Peu après, il avait été spectateur de la Fronde, parodie de la Ligue, espèce de tragi-comédie, dont l’astuce italienne, la rancune espagnole et la légèreté française compliquaient l’intrigue, et dont le dénouement fut une composition amiable entre des intérêts d’ambition, d’amour-propre et de fortune, qui s’étaient armés les uns contre les autres, sans bien savoir de quoi ils avaient à se plaindre, ni ce qu’ils avaient à espérer. […] Chapelle, de son côté, plaignait Molière de sa mauvaise santé, mais plaisantait des embarras de sa profession, et se moquait des troubles de son ménage66. […] … En effet, Molière, homme d’une raison supérieure et philosophe trop éclairé pour n’être pas indulgent, ressemble beaucoup au personnage bourru et emporté qui fait consister la franchise à dire des vérités gratuitement offensantes, qui est charmé de perdre un procès de vingt mille francs, parce qu’il aura, pour son argent, droit de pester contre ses juges, enfin qui hait les hommes et veut les fuir, au lieu de les supporter, de les plaindre et de les secourir au besoin ! […] Grimarest fut assez à plaindre pour ignorer le nom, la famille et le paysde ce valet ; mais un autre eut la joie d’apprendre qu’il se nommait Provençal, qu’il devint un habile mécanicien, et qu’il fit fortune dans les affaires : il est vrai qu’il ne put parvenir à savoir quel nouveau nom Provençal avait pris en changeant d’état.
Dans ma supposition, leur honneur blessé n’osant se plaindre, leur goût choqué décria hautement un ouvrage où il y avait à la fois de quoi motiver leur courroux et justifier leur dédain ; et ils ne manquèrent véritablement de sincérité que lorsqu’ils répétèrent, en enchérissant, les louanges données par le Roi à une comédie dont ils avaient eu l’imprudence de dire leur avis avant de connaître assez bien celui du maître.
Saint-Évremond, un bel esprit de cette famille des beaux esprits, disait souvent que les grands admirateurs étaient de sottes gens, et La Bruyère, qui se plaignait, puisque les grands sujets lui étaient défendus, d’être forcé de faire la satire des ouvrages de l’esprit, indique à merveille les limites de la critique : « Il ne faut pas, dit-il, mettre un ridicule où il n’y en a point, c’est se gâter le goût, c’est corrompre son jugement et celui des autres.
» Nous pourrions vous dire aussi le fameux souper d’Auteuil, lorsqu’au point du jour, Chapelle et ses amis, las de vivre et de se plaindre, ivres par-dessus le marché, vont pour se jeter à la rivière : — Attendons, s’écriait Molière, attendons jusqu’à demain !
Mais pour la ridicule Araminte, il la met en œuvre pendant toute la pièce, avec d’autant plus de succès, que personne ne la plaint, et qu’étant fort loin de la douceur et de la modestie d’Isabelle, elle pousse jusqu’au dernier excès les extravagances de son désespoir amoureux, et met, à force de persécutions, le pauvre provincial absolument hors de toute mesure.
On ne serait pas à plaindre, Quoi que l’on pût endurer, Mais elle nous fait tout craindre Et ne fait rien espérer. […] vous avez beau vous plaindre Que je me plains nuit et jour, Je ne saurais me contraindre, Vous voyant si peu d’amour.
Je ne puis que plaindre ceux qui n’ont pas d’yeux pour voir, ni d’oreilles pour entendre. […] d’un juste courroux, je suis ému contre elle, C’est moi qui me viens plaindre, et c’est moi qu’on querelle. […] L’encombrement était parfois des plus gênants-personne ne s’en plaignait ; l’accoutumance nous rend tout familier et commode. […] Les musiciens s’en plaignent. […] Argan se plaint à sa femme de l’insolence de Toinette.
C’est bien toi qui plaignais Bourbon de combattre contre la France, au moment où tu mourais pour elle !
il n’y a pas lieu de se plaindre.
Plusieurs évêques (trois au moins, dont l’archevêque de Rouen, François de Harlay) délibéraient en conférence secrète sur cette illégale confrérie, et, en attendant de présenter à l’Assemblée du clergé, alors réunie, les griefs qu’ils avaient contre elles se plaignaient au Cardinal.
On voit que si Guichard avait gravement à se plaindre de Lulli, la veuve de Molière, directrice de la troupe que ce musicien chassait du Palais-Royal, n’avait pas non plus à s’en louer. […] Pendant le repas, la conversation tomba naturellement sur Lulli, dont deux convives au moins avaient tant à se plaindre, et les propos qui furent tenus sur son compte n’étaient pas empreints d’une parfaite bienveillance.