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28. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Quant aux illusions de détail, il en existe une seule. […] Molière fit une seule fois ce que Benserade faisait sans cesse. […] Ce premier cours de représentations passé, la pièce ne fut pas reprise une seule fois. […] Il fut fait à cette infâme diatribe deux réponses, dont une, en forme de lettre, mérite seule qu’on en fasse quelque mention. […] On ne peut nier que Molière, en faisant de dom Juan un athée, ne soit le seul qui en ait fait un personnage conséquent, et jusqu’au bout d’accord avec lui-même.

29. (1819) Notices des œuvres de Molière (I) : L’Étourdi ; Le Dépit amoureux pp. 171-334

On voudrait, en quelque sorte, qu’ils eussent toutes les qualités d’une bonne définition, c’est-à-dire qu’ils fussent clairs, comprissent tout le sujet, et convinssent au sujet seul ; et l’on a vu des comédies fort estimables, sinon condamnées, du moins jugées avec rigueur, par l’unique raison qu’un titre vague ou disproportionné avait trompé le spectateur sur la nature ou sur l’étendue du sujet. […] On excepte le cas où, le premier titre étant le nom du personnage principal, le second sert à qualifier son caractère ou à spécifier l’action dont il est le centre ; mais, dans ce cas même, un seul des deux titres suffirait, l’autre est presque une superfluité. […] Il n’a pas pris, dans la pièce italienne, une seule phrase, une seule expression remarquable : il faut bien qu’il ne l’y ait pas trouvée ; car déjà sans doute il ne manquait ni de discernement pour l’apercevoir, ni de hardiesse pour se l’approprier. […] Un valet y conduit seul toute l’action ; les incidents sont nombreux et ne sont pas tous vraisemblables ; les vieillards abondent ; une jeune fille est un objet de commerce dont deux rivaux se disputent l’acquisition ; de petites intrigues, presque aussitôt détruites que formées, se succèdent plutôt qu’elles ne s’enchaînent entre elles ; enfin, des personnages, inconnus à eux-mêmes et aux autres, apprennent tout-à-coup le secret de leur existence, et la pièce se dénoue par une quadruple reconnaissance. […] Il appela sa comédie Le Dépit amoureux, comme si ce sujet d’une seule scène de la pièce était celui de la pièce entière.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

Je ne sais s’il a pris cette regle chez ses prédécesseurs, ou si le bon sens seul la lui a dictée ; il est certain qu’elle est excellente. […] Elle est le seul juge compétent, & je dis : La comédie n’est-elle pas soumise avec toutes ses parties aux loix de la vraisemblance ? […] Aristote ne permet d’en prendre qu’une seule dans la vie d’un homme, quoique cette vie soit remplie de faits brillants. […] Un drame où l’unité d’action est observée, est selon nous une piece dans laquelle il n’y a qu’une seule fable, une seule intrigue conduite par un seul fil principal. […] Voilà deux intrigues si opposées, & cependant si bien liées ensemble, qu’elles se donnent mutuellement du ressort ; que loin de détourner le spectateur de l’intérêt qu’il ressent pour les jeunes amants, elles l’augmentent en se croisant mutuellement & en concourant à un seul dénouement.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Non, ne me suivez pas ; Je veux lui parler seul. . . . . . . […] Vous voulez être seule, à ce que je puis voir ? […] Votre estime, Madame, est-elle le seul prix Qui dût récompenser un cœur vraiment épris ? […] Une tirade seule de l’oncle avare vaut tout le rôle du Dissipateur, si l’on en excepte le dénouement. […] Le plaisir d’amasser vaut seul tous les plaisirs.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Rosalie le promet, & tremble au seul nom de Cidalise. […] Il lui dit sur-tout que l’intérêt doit seul guider les gens d’esprit, & que tous les biens sont communs. […] La seule différence qu’il y ait entre ces deux pieces, du moins quant au fond, la voici. […] Hé bien, nous nous verrons seul à seul chez Barbin. […] Fils d’un Armurier du Roi : l’Amant Prothée est son seul ouvrage.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Desronais, seul, va chercher le moyen de faire éclater toute la pureté de son amour. […] En effet, est-il un seul jour de notre vie, où nous ne soyons perdus dans l’obscurité ? […] Non ; laissons-la de côté, & que l’homme seul agisse. […] C’est la seule joie que puisse goûter dans son affliction votre désolée, mais toujours tendre & affectionnée Peggy ». […] Que mes larmes, Sire, soient mes seuls remerciements.

34. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Ces arguments, qui ne contiennent pas une seuls remarque, une seule indication utile, sont purement admiratifs, et l’insipidité du genre n’y est relevée par aucune finesse d’observation, par aucune grâce de style. […] Dans cette édition, qu’il faut bien considérer comme originale, la pièce est en un seul acte ; et cependant les éditeurs de 1734 l’ont donnée en trois. […] Le public applaudissait à ces compositions monstrueuses : les chefs-d’œuvre qui seuls pouvaient former son goût n’existaient pas encore. […] Il lui confia donc la scène de Caritidès ; mais Chapelle l’exécuta si froidement que Molière n’en put conserver un seul mot et fut obligé de la refaire en entier. […] Ce dernier est seul resté au théâtre.

35. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Grimarest raconte que la lettre de de Visé fut imprimée à l’insu de Molière, qui en fut irrité, et voulut que son libraire ne vendît plus un seul exemplaire de sa pièce, où se trouvât cette rhapsodie. […] Un seul de ces noms, qui est célèbre à bon droit, semble avoir été appliqué avec quelque justesse : c’est celui du duc de Montausier. […] Tandis que Alceste, vertueux et inflexible, gourmande éloquemment les vices qui sont seuls dignes de sa colère, Célimène, vicieuse et médisante, fronde gaiement les ridicules qui sont seuls à la portée de sa malignité. […] De toutes les pièces de Molière, c’est peut-être la seule où ne se trouve aucune idée de scène ni aucun trait de dialogue emprunté aux comiques anciens ou modernes ; c’est la seule aussi que n’aient pu mettre à contribution les successeurs de Molière, qui sont tous plus ou moins ses imitateurs ; c’est en même temps celle que les étrangers se sont le plus empressés d’adopter, soit en la traduisant simplement, soit en l’accommodant aux mœurs nationales. […] L’association bizarre des deux termes qui servent à qualifier cette production, suffirait seule pour faire condamner le genre.

36. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Le burlesque plus ou moins marqué était la seule manière de faire rire. […] Molière, pour contenter sa troupe, fut obligé d’en faire un ; mais ce fut le seul qui ne réussit pas. […] Il réussit, et c’est le seul que l’on joue encore. […] Il est vrai qu’elle est étendue et profonde, et son ouvrage seul pouvait nous la révéler. […] L’exposition vaut seule une pièce entière : c’est une espèce d’action.

37. (1900) Molière pp. -283

Sarcey se trouva ainsi seul contre deux. […] mais la vengeance troublerait sa quiétude, son seul bien, son seul bonheur ; il ne peut oublier qu’il ne doit jamais faire un pas plus vite que’ l’autre dans le monde de privilégiés qui pèse sur lui. […] Un seul homme l’a fait, parce qu’il était seul à les voir, et, l’ayant fait, il avait du génie ; c’était une conception du génie, car le caractère le plus évident du génie, ce n’est pas toujours d’exprimer le moment et le milieu, c’est de devancer les siècles. […] Il a fait la seule œuvre qui fût possible de son temps, qui fût parfaitement adaptée. […] Ce seul fait a modifié et transformé le sentiment fraternel aux deux époques ; il ne se ressemble plus du tout.

38. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Il est difficile, on Fa déjà remarqué, qu’un seul homme, en un seul jour, fasse autant de traits d’avarice que Molière en a rassemblé dans Harpagon. […] Alceste tout entier m’est connu par cette seule boutade. […] Voilà, dans cette seule scène, tous les personnages connus et le sujet de l’action même indiqué. […] Il eût peut-être gagné à se présenter seul, et j’ose même souhaiter qu’il soit lu sans interruption. […] Il rie le pouvait pas, puisque Armande et Françoise étaient une seule personne.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Aussi n’a-t-il été joué qu’une seule fois, ce qui ne fait pas l’éloge du copiste ; j’allois dire de l’imitateur, c’étoit me tromper bien lourdement. […] Ce trait seul vaut toute la scene, parcequ’il peint le peu de valeur de l’art par la misere de celui qui le montre. […] Le Marquis, seul. […] Maître Jacques, seul. […] Monsieur, il n’est pas nécessaire, & je m’en irai bien tout seul.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

L’art seul de la comédie, le plus beau sans contredit, & le plus difficile, victime du caprice, de la frivolité de chaque particulier, passe rapidement de l’enfance à la vieillesse, retombe dans l’enfance, & prend alternativement, dans un court espace de temps, cent formes différentes. […] Je leur dis que, loin d’avoir eu cette audace, je croyois fermement que personne n’oseroit tenter un éloge aussi difficile que celui de Moliere, & que c’étoit le seul moyen de louer dignement le génie le plus étonnant. […] L’ame seule peut concevoir l’ame. […] Lui seul fera toujours un Auteur défectueux ; mais, aidé par l’art, il enfantera des prodiges : leur concert mutuel conduit le poëte à ce degré si rare, & qui fait les délices des gens de goût. […] Je n’en ai pas trouvé de meilleures pour bannir la monotonie & la sécheresse, compagnes inséparables de l’ennui, que de prendre premiérement le ton familier de la comédie, puisque je ne parlerai que d’elle : le style de la chose est le seul bon, en dépit de l’usage.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Ariste, seul, en robe de chambre. […] Je suis seul en ce lieu sans être solitaire, Et toujours occupé sans avoir rien à faire. […] ai-je dû présumer Que le Ciel pour moi seul eût pris soin de former, Ce qu’on ne vit jamais, une femme accomplie ? […] Une exposition est beaucoup plus facile lorsque le premier personnage n’ouvre pas la scene tout seul. […] Tartufe seul a donné lieu à la scene.

42. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Cette si parfaite exactitude d’un compte rendu d’après une seule représentation a été, pour plusieurs personnes, un motif de croire que la Lettre était l’ouvrage de Molière lui-même. […] Ces deux partis rentrent l’un dans l’autre, et n’en forment qu’un seul. […] Un fourbe, lors même qu’il est seul, continue de composer son air, son maintien, son langage, comme s’il craignait que d’invisibles témoins ne surprissent le secret de sa perversité. Molière, par cette raison, n’a pas mis un seul monologue, un seul a parte dans tout le rôle de Tartuffe. […] Le dénouement seul diffère.

43. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Paris seul gardait le silence. […] Encore aujourd’hui, après cent soixante-dix ans, n’est-ce pas le seul poète qui le divertisse, le seul qui l’instruise, le seul qui parle son langage ? […] Ses jeunes gens aiment pour le seul plaisir d’aimer, comme si la vie n’était rien sans l’amour, comme si l’amour était toute la vie. […] Voilà les seuls monuments qui, jusqu’à ce jour, avaient été consacrés à la mémoire de ce grand poète. […] Je me reprocherai d’avoir négligé de leur donner du pain un seul jour, le pouvant faire absolument.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

le voilà seul : approchons. […] Vous faites pourtant plus d’affaires vous seul, que tous les négociants de ce lieu. […] D’ailleurs, il n’est pas bien décent, je pense, que Guillaume, le seul honnête personnage de la derniere piece, soit le seul puni. […] Quelque temps après, Pamphila est exposée en vente ; le même Capitaine la rachete, & veut la donner à Thaïs, à condition qu’il sera pendant quelques jours le seul possesseur de ses charmes. […] Çà, tandis que nous voici seuls, repassons un peu les leçons que je t’ai données.

45. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Pandolfo, seul. […] Zucca seul. […] Tebaldo seul. […] Flaminio seul. […] Ricciardo seul.

46. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Sera-t-il le seul qu’il sera défendu de flétrir ? […] La vraie piété seule était mise à l’abri de toute atteinte et sortait au contraire de ce double combat plus pure et plus respectée. […] Paul Mesnard, on ne voit pas que l’athéisme ou l’incrédulité jouent un grand rôle : on n’en cite pas un seul trait qui relève de cette idée. […] Léguer à la postérité de grands types de théâtre, telle était, nous le croyons, sa seule pensée et sa vraie ambition. […] Peut-on cependant soupçonner un seul instant Molière d’avoir voulu mettre la raison d’un côté et le ridicule de l’autre ?

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Le dialogue, dit-on communément, doit être coupé, rapide : voilà les seuls préceptes qu’on donne. […] Ils se trouvent ensemble ; Tartufe croit avoir trouvé l’occasion favorable : il cherche, par de légeres galanteries, à faire naître l’instant de placer sa déclaration : il se présente, il le saisit bien vîte, & débite d’un seul trait cette tirade. […] Et je vais être enfin, par votre seul arrêt, Heureux si vous voulez, malheureux s’il vous plaît. […] comme ce coup de pinceau est fort & expressif après le seul mot de rôt ! […] Certainement tous les connoisseurs, après avoir convenu que la coupe du dialogue fait la seule différence de ces deux scenes, donneront la préférence à la derniere, & avoueront qu’elle est beaucoup plus comique.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Le titre influe sur toute la piece ; & un Auteur doit l’analyser, connoître à fond sa juste signification, & le bien saisir, afin de ne pas imaginer une seule situation, de ne pas faire une seule scene, de ne pas arranger un seul incident, qui n’y répondent. […] Titres pris d’une seule Scene. […] On voit, par le croquis seul de cette piece, qu’elle est bien intitulée, puisque l’intrigue est bâtie & roule sur des perdrix.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Puisqu’on ne peut représenter sur le théâtre qu’une seule action sensible, il est raisonnable de ne pas séparer les petites parties qui la composent, de ne point désunir les actions particulieres des personnages qui concourent à l’action principale. […] Dom Juan voit dans le lointain trois hommes qui en attaquent un seul ; il vole à son secours. Sganarelle reste seul sur le théâtre, & dit : Voilà l’humeur de l’homme ! […] Sganarelle, seul. […] Léandre, seul.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

mais elle le pensera : elle aura, comme les femmes savantes, un bureau de bel esprit chez elle, où l’on jugera en dernier ressort tous les ouvrages nouveaux ; où elle ne manquera pas de critiquer la piece d’un Auteur, par la seule raison qu’il ne va pas chez elle, & qu’il dédaigne son faux savoir, autant que sa maison de campagne, & son cuisinier ; où elle ne manquera pas de faire élever aux nues les productions d’un moderne Trissotin, par la seule raison encore qu’il lui présente de petits vers dans lesquels il la nomme, avec autant d’effronterie que de bassesse, une dixieme Muse. […] Ne nous bornons pas à un seul exemple, & voyons si l’on pourroit mettre sur le théâtre, avec plus de succès, un autre caractere déja traité : il est encore des Tartufes, heureusement pour les Béates qu’ils font vivre dans l’aisance, & malheureusement pour les honnêtes gens dont ils pressurent les bourses sous prétexte de faire des œuvres pies. […] S’il suit cette route, la seule qu’il ait à prendre, je ne sais pas à quel propos il nous donneroit une copie du Tartufe : l’original nous suffit, il est si beau ! […] Alors il change de batterie sans changer de dessein ; il feint d’être repentant de tous ses crimes, de vouloir faire pénitence & vivre seul en Hermite.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Filidan est amoureux d’une beauté imaginaire : il exagere tout seul & les charmes de l’objet qu’il aime, & la violence de son amour. […] Je le puis d’un seul mot ; la pitié m’y convie. […] Ils ne sauroient me voir sinon en m’adorant, Ni me dire un seul mot sinon en soupirant. […] Si je vous ai su mettre au rang de mes amants, Contentez-vous des yeux pour vos seuls truchements, Et ne m’expliquez point, par un autre langage, Des desirs qui chez moi passent pour un outrage. […] Ce jugement seul prouve la distance qu’il y a d’un Auteur à l’autre.

52. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Est-ce mourir si, même après dix ans, un seul homme se rappelle ce grand cri qui l’a frappé ? […] Molière, hardi et comptant sur lui-même sur lui seul, élève autel contre autel. […] il eût été bien malheureux si on lui eût dit qu’il était tout seul ! […] Seul, Molière ne s’y trompait pas ; il savait bien jusqu’où pouvait aller l’amitié de Chapelle. […] Cet homme a été sauvé, par la seule chose qui sauve les écrivains, par l’originalité du style.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. Pieces intriguées par un événement ignoré de la plupart des Acteurs. » pp. 192-198

Votre pere, n’ayant que vous seul d’héritier, Vous rappelle. […] La cruelle langueur dont j’ai pensé mourir, Qu’aucun art ne pouvoit connoître ni guérir, L’amour en étoit seul l’origine secrete ; Et de lui dépendoit ma guérison parfaite. […] Apprends que de mes jours il étoit seul l’arbitre. […] Le jour que l’hymen se prépare, Son esprit imagine un moyen fou, bizarre, Mais le seul qui pouvoit causer ma guérison.

54. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Voilà le seul hommage qui intéresse le poète : même une promenade au Panthéon réjouirait moins sa mémoire ; il dort très bien à Saint-Roch, pourvu qu’il entende en rêve un bruit d’applaudissemens venu de la Comédie-Française. […] Une seule. […] Meilhac et Halévy, qui nous fait penser à chercher ici Froufrou et La Petite Marquise ; — vous ne les trouverez pas, cependant, pas plus que vous ne trouverez une seule pièce de M. […] Voici Voltaire tout seul, avec Mahomet tout sec. […] Paul Mounet tout seul fait figure de tragédien : il ne fait guère davantage.

55. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Ce même père prétend que Molière est le seul parmi nous qui ait découvert ces traits de la Nature qui la distinguent et qui la font connaître. […] Jusque-là nous n’avons encore trouvé rien de trop favorable à ceux qui nous vantent si fort la morale de M. de Molière, et qui publient hautement dans Paris, qu’il a corrigé plus de défauts à la Cour et à la ville lui seul que tous les prédicateurs ensemble. […] La galanterie n’est pas la seule science qu’on apprend à l’école de Molière, on apprend aussi les maximes les plus ordinaires du libertinage, contre les veritables sentiments de la religion, quoi qu’en veuillent dire les ennemis de la bigoterie, et nous pouvons assurer que son Tartuffe est une des moins dangereuses pour nous mener à l’irréligion, dont les semences sont répandues d’une manière si fine et si cachée dans la plupart de ses autres pièces, qu’on peut assurer qu’il est infiniment plus difficile de s’en défendre que de celle où il joue pêle et mêle bigots et dévots le masque levé. […] À dire le vrai, ces pièces sont fort inférieures au Misanthrope, à L’École des femmes, au Tartuffe, et à ces grands coups de maître : mais elles ne sont pourtant pas d’un écolier, et l’on y trouve toujours une certaine finesse répandue que le seul Molière avait pour en assaisonner les moindres ouvrages. […] Pradon ne sont pas les seuls qui aient parlé dans leurs écrits du Misanthrope de Molière comme de son chef-d’œuvre.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Tous prouvent que la seule différence gît dans la qualité ou dans la quantité des personnes qui se déguisent, & dans les habits qu’elles prennent. […] C’est prendre tous les spectateurs pour des imbécilles que de vouloir les amuser des méprises que la sottise seule peut faire. […] Dans un roman, l’esprit seul juge ; sur le théâtre, les yeux se mêlent de la partie, & ils ne sont pas des juges indulgents. […] Dès qu’il est seul avec Arlequin, il lui raconte la vérité de toute l’aventure, le prie de feindre encore, & lui promet de le récompenser.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Tu la sauras trop tôt, courons à la vengeance : C’est par ce seul moyen que notre honneur perdu, Ou le sera sans honte, ou nous sera rendu. […] Comte, tu te vois seul & connois aisément Que plusieurs nous pouvons te perdre en un moment, Puisque je le pourrois seul & sans avantage. […] Je paie avec usure un bien que tu m’as fait ; Mais ce n’est pas assez que tu sois satisfait : Il faut que je le sois, ta mort seule est capable, Si ton crime envers nous peut être réparable, De mettre mon honneur en son premier éclat. […] J’ai hâte plus que toi De te voir seul à seul aux mains avecque moi. […] Voilà votre épée ; c’est désormais contre moi seul que vous en ferez usage.

58. (1802) Études sur Molière pp. -355

Je me propose enfin de ne jamais présenter une seule réflexion aux amateurs, de ne pas donner un seul conseil aux comédiens, qui ne soit dicté par Molière lui-même, comme auteur, comme acteur : puisse-t-il ramener les profanes à son culte ! […] Dans Le Prince jaloux, c’est un courtisan ; et Molière, par ce changement seul, est infiniment plus moral. […] Je le répète, les ennemis de Molière et les gens superficiels peuvent seuls blâmer ces deux motifs, puisque l’exempt et l’éloge du roi n’enlèvent pas au dénouement une seule des qualités prescrites par l’art. […] et lorsque vous jetez jusqu’à votre manteau, la présence seule du mari empêche qu’on ne crie : baissez la toile. […] Les personnages. — Pas un seul qui n’ait un caractère particulier ; pas un seul qui ne fasse ressortir merveilleusement le fond du tableau.

59. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Seule l’irrésistible vocation du génie l’emporta. […] Seuls les poètes souverains se rendent coupables de tels plagiats. […] Seul et longtemps après les autres, arrive le poète. […] Elles roulent d’un bout à l’autre sur cette seule idée. […] Pas un seul personnage sur lequel le regard se repose avec plaisir.

60. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

On ne peut vraiment lui trouver qu’un seul défaut, et je suis bien obligé de vous dire lequel : il a une fort mauvaise opinion des femmes. […] Cette pensée, l’amour est le privilège de la jeunesse, c’est à peu près la seule que nous verrons à Agnès, celle qui remplira et soutiendra son rôle d’un bout à l’autre. […] C’est qu’il a voulu qu’elle fût seule et libre, sans aucune considération à observer. […] Une seule fois il est question des autres, et dans quelle proportion ? […] Il n’appartient à personne de grandir Molière, et, lorsqu’on a dit de lui qu’il est le premier et peut-être le seul poète comique, on lui a rendu un hommage suffisant, celui qu’il mérite.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

Plaute, Térence, Moliere, voilà, quoi qu’on en dise, nos seuls maîtres. […] Enfin donnons à nos productions les seuls titres, la seule forme qu’elles méritent : il est des palmes pour toutes ; mais gardons nous de prétendre à celles du Cid & du Tartufe, si nous ne sommes réellement avoués par Melpomene ou Thalie. […] Mais puisque je n’ai à moi qu’un petit espace, loin de vouloir arracher cinq ou six arbres fruitiers qui font mon seul bien, conserve, cultive avec soin leurs rejettons.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Un trait comique prend sa source dans la chose même, naît de la situation des personnages, & tient d’elle seule l’avantage de faire rire : un trait plaisant est au contraire une saillie qui ne fait rien à l’action, qui ne tient rien de la situation des personnages, qui fait rire, à la vérité, mais aux premieres représentations seulement. […] Je pourrois le prouver par mille exemples puisés dans chacune de ses pieces ; je me contenterai d’un seul pris dans son Légataire. […] Je ne ferai pas voir, comme le Spectateur Anglois 64, que notre amour propre seul nous fait rire des autres ; je parlerai tout bonnement des causes principales du rire au théâtre. […] En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude ; De vous dépend ma peine, ou ma béatitude ; Et je vais être enfin, par votre seul arrêt, Heureux si vous voulez, malheureux s’il vous plaît. […] C’est pour cela même que les fous sont en vogue dans la plupart des Cours d’Allemagne, où il n’y a pas un seul Prince du grand air, qui n’ait deux ou trois de ces fous dans son équipage, reconnus pour tels, distingués par leurs habits, & qui servent de jouet à tous les autres courtisans.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Si un seul personnage se charge de faire tout mouvoir, il écrase l’autre, & le rend presque inutile : c’est ce qui arrive dans la Mere Coquette ou les Amants brouillés, piece que nous avons analysée, il n’y a pas long-temps. […] Cessez, ô Trufaldin, de vous inquiéter ; C’est par mon ordre seul qu’il vient vous visiter ; Et je vous l’envoyois, ce serviteur fidele, Vous offrir mon service & vous parler pour elle. […] L’un imagine toutes ses fourberies avec tant de jugement, que la premiere suffiroit pour arriver à ses fins, s’il n’étoit croisé par les étourderies de son maître ; & l’Etourdi, guidé par son caractere seul, détruit si bien ce que fait Mascarille, qu’une seule de ses étourderies dérangeroit totalement & couperoit le fil de l’intrigue sans l’adresse de Mascarille qui renoue tout. […] Parcequ’Isabelle a imaginé son stratagême d’après l’idée où est Sganarelle, que, sensible pour lui seul, elle est farouche pour les autres hommes, ce qui rend son mensonge très vraisemblable ; parcequ’Isabelle, en tirant parti du caractere de son adversaire, n’a pas employé la violence contre lui, & que Sganarelle a pu répliquer.

64. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

Elle eut un succès qui passa ses espérances : Comme ce n’était qu’une pièce d’un seul Acte qu’on représentait après une autre de cinq, il la fit jouer le premier jour au prix ordinaire, mais le peuple y vint en telle affluence, et les applaudissements qu’on lui donna furent si extraordinaires, qu’on redoubla le prix dans la suite ; ce qui réussit parfaitement à la gloire de l’Auteur, et au profit de la Troupe. […] On l’a nommé le Térence de son siècle : ce seul mot renferme toutes les louanges qu’on lui peut donner. […] Les commencements de cet établissement ont été heureux, et les suites très avantageuses ; les Comédiens compagnons de Monsieur de Molière ayant suivi les maximes de leur fameux Fondateur, et soutenu sa réputation d’une manière si satisfaisante pour le Public, qu’enfin il a plu au Roi d’y joindre tous les Acteurs et Actrices des autres Troupes de Comédiens qui étaient dans Paris, pour n’en faire qu’une seule Compagnie. […] Les Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, qui depuis un si grand nombre d’années portaient le titre de la seule Troupe Royale ont été réunis avec la troupe du Roi le 25 Août 1680 cela s’est fait suivant l’Ordre de sa Majesté donné à Charleville le 18 du même mois, par Monsieur le Duc de Créquy Gouverneur de Paris, premier Gentilhomme de la Chambre en année, et confirmé par une Lettre de Cachet, en date du 21 Octobre. […] Il n’y a plus présentement dans Paris que cette seule Compagnie de Comédiens du Roi entretenu par sa Majesté : Elle est établie en son Hôtel rue Mazarini, et représente tous les jours sans interruption, ce qui a été une nouveauté utile aux plaisirs de cette superbe Ville, dans laquelle avant la jonction il n’y avait comédie que trois fois chaque semaine, savoir le Mardi, le Vendredi et le Dimanche, ainsi qu’il s’était toujours pratiqué.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Pieces intriguées par une ressemblance. » pp. 176-191

Nous allons opposer les deux Jumeaux Italiens aux deux Jumeaux François ; prouver que l’Auteur Italien, en composant sa piece, a pris soin de tramer l’intrigue, de la dénouer, & d’arranger les incidents de façon que les deux freres ne fussent jamais ensemble sur la scene, & qu’un seul pût remplir les deux rôles ; ensuite il nous sera facile de faire remarquer que ce qui est une beauté sur le théâtre Italien, seroit un défaut sur le nôtre. […] On voit clairement, à travers tout le fatras de cette piece, qu’elle a été composée pour faire briller un seul acteur, & que cet acteur, pour jouer deux rôles, n’a qu’à passer bien vîte d’une coulisse à l’autre. De telles comédies sont fort bonnes sur un théâtre où tout est sacrifié au personnage burlesque, qui seul attire le monde, où les lazzis & les tours de passe-passe sont comptés pour autant de beautés : mais sur un théâtre où les bons Auteurs ne cherchent pas à faire briller un personnage aux dépens des autres, où il faut des choses & non des mines, des situations bien marquées & non des grimaces ; sur un tel théâtre, dis-je, toute comédie, dans laquelle un seul acteur jouera, sans nécessité, deux rôles, sera jugée très mauvaise, à moins qu’on ne lui fasse la grace de la regarder comme une farce, ou bien comme une comédie épisodique. […] Pour moi, qui n’oserois me permettre la moindre raillerie, sur-tout contre le redoutable Auteur de la Dunciade, je me contenterai de dire que les méprises continuelles du Public sur les deux Rivaux causerent seules la chûte de l’ouvrage. Le Théâtre Italien a quantité de pieces intriguées par une ressemblance, dans lesquelles un seul acteur ne joue pas deux rôles : dans les deux Arlequins, piece calquée sur les Ménechmes de Plaute, il faut nécessairement deux Arlequins.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

La plus facile est celle d’amener un personnage pour faire une seule scene qui ne tient pas à l’intrigue, & qu’on pourroit retrancher sans nuire à l’action. […] Ils paroissent plus souvent ; ils font rire plus que les principaux personnages : mais ils ne contribuent pas un seul instant à nous faire connoître ni le Joueur, ni les dangers de sa passion. […] De son côté le Marquis, joueur aussi déterminé que le Chevalier, mais plus adroit, ne paroît que pour gagner à celui-ci son argent, ses bijoux, le portrait de sa maîtresse, le seul contrat qui lui reste, & cinq ou six cents louis sur sa parole. […] Je vais tenter fortune tout seul... . . . . . . . . . . . […] J’eus le chagrin mortel de voir soutenir « qu’un Auteur sage doit, pour être plus sûr de réussir, ne placer dans chaque acte qu’une seule scene brillante & forte par sa situation ; que les autres doivent être faites seulement pour amener celle-là ; que dans les actes où il y a plusieurs grandes scenes, le spectateur, étourdi par des beautés qui se croisent mutuellement, les sent moins que lorsqu’il en voit seulement quelques-unes joliment enchassées, & distribuées avec prudence ».

67. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Que fit-il de la seule fille, qui eut survécu de son second mariage ? […] Molière resta seul entre elles. […] Ces festins n’étaient bons que pour lui seul. […] Une seule chose y est visible, c’est qu’il hésitait entre ses deux métiers. […] Il n’y a pas, dans le récit que Molière lui fait faire, un seul trait qui ne portât coup, en ce temps-là, un seul mot, un seul nom, qui n’eût son effet certain.

68. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Lui seul, en effet, semblait veiller sur elle. […] Les deux vieillards, dans Térence, élèvent deux garçons : cela seul ne change-t-il pas tout ? […] Seul, sous Louis XIV, il s’éleva dans cette pièce au-dessus des règles de l’école. […] Un sentiment sacré, le respect de la famille, l’avait seul inspiré. […] Cela seul les blessait ; que leur eût importé la religion, dont ils faisaient tant de bruit ?

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Moncade paroît, furieux, l’épée à la main ; on le laisse seul. […] Simon, seul. […] Mysis, seule, déplore l’infortune de sa maîtresse. […] Tout entier comme le latin, avec cette seule différence qu’à la fin Dave ne s’adresse pas aux spectateurs. […] Loin qu’on doive la sacrifier à quelque chose au monde, elle seule doit au contraire nous mener à tout.

70. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

Gomment s’y prend il lorsque dans un seul tableau il veut encadrer et mettre en saillie, non seulement les marquis ridicules, les grands seigneurs qui visent au bel esprit, les prudes et les coquettes, mais encore ces hommes à la vertu souple, ces honnêtes gens, selon le monde, dont ils ne blessent pas un préjugé ? […] Celui qui avait conçu ce rôle, Molière seul, pouvait lui prêter quelques traits de son propre caractère. […] C’est Alceste, franc et probe, qui doit seul souffrir d’indicibles douleurs, telle est la loi de la société. […] De plus, la vraisemblance dramatique a ses exigences ; si le misantrope s’expliquait avec tous les personnages, comme il le fait avec Philinte dans la première scène ; si sa rigueur inflexible n’admettait aucun biais, il serait impossible qu’il séjournât à la courf je ne dis pas un jour, une heure, mais même un seul instant; et dès lors la pièce n’existe plus. […] Aussi, dans les scènes où il est tête à tête avec Philinte, le misantrope redevient-il lui-même ; on est seul avec un ami, et son caractère qui, devant Oronte et Célimène avait quelque peu plié sous les exigences sociales, se redresse alors pour reprendre toute sa raideur primitive.

71. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

À des titres si beaux Bacchus seul peut prétendre, Et nous sommes ici pour défendre ses droits. […] Quoi que puisse dire l’ami des arts et de la poésie, l’ami de la vertu ne peut approuver un seul pas sur une pente si fleurie et si glissante. […] C’est à vous seul que je le dis, Arbres : n’allez pas le redire. […] VI :   Ô fâcheux examen d’un mystère fatal,   Où l’examinateur souffre seul tout le mal ! […] La seule excuse du comédien serait la nécessité de faire rire : Molière sa¬vait faire rire autrement.

72. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Seuls, ces sentiments sont pathétiques, et seuls, ils sont les motifs éternels de la tragédie177. […] Le patriotisme était la seule vertu et la seule passion d’un bon citoyen romain. […] Seul il a parfaitement réalisé l’idéal de la comédie. […] N’avoir aucune manière est la seule grande manière219. […] Le premier cas seul doit être regardé comme le vrai comique.

73. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Il explique toutes choses, quelles qu’elles soient, par une seule et même méthode, les règles éternelles, universelles de la nature. […] Croit-on qu’il y ait dans l’histoire, et, pour borner le champ de notre réflexion, dans l’histoire littéraire, un seul fait, un seul ouvrage assez capricieux, assez étrange, pour ne pas rentrer dans l’harmonie universelle, pour rester en dehors de cette série de causes secondes que l’imagination ne peut remonter, et que la raison conçoit comme infinie ? […] Reprenons nos artistes, enseignons à nos enfants l’orthographe ; mais dans le passé où nous ne pouvons rien changer, expliquons tout : c’est la seule étude digue du philosophe. […] Depuis que je suis descendu, Élomire461 n’a pas dit une seule parole. […] Le royal acteur seul était, et le reste un néant. » Michelet. — Notons toutefois que ces plaintes de Sosie sont traduites de Plaute ; ce qui diminue un peu l’évidence de l’allusion.

74. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Je vois donc, de ce moment, l’amour pour le roi s’unir en elle à son autre besoin, celui de la considération : je vois ses deux idoles se confondre en une seule dans son cœur et dans son imagination : je vois ses deux affections dominantes se réduire à une seule passion, celle d’obtenir l’estime du roi et sa confiance. […] Combien de séduction pour cette femme dont la considération, seule gloire des femmes, avait été la première idole ! […] Elle sentait d’avance que fixer les regards d’un roi aimable et aimé des français, d’un roi amant de la gloire, gage de leurs respects et de leur admiration, ce serait trouver lotis les bonheurs en un seul. […] La religion seule donnait le moyen de se défendre sans déplaire, de refuser sans offense, de rester inflexible sans paraître indifférente. […] On se consulte mieux avec une autre personne que tout seul.

75. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

On peut dire qu’il n’y a pour les comédiens de ce monde, qu’une seule et même façon de retenir dans leur mémoire, la prose ou le vers. […] Voilà par sa mort un chacun satisfait, il n’y a que moi seul de malheureux, mes gages ! […] Le vieux Bertrand, resté seul, se dit à lui-même : « Le cœur d’un tourtereau bat sous cette poitrine de lion !  […] Au contraire, il semblerait que ce Don Juan soit le seul des êtres évoqués par Molière qui ne fasse pas rire le parterre. […] Le séducteur est seul, il marche seul, il vit seul, il aime seul, il parle seul ; — à Sganarelle lui-même, si Don Juan répond parfois, Don Juan répond comme un homme qui ne sait pas ce qu’on lui a dit, et si même on lui a parlé.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Aristomene accourt pour remercier la Princesse de ses bontés pour lui ; le Prince d’Ithaque vient de l’instruire de son bonheur : la Princesse le désabuse, & ordonne qu’on la laisse seule. […] La Princesse, seule, dit qu’elle sent le feu dans son cœur. […] La Princesse, seule, se plaint de son sort. […] A toi seul destinée par les hommes & les Dieux, à toi seul elle se réserve ; tu peux la posséder aujourd’hui sans te plaindre, sans pousser des soupirs Cependant tu la dédaignes, tu la fuis !... […] livrée à d’éternels chagrins, vous seule ne jouirez point des charmes de votre jeunesse !

77. (1855) Pourquoi Molière n’a pas joué les avocats pp. 5-15

A peine trois ou quatre fois le mot est-il prononcé1, et dans le seul passage où Molière met deux avocats en scène, c’est pour les faire parler l’un fort vite, l’autre fort lentement2. […] Molière, nous l’avons dit, cherchait à tracer des caractères, et se souciait peu de peindre des individus ; il savait qu’un type isolé peut amuser, intéresser même, mais que le caractère seul .s’élève par sa généralité à la hauteur d’un enseignement. […] Le culte de l’honneur, le respect de la justice, voilà ses seules règles, et ce sont là choses qu’il n’est pas aisé de railler. […] C’est que le défenseur n’obéit à aucun système, ne suit d’autre règle que l’inspiration de sa conscience ; il est là, seul, luttant pour la vie d’un homme, et, quel qu’il soit, illustre ou stagiaire, on l’écoute, on le respecte, on se tait, on est ému.

78. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

 » Ce que l’abbé d’Aubignac appelle tenir ruelle, est, comme nous l’avons vu, un moyen employé quelquefois par une précieuse coquette, pour diversifier son jeu ou d’autres intérêts que l’expérience seule peut apprendre. […] Pour les faire cesser, l’auteur déclara n’avoir voulu jouer que les fausses précieuses ; qu’il fallait distinguer entre les grandes et les petites précieuses, entre les illustres, qui étaient au-dessus de toute atteinte, et les ridicules, qui étaient un véritable objet de satire ; il assura que ces dernières seules étaient représentées dans sa comédie. […] Ce fut par la rumeur des précieuses de haut rang ou de mérite considérable, et par la nécessité où se trouva l’auteur de faire une distinction entre les précieuses, que ce mot cessa d’exprimer seul une idée déterminée. […] Au mot Morale, qu’elles ont pour maximes de s’interdire tous les dehors de l’amour vulgaire, et de rechercher J’estime par la beauté des ouvrages ou des discours ; de se donner aux plaisirs d’imagination, la réalité seule pouvant blesser la morale. […] L’habitude du travail en famille, la réunion de la mère de famille et de ses filles autour d’une taille de travail est le seul moyen d’enseigner les usages du monde où les jeunes personnes sont destinées à vivre, le seul moyen de donner à leur esprit le développement convenable, à leur langage la facilité et la mesure appropriées à leur condition.

79. (1856) Molière à la Comédie-Française (Revue des deux mondes) pp. 899-914

La seule question importante est de savoir si Arnolphe est un personnage sérieux ou un personnage uniquement destiné à égayer le parterre. […] Arnolphe, dans la pensée de Molière, est un homme très digne d’estime, très digne d’affection, dont le seul travers est d’oublier son âge et de croire qu’une fille de seize ans peut aimer un homme de quarante ans. […] Ce n’est pas d’ailleurs le seul reproche que je doive lui adresser. […] De la part d’un acteur aussi studieux, je ne m’explique pas ce caprice, et ce n’est pas le seul que je pourrais relever. […] Dans une société bien réglée, il ne faut qu’une seule pensée comme une seule monnaie.

80. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

On a beaucoup disserté sur le but de la comédie ; des philosophes du siècle dernier l’ont regardée comme la seule école de la sagesse ; des critiques de nos jours, au contraire, la représentent comme fatale aux mœurs et à la religion. […] Les Romains, ayant imité les Grecs, n’ont point eu de théâtre national ; encore les ouvrages de Plaute et de Térence sont-ils d’excellents sujets d’étude pour les historiens ; on y retrouve une foule d’usages qu’eux seuls nous ont transmis, et rien ne nous fait mieux connaître la dissolution de la jeunesse de Rome, les séductions des courtisanes, l’effronterie des parasites, et enfin tous les éléments dont se composait la société sous les maîtres du monde. […] Histoire, chronique, inscriptions, médailles, tout s’est abîmé dans la nuit des temps, et les comédies seules ont survécu à cette destruction universelle. […] Le dix-huitième commence, et les mœurs se dépravent encore ; mais ce n’est point ce désordre seul qui afflige les regards de l’observateur ; une plaie cruelle porte ses ravages jusque dans le cœur, de l’État. […] Dès lors, plus de contrainte, plus de frein, plus de masque ; l’hypocrisie est le seul vice qu’on n’ait plus.

81. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

De tous les écrivains de ce genre, il est le seul, depuis Molière, dont les ouvrages, en reproduisant les mœurs du temps, ont si fortement réagi sur elles. […] Les partis, mieux éclairés, cessent de recourir à la force brutale ; c’est désormais de la seule polémique qu’ils attendent le triomphe de leurs principes. […] Ce n’est pas toutefois, il s’en faut bien, à ce seul titre qu’ils se distinguent, et c’est ici le lieu d’examiner, sous le rapport philosophique, le talent et la manière de M. […] Ce seul exemple ne suffirait-il pas pour démontrer combien est au moins hasardée l’assertion de M. […] Non, mon cœur à présent vous déteste, Et ce refus lui seul fait plus que tout le reste.

82. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

L’Avare, comédie du même auteur, essuya un pareil événement, par la seule raison que cette pièce était écrite en prose. […] Ce sont là de ces traits où l’art seul ne peut rien, si l’on n’est inspiré par le génie et guidé par le bon goût. […] que feront, leur répondit-il, tant de pauvres ouvriers, je me reprocherais d’avoir négligé un seul jour de leur donner du pain. […] C’est la première comédie que Molière ait écrite en vers libres (ou pour mieux dire, la seule). […] Par la seule comparaison des prologues, on peut connaître que l’avantage est du côté de l’auteur moderne.

83. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Molière, se servant du théâtre comme de la seule tribune où la pensée libre, héritière de l’antiquité, de Montaigne, de Rabelais, influencée par Descartes, pouvait lutter contre le dogme oppresseur, osa par un trait de génie, comme le dit justement M.  […] Auguste Comte a, depuis, félicité la classe des médecins d’avoir su seule utiliser dignement la censure de Molière, qui l’a poussée à se dégager des entraves métaphysiques et littéraires pour devenir le meilleur appui du Positivisme naissant. […] Seule avec son mari, elle est cynique et se croit le droit de l’être. […] Elle est inutile, incapable de remplir ses devoirs naturels d’épouse et de mère, les seuls qui soient sacrés aux yeux du poète. […] Et Molière nous l’a représenté malheureux, un peu ridicule, abandonné de cette femme coquette qu’il a la faiblesse d’aimer encore et s’enfuyant au désert, seul, désespéré.

84. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Un seul trait en fera juger. […] Il n’y a dans la pièce qu’un seul caractère, auquel tous les autres sont sacrifiés, et ce seul caractère est faux. […] Tartuffe seul combine, agit, attaque, se défend. […] Pour grand que soit l’empire de ces divinités, on n’y rencontre pas toutes sortes de gens : les seuls débauchés y passent, les seuls sots y demeurent, les seuls barbons parvenus à l’âge d’expier ne s’en tirent plus. […] Eux seuls savent s’y prendre.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Clitandre, seul. […] George Dandin, seul. […] Une noble hardiesse, sans être heureuse, mérite des éloges, quand l’amour seul des beaux arts l’a produite, & non la sotte présomption. […] Nous avons banni, avec raison les chants & les danses, pour livrer en entier la scene aux seuls personnages qui concourent à l’action, & pour ne nous occuper que d’eux : irons-nous les remplacer par des mines, des grimaces ? […] Je me suis engagé à appuyer tout ce que je dirai par des exemples ; je n’ai pu en prendre dans cette occasion que chez le seul Auteur qui en a fourni.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

On dit à Jarvis d’aller voir si son maître est encore au jeu, & de le ramener en évitant de lui dire un seul mot qui puisse le fâcher. […] Stukéli, seul, dévoile son infame caractere : il aimoit Madame Béverley avant son mariage : elle l’a dédaigné : il veut, pour s’en venger, ruiner son mari, le perdre dans l’esprit de sa femme, & la séduire. […] Béverley, seul, veut se tuer avec l’épée qu’il a tournée contre Leuson. […] Madame Béverley veut profiter du temps où son époux repose pour aller en ville solliciter en sa faveur : elle recommande à Jarvis de ne pas le laisser seul, & sort en le priant d’avoir soin & du pere & du fils. […] La crainte de mourir sur un échafaud pouvoit seule le déterminer à laisser sa femme & son fils dans la misere, & rendre sa mort excusable.

87. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

L’aide-mémoire de Dominique Biancolelli, dont nous parlerons plus loin, ne traçant qu’un seul rôle, ne permet point de se former une idée suffisante de l’ensemble des pièces. […] Dès qu’il est seul avec Arlequin, il lui raconte la vérité de toute l’aventure, le prie de feindre encore, et lui promet de le récompenser. […] Ces canevas nous paraissent appartenir, au moins pour le fond, à la période où les rôles des deux zanni acquirent une importance exceptionnelle sur le théâtre italien de Paris, grâce au talent supérieur du Trivelin Locatelli et de l’Arlequin Dominique, qui y régnèrent l’un à côté de l’autre de 1662 à 1671, époque où le premier mourut et Dominique resta seul maître de l’emploi. […] Le premier reste immobile d’étonnement : “Voilà, dit-il, un instrument bien singulier, il joue tout seul.” […] Il feint de croire que la charité seule le guide vers la belle dormeuse et veut pousser très loin ses soins charitables, quand son élève arrive.

88. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Quel nœud forme d’eux tous le faisceau de la famille, seul capable de résister aux attaques du monde, d’offrir un soutien aux jeunes et une consolation aux vieillards ? […] Les enfants révoltés contre ce risible et monstrueux pouvoir n’ont-ils pas, sans exception, la raison, la justice, la délicatesse, le désintéressement, l’intelligence et le cœur pour eux seuls ? […] Eu voyons-nous un seul qui, par l’accomplissement des devoirs paternels, ait acquis sur ses fils un empire légitime, ou qui du moins, par la tendresse et l’indulgence, ait mérité leur confiance ? […] Ce contre-sens et ce mensonge sont poussés à l’extrême dans les personnages qui sont les seuls vrais représentants de la famille chez Molière : les domestiques704. […] IX) sont les seuls pères de Molière chez qui l’on trouve quelque élan de tendresse ; et c’est bien peu de chose.

89. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Pourquoi gâte-t-il sa probité en se prétendant le seul probe ? […] C’est la seule apologie dont elle use, et elle manque rarement son effet. […] C’est de sa conscience seule qu’il relève. […] Le nom seul de son personnage nous en avertit d’avance. […] Le poète seul est représenté d’après nature.

90. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Le seul auteur de ce siècle, que notre cerveau puisse absorber sans fatigue, est Alexandre Dumas. […] Un seul Prince n’est pas ruiné c’est Piombino. […] Dacier et à lui seul en quelque sorte qu’il faudrait s’adresser. […] C’est le seul qu’il coure dans la pièce. […] Elle plaisante ses frères au sujet sur lequel elle doit, seule, être plaisantée.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Pasquin, seul. […] Un seul exemple suffira pour le prouver ; & je choisis l’Ecole des Femmes de Moliere. […] Parcequ’il est vieux, qu’Agnès est jeune ; & que le mot d’amour, toujours ridicule dans la bouche d’un vieillard, l’est encore davantage quand il s’adresse à une jeune personne : témoin cette tirade qui fait rire aux éclats quand Arnolphe la débite à Agnès, & qui, sans en changer un seul mot, deviendroit attendrissante entre deux jeunes amants. […] Celui au contraire qui promettroit une Duchesse, feroit lui seul courir tout Paris ; & les loges seroient retenues pour vingt représentations un mois avant la premiere. […] Moliere est le seul de nos Poëtes comiques qui ait poussé là-dessus la licence au dernier point.

92. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

On trouvera ici le détail de cette fête, d’après ce qu’en dit Loret dans sa Muse historique, le seul que nous sachions qui en ait parlé avec quelque étendue. […] L’auteur anglais a corrigé le seul défaut qui soit dans la pièce de Molière ; ce défaut est le manque d’intrigue et d’intérêt. […] C’est une pièce de caractère et d’intrigue ; quand il n’aurait fait que ce seul ouvrage, il eût pu passer pour un excellent auteur comique. […] Sganarelle ne profère pas un seul mot, et la pièce finit. […] Mais aussi les connaisseurs admirent avec quelle adresse Molière avait su attacher et plaire pendant cinq actes, par la seule confidence d’Horace au vieillard, et par de simples récits.

93. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

[I] Molière , seul. […] Croyez-vous avoir seuls connu la bienséance ? […] Haute et puissante dame, illustre douairière De vos anciens amants et surtout de Molière, Ayant seule hérité, je ne sais trop pourquoi, Daignerez-vous enfin partager avec moi Ce domaine riant que vous laissez en friche ? […] Ce sentiment seul sans doute a pu faire comparer Dancourt à M.

94. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Riccoboni a raison de mettre les Fâcheux de Moliere au-dessus de toutes les pieces à scenes détachées ; mais il a tort de dire que Moliere a eu seul la hardiesse d’en faire en trois actes. […] Cette piece est totalement dénuée d’intrigue, puisque les divers acteurs arrivent & sortent, sans apporter le moindre changement aux affaires des amants : je ne dis pas à leur situation, parcequ’il n’y en a pas une seule dans la piece entiere. […] Eraste arrive au rendez-vous en pestant contre un fâcheux qui l’a retenu long-temps ; il craint d’avoir manqué l’heure indiquée, lorsqu’il voit Orphise accompagnée d’un inconnu : il la salue ; elle feint de ne pas le voir : il est piqué de cette marque de mépris ; il ordonne à la Montagne, son valet, de suivre l’infidelle ; il se livre seul à ses réflexions jalouses, quand Léandre vient fort mal-à-propos chanter & danser devant lui une courante de sa composition, & sur laquelle il est bien aise de savoir son avis. […] Monsieur, Orphise est seule, & vient de ce côté. […] Le hasard seul conduit presque tous les fâcheux auprès d’Eraste.

95. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Ah fi… dit Armande à sa sœur à ce seul mot de mariage, Ne concevez-vous point, ce que dès qu’on l’entend, Un tel mot à l’esprit offre de dégoûtant, De quelle étrange image on est par lui blessée. […] On aime pour aimer et non pour autre chose ; Ce n’est qu’à l’esprit seul que vont tous les transports, Et l’on ne s’aperçoit jamais qu’on ait un corps. […] La pièce tout entière est le plus fort et le plus ingénieux plaidoyer qui se puisse faire contre l’ignorance et contre la sotte prétention de vouloir, par la contrainte, triompher de doux instincts de la nature, qui réagissent d’autant plus violemment qu’on les comprime davantage, et dont une indulgente prudence peut seule modérer et diriger l’épanouissement. […] Un instant, on peut croire à un mouvement sincère de repentir et de tendresse, quand, à la fin du cinquième acte, elle dit à Alceste, qui seul ne l’accable pas de reproche : Je sais combien je dois vous paraître coupable, Que toute chose dit que j’ai pu vous trahir, Et qu’enfin vous avez sujet de me haïr. […] Pour que Tartuffe, si aveuglé qu’il fut par la passion et par son outrecuidance, pût concevoir la possibilité d’abuser d’Elmire, il fallait qu’elle eût une certaine dose de coquetterie ; d’un autre côté, pour que le spectateur ne pût un seul instant admettre cette possibilité, il fallait que sa vertu apparût si ferme qu’elle fut une garantie de l’insuccès et de la punition de l’imposteur.

96. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [98, p. 142] »

1775, Anecdotes dramatiques, tome III, p. 346 La seule épitaphe digne d’être mise sur le tombeau de cet incomparable comique est celle qui fut faite par La Fontaine. La voici : Sous ce tombeau gisent Plaute* et Térence*, Et cependant le seul Molière y gît.

97. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

Les Aristarques français, et l’opinion qu’ils ont rendue dominante, ne reconnaissent dans la comédie qu’un seul poète classique, Molière. […] Molière a, pour ainsi dire, entassé tous les genres d’avarice sur un seul personnage, et pourtant l’avare qui enfouit un trésor et celui qui prête sur gages ne peuvent guère être le même individu. […] Le répertoire comique serait bien vite épuisé, s’il n’y avait en effet qu’un seul caractère pour chaque passion. […] La seule de ces pièces qui soit restée au théâtre, est Le Menteur, imité de Lope de Vega, et qui, à mon avis, ne prouve aucun talent comique. […] Talma est un homme de génie unique, et il est presque le seul qui fasse exception à tout ce que je dis ici.

98. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Aristophane fut chargé de l’infâme emploi de calomnier Socrate en plein théatre ; & ce peuple qui proscrivoit un juste, par la seule raison qu’il se lassoit de l’entendre appeller juste, courut en foule à ce spectacle. […] Aussi dans le recueil immense de leurs pieces, n’en trouve-t-on pas une seule dont un homme de goût soûtienne la lecture. […] Paris seul ne verra-t-il plus joüer Moliere ? […] Le genre comique François, le seul dont nous traiterons ici, comme étant le plus parfait de tous (voy. […] Sous ce tombeau gisent Plaute & Térence, Et cependant le seul Moliere y gît.

99. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Molière seul, en écrivant, avait le don de s’oublier lui-même, et de prendre, pour ainsi dire, une vie étrangère. […] Il y avait là, dans une seule période de temps et dans un même lieu, de quoi illustrer dix siècles et dix nations. […] Mais enfin la Providence, qui ne m’abandonna jamais d’un seul pas, me secourut à point nommé. […] Le public sait comme moi jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevé : mais ce n’est pas le seul endroit par lequel il nous a fait voir qu’il a su profiter des leçons d’un si grand maître. […] Son mari lui copiait ses rôles ; et c’était la seule personne dont elle pût lire l’écriture.

100. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

C’est qu’en effet, de tous ces actes, il n’y en a qu’un seul qui compte, le premier. […] Il fit plus pour le seul Lulli que pour Corneille, Racine et Molière. […] La Ledoux seule subit cette peine, sa complice s’étant évadée. […] Un fils seul pouvait être capable de cette généreuse imprudence. […] Parmi tous ces Molière, en trouve-t-on un seul qui fut acteur et directeur d’une troupe de comédiens ?

101. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Mais, en son propre et seul nom, « il donnait aux pauvres avec plaisir et ne leur faisait jamais des aumônes ordinaires. » En voici une preuve assez curieuse. […] On l’y trouvait plus souvent en la seule compagnie de sa fille, ou seul et rêvant. […] Confirmant ce que dit Chappuzeau, que « les comédiens ne peuvent souffrir entre eux la monarchie, qu’ils ne veulent point de maître particulier et que l’ombre seule leur en fait peur, » tous ses membres se récrient comme un seul homme lorsque Molière exprime la prétention d’être obéi : Le maître ! […] L’on s’étonne aussi de la souplesse dont chacun d’eux fît preuve en incarnant un si grand nombre de rôles et dans plusieurs emplois, car on ne se cantonnait pas alors dans un seul ; on n’était même pas l’homme d’un seul genre, et l’on passait aisément de la comédie à la tragédie. […] Je me reprocherois d’avoir négligé de leur donner du pain un seul jour, le pouvant faire absolument. » Sa dernière heure d’activité fut pour son art.

102. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Molière, seul des nôtres, a sa statue. […] C’eût été pour lui, homme d’âge, le seul moyen de se faire aimer. […] La Fontaine seul a manié le vers libre avec cette science et cette grâce. […] Vous avez tous présente à l’esprit la seconde scène du troisième acte où Tartuffe se voit pour la première fois seul à seul avec elle. […] Elle empêche qu’on entende un seul mot du discours de M. 

103. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Par cela seul qu’elles en détournaient leur attention, elles en éloignaient les esprits bien faits, comme aujourd’hui le dégoût du public pour les abominables farces, qu’on appelle le théâtre moderne, en amène sensiblement la chute et l’oubli. […] Les amphigouris, les métaphores recherchées, les locutions alambiquées, leur étaient antipathiques, par cela seul qu’elles étaient femmes de la cour. […] L’attention, l’étude, l’admiration sont réservées pour une seule personne.

104. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Dans les Fâcheux se rencontre la seule saillie, je crois, qui soit sortie de sa plume. […] Cette passion accidentelle dirige alors seule la pensée, l’imagination, les désirs, la volonté. […] Surprise en faute par son époux, cette personne n’éprouve qu’un seul regret, celui d’encourir une punition. […] En se disant chacune avec aigreur de dures vérités, loin d’y être sensibles et d’en tirer profit, elles ne font que s’irriter mutuellement, et, en fin de compte, chacune persiste à se croire seule sage et seule raisonnable. […] Nous venons de voir Belise rapporter à elle seule tous les actes des jeunes gens qu’elle rencontre.

105. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Ils font en effet les petits Seigneurs ; mais si l’on veut mettre sur la scene leurs travers, leurs ridicules, leurs folles dépenses, leurs prétentions, on refera le Bourgeois Gentilhomme, au seul titre près. […] Dupuis, seul. […] Le Défiant a beau se défier de cent personnes, s’il fait part de ses secrets à une seule, le caractere est manqué. […] Il dit tout bas à son amante que tout est disposé pour l’enlever ; il l’instruit des moyens auxquels elle doit se prêter ; il ajoute que si elle y consent, elle ne répondra pas un seul mot. […] Je lui abandonnai donc toutes mes flatteuses espérances sur cette Piece, & il la fit tout seul de la maniere heureuse que je viens de la faire réimprimer.

106. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Pour moi, monsieur, je n’ai point étudié comme vous, Dieu merci, et personne ne sauroit se vanter de m’avoir jamais rien appris ; mais avec mon petit sens mon petit jugement, je vois les choses mieux que tous les livres, et je comprends fort bien que ce monde que nous voyons n’est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuit. […] Vous voilà, vous, par exemple, vous êtes là : est-ce que vous vous êtes fait tout seul, et n’a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire ? […] La sanction de la morale de Molière est dans le sentiment de joie et de dignité qu’inspire le devoir accompli ; dans l’estime de soi-même et des autres consciencieusement acquise ; dans l’espoir du bonheur pur et sans remords que la vertu seule peut donner ; dans la sérénité d’âme et la tranquillité de cœur que porte en soi le seul honnête homme. […] Mais il faut avouer aussi qu’ils ne sont pas tous capables de le faire d’eux-mêmes, et que la plupart n’ont ni le temps, ni la volonté d’y songer ; que, quand même ils le voudraient, ils sont trop livrés aux passions pour le pouvoir seuls avec efficacité : sans chercher la cause originelle de cette incapacité, on doit constater qu’elle existe. […] La morale indépendante ne peut remplacer le principe de l’ordre providentiel qu’elle méconnaît, ni par conséquent faire respecter des préceptes pratiques qui ne relèvent que d’elle seule.

107. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Ce vieillard... son caractere... ce changement de nom... tout a troublé son ame : il prie son ami de le laisser seul : celui-ci lui recommande ses intérêts. […] « Dois-je au Poëte étranger une seule idée qu’on puisse citer ? […] Alors Mario déclare à son ami qu’il n’ignore plus que l’amour est la seule cause de son chagrin ; qu’il fait de vains efforts pour la cacher, & qu’il lui veut faire connoître à quoi l’amitié peut l’engager en sa faveur. […] Sophie étoit seule ; elle avoit les coudes appuyés sur la table, & la tête penchée sur sa main : son ouvrage étoit tombé à ses pieds. […] Menacé du seul malheur que je redoutois, je ne balançai point.

108. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Moliere, & vous ryez tout seul sur le Théatre. […] : Je sais un Paysan, qu’on appelloit Gros-Pierre, Qui n’ayant pour tout bien qu’un seul quartier de terre. […] Despréaux m’a dit, (c’est M. de Monchenay qui parle) que lisant à Moliere sa Satyre, qui commence par : D’où vient, cher le Vayer que l’homme le moins sage Croit toujours seul avoir la raison en partage, Et qu’il n’est point de fou qui pour bonnes raisons Ne loge son voisin aux petites-Maisons. […] Je vous vis derniérement, lui dit Racine, à la piece de Moliere, & vous ryez tout seul sur le Théatre. […] Moliere étant pressé par le Roi au sujet de la Comédie des Fâcheux eut recours à Chapelle pour lui faire la Scene de Caritidès, que Moliere trouva si froide qu’il n’en conserva pas un seul mot ; & fit de son chef cette belle Scene que nous admirons dans le Fâcheux.

109. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

Le caractère de don Garcie, ou du jaloux, est le seul digne d’être étudié. La scène de la lettre, la cinquième du premier acte ; celle du billet déchiré, la cinquième du deuxième acte ; la huitième du quatrième acte, superbe depuis le commencement jusqu’à la fin, et modèle des scènes de jalousie : voilà les seules beautés de la pièce. […] Le prologue de Lysiscas endormi, que l’on réveille, et qui se rendort toujours en parlant, me paraît la scène la plus plaisante de là pièce ; la première scène du quatrième acte, dans laquelle Euriale et la princesse se trompent tous les deux par amour, et veulent se persuader qu’ils sont insensibles, est la seule jolie de la pièce. […] La cinquième du premier acte, où Sbrigani prend le parti de Pourceaugnac ; la suivante, ou Éraste lui persuade qu’il connaît Limoges et toute sa famille ; la onzième, où Pourceaugnac est entre les deux médecins et ne sait ce qu’ils lui veulent : voilà, ce me semble, les seules beautés de cette pièce. […] La scène première du quatrième acte, où Lucile -demande au chevalier des vers pour répondre à son amant, tandis que le chevalier croit que c’est pour répondre à lui-même, est la seule jolie de la pièce.

110. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Quel coup de maître, que de montrer la vertu dans cette épreuve où elle seule peut passer intacte ! […] Qu’elle apporte, par ses charmes et son esprit, cet élément de grâce et d’agrément que l’homme tout seul ne peut mettre dans la vie commune380. […] Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé ! […] Quel mérite n’est-ce point que d’avoir seul, sans modèle ancien ni exemple contemporain, su voir et dépeindre avec tant de finesse.et d’énergie ce que doit être la femme : pure, simple, franche, douce, naturelle gracieuse !

111. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Une fois que nous aurons trouvé un sujet susceptible de comique & de morale, ne perdons jamais ce double but de vue, afin de ne pas imaginer une seule scene, de ne pas arranger une seule situation, de ne pas introduire un seul personnage qui puisse nous en écarter. […] Je doute fort qu’un seul de nos fainéants à livrée, après avoir vu jouer l’Andrienne, soit tenté de mériter les coups de fouet dont on régale Dave. […] De tous les sujets traités au théâtre, il n’en est pas un seul qui dût naturellement fournir plus de morale. […] Allons courir les champs pour remplir notre sort, Et le laissons tout seul exhaler son transport. […] C’est être damné dès ce monde que d’avoir à plaider ; & la seule pensée d’un procès seroit capable de me faire fuir jusqu’aux Indes.

112. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

J’appelle une surprise muette celle qu’un personnage ressent si vivement qu’il ne peut l’exprimer par un seul mot. […] J’entends, comme tout le monde, par surprise de pensée ou d’idée, celle qu’une seule pensée d’un des interlocuteurs occasionne. […] George Dandin en fourmille : nous en rapporterons une seule. […] Pour être bien bonnes, il faut qu’elles arrivent dans un moment de crise, & que le personnage qui paroît subitement cause le plus grand embarras par sa présence seule, & sans avoir besoin de parler.

113. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

L’appréhension de lui déplaire était la seule chose que craignait l’armée romaine ; jamais les soldats ne méprisèrent autant l’ennemi et ne redoutèrent si fort leurs chefs ; jamais ne furent tous ensemble si ders et si dociles, ne se débordèrent avec tant d’impétuosité à la campagne, et ne reprirent leur place dans le camp avec moins d’apparence d’en être sortis. […] Il croit que ce mot, chez les Romains, s’entendait principalement de la science de la conversation et du don de plaire en bonne compagnie ; que les Grecs ont abusé de cette connaissance, et que les seuls Romains, même en Italie, en ont connu le vrai et le légitime usage. […] Les grâces parurent encore sous les empereurs, mais elles parurent seules, car la majesté des paroles se perdit avec la liberté. » L’auteur rapporte les paroles de Cassius à Brutus avant les ides de mars : « Ces paroles, madame, sont les dernières que prononça la république avant de rendre l’âme… C’était le caractère de l’esprit de Rome, citait la langue naturelle de la majesté. » L’auteur finit par des observations sur les monuments qui restent de la conversation et des mœurs privées des Romains ; il exprime ses regrets sur leur rareté. […] Mais dans une monarchie ancienne dont rien ne menaçait l’existence, où les affaires publiques étaient gouvernées par un pouvoir héréditaire, où une grande fortune donnait de longs loisirs, où des études suivies étaient le plus sûr moyen d’éviter les ennuis du désœuvrement, où la culture de l’esprit pouvait seule assurer des jouissances à l’âge mûr et à la vieillesse, les études de la marquise de Rambouillet étaient éminemment raisonnables.

114. (1871) Molière

» Or, nous autres, à l’exemple d’Arlequin, nous dirions volontiers : « Si toutes les comédies n’étaient qu’une seule et grande comédie, ah ! […] Et puisque enfin tous les poètes comiques, à commencer par Aristophane et Plaute, avec les débris de Ménandre, et les élégances de Térence, à finir par le dernier faiseur de vaudeville, ne sont qu’un seul et même comédien nommé Molière, ah ! […] Il était le seul qui fût offensé de ces splendeurs ; il ôtait le seul qui fût jaloux du surintendant Fouquet et de sa fortune ; et, pendant que les seigneurs de la consentaient à pleines mains l’or prodigieux que leur hôte magnifique avait jeté sur leur toilette, le roi, imposant silence à sa haine, contemplait un portrait de La Vallière suspendu à ces murailles insolentes ; même on contera qu’il avait résolu de faire arrêter le surintendant le même jour, sur sa terre, et dans son propre château. […] On a dit que Molière aimait à consulter sa servante Laforest, et qu’il lui lisait ses ouvrages, honneur qu’il fit une seule fois à mademoiselle de Lenclos. […] Incontestablement, il était le premier, il était seul ; on le pouvait atteindre et blesser dans la personne de sa jeune femme, un vrai mystère, un labyrinthe où tout manque, on ne pouvait plus débattre ou nier la majesté du génie.

115. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Notre amateur n’a vu Préville qu’une seule fois. […] Elle reste seule, seule et pauvre, et la voilà bien étonnée de ne plus avoir un petit coin de terre à habiter, elle à qui autrefois appartenaient en propre, de si beaux domaines dans le pays des Climènes. […] » et à lui seul il tenait tout le spectacle avec un bruit, un enthousiasme, une fête ! […] Toi seul tu peux calmer cet esprit agité, De ce nuage épais, toi seul es la clarté ! […] Le seul louis d’or dont il soit parlé dans toute la comédie, Don Juan le donne à un pauvre qui passe ; il n’y a qu’un seul homme dont ce brillant Juan accepterait ou même volerait la fortune, et cet homme c’est son propre père ; l’argent de sa maison, est le seul argent qu’il peut dépenser sans rougir !

116. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

L’or semble une faveur lorsqu’un seul le dispense ; Donné par tous, est-il plus juste récompense ? […] Dresse ton monument près du funèbre lieu Où deux modestes sœurs, deux servantes de Dieu, Seules, la nuit, témoins de ton heure dernière, À ta voix expirante unirent leur prière, Quand des jeux de la scène au drame du trépas Tu passais tout d’un coup, et devais faire, hélas ! […] La source du comique est loin d’être tarie ; Le fonds n’en change pas, l’aspect seul en varie.

117. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Agathon, Aristophane et Socrate étaient seuls éveillés, et buvaient tour à tour, de gauche à droite, dans une large coupe. […] La gaieté, voilà le signe, le seul signe où se marque la franche comédie. […] Il y a des cas où la gaieté comique serait tout à fait déplacée, et où le ridicule doit paraître seul dans sa franchise et sa simplicité toute nue ; mais il va sans dire que cette exception ne s’applique jamais aux pièces de théâtre. […] Sans jamais tendre notre esprit par aucun effort d’attention soutenue, sans nous attacher même par aucun intérêt sérieux, son théâtre nous retient par les seuls attraits d’une poésie et d’une gaieté toujours épanouies. […] Le répertoire comique serait bientôt épuisé, s’il n’y avait qu’un seul caractère pour chaque passion.

118. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

(Se croyant seul.) […] (Se croyant seul.) […] Ce seul mot dénoue la scene, puisqu’il ne laisse plus rien à espérer pour Valere de ce côté. […] Je le répete, la situation des personnages doit seule étendre ou resserrer l’intrigue de leur scene. […] S’il eût manqué de donner des ordres à un seul des personnages qu’il a conduits devant nous, ce seroit un défaut dans la piece.

119. (1910) Rousseau contre Molière

C’est cela seul qui l’irrite. […] Remarquez en effet que le seul personnage sympathique de la pièce est Camille. […] Trois enfants d’un seul père en un jour fauchés par la guerre. […] Pas une seule fois Dorante ne dit à Lysidas : « Eh ! […] Un seul mot d’elles suffit pour déconcerter la science toute neuve de M. 

120. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

On en peut d’ailleurs juger par un seul détail de l’inventaire qui fut dressé lors du décès de la mère de Molière  : la seule prisée des « bagues, joyaux et vaisselle d’argent » n’y monte pas à moins de deux mille et quelque trois cents livres, qui feraient environ 12 000 ou 15 000 francs d’aujourd’hui. […] Voilà, nous dit-on, d’où Molière a tiré ce nom d’Escarbagnas qu’un seul petit acte a depuis immortalisé. […] Enfin l’on trouve chez Molière un accent d’expérience personnelle qui, à lui seul, suffirait à le distinguer des poètes comiques de son temps. […] Un seul mot d’elle, suffit pour déconcerter la science toute neuve de M. […] Biographie : famille, éducation, voyage, apprentissage, Molière étant le seul de nos grands écrivains qui ait « vu du pays ».

121. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Oui, vous avez bien fait de quitter une place Où l’on vous caressoit pour la seule grimace ; Et mille fois, sachant tout ce qui se passoit, J’ai plaint le faux espoir dont on vous repaissoit. […] La pauvre infortunée aime avec violence ; A moi seul de ses feux elle fait confidence, Et je vois dans son cœur des tendres mouvements A dompter la fierté des plus durs sentiments. […] Le précis seul de ces scenes suffit pour en faire connoître la beauté, la force, la variété du comique. […] Celle, par exemple, où Marinette & Gros René parodient le dépit & le raccommodement de leurs maîtres ; celle où le pédant, entraîné par la fureur de babiller, parle un quart d’heure tout seul pour déclamer contre le sort qui ne lui permet pas d’ouvrir la bouche, de desserrer les dents ; celle où Valere, cherchant à découvrir si Mascarille a révélé ses secrets à son pere, lui dit qu’il voudroit connoître l’honnête homme qui lui a rendu ce service, pour l’en récompenser ; celle encore où les vieillards, instruits du véritable sexe d’Ascagne, disent à Valere qu’il ne connoît pas la valeur d’un pareil adversaire, & feignent de trembler pour lui dans le combat singulier qu’ils doivent faire ensemble pour vuider leurs différends ; plusieurs autres enfin qu’il seroit trop long de rapporter.

122. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

L’on s’accoutume à croire insensiblement que l’intérêt de l’amour est le seul qui doive regner dans une comédie, & qui puisse attacher vivement le spectateur. […] Les ris de la populace nous apprennent que M. de Pourceaugnac est un grotesque personnage : il ne nous fait pas languir ; il paroît, & sa figure seule nous intéresse en faveur de son rival. […] Oronte & Pourceaugnac restent seuls sur la scene. […] Sbrigani seul, nous dit qu’il a tout conduit ; & crainte que l’intérêt ne s’endorme chez nous, que nous ne cessions d’être intrigués, il nous annonce qu’il veut fatiguer le provincial jusqu’au point de le faire déguerpir.

123. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Mais nous faisons une vie qui m’ôte toute espérance de pouvoir vous donner un rendez-vous sûr, car madame rie Montespan sort depuis le matin jusqu’au soir, et n’a gardé la chambre qu’un seul jour, et je n’en fus pas avertie. […] Je ne reçois de lettres que d’un seul homme, et si l’on continue, on me persuadera qu’il ne faut faire fond que sur des gens dont l’amitié est plus vive que vous ne le voulez. »Ce seul homme dont elle reçoit des nouvelles, et dont l’amitié est plus vive qu’elle ne voudrait, est évidemment le roi. […] La seule différence, c’est qu’on joue dans ces grands appartements que vous connaissez. »(Cette différence était fort grande pour les relations d’intimité.) […] Le 27 octobre, elle écrivait, de Bagnères, à l’abbé Gobelin : « Ces agitations (elle parle de celles que lui causait la santé du duc du Maine) ne sont pas les seules que je souffre.

124. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Mais comment Tallemant se trouve-t-il seul instruit de cette particularité ? […] Ce dernier seul, dit-on, fut écouté. […] Ce fut, comme l’a dit Chamfort, la seule action blâmable de sa vie. […] Le style d’un seul auteur, Beaumarchais, rappelle parfois celui de cette pièce. […] Enfin, dans cette admirable conception, il n’est pas une seule idée, il n’est pas un seul détail qui ne réponde à la sagesse, à la perfection de l’ensemble.

125. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Le véritable Sosie, presque convaincu à grands coups de bâton de la vérité de ce qu’on lui dit, veut s’en assurer en faisant à l’autre des questions auxquelles lui seul peut répondre. […] L’époux quitte la scene pour chercher des témoins qui assureront qu’il n’a pas abandonné l’armée un seul instant. […] Un seul point l’embarrasse ; il ne sait pas si Madame Alcmene, accoutumée au pain de Junon, ne se dégoûtera point de l’ordinaire. […] Sosie fait à sa lanterne, dans Rotrou comme dans Plaute, un récit très long, très ennuyeux, très bien circonstancié, du combat auquel il n’a pas assisté ; mais la prétendue Alcmene ne l’interrompt point ; Sosie & la suivante d’Alcmene, nommée Céphalie, ne se parlent jamais : ainsi nous pouvons dire que Moliere doit à son génie seul ce qui écarte la monotonie de son sujet & en varie le comique. […] Je vous dis que, croyant n’être qu’un seul Sosie,  Je me suis trouvé deux chez nous, Et que, de ces deux moi, piqués de jalousie, L’un est à la maison & l’autre est avec vous ; Que le moi que voici, chargé de lassitude, A trouvé l’autre moi, frais, gaillard & dispos,  Et n’ayant d’autre inquiétude  Que de battre & casser les os.

126. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Mais je dis qu’une telle idée n’est qu’une chimère, et bien loin d’accorder que nous puissions avoir la notion d’un comique plus parfait que celui de Molière, de Shakespeare et d’Aristophane, je soutiens que nous n’avons pas même l’intuition de l’idéal d’une seule de leurs comédies. […] Elle ouvre librement, largement, sans réserve, son esprit aux impressions du comique, son âme à celles de la beauté… La toile tombe ; elle s’est parfaitement divertie, sans se demander une seule fois si elle avait raison, et si l’Esthétique de M.  […] Bien plus, qu’un seul bon juge loue ce qu’elle condamne, elle ne croira pas avoir raison contre lui. […] Et quand on pense qu’il y aurait moyen d’effacer cette contradiction, de les effacer toutes, par urne phrase, une seule petite phrase ! […] Non, Dorante ; pas même Racine ; Corneille seul.

127. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Les François dédaignerent pendant long-temps les pieces Espagnoles, par la raison seule qu’elles n’ont que trois actes ou trois journées ; comme s’il n’étoit pas permis à un Auteur de partager son poëme en autant de parties qu’il juge à propos, & si le plaisir du public devoit être plus ou moins vif selon le nombre de ces mêmes parties. […] Long-temps avant les Précieuses ridicules, Scarron avoit fait une petite comédie intitulée les Boutades du Capitan Matamore en vers de huit syllabes, sur la seule rime ment, dont nous avons déja parlé. […] Cette nouveauté lui fera des ennemis, sur-tout si elle réussit ; mais il aura pour lui toutes les personnes éclairées & sensées, ces personnes qui savent que si le génie doit se soumettre aux entraves de la raison & de la vraisemblance, c’est à lui de franchir celles que l’usage seul voudroit lui donner : elles ne sont pas faites pour lui. […] Frontin, seul.

128. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Si nous n’avons pas le bonheur de rencontrer un caractere commun à toutes les nations, prenons un caractere propre à une nation seule. […] La Dame, en qualité de femme, pousse contre lui la haine au dernier point : aussi Nérine, sa suivante, lui dit-elle, pour lui faire sa cour : Oui, oui, la haine seule est digne d’un grand cœur ; Aussi bien que l’amour, la haine a sa douceur. […] La seule consolation de la Marquise est de tourner en haine l’amour qu’elle ressentoit pour Dorante. […] Moliere, loin de bâtir l’intrigue d’une seule de ses pieces sur le vice ou le ridicule attribué à quelques-unes de nos provinces, n’a seulement pas daigné en faire des scenes détachées.

129. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Jamais, non, jamais, vous ne l’avez vue, vous qui l’avez bien vue, plus correcte, plus ingénieuse et plus franchement aimable ; ainsi, toute seule, elle se défend à outrance ; elle comprend qu’elle va succomber, mais elle succombera, comme le gladiateur, dans toute l’énergie de la victoire ; seulement, en tombant dans cette noble arène, illustrée par elle, elle pourra dire, elle aussi, son : —  Reminiscitur Argos ! […] Dans ce beau drame de la coquetterie aux prises avec l’honneur d’un galant homme, Célimène est seule, sans autre défense que son esprit, sans autre protection que sa beauté. […] Dans ce grand xviie  siècle, où tout était à sa place, les hommes et les choses, comment se fait-il qu’Alceste seul ne soit pas à la sienne ? […] — À elle seule, cette femme, et grâce à cet instinct merveilleux qui ne l’a jamais trompée, elle a été renseignement universel de ce temps-ci ; elle a remplacé cette vieille société française que la révolution avait emportée dans un pan de sa robe sanglante ; elle a retrouvé l’élégance, la politesse, le bon goût, l’ajustement ; que dis-je ?

130. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Du choix des Caracteres. » pp. 261-262

Caracteres nationaux ou propres à une seule nation. […] Caracteres pris chez les hommes d’un seul état.

131. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Le vrai génie comique que Molière seul peut-être a possédé dans la perfection, c’est-à-dire le don de réaliser dans des types individuels les traits généraux de la nature humaine, est essentiellement impersonnel : il se détache de ce moi tyrannique, si difficile à soumettre, pour vivre de la vie d’autrui et pour la reproduire. […] Le temps seul a dissipé cette illusion, et montré clairement que la fable telle que l’a faite La Fontaine est véritablement une des plus heureuses créations de l’esprit humain. […] Homère est le seul poète qui possède cette vertu au même degré. La Fontaine a réellement sous les yeux ce qu’il raconte, et son récit est une peinture ; son âme, doucement émue du spectacle dont elle jouit seule d’abord, le reproduit en images sensibles. […] Avons-nous chez nos poètes les plus soutenus de plus beaux vers que ceux-ci : Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout, et rien qu’avec dessein, Qui les sait que lui seul ?

132. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Moliere a fait encore voir dans cette comédie l’art avec lequel il savoit prendre l’esprit de plusieurs ouvrages pour en composer un seul. […] Le jaloux prend là-dessus des mesures qu’il croit infaillibles ; mais la jeune & simple Agnès, instruite par l’amour seul, les rend toutes inutiles. […] Le seul Maître Raimon attendoit cependant s’il ne sortiroit point quelqu’un, mais il ne put rien voir sortir sinon la fumée & le feu ardent qui brûloit la maison. […] Un berger en a cent : des hommes ne sauront   Garder la seule qu’ils auront ! […] La noce finit de bonne heure, & les nouveaux mariés demeurerent seuls.

133. (1819) Deux pièces inédites de J.-B. P. Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] pp. 1-4

Molière [La Jalousie du Barbouillé, Le Médecin volant] Toutes les personnes un peu versées dans la littérature du théâtre savent que Molière, dans sa jeunesse, et lorsqu’il parcourait la province en jouant la comédie, a composé plusieurs farces dont les titres seuls étaient connus jusqu’ici. […] Cette circonstance suffirait seule pour donner du prix aux deux ouvrages.

134. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Dès qu’il est seul avec son valet, don Juan s’abandonne en liberté à toutes ses débauches de cœur et d’esprit. […] Le Don Juan de Thomas Corneille est le seul qui ait le privilège d’être joué depuis. […] Voilà, du reste, le seul emprunt que l’auteur se soit permis dans ce chef-d’œuvre qui lui appartient ainsi qu’aux mœurs françaises. […] Elmire, en effet, est souvent muette, et ses traits parlent seuls. […] La ville seule riait de ses naïfs et spirituels tableaux.

135. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Belton, seul, peint l’amour que sa compagne la jeune Belti a pour lui, les preuves qu’il en a, le bonheur dont il a joui avec elle ; mais Arabelle rétablira sa fortune : il espere que Belti excusera cet hymen quand elle connoîtra les mœurs & les usages du pays qu’elle habite. […] Hassan, seul, se rappelle ses malheurs passés ; il en goûte mieux son bonheur présent : il y a deux ans qu’il étoit esclave chez les Chrétiens à Marseille ; il jouit présentement chez lui de la liberté & de la compagnie d’une épouse qu’il aime : il n’en a qu’une, tandis que ses voisins en ont plusieurs, il ne sait pas pourquoi faire : il ne gêne pas la sienne ; on lui a dit en France que cela portoit malheur. […] Hassan, seul avec son ami, se livre à la joie : mais Dornal ne peut la partager ; il regrette sa chere Amélie : elle est si belle ; il craint qu’on ne l’ait achetée pour quelque Pacha. […] Cependant étant demeuré seul, sa générosité naturelle le sollicita à faire quelque chose de plus pour la consolation de cet Etranger. […] Un seul coup d’œil lui fit connoître dans cet esclave son libérateur de Ligourne.

136. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Les Italiens ont quantité de scenes dans lesquelles Arlequin, prenant tour-à-tour plusieurs voix, joue lui seul plusieurs personnages. […] Figurez-vous un rejetton de ce fameux arbre coco, qui seul fournit un pays entier de choses nécessaires à la vie. […] Ma foi, je m’en entretenois aussi moi tout seul ; & même, à force d’y penser, je crois avoir trouvé un remede. […] Il est bien plus plaisant dans Moliere de voir ces contradictions dans un seul homme qu’un fourbe ballotte à son gré. […] D’ailleurs l’intrigant a bien plus de peine pour arracher une somme considérable à un seul avare qu’à deux qui se cotisent.

137. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Ce ridicule n’eût pas été sensible dans un rang trop bas ; pour faire effet sur la scène comique, il fallait que sur le choix du personnage, il y eut assez de distance entre l’état dont il veut sortir et celui auquel il aspire, pour que le seul contraste des manières propres à ces deux états peignît sensiblement, dans un seul point et dans un même sujet, l’excès du ridicule général qu’on voulait corriger. […] « Le lieu destiné pour la représentation, et pour les spectateurs de cet assemblage de tant de magnifiques divertissements, est une salle faite exprès pour les plus grandes fêtes, et qui seule peut passer pour un très superbe spectacle. […] La seule Henriette se sauve de la contagion, et devient plus chère à son père, qui voit le mal avec peine, sans avoir la force d’y remédier. […] Je ne parle point du caractère d’un père qui veut faire croire à un chacun qu’il est le maître de sa maison, qui se fait fort de tout quand il est seul, et qui cède tout dès que sa femme paraît. […] « On pourrait répondre à ce grand critique que Molière n’a point allié Térence avec Tabarin dans ses vraies comédies, où il surpasse Térence ; que s’il a déféré au goût du peuple, c’est dans ses farces, dont le seul titre annonce du bas comique, et que ce bas comique était nécessaire pour son théâtre.

138. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

La mort seule ici bas, en terminant sa vie, Peut calmer sur son nom l’injustice et l’envie, Faire au poids du droit sens peser tous ses écrits, Et donner à ses vers leur légitime prix. […] Toi donc, qui t’élevant sur la Scène Tragique Suis les pas de Sophocle, et seul de tant d’Esprits De Corneille vieilli sais consoler Paris, Cesse de t’étonner, si l’Envie animée Attachant à ton nom sa rouille envenimée, La calomnie en main, quelquefois te poursuit. […] J’aime sur le Théâtre un agréable Auteur Qui, sans se diffamer aux yeux du Spectateur, Plaît par la raison seule, et jamais ne la choque.

139. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

En est-il un seul parmi nos contemporains qui échangeât volontiers sa gloire contre leur existence ? En est-il un seul capable de ces résignations et de cette ténacité ? […] Quant à Molière, en sa qualité de directeur, il avait un cheval pour lui seul. […] Sa seule faute est d’être né dupe comme tant d’autres naissent fripons. […] — Mais la haine littéraire ne dicte pas seule à Le Boulanger de Chalussay ses odieuses attaques.

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