Guillaume va frapper à la porte de Patelin, & croit sentir l’oie : il est fort surpris quand Mad. […] Enfin ne voyons-nous pas nos beautés les plus faites pour inspirer & sentir un amour délicat, nos perruques les plus graves, notre jeunesse la plus brillante, mêler les bassesses de la débauche aux sentiments de la plus belle passion ?
Dupuis dit à Desronais qu’il est un étourdi, qu’il n’est pas libre ce jour-là, montre la lettre de la Comtesse : Desronais est anéanti ; Mariane sent la plus vive douleur : Dupuis est enchanté ; mais Mariane, touchée des remords de Desronais, lui pardonne. […] Je ne parlerai pas de l’art avec lequel le Conte est mis en action, puisque nous nous sommes interdit tout éloge ; mais j’ai cité le Galant Escroc exprès pour faire sentir les différentes nuances qu’il doit y avoir entre une Piece destinée au Théâtre public ou à un Théâtre particulier, pour conseiller aux Auteurs d’imiter M.
On ne voulut pas sentir que, dans un-genre de drame destiné à peindre la vie commune, le langage mesuré ne pouvant être une condition essentielle et rigoureuse, puisqu’il établit nécessairement une différence entre l’image et le modèle, il est seulement l’objet d’une espèce de convention ou, si l’on veut, de concession aux avantages de laquelle l’artiste peut renoncer, s’il les remplace par des avantages équivalents ; que, d’ailleurs, le vers, dans nos comédies, n’est autre chose qu’une imitation de l’usage antique, et que toutefois notre vers alexandrin, le même qui sert pour l’épopée et pour la tragédie, est beaucoup moins propre à exprimer la liberté des entretiens familiers, que le système métrique des comiques grecs et latins, système large et presque irrégulier qui leur permettait d’employer des vers de toute espèce et de toute mesure, dont la structure est encore aujourd’hui un sujet de dissentiment parmi les érudits. On ne voulut pas sentir, enfin, que, s’il est des sujets qui gagnent à recevoir les ornements de la versification, il en est d’autres qui doivent y perdre ; que le sujet de L’Avare pouvait bien être de cette dernière espèce, et que probablement le même lançage qui embellit les nobles boutades d’Alceste, ne ferait que gêner, affaiblir, altérer les saillies plus populaires d’Harpagon1. […] Un érudit qui a suppléé le dénouement perdu de la pièce de Plaute, fait précisément prendre à Euclion ce parti-là que ne prendra jamais un véritable avare ; et Plaute lui-même semblerait avoir senti que son personnage est, si j’ose parler ainsi, avare par accident plutôt que par nature, puisque, pouvant appeler sa pièce, Avarus, de même qu’il a nommé Pseudolus et Miles gloriosus, deux autres comédies, dont l’une est le portrait du trompeur et l’autre celui du soldat fanfaron, il a mieux aimé l’intituler simplement Aulularia, du nom du petit pot de terre dans lequel le trésor s’était trouvé renfermé.
Emprunté au théâtre italien, qui lui-même puisait en partie ses sujets dans le théâtre antique, L’Étourdi se sent de cette double origine.
Frontin le sent, fait sentinelle au bout de la coulisse, & dit au Chevalier de ne paroître qu’après la sortie du Capitaine.
On sent bien le reproche, il est à bout portant.
J’avoue que ce raisonnement prononcé avec vivacité, appuyé sur-tout d’un air leste & décidé, est éblouissant, & qu’il peut jetter de la poudre aux yeux ; peut-être a-t-il déja séduit quelqu’un de mes lecteurs : mais il ne lui faudra pas beaucoup de réflexion pour sentir que lorsqu’un peintre se borne à changer seulement le vernis d’un tableau, il ne fait pas un ouvrage bien estimable.
Il falloit avoir d’aussi bons yeux que Moliere pour l’appercevoir, & sur-tout autant de génie qu’il en avoit, pour sentir ce que l’idée mieux développée, étendue & dégagée de tout fatras, pourroit fournir de plaisant.
Vous me dites et qu’on peut y faire son salut ; vous devez sentir par vous-même combien cela est difficile.
Elle y a senti l’écrivain en pleine possession de sa langue la plus parfaite, et, à l’honneur de Racine, elle affirme, contre lui, que tous ses amis n’ont mis que sa main dans son œuvre. […] Cette expression sent un peu son Tartuffe. […] Les effets de ce déchaînement se firent bientôt sentir. […] On sent toutefois dans la correspondance de Racine, autant que le permet une certaine habitude de froideur et une tenue de discrétion jalouse, on sent un attrait de curiosité qui le porte vers Molière comme vers la faveur et la vogue. […] Il sentait le don merveilleux dans le charme de la jeunesse.
Je la définirais volontiers une sorte d’oubli de la vie, un état de bien-être et de vitalité plus haute où nous nous sentons enlever non seulement à toute idée triste, mais à toute idée sérieuse ; alors nous ne prenons rien qu’en jouant ; tout passe sans laisser de trace et glisse légèrement sur la surface de notre âme17. […] L’orgueil de l’ignorance et le mépris de toute culture intellectuelle sont des ridicules incomparablement plus graves que celui contre lequel il s’escrime, et quand je lis la honteuse tirade où Molière par la bouche de Chrysale exprime ses propres opinions, je ne puis m’empêcher d’épouser la querelle de Philaminte, et de me sentir moi-même atteint personnellement par l’injure que cet impertinent auteur fait à la science58. […] Elle sent si bien que ses défauts lui feraient tort dans l’estime des autres, qu’on ne la voit jamais se donner pour ce qu’elle est en effet. […] Il est certainement très blâmable d’avoir fait bafouer Trissotin, etc. — Douzième leçon, « Schlegel sent probablement, selon la remarque qu’en a faite un de ses amis, que Molière l’aurait tourné lui-même en ridicule, s’ils eussent vécu du même temps. » Goethe (Entretiens avec Eckermann).