Ce bel ouvrage d’esprit Bien écrit, Où les plus beaux traits pétillent, Est semblable au casaquin D’Arlequin, Où toutes les couleurs brillent. […] un chat du complot, Un beau matin en fit pâture ; A quoi le vieux matois donna telle tournure, Que le maître n’en sonna mot. […] lui dit la fillette, un si beau coloris Cache une amertume effroyable, Et pour te trouver agréable, Il faut que par le temps tes appas soient flétris ! […] Pour rendre ta perte complette, Un beau matin Zéphyr10 s’envolera. […] Petit-Pas, qui avoit joué celui de Zéphyr dans le même ballet, & qui partit un beau matin pour l’Angleterre.
Un beau jour je quittai Madame & ses gredins. […] Voyez d’abord le beau côté : Eraste a le cœur noble & plein d’humanité. […] Aux belles, je le sais, vous parlez bon françois : Mais savez-vous l’anglois ? […] Je lui disois, Monsieur, un beau morceau d’Othouai. […] Seroit-il beau Qu’un sage, en matiere pareille ?...
Dans ce beau drame de la coquetterie aux prises avec l’honneur d’un galant homme, Célimène est seule, sans autre défense que son esprit, sans autre protection que sa beauté. […] Ces beaux jeunes messieurs s’inquiètent bien du cœur de Célimène ! […] Il prend un air malheureux qui fait peine à voir ; il se trouble, il hésite, il est prêt à vous dire en frappant du pied, comme cet amateur homme d’esprit qui, jouant le rôle d’Alceste, prit la fuite au beau milieu du rôle en s’écriant : — Ce n’est pas ça ! […] Ces beaux jeunes regards s’arrêtaient, tout émus, sur cette femme qu’ils ne devaient plus revoir. […] Alors Baron s’avançant tout au bord du théâtre, et regardant dans cette foule, comme s’il eût pu découvrir les insulteurs : — Ingrat public que j’ai formel dit-il en les montrant du doigt ; et depuis ce jour-là, on eut beau le prier et le supplier de reparaître, il ne reparut plus.
Elle lui demande pourquoi il fuit le beau sexe ; il répond que c’est par insensibilité. […] Elle a beau vouloir s’en défendre, Don Carlos l’a informé de son bonheur. […] quel beau moment pour l’amant, pour l’amante & pour le spectateur ! […] Linco y exhorte en effet Silvio a partager la tendresse qu’une Nymphe belle, jeune, charmante, ressent pour lui. […] ton cœur est insensible pour une Nymphe si belle, si charmante !
Il dit que le maître d’Angélique, étant obligé de partir pour la campagne, l’a prié de donner leçon à sa belle écoliere pendant son absence. […] Belle Philis, c’est trop, c’est trop souffrir : Rompons ce dur silence, & m’ouvrez vos pensées. […] Entendez-vous, beau pleureux, maître sot ? […] voilà une belle mijaurée, une pimpesouée bien bâtie, pour vous donner tant d’amour ! […] Oui, elle est capricieuse, j’en demeure d’accord ; mais tout sied bien aux belles, on souffre tout des belles.
L’amour, entre l’homme et la femme accomplis tels que les veut Molière, sera un beau sentiment, qui, sans les amollir, leur donnera encore plus de valeur et de charme. […] Ce bon sens lui apprit à voir l’amour en philosophe, comme une des facultés naturelles de l’homme, bonne quand il ne la laisse pas parler plus haut que la raison, belle jusqu’au sublime dans les âmes qui, par nature et par volonté, sont belles et élevées. […] Les belles âmes sont ainsi faites par nature, et la nature qui les pousse à aimer est aussi irrésistible que la nature qui leur fait connaître le vrai et pratiquer le bien. […] Leur passion sera d’autant plus vive et plus belle, qu’ils seront plus parfaits ; car toute vertu, toute intelligence, toute grâce les rendront plus propres à éprouver et à inspirer l’amour. […] Elle est capricieuse ; mais tout sied bien aux belles ; on souffre tout des belles. » On peut reconnaître Molière dans Ariste de l’École des Maris.
Mogicon a beau lui représenter qu’il pense mal, il persiste dans sa résolution. […] C’est l’endroit le plus beau Depuis ce bois coupé ; car auparavant, zeste ! […] A présent, malepeste, Le beau lieu ! […] tu as beau nier, il faut que tu m’épouses, ou que tu sois pendu. […] Dorante, amant de la belle prisonniere, découvre que M.
Je vis à mon aise, & très bien, Dimanche, le Sicilien : C’est un chef-d’œuvre, je vous jure, Où paroissent en miniature, Et comme dans leur plus beau jour, Et la jalousie & l’amour. […] Adraste, Gentilhomme François, tente mille efforts pour parler à la belle Isidore, jeune Grecque, esclave du jaloux Don Pedre, Gentilhomme Sicilien. […] L’un d’eux exprime devant Isidore, dans un couplet, l’amour de l’amant François, & le désespoir où il est de ne pouvoir déclarer sa tendresse : D’un cœur ardent, en tous lieux Un amant suit une belle ; Mais d’un jaloux odieux La vigilance éternelle Fait qu’il ne peut, que des yeux, S’entretenir avec elle. […] Adraste découvre que Don Pedre veut faire peindre son amante : il gagne le Peintre, se présente à sa place, parle à la belle Grecque en la peignant, déclare ses feux, apprend qu’il est payé de retour : il n’est plus question que d’enlever l’objet de sa tendresse. […] Le Sicilien la fait passer dans l’appartement d’Isidore, appaise le prétendu mari qui est le faux Peintre, appelle la belle voilée, & la lui remet, en l’exhortant à la bien traiter.
« Elle était située, dit-elle à sa fille, au fond du faubourg Saint-Germain, fort au-delà de madame de La Fayette, quasi auprès de Vaugirard, dans la campagne ; une belle et grande maison où l’on n’entre point ; il y a un grand jardin, de beaux et grands appartements. […] Le rendez-vous du beau monde est le soir chez la maréchale d’Estrées88. » C’est ici, et toujours en 1672, que se place, par toutes les circonstances qu’elle renferme, une lettre, sans date, de madame Scarron à madame de Saint-Géran, lettre qui, jusqu’à présent, n’a été, que je sache, l’objet d’aucune remarque, et qui cependant en fait naître de singulières. […] Vous m’avouerez, madame, que cette petite aventure achève admirablement toutes les autres, et qu’après cela il n’y a plus qu’à aller à la Trappe pour finir glorieusement une si belle vie. […] Je suis en très bonne santé, enfermée dans une assez belle maison, un jardin très spacieux, ne voyant que les gens qui me servent, toute ravie, tout extasiée dans la contemplation de ma dernière aventure. […] Quand elle charge l’abbé Testu de dire à l’hôtel de Richelieu : qu’on n’oublie pas dans la solitude des amis à qui l’on en doit tous les agréments, elle disait une chose sérieuse, qui se rapportait à la grande et belle habitation de Vaugirard, et à l’influence que madame de Richelieu exerçait sur la bienveillance de madame de Montespan et sur celle du roi.
Je lui répondis là-dessus que j’avois peine à croire qu’une aussi belle piece que celle-là, en cinq actes, & dont les vers sont fort beaux, eût été faite en aussi peu de temps : il me répliqua que cela paroissoit incroyable ; mais que tout ce qu’il venoit de me dire étoit très véritable, n’ayant aucun intérêt de déguiser la vérité ». […] Un objet vieux & difforme captive leur cœur & fixe leur hommage : ils ont beau se railler les uns des autres & conseiller à leurs amis d’appaiser Vénus qui les a affligés d’une passion avilissante, ils ne voient pas qu’ils sont eux-mêmes victimes d’un choix souvent plus honteux. […] Mon lecteur ne reconnoît-il pas là Belle Philis, on désespere Alors qu’on espere toujours. […] A-t-on jamais ignoré que Cotin est l’Auteur du sonnet sur la fievre qui tient la belle Uranie, & du madrigal sur un carrosse couleur d’amaranthe, si bien analysé dans les Femmes Savantes.
Rien ne marque plus le mérite de cette belle ode que la quantité prodigieuse de traductions ou d’imitations qu’on en a faites en vers. […] Que nos jours étoient beaux, quand des soins les plus doux Vous payiez ma flamme sincere ! […] Par son luth, par sa voix, organe des amours, Chloé seule me paroît belle. […] Le jeune Calaïs, plus beau que les amours, Plaît seul à mon ame ravie. […] Amants, que vos querelles Sont aimables & belles !
Elle était seulement blessée de la négligence du roi et de ses attentions pour cette jeune et belle personne, qu’elle appelait une belle idiote, et elle avait recours à son secret ordinaire pour rappeler sur elle l’attention, c’était de s’éloigner. […] Il est homme d’habitude… Le roi lit quelquefois l’Écriture sainte, et il trouve que c’est le plus beau de tous les livres. […] « On est ici dans la plus grande joie », écrivait le 7 août madame de Maintenon à madame de Saint-Géran ; « le roi a fait un fort beau présent à madame la dauphine. […] Savoir les êtres de la chapelle… savoir où l’on est vu et où l’on n’est pas vu, rêver dans l’église à Dieu et à ses affaires… voilà le plus bel effort de la dévotion du temps. […] Le roi vit pour la première fois une taille parfaite, les plus beaux bras et le plus beau cou du monde… La vive rougeur de madame de Maintenon rendait en cet instant sa figure éblouissante ».
Telle est la loi de son théâtre : est-il un code plus beau ? […] Quel beau moment dans la vie de Louis XIV ! […] On peut mourir de moins belle maladie assurément. […] Quelle belle nature, que celle d’Alceste ! […] voici une raison la plus belle du monde.
Le prince de Condé, grand admirateur des beaux vers, toujours plein de mépris pour tout ce qui lui rappelait Mazarin, protégeait Racine. […] Cette circonstance rend assez difficile de deviner qu’elle est la belle à qui Boileau en voulait ; dans un espace de seize années, il se rencontre bien des contemporaines entre lesquelles Boileau a pu choisir. […] Est-ce un âge auquel convienne l’épithète de belle, que lui donne Boileau ? […] Madame de Sévigné, capable d’écrire et qui a écrit des phrases dignes de Racine par leur tendresse et leur pathétique, était assurément aussi capable que La Harpe d’apprécier les beaux traits de cet admirable poêle. […] Cette porte leur est fermée, et la mienne aussi… C’est le sentiment que j’aurai toujours pour un homme qui condamne le beau feu de Benserade, et qui ne connaît pas les charmes des fables de La Fontaine.
Loin de passer le médiocre en faveur du beau, on ne l’en juge que plus sévérement, & le mauvais fait oublier le bon. […] En un mot, ce vous est une attente assez belle, Que la sévérité du Tuteur d’Isabelle. […] Que faire pour sortir de cette peine extrême, Et savoir si la belle a connu que je l’aime ? […] Il a beau être de la composition de Moliere. […] La scene qui précede celle-ci est sans contre-dit une des plus belles de tout le théâtre.
On assiste à ces spectacles avec indifférence, comme on regarde, à l’occasion, la reliure d’une Imitation de Jésus-Christ : c’est « le plus beau livre qui soit sorti de la main des hommes, » on veut bien le croire, mais on l’a connu naguère, dans les intervalles du catéchisme, à titre de petit ouvrage de piété. — Ainsi donc ces fruits du génie, ayant perdu le duvet et la fleur, nous sont vainement offerts : si quelques autres, de même qualité environ, restent dans le fruitier, qui s’en aperçoit ? […] Ils ont laissé de certains ouvrages qui ne se sont pas perpétués sur la scène de la même façon que leurs chefs-d’œuvre, et qui ne sont pas devenus, comme ceux-ci, des textes quotidiens pour les écoliers ; la raison de la réserve où sont demeurés ces ouvrages, c’est apparemment qu’ils étaient moins beaux et attachés plus proprement à une époque ; n’importe : c’est eux qu’on va retirer de l’ombre pour célébrer leurs auteurs. […] Plusieurs sont assez plaisans ; la répétition de l’embarras qu’ils donnent tous, l’un après l’autre, au compère, en l’empêchant d’avoir un tête-à-tête avec sa belle, ce redoublement continuel d’un même accident est d’une drôlerie passable ; enfin ils s’expriment tous fort bien. […] Un ouvrage mythologique à grand spectacle, une féerie, un opéra d’avant l’invention de l’opéra, voilà cette tragédie-ballet. — Tout beau ! […] Faire tinter à nos oreilles le curieux récit des aventures de Clindor, menant la vie de bohème aux alentours du Pont-Neuf ; faire éclater les beaux vers burlesques et presque tragiques du rôle de Matamore ; lancer sur la scène la brave et pimpante Lyse, — patronne de Lisette, — qui, trois quarts de siècle à l’avance, mène un complot digne des Folies amoureuses ; montrer ce cavalier et sa belle, qui, deux siècles avant Marion Delorme, savent si bien s’évader de prison ; et ces comédiens enfin, qui, tant d’années avant MM.
Il plut des réponses et ce fut un beau bruit. […] Nous qui ne sommes que clercs ou bourgeois, pour quinze sols nous irons au parterre ; les loges sont de trois livres ; les belles galeries dorées de cent dix sols ; les seigneurs du bel air donnent un demi-louis pour être sur le théâtre. […] Voilà qui est plus beau que le jeu de paume du Marais. […] Il est bien fait, avec son air éventé, ses grands cheveux blonds, ses belles dents, ses rubans et ses plumes. […] Gautier la mit en beau style et Provost la mit en action.
Si je demandois aux fanatiques du nouveau genre ce qu’ils pensent des reconnoissances larmoyantes, ils s’écrieroient surement que rien n’est plus beau, plus divin, plus digne de charmer la Cour & la Ville ; & ils me citeroient d’abord, avec raison, les reconnoissances de l’Ecole des Meres comme deux très beaux morceaux. […] elles sont dans une bonne & belle comédie qui fait beaucoup rire en plusieurs endroits. […] Elles sont préparées, amenées, nouées, dénouées avec la plus grande adresse ; elles petillent d’esprit, les vers en sont beaux. […] belle demande ! […] Là, j’ai entendu la plus belle aventure du monde ; j’ai pensé éclater de joie.
La Belle qui n’étoit pas moins pénétrante que le Cavalier, s’étoit apperçue avec plaisir qu’elle lui avoit donné de l’amour. […] J’y consens encore, repartit la Belle, mais en vous protestant que ce sera la derniere fois que je vous parlerai de cette affaire ». […] La Belle, qui ne dormoit pas, comme vous pouvez croire, le reçut à bras ouverts. […] Et la nouvelle mariée apprendra aussi ces belles chansons ? […] Quelle belle famille !
La postérité comptera parmi nous dix Peintres fameux, autant de Sculpteurs, autant d’Architectes illustres, & dira : « Tant d’Artistes distingués n’ont pu faire des progrès, qu’au sein d’un pays où les talents naissants trouvent des ressources gratuites chez des Maîtres entretenus par la générosité du Monarque ; tant d’Artistes distingués n’ont pu se perfectionner, que dans un pays où l’Eleve, parvenu au point de laisser entrevoir la moindre étincelle de génie, est envoyé à grands frais dans l’ancienne patrie des beaux arts, peut s’y enrichir des plus belles connoissances, & revenir, précédé de sa réputation, dans la capitale pour être accueilli dans le palais des Rois. » Qui pourroit ne pas voir toute l’utilité du plus respectable des établissements, de cette Ecole d’honneur, de bravoure, dans laquelle est admis quiconque puise dans un sang noble l’ardeur de défendre sa patrie ? […] Vous avez beau dire que rien n’est plus ridicule que cette diversité de sentiments si opposés les uns aux autres : vous avez beau faire voir combien il est absurde qu’un ouvrage de génie, sur lequel les gens de l’art peuvent à peine prononcer après l’avoir examiné à tête reposée, soit condamné à l’oubli sur une simple lecture faite en l’air dans une assemblée tumultueuse : vous avez beau vous écrier que vous ne comprenez pas comment des personnes, fort aimables d’ailleurs, mais qui étoient avant-hier occupées de toute autre chose que de la comédie, peuvent aujourd’hui, moyennant leur ordre de réception, avoir acquis tout de suite la connoissance nécessaire pour juger les productions de l’art le plus compliqué & le plus étonnant56 : vous avez beau représenter modestement que vous pouvez avoir mal lu, que vos juges peuvent s’être trompés comme ceux qui refuserent jadis la Mélanide de la Chaussée, l’Œdipe de M. […] Quand une troupe adoptera des monstres dramatiques, l’autre, toujours ferme dans le bon genre, empêchera le goût de se corrompre, ou nous ramenera au vrai beau. […] Deux Poëtes couronnés des mains de la Muse tragique viennent d’être honorés des bienfaits63 du maître : les Comédiens ont ordre de ne plus confier aux doubles64 les pieces de Moliere : encore un pas, & nous pourrons revoir les beaux jours de Thalie & de Melpomene. […] De cette façon, une piece mal jugée par les Comédiens, & préparée à grands frais, ne risqueroit pas de leur faire perdre leur belle saison, & les bonnes nouveautés se succéderoient sans intervalle.
Voilà un assez beau drap. […] Fort beau. […] Que cela est beau ! […] Et un homme d’épée, là, un cavalier du bel air ? […] voici une belle question !
Ainsi, il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant et exerçant toutes les belles qualités, d’un parfaitement honnête homme. […] Toute la Cour trouva ces vers très beaux, et tous d’une voix les donna à Benserade, qui ne fit point de façon d’en recevoir les compliments, sans néanmoins se livrer trop imprudemment. […] Calliope, muse des beaux vers. […] J’ai eu beau la soumettre aux lumières de mes amisa, et à la censure de tout le monde. […] Voyez la comédie de La Belle Plaideuse, tome VII, p. 66 de cette Histoire.
Ce n’est certainement pas bien voir les choses, puisque Francaleu prouve à l’Empyrée qu’il ne doit pas compter sur la belle de Quimper. […] vous aurez beau dire ! […] vous aurez beau dire !Et vous, beau protester ! […] C’est moi-même Qui suis le bel objet de votre amour extrême.
La charge est vraiment belle ; &, pour un tel dessein, Il ne me faudroit plus qu’un caducée en main ! […] Des bégueules, fieres d’avoir vu ou cru voir le beau monde de Paris, se donnent gauchement un air d’importance dans leur petite ville & dans leur cercle. […] Le galant lui dit à lui-même qu’il est bien heureux d’avoir une si belle femme ; il lui peint tout l’amour dont il brûle pour elle. […] La jambe en devient-elle Plus tortue, après tout, & la taille moins belle ? […] Votre Procureur s’entendra avec votre partie, & vous vendra à beaux deniers comptants.
Mais on a beau savoir les choses et la vie, on rêve toujours des exceptions pour soi-même. […] — Mais enfin elle est capricieuse autant que personne du monde. — Oui, elle est capricieuse, j’en demeure d’accord ; mais tout sied bien aux belles ; on souffre tout des belles ! […] Le passage est éloquent et une grande émotion s’en dégage ; non-seulement il ne part pas d’une plume ordinaire, mais je n’hésite pas à y voir, malgré quelques tournures languissantes et quelques-faiblesses d’expression, un des beaux morceaux de la prose française en sa plus belle époque. […] Ces beaux vers durent charmer Armande et faire sourire Molière. […] Elle était jeune encore, plus belle que jamais ; elle n’avait pas été heureuse dans son premier mariage ; la vie lui devait un dédommagement.
Du reste, comme la plûpart se trouvent dans les Mémoires historiques, dont on a orné la belle Edition in-4°. de Moliere, ils semblent avoir acquis une espece de certitude, qui ne peut être ébranlée que par des faits contraires, plus évidemment certains. […] Habert de Montmor de l’Academie Françoise ait souffert qu’on lui ait dedié une si mauvaise Piece, & des injures atroces contre un des plus beaux génies de la France. […] Envain mille jaloux esprits, Moliere, osent avec mépris Censurer ton plus bel Ouvrage ; Sa charmante naïveté S’en va pour jamais d’âge en âge Enjouer la posterité. […] Ta Muse avec utilité Dit plaisamment la verité, Chacun profite à ton Ecole, Tout en est beau, tout en est bon Et ta plus burlesque parole Est souvent un docte Sermon. […] Laisse gronder tes envieux Ils ont beau crier en tous lieux Que c’est à tort qu’on te révere, Que tu n’es rien moins que plaisant ; Si tu sçavois un peu moins plaire, Tu ne leur déplairois pas tant.
On a beau dire que les Anciens étoient les Anciens, que leurs regles étoient bonnes pour eux : la raison ne vieillit pas : ses loix ne perdent jamais de leur force : il est du dernier ridicule de vouloir faire passer avec quelque ombre de vraisemblance sous les yeux des spectateurs assemblés pendant trois heures seulement, ce qui pourroit s’exécuter à peine dans plusieurs années. […] En ce cas-là, s’il y avoit des poëtes dans les lieux que le soleil éclaire cinq à six mois, ils auroient plus beau jeu que nous. […] Ce sont les grandes difficultés qu’il est beau de vaincre, & c’est en triomphant d’elles que nos maîtres ont su s’assurer l’immortalité. […] Les Tuileries, sur la fin d’un beau jour, voient naître des passions, des fantaisies amoureuses, de tendres caprices, des jalousies ; voient lier des parties, achever des ruptures, commencer & finir des infidélités. […] On a beau défendre dans l’Avare l’intrigue du faux Intendant avec Elise : elle est épisodique ; il ne suffit pas, pour l’excuser, de dire que l’Avare l’embrasse ; mauvaise raison.
Jeune, belle, capable d’inspirer une passion folle, elle s’est enfermée dans sa famille, et, sans quitter le monde, elle a su renoncer aux triomphes mondains. […] Les autres ont beau faillir, elle ne faiblit jamais ; ils ont beau méconnaître ses mérites et attaquer sa conduite, jamais de sa bouche ne sort un mot de blâme ou d’aigreur : aux injures de Mme Pernelle, elle n’oppose qu’un doux et digne silence361 ; à l’impudente déclaration de Tartuffe, elle ne répond qu’avec le mépris serein de la véritable vertu, assez forte pour se défendre sans colère362. […] Si tant de réserve était inspiré par la "constance d’une âme qui se sent inébranlable, ce serait beau : mais à cette intrépidité de conscience se joint, chez Elmire, quelque chose de plus beau : l’amour pour ses enfants d’adoption. […] Elle ne deviendra pas, comme Béline, un monstre dans lequel l’égoïsme et l’avarice ont effacé tout ce qui restait de la femme369 ; ni, comme Philaminte, une pédante orgueilleuse qui sacrifie son mari, sa fille, sa maison à la vanité, du bel esprit370 ; ni, comme Mme de Sotenville, une folle de Noblesse, en qui l’amour du nom et du titre a tué tout autre sentiment, et qui croit qu’une famille n’est qu’une généalogie371. […] Il a beau dissimuler sous le badinage comique l’émotion répulsive que lui cause une coquette, on sent percer son mépris, son indignation contre celles qui passent leur vie à inspirer de l’amour sans avoir rien que de la vanité.
Maintenant, on voudrait tâcher de se dérober à la passion du beau et au joug du génie pour conserver toute l’impartialité du sens et du jugement moral. […] Mais cette illusion n’est qu’une preuve de plus de la haute honnêteté de Tau-peur : souvent, une plaisanterie un peu libre et qu’on croit sans conséquence peut faire plus de mal que n’a fait de bien un beau discours sur la vertu. […] La morale est belle en théorie, mais pénible en action. […] Elle a, sur le derrière, une chambre assez belle. — Oui vraiment, une chambre assez belle en effet ! […] Voyez un peu la belle affaire !
Dupuis guérit, devient veuf : sa femme ne lui laisse qu’une fille fort belle. […] On a beau le prier, lui faire parler par son Confesseur, rien ne le fait changer de résolution. […] J’ai vu des beaux habits à S. […] Plus il a la tête couverte de poudre, plus il ressemble aux gens du bel air. […] La belle crut qu’il avoit dit cela Par politique & pour jouer son rôle.
C’étoit un très-gracieux comédien, quoique d’une taille médiocre, mais il avoit de beaux yeux et de belles dents. […] C’étoit un grand homme, beau de visage, fort bien fait, et excellent acteur pour jouer les rôles de rois ; il étoit des plus anciens comédiens de la Troupe Royale en 1674. […] C’étoit un très-grand et bel homme, fort bien fait ; il jouoit les rôles de jeunes rois. […] Ariste permet que Leonor voye le beau monde et qu’elle aille vêtue comme une fille de qualité, sans néanmoins donner dans le ridicule outré des modes. […] Peut-on faire un plus bel éloge, et n’est-ce pas la meilleure réponse à ceux qui demandent naïvement « si Molière était bon comédien ».
Voilà pourquoi notre lyre rend un plus beau son que celle des anciens. […] Mais cette largeur est rare, et la concorde des Dieux dans l’Humanité n’est qu’un beau rêve. […] Mais justement Molière a perdu là une belle occasion d’être comique. […] Le bel idéal, vraiment ! […] Un beau jour on le case.
Corneille dans sa belle comédie de l’Illusion ? […] Son premier coup d’œil dans ce beau monde avait été pour les femmes. […] a-t-on jamais parlé, dans le beau style, de Cathos, ni de Madelon, et ne m’avouerez-vous pas que ce serait assez d’un de ces noms pour décrier le plus beau roman du monde ? […] qu’il est beau ! […] qu’il est beau !
D’ailleurs, le beau tableau à présenter au public, que l’amour effréné d’un vieillard libertin ! […] Le jeune homme profite des leçons de son maître, cherche fortune, plaît à une belle, et cette belle est la femme du docteur. […] mes camarades, comme ce rôle est beau, varié, nourri, taillé dans le grand, aussi est-il d’une difficulté ! […] — Le rôle est si beau, qu’il n’est pas difficile à rendre. — Pas difficile ! […] Le parterre me répond, belle demande !
Forcer la cassette d’Orgon et fasciner Elmire, la belle affaire ! […] La nature l’y poussait sans doute, une belle passion le décida. […] Interrogeons-le là-dessus directement et faisons-lui la partie belle. […] Voilà le bel idéal de la comédie absolument renversé. […] Tome VIII de la belle et définitive édition de Louis Vivès, publiée par les soins de M.
Tu ris après ce bel ouvrage ! […] Avec cette belle réputation tous les maris lui amenent leurs femmes, & le pauvre homme n’est plus embarrassé que du choix. […] S’il n’est pas beau de prononcer dans une piece le mot de cocu, le cocuage mis en action n’a rien de fort honnête. […] Le beau sujet à divertir la cour que M. […] Son protecteur le quitte, en disant qu’un poëte affamé comme lui fourniroit le plus beau sujet de comédie (credo che el più bel carattere de comedia sia el suo, cioè el Poeta affamado).
D’ailleurs, le beau tableau à présenter au public que l’amour effréné d’un vieillard libertin ! […] voilà une belle rue ! […] Pendant ce bel entretien, se présente Fuscus Aristius, un de mes amis, & qui connoissoit mon homme à merveille. […] étant donc En ce lieu beau s’il en fut onc, Le Roi, l’illustre Reine Mere, Monseigneur d’Orléans son frere, Et Madame pareillement Y vinrent par ébattement. […] La piece tant & tant louée, Qui fut derniérement jouée, Avec ses agréments nouveaux, Dans la belle maison de Vaux, Divertit si bien notre Sire, Et fit la Cour tellement rire, Qu’avec les mêmes beaux apprêts, Et par commandement exprès, La troupe comique excellente, Qui cette piece représente, Est allée encor de plus beau La jouer à Fontainebleau...
On voit, dit Sorbière, autre disciple de Gassendi, les traits d’une belle philosophie dans les comédies de Molière. Cette belle philosophie dont parle Sorbière, est celle de Gassendi. […] Il n’en reste que quelques vers piquants du Misanthrope, sur l’illusion qui fait voir tout en beau aux amants dans l’objet aimé, imités d’un passage du IVe livre de Lucrèce1. […] Il avait attaqué, dans les Précieuses ridicules, la prétention au bel air et aux belles manières, il attaque, dans les Femmes savantes, la prétention à la science et à la philosophie. […] Pour donner plus de goût à sa traduction, Molière avait rendu en prose toutes les matières philosophiques, et il avait mis en vers les belles descriptions de Lucrèce. » (Mémoires sur la vie de Molière, en tête de l’édition d’Aimé Martin).
Et ce qu’il y a de plus beau dans la dernière est tiré d’un Livre intitulé Les Nuits facétieuses du seigneur Straparole, dans uneHhistoire duquel un Tival vient tous les jours faire confidence à son Ami, sans savoir qu’il est son Rival, des faveurs qu’il obtient de sa Maîtresse, ce qui fait tout le sujet et la beauté de L’École des femmes. […] Je suis toutefois obligé d’avouer, pour rendre justice à ce que son Auteur a de mérite, que cette Pièce est un Monstre qui a de belles parties et que jamais l’on ne vit tant de si bonnes et de si méchantes choses ensemble. […] — Cette Critique avantageuse, ou plutôt cette ingénieuse apologie de sa Pièce, répliqua Straton, ne la fera pas croire meilleure qu’elle est, et ce n’est pas d’aujourd’hui que tout le monde est persuadé que l’on peut, et même avec quelque sorte de succès, attaquer de beaux Ouvrages et en défendre de mé chants, et que l’esprit paraît plus en défendant ce qui est méchant qu’en attaquant ce qui est beau. […] J’avouerai toutefois, avant que de le quitter, que vous m’avez fait concevoir beaucoup d’estime pour le Peintre ingénieux de tant de beaux tableaux du Siècle. […] — Aussi, me repartit Clorante, est-ce un des plus plaisants et des plus beaux Tableaux de Campagne que l’on puisse jamais voir, puisque c’est le portrait d’un baron campagnard.
Molière, poète de la cour de Conti, avait donc beau jeu pour mettre sur le théâtre de Béziers sa comédie des Précieuses ridicules. […] Les premiers beaux jours que la paix nous a donnés, ont fait cette heureuse production. […] Ce titre se donne, dit de Pure dans La Précieuse, page 26, aux personnes du beau sexe qui ont su se tirer du prix commun des autres. […] Elles jugent des beaux discours et des beaux ouvrages ; elles eu font elles-mêmes. » Voici quelques exemples fournis par de Pure, de leurs conversations et de leurs discours. […] Nous verrons que la Place-Royale fut vraiment un des quartiers où se tenaient les belles ruelles.
« C’était une femme grande, de belle taille et de bonne mine. […] Mariée à l’âge de 17 ans avec un homme riche, spirituel et fort répandu ; belle, spirituelle elle-même et bien élevée, sa société fut bientôt recherchée. […] Dans une lettre du 4 août 1677 à madame de Grignan, elle rapporte la réponse de son fils à quelqu’un qui doutait de la persévérance de la belle Sablière. […] Mais la tendresse, la passion, la distinction et la parfaite fidélité sont toujours dans le cœur de la belle, et quiconque dira le contraire aura menti. » La tendresse de madame de la Sablière n’empêcha pas l’infidélité de La Fare. […] Voiture l’ayant revue quelque temps après, assure qu’il l’a trouvée aussi belle que 40 ans avant ; si elle avait été belle 40 ans avant 1638, il faut qu’elle soit née au moins 15 ans avant 1638, c’est-à-dire en 1583.
la belle science! la belle science! […] La fille que je veux prendre est fort jeune et fort belle. […] Veut-on savoir à qui Molière a emprunté cette belle comparaison! […] Sachons rendre hommage en terminant à une aussi belle conviction.
Souvent j’ai beau rêver du matin jusqu’au soir, Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir : Si je veux d’un galant dépeindre la figure, Ma plume pour rimer trouve l’Abbé de Pure : Si je pense exprimer un Auteur sans défauts, La raison dit Virgile, et la Rime Kainaut. […] Si je voulais vanter un objet Nonpareil ; Je mettrais à l’instant, Plus beau que le Soleil. Enfin parlant toujours d’Astres, et de Merveilles De Chef-d’œuvres des Cieux, de Beautés sans pareilles, Avec tous ces beaux mots souvent mis aux hasard, Je pourrais aisément, sans génie, et sans art, Et transposant cent fois et le Nom et le Verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièce Malherbe. […] Avant qu’un peu de terre obtenu par prière Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molière, Mille de ces beaux traits aujourd’hui si vantés Furent des sots Esprits à nos yeux rebutés. L’Ignorance et l’Erreur à ses naissantes pièces En habit de Marquis, en robes de Comtesses Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau, Et secouaient la tête à l’endroit le plus beau.
Le Châtelet ne veut pas rendre si tôt une si belle proie. […] Le Châtelet ne veut pas sitôt lâcher une aussi belle proie. […] monsieur, s’écria Gaveau, la belle chose ! […] répliqua cette femme et à belles injures. […] Il comptait beaucoup sur ce beau moyen là.
Il accepte donc leurs invitations, car, à cette époque déjà, l’on est très friand dans le beau monde de voir de près les hommes de lettres et les corné liens. […] On aime à trouver ainsi l’auteur du Misanthrope dans ce cortège de nobles esprits qui font à distance si belle figure autour du grand Condé. […] Ses admirateurs posthumes avaient donc beau jeu, et ils n’ont pas manqué de s’espacer sur ce thème. […] Homme, je l’aime pour sa faiblesse. » Nul, on le voit, ne tient moins à partager le sentiment qu’inspirait au bonhomme Andrieux L’accord d’un beau latent et d’un beau caractère. […] Il s’appelait Mauvilain ; frappé par la faculté pour ses hérésies de doctrine, c’était un novateur, partisan des remèdes hardis, habile du reste, et beau parleur.
Pour venger Molière de tous ses détracteurs, Boileau fit les stances suivantes qu’il envoya à son ami : En vain mille jaloux esprits, Molière, osent avec mépris Censurer ton plus bel ouvrage : Sa charmante naïveté, S’en va pour jamais d’âge en âge Divertir la postérité. […] Chacun profite à ton école : Tout en est beau, tout en est bon ; Et la plus burlesque parole Est souvent un docte sermon. Laisse gronder tes envieux ; Ils ont beau crier en tous lieux, Qu’en vain tu charmes le vulgaire ; Que tes vers n’ont rien de plaisant.
La belle proposition ! […] Il a beau dire : l’art est sacré; il a peur que personne n’y touche. […] Trissotin qu’il n’est en effet pas beau de vouloir contraindre les gens. […] Rien de semblable dans les beaux vers que je viens de citer. […] Ce n’est pas la matrone antique innocente et fière; c’est une belle irritée.
& j’avois beau chercher. […] la belle équipée ! […] Il ne s’est pas logé dans un bel endroit. […] Pardonnez-moi, Monsieur, l’endroit est fort beau. […] Quel beau simple !
Qu’elle étoit belle ! […] Ses larmes n’étoient point de ces larmes désagréables qui défigurent un visage : elle avoit à pleurer une grace touchante, & sa douleur étoit la plus belle du monde. […] non, oui, non : beau discours ! […] Non, il faut m’éclaircir, & m’apprendre à l’instant Qui sont ces belles. […] Qui sont ces belles.
Enfin il combine tous les sentiments de la façon la plus propre à plaire et à faire rire, en sorte que ce n’est pas sans peine ni sans quelque chance d’erreur que, cherchant en ses ouvrages ce qu’il ne tenait pas à y mettre, on arrive à en tirer les beaux préceptes d’honnêteté exposés dans le précédent chapitre. Oui, ils sont beaux ; mais ils ne sont point là spécialement pour instruire ; ils s’y trouvent seulement au nom de l’art et du génie ; ils font partie de la matière humaine remuée et transformée par ce hardi créateur ; ils ajoutent à l’intérêt, à l’émotion, au charme victorieux qui domine la foule enivrée. […] Pour le peintre et le sculpteur, l’art est une belle tête sur la toile, qui nous fasse penser, ou un beau corps de marbre, qui nous émeuve ; pour le comédien, une bonne comédie qui fasse rire. Le rire est son bien ; il le puise à toute source : si la source en est morale, instructive, tant mieux ; quand elle ne l’est point, il y puise quand même ; et cette belle médaille de Molière philosophe et moral a un revers frappé d’immoralité. […] La comédie s’ouvre sur cette belle déclaration, prononcée doctoralement par l’admirable Mascarille : D’un censeur de plaisirs ai-je fort l’encolure, Et Mascarille est-il l’ennemi de nature ?
Leur imagination, prompte à s’échauffer, ne voit pas qu’un Auteur dans un de ces moments d’enthousiasme qui lui dicte une belle phrase, une phrase sonore, jette sur le papier, sans scrupule & sans réflexion, une pensée qu’il ne risqueroit point ou qu’il détailleroit s’il traitoit à fond de l’art dont il ne parle qu’en passant. […] S’il suit cette route, la seule qu’il ait à prendre, je ne sais pas à quel propos il nous donneroit une copie du Tartufe : l’original nous suffit, il est si beau ! […] Il est fort beau sans doute, & jette quantité de feux. […] Non, Madame, il est en de trop belles mains. […] Belle demande !
Louis ouvrit l’entrée de sa cour à l’auteur comique, comme s’il eût voulu lui fournir ses modèles, et s’associer ainsi à ses plus beaux ouvrages. […] Les louanges de Louis XIV dans un chef-d’œuvre tel que le Tartuffe étaient le plus bel hommage qu’il fût possible d’élever à son nom. […] Que ton collier est beau ! […] Il est épris d’une jeune villageoise dont le mari est très jaloux, et il parvient à devenir le confesseur de la belle. […] N’est-il pas heureux qu’un homme de génie ait pris dans une nouvelle médiocre, et destinée à l’oubli, une des plus belles scènes du théâtre ?
Tout beau, charmante Nuit, daignez vous arrêter. […] Je suis assez adroit ; j’ai bon air, bonne mine, Les dents belles sur-tout, & la taille fort fine. […] Je me vois dans l’estime, autant qu’on y puisse être ; Fort aimé du beau sexe, & bien auprès du maître. […] Les yeux à fleur de tête, & les dents assez belles, Jamais en ton chemin trouvas-tu des cruelles ? […] J’ai trouvé la matiere assez seche de soi ; Mais la belle est tombée amoureuse de moi.
En morale, le beau le touche plus que le bon. […] Sa notion du beau révèle une tendance panthéistique. […] Rambert s’attache donc à discerner le beau dans les manifestations diverses du génie de l’humanité, persuadé que le beau qui l’est en soi subsiste au milieu de la variété de ces manifestations. […] L’acte d’accusation a été rédigé de manière à lui faire la partie belle, à rendre la défense facile. […] Ce n’est pas la matrone innocente et fière ; c’est une belle irritée.
Les frippons d’Athenes & de Rome ne servoient quelquefois les amours de leur jeune patron avec des concubines, qu’en mettant dans leur parti le pere de ce même jeune homme, & en lui promettant qu’il aura les faveurs de la belle. […] Toxile a beau brûler pour la belle, il faut que pour en jouir il paie comptant six cents nummes, somme très considérable pour un esclave. […] Il dit à son maître qu’il y a en Cretrie un attelage de bœufs très beaux à vendre pour le prix de six cents nummes : le vieillard donne dans le panneau, compte l’argent, recommande à son esclave de revenir dans sept jours avec les bœufs. […] La nourrice apprend à Géronte que la belle Hyacinthe est sa fille, & le bracelet prouve que Zerbinette doit le jour au seigneur Argante.
Une robe-de-chambre étalée amplement, Qui n’a point de ceinture, & va nonchalamment, Par certain air d’enfant qu’elle donne au visage, Est nommée innocente, & c’est du bel usage. […] Un beau nœud de brillants dont le sein est saisi, S’appelle un boute-en-train, ou bien un tatez-y ; Et les habiles gens en étymologie Trouvent que ces deux mots ont beaucoup d’énergie. […] Une longue cornette, ainsi qu’on nous en voit, D’une dentelle fine, & d’environ un doigt, Est une jardiniere : & ces manches galantes, Laissant voir de beaux bras, ont le nom d’engageantes. […] Enfin la gourgandine est un riche corset, Entr’ouvert pardevant à l’aide d’un lacet : Et comme il rend la taille & moins belle & moins fine, On a cru lui devoir le nom de gourgandine. […] Voilà de vilains noms pour de si beaux atours.
Il ne tiendrait qu’à moi d’en avoir nn plus beau, Me dis-je... […] D’après le beau roman de M. […] Quelle belle journée !... […] Son domaine n’est-il donc pas assez beau, assez vaste ? […] Guizot, dépare les plus beaux ouvrages de l’auteur d’Hamlet, et rend souvent son dialogue inintelligible.
— Fort belle. — Le beau jour ! — Fort beau. […] Il n’est pas de petite fille, si petite qu’elle soit, qui ne rie à sa belle robe. […] Les nègres ne trouvent-ils pas leurs femmes fort belles ?
De l’hôtel Rambouillet le héros favori, Cotin, le grand Cotin, Boursault et Montfleuri Lançaient contre tes mœurs d’injurieux libelles, Ou même décriaient tes œuvres les plus belles. […] Tes ouvrages, voilà ton plus beau monument, Et celui-là, scellé d’un éternel ciment, Debout, environné d’universels hommages, Aura pour piédestal l’appui de tous les âges. […] L’âme est l’ardent foyer où la verve s’enflamme ; Un vers est toujours beau s’il vient d’une belle âme.
Après la représentation on demanda au paysan s’il s’étoit bien amusé : à merveille, dit-il ; j’ai vu des beaux Messieurs, des belles Dames, tous bien parés, bien enjolivés. On lui demanda ensuite s’il avoit trouvé beau ce qui s’étoit passé sur le théâtre : alors il s’écria qu’il s’étoit bien gardé de regarder trop souvent de ce côté-là : il y avoit là, dit-il, des gens qui s’entretenoient de leurs affaires, & je sais qu’il n’est pas honnête de prêter l’oreille aux discours des personnes qui se parlent. […] Les incidents ont beau naître d’un sujet, être accrochés les uns aux autres, ou terminés naturellement, ils ne donnent point une marche rapide à l’action, s’ils n’ont pas le mérite de la variété, c’est-à-dire, s’ils ne sont alternativement heureux & malheureux.
Francaleu lui remet sa foi, déclare qu’il est sa belle amante, s’avoue pour l’auteur des vers qui, sous le masque femelle, ont agacé tant de lecteurs & fait un si grand nombre d’enthousiastes. […] Elle transcrivit plusieurs pieces de vers, on les adressa à la Roque qui en fut enchanté ; il se prit même de belle passion pour la Minerve du Crosil : il s’émancipa dans une de ses lettres jusqu’à dire : je vous aime, ma chere Bretonne ; pardonnez-moi cet aveu, mais le mot est lâché. […] Le voilà en proie à de cruelles réflexions ; donnez-lui une plume & de l’encre, il va faire un beau livre sur l’ingratitude des enfants en faveur de qui un pere s’est dépouillé. […] Le pere, aveuglé par sa tendresse, excuse ses enfants, ne se repent pas de sa libéralité ; il est seulement fâché de n’être plus assez riche pour faire un sort heureux à la belle Angélique, fille d’un homme auquel il doit lui-même sa fortune & la vie. […] L’oncle donne tout son bien à la belle orpheline, qui se fait un plaisir d’offrir son cœur & sa main au bon & généreux Géronte, & sollicite, en faveur de cet hymen, la grace des trois fils.
Il met son parent dans ses intérêts, le fait partir pour Saint-Germain, prend possession de sa maison, & fait sous son nom demander la main de sa belle : c’est ici que la piece commence. […] Eraste est l’amant aimé d’Orphise ; mais Damis, oncle & tuteur de la belle, s’oppose à leur bonheur. […] Eraste a trouvé le secret d’appaiser Orphise ; mais l’oncle de la belle s’oppose plus que jamais à leur union. […] Pour savoir où la belle est allée, Va-t’en chercher par-tout, j’attends dans cette allée. […] Orphise toutefois, malgré son désaveu, Daigne accorder ce soir une grace à mon feu ; Et j’ai fait consentir l’esprit de cette belle A souffrir qu’en secret je la visse chez elle.
Elle était belle, bonne, spirituelle. […] C’était sous l’influence de l’heureux besoin dont les esprits étaient alors pressés, que s’ouvrait l’hôtel de Rambouillet aux gens de la cour ennemis des scandales, aux gens du monde poli de la capitale, aux gens de lettres de profession, aux esprits cultivés de toutes les classes ; c’était par cet intérêt que les femmes les plus distinguées y étaient amenées et reçues avec des hommes d’élite, par une des plus belles, des plus jeunes, des plus riches et des plus respectables femmes de la cour. […] Comme j’y suis le parrain de plusieurs belles, je veux et entends qu’à l’avenir mademoiselle d’Hervart s’appelle Sylvie dans tous les domaines que je possède sur le double Mont15 ». […] Ce fut l’ode de Malherbe sur la mort de Henri IV, qui éveilla le talent de La Fontaine ; et qui n’a entendu citer ces vers sur la mort de mademoiselle du Périer, Elle était de ce monde où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L’espace d’un matin ? […] Cette maison isolée, qu’entourait un beau jardin, fut nommée longtemps la Folie Rambouillet.
C’est un lieu de plaisir, séjour de mes aïeux, A mon gré le plus beau qui soit dessous les cieux. […] On peut, avec raison, Se promettre de là quelque belle maison. […] Que tous ces beaux jardins ont des charmants appas ! […] Que l’ordre est rare & beau de ces grands bâtiments ! […] Pourquoi dédaignent-ils aujourd’hui ce beau simple, cet élégant naturel, qui, mis à côté de leur clinquant, fait leur critique & celle de leurs partisans ?
Comme Arnauld d’Andilly toutefois, « il a plus d’envie de sauver une âme qui est dans un beau corps qu’une autre ». […] Du Croisy était un gros homme, de belle taille, de bonne mine et très plaisant. […] Bel homme ! […] le beau mot ! […] La France enfin, s’avançant modeste, avec la clarté de son beau rire sur les lèvres, présentera son œuvre à son tour.
Pour le style des beaux endroits, il y est si excellent, qu’il fallait un poète de génie pour le soutenir. […] C’était l’excès d’une des plus belles ambitions du temps, le perfectionnement de la langue. […] Il est fort beau sans doute, et jette quantité de feux. […] Nenni, madame, il est en de trop belles mains. […] Belle demande !
« Mais c’est cela même dont je me plains, dit mon Censeur : vous ne m’avez point donné le beau de Molière ; vous me l’avez représenté comme un homme fort commun ; par de petites aventures qui ne sont bonnes qu’à amuser de petits Lecteurs. […] » J’ai représenté Molière dans son beau, comme dans son mauvais ; mais j’ai jugé à propos de faire paraître ses situations et ses sentiments, par ses actions, pour attacher d’avantage ceux qui lisent. […] Cette Profession, dit-il encore, a-t-elle d’autres règles, que le bon sens, une belle voix, et de beaux gestes ? […] Mais, me dira mon Critique, votre Molière ne savait point tout cela ; vous dites vous-même qu’il n’eut point de succès dans le tragique : et toutes ces belles règles que vous venez de donner ne conviennent point à l’Acteur Comique. […] C’est dommage que mon Censeur se soit contredit tant de fois dans sa Critique, qu’il ait des sentiments si opposés à ceux du Public, qu’il prenne si souvent à gauche : avec ses grands termes, et ses belles expressions il se serait fait une réputation d’homme d’esprit mes dépens.
Il vous a peint du beau côté, en ne faisant de vous qu’un Cocu Imaginaire : vous seriez bien heureux d’en être quitte à si bon marché ». […] Voilà, dit-elle, de belles instructions à donner à mon fils, que de l’entretenir des folies de son père. […] Le Beau de Schosne, 1773, L’Assemblée : comédie en un acte et en vers. […] Corine (Boisrobert, La Belle plaideuse, 1653) : maîtresse d’Ergaste. […] La Belle Plaideuse, Acte I, scène 8.
Il vous a pris du beau côté ; & vous seriez bien heureux d’en être quitte pour l’imagination. […] On avoüa que Moliere avoit trouvé la belle Comedie ; il la rendoit divertissante & utile. […] Menage de la maniere dont cette belle Scene du Chasseur fut faite. […] En voici un exemple, qui fait un des plus beaux traits de sa vie. […] Je vous trouve bien hardis de vous opposer à de si belles actions.
Tous les sujets sont bons entre les mains d’un habile homme : propos absurde, que j’ai souvent entendu tenir à ces petits tyrans du Parnasse, qui s’érigent en censeurs, parcequ’ils ont enfanté avec peine quelques vers insipides ; à des hommes du bel air, qui vont réguliérement tous les jours à la Comédie, mais qui n’en connoissent que les foyers & les actrices ; enfin à de jolies femmes qui, occupées pour la plupart de l’art de la toilette, n’ont jamais réfléchi sur aucun autre. […] Mais comme, dans ce siecle charmant, tout est soumis au tribunal des Dames, qu’elles font sur-tout le sort des ouvrages de génie, & qu’il importe beaucoup à la république des lettres que le plus grand nombre ait des idées vraies, justes & dignes de ce goût fin, délicat & naturel que le beau sexe a reçu en partage, je me contenterai de faire remarquer aux Dames qui seront en ceci d’un avis contraire au mien, qu’il faut bien moins d’adresse pour présider à la parure d’une femme jeune & jolie, qu’à celle d’une vieille : & elles se récrieront, sur-tout si elles sont parées des fleurs de la beauté & de la jeunesse ; il a raison : Madame une telle, par exemple, est un sujet ingrat, que l’art de trois Marthons des mieux stylées ne sauroit embellir ; elle est toujours d’une laideur amere : si ! […] Pour nous convaincre de cette grande vérité, supposons quelqu’un qui connoisse tout Moliere 6, excepté son Dépit Amoureux ; & mettons sous ses yeux les scenes les plus belles de cette comédie. […] L’homme que nous avons supposé ne manquera pas de s’écrier que le Dépit Amoureux est une des plus belles pieces de Moliere, puisqu’il en est peu où l’on trouve un si grand nombre de beautés ; & il sera tout étonné quand on lui dira que c’est une des moins bonnes. […] On y cabale avec l’acteur qui doit jouer le beau rôle ; on réussit à l’y faire représenter ; les protecteurs louent des loges, rient beaucoup, & applaudissent encore davantage.
Mais toute pièce à la fois très belle et très nouvelle ne peut pas plaire à la foule en sa nouveauté. […] Entra l’on ne voit rien de si beau sous le ciel. […] Et d’où cette belle science enfin peut-elle être venue aux hommes ? […] Corneille dit par toutes ses pièces ou par la plupart ou par les plus belles : « Il n’y a de beau que de vivre dangereusement et il n’y a de beau que d’agir contrai-renient à ses intérêts. »Molière dit : « Il faut vivre prudemment et conformément à ses intérêts bien entendus. […] Il l’accuse d’ignorance, de mauvais goût et d’indifférence à l’égard de la belle littérature.
On avoua que Molière avait trouvé la belle comédie ; il la rendait divertissante et utile. […] Je vous trouve bien hardis de vous opposer à de si belles actions ! […] messieurs, poursuit Molière, que vous ai-je fait pour former un si beau projet sans m’en faire part ? […] Horace, en beaux discours fréquent. […] La Thorillière était grand et fort bel homme ; il avait les yeux extrêmement beaux, et jouait admirablement bien les rôles de rois et de paysans.
Fabié raconte une anecdote de la vie de Corneille ; vers la fin, il hausse le ton en alexandrins convenablement frappés ; il plaint le poète de n’être pas né ou du moins mort de nos jours : on lui aurait fait un si bel enterrement ! […] Pourtant le trouve-t-on aussi plein qu’on le supposait, et d’aussi belles choses ? […] Pour Severo Torelli, qui va jusqu’à cent six, pour le Bel Armand qui touche à soixante et une, combien d’essais malheureux comme La Famille d’Arnelles et le Divorce de Sarah Moore ! […] Dans la seconde, Le Cid, Horace, Polyeucte osent poindre ils reviennent de loin ; c’est déjà beau qu’ils arrivent trois ; ne demandons pas quand suivra le reste. […] qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui viennent chausser le cothurne !
Madame Béjart n’avait pas seulement un penchant irrésistible pour le théâtre ; cette passion était légitimée par un beau talent. […] La Thorillière était grand et fort bel homme ; il avait surtout de beaux yeux, et jouait parfaitement les rôles de rois et de paysans. […] Elle était belle, aimable pour tout autre que pour son mari, et sa coquetterie mettait à bout toute la philosophie de Molière. […] Ayant de leurs savants pinceaux Été l’un des objets pins beaux. […] « La mère de Baron était une si belle femme que, lorsqu’elle se présentait pour paraître à la toilette de la reine-mère, sa majesté disait aux dames qui étaient présentes : Mesdames, voici la Baron ; et elles prenaient la fuite.
Si on le pressait de les donner, il serait fort embarrassé, sur ma parole ; car je n’en comptais point d’autre que le bon sens, une belle voix, et de beaux gestes. […] Cette action de Molière est belle, et je doute qu’il y ait beaucoup de personnes capables d’en ménager si bien une pareille. […] Ne pouvait-il le prendre de son beau côté ? […] Mais l’Auteur n’aurait eu moyen de faire donner par Molière une belle éducation à Baron, sans Chapelle. […] Il fait beau voir cet homme grave envoyer chercher le chapeau de Rohaut son ami, pour représenter le Philosophe dans le Bourgeois Gentilhomme ; cela est plat, et d’un mauvais caractère.
Il est de l’adresse du peintre, en me peignant un beau bras, de ménager si bien les contours de la partie visible, que je puisse voir celle qui ne l’est pas. […] La belle occupation ! […] Simon ne sort absolument que pour se préparer à cette belle expédition, & ne fera pas autre chose. […] Une noble hardiesse, sans être heureuse, mérite des éloges, quand l’amour seul des beaux arts l’a produite, & non la sotte présomption. […] On raconte qu’il avoit été chargé d’aller porter aux Administrateurs de l’Hôtel-Dieu la rétribution que la Comédie est obligée de donner à cet Hôpital, & qu’en s’acquittant de cette commission, il fit un beau & long discours pour prouver que les Comédiens méritoient, par le secours qu’ils procuroient aux pauvres, d’être a l’abri de l’excommunication ; mais son éloquence ne fut pas assez persuasive.
Vois le bel avenir qui de là se présente ! […] Comme tout cela est beau ! […] Les différentes beautés que nous venons d’indiquer ont beau être accumulées, elles ne font certainement pas longueur : il n’en est pas de même des scenes amoureuses. […] Il demande ce qu’a dit la belle ; on lui persuade qu’elle s’est récriée sur ses agréments : il la remercie de l’honneur qu’elle lui fait, & des bons sentiments qu’elle a pour lui. […] Il avoue ensuite l’amour qu’il a pour cette belle : son pere lui ordonne alors de ne plus songer à elle, & de la lui céder.
Enfin, le progrès des idées et le respect dû aux chefs-d’œuvre aidant, elle vient de reparaître sur le théâtre, cette courte et belle scène que n’aurait pas désavouée Shakespeare ; nous l’avons vue enfin et entendue tout entière, telle qu’elle a jailli de l’âme et du cerveau de son auteur, telle que bien peu même des contemporains de Molière ont pu l’entendre et l’admirer ; et, pour comble de bonheur, elle a été interprétée d’une manière sublime par Ligier, qui, avec quatre ou cinq paroles sorties du cœur, sans cris, sans gestes, a ému profondément toute la salle. […] Au premier plan, un riche et insolent libertin qui veut se donner, pour son argent, le passe-temps d’entendre un pauvre homme blasphémer ; d’une autre part, un valet intéressé qui engage l’homme en guenilles à gagner, à si bon marché, un beau louis d’or : « Va, va, jure un peu ; » puis un honnête mendiant qui, ayant au cœur la crainte de Dieu et le sentiment de sa dignité qu’on insulte, répond, sans déclamation, sans hésitation, simplement, fermement : « Non, monsieur, j’aime mieux mourir de faim. » Que fait alors le libertin ? Pour n’avoir pas trop à rougir devant le pauvre honnête homme, il lui jette la pièce d’or, en ajoutant avec un peu d’emphase : « Je te la donne pour l’amour de l’humanité. » A qui, je le demande, appartient ici le beau rôle ? […] N’est-il pas, par exemple, bien remarquable que la plus belle scène de Don Juan, celle qui vient d’être saluée d’applaudissements unanimes, soit précisément cette scène du pauvre, conçue et exécutée par Molière dans le sentiment le plus juste et le plus vrai du drame romantique16 ? […] De Villiers, l’auteur du Festin de Pierre ou le Fils criminel, joué en 1659, et, dont nous avons déjà dit un mot, assure, dans la préface de sa pièce, qu’il ne l’entreprit qu’à la sollicitation de ses camarades de l’hôtel de Bourgogne, infatués de ce beau titre de Festin de Pierre et du succès qu’obtenait sur la scène italienne la figure de don Pierre et de son cheval.
Il ne suffit pas de mettre de belles choses dans une comédie, il faut les placer avec goût, & de façon que les premieres n’enchérissent pas sur les secondes, les secondes sur les troisiemes, ainsi du reste. […] Telle piece n’a dû sa chûte qu’à un commencement trop beau qui a fait paroître plus foible le reste de l’ouvrage. […] Lucinde est éprise de Moncade ; on cherche à lui persuader que son amant est un perfide : pour le lui prouver, on dit à Moncade qu’une belle dame est charmée de son mérite, qu’il aura une conversation secrete avec elle, s’il veut se laisser conduire dans son appartement avec les yeux bandés ; il y consent, & assigne le lieu où on le trouvera. […] Laisse, laisse ces beaux noms, ces noms illustres, à l’indigne petit-maître que je sers ; donne-m’en de plus doux, & qui me conviennent.
Les écrits du temps la représentent belle et spirituelle. […] Belle comme un ange. Pour moi, j’aimerais mieux ce haillon loin que près. » Le 4 septembre, elle raconte à sa fille cette anecdote : « Un homme de la cour disait l’autre jour à madame de Ludres : Madame, vous êtes, ma foi, plus belle que jamais. — Tout de bon, dit-elle ; j’en suis bien aise, c’est un ridicule de moins. « J’ai trouvé cela plaisant. » Le 6 septembre, elle écrivait de Vichy : « Madame disait l’autre jour à madame de Ludres, en badinant avec un compas : Il faut que je crève ces yeux-là, qui font tant de mal. — Crevez-les, madame, puisqu’ils n’ont pas fait tout ce que je voulais. » On voit dans les mémoires de Madame, que madame de Ludres finit par se retirer dans un couvent à Nancy, où elle vécut jusqu’à un âge fort avancé. […] « Les avis d’une amie aimable, lui disait-elle, persuadent plus que ceux d’une sœur sévère. » Elle ajoutait : « Croyez-moi, ma belle demoiselle, car vous ne cesserez jamais de l’être, les intrigues de la cour sont bien moins agréables que le commerce de l’esprit.
Et je pense que tout le monde trouvera avec moi que cela était assez beau et assez grand ! […] Vous n’avez qu’à voir quel bel accueil il fait aux observations de Philinte. […] L’espérance, belle affaire ! […] C’est qu’elle ne les aurait pas si elle n’était belle, si elle n’avait pas tant d’esprit. […] le beau mot dans la bouche d’Alceste !
Il vous a pris du beau côté ; et vous seriez bien heureux d’en être quitte pour l’imagination. […] On avoua que Molière avait trouvé la belle Comédie : il la rendait divertissante et utile. […] Il avait beau représenter à sa femme la manière dont elle devait se conduire, pour passer heureusement la vie ensemble. […] En voici un exemple qui fait un des plus beaux traits de sa vie. […] Je vous trouve bien hardis de vous opposer à de si belles actions.
C’est un art grimacier, dont les détours flatteurs Cachent, sous un beau voile, un amas d’imposteurs. On a beau découvrir que ce n’est que faux zele, L’imposture est reçue, on ne peut rien contre elle : La censure voudroit y mordre vainement. […] On a beau les connoître & savoir ce qu’ils sont, Trouver lieu de scandale aux intrigues qu’ils ont : Toujours même crédit.
Une note des Mémoires de Lekain nous apprend que « la masse la plus pauvre et la plus sensible de la nation reçut l’annonce de la représentation avec le plus grand enthousiasme, mais que les belles dames et les gens du bel air n’y firent pas la moindre attention. […] Le grand Corneille, qui déjà avait passé la cinquantaine, la combla de vers, et de beaux vers. […] Le sujet parut si riant et si beau, ajoute-t-il qu’il fallut aller le jouer à Fontainebleau devant les reines et le roi. […] — Oui, elle est capricieuse, j’en demeure d’accord ; mais tout sied bien aux belles, on souffre tout des belles. […] Belles railleries !
Il s’est appliqué particulièrement à connaître le génie des grands, et de ce qu’on appelle le beau monde, au lieu que les autres se sont souvent bornés à celle du peuple. […] Mille de ces beaux traits aujourd’hui si vantés Furent des sots esprits à nos yeux rebutés. L’ignorance et l’erreur à ses naissantes pièces En habit de Marquis, en robes de Comtesses Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau, Et secouaient la tête à l’endroit le plus beau. […] Il faut avouer qu’il parlait assez bien français ; qu’il traduisait passablement l’italien ; qu’il ne copiait point mal ses auteurs : mais on dit peut-être trop légèrement, qu’il n’avait point le don de l’invention, ni le génie de la belle poésie11, quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses pièces le comédien avait plus de part que le poète, et que leur principale beauté consistait dans l’action.
Nous supplierons le cadastre de ne pas abattre cette maison de Molière; nous l’attendrirons par de beaux vers, de l’éloquente prose, par des paroles en prose, en vers et en or; et si le cadastre ne nous écoute pas, nous irons nous plaindre au roi, qui essaiera d’apaiser le cadastre, ce monstre composé de papier timbré, de niveaux, de haches et de marteaux. […] Peut-être sortira-t-on d’embarras en élevant à Molière une colonne de granit avec un beau socle en marbre de Bretagne. […] N’est-ce pas beau de changer un homme en une ville, c’est-à-dire faire de son nom le nom de tout un peuple ? […] Excellentes pour le temps, celles de Molière étaient déjà moins une réalité qu’un tableau pour la régence, comme elles ne sont plus pour nous qu’une gravure d’un fort beau fini.
Je voudrois bien savoir ce qu’ils pourront dire sur ce beau mariage. […] Aussi je vous le fis brancher comme un beau diable. […] & le Marquis de.... tous les deux beaux, charmants, faits à peindre, & dignes de conquêtes bien plus brillantes. […] Il descend, reconnoît l’espion, lui donne vingt coups de plat d’épée, & remonte auprès de sa belle. […] — La vérité, belle Dame.
Mercure pris pour Sosie, le Chevalier Ménechme pris pour son frere, Crispin faisant son testament sous le nom du bon-homme Géronte ; Valere parlant à Harpagon des beaux yeux de sa fille, tandis qu’Harpagon n’entend que les beaux yeux de sa cassette ; Pourceaugnac à qui on tâte le pouls, parcequ’on veut le faire passer pour fou ; & en un mot les méprises, les équivoques de pareille espece, excitent un rire général. […] Manzelle Zirzabelle est amoureuse du beau Liandre. […] Il se méprend aussi sur la cause de la rondeur énorme de sa Zamante : elle dénoue un cordon, la terrine tombe, le beau Liandre demande excuse d’un emportement que sa méprise rendoit excusable, baise les chers tessons de la bénite terrine qui lui a conservé sa maîtresse, & l’épouse. […] Elle n’est pas précisément belle ; mais elle est assez jolie. — Oh !
Le public ne pouvant juger les deux personnages par comparaison, n’a pas besoin de monter son imagination pour trouver de la ressemblance entre deux acteurs, dont l’un est quelquefois petit & laid, l’autre grand, bien fait & beau. […] Je ne doute pas qu’il n’y fût, en effet, très comique ; mais la premiere personne qui a fait cette belle découverte, n’a pas certainement pris la peine de réfléchir, de voir si l’exécution en seroit facile sur notre Théâtre, & en second lieu, si elle contribueroit à sa gloire, ou à sa chûte. […] Un instant après, Arlequin l’étranger se met à la fenêtre du cabaret ; Pantalon lui demande ce qu’il a fait de son bel habit. […] Un rival favorisé voit très souvent la belle par le secours d’une fausse porte qui conduit de l’appartement de Philocomasie dans une maison voisine. […] qu’est-ce donc, belle Philocomasie ?
Je vais faire l’extrait des deux plus belles pieces héroïques du Théâtre Italien, toutes les deux prises de l’Espagnol, toutes les deux traduites en François. […] Arlequin alarmé, tremblant de peur, lui crie de loin : Hola, Seigneur Samson, pour faire un plus beau tour, Vous deviez emporter en même temps la tour. […] L’admiration des belles actions de Carlos les avoit portées toutes deux jusqu’à l’aimer, mais d’un amour étouffé par le souvenir de ce qu’elles devoient à la dignité de leur naissance. […] Tout beau, tout beau, Carlos : d’où vous vient cette audace ? […] que cela est beau !
Il n’y a nul doute que cette Indienne, nommée Yarico, ne fût une personne de distinction, puisqu’elle se paroit tous les jours de nouveaux colliers des plus beaux coquillages, ou de grains de verre, & qu’elle lui apportoit quantité de riches dépouilles de ses autres amants : c’est-à-dire que la caverne de notre jeune Anglois étoit garnie de toutes sortes de peaux marquetées & des plus belles plumes de différentes couleurs qu’il y eût dans le pays. […] Cette pauvre malheureuse eut beau fondre en larmes, & lui représenter qu’elle étoit enceinte de ses œuvres ; insensible à toute autre voix qu’à celle de l’intérêt, il ne pensa qu’à profiter de son aveu pour en tirer une plus grosse somme d’un Marchand de la Colonie auquel il la vendit. […] Hassan, seul avec son ami, se livre à la joie : mais Dornal ne peut la partager ; il regrette sa chere Amélie : elle est si belle ; il craint qu’on ne l’ait achetée pour quelque Pacha. […] Ajoutez que le Turc qui acheta la jeune Maltoise, étoit lui-même un jeune homme qui parut charmé d’elle au premier coup d’œil, & qui se retira comme en triomphe avec une si belle proie. […] Et, dis-moi, rends-tu ce beau service-là à ceux qui ont tort, à ceux qui ont raison, indifféremment ?
Nul temps n’a produit plus de livres critiques ; et quand notre critique s’applique à des œuvres si solidement belles qu’elle ne peut espérer d’y trouver à mordre., elle ne se tient pas pour inutile : elle veut alors se rendre un compte exact de ces chefs-d’œuvre ; après les avoir reconnus inattaquables et s’être assurée qu’ils sont de tout point dignes d’admiration, elle prétend étudier en quoi et par quoi ils le sont : et elle n’est point satisfaite tant qu’elle n’a point démêlé les divers éléments dont se constitue ce tout rare et complexe, le beau. […] Les auteurs dramatiques poursuivent le beau dans la représentation du cœur humain, comme les sculpteurs dans celle du corps, lis cherchent à plaire par l’émotion, et le degré d’émotion qu’ils excitent est pour eux la mesure du succès4. […] On peut même dire en général que l’ensemble en doit être moral, ainsi que vraisemblable, à cause de la mystérieuse intimité qui unit le vrai, le beau et le bien, et fait de leur réunion la condition normale et habituelle du plaisir. Mais ceux qui veulent voir dans les œuvres dramatiques vraiment belles des intentions morales, prêtent presque toujours aux auteurs une pensée qu’ils n’ont point eue. […] Mais, de même que certaines gens font de fort belle prose sans y songer, certains ouvrages, sans avoir été écrits dans un but moral, ont plus que d’autres une influence sur les mœurs, et peuvent insinuer lentement dans le monde, d’une manière presque invisible, mais irrésistible, des éléments de moralité ou de corruption ; il y a des auteurs qui, sans être des moralistes proprement dits, méritent pourtant d’être étudiés comme tels, à cause de leur puissance observatrice, de leur sens droit, de leur popularité, enfin à cause du caractère universel et supérieur de leur génie.
Nous sommes intérieurement piqués en songeant que nous devons à nos voisins la plus belle piece de notre théâtre. […] Je doute qu’Orgon se fût pris de belle passion pour lui s’il eût accompagné ses modestes refus de menaces & de coups de bâton. […] Ce trait de ressemblance est plus fort que le premier ; mais si la copie ressemble à l’original, on est obligé de convenir que c’est en beau. […] La belle lui répond qu’en attendant il vouloit l’embrasser, & qu’elle avoit eu toutes les peines du monde à se défendre. […] On vient de débiter, Madame, une nouvelle Que je ne savois pas, & qui sans doute est belle.
La belle Plaideuse de l’Abbé de Bois-Robert. […] Cléante fait remarquer à Mariane un très beau diamant que son pere porte au doigt. […] On croit qu’il parle de sa tendresse pour la bourse, & de l’amour que ses beaux yeux lui ont inspiré. […] Il imagine, pour lui parler commodément, de se présenter à titre de commis chez Magnifico, pere de la belle, riche négociant de Venise. […] Son fils Célio l’aime aussi ; il obtient la préférence : la belle se trouve ensuite fille du Docteur.
[95, p. 139-140] Voici comme Piron* s’exprime sur le Misanthrope : « Un chasseur qui se trouve en automne, au lever d’une belle aurore, dans une plaine ou dans une forêt, fertiles en gibier, ne se sent pas le cœur plus réjoui que dût l’être l’esprit de Molière, quand, après avoir fait le plan du Misanthrope, il entra dans ce champ vaste où tous les ridicules du monde venaient se présenter en foule et comme d’eux-mêmes, aux traits qu’il savait si bien lancer. La belle journée du philosophe !
Il y a de jolies choses dans Dickens, mais… Il y a de belles choses dans V. […] Il est impossible de préconiser, au nom du goût, une sorte de tolérance universelle et d’admiration banale qui n’est que de l’indifférence, et qui, à la longue, émousse et tue le sentiment même du beau. […] Ce qu’il s’agit de savoir, c’est si les Philosophies de l’Art, les Traités complets d’Esthétique, les livres qui s’intitulent Science du Beau, justifient leur titre. […] Ce qui sauvera l’art et la critique, c’est le respect des beaux sentiments et des grandes idées qui composent le fond même de l’humanité.
Ils auront beau dire et se moquer de la grande nation. […] Elle songe que ceux d’Horace sont beaux et bien peignés. […] c’est une belle et bonne déclaration, une déclaration en due forme. […] est-ce beau cela ? […] C’est une imagination de fille en belle humeur.
Acaste, à la fine taille, et Clitandre aux belles dents, n’y sont point des Turlupin et des Mascarille. […] Bref, il est clair que les beaux yeux de sa cassette finiront par être les plus forts. […] Dorante a beau la cribler de mots piquants : ce ne sont pour elle que des accès de jalousie. […] Sous Charles IX et Henri III, on vit régner les mignons, le doux Saint-Mégrin, le beau Caylus, l’élégant Schomberg. […] Comparer La Belle Plaideuse, acte I, scène 8.
Ce gouverneur d’Euryale, qui, au lieu de blâmer ou de réprimer les tendres sentiments de son élève, les justifie et les encourage, lui confesse qu’il s’inquiétait jusque-là de voir qu’un jeune prince, en qui brillaient tant de belles qualités, ne possédât pas la plus précieuse de toutes, ce penchant à l’amour, qui peut tout faire présumer d’un monarque, et auquel les héros doivent leurs plus grandes actions, mais lui déclare que, rassuré par la passion dont il vient de lui faire l’aveu, il le regarde à présent comme un prince accompli ; cet Arbate, dont le langage convient si peu à son grave emploi, parle en courtisan de Louis XIV, charmé des faiblesses de son maître, et empressé de les flatter, dans l’espoir d’en tirer parti pour sa fortune, ou du moins pour ses plaisirs. […] Enfin, ce singulier point d’histoire littéraire et bibliographique est maintenant éclairci ; et, ce qui vaut mieux encore, le public aura désormais dans son intégrité, sinon un des plus beaux, du moins un des plus étonnants ouvrages qu’ait enfantés le génie de Molière. […] Quant à l’action elle-même, elle n’est formée que d’une succession d’incidents qui n’ont aucune liaison entre eux, et n’aboutissent pas même à un terme commun : on dirait que l’auteur, en outrant sur ce point la licence du théâtre espagnol, a voulu peindre en partie, par le mouvement capricieux de l’intrigue, l’humeur changeante et vagabonde de son héros, qui se pique d’aller de belle en belle, et de les abandonner l’une après l’autre pour toujours. […] Enfin, dom Juan, orné de mille qualités brillantes dont il s’est fait des instruments de vices, et capable de subjuguer ou de séduire tout ce qui l’entoure, soit par la vigueur de son caractère, soit par le charme de sa personne et de son langage, dom Juan est, si j’ose m’exprimer ainsi, un monstre sublime et le beau idéal de la scélératesse. […] D’après l’explication que je viens de donner, Boileau a fait rimer un mot avec lui-même dans ces deux vers : À tous ces beaux discours, j’étais comme une pierre, On comme la statue est au Festin de Pierre.
Vous êtes belle, aimable, généreuse ; Mais vous êtes hautaine, inquiete, orgueilleuse : Le bonheur du prochain vous cause de l’ennui, Et vous amaigrissez de l’embonpoint d’autrui. […] Vous allez voir beau jeu. […] ma belle, est-ce vous Dont mon sot de neveu prétend être l’époux ? […] J’admire un beau château : Il ne tiendroit qu’à moi d’en avoir un plus beau, Me dis-je.
je le crois : jeune & bien fait comme vous l’êtes, on va droit au cœur de la belle, & l’on ne prend point les chemins détournés de la négociation. […] Hé bien, quel est ce beau secret ? […] Le Chevalier lui dit en la lui montrant : Savez-vous bien à quoi ces beaux & bons louis Etoient destinés ? […] Si sur ce qui me touche Il fût encor sorti deux mots de votre bouche, Je les aurois donnés tantôt à des laquais, Qui tous auroient été sans bruit, à peu de frais, Vous régaler chez vous de la belle maniere. […] La belle le crut, ou feignit de le croire ; &, pendant que l’époux se faisoit casser une cuisse à l’armée, sa femme & son ami travailloient paisiblement à réparer sa perte.
Cet empereur de la sourde Éthiopie avait une fille noire et sourde, comme toutes les habitantes du pays, mais plus belle cent fois que la plus blanche Allemande. […] Je vous dis qu’elle mit au monde un petit roi sur un trône, avec le sceptre et la couronne, et si beau qu’il ne s’en pouvait voir de plus beau ! […] On lui appliquait galamment les vers de l’Arioste qui, au vingt-neuvième chant du Roland furieux, fait dire au Souverain Créateur8 : « Je veux qu’à l’avenir toutes celles qui porteront le beau nom d’Isabelle soient aimables, belles, parées par les Grâces, et vertueuses ; je veux qu’elles méritent d’être célébrées sur le Parnasse, le Pinde et l’Hélicon, et que ces monts sacrés retentissent sans cesse de l’illustre nom d’Isabelle » ; on prétendait que cette prophétie du poète n’avait jamais été mieux accomplie qu’en Isabelle Andreini.
Les personnes qui tenoient le premier rang dans Paris pour le bel esprit, s’apperçurent à l’arrivée de Moliere en cette Ville, qu’il connoissoit mieux qu’un autre le vrai & la belle nature, le faux & le ridicule. […] Voyez encore les belles Stances que ce même Poëte adresse à Moliere sur sa Comédie de l’Ecole des Femmes. […] a On pourroit partager & distinguer les pieces de Moliere en trois classes ; la premiere seroit pour des genies superieurs & des Maîtres de l’Art ; la seconde, pour des personnes nées avec un goût naturel pour les bonnes choses, & qui ont la pratique du beau monde ; la troisiéme, pour la bonne Bourgeoisie & pour le Peuple : cependant on dira aussi en même tems que les personnes d’un genie superieur & du meilleur goût trouveront toûjours quelques beautez, jusques dans les Pieces qu’on pourroit mettre dans la troisiéme classe. […] Pour donner plus de goût à sa Traduction, Moliere avoit rendu en Prose toute la matiere Philosophique, & il avoit mis en Vers toutes ces belles descriptions qui se trouvent dans le Poëme de Lucrece. […] Voici encore une troisiéme Epitaphe en Vers François Cy gît qui parut sur la Scene, Le singe de la vie humaine, Qui n’aura jamais son égal ; Mais voulant de la mort, ainsi que de la vie, Etre l’imitateur, dans une Comédie, Pour trop bien réussir il réussit très-mal ; Car la mort en étant ravie, Trouva si belle la copie, Qu’elle en fit un original.
Beau idéal. […] Les têtons des actrices, les beaux habits des acteurs, les deux queues ? […] Cela aurait fait une belle réponse de Géante. […] la chose seroit belle. […] tout beau !
En attendant le dîner, on pria Despréaux de réciter la satire adressée à Molière ; mais après ce récit, Molière ne voulut plus lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges que Boileau venait de recevoir. […] Despréaux de réciter la satire adressée à Molière ; mais après ce récit, Molière ne voulut plus lire sa traduction, craignant qu’elle ne fût pas assez belle pour soutenir les louanges qu’il venait de recevoir.
. — C’est pourquoi, disait le mari se défendant, il en faut faire meilleure chère ; car, que diable nous servirait tout le bien que nous pourrions amasser, puisqu’aussi bien ce ne serait pas pour nous, mais pour ce beau roi ? […] répliqua cette femme et à belles injures, merci Dieu ! […] Ce fut la fin de la farce de ces beaux jeux, mais non de ceux que voulurent jouer, après, les conseillers des aides, commissaires et sergents, lesquels, se prétendant injuriés, se joignirent ensemble et envoyèrent en prison MM. les joueurs ; mais ils furent mis dehors le jour même, par exprès commandement du roi, qui appela les autres sots, disant Sa Majesté que, s’il fallait parler d’intérêt, il en avait reçu plus qu’eux tous, mais qu’il leur avait pardonné et pardonnerait de bon cœur, d’autant qu’ils l’avaient fait rire jusqu’aux larmes.
Il ajoute à la vérité : « C’était sans doute parce qu’ils ne sont pas beaux. […] Godeau, de l’Académie française, évêque de Vence, ayant adressé à Voiture un défi de vers galants en honneur de cette belle personne, Voiture lui adressa ce rondeau fanfaron : Comme un galant et brave chevalier, Vous m’appelez en combat singulier D’amour, de vers et de prose polie ; Mais à si peu mon cœur ne s’humilie, Je ne vous tiens que pour un écolier ; Et fussiez-vous brave et docte guerrier, En cas d’amour, n’aspirez au laurier. Rien ne déplaît à la belle Julie Comme un galant.
Ce penchant eut plus d’une fois prise sur l’âme de Molière, les biographes nous l’attestent ; mais nous ne parlerons que de la passion qui domina toute sa vie, qui lui causa tant de souffrances, qui nous valut les plus beaux traits d’Alceste et la création de Célimène. Armande Béjart était née en 1645 et Molière en 1622; ainsi, vingt-trois longues années les séparaient Armande, pour plaire, était plus que belle, elle était jolie et gracieuse. […] Ses héros ont des tics, des ridicules ; il crée un beau visage, mais il y place une verrue : telle est l’humanité. […] Il valait mieux, dira-t-on, ne pas faire de comédie, que d’accumuler, dans un beau rôle, les invraissemblances et les contradictions. — Je dois répéter ici qu’Alceste sans imperfection, non seulement ne serait pas comique, mais qu’il serait même faux et hors de nature.
Ce Prince, grand, magnifique en tout, jusques dans ses jeux, vouloit voir briller dans les fêtes galantes qu’il donnoit à grands frais, tous les talents que ses largesses avoient fixés à sa Cour : aussi quelques-unes des comédies-ballets de Moliere n’ont-elles été composées que pour faire paroître des décorations magnifiques, des machines surprenantes ; que pour amener des morceaux de musique composés par les plus grands Maîtres, & chantés par des voix enchanteresses ; pour donner lieu à des ballets exécutés par les plus belles Dames de la Cour & les Seigneurs les mieux faits. […] J’ai vu cela, & j’ai vu en même temps que ce n’est pas le beau de la piece, & qu’on devroit le retrancher. […] Il est des femmes qui ne paroissent belles qu’à la faveur d’une toilette très recherchée, & qu’il faut bien se garder de surprendre avant qu’une Marton savante dans l’art de Latour 4 ait arrangé l’iris 5 de leur teint.