Par-tout où ce farouche a conduit cette belle, Elle m’a toujours vu comme une ombre après elle, Et mes regards aux siens ont tâché chaque jour De pouvoir expliquer l’excès de mon amour.
La réponse du malheureux Turc commença d’un ton assez tranquille : mais lorsqu’après avoir confessé en général qu’il étoit né quelque chose, & que c’étoit un malheur de fortune qui l’avoit fait tomber entre les mains des Chrétiens, il fut pressé d’une maniere tendre de s’expliquer davantage, son cœur s’ouvrit avec violence, & fit passage à une infinité de sanglots.
Au commencement de la pièce, dans une scène imitée de Plaute, Harpagon exprime sa crainte qu’un domestique n’ait eu quelque soupçon de son trésor ; il se tranquillise ensuite pendant quatre actes, on n’entend plus parler de ses inquiétudes, et le spectateur tombe des nues, quand le valet apporte tout d’un coup la cassette volée, parce qu’on ne lui a jamais expliqué comment un trésor aussi soigneusement caché a pu être découvert. […] Scapin, au contraire, n’a rien d’aimable, et l’on ne voit pas ce qu’il y a dans ses stratagèmes qui puisse le rendre si fier ; la plupart sont conduits avec assez de maladresse, et l’extrême niaiserie des deux vieillards suffit à peine pour expliquer comment ils peuvent donner dans des pièges aussi grossiers.
Ces circonstances expliquent seules le dénouement de la pièce, amené par l’intervention très invraisemblable du roi. […] Alceste était venu pour s’expliquer avec elle et il va droit au fait : Je ne querelle point. […] Je m’explique, madame; et je hais seulement La science et l’esprit qui gâtent les personnes. […] L’image s’y ajoute à l’idée ; elle l’explique, elle lui prête sa grâce; mais sans faire corps avec elle. […] Que l’homme né pour soumettre le monde aux lois de son intelligence se laisse aller à l’orgueil du savoir, cela s’explique aisément : c’est le péril de sa vocation, l’écueil qu’il rencontre sur sa route.
Que reste-t-il donc, si l’on ne peut s’en prendre aux directeurs ni aux confrères ni à l’auditoire, que reste-t-il pour expliquer l’abandon où gisent les classiques ?
Cet effet naturel des passions est signalé en ces termes dans cette comédie, alors que Done Elvire se plaint de la jalousie de Don Garcie : « Voir un prince emporté qui perd à tous moments le respect que l’amour inspire aux vrais amants ; qui, dans les soins jaloux où son âme se noie, querelle également mon chagrin et ma joie, et dans tous mes regards ne peut rien remarquer qu’en faveur d’un rival il ne veuille expliquer. » Mais les facultés intellectuelles ne se bornent pas alors à interpréter faussement les faits, à créer ainsi des idées chimériques, délirantes ; elles prêtent également tout leur concours à la satisfaction de la passion. […] Cette théorie, fort simple et tout à fait naturelle, explique complètement la folie et la raison partielles pouvant exister simultanément chez le même individu sur des objets différents. […] Gomment expliquer cette réaction violente qui s’élève si souvent contre les personnes qui interviennent charitablement pour mettre un terme aux voies de fait auxquelles se livrent entre eux certains passionnés ? […] Je m’explique, Madame, et je hais seulement la science et l’esprit qui gâtent les personnes.
La plupart des Auteurs, oubliant que la diction n’est faite simplement que pour expliquer l’action, pensent au contraire que cette derniere partie, si essentielle & la plus nécessaire sans contredit, est tout-à-fait subordonnée à la premiere.
Ceci explique pourquoi les condamnations de Bossuet s’appliquent réellement si peu au vrai Molière810, et montre qu’il y a erreur dans la critique acerbe que F.
Si vous ne m’expliquez ce que c’est, je prétends...
Et d’abord, quand on a lu Le Misanthrope, Tartuffe et Les Femmes savantes, on a peine à comprendre les critiques que Fénelon et La Bruyère ont faites du style de Molière, et on ne se les explique qu’en les rapportant à ses premiers essais ou, dans les œuvres de son âge mûr, au langage populaire qu’il a dû mettre, pour être vrai, dans la bouche de quelques vauriens de bas étage.
Eliante pourrait, ce semble, accepter les hommages d’Alceste sans déloyauté à l’égard de Philinte : non, elle s’expliquera nettement avec l’un comme avec l’autre, et sa sincérité fera mieux ressortir la duplicité de son habile cousine ; elle dira d’Alceste à Philinte : Pour moi, je n’en fais point de façon, et je croi Qu’on doit sur de tels points être de bonne foi : Je pourrois me résoudre à recevoir ses feux475.