De son étude enfin je veux qu’elle se cache, Et qu’elle ait du savoir sans vouloir qu’on le sache, Sans citer les anciens, sans dire de grands mots, Et clouer de l’esprit à ses moindres propos314.
Un des vers de Tartuffe a eu le même sort ; ne cite-t-on pas couramment : « Il est avec le ciel des accommodements ! […] « Si, lisons-nous dans les Entretiens galants 5, livre de cette époque dont l’auteur paraît bien connaître les personnes qu’il cite, si la Molière retouche quelquefois à ses cheveux, si elle raccommode ses nœuds ou ses pierreries, ces petites façons cachent une critique judicieuse et naturelle. […] Nous allons en citer trois ou quatre. […] Il était, au moins, du langage du temps, avec l’acception qu’on lui donne ici ; j’en pourrais citer vingt exemples. […] Des rivaux jaloux, les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, dit l’auteur du Mémoire que citent les frères Parfaict ; mais, selon moi, ce devait être bien plutôt les Confrères de la Passion, avec lesquels nos farceurs étaient depuis longtemps en querelle, au sujet d’une redevance de trois livres tournois, que ces privilégiés fainéants prétendaient pouvoir exiger par chaque représentation.
Citons, entre autres, Gnathon, le parasite, celui-là même qui naguère présentait une corde à Timon, lorsque, dans sa détresse, il lui demandait assistance. […] Terminons plutôt en admirant l’art avec lequel il intéresse tous les âges aux vérités générales que recouvrent ces traits de caractère individuel ; et, pour conclure cette étude, citons ce jugement de M. […] De son étude enfin je veux qu’elle se cache, Et qu’elle ait du savoir, sans vouloir qu’on le sache, Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots, Et clouer de l’esprit à ses moindres propos. […] Citons, entre autres, le lieutenant criminel Tardieu et sa femme dont l’avarice légendaire fut censurée par Boileau. […] On cite encore une comédie de Chevalier (1662) : Les Barbons amoureux et rivaux de leurs fils.
« Sous prétexte de condamner l’hypocrisie ou la fausse dévotion, cette comédie donne lieu d’en accuser indifféremment tous ceux qui font profession de la plus solide piété. » (Ordonnance de l’archevêque de Paris citée plus haut.)
Le feuilleton dont je vais vous citer un passage est extrait de l’Impromptu de Versailles. […] Qu’on me permette de citer cette charmante page ; ce n’est pas une mince bonne fortune, pour un humble comédien comme moi, que de rencontrer son opinion si spirituellement habillée, dans cette auguste salle de conférence qui s’appelle l’Académie ; lieu où les paradoxes n’ont guère de chance d’être admis, comme on sait ; les vérités même n’y entrant guère qu’après un stage quelquefois un peu long : « Il y a aussi de la vraie critique dans le Misanthrope et l’Auvergnat.
Parmi celles qui eurent un véritable succès, on peut citer Sertorius, de Pierre Corneille, et L’École des femmes, de Molière. […] « Le goût, la finesse du sentiment naturel et de la vraisemblance se trouvent dans l’économie de ce dénouement : les égards du sexe et du rang, la délicatesse du cœur, et toutes les bienséances y sont marquées avec un art que l’on ne peut trop admirer ; ainsi, malgré les difficultés qu’il y avait à surmonter, Molière a rendu ce dénouement excellent, de défectueux qu’il était dans l’original. » « [*]Je ne sais si l’on peut citer une fable dont le fonds soit plus excellent que celui de La Princesse d’Élide : le caractère est beau et noble : les motifs sont naturels et puisés dans le sentiment ; les moyens et les passages, ingénieux et simples ; les degrés des passions sont traités avec toutes les nuances et toute la vraisemblance possible, et l’art y est fin et caché tout ensemble. […] Partisans du Festin de Pierre, Indignés de l’injuste guerre, Qu’un atrabilaire docteur, A fait à son célèbre auteur ; Je vous avertis qu’une plume, Artisane de maint volume, L’a défendu, mais du bel air, En un style énergique et clair, Et tout à fait, avec méthode, Sans citer Digeste, ni Code, Ne prenez pas Marc pour Renard, Car ici raillerie à part ; Et sans que personne s’offense, Ce n’est pas certaine défense, Qui depuis dix jours a paru, D’un auteur armé, non à cru, Qui carabinant, et peu ferme, Effleure à peine l’épiderme.
On cite cinq pièces qu’il jugea trop au-dessous de lui pour les vouloir conserver. […] Cette pièce est encore un emprunt fait au théâtre italien ; on cite deux comédies, la Creduta Maschio, la fille crue garçon, et Gli segni amorosi, les dépits amoureux, qui ont fourni des situations à l’auteur français ; mais, malgré le romanesque de l’intrigue, on sent que Molière est déjà sur son terrain ; il tient la comédie entre ses mains. […] La Vallière, que nous avons déjà citée, était faite pour donner une excuse à ces flatteries. […] On en cite deux traits qui nous paraissent les plus naturels du monde ; mais qui, dans ce temps de royauté divine et de pouvoir absolu, passaient pour des marques d’une faveur insigne.
Je lui répondis dessus qu’il n’était pas possible qu’une aussi belle pièce que celle-là, en cinq actes, et dont les vers sont fort beaux, eût été faite en aussi peu de temps ; il me répliqua que cela paraissait incroyable, mais que tout ce qu’il venait de me dire était très véritable, n’ayant aucun intérêt de déguiser la vérité. » Ce discours d’Angelo est si fort éloigné de la vraisemblance que ce serait abuser de la patience du lecteur d’en donner la réfutation : aussi, nous ne l’avons employé que pour prévenir des personnes qui, trouvant ce passage dans le volume que nous venons de citer, pourraient l’altérer dans leur récit, et donner le change à un certain public, toujours disposé à diminuer la gloire des grands hommes. […] Mais il ne faut point confondre les deux scènes de L’Amour médecin et du Sicilien, que nous venons de citer, avec d’autres qui y ont quelque rapport. […] Il citait même un vers de Rotrou dans sa pièce des Sosies qu’il prétendait plus naturel que ces deux de Molière. […] Le public justifia bien la prédiction de l’auteur de L’Art poétique, et depuis longtemps les Français citent Le Misanthrope comme l’honneur de leur scène comique.
Quant aux personnes comme Mme de Sotenville née de la Prudoterie 700, comme la comtesse d’Escarbagnas 701, comme Bélise 702, comme Mme Pernelle 703, on ne peut, les citer comme membres d’une famille : ce sont des fléaux domestiques, que les enfants semblent trop bons de supporter avec tant de patience.
Il est inutile de multiplier les notes : il faudrait pour chacun de ces articles citer presque tous les amoureux de Molière.
Cette opinion, elle est placée dans la bouche de Clitandre, lorsqu’il dit : Je consens qu’une femme ait des clartés de tout ; Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d’être savante ; Et j’aime que souvent, aux questions qu’on fait, Elle sache ignorer les choses qu’elle sait ; De son étude, enfin, je veux qu’elle se cache, Et qu’elle ait du savoir sans vouloir qu’on le sache, Sans citer les auteurs, sans dire de grands mots, Et clouer de l’esprit à ses moindres propos. […] Ce n’est point dans La Critique désintéressée sur les satires du temps, que Cotin a attaqué Molière, comme ont paru le croire tous les biographes et tous les critiques ; c’est dans une satire principalement dirigée contre Boileau, satire dont il est partout question, mais dont nulle part on ne cite rien, pas même le titre.