Le marquis aujourd’hui est le plaisant de la comédie; et comme dans toutes les pièces anciennes on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même maintenant il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie. » Les Précieuses avaient déjà valu à leur auteur plus d’une satire. […] Toutes ces satires ne firent pas grande fortune. […] En revanche, il dit beaucoup de mal des Précieuses ridicules, dont la réussite fit connaître à l’auteur lu en aimait la satire et la bagatelle, que le siècle était malade, et que les bonnes choses ne lui plaisaient pas. […] Il eut ensuite un tort encore plus grand, qui lui valut de fort bons ridicules; ce fut d’imprimer une satire contre Despréaux, et d’intriguer à la cour contre Molière : tous deux en firent une justice cruelle.
La question des aliénés qui nous préoccupe si fort à cette heure est tout entière dans cette scène, la satire la plus terrible à coup sûr qu’ait jamais lancée Molière contre la médecine. […] Ces minces vengeances de Molière sont peu de chose à côté des satires empoisonnées qu’on décochait contre lui. […] Pendant ce temps, l’envie continuait à l’accabler de ses satires. […] On s’étonnera peut-être que, m’autorisant de La Fontaine, je ne dise rien de Molière ; mais la satire de Molière trahit les ressentiments d’un amour-propre offensé. […] Dans la satire que Cotin composa contre Boileau pour le pâtissier Mignot, l’empoisonneur le plus habile du monde, au dire de Despréaux, l’abbé se laissa aller à traiter Molière de Turlupin « jouant du nez et faisant des grimaces pour servir de compère au bateleur Despréaux ».
satire de Mr.
Un des inconvénients de la comédie, comme de la satire, est celui-ci : En rendant sévère pour les défauts, elle rend impitoyable pour les peccadilles. […] Le fond de la comédie est l’esprit de raillerie et de satire, et c’est-à-dire la cruauté des hommes civilisés. […] Pendant ce temps-là, il criblait de satires sanglantes les grands canons et les vastes rhingraves. […] A se guinder jusqu’à la satire, elle se dénature ; à prendre le rôle de la religion, elle est bien ambitieuse ; et là où seule la loi peut avoir effet, que vient-elle faire ? […] Poirier, qui avait très bien vu que c’était une satire cinglante contre la noblesse, qui en avait été ravi ; mais qui ajoutait, avec un certain scrupule : « Seulement, il y a une chose que je n’ai pas bien comprise.
Bazin a justement remarqué que, s’il a subi de violentes attaques, il a lui-même usé et abusé du droit de défense, que l’Impromptu de Versailles n’est pas précisément l’œuvre d’un homme sans ressentiment, qu’il y a pris l’initiative de la satire personnelle contre ses rivaux de l’Hôtel de Bourgogne, qu’il a traité le pauvre Boursault avec un mépris écrasant. […] Leur plus grand faible, c’est l’amour qu’ils ont pour la vie, et nous en profitons, nous autres, par notre pompeux galimatias. » Ce n’est plus là le langage de la comédie, où les caractères doivent se peindre d’une façon inconsciente, mais de la pure satire. […] Il faut parfois se faire violence. » De même, çà et là, dans les conseils qu’il donne à ses acteurs sur le caractère de leur rôle, il semble faire la satire de leurs défauts.
Ce n’est point une comédie, mais une satire peu piquante, à présent que personne ne sait les noms des détracteurs de Molière.
Examinons de plus près sa satire : et nous verrons qu’il ne l’a jamais dirigée que contre ceux dont le vice ou le ridicule est de masquer, de fausser, d’altérer, de comprimer, ou de vouloir contraindre la nature. […] L’intention de Molière est évidente ici : Tartufe est bien la satire ou la charge de l’hypocrisie. […] Aussi dans ses dernières pièces la satire est plus âpre, la gaîté plus amère, et le rire est par instants presque convulsif. — Et parmi tout cela, la philosophie de Molière se retrouve toujours, et toujours la même.
On verrait encore sur les mêmes tablettes quelques livres chargés de remarques et sans cesse feuilletés, tels que Rabelais, Boccace, Cervantes, Scarron, Béroald de Verville, la Satire Ménippée, les Essais de Montaigne, et les Provinciales. […] Et si la Molière retouche parfois à ses cheveux, si elle raccommode ses nœuds et ses pierreries, ces petites façons cachent une satire judicieuse et naturelle. […] Cette idée fut approfondie et discutée de manière qu’elle fournit à Boileau le sujet de sa quatrième satire. […] (Voyez Mémoires sur la vie de Racine, page 68 ; Vie de Molière, écrite en 1724 ; Commentaires de Brossette sur la quatrième satire de Boileau, tome V, page 30, et tome IV, page 44.) […] En attendant le dîner, on pria Despréaux de réciter la satire adressée à Molière ; mais, après ce récit, Molière ne voulut point lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges qu’il venait de recevoir.
Il était réservé à Le Sage de la peindre à grands traits, et son Turcaret en est la satire la plus sanglante, parce qu’il en reproduit le plus fidèlement les mœurs. […] Le Sage, avec une incomparable vigueur, avec une vérité souvent effrayante, a mis en action tous ces vices; il en a fait la satire à la fois la plus amère et la plus récréative, et le trait qui termine sa comédie est le coup de grâce porté à la race des traitants : «Voilà, dit le fourbe Frontin, nanti des quarante mille francs extorqués à la baronne, voilà le règne de M. […] Voici ce qu’il dit du Méchant dans sa satire du Pauvre Diable : Un vers heureux et d’un tour agréable Ne suffît pas ; il faut une action, De l’intérêt, du comique, une fable, Des mœurs du temps un rapport véritable Pour consommer cette œuvre du démon. […] Non, sans doute ; et pour dire toute notre pensée, cette versification brillante nous semble moins appartenir à la comédie qu’à l’épître ou à la satire. […] Les plus beaux traits d’une sérieuse morale sont moins puissants le plus souvent que ceux de la satire, et rien ne reprend mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts ; c’est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée du monde.
Ici les ridicules arrivent en foule : c’est une collection vivante d’originaux, une suite de satires à la manière de Despréaux, arrangées pour la scène, vives et franches, mais point liées entre elles. […] Comédies, satires, épigrammes, sonnets, triolets, pauvretés de tous genres, de toutes parts bruissaient contre le grand comédien. […] N’était que la reproduction d’une boutade qui, un jour avait échappé, en sa présence, à l’auteur des Satires. […] En présence de son théâtre fermé, brochures, libelles, mémoires, satires, sermons, mandements et chansons se croisèrent.
La satire dont use et abuse alors le théâtre italien est toute actuelle et souvent toute locale.