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26. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

C’est qu’il l’aimait, il l’aimait de toute la passion d’un homme plus âgé pour une jeune fille séduisante, irrésistible. […] Il y a deux sortes de gens : ceux qui aiment et ceux qui se laissent aimer. Molière était plus aimant qu’aimé. […] Ils aiment généralement parce qu’ils n’aiment pas profondément. […] Voilà bien pourquoi nous l’aimons, et ce serait peu de l’aimer, voilà pourquoi nous le préférons.

27. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Isabelle aime Valère ; elle voudrait qu’il le sût. […] Valère sait donc qu’il est aimé, et il le sait par Sganarelle. […] Là est cette scène si piquante, où, sans indiquer clairement Sganarelle ni Valère, Isabelle supplie celui qu’elle aime de la soustraire à celui qu’elle n’aime pas. […] Quoique blessé au plus vif de sa vanité et un peu au cœur, car il aime Agnès, il s’aveugle sur ses ressources, sur son expérience. […] L’Isabelle de l’École des Maris faisant savoir à Valère par son jaloux qu’elle l’aime, c’est la dame d’un conte de Boccace, qui fait dire à un jeune homme, par son confesseur, de ne plus la fatiguer de ses poursuites, et lui apprend ainsi qu’il est aimé.

28. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Mais pourquoi Georges Dandin a-t-il, par vanité, épousé une demoiselle et l’a-t-il épousée sachant qu’elle ne l’aimait pas ? […] Elle aime, et cette pauvre fleur étiolée dans l’ombre s’épanouit soudain. […] La première conviction d’un catholique, c’est qu’il faut aimer Dieu par-dessus toute chose et songer à son salut. […] Orgon peut avoir ses raisons d’aimer Tartuffe, mais Angélique ne l’aime pas et la servante vient au fait brutal, positif. […] Cette nécessité absolue, il la proclamait en rendant Alceste ridicule et la déplorait en nous le faisant aimer.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Vous m’aimez ! […] Vous m’aimez ! […] de grace, Marquis, finissez ce langage : Vous feignez de m’aimer, & n’êtes qu’un volage. […] Je vous aime, & je veux vous aimer constamment. […] Plus on aime l’argent & moins on a de vices.

30. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Il aimait l’emphase, il aimait la déclamation, il aimait l’éloquence à haute voix, comme on aime les couleurs voyantes ; il disait : « Est-ce bien moi qui ai fait cela ?  […] Charles aimait ! […] Il écrit donc : — Je n’aime pas Lucinde ! […] Il les aimait, il les flairait, il les savait par cœur. […] Louis XIV l’aimait pour ses façons de grand seigneur.

31. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

Celle-là l’avait aimé comme la de Brie, moins tendrement peut-être, mais plus familialement. […] J’en aime le chagrin, le trouble m’en est doux. […] On s’aima trop pour s’aimer longtemps, mais la passion ne mesure pas le temps ; et d’ailleurs il fallait que Mlle Du Parc se dépêchât puisqu’elle devait mourir. […] Comme sa sœur, elle aimait les gentilshommes ; comme sa sœur, elle a aimé Molière, premier gentilhomme de l’esprit français. […] Il faut se méfier de la tradition qui aime l’histoire, mais qui aime aussi le roman.

32. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

c’est que vous l’aimez, traîtresse! […] Oui, je l’aime. […] Celui qui dit : Pourquoi ne pas m’aimer? […] lui dit l’homme infortuné qui aimait. Il aima sa femme toute sa vie, et toute sa vie elle fit son malheur.

33. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Mais, a-t-elle répliqué, ne vous mettez pas eu tête qu’il aime une personne… Elle n’a pas fini, et c’est la première fois que je l’ai vue se modérer dans ses transports. […] Le roi avoue qu’il l’aime encore, et plus qu’il ne voudrait. […] Mais en 1680, à Versailles, le prince galant et libertin était affligé ; le prince aimable et amoureux était aimé, il savait l’être, et il n’était pas désespéré. […] Le lecteur aimerait à trouver ici de nouvelles notions sur la figure et la taille de cette femme de quarante-cinq ans, dont la résistance affligeait le roi le plus galant du monde, et plus jeune qu’elle de trois ans. […] J’écris pour les historiens, et je me crois plus obligé à une exactitude scrupuleuse que si j’étais historien moi-même ; or il est de fait que je n’ai trouvé aucun document historique sur le personnel de madame de Maintenon à l’âge de quarante-cinq ans ; mais comme j’aime autant qu’un autre à me la figurer agréable, j’emprunterai ici la peinture que madame de Genlis en a faite : j’aimerais à la croire vraie, quoique je sois eu droit de la regarder comme un ouvrage d’imagination.

34. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Bussy-Rabutin, dans ses Amours des Gaules 61, raconte comment il arriva que madame de Montespan, sous les yeux, dans la société intime de madame de La Vallière, devint sa rivale préférée, longtemps avant que cette amante passionnée s’en doutât, longtemps encore après qu’elle en eût la certitude ; le roi se trouvant alors partagé entre la maîtresse qu’il n’aimait plus, celle qu’il commençait à aimer, et la reine, dont il affligeait la tendresse, toutefois sans déserter sa couche. […] Le grand Alcandre, pour avoir le plaisir de voir madame de Montespan, allait plus souvent chez madame de La Vallière, et madame de La Vallière, se faisant l’application de ces nouvelles assiduités, en aimais davantage encore madame de Montespan… Mais enfin… elle s’aperçut bientôt de la vérité… elle se plaignit au grand Alexandre, qui lui dit qu’il était de trop bonne foi pour l’abuser davantage ; qu’il aimait madame de Montespan ; mais que cela n’empêchait pas qu’il ne l’aimait comme il devait, et qu’elle devait se contenter de ce qu’il faisait pour elle… Nouveaux pleurs, nouvelles plaintes… Mais le grand Alcandre n’en étant pas plus attendri, lui dit une seconde fois que si elle voulait qu’il continuât de l’aimer, elle ne devait rien exiger de lui au-delà de sa volonté ; qu’il désirait qu’elle vécût avec madame de Montespan comme par le passé, et que si elle témoignait la moindre chose de désobligeant à cette dame, elle l’obligerait à prendre des mesures. […] Monsieur de Montausier était à Rambouillet, il n’apprit pas cette affaire. » Le duc de Saint-Simon a aussi parlé des avanies du marquis de Montespan ; mais, né seulement en 1673, il n’en a parlé que plus de vingt années après, et sur des traditions fort suspectes ; l’on verra même qu’il en a adopté de fabuleuses ; il n’aimait pas M. de Montausier, et n’était pas fâché de trouver la duchesse de Montausier digne de reproches auxquels son mari n’aurait pas été étranger.

35. (1836) Une étude sur Molière. Alceste et Célimène (La Revue de Bordeaux et Gironde unies) pp. 65-76

II est des hommes de génie qui ont besoin d’être encouragés par un cercle bienveillant : nés aimans, ils veulent être aimés ; l’opinion des autres leur importe toujours; la médiocrité orgueilleuse se suffît bien plus largement à elle-même que le génie modeste. […] Molière, qui eut quelque honte de se sentir si peu de constance pour un malheur si fort à la mode, résista autant qu’il put; mais, comme il était alors dans une de ces plénitudes de cœur si connues par les gens qui ont aimé, il céda à l’envie de se soulager, et avoua de bonne foi à son ami, que la manière dont il était obligé d’en user avec sa femme était la cause de l’accablement où il le trouvait. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être poète pour aimer de cette manière; mais, pour moi, je crois qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, et que les gens qui n’ont point senti de semblables délicatesses n’ont jamais aimé véritablement. […] Ce n’est pas de la vertu chrétienne, modérée, passive ; c’est de la vertu d’application , de la vertu agissante, de la vertu française qui marche droit à l’obstacle, qui ne rêve pas, qui ne gémit pas, qui hait et qui attaque, c’est de la vertu révolutionnaire — Alceste est mal nommé le misantrope, il aime l’humanité, mais il abhorre les hommes vicieux ; il veut l’amélioration du genre humain ; mais il n’y songe pas pour les siècles futurs; il la veut immédiate. […] Mais comment se fait-il qu’Alceste aime Célimène ?

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

   Oui, Tircis, je vous aime. […]     Je vous aime. […]   Je vous aime, je vous aime,    Oui, Tircis, je vous aime. […] J’aime mieux encore les coups de bâton que de recommencer. […] Elles aiment pourtant la gloire, dit-on !

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

Il veut lui-même épouser Dona Elvire, qui aime Don Silve & en est aimée. […] Elle avoue en effet au Prince qu’il est aimé. […] Delmire assure qu’elle aime trop la Duchesse de Tyrol pour y manquer. […] Adieu, ma chere ame ; aime-moi autant que je t’aime. […] Celle qui t’aimera jusqu’à la mort.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Au reste, ne songe point à me détourner d’un dessein qui te paroît sans doute ridicule, tous tes efforts seroient inutiles : dispose-toi seulement à me rendre toi-même cet office : tâche de faire croire à Camille que tu l’aimes, & ne néglige rien pour t’en faire aimer : rends-lui tous les soins imaginables, & n’épargne ni les présents ni les promesses. . . . . […] Tu veux que je fasse l’amoureux de ta femme, & qu’à force de présents & de soins je tâche de la corrompre & de m’en faire aimer ! […] Nérine est charmée que Damon aime Julie, ne fût-ce que pour ranimer Léandre. […] L’extravagante curiosité du mari acheve de la déterminer en faveur de l’amant : mais du moins elle aime toujours quelque chose. […] Timon la renvoie en lui promettant de l’aimer toujours ; mais il avoue à part qu’il adore Mélisse.

39. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Ses jeunes gens aiment pour le seul plaisir d’aimer, comme si la vie n’était rien sans l’amour, comme si l’amour était toute la vie. […] Molière lui devait trop et elle devait trop à Molière, pour ne pas l’aimer doublement. […] Aimé Martin. […] Il l’aimait…, ce fut sa faiblesse. […] Tous ceux qui aiment les arts et qui révèrent la mémoire de Molière accueilleraient cette souscription avec faveur et s’intéresseraient à ce qu’elle fût rapidement productive.

40. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

L’homme prétend être aimé de la jeune fille, et aimé uniquement. […] je vous aime ! […] Je ne demande à être aimé de vous que comme je vous aime moi-même. […] qu’elle est aimée ? […] Il faut les aimer comme on aime un vieil ami, comme on aime une maîtresse qu’on aime.

41. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Non, vous ne m’aimez point comme il faut que l’on aime. […] J’aime à croire que non. […] Timon n’aime pas. […] faut-il que je vous aime! […] Trissotin, qu’elle n’aime pas.

42. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Quelle soit confiante en sa mère comme Lucile 346, en son père comme Henriette 347 ; et qu’elle préfère, malgré leurs manies ou leur sévérité, ces confidents qui l’aiment, aux Nérines et à toutes les femmes d’intrigue348. […] » Qu’elle songe à l’avenir, et que, sous tous les dehors de la grâce et de l’esprit, elle nourrisse au fond du cœur la sérieuse pensée du devoir, de l’époux qu’elle devra aimer, des enfants qu’elle devra élever350. […] Il trouve indignes toutes ces manœuvres de la vanité, tous ces mensonges des yeux et des lèvres, tout ce travail perfide pour conquérir des amants qu’on n’aime pas, et pour tromper quelquefois un honnête homme qu’on désespère. […] Quoique cette présomption soit séduisante, j’aimerais mieux voir ici une idée plus haute. […] Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé !

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Isabelle frémit d’autant plus en voyant approcher le moment d’une telle union, qu’elle aime en secret Valere, jeune homme charmant. […] Après sa confession, elle dit au Pere qu’elle avoit une confidence à lui faire, & une grace à lui demander. « Vous savez qui je suis, mon Révérend Pere, & vous connoissez mon mari, qui m’aime plus que sa vie, & qui ne me refuse rien. […] Il fait pis que jamais : il eut hier l’effronterie de m’envoyer une bourse & une ceinture, sur laquelle est cette devise : Je vous aime, & ne puis vous le dire. […] Sa vertu est à l’épreuve de vos importunités : vous êtes l’objet de son aversion, & cependant vous voulez vous en faire aimer par force ! […] Elle aime à dépenser en habits, linge & nœuds : Que voulez-vous ?

44. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Schiller aimait à le faire. […] Il aime Molière; il a pour lui des tendresses de cœur; aussi le suit-il avec sympathie dans les détails de sa vie et de son œuvre. […] S’il lutte contre le faux goût, c’est qu’il aime le simple et le vrai. […] Cléante fait connaître, par ses discours, le caractère de la vraie piété plus qu’il ne la fait aimer par ses œuvres. […] Il respecte, il aime la piété; mais ce qui frappe chez lui, c’est moins la ferveur de son Âme que la rectitude de sa raison.

45. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

la fille vous aime, vous vous raccrocherez. […] Il ne sait ; il enrage et surtout d’aimer,, car il aime, et se l’avoue, comme un sot. […] Il l’aime, il faut sortir de là. […] c’est que vous l’aimez ! […] Vous ne m’aimez donc pas, à ce compte ?

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Comme de coutume je ne hausse ni ne baisse, chacun a ses petits talents dans ce monde : vous aimez le cotillon ; moi, j’aime la bouteille, &.... […] Ne m’avez vous pas dit que vous aimez ma sœur ? […] L’aimer. […] Vous aimiez ma sœur, & ne songiez point à l’épouser ! […] Epouse-t-on toutes celles qu’on aime ?

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Il est surpris de voir son ami dans la rue ; il lui conte que sa maîtresse est jalouse d’une certaine Nice qu’il a aimée autrefois. […] Silvia introduit Lisardo, en lui faisant croire qu’il est dans l’appartement de celle qu’il aime. […] Lisardo dit à son domestique de tenir ses malles prêtes, parcequ’il veut partir ; il craint d’être aimé de la maîtresse de son ami. […] Le public peut aimer à voir troubler une intrigue par un ou deux caprices du sort ; mais voilà tout : encore faut-il qu’ils servent à jetter les acteurs dans de grands embarras. […] Il a certainement voulu dire que le Public aime, dans une intrigue, à voir naître & agir tous les ressorts avec cette facilité qui laisse croire que le hasard seul les fait mouvoir.

48. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Pour les abstractions, j’aime le platonisme. […] J’aime ses tourbillons. […] Depuis la sortie du collège jusqu’à sa mort, je parcours d’un regard cette vie de Molière, et le même mot la résume : Molière aime l’humanité. […] Non content de s’être donné la tâche éternelle de l’amuser tant qu’elle existera, elle qui l’a tant fait souffrir, il l’a aimée jusqu’à sa fin : bien plus, il s’est sacrifié pour elle. […] Molière aimait l’humanité, bien qu’il vit ses défauts et ses vices.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

Argentine s’en charge : un moment après elle trouve sur la table celui de l’objet qu’elle aime en secret, celui de son cher Arlequin ; elle l’admire, elle le baise, lorsque Scapin la surprend : il est jaloux, fait grand bruit, a cru voir le portrait d’Arlequin ; mais Argentine lui persuade le contraire en lui montrant celui de Celio qu’elle a ordre d’apporter à sa maîtresse. […] La sœur cadette paroît, surprend son aînée un portrait à la main, & comme elle aime aussi Celio en secret, elle lui reproche son attachement pour l’original dont elle tient la copie : Aurora lui jure le contraire, &, pour le lui prouver, lui abandonne cette miniature qui cause sa jalousie : la sœur cadette l’accepte avec transport, l’ouvre bien vîte, & voit avec étonnement la figure d’Arlequin. […] Arlequin demande à Argentine si elle aime la peinture ; elle lui répond qu’oui : Arlequin lui fait voir son portrait ; Argentine met à la place celui de Celio qu’elle a encore, & le rend à Arlequin qui le met dans sa poche, fort piqué qu’on n’ait pas voulu le garder. […] La fille cadette de Pantalon reconnoît le portrait de ce qu’elle aime, l’arrache des mains d’Arlequin, & sort en le couvrant de baisers.

50. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

D’abord, le vulgaire en aucun pays ne se connaît en beaux vers, et partout il aime passionnément les spectacles. […] Il aimait la campagne, il aimait la nature. […] — Le frère de l’habile critique que le Chevalier et moi nous aimons tant à citer, M.  […] Ils n’aimaient pas l’hôtel de Rambouillet. Les souverains absolus n’aiment pas les gens d’esprit indépendants.

51. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Celui qui le sent et qui l’aime, a le goût parfait ; celui qui ne le sent pas et qui aime en deçà et au-delà, a le goût défectueux. » C’est du La Bruyère, aux meilleurs passages. […] Vous écrivez pour un lecteur d’élite, actif, intelligent, dévoué ; votre lecteur aime, avant tout, l’élégance et la correction, tout comme il aime à son lever, le bain frais et le linge blanc. […] Certes nous n’aimons pas, plus qu’il ne les faut aimer les transitions tirées par les cheveux, et le plus simple passage nous suffit pour indiquer, à nos lecteurs, que nous changeons de parabole. […] Il se trouve qu’elle aime le roi, qu’elle aime en lui le beau jeune homme, l’habile danseur, le grand seigneur accompli, et elle ne songe pas qu’il est tout-puissant ; elle parle du roi comme mademoiselle de Coëtlogon parlera de Cavoye. […] » Et plus bas, quand Bragelone s’est attendri : « Je ne t’aimais pas, Louise, comme aiment les galants !

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

Par exemple, dans le Cocu imaginaire, Célie sait bien que Gorgibus, son pere, veut la marier à un homme qu’elle n’aime pas ; cependant le public l’ignore, & il faut l’en instruire. […] Et cet époux, ayant vingt mille bons ducats, Pour être aimé de vous, doit-il manquer d’appas ? […] D’un autre côté Célie a un amant qu’elle aime. […] Avant qu’aimer, dit-on, Il faut connoître à fond ; car l’amour est bien traître. […] Elle aime tendrement, & de très bonne foi ; Mais cela ne tient pas.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

l’est-il sur les gens qu’il aime ? […] Aussi dit-il qu’il désespere D’être jamais aimé comme il aime. […] D’être jamais aimé comme il aime. […] Monsieur, Doute-t-il que je l’aime & le respecte en pere ? […] Le Magnifique donne un cheval de prix au tuteur de celle qu’il aime, pour obtenir la permission de lui parler un instant.

54. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE X. Du Père, de la Famille, de l’Etat. » pp. 193-216

Excepté quelques enfants meilleurs que leurs parents, et quelques parents chez qui l’indulgence adoucit l’égoïsme, qui donc, parmi eux, songe à s’aimer ou à se soutenir ? […] qui sache avoir la fermeté pour les conduire et l’indulgence pour se faire aimer ? […] Molière semble pourtant l’avoir aimée : il a travaillé plus et mieux que d’autres à qui l’on en fait honneur, à la grande rénovation de la fin du siècle dernier. […] et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ?  […] Voir le Récit en prose et en vers de la Farce des Précieuses (Paris, 1660), cité par Aimé Martin.

55. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Je fuis le monde, parce que je l’ai trop aimé, parce que je l’aime trop. […] J’aime bien mieux cette maxime du P.  […] Sur quoi le roi dit, en parlant de madame Scarron : Elle sait bien aimer ; il y aurait du plaisir à être aimé d’elle 92. » L’aversion des érudits pour les conjectures, et celle des esprits sages pour le romanesque, ne peuvent aller jusqu’à méconnaître que cette parole du roi fait époque dans l’histoire de ses relations avec madame de Maintenon.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Pieces intriguées par une Soubrette. » pp. 135-150

Elle dit d’abord à Isabelle qu’Accante aime une autre beauté ; elle aigrit sa douleur. […] Laurette augmente sa rage en lui disant que sa jeune maîtresse aime le Marquis à l’excès. […] Il ne m’importe guere : Chacun peut en ce monde aimer à sa maniere ; Et je n’ai pas dessein, par mes raisonnements, De vouloir réformer les erreurs des amants. […] pour l’amour de moi, si tu m’aimes, Laurette. . . […] Le fils, maître d’une grosse somme, se prépare à payer la rançon de celle qu’il aime, lorsqu’on lui persuade qu’elle est infidelle.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Dans ce temps-là Eléonora a fait des réflexions ; elle ne sauroit se déterminer à donner la main au Docteur ; elle aime mieux prendre la fuite, & se fait accompagner par Arlequin, vêtu en femme. […] Magnifico veut marier Eléonora sa fille avec le Docteur qu’elle n’aime point : elle feint cependant de consentir à ce mariage. […] Eléonora, seule sur la scene, se plaint de l’absence de Célio qu’elle aime, prend son portrait, s’attendrit & se trouve mal. […] Je n’aime point que Moliere donne un étourdissement au pauvre Lélie pour l’introduire dans la maison de Sganarelle ; il avoit déja tiré parti de l’évanouissement de Célie, & une pamoison suffit dans une comédie. […] Je n’aime point la mort parcequ’elle est camuse, Et que, sans regarder qui la veut ou refuse, L’indiscrete qu’elle est, grippe, vousit ou non, Pauvre, riche, poltron, vaillant, mauvais & bon.

58. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Une jeune Milanaise, déguisée en page, vient sous le nom de Lesbino offrir ses services au capitaine qu’elle aime ; ce rôle est tenu par la signora Silvia Roncagli, de Bergame. […] À la suite de la querelle qui a eu lieu entre elle et son mari, à l’occasion du portrait que ce dernier a vu aux mains de la comédienne Vittoria, Isabelle, soupçonnant Oratio d’aimer celle-ci, ordonne à Pedrolino d’aller demander audit Oratio le portrait qu’elle lui a donné jadis. […] Puis, Oratio répétant ce qu’il vient de dire à Pedrolino, elle l’appelle traître et lui dit qu’elle n’ignore pas qu’il aime la comédienne et qu’il lui a donné son portrait à elle. […] Il reconnaît que Silvia est d’une naissance honorable, qu’elle est fille d’un riche marchand milanais, et qu’il l’a aimée. […] Refusée, chassée, fuie, honnie, je sers celui qui me repousse, j’aime celui qui me hait.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Ses pratiques, je crois, ne vous sont pas nouvelles : Bien souvent pour la Terre il néglige les Cieux ; Et vous n’ignorez pas que ce Maître des Dieux Aime à s’humaniser pour des beautés mortelles. […] Je me vois dans l’estime, autant qu’on y puisse être ; Fort aimé du beau sexe, & bien auprès du maître. […] Je l’aime de tout mon cœur. […] Henriette & Clitandre, qui s’aiment de l’amour le plus tendre, sont au désespoir. […] On n’espere point de le voir cesser, quand Ariste apporte des lettres qui font croire à Trissotin qu’Henriette n’a plus de bien : alors son amour s’envole : celui de Clitandre augmente par l’espoir de contribuer tout seul au bonheur de ce qu’il aime, & de sa famille.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XL. Du dénouement des Pieces à caractere. » pp. 469-474

Un malheureux procès vous brouille avec mon pere : Mais vous fûtes amis : il m’aime tendrement ; Le procès finiroit par son désistement. […] « Reste à lui faire avoir cette beauté qu’il aime. […] Maîtresse, amis, parents, puisque tout est pour vous, Aimez donc bien Lucile, & soyez son époux. […] Il faut se faire aimer, on vient de m’en convaincre ; Et je sens que la gloire & la présomption N’attirent que la haine & l’indignation.

61. (1816) Molière et les deux Thalies, dialogue en vers pp. 3-13

C’est que vous préférez vous-même un somnifère, Un jargon précieux, à la franche gaîté ; C’est que vous aimez mieux, en brillant comité, Vous ennuyer, bâiller, ouïr quelque fadaise, Qu’en dépit du bon ton rire tout à votre aise. […] Mais j’entends ce bon ton… là… ce ton d’aujourd’hui, Qui n’aime que le faux, du moins je le soupçonne : L’ennui, c’est… Marivaux ou Dorat en personne ; M’y voilà ! […] Vous n’aurez rien, J’aime mieux l’enterrer que vous donner mon bien. […] II faut que chacun vive ; et puisque Marivaux, Monsieur Lanoue, enfin, mes illustres rivaux, Vous nourrissent si bien de leurs vers, de leur prose, De madrigaux glacés, de fadeurs à la rose, De petits riens sucrés et de pavot confit, Vous aimez le repos, tout cela vous suffit. […] Quant à moi (votre sœur dût s’en formaliser) J’aimerais tout autant près de vous m’amuser, Que de bâiller chez elle avec cérémonie3, Avec Messieurs Imbert, Lanoue et compagnie.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Le maître dit à Colombine qu’il adore Diana ; le valet parle pour son compte à la soubrette : elle les rebute tous les deux, en leur disant qu’elle est éprise du Docteur, & que Diana aime un jeune écolier. […] Silvio trouve enfin Béatrice, fille de Pantalon, & lui fait une déclaration, qu’elle reçoit fort mal parcequ’elle aime aussi le jeune écolier. […] Dans ce qui m’échappe il y a je ne sais quoi de passionné, qui montre assez que je vous aime encore, quoique vous ne le méritiez pas : mais la cruelle froideur que vous venez de me faire voir, me dit clairement que je ne suis pas aimé, quoique je méritasse de l’être ; & si, après m’en avoir tant de fois assuré, ma surprise semble ridicule, apprenez que vous ne me l’aviez jamais dit sans être en colere ; & que, pour dire que l’on n’aime pas, la colere ne persuade pas si bien que l’indifférence. […] C’est donc ainsi qu’on aime ! […] Vous vous aimez tous deux plus que vous ne pensez.

63. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Léonor est avec Don Juan qu’elle aime. […] Don Garcie vient prier Don André de cesser ses assiduités auprès de Léonor qu’il aime, & dont il est aimé. […] J’aime l’eau. […] Je n’aime pas ça. […] J’aime toujours cette masque-là, queuque chagrin qu’alle me baille.

64. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Le désintéressement de l’amour de Dieu, qu’il faut aimer par-dessus toute chose751, est exprimé eu action par le Pauvre qui « prie le ciel tout le jour, et qui est bien mal reconnu de ses soins, dit don Juan, puisqu’il est dans la plus grande nécessité du monde, et que, le plus souvent, il n’a pas un morceau depain à mettre sous les dents. » Pourtant, entre un louis d’or et un péché, il n’hésite pas ; et malgré le diable qui le tente et Sganarelle qui l’encourage, « il aime mieux mourir de faim752. » L’amour du prochain, qu’il faut aimer comme soi-même pour l’amour de Dieu753, quand a-t-il été pratiqué d’une manière plus touchante que par done Elvire, qui, trahie de la façon la plus injurieuse par un amant aimé, revient trouver ce scélérat, ce perfide, qu’elle a menacé de « la colère d’une femme offensée754, » pour adresser à ce cœur de tigre les paroles qui tirent des larmes à Sganarelle : «  Je ne viens point ici pleine de ce courroux que j’ai tantôt fait éclater ; et vous me voyez bien changée de ce que j’étois ce matin. […] Encore une fois, je vous le demande avec larmes ; et si ce n’est assez des larmes d’une personne que vous avez aimée, je vous en conjure par tout ce qui est le plus capable de vous toucher755. » Quelle abnégation, dans la bouche d’une amante insultée et remplacée ! […] Et quand vous priez, ne soyez point comme les hypocrites, qui aiment à se tenir dans les synagogues et dans les coins des places pour être vus des hommes : car je vous dis en vérité qu’ils ont reçu leur récompense. […] « À propos de ce mot humanité, qui n’était point d‘un usage populaire du temps où fut jouée cette pièce, Aimé Martin remarque justement que Molière, en l’employant, semble pressentir et critiquer à l’avance l’abus qu’en feront au commencement du siècle suivant les esprits forts, et à la fin de ce même siècle les scélérats qui ont fait de la guillotine l’instrument de leur politique. » Œuvres complètes de Molière, édition variorum de Ch. […]   Aimé Martin, Œuvres de Molière.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Cependant, comme ce même intérêt que le public prend à la chose rejaillit sur les personnes qui se chargent de la faire réussir, j’ai remarqué qu’il aime à ne suivre que la marche d’un seul personnage, & à ne pas partager entre plusieurs l’obligation du succès. […] Crispin entreprend lui seul de dégoûter Géronte des parents auxquels il veut laisser une partie de son bien, de rendre son maître unique légataire, & de lui faire par ce moyen épouser celle qu’il aime : lui seul imagine & agit. […] quel plaisir alors de s’aimer but à but ! […] Arlequin, nouvellement marié avec Argentine, aime fort de manger en ville pour épargner.

66. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Une ville avide à la fois de louanges et de blasphème ; elle aime à s’entendre dire : je vous hais, et je vous admire. […] jetez-vous, à corps perdu, dans les bras de la fée lumineuse embrassez-la, qu’elle vous aime, vous encourage et vous console ! […] adieu, pour jamais ; adieu à ce beau geste que j’aimais tant ; adieu à cet esprit si fin qui s’en va d’où il est venu, qui retourne à Molière ! […] » Elle aimait M.  […] Voici en revanche un paysage (le lecteur aime le repos et le contraste), où se fait sentir, dans toute sa grâce et dans tout son charme, le repos rustique !

67. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Moliere qui eut quelque honte de se sentir si peu de constance pour un malheur si fort à la mode, resista autant qu’il pût ; mais comme il étoit alors dans une de ces plenitudes de cœur si connuës par les gens qui ont aimé, il ceda à l’envie de se soulager, & avoüa de bonne foi à son ami, que la maniere dont il étoit forcé d’en user avec sa femme, étoit la cause de l’accablement où il se trouvoit. Chapelle, qui le croyoit être au dessus de ces sortes de choses, se railla de ce qu’un homme comme lui, qui sçavoit si bien peindre le foible des autres hommes, tomboit dans celui qu’il blâmoit tous les jours, & lui fit voir que le plus ridicule de tous étoit d’aimer une personne qui ne répond pas à la tendresse qu’on a pour elle. […] Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé, lui respondit Moliere, & vous avez pris la figure de l’amour pour l’amour même. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être Poëte pour aimer de cette maniere ; mais pour moi je croi qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, & que les gens qui n’ont point senti de semblables delicatesses, n’ont jamais aimé veritablement....  […] Il devint amoureux de cette femme, & en fut aimé, & l’attira dans sa Troupe.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Les héros de la Chaussée, mariés comme chez Regnard, se sont quittés par antipathie, se trouvent sans se connoître, & s’aiment. […] Monsieur, lui dit-il, pouvez-vous faire mourir de désespoir une personne qui vous a été si chere & qui vous aime uniquement, en la déshonorant, & voulant la faire passer pour une infame concubine ? […] Je suis prêt à le verser pour vous jusqu’à la derniere goutte : mais, au nom de ma mere, que vous avez si tendrement aimée jusqu’aujourd’hui, ne me réduisez pas au désespoir. […] Le Marquis de Lon... eut la patience d’écouter toutes ses plaintes sans en paroître ému. — Monsieur, répliqua-t-il au jeune Comte, si j’ai eu quelque bonté pour vous, ç’a été uniquement par rapport à votre mere, que je ne me défends pas d’avoir aimée. […] Je sais qu’il est cruel de perdre ce qu’on aime.

69. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Pourquoi, devenue femme, a-t-elle éprouvé pour Shakespeare tant d’horreur avant de l’aimer ? […] Lysidas lui-même n’aiment pas L’École des femmes, à supposer que M. Lysidas, bon logicien mais homme d’esprit, ne fasse pas plutôt profession extérieure et philosophique de ne la point aimer. […] Uranie aime mieux se taire, et ses lèvres dédaigneuses retiennent le mot qui sauverait son orthodoxie. […] Vous comprenez, vous goûtez, vous aimez Molière autant que personne.

70. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

En résumé, il hait trop ses semblables, parce que, sans le vouloir, il s’aime trop lui-même. […] Et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite, en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ?  […] Alcidor lui dit-il : « Je veux être pendu si je vous aime », elle y voit une déclaration. […] Bien qu’elle ait toute la grâce de Célimène, sa seule coquetterie sera de plaire à qui lui paraît digne d’être aimée. […] II, édition Aimé Martin.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Elle n’aime point Lélie, à qui l’on veut l’unir. […] Finette s’intéresse aux amours de Dorante : pour le servir en piquant l’indocilité de sa maîtresse, elle conseille à Francaleu de lui défendre d’aimer précisément ce même Dorante, qui est, dit-elle, fort amoureux. […] Cléandre, amant aimé de Lucrece, l’attend dans un cabaret, où elle doit loger avec sa mere en descendant du coche. […] Lélie déguisé en Arménien pour s’introduire auprès de ce qu’il aime, vaut infiniment mieux que le cabaretier arrivant des Isles. […] Le Lecteur se souvient sans doute que Mascarille voulant avoir de l’argent pour acheter l’esclave aimée de son maître, en emprunte d’Anselme, sous prétexte de faire enterrer Pandolphe, qu’il dit être mort subitement.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Julie aime Damis ; mais comme elle ne peut lui donner la main sans le consentement de ses trois tuteurs, elle a peur que son amant ne puisse réunir leurs suffrages. […] La mere avoue à sa fille qu’elle ne l’aime pas précisément parcequ’elle est sa fille, mais en qualité d’être 34. […] Cidalise a beaucoup de mépris pour les dernieres volontés d’un homme qui n’étoit qu’un sot, & ordonne à sa fille d’accepter Valere, qui, non content de l’aimer, saura la conduire. […] Il avoue qu’il n’aime point Rosalie, qu’il épouse son bien, qu’elle donne sa main de très mauvaise grace, mais qu’il s’en moque. […] Si vous aimez Damis, ce fut de son aveu : Je le suppose au moins.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Eraste en est aimé ; Valere se flatte de l’être, parcequ’Ascagne, sœur de Lucile, que tout le monde croit un garçon, l’a épousé en secret dans l’obscurité, sous le nom de Lucile. […] Ascagne, embarrassée par une pareille commission, dit à son amant : J’ai l’esprit délicat plus qu’on ne peut penser, Et le moindre scrupule a de quoi m’offenser, Quand il s’agit d’aimer ; enfin je suis sincere. […] La pauvre infortunée aime avec violence ; A moi seul de ses feux elle fait confidence, Et je vois dans son cœur des tendres mouvements A dompter la fierté des plus durs sentiments. […] Ils se rendent mutuellement les présents qu’ils se sont faits, déchirent les lettres qu’ils se sont écrites, promettent de ne plus se voir, finissent par se raccommoder, par s’aimer davantage : & toutes les personnes qui ont eu le cœur tendre s’écrient, en voyant exécuter cette scene, ou en la lisant, voilà comme on aime !

74. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

La femme du Médecin, plus avare que susceptible de honte, aima mieux se retirer que de payer sa place. […] Il aimait tellement le plaisir qu’il s’en était fait une habitude. […] On n’aimait point tout ce sérieux qui est répandu dans cette pièce. […] Mr de ** qui aimait fort à voir la Molière, vint souper chez elle le même jour. […] Aimez-vous le plaisir ?

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Il n’est point de martyre Que je n’aimasse mieux mille fois endurer, Que de prendre sur moi de le lui déclarer. […] Si je n’aime point le tableau, j’aime encore moins la façon dont Destouches nous force à faire attention à ces détails minutieux.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

L’amour, pour l’ordinaire, est peu fait à ces loix, Et l’on voit les amants vanter toujours leurs choix : Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable : Ils comptent les défauts pour des perfections, Et savent y donner de favorables noms. […] C’est ainsi qu’un amant, dont l’amour est extrême, Aime jusqu’aux défauts des personnes qu’il aime.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Julie soupçonne que Moncade est aimé, puisqu’il ose maltraiter Mariane. […] Moncade lui déclare qu’il ne sauroit l’aimer ; il la prie cependant de lui peindre les torts de Mariane. […] par Grenoble passa : Il m’aima, je l’aimai. […] Je me souviens d’avoir vu Philumene ; elle est belle, & Pamphile est excusable d’aimer mieux l’avoir la nuit au-près de lui, que de la savoir entre les bras d’un autre. […] J’aime que Dave impatiente quelque temps le vieillard, lorsque celui-ci a la plus grande envie de le faire parler : j’aime sur-tout qu’au moment où il va l’accuser de ladrerie, il lui fasse attendre ce compliment comme quelque chose de flatteur.

78. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

C’est ce que sentait saint Augustin au commencement de sa jeunesse emportée : Je n’aimais pas encore, mais j’aimais à aimer. […] L’homme qui parle ainsi s’accuse de ne pas aimer Dieu, de ne pas aimer la justice, de ne pas aimer les hommes ; de n’aimer rien que sa vile tranquillité. Qui aime Dieu s’offense de le voir offensé, qui aime la justice s’offense de la voir méprisée, qui aime les hommes gémit de leur aveuglement sur Dieu et sur la justice, souffre avec ceux qui souffrent, s’offense des entreprises des méchants. […] Il les aimait, dit-on. […] Elle a le droit d’être médiocre et de médiocrement aimer.

79. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Il ne joua la comédie entière que chez la Palatine, incrédule, sur l’ordre de Condé, qui aimait les libertés d’esprit, et qui prononça dans ce temps-là son mot fameux, si spirituel et si profond. […] On sait, par exemple, que Boileau n’aimait pas le dénouement nouveau ; il en a confié à Brossette un autre, qu’il préférait et qu’il disait de son crû, paraît-il. […] Seulement, quand il aime, ce n’est pas comme Arnauld d’Andilly aimait la princesse de Guéménée « purement spirituellement », dit Retz. […] Tartuffe aime, lui aussi ; mais son amour, comme son Dieu, se fait chair. […] Il y avait vingt ans qu’un archevêque de Paris avait refusé à Molière «  le doux, l’aime, le désiré baiser de la terre ».

80. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Il aimait tellement le plaisir, qu’il s’en était fait une habitude. […] On n’aimait point tout ce sérieux qui est répandu dans cette pièce. […] M. de Visé, qui aimait fort à voir la Molière, vint souper chez elle le même jour. […] Aimez-vous le plaisir ? […] On ajoute qu’il était grand bretteur, et que Molière ne l’aimait pas.

81. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

* ** Manille, mère de Lucinde, va marier sa fille à un capitan ; mais Lucinde aime Lisandre et, par l’intermédiaire de sa servante Phénice ainsi que du parasite Fripesauces, elle informe Lisandre qu’il a un moyen sûr de pénétrer auprès d’elle. […] S’il est ainsi, vous perdrez la raison ; A l’heure qu’il faudra jaser comme un oison, Vous deviendrez muet, et peut-être Manille Prendra quelque soupçon que vous aimez sa fille ; Que de son fils absent vous empruntez le nom, Et venez comme en masque apporter un momon ; Rengainez votre amour, cachez sa violence, Et vous souvenez bien des choses d’importance ; Il faut de la mémoire à qui sait bien mentir, N’oubliez pas les noms de Jaffe ni de Tyr, Vous citerez encore d’autres lieux de Syrie Pour vous conduire enfin jusqu’en Alexandrie, Où vous avez trouvé ce marchand Marseillais Qui vous a reconnu pour chrétien, pour Français, Pour natif de sa ville, et d’honnête famille, Et vous a racheté. […] Il achemine donc Molière à un dénouement tout autre que celui de l’Inavvertito, où Bellorofonte retrouvait une sœur de Celia qu’il avait autrefois aimée, Laudomia, mais où Mezzetin (Trufaldin) restait sans famille comme auparavant. […] Le succès étourdissant qu’obtenait Coquelin dans ce récit nous peut fournir une première explication : on aimait, au temps de Molière, les longs monologues où un acteur s’essoufflait et gesticulait, comme Gros-René dans le Dépit amoureux, et Molière, qui jouait Mascarille, a pu se ménager par ce récit un succès semblable à celui de Coquelin.

82. (1663) Nouvelles nouvelles pp. 210-243

Ensuite il fit Le Dépit amoureux, qui valait beaucoup moins que la première, mais qui réussit toutefois à cause d’une Scène qui plut à tout le monde et qui fut vue comme un tableau naturellement représenté de certains dépits qui prennent souvent à ceux qui s’aiment le mieux. […] Après le succès de ces deux Pièces, son Théâtre commença à se trouver continuellement rempli de gens de qualité, non pas tant pour le divertissement qu’ils y prenaient (car l’on n’y jouait que de vieilles Pièces), que parce que, le monde ayant pris l’habitude d’y aller, ceux qui aimaient la compagnie et qui aimaient à se faire voir y trouvaient amplement de quoi se contenter. […] Il les habilla admirablement bien à la française et la réussite qu’elles eurent lui fit connaître que l’on aimait la satire et la bagatelle. […] Notre Auteur, ayant derechef connu ce qu’ils aimaient, vit bien qu’il fallait qu’il s’accommodât au temps ; ce qu’il a si bien fait depuis, qu’il en a mérité toutes les louanges que l’on a jamais données aux plus grands Auteurs.

83. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Isabelle découvre à Flavio qu’elle est énamourée de lui ; Flavio doucement la console en s’excusant de ne pouvoir répondre à son amour, parce qu’il aime Flaminia12. […] » Pantalon, attendri, l’embrasse, lui donne pour mari Oratio qu’elle aime, et lui-même répare ses torts envers Olympia. […] Cependant Oratio, qui poursuit Flaminia, bien qu’il soit aimé d’Isabelle, obtient de Pantalon la main de sa fille Flaminia. […] Celle-ci, après avoir obtenu grâce pour la vie de celui qu’elle a aimé et qu’elle n’aime plus, lui ordonne d’aller vivre dans la solitude, et quant à elle, elle épouse Cinthio.

84. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Mais je ne lui veux point la passion choquante De se rendre savante afin d’être savante ; Et j’aime que souvent, aux questions qu’on fait, Elle sache ignorer les choses qu’elle sait. […] Comme Ariste dit bien ce que là-dessus l’indulgente raison doit permettre : Elle321 aime à dépenser en habits, linges et nœuds : Que voulez-vous ? […] Leur sexe aime à jouir d’un peu de liberté ; On le retient fort mal par tant d’austérité, Et les soins défiants, les verrous et les grilles Ne font pas la vertu des femmes ni des filles. […] « C’est assez pour elle, » dit Arnolphe, De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer330. […] pauvre fou, une sotte sait-elle aimer ?

85. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Son grand-père, qui l’aimait beaucoup, le mena un jour à l’Hôtel de Bourgogne, où les comédiens attiraient la foule. […] On aime à pénétrer dans la vie intérieure de ces génies privilégiés que la postérité environne de ses hommages. […] On aime à répéter l’anecdote de ce pauvre auquel il avait donné un louis par mégarde, et qui le lui rapporta. […] Si nous en voulons croire les Mémoires manuscrits de M. de Tralage, Brécourt aimait avec excès le jeu, les femmes et le vin. […] On ajoute qu’il était grand bretteur, et que Molière ne l’aimait pas.

86. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Oui, je l’aime ; oui, je n’aimerai jamais que lui. […] Parce qu’il aime. Et qui aime-t-il ? […] Considère par-là l’amour que j’ai pour toi, Et, me voyant si bon, en revanche, aime-moi. […] N’observe-t-il pas dans toutes ses démarches, même en ouvrant son cœur à celle qu’il aime, la prudence et la circonspection des gens de son espèce ?

87. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Ils aiment le latin ; ils adorent le grec ; la plus grande partie de leur vie se passe dans l’étude de l’antiquité. […] Il ne lui a donné ni maîtres ni instruction d’aucune sorte, et, comme il nous le dira lui-même, « pourvu qu’elle sache prier Dieu, m’aimer, coudre et filer » elle en sait assez. […] Vous connaissez, peut-être ce mot si surprenant de Montesquieu, qui s’écriait en se voilant la face : « à vingt-sept ans, j’aimais encore ». On rencontre bien des gens aujourd’hui qui aiment encore à vingt-sept ans, et il faut peut-être croire que la moyenne de la vie amoureuse a augmenté en même temps que l’autre. […] Sera-t-elle plus aimée ?

88. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [48, p. 80-81] »

[48, p. 80-81] 1705, Grimarest, p. 135-136 Molière n’aimait point le jeu ; mais il avait assez de penchant pour le sexe ; la de ***223 l’amusait quand il ne travaillait pas. […] Est-ce la vertu, la beauté ou l’esprit, lui dit-il, qui vous font aimer cette femme-là ?

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

L’attente d’un retour ardemment desiré Donne à tous les instants une longueur extrême ;   Et l’absence de ce qu’on aime, Quelque peu qu’elle dure, a toujours trop duré. […] Et le transport d’un cœur peut-il s’expliquer mieux, Au retour d’un époux qu’on aime avec tendresse ? […] « Là, Sophie faisoit à la hâte les protestations les plus tendres à Damon, lui promettoit de n’aimer que lui, l’exhortoit à juger de la violence de son amour par la démarche hardie qu’elle faisoit, le quittoit, de crainte, disoit-elle, que ses parents ne s’alarmassent de sa trop longue absence ; revenoit effectivement vers son pere & sa mere, disoit en passant un mot flatteur au pauvre Sainval, qui avoit la complaisance de parler raison avec les barbons. […] Sainval resta quelque temps comme pétrifié ; mais, trop prévenu en sa faveur, ou peut-être aveuglé déja par le Dieu dont il alloit prendre les chaînes, il se remet bientôt, & soutient qu’il est aimé, qu’il est certain de posséder sans partage le cœur de sa maîtresse. […] Les Auteurs tragiques, devenus jaloux de l’opéra, aiment que la toile, en se levant, présente un coup d’œil agréable : les Auteurs comiques ont une ambition toute opposée.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Le Marquis, surprenant Dorante son rival avec Fanchon, femme-de-chambre de celle qu’il aime. […] Au commencement de cet acte, Manon croit, je ne sais à quel propos, être aimée du Prince Alcidamas, qui l’a vue l’année derniere au bal. […] Valere aime Isabelle, Isabelle est sensible à son amour ; mais le pere de l’amante ne veut pas les unir, à moins que Bélise & Araminte, tantes de Valere, ne lui donnent une partie de leur bien. […] La veuve de Damis est sur le point d’épouser Ligournois, le contrat est signé ; elle voit Valere & l’aime infiniment mieux que son prétendu : Valere de son côté brûle pour la jeune veuve, peste contre le contrat qui va la lui enlever, & conte ses chagrins à l’hôtesse du cabaret dans lequel ils logent tous. […] J’aime mieux les placer dans mon ouvrage tels que je crois les voir sur le Parnasse.

91. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Des genres tu n’aimes que le masculin : à l’égard des conjugaisons, de la Syntaxe, & de la quantité...... Tu n’aimes que.... […] Ce Seigneur pendant son séjour à la Cour d’Angleterre, avoit fort aimé Mlle.  […] Elle avoit un mari d’esprit qu’elle aimoit peu, Elle en a un de chair, qu’elle aime davantage. […] Moliere vouloit le détourner de l’acharnement qu’il faisoit paroître dans ses Satyres contre Chapelain ; disant, que Chapelain étoit en grande considération dans le monde ; qu’il étoit particuliérement aimé de M.

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. Des Pieces intriguées par un déguisement. » pp. 216-222

Un jeune Seigneur de Paroisse aime la fille de la Concierge de son château : il craint de ne pas lui plaire ; & pour éprouver son cœur, il feint de vouloir l’unir à un homme fort riche : c’est son valet qu’il charge de ce personnage. […] Aurore chante sans se montrer ; Dom Lope reconnoît la voix de celle qu’il aime, & n’a pas reconnu le son de voix du faux Mendoce : enfin, cet amant est si peu clair-voyant, qu’Aurore est forcée de lui découvrir son stratagême. […] Aurora en est au désespoir ; elle fait avertir Celio qu’elle aime, & promet de fuir avec lui.

93. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

« L’architecture aime la grandeur & la simplicité. […] J’ose penser que si le public ne croit pas dans la premiere scene voir autant le Philanthrope que le Misanthrope, ce n’est ni au titre ni à l’annonce que l’Auteur en a l’obligation : c’est encore moins à la précaution de mettre dans la bouche d’Alceste des raisons triomphantes & de faire de Philinte un sot ; de bien plaider la cause du Misanthrope, de mal plaider celle du prétendu Philanthrope ; mais à l’adresse de différencier les deux rôles sans les faire contraster, puisqu’Alceste est l’ennemi déclaré du genre humain, & que Philinte, loin d’être l’ami déclaré des hommes, les plaint sans les aimer, souffre leurs défauts uniquement par la nécessité de vivre avec eux, & l’impossibilité de les rendre meilleurs. […] Un homme qui ne voit les hommes, qui ne les aime, que comme des vautours affamés de carnage, des singes malfaisants, & des loups pleins de rage, ne contraste certainement point avec un Misanthrope. […] d’Harpagon enfin forcé d’abandonner celle qu’il aime pour ravoir son trésor ?

94. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. M. GOLDONI. » pp. 468-479

Il répete seul en grondant une partie d’échecs qu’il a perdue : il aime beaucoup sa niece, lui demande d’un ton dur si elle veut être mariée, oui ou non, &, sur sa réponse, lui promet de lui donner un époux : il lui demande encore si elle a fait un choix ; elle dit que non, parcequ’elle est épouvantée par le ton de son oncle. […] Sa niece, qui lui a dit n’avoir pas fait un choix, aime cependant Valere : Géronte veut punir cette supercherie, ne pas l’unir à son amant : elle pleure ; il consent au mariage qu’elle desire, & peste contre son chien de caractere qui ne lui permet pas de garder sa colere : il se souffletteroit volontiers. […] je veux faire présent d’une robe à Mademoiselle, la piece que j’aime est précisément celle qui lui plaît le plus : ne faudra-t-il pas que je m’en prive ? […] Madame Baccelli est dans cette piece une riche fermiere : sa fille & le valet de la ferme s’aiment secrètement ; mais l’humeur de la mere les effarouche ; ils n’osent pas lui déclarer leur tendresse.

95. (1800) Des comiques d’un ordre inférieur dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VII) pp. 294-331

Elle n’a consenti qu’à regret à feindre une coquetterie qui n’est ni dans ses principes ni dans son caractère, et uniquement pour déterminer son époux à marier sa sœur Julie à un honnête homme qui l’aime et qui en est aimé. […] Cependant la critique, même en mettant de côté le vice du genre, peut y trouver des défauts très marqués : le plus grand est d’avoir fait Esope amoureux et aimé, deux choses incompatibles, l’une avec sa sagesse, l’autre avec sa figure. […] Un trait d’habileté dans l’auteur, c’est d’avoir donné au Ménechme officier, non seulement une jeune maîtresse qu’il aime, mais une liaison d’intérêt avec une vieille folle dont il est aimé. […] Ménalque oublie, le soir de ses noces, qu’il est marié; mais on ne nous dit pas du moins qu’il ait épousé une femme qu’il aimait éperdument ; et le Distrait, qui est très-amoureux de la sienne, oublie qu’elle est sa femme, à l’instant même où il vient de l’obtenir. […] On joue quelques pièces de Hauteroche : son Esprit follet est un mauvais drame italien, écrit en style de Scarron, et fait pour la multitude, qui aime les histoires d’esprits et d’apparitions.

96. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Le ridicule d’Arnolphe ne tient pas, comme celui de tous les tuteurs du théâtre, au contraste de son âge et de ses prétentions en amour ; son tort n’est pas d’aimer une fille de seize ou dix-sept ans, et de vouloir en être aimé son véritable travers est de croire qu’une femme d’esprit est nécessairement une femme infidèle, et que la stupidité est la meilleure caution de la vertu. […] Suivant des mémoires du temps, où il ne paraît pas calomnié, il aimait avec excès le vin, le jeu et les femmes ; de plus il avait l’humeur spadassine, querelleuse, violente : c’était assez l’humeur du temps. […] Des enfants qu’il en eut, il ne conserva qu’une fille qu’il aimait beaucoup ; et, l’ayant mariée à un homme qui la rendit malheureuse, il en mourut de chagrin. […] Comme l’on sait d’ailleurs qu’il était spadassin, et que Molière ne l’aimait pas, on pourrait être étonné que, jusqu’à la mort de cet homme illustre, il eût compté, parmi ses camarades, pour une part entière, si l’on ne savait aussi que Molière aimait beaucoup mademoiselle de Brie, dont les consolations lui étaient fort utiles dans ses chagrins conjugaux, et que mademoiselle de Brie avait du talent pour deux. […] Louis XIV, alors âgé de vingt-six ans, aimait à déployer les grâces majestueuses de sa personne, dans des ballets où figurait avec lui l’élite de ses courtisans, mêlée à celle des danseurs de profession.

97. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Le roi avait déclaré, en voyant la douleur que ressentait madame Scarron de la mort du premier de ces enfants, qu’il serait doux d’être aimé par madame Scarron. […] Vous me demanderez d’où vient cela : c’est que l’orgueil de l’amie (madame Scarron) la rend révoltée contre les ordres de madame de Montespan : elle n’aime pas à obéir. […] Madame de Sévigné, fort aimée de madame Scarron, était instruite, comme madame de Coulanges, de beaucoup de particularités secrètes des relations de la gouvernante avec madame de Montespan et le roi.

98. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Plus on aime quelqu’un, moins il faut qu’on le flatte : A ne rien pardonner le pur amour éclate ; Et je bannirois, moi, tous ces lâches amants Que je verrois soumis à tous mes sentiments, Et dont, à tous propos, les molles complaisances Donneroient de l’encens à mes extravagances. […] Enfin, s’il faut qu’à vous s’en rapportent les cœurs, On doit, pour bien aimer, renoncer aux douceurs, Et du parfait amour mettre l’honneur suprême A bien injurier les personnes qu’on aime. […] L’amour, pour l’ordinaire, est peu fait à ces loix, Et l’on voit les amants vanter toujours leur choix : Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et, dans l’objet aimé, tout leur devient aimable29. […] Il me faut de votre ame une pleine assurance, Un amant là-dessus n’aime point qu’on balance : Si l’ardeur de mes feux a pu vous émouvoir, Vous ne devez point feindre à me le faire voir ; Et la preuve, après tout, que je vous en demande, C’est de ne plus souffrir qu’Alceste à vous prétende, De le sacrifier, Madame, à mon amour, Et, de chez vous, enfin, le bannir dès ce jour. […] » J’ai déja dit, je crois, qu’il falloit travailler avec autant de soin le plan d’une seule scene que celui d’une piece entiere ; &, je le répete, parceque c’est une vérité très essentielle, si, comme le dit le Pere Brumoi, l’intrigue d’une piece est un labyrinthe qui va & revient sur lui-même, dans lequel on aime à se perdre en cherchant à en sortir, le plus petit de ses détours doit, à mon avis, avoir une entrée agréable, & nous conduire, par un sentier fleuri, vers une issue qui nous rejette dans le centre.

99. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

A-t-on droit à ce titre quand on hait en gros le vice, quand on aime en gros la vertu, et quand on désire en général se défendre soi-même et protéger les siens contre la dégradation morale ? […] Après avoir lu, après avoir vu cette pièce, on aime, on plaint, on estime l’honnête homme, un peu exagéré dans la manifestation de son honnêteté, un peu imparfait parce que la perfection n’est point humaine. […] La vertu d’Alceste est intacte et respectée au milieu de tout le rire soulevé par ses ridicules ; et moi-même’, simple et faible spectateur, l’auteur me force par un coup de génie à faire nettement celte distinction qu’Alceste ignore, du mal même que je hais, et de l’homme, qui peut en être atteint jusque dans la plus haute vertu, et que j’aime pourtant, pour sa vertu et pour lui. […] [fin citation] Vous avez bien fait, Molière, de frapper sur cette vertu insociable et orgueilleuse qui ignore les plus grandes de toutes les vertus, la modestie et la charité ; qui ne sait pas aimer et plaindre les vicieux avec autant de douceur qu’elle doit avoir de haine pour le vice ; qui ne veut pas connaître cette forme délicate de la charité parmi les gens de bonne compagnie, la politesse ; et qui, pour un procès perdu et pour une maîtresse infidèle, se sauve en un désert et fuit l’approche des humains 146, oubliant que le devoir de l’homme de bien est de rester parmi les faibles et les méchants, pour les relever, les instruire, se faire estimer d’eux par l’exemple, aimer par la charité. […] Ferme et emporté comme il était, il aima mieux nier d’une manière absolue le pouvoir de la science, lui fermer tout accès auprès de lui… Il y avait donc dans son fait, à l’égard de la médecine, quelque chose de pareil à la révolte du pécheur incorrigible contre le ciel, une vraie bravade d’incrédulité, etc. » (Notes historiques sur la vie de Molière, part.

100. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

C’est que j’enrage De voir celle que j’aime au pouvoir d’un sauvage, D’un dragon surveillant, dont la sévérité Ne lui laisse jouir d’aucune liberté. […] Mais depuis quatre mois que je l’aime ardemment, Je n’ai pour lui parler pu trouver un moment. […] Elle ne sait donc pas encor que vous l’aimez ? […] Que faire pour sortir de cette peine extrême, Et savoir si la belle a connu que je l’aime ?

101. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [80, p. 121-126] »

Cloris, qu’on vante si fort, M’aime d’une ardeur fidèle ; Si ses yeux voulaient ma mort, Je mourrais content pour elle. […] Plus jamais aimons-nous, Et vivons et mourons en des liens si doux.

102. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Le duc de Montausier aimait Chapelain, protégeait Cottin, maltraités par Boileau et par Molière même. […] Plaire au roi, servir ses propres amis, assurer un libre essor à leurs talents et au sien, plaire à Montausier même, furent trois succès que Molière me paraît s’être promis d’allier, en faisant le bel ouvrage dont nous parlons ; et j’aime à penser qu’il se proposa une alliance si difficile, parce que l’accomplissement de ce dessein ajoutait le mérite de la difficulté vaincue au mérite du talent le plus élevé.

103. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

On aime à trouver ainsi l’auteur du Misanthrope dans ce cortège de nobles esprits qui font à distance si belle figure autour du grand Condé. […] L’un d’eux ne serait peut-être pas fâché que Molière ait été un malhonnête homme : « Je l’aime, dit-il, tel qu’il est et même quel qu’il soit. […] Cette tendresse se portait de préférence sur les enfans, qu’il avait toujours beaucoup aimés. […] Tout démontre, au contraire, qu’il aimait passionnément son art, qu’il y rapportait toutes pensées, qu’il s’y donnait corps et âme. […] Pour un comédien, pour un directeur de théâtre, il consiste non-seulement à remplir toutes les obligations de son métier, mais encore à l’aimer par-dessus tout, à s’y sacrifier au besoin.

104. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

J’aime, je bois, je joue, & ne vois en cela Rien qui puisse attirer ces réprimandes-là. […] Valere, fils de Griffon, s’oppose à ce mariage, parcequ’il est amant aimé de la même Demoiselle. […] Quand il veut le prendre, on le retient pour le présent de noce ; & Griffon, ravi sans doute par ce bon procédé, aime mieux donner les amants à tous les diables que de s’opposer à leur mariage. […] Des hommes parvenus à un âge avancé, pensent se faire aimer d’une jeune beauté en la tenant dans une continuelle contrainte, en lui faisant un crime des moindres libertés. […]   J’aime mieux ma mie.

105. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Au moment où Don Garcie achève son serment de réprimer sa jalousie, une lettre remise à la personne qu’il aime, réveille instantanément cette passion dans son cœur. […] Avec cette science, la jeune Agnès donne à Arnolphe une excellente leçon en lui disant que, pour être aimé, il faut se faire aimer. […] Celui que vous aimez, ma voisine, a, dit-on, quelque inclination pour ma fille, et vous ne seriez pas fâchée de la voir la femme d’un autre. […] Voulez-vous être aimé? […] « Ces gens vous aiment ?

106. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Belti frémit, réclame la foi de Belton au nom de tout ce qu’elle a fait pour lui dans son désert, au nom de son pere, qui, en mourant, leur a recommandé de s’aimer sans cesse : elle déteste un pays où l’on peut trahir la flamme d’une amante, & où les loix autorisent une pareille perfidie : elle dit à Belton de la remener dans son bois. […] sans cet homme noir je n’aurois pu t’aimer ! […] Au reste, Belti vantant la façon dont on aime dans les bois, méprisant l’or & l’usage qu’on en fait chez les peuples policés, demandant si elle est riche, voulant qu’on la remene dans les bois où elle ne connoissoit pas la pauvreté, blâmant nos loix, se moquant de nos femmes indolentes, a beaucoup de ressemblance avec Arlequin Sauvage, voulant manger l’argent qu’on lui présente, & ne comprenant pas à quel autre usage il peut être bon ; décidant que nous sommes des frippons en naissant, puisque nous avons besoin de loix pour être bons ; félicitant un plaideur d’avoir perdu son procès qui l’importunoit ; demandant si la Justice est un animal, & s’il mord ; se moquant des personnes qui se font servir comme si elles n’avoient ni bras ni jambes, & sur-tout des hommes qui font avec eux le métier de bêtes ; priant enfin son Capitaine de le remener dans ses bois, où, ne connoissant pas la pauvreté, il étoit son maître & son roi. […] Hassan, seul, se rappelle ses malheurs passés ; il en goûte mieux son bonheur présent : il y a deux ans qu’il étoit esclave chez les Chrétiens à Marseille ; il jouit présentement chez lui de la liberté & de la compagnie d’une épouse qu’il aime : il n’en a qu’une, tandis que ses voisins en ont plusieurs, il ne sait pas pourquoi faire : il ne gêne pas la sienne ; on lui a dit en France que cela portoit malheur. […] Tu es séparé de ce que tu aimes, dit-il !

107. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Corneille, aime mon repentir, Ton excellent Menteur m’a porté à mentir. […] Une femme qui aime, si son amant est d’une condition égale à la sienne, ne lui donne point une bourse d’argent, et surtout une première fois qu’elle lui fait une galanterie. […] « Molière, après avoir lu l’original, trouva ridicule avec raison que la princesse, qui ne pouvait douter que le prince n’aimât sa cousine, s’offrît elle-même à lui, en le choisissant pour époux. Le sexe, le rang, la bienséance, tout était blessé, puisqu’elle s’exposait à un refus certain, si ce prince avait véritablement aimé une autre personne. […] Cependant, le prince, malgré le dessein qu’il a de cacher son amour, profite des circonstances pour déclarer sa passion, et il le fait avec tant de vivacité, et d’une façon si vraie, que la princesse, persuadée qu’il l’aime réellement, le rebute avec hauteur.

108. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Moliere, qui eut quelque honte de se sentir si peu de constance pour un malheur si fort à la mode, resista autant qu’il pût ; mais comme il étoit alors dans une de ces plenitudes de cœur si connuës par les gens qui ont aimé, il ceda à l’envie de se soulager, & avoua de bonne foi à son ami, que la maniere dont il étoit forcé d’en user avec sa femme, étoit la cause de l’accablement où il se trouvoit. Chapelle, qui le croyoit être au dessus de ces sortes de choses, se railla de ce qu’un homme comme lui, qui sçavoit si bien peindre le foible des autres hommes, tomboit dans celui qu’il blâmoit tous les jours, & lui fit voir que le plus ridicule de tous étoit d’aimer une personne qui ne répond pas à la tendresse qu’on a pour elle. […] Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé, lui répondit Moliere, & vous avez pris la figure de l’amour pour l’amour même. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être Poëte pour aimer de cette maniere ; mais pour moi je croi qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, & que les gens, qui n’ont point senti de semblables delicatesses, n’ont jamais aimé veritablement – – –15. […] Il devint amoureux de cette femme, & en fut aimé, & l’attira dans sa Troupe.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Aminta se plaint de ce que Don Juan donne de la jalousie à son mari & rend triste ce qu’elle aime. […] Tu dis qu’elle t’aime ? […] Arrête, ne jure plus, j’aime mieux t’en croire sur ta parole. […] Celui-ci veut lui persuader qu’une fille bien née aime l’époux qu’on lui donne. […] Elle est surprise d’aimer aussi sincérement Carino, elle qui s’est toujours moquée de l’amour des autres bergers.

110. (1852) Molière, élève de Gassendi (Revue du Lyonnais) pp. 370-382

Il n’en reste que quelques vers piquants du Misanthrope, sur l’illusion qui fait voir tout en beau aux amants dans l’objet aimé, imités d’un passage du IVe livre de Lucrèce1. […] Bélise trouve le vide à souffrir difficile et goûte bien mieux la matière subtile; Armande aime les tourbillons, et Philaminte les mondes tombants. […] Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable. […] Pour donner plus de goût à sa traduction, Molière avait rendu en prose toutes les matières philosophiques, et il avait mis en vers les belles descriptions de Lucrèce. » (Mémoires sur la vie de Molière, en tête de l’édition d’Aimé Martin).

111. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Le fils restoit à pourvoir : il s’affectionne d’une Demoiselle de qualité, fort proche parente de son beau-frere : il aime, il est aimé ; mais son pere s’oppose à l’achevement mutuel de leurs desseins. […] Il voit le Docteur Onesti : il ne l’aime pas, quoiqu’il soit fort savant, parcequ’il lui fait gagner peu. […] Buona Testa demande si Pantalon aime beaucoup sa fille, s’il est riche. […] Elle retrouve la parole à l’arrivée d’Onesti, pour annoncer qu’elle l’aime ; que c’est là sa seule maladie, & pour déclarer qu’il ne lui a jamais dit la moindre chose pour la séduire.

112. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Si la gradation est nécessaire jusques dans les mots, si un poëte adroit ne met jamais allons après volons, s’il ne dit pas je vous aime après je vous adore, parceque la seconde expression est plus foible que la premiere ; à plus forte raison doit-il avoir le soin de graduer ses moyens & ses situations, de façon que l’admiration du public croisse sans cesse. […] J’aime les moralités, elles endorment. […] J’aime A voir adroitement peindre une flamme extrême, A la faveur du tour & des traits délicats Donner à deviner ce qu’on n’avoueroit pas.

113. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

Elle avait sans doute pour lui cette affection que les enfans rendent aisément à ceux dont ils se sentent aimés ; ce sentiment n’aurait pas de peine à se changer en amour conjugal. […] Vous me direz sans doute qu’il faut être père pour aimer de cette manière ; mais, pour moi, je crois qu’il n’y a qu’une sorte d’amour, et que les gens qui n’ont point senti de semblables délicatesses n’ont jamais véritablement aimé. […] Elle l’aimait avant son mariage avec Armande ; et, quoi qu’en dise l’auteur de la Fameuse Comédienne, elle semble s’y être résignée facilement ; elle nous apparaît, en effet, comme très accommodante, sans rancune, admettant l’abandon ou le partage et ne tenant pas rigueur à qui lui revenait. […] Modèle des époux et père de six enfants, l’auteur de tant de stances à Iris n’en aimait pas moins jouer auprès des reines de théâtre le rôle du don Guritan de Ruy Blas auprès de dona Maria de Neubourg. […] Ainsi Molière aurait été malheureux surtout de n’être pas aimé, jaloux, mais sans croire à l’infidélité de sa femme, et Armande une coquette aimant plus les manèges de l’amour et les satisfactions de vanité qu’ils procurent que l’amour lui-même.

114. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Le Roi, qui n’aimait point cette Actrice, dit à Molière, qu’il fallait donner ce rôle à un autre. […] Car j’aime mieux mourir que de vivre ainsi. […] Des genres, tu n’aimes que le masculin : à l’égard des conjugaisons, de la syntaxe, et de la quantité, tu n’aimes que, etc. […] Ce Seigneur, pendant son séjour à la Cour d’Angleterre, avait aimé Mlle Hamilton. […] La Grange n’avait qu’une fille unique qu’il aimait beaucoup, et qu’il maria à un homme qui la trompa ; il en mourut de chagrin.

115. (1838) Du monument de Molière (Revue de Paris) pp. 120-

Plus connu, pendant sa vie, que Corneille, mieux accueilli que Racine, plus riche que Boileau, plus aimé que La Fontaine, il a continué par sa mort une renommée littéraire dont il n’y a pas d’exemple en Europe. […] Grâce au bon souvenir de l’honnête propriétaire de la maison du pilier des halles, le buste de Molière et une inscription indiquent aux passans que c’est là que naquit l’auteur de L’Avare, Quant au propriétaire qui vendra un jour, pour être détruite, et ce jour n’est pas loin, la maison où mourut Molière, nous aimons à croire qu’il fera partie de la garde nationale, qu’il sera chevalier de la Légion-d’Honneur et grand admirateur des tragédies de Voltaire. […] J’aimerais autant être possédé de l’ambition de Prométhée, que de songer à écrire une comédie pour le Théâtre-Français.

116. (1802) Études sur Molière pp. -355

Mais je n’aime pas l’étourdissement que Molière donne à Lélie, pour avoir le prétexte de le faire entrer dans la maison, de Sganarelle : l’auteur avait déjà tire parti de l’évanouissement de Célie, et c’était assez d’une pâmoison. […] Le premier tremble de perdre ce qu’il aime, il hésite longtemps avant de se décider. […] La ceinture de Boccace pouvait séduire un imitateur, à cause de la devise : je vous aime et n’ose vous le dire . […] Les Grecs les aimaient beaucoup, et Platon, à l’heure de sa mort, avait sous son chevet celles de Sophron. […] Bélise peut-elle soutenir à Clitandre qu’il est épris d’elle, au moment où il croit la détromper si bien par ces mots, je veux être pendu si je vous aime  ?

117. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

En effet, cela est touchant, & je vois bien que ce bon naturel-là vous l’a fait aimer. […] Scapin, un barbare l’auroit aimée ! […] Votre neveu vous respecte & vous aime. […] Ce traître de neveu qui m’aime & me chérit, Par son maudit caquet me fait tourner l’esprit.

118. (1900) Molière pp. -283

Ils aimaient qu’on répandît, qu’on éparpillât leurs idées, leurs types. […] Tu voulais me dire que tu m’aimes ? ALCIBIADE Aimer ! […] Je vous aimais pourtant, oui, je vous aimais. […] Passé l’âge de la première candeur aucune femme n’a aimé jusqu’à avouer tout d’elle-même.

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

& si vous m’aimez, vous apprendrez de lui la bourrée ». […] Le tuteur & la pupille tendent à un but tout-à-fait opposé : nous nous attendons à un combat intéressant ; il l’est en effet, de l’aveu de tous les Connoisseurs : nous allons voir pourquoi, après nous être rappellé que le caractere de Sganarelle est de se croire aimé de sa pupille, de se persuader que la sévérité avec laquelle il l’a élevée, l’a rendu farouche pour tous les hommes, excepté pour lui. […] Isabelle veut écrire à son amant des choses très essentielles pour leur bonheur commun ; mais elle n’a personne à qui elle puisse confier son secret : elle projette de faire remettre sa lettre à celui qu’elle aime par Sganarelle lui-même.

120. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Voltaire n’a pas tout à fait tort de trouver que les vifs dégoûts littéraires sont le prix des plus délicieuses jouissances littéraires, et que, pour bien aimer certaines choses, il faut savoir haïr vigoureusement leurs contraires. […] Vous aimez les romans de Balzac et de George Sand ; moi aussi. Seulement, vous les aimez tellement qu’il vous est impossible d’apercevoir leurs défauts.

121. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Après la Fronde tout s’apaise comme par enchantement, la royauté recueille enfin, au profit de la France qui l’aime, qui l’admire et qui se repose en elle, le fruit de leurs efforts communs contre la puissance des grands, source éternelle de discordes civiles et d’affaiblissement national. […] La bonté est le fond de son caractère, comme le bon sens est la règle de son esprit ; il aime le vrai, c’est-à-dire la mesure, et il essaye d’y ramener ceux qui l’écoutent en leur présentant sous un aspect plaisant ce qui s’en écarte. […] Aussi la postérité dit-elle après La Fontaine : « Molière, c’est mon homme. » Et, en effet, Molière est l’homme de ceux qui aiment à voir clair dans les choses et dans les hommes, qui n’ont ni le goût de tromper ni celui d’être trompés, qui ne craignent pas d’ouvrir leur cœur et qui veulent pénétrer et dévoiler ce que cachent les autres. […] Où trouver plus de pathétique que dans ces plaintes sur les rigueurs de la mort : Défendez-vous par la grandeur, Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur : Un jour le monde entier accroîtra sa richesse ; plus de sensibilité et de douce mélancolie que dans ce passage où respire l’âme de Virgile, avec le souvenir de ses vers les plus émus : Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ? […] La Fontaine et Molière sont inséparables, ils se tiennent pour ainsi dire la main devant la postérité qui les admire et qui les aime.

122. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

Mithridate apprend par la bouche de Pharnace, que Xipharès aime en secret Monime, & que Monime l’aime. […] Son fils Célio l’aime aussi ; il obtient la préférence : la belle se trouve ensuite fille du Docteur. […] C’est sous ce titre qu’elle est aimée de Magnifico. […] En un mot, il aime l’argent plus que réputation, qu’honneur & que vertu, & la vue d’un demandeur lui donne des convulsions ; c’est le frapper par son endroit mortel, c’est lui percer le cœur, c’est lui arracher les entrailles ; & si.... […] Loin de t’aimer maintenant, tu me fais horreur.

123. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Segrais a dit de madame de Châtillon : Quel serait le brutal qui ne l’aimerait pas ? […] Je ne sais qui de Somaise ou de de Pure cite une belle précieuse qui ne permet pas de dire j’aime le melon, parce que c’est prostituer le mot j’aime, et qui n’autorise pas au-delà du mot j’estime pour cet usage. […] Il faut se persuader que la satire du poète répondait au goût et aux opinions de madame de Rambouillet, loin d’effleurer sa personne ; à moins qu’on n’aime mieux croire nos biographes doués de plus de discernement et de tact qu’elle n’en avait sur ce qui la concernait elle-même. […] J’aime à voir madame de Maintenon dévider ses fusées, compter ses pelotons et préparer son métier a tapisserie, devant Louis XIV, ses ministres délibérant en conseil d’état sur les affaires de l’Europe dans la chambre de cette femme illustre et bonne. J’aimerais à savoir que madame de Sévigné brodait ou faisait de la tapisserie, Il y avait sûrement de l’élégance et de l’esprit dans ses dessins, et le fac simile d’un fauteuil de son aiguille me ferait autant de plaisir que le fac simile d’une de ses lettres.

124. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

En un mot, il aime l’argent plus que réputation, qu’honneur & que vertu : & la vue d’un demandeur lui donne des convulsions ; c’est le frapper par son endroit mortel ; c’est lui percer le cœur ; c’est lui arracher les entrailles. […] Recevez agréablement Mon cœur, mon ame & mon serment, Et jurez réciproquement De m’aimer furieusement Jusqu’à votre trépassement. […] Je vais lui dire ingénument Que je l’aime violemment.

125. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. De la Vraisemblance. » pp. 434-445

elle aime cet amant Que nous avons banni. […] Qu’ayant appris le désespoir Où j’ai précipité celui qu’elle aime à voir, Elle vient me prier de souffrir que sa flamme Puisse rompre un départ qui lui perceroit l’ame, Entretenir ce soir cet amant sous mon nom, Par la petite rue où ma chambre répond, Lui peindre, d’une voix qui contrefait la mienne, Quelques doux sentiments dont l’appât le retienne, Et ménager enfin pour elle, adroitement, Ce que pour moi l’on sait qu’il a d’attachement. […] Au contraire, elle ne l’auroit rendu que plus épris d’un objet duquel il se seroit cru aimé, & elle l’auroit éloigné davantage d’elle.

126. (1821) Scène ajoutée au Boulevard Bonne-Nouvelle, pour l’anniversaire de la naissance de Molière pp. -

Shakespear peut paraître gai Aux lords d’Angleterre, Schiller est bien intrigué, Sa touche est légère ; Mais du drame fatigué, Par sa verve subjugué, J’aime mieux Molière, ô gué, J’aime mieux Molière.

127. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Lui-même, il l’avoue, et il raconte qu’au sortir de ces fêtes de dommage, il rentrait dans sa maison, plus disposé à aimer l’argent, l’ambition, la luxure, qu’il ne l’était au moment d’en sortir, — « Eh ! […] — C’est Molière lui-même qui éveille sa troupe, car en ce temps-là il était comédien, il était directeur de comédiens, il était poète,-il était courtisan, il était amoureux, il était jaloux, il aimait sa gloire comme il aimait sa femme. […] Elle en dit tant, que Molière, qui aime cette femme de tout son cœur, s’écrie, en frappant du pied : — Taisez-vous, ma femme, vous êtes une bête ! […] Ces comédiens étaient recherchés par les plus grands seigneurs ; ces comédiennes étaient belles et galantes, on les aimait pour leur beauté, pour leur esprit, pour leurs amours ; il y avait de ces femmes qui tenaient pour leur amant, Racine ou M. de Sévigné ; il y en avait une qui portait le nom de Molière ! On les voulait voir, on les voulait entendre, on les voulait aimer.

128. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

J’aime encore mieux la brutalité de ce fou qui appelait Racine polisson. […] J’aime mieux répondre à une question que je crois lire sur beaucoup de lèvres : vous avez envie de savoir au juste ce que c’est que la Thèse, ou, du moins, ce que, de vous à moi, nous devons entendre ici par ce mot. […] vous ne chercherez pas, mais vous auriez beau chercher, pas une relique ne traîne du temps où les cœurs vertueux aimaient à voir lever l’aurore au théâtre. […] Il était une fois une Anglaise qui aimait sincèrement Tanisette. […] Entre nous, moi, j’aimerais mieux quelques mots de plus, fussent-ils de Molière, et un peu moi de chose.

129. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Tebaldo dit à Lelio que, maintenant qu’il a reçu la confidence du secret paternel, en se rappelant les changements qu’il a remarqués en elle depuis quelque temps, il est convaincu qu’elle aime. […] À peine Fabio est-il parti, que Tebaldo dit à Lelio qu’il est sûr de son fait et qu’elle aime Fabio. […] Ils blâment Flaminio de vouloir aimer toujours Virginia, et, le voyant venir, ils se proposent de le détourner d’une passion qui ne lui fait pas d’honneur. […] Lisette dit à Flaminio qu’il peut être sûr que Virginia n’aime que lui, et qu’elle n’est nullement enceinte, comme l’a prétendu Zucca ( tanto è Virginia gravida, dit-elle, quanto io son vergine ). […] Scène de concetti, où Lelio peint son amour à Fabio en feignant de connaître une dame qui l’aime tendrement.

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