Alceste s’avise de dire ce qu’il pense du sonnet d’Oronte : voilà son travers 44. » Si la comédie veut une fable, c’est donc en vain qu’on la cherche ici ; on y trouvera des incidents de la vie commune, mais pas un de ces procédés qui sont ordinaires au genre ; ni confidents, ni figures de fantaisie45, ni monologues, ni coups de théâtre, ni combinaisons d’intrigue ; car on peut à peine appeler de ce nom le fil ténu qui relie entre elles ces scènes ingénieuses dont chacune semblerait une satire de Boileau, si une fine logique ne les faisait toutes concourir à l’expression de la pensée maîtresse qui les enchaîne, je veux dire à la peinture d’un caractère, celui d’Alceste qui sert de centre à l’action. […] Sans être sentencieux, ils sont penseurs ; ou plutôt, c’est l’expérience des gens d’esprit qui coule de leurs lèvres, sans effort, et qui donne de la profondeur, sous une forme facile, à toutes leurs pensées. […] « Une femme savante de profession est odieuse, dit Sainte-Beuve ; mais une femme instruite, sensée, doucement sérieuse, qui entre dans les goûts, dans les études d’un mari, d’un frère ou d’un père, qui, sans quitter son ouvrage d’aiguille, peut s’arrêter un instant, comprendre toutes les pensées, et donner un avis naturel, quoi de plus simple et de plus désirable ? […] Janet, {Revue des Deux Mondes) : « L’Église, dit-il, ne saurait encourager à la libre pensée celui qui a l’air d’être un croyant. » 113. […] Ses pensées, ses sentiments ne sont plus que des instincts.
Si vous n’aviez jamais eu cette pensée, votre Festin de Pierre ne serait pas si criminel. » Lorsqu’en 1682, neuf ans après la mort de Molière, La Grange et Vinot donnèrent une édition de ses œuvres, divisée en deux parties, dont la seconde était consacrée aux ouvrages posthumes, ils comprirent dans celle-ci Le Festin de Pierre, tel qu’il avait été représenté la première fois.
La colere qu’il fait éclater contre Trivelin, la confirme encore dans cette pensée.
Voilà, si l’on me pardonne cette comparaison, qui rend ma pensée avec outrance, l’image de la Comédie-Française : naïfs contribuables, nous croyons que c’est tout bœuf, et quel bœuf !
La plus haute pensée au bas de sa valeur, Devenait injustice, et injure à l’auteur. […] Dans cette comédie le coup de théâtre ou surprise de pensée que je crois la plus belle qu’on puisse trouver, et que je donnerais pour modèle en ce genre, n’était que bonne dans l’original, mais elle est devenue sublime entre les mains de Molière. […] Si vous n’aviez jamais eu cette pensée, votre Festin de Pierre ne serait pas si criminel.
Il sera pur463 : jamais un amant, qui aime de l’amour peint par Molière, ne songera à faire sa maîtresse de son amante, ou plutôt ce mot de maîtresse deviendra chaste dans sa bouche et dans sa pensée ; il sera toujours ému de respect devant celle en qui il vénère sa propre dignité et son honneur même.
Cet art tout féminin de cacher sa pensée sous la perfection du langage, Marivaux l’a possédé, à ce point qu’il pourrait en remontrer aux femmes les plus habiles. […] Tantôt elle se cachait à tous les regards, fuyant la douce lueur du jour, assistant dans sa pensée à ses propres funérailles (ainsi fit l’empereur Charles-Quint après l’abdication), tantôt elle se montrait à son peuple, en belles robes taillées par son artiste favorite Victorine, avec qui elle avait arrangé tant de modes nouvelles, et inventé ce rose à part que les dames du meilleur monde appelaient, par excellence, le rose de mademoiselle Mars.
Au talent de bien rendre la pensée de l’auteur, le comédien était obligé de joindre celui d’improvisateur. […] Molière dans Amphitryon déploya un nouveau genre de talent : au naturel et à la chaleur ordinaire de son style, il joignit une certaine vivacité dans le tour, une finesse, une légèreté nouvelle dans la pensée.
Lorsque, dans la variété infinie de son monde théâtral, il descend jusqu’aux limites extrêmes de la sottise et de la perversité, loin de permettre à ses drôles de s’abandonner à la petitesse de leurs basses pensées, Shakespeare les relève par la poésie, et fait abonder sur leurs lèvres folles de brillantes images et des sentences d’or216. […] …… Jusqu’ici, assis aux pieds du divin Hegel, mon maître, j’ai écouté docilement ses leçons, reproduisant sa pensée avec fidélité, sans me permettre d’intervenir moi-même dans cette modeste exposition, autrement que par la plus timide paraphrase.
Le groupe dont nous venons de citer les noms se distingua en effet par une indépendance singulière de pensée et d’humeur : c’est une qualité qu’on ne contestera ni à Chapelle, l’épicurien, le gai vivant, le franc parleur ; ni au poète Hesnaut, qui attaquait Colbert puissant et traduisait à plaisir ce qu’il y a de plus hardi dans le De Natura rerum et dans les chœurs des tragédies de Sénèque ; ni à Bernier, qui lorsque Louis XIV l’interrogea sur le pays où la vie lui semblait meilleure, répondit que c’était la Suisse ; ni à Cyrano, l’auteur d’Agrippine : et, moins qu’à tout autre, à Jean-Baptiste Poquelin Molière. […] Sganarelle est dans ces conditions, et quoique Molière doive bientôt prendre son essor fort au delà de ces rôles à physionomies connues, revenant toujours les mêmes dans des actions différentes, il est certain que sa pensée était alors de s’approprier celui-ci et de le faire reparaître souvent ; nous ne tarderons pas à le revoir. » Sainte-Beuve ajoute : « Né probablement du théâtre italien, employé de bonne heure par Molière dans la farce du Médecin volant, introduit sur le théâtre régulier en un rôle qui sent un peu son Scarron, il se naturalise comme a fait Mascarille ; il se perfectionne vite et grandit sous la prédilection du maître. […] Le roman avait été bien vite bâti ; on peut le lire dans Grimarest ; contentons-nous d’en indiquer les principaux traits : Madeleine, jalouse et altière, se livrait à des transports furieux à la seule pensée de cette union. […] On n’a pas, en effet, toute la pensée de Molière, si l’on n’oppose à la pédanterie des unes et à l’afféterie des autres la périlleuse naïveté d’Agnès, et aux théories de Gorgibus et de Chrysale la méprise d’Arnolphe. […] Si, pour représenter des héros et entrer dans leur caractère, il faut être capable d’avoir leurs pensées, je vous laisse à deviner les belles qualités que l’on doit avoir pour bien dépeindre des personnes ridicules. » Cette opinion était alors fort communément admise.
Il avoit forgé les lettres que je vous envoie, pour me persuader que vous étiez sur le point de vous marier à une autre ; c’est cette pensée que je n’ai pu soutenir avec patience, & qui, m’excitant à me venger de vous, m’a fait consentir à ma propre ruine.