Comparez maintenant votre asperge de colonne à une contrée américaine, grande, forte, peuplée, et qui se nomme Penn ! […] Excellentes pour le temps, celles de Molière étaient déjà moins une réalité qu’un tableau pour la régence, comme elles ne sont plus pour nous qu’une gravure d’un fort beau fini.
Je suis, dit-il, un acteur passable, et je serais peut-être un fort mauvais secrétaire.
Il regrettait fort qu’on eût perdu sa petite comédie du Docteur amoureux, parce qu’il y a toujours quelque chose de saillant et d’instructif dans ses moindres ouvrages.
Je remarque que lorsqu’on veut préparer le public à quelque nouveauté suspecte, on commence à la faire paroître sur les petits théâtres : là, elle se fait peu à peu des partisans ; le nombre augmente insensiblement, & quand son parti est assez fort, on l’expose sans crainte au grand jour. […] J’ai fait voir que les Latins s’impatientoient d’entendre Térence déclamer dans tous ses prologues contre le vieux poëte, & ils avoient très fort raison. […] Il fut esclave de Terentius Lucanus, Sénateur Romain, qui le fit élever avec beaucoup de soin, & l’affranchit fort jeune.
« Mais pourquoi ne nous donne-t-on plus de nouveautés dans le goût des pieces que vous prônez si fort » ? […] Ainsi parlent les dignes successeurs des camarades de Moliere ; mais ils ne sont pas les plus forts. […] Sur-tout que les amateurs de l’honnêteté, que ceux qui donnent le prix à la pudeur, marquent qu’ils sont contents en frappant plus fort que les autres.
Le parti n’ayant rien que de fort avantageux pour lui, il écrivit à Genes, d’où il reçut aussi-tôt le consentement de son pere ; &, de concert avec l’oncle de sa maîtresse, il résolut d’aller célébrer son mariage à Malte. […] Ces caresses touchantes, qui durerent fort long-temps, causerent une étrange surprise à tous les autres Turcs. […] Fort mal ; le temps est dur.
Mais, de même que certaines gens font de fort belle prose sans y songer, certains ouvrages, sans avoir été écrits dans un but moral, ont plus que d’autres une influence sur les mœurs, et peuvent insinuer lentement dans le monde, d’une manière presque invisible, mais irrésistible, des éléments de moralité ou de corruption ; il y a des auteurs qui, sans être des moralistes proprement dits, méritent pourtant d’être étudiés comme tels, à cause de leur puissance observatrice, de leur sens droit, de leur popularité, enfin à cause du caractère universel et supérieur de leur génie. […] Il est encore plus éloigné d’employer pour la flatter et pour la séduire le jargon de la dévotion ; ce n’est point par habitude qu’il le parle, mais avec dessein, et selon qu’il lui est utile, et jamais quand il ne servirait qu’à le rendre très-ridicule… Il ne s’insinue jamais dans une famille où se trouvent tout à la fois une fille à pourvoir et un fils à établir : il y a là des droits trop forts et trop inviolables ; on ne les traverse point sans faire de l’éclat, et il l’appréhende ; sans qu’une pareille entreprise vienne aux oreilles du prince, à qui il dérobe sa marche, par la crainte qu’il a d’être découvert et de paroître ce qu’il est. » La Bruyère, Les Caractères, De la Mode. […] Mais quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré et par ses traits les plus vifs pour en mieux montrer l’excès et la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature et d’abandonner le vraisemblable. » Fénelon, Lettre à l’Académie-françoise, VII. — C’est son amour absolu du vrai qui a fait dire à Boileau : C’est par là que Molière illustrant ses écrits Peut-être de son art eût remporté le prix, Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures, Il n’eut point fait souvent grimacer ses figures.
C’est nous inspirer presque un désir de pécher, Que montrer tant de soins à nous en empêcher ; Et, si par un mari je me voyois contrainte, J’aurois fort grande pente à confirmer sa crainte326. […] Leur sexe aime à jouir d’un peu de liberté ; On le retient fort mal par tant d’austérité, Et les soins défiants, les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes ni des filles. […] J’ai souffert qu’elle ait vu les belles compagnies, Les divertissements, les bals, les comédies ; Ce sont choses, pour moi, que je tiens, de tout temps, Fort propres à former l’esprit des jeunes gens ; Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre, etc.
Cette comédie-là est de fort mauvais exemple. […] Je le viens de quitter ; il est fort mon ami. […] (Il sort, & met bas la soutane ; puis, comme Fernand est entré, croyant faire sortir un autre frere, Crispin prend l’occasion, & monte fort diligemment par la fenêtre, & ensuite sort avec Fernand, comme si en effet il étoit frere du Médecin.) Les scenes de Boursault tiennent certainement mieux au sujet & servent davantage à l’intrigue que celles de Moliere ; elles ne pechent pas si fort contre la vraisemblance : elles sont d’ailleurs rendues très comiques par l’embarras de Crispin & les ruses qu’il est obligé de mettre en usage pour n’être pas découvert, au lieu que Toinette vient trop aisément à bout de son dessein.
L’avocat lui répond en chantant fort lentement, et traînant ses paroles : La polygamie est un cas pendable. […] L’avocat, parlant fort vite et bredouillant, répond ; Votre fait est clair et net, Et tout le droit en cet Endroit... […] Auger, dans les notes de son édition, fait une observation fort juste; il dit : Sbrigani avertit Pourceaugnac que les avocats ne peuvent s’exprimer sans chanter, mais rien ne vient avertir qu’ils connaissent d’avance la question dont il s’agit : « Molière se gène si peu avec son personnage, ou, si l’on veut, avec son public, qu’il ne prend pas môme la peine de lier la scène qui finit à la scène qui va commencer, en faisant expliquer aux avocats, soit par Sbrigani, soit par Pourceaugnac, le cas sur lequel celui-ci veut les consulter. […] D’ailleurs il y a encore beaucoup à chercher sur Molière, et l’on trouve parfois quelque document nouveau (sauf cependant un autographe; ce merle blanc, rêve des collectionneurs) ; et ce n’est pas une chose peu singulière que de voir les trouvailles fort menues, mais assez fréquentes, que l’on fait sur ce terrain si souvent exploré et fouillé.
Le Roi, en sortant, dit au grand Condé : Je voudrais bien savoir pourquoi les gens qui se scandalisent si fort de la comédie de Molière, ne disent rien de Scaramouche ?