Alors, une fois vainqueur, et quand son ancien ami est tiré du danger, Alceste commence sa harangue ; il accable de son mépris et de ses reproches ce vil Philinte, l’indigne mari de cette noble Éliante, ce mauvais homme qu’il a sauvé de sa ruine et qui, pendant toute la pièce, n’a pas une bonne pensée dans le cœur ! […] Reproche commode ; il a tout d’abord l’avantage de dispenser d’esprit ceux qui accusent les autres d’en trop avoir. — Courez donc après l’esprit ! […] Laissons l’éloquence au fond du nuage qu’elle éclaire, et contentons-nous de l’esprit, des belles grâces et des charmants remplissages, qui en sont la menue et courante monnaie, sans nous épouvanter du reproche que les niais adressent aux honnêtes gens : Bon ! […] On dit même que le journal n’est pas tout à fait innocent de cet oubli du grand art de la conversation parisienne. — Alors il faudrait reconnaître, en s’inclinant, que ce reproche est un des plus sévères qui se puisse adresser à l’établissement du journal lettré et causeur.
« On a dit que L’École des maris était une copie des Adelphes de Térence : si cela était, Molière eût plus mérité l’éloge d’avoir fait passer en France le bon goût de l’ancienne Rome, que le reproche d’avoir dérobé sa pièce.
Non : le mépris est son seul partage ; et tous les cœurs répondent à celui de madame Jourdain, lorsqu’elle lui reproche énergiquement la bassesse de sa conduite.
On reproche à Marivaux d’avoir donné au Marquis du Legs vingt ans de trop ; & voici comme raisonnent ses Critiques : Toute l’intrigue du Legs naît de la timidité du Marquis, qui n’ose pas déclarer son amour à la Comtesse : la timidité n’est ordinairement que le partage des jeunes gens, qui, peu instruits des usages du monde, craignent de déplaire à une femme en lui disant qu’ils l’aiment ; ou des vieillards qui, assez raisonnables pour comprendre que l’amour est un ridicule chez eux, n’osent pas l’avouer.
Il lisait, dans tous les livres anciens et nouveaux, les passages de la comédie, empruntant de toutes mains, sans reproche et sans peur.
Molière le lui reproche.
Puis, se ressouvenant que son heure était proche, Il écoutait des sœurs quelque pieux reproche, Répétait leur prière, et, leur disant adieu, Tranquille il élevait sa belle âme vers Dieu !
» A tout prendre, j’aimerais encore mieux le sentiment de Boileau sur notre ancien théâtre, quoique ce sentiment ait été fort vertement réprimandé par la critique novatrice du temps présent, et que Boileau se soit attiré par-là, de la part de nos modernes Aristarques, le dur reproche d’ignorance.
On voit bien ici la vérité du bégueulisme que Beaumarchais reproche au public, dans la préface de Figaro. […] George Dandin Si je ne suis pas né noble, au moins suis-je d’une race où il n’y a point de reproche ; et la famille des Dandins… Avis à ceux qui parlent d’eux et encore avec des tournures imposantes, la famille des Dandins. […] Armande venant aux conseils qu’elle donne à sa rivale, après avoir vu ses reproches manquer d’effet, c’est dans la position, la plus mauvaise et la plus susceptible d’être foudroyée par la plaisanterie.
(Je trouve, par parenthèse, ce reproche admirable, et je prie qu’on me dise ce qu’on en prétend conclure ?) […] Ne comprenant rien, ils censurent tout, détruisent tout pour le recommencer, jettent aux hommes le mépris, la moquerie, l’insulte, et osent faire des reproches à Dieu394.
Louis XIV ne fut pas un saint ; de terribles reproches atteignent sa mémoire. […] » Il disait à ses auditeurs, comme épouvanté lui-même des reproches qu’il était contraint de leur adresser : « Dieu, témoin de mes intentions, sait avec quel respect pour vos personnes et avec quel zèle pour votre salut je parle aujourd’hui : Dieu a ses vues, et il faut espérer que sa parole ne sera pas toujours sans effet. » Bourdaloue avait raison d’espérer. […] Toujours les principaux représentants de l’intérêt religieux ont adressé au Tartuffe les mêmes reproches. […] La tentation qui résulte de l’hypocrisie d’autrui, a trois effets également pernicieux dans les chrétiens faibles : crainte servile de passer dans le monde pour hypocrites et pour faux dévots ; dégoût de la piété, et, par suite, abattement de cœur qui va souvent jusqu’à leur faire abandonner le parti de Dieu, plutôt que de s’engager à soutenir la persécution, c’est-à-dire à essuyer la raillerie, qu’ils se persuadent que ce reproche odieux, ou même que ce simple soupçon d’hypocrisie leur attirerait.