres : mais tout le monde n’a peut-être pas senti que les pieces à intrigue, que les pieces à caractere, que les pieces mixtes sont variées à l’infini dans leur construction, dans leur marche ; que chacun de ces trois genres en a plusieurs autres, qui doivent être traités différemment, & qui l’ont été par les meilleurs maîtres de l’art chez toutes les nations.
Regle générale, jamais un ouvrage fait exprès pour une fête ne méritera l’immortalité à son auteur. […] Paris en jugea moins favorablement ; il la vit séparée des ornements qui l’avoient embellie à la Cour : & comme le spectateur n’étoit ni au même point de vue ni dans la situation vive & agréable où s’étoient trouvés ceux pour qui elle étoit destinée, il ne tint compte à l’auteur que de la finesse avec laquelle il développe quelques sentiments du cœur, & l’art qu’il emploie pour peindre l’amour-propre & la vanité des femmes ». […] « L’Auteur, qui par de solides raisons & par sa propre expérience avoit appris à distinguer ce qui convenoit aux différents théâtres pour lesquels il travailloit, ne crut pas devoir hasarder cette comédie sur le théâtre de Paris ; il ne la fit pas même imprimer dans sa nouveauté, quoiqu’elle ne soit pas sans beauté pour ceux qui savent se transporter aux lieux, aux temps & aux circonstances dont ces sortes de divertissements tirent leur grand prix ». Il n’est pas nécessaire de citer Psyché, tragédie-ballet du même Auteur, pour prouver ce que j’ai avancé, & faire voir que les pieces composées pour des fêtes ne réussissent jamais quand on les livre au public, ou qu’elles n’ont du moins qu’un succès momentané.
C’est sans doute une preuve de sagacité d’avoir reconnu le fond des intentions du poète ; mais n’avoir point remarque que la direction franche et naturelle est détournée dans l’exécution, que le trait primitif du dessin tracé dans la pensée de l’auteur s’est à peu près effacé et pour ainsi dire oblitéré dans l’ouvrage, et n’avoir point pénétré le motif de cette altération, c’est n’avoir pas porté la sagacité assez loin. […] Quand un auteur n’a pas déclaré lui-même son ouvrage allégorique, on n’est pas autorisé à le supposer tel, par quelques rapprochements arbitraires ; et même quand if donne son ouvrage pour allégorique, il a seul le droit d’en donner la clef. […] Dans la clef qu’on a donnée des Caractères de La Bruyère, sur cent noms propres, il s’en trouve quatre-vingts dont l’auteur n’a jamais entendu parler. […] Fausses clefs, ajoute l’auteur, aussi inutiles au lecteur qu’injurieuses aux personnes dont les noms sont déchiffrés, et à l’écrivain. Dirai-je sérieusement, continue-t-il, et protesterai-je avec d’horribles serments, que je ne suis ni auteur, ni complice de ces clefs qui courent, et que je n’en ai donné aucune ?
La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. Les Auteurs larmoyants seront sans doute bien indignés de nous voir placer la Chaussée si loin de Moliere, ce Farceur qu’ils honorent d’un souverain mépris. […] Est-il naturel que Darviane soit parvenu à son âge sans s’opiniâtrer à découvrir quels sont les auteurs de ses jours, & qu’il se soit cru tout bonnement le neveu de sa mere ? […] Nous glissons sur ces dernieres imitations pour passer à celles des Auteurs dont la Parque respecte encore les jours. […] Aucun ne l’a fait avec tant d’adresse ; il étoit nécessaire de convaincre mes Lecteurs de cette vérité : sans cette précaution les ennemis de Moliere n’auroient pas manqué de prodiguer aux Auteurs modernes le titre de créateurs, & de donner à leur maître celui de plagiaire, de traducteur, de copiste.
On aime à trouver ainsi l’auteur du Misanthrope dans ce cortège de nobles esprits qui font à distance si belle figure autour du grand Condé. […] D’autres lui rendent indirectement le même témoignage ; ainsi l’auteur de la Fameuse comédienne, dont la haine acharnée contre sa femme s’arrête devant lui. […] On devinerait, en les lisant, si l’on ne le savait d’ailleurs, que l’auteur de ces pièces était une âme libérale et haute. […] Les auteurs dramatiques de tous les temps, qu’ils le veuillent ou non, ne pratiquent pas leur art comme chose purement objective ; tous y mettent plus ou moins de leur âme. […] L’auteur de la Comtesse Romani s’est amusé à incarner, dans un type très vrai, Filippopoli, ce genre d’aberration, capable de fausser le meilleur talent.
Ce fut à son frère et à Racine et Molière qu’il trouva rassemblés, qu’il demanda deux autres vers pour rimer aux siens, et voici ceux qu’ils lui donnèrent : Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire, De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ? […] Mais comme il ne put en venir à bout, il eut recours à son frère et à mon père, qui tournèrent ainsi cette réponse en épigramme : Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire, De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ? […] Pradon, Jacques, plutôt que Nicolas (Rouen 1644 – Paris 1698) : auteur dramatique français (sept tragédies), surtout connu pour la rivalité qui l’a opposé à Racine, à l’occasion de la cabale de Phèdre.
Il donna avant & depuis ce tems-là, plusieurs pieces dans le veritable goût de la comedie, que nos auteurs avoient negligé, corrompus par l’exemple des Espagnols & des Italiens, qui donnent beaucoup plus aux intrigues surprenantes, & aux plaisanteries forcées, qu’à la peinture des mœurs & de la vie civile. […] Il étoit aussi bon acteur qu’excellent auteur ; & dans la representation de sa derniere piece, qui fut le Malade Imaginaire, il sembloit s’être surpassé lui-même. […] Voyez le jugement que l’auteur des reflexions sur la poëtique a fait de Moliere « Personne, dit-il, n’a porté le ridicule de la comedie plus haut parmi-nous que Moliere ; car les autres poëtes comiques n’ont que les valets pour plaisans de leur theâtre ; & les plaisans du theâtre de Moliere, sont des marquis, & des gens de qualité.
Les Auteurs doivent toujours, par préférence, faire choix des caracteres principaux, parcequ’ils sont plus frappants & bien plus propres à fournir l’action nécessaire à une Comédie que les caracteres accessoires, puisque ceux-ci ne sont qu’un diminutif des autres dont ils émanent : la chose est bien facile à prouver. […] Si l’Auteur se détermine à peindre le soupçonneux, il n’aura que des soupçons à mettre en action : s’il choisit je jaloux, il pourra mettre non seulement sur la scene tous les transports dont la jalousie est capable ; mais il pourra y placer encore toutes les craintes, toutes les fausses alarmes qui naissent dans la tête d’un soupçonneux, parcequ’un jaloux est toujours soupçonneux, & qu’un soupçonneux peut n’être pas jaloux. […] L’Auteur, me dira-t-on, a voulu peindre un Philosophe seulement dans la situation qu’il vous indique. A la bonne heure : mais je n’aime pas un Auteur qui se réserre, qui s’emprisonne volontairement ; rien ne marque mieux la sécheresse de son imagination. […] Dans cette piece le Président est jaloux de sa femme, mais il est jaloux honteux : les efforts qu’il fait pour cacher la jalousie qui le dévore, ont fourni à l’Auteur des scenes inimitables ; voici une des meilleures.
J’emprunte ici les paroles d’un écrivain qui mérite, en général, peu de confiance, mais qui, cette fois, a pu faire un récit fidèle de l’aventure, d’après le témoignage de Baron, acteur dans la pièce, et confident des angoisses de l’auteur. […] Si quelque auteur ne prend le théâtre, il va tomber. […] L’auteur était Fontenelle, qui ne s’était point fait connaître. […] Auteur du plan tout entier, Molière, jeté, pour ainsi dire, par un ordre suprême, hors de sa sphère accoutumée, ne put déployer, dans ce sujet merveilleux, héroïque et galant, aucune des ressources de son génie. […] Je m’attacherai seulement aux paroles qui se rapportent plus directement à la pièce dont je viens de m’occuper moi-même ; et mon zèle prouvé pour la gloire de Molière, ne m’empêchera pas de souscrire à la sentence portée par l’auteur de l’Art poétique.
Elle est malheureusement pour son Auteur une copie de l’Avare de Moliere. […] D’Ancourt ne s’apperçoit pas d’une faute aussi grossiere : comment trois Auteurs ont-ils pu la faire ? […] Ces mêmes Auteurs sont cependant venus après Moliere. […] Si d’Ancourt ne se lassoit pas de faire des plagiats, nous sommes ennuyés d’en voir, & nous allons passer à des imitations qui, loin de déshonorer l’Auteur, puissent contribuer à sa gloire. […] L’Auteur a su composer un sujet de tous les temps avec deux faits particuliers : ils étoient naturellement tristes, il en a fait une piece pleine de gaieté.
La troisième règle de l’auteur comique, c’est de ne pas se peindre lui-même. […] Voilà la dernière règle : quel poète a su s’effacer derrière ses personnages avec autant d’art et de modestie que l’auteur du Tartuffe, d’Harpagon et des Femmes savantes, plus prompt aux métamorphoses que le Protée de la fable antique256 ? […] Nulle vraisemblance, une complication d’incidents bizarres, une exagération, une caricature presque continuelle, un dialogue étincelant de verve et d’esprit, mais où l’auteur paraît plus que le personnage ; voilà le fond de ses comédies267.
Et c’est aussi bien l’explication à la fois de la fécondité et de la médiocrité de notre auteur. […] On a posé la question de priorité entre les deux auteurs. […] C’est l’auteur qui nous amuse du jeu de son imagination, et le personnage n’a pas d’existence propre. […] On a dit de certains auteurs dramatiques qu’ils ont toute leur vie recommencé la même pièce. […] On admire cette absence de prétention littéraire, et l’on est heureux de ne pas sentir l’auteur derrière ses personnages.
Cette piece, jouée pour la premiere fois le samedi 24 Février 1703, eut cinq représentations, & dut une partie de son mauvais succès à la fureur qu’avoit l’Auteur de copier par-tout le Tartufe. […] On pourroit encore reprocher à l’Auteur d’avoir fait une troisieme & mauvaise copie du Tartufe dans son Faux Sincere, puisque le héros n’affecte beaucoup de franchise que pour enlever un dépôt, & que l’Auteur, en peignant le caractere de son héros, nous dit : Hypocrite en franchise est à-peu-près le mot. […] A la vérité l’Auteur moderne, en saisissant cette idée, a changé le reste de l’intrigue, le dénouement, & les autres personnages ; & l’on doit d’autant plus excuser cette faute, où il n’est tombé que cette seule fois ». […] Comment les Auteurs de l’Histoire du Théâtre ont-ils pu faire un reproche à Dufresny d’avoir deviné ce que le premier Auteur auroit dû faire ?
Nous donnerons donc le titre de comédie allégorique aux pieces dans lesquelles l’Auteur, mettant continuellement sur la figure de Thalie le masque de l’allégorie, change le nom des choses, défigure même les personnes, & laisse au spectateur intelligent le soin de développer le sens caché. […] Il y en a une infinité d’autres où l’on verroit avec le dernier mépris jusqu’à quel point les anciens Auteurs ont porté la licence & la malignité de l’allégorie satyrique. […] Je pense que nous devons abandonner les allégories de la premiere espece à nos bons aïeux ; celles de la seconde, au théâtre de Nicolet & des spectacles qui rivalisent avec les guinguettes ; celles de la troisieme, à l’Opéra Comique, lorsque tout-à-fait gelé, morfondu par des sentences qu’on veut bien appeller philosophiques, il sera obligé de se réchauffer16 en redevenant licencieux ; celles enfin de la quatrieme espece, aux Auteurs de Londres, qui, sur la scene, représentent tranquillement l’Etat sous l’allégorie d’une charrue ou d’une charrette bien ou mal conduite, selon les Ministres qu’ils y attelent. […] Un vieux proverbe dit aux Auteurs en particulier, qu’entre l’abre & l’écorce il ne faut pas mettre le doigt. […] La devise de cet Auteur étoit : Tout par raison, raison par-tout, par-tout raison.
Invitation à la danse120 Donnons-nous la main, auteur et lecteurs, et dansons ensemble dans ce chapitre, aux sons du violon de Jean-Paul, le bal humoristique et romantique du dogmatisme littéraire121. […] Première contredanse L’auteur comique vulgaire, pygmée grimpé sur des échasses, attaque et poursuit vaillamment de pauvres misères individuelles125 : l’avarice, l’amour-propre, la vanité aristocratique ou bourgeoise, l’ignorance et la pédanterie, les charlatans, les précieuses, les coquettes, les dupes, les imposteurs, les cuistres, etc., etc. […] Le comique est le contraire du sublime. — Dansons ici, auteur et lecteurs, dansons, le balancier en main, sur la chaîne de fleurs d’un syllogisme bien tendu138. — Le sublime ambitionne les termes généraux qui ont de la noblesse : le comique doit donc rechercher les expressions individuelles à l’adresse des sens139. […] Le Titan du même auteur est divisé en Périodes du Jubilé et les périodes du jubilé en Cycles. […] Voici comment Jean-Paul conclut le Prologue-Programme de son Titan : Maintenant donnons-nous la main, auteur et lecteurs, et dansons ensemble dans cet ouvrage ce grand bal de la vie ; moi à la tête d’un quadrille, et vous en sautant en mesure derrière moi, accompagnés par le chant des Muses et par la lyre d’Apollon, dansons de volume en volume, de cycle en cycle, de digression en digression, d’une pensée à une autre… (Traduction de M.
Comédie à trois voix, suivie de deux divertissements chantés et dansés ; côté modeste et toutefois charmant, devant lequel le lecteur passe trop souvent sans le voir, mais sur lequel s’arrête volontiers le musicien », surtout, ajouterons-nous à notre tour, quand le musicien est un de ces fins lettrés que la fréquentation des bons auteurs et la pratique du meilleur monde ont formés de longue main aux travaux de ce genre. […] Ainsi envisagé, Le Sicilien nous ramène à la question musicale, et l’on se demande avec l’auteur de l’Essai si Molière a trouvé l’équivalent de son œuvre dans la musique de Lulli. […] » Où l’auteur des Dragons de Villars avait échoué, le pauvre Justin Cadeaux ne pouvait s’attendre à meilleure chance.
Heureux & mille fois heureux l’Auteur dont les ouvrages peuvent ainsi contribuer aux plaisirs des Rois, & les soulager pendant quelques instants du poids de leur grandeur ! […] Le voile de la piece italienne & celui de la françoise sont tous les deux les principaux ressorts des scenes qu’ils amenent, & nous paroissent également forcés, parceque nos yeux ne sont pas accoutumés aux grands voiles : ce qui prouve qu’un Auteur, en imitant, ne doit rien transporter sur son théâtre qui blesse les usages de sa nation. […] Les Auteurs doivent s’ingénier jusqu’à ce que les caleches de nos Dames puissent fournir au comique autant de richesses que les mantes Italiennes ou Espagnoles.
C’est un mérite tel quel que n’ont pas toujours nos auteurs dramatiques. On dira que ces peintures-là ne produisent pas un grand effet sur les mœurs : en de tels sujets, le jugement du spectateur, comme celui de l’auteur, est fixé d’avance, et l’un et l’autre ont naturellement un sens du bien et du mal, qui décide leur préférence et leur mépris. […] Donc le don Juan de Molière n’est point le personnage traditionnel et convenu des Espagnols : il est vivant ; et c’est peut-être pour l’être trop qu’il fut si peu représenté du temps de l’auteur, et subit ensuite si rigoureusement les coups de ciseaux de la censure : les grands seigneurs ne voulurent pas plus de don Juan que les faux dévots de Tartuffe 37. […] Ce qu’il faut remarquer , ici, c’est, la moralité absolue d’une œuvre où, d’un bout à l’autre, un scélérat supérieur, couvert des dehors les plus séduisants pour les bonnes âmes, revêtu de modestie, de désintéressement, de charité, de Dieu même empreint sur son visage 79, est sans cesse démasqué, méprisé, condamné, et enfin puni, sans la moindre restriction de la part de l’auteur, ni la moindre hésitation possible chez le spectateur. […] Voici ce que pensait Saint-Evremond de celui des Italiens : a Leur Festin de Pierre feroit mourir de langueur un homme assez patient, et je ne l’ai jamais vu sans souhaiter que l’auteur de la pièce fût foudroyé avec son athée. » (Sur les tragédies, dans Les Véritables œuvres de M. de Saint-Evremond, 2e édit., Londres, 1706, tome III, p. 143).
Mesdames, il vous faut autre chose, et s’il m’arrive, chemin faisant, de blâmer nos auteurs contemporains, tout en m’inclinant devant l’admirable talent de plusieurs d’entre eux, c’est que je n’aurai pas le courage complet de mon opinion, car mon opinion est que vous êtes les vraies, les seules coupables. […] Cependant un seul de ces faits, le plus considérable, la Passion de Notre-Seigneur, dominant tous les autres, s’empara de notre scène naissante, à tel point que tout ce qui tenait au théâtre, d’alors, auteurs et acteurs, empruntèrent leur nom à ce fait et s’appelèrent les Frères de la Passion. […] Je trouve que c’est une bonne fortune inestimable de reposer son esprit et sa raison sur l’oreiller d’une œuvre toujours raisonnable, toujours spirituelle, dont l’auteur n’a besoin, pour gagner les plus grandes batailles qui aient peut-être été jamais livrées au théâtre, ni du paradoxe glissant, ni delà prédication inquiétante. […] » Je ne demande pas qu’on nous les restitue, mais je veux qu’on s’agite, qu’on signe des pétitions, s’il le faut, qu’on force nos auteurs à changer de thèse au moins une fois de temps en temps, et surtout ! […] Seulement, les auteurs de ces pays-là ne montent pas si volontiers sur leurs toits pour publier la misère du foyer.