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115. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Nous ne l’accuserons donc point d’avoir été un de ces prétendus philosophes dont on ne voit que trop de modeles dangereux, un de ces humains isolés sur la terre, qui, regardant la vertu comme quelque chose d’imaginaire, pensent que l’homme peut sacrifier à son intérêt, honneur, réputation, bienséances, & doit toujours satisfaire ses desirs, n’importe par quelle voie : mais nous pouvons, du moins, assurer que ses ouvrages sont pleins de cet esprit ; ils respirent une morale empoisonnée. […] Sa femme a trouvé le portrait à terre ; elle n’a fait entrer un instant Lélie dans sa maison, que parcequ’il se trouvoit mal : Lélie enfin ne l’a félicité sur son bonheur, & ne lui a parlé de son amour, que parcequ’il l’a cru l’époux de Célie qu’il adore ; & le mari détrompé s’écrie : A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi ?

116. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Ses fermes, ses chevaux, et sa chasse et ses chiens, Ses terres, ses maisons, font tous ses entretiens ; Le nom de citoyen est chez lui hors d’usage. […] Les voyageurs le trouveront quelque jour chez des peuplades inconnues, aux extrémités de la terre, et verront avec surprise Les Précieuses ridicules ou Les Fourberies de Scapin représentées par des acteurs tatoués devant un parterre de Polynésiens peu vêtus. […] Une paysanne travaillait dans les champs, elle couvrit de la rotondité de ses jupes l’objet tombé à terre. […] Le mois suivant, le surintendant Fouquet donna dans sa magnifique terre de Vaux ces fêtes fameuses qui précédèrent de si peu de jours sa chute, et qui, dit-on, la précipitèrent. […] Pour mettre fin à cette guerre, Il fut obligé de quitter Le soin du reste de la terre.

117. (1910) Rousseau contre Molière

Tantôt George Dandin se plaint de son infortune à ses beau-père et belle-mère, et à Angélique elle-même, et à toute la terre ; tantôt il reconnaît, déclare et proclame qu’elle est naturelle, méritée et qu’il n’y a rien à dire : « Tu l’as voulu, George Dandin Ah ! […] Mon nom qu’incessamment toute la terre adore Etouffe ici les bruits qui pouvaient éclater. […] Molière pourrait seulement répondre qu’on lui en demande plus qu’il ne faut ; peut-être aussi que, par certaines exagérations, on ramène les auteurs à un degré assez bas et qu’à force de n’être pas satisfait des plus hautes cimes où ils s’élèvent, non seulement on les décourage de s’y hausser, mais on les encourage à rester très terre à terre. […] De quoi se mêle-t-il d’être vertueux et de vouloir ramener la vertu sur la terre ? […] Leur dignité est d’être ignorées, leur gloire est dans l’estime de leur mari… Toute fille lettrée restera fille toute sa vie, quand il n’y aura que des hommes sensés sur la terre.

118. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Sous leur nom véritable ils ne s’illustrent gueres ; Et, parmi ces Messieurs, c’est l’usage commun De prendre un nom de terre, ou de s’en forger un.

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. M. SAURIN. » pp. 333-353

Son projet est de racheter une terre vendue presque pour rien, & d’aller s’y occuper du bonheur de sa femme & de l’éducation de son fils.

120. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Quand don Juan fait sa belle tirade contre le mariage et le faux honneur d’être fidèle, quand il demande à Sganarelle, ébloui par son éloquence sophistique, ce qu’il a à dire là-dessus, le timide bon sens de Sganarelle répond : « Ma foi, j’ai à dire… Je ne sais que dire : car vous tournez les choses d’une manière qu’il semble que vous avez raison, et cependant il est vrai que vous ne l’avez pas… Je suis tant soit peu scandalisé de vous voir tous les mois vous marier comme vous faites, et vous jouer ainsi d’un mystère sacré502… » Et quand Sganarelle n’est pas bridé par la crainte, il ne se gêne pas pour appeler cet épouseur à toutes mains « le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un diable, un turc, un hérétique, qui ne croit ni ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou503 ; qui passe cette vie en véritable bête brute ; un pourceau d’Épicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l’oreille à toutes les remontrances chrétiennes qu’on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons504. » Qui ne rit encore, en repensant au refrain terrible qui met en fuite le pauvre Pourceaugnac : La polygamie est un cas, Est un cas pendable505 ?

121. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Un érudit qui a suppléé le dénouement perdu de la pièce de Plaute, fait précisément prendre à Euclion ce parti-là que ne prendra jamais un véritable avare ; et Plaute lui-même semblerait avoir senti que son personnage est, si j’ose parler ainsi, avare par accident plutôt que par nature, puisque, pouvant appeler sa pièce, Avarus, de même qu’il a nommé Pseudolus et Miles gloriosus, deux autres comédies, dont l’une est le portrait du trompeur et l’autre celui du soldat fanfaron, il a mieux aimé l’intituler simplement Aulularia, du nom du petit pot de terre dans lequel le trésor s’était trouvé renfermé. […] L’art chimérique, qui prétend lire nos destinées dans les aspects et dans les positions des corps célestes, remonte à la plus haute antiquité ; et c’est surtout parmi les puissants de la terre, que les promesses ou les menaces de cet art ont trouvé des esprits disposés à y croire.

122. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Sans doute il était très flatteur pour elle que Mgr de Bagni, nonce du Pape, « honorât » l’assemblée du jeudi de sa présence; que Mgr le prince de Conti, voulant « établir par toutes ses terres un bon ordre, »fit prier la Compagnie de lui procurer, par des gens à elle, « des mémoires assurés sur tout ce qui se passait » dans ses domaines; et qu’à la suite de cette enquête officieuse, le prince émerveillé souhaitât d’entrer dans une société dont la dévotion était si bien outillée ; qu’enfin M. le duc d’Orléans lui-même, Gaston, retiré à Blois, put être à peu près considéré comme membre de la Compagnie, tant « il en avait tout l’esprit... » L’estime de ces grands personnages n’allait pas sans grands inconvéniens, car toutes leurs démarches étaient signalées à la police, riche en espions, de Mazarin. […] >» Et c’était encore Saint-Cyran qui, par une conséquence logique de ces principes d’abstention, tenait à saint Vincent de Paul des propos qui le scandalisaient : à savoir, par exemple, « que le dessein de Dieu était de ruiner l’Eglise présente, » de sorte « que ceux qui s’employaient pour la soutenir le faisaient contre le dessein divin. » Il se raillait de ces gens de bien empressés, « pareils aux Pharisiens, » tourmentés d’un zèle si ardent qu’ils « couraient la terre et la mer pour faire un prosélyte, » et qui n’en étaient pas moins « très aveugles et très corrompus. » Dans des épigrammes de ce genre, la Compagnie du Saint-Sacrement pouvait bien, dès 1612, voir sa condamnation.

123. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Au temps des premières croisades, des pèlerins, revenus de la terre sainte, allaient en tous lieux représentant les faits de la Bible ou de la Légende. […] Il est de vastes réservoirs qui, recueillant toutes les eaux du ciel et de la terre, les répandent au loin dans les contrées qu’ils dominent. […] Je me figure, moi, que Dieu, dans sa bonté, voulant donner au genre humain le plaisir de la comédie, un des plus doux qu’il puisse goûter, créa Molière, et le laissa tomber sur terre, en lui disant : Homme, va peindre, amuser et, si tu peux, corriger tes semblables. […] On a prétendu que, sur ce refus d’inhumer Molière, Louis XIV avait demandé jusqu’à quelle profondeur la terre était sainte. […] « Comme il passait dans la rue Montmartre, dit Grimarest, on demanda à une femme qui était celui qu’on portait en terre.

124. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

De la plupart des gens c’est la démangeaison ; Et, sans vous embrasser dans la comparaison, Je sais un paysan, qu’on appelait Gros-Pierre, Qui, n’ayant pour tout bien qu’un seul quartier de terre, Y fit tout à l’entour faire un fossé bourbeux Et de Monsieur de L’Île en prit le nom pompeux. […] Tome II, p. 110 M. de la Motte104 disait que le Roman de Psyché par la Fontaine, est un sujet propre à produire un Spectacle magnifique, où la Terre, les Cieux et les Enfers peuvent offrir ce qu’ils ont de plus varié, et que ce sujet eût pu seul lui faire inventer l’Opéra. […] Tome III, p. 344 Molière étant mort, les Comédiens se disposaient à lui faire un Convoi magnifique : mais M. de Harlai, Archevêque de Paris, ne voulut pas permettre qu’on l’inhumât en terre sainte. […] Loin de chercher à se relever, il eut la présence d’esprit de continuer son rôle par terre, comme un homme affaissé sous le poids de la douleur et du désespoir.

125. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

O le plus heureux de tous les hommes qui sont sur la terre !

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