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25. (1910) Rousseau contre Molière

Je crois du reste que le public est assez indifférent à l’ordre qu’on suit, pourvu qu’il y en ait un et qu’on s’y tienne. […] Molière a marqué ce trait et tenu à le marquer. […] Tenez-moi des vôtres, mon cher. […] Il faut cependant savoir ces choses et en tenir quelque compte. […] Il répondrait sans doute : « Ce n’a pas été mon intention. » On ne peut pas le tenir pour responsable.

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Sied-il bien de tenir une rigueur si grande, De vouloir, sans quartier, les choses qu’on demande, Et d’abuser ainsi, par vos efforts pressants, Du foible que pour vous vous voyez qu’ont les gens ? […] Brueys & Palaprat, en voulant prévenir la critique, ne semblent-ils pas au contraire l’agacer pour la tenir éveillée ? […] Tiens-toi un peu, enfonce ton chapeau en méchant garçon, campe-toi sur un pied, mets la main au côté, fais les yeux furibonds, marche un peu en roi de théâtre.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Qu’est-ce à dire cela, de la tienne ? […] que mon foible cœur tient encore à la terre ! Et, dans l’aveuglement où je le tiens plongé, Je crains que de long-temps il n’en soit dégagé. […] Tenez, Madame, avant que je connusse ce libertin-là, ma réputation flairoit comme baume dans tout le quartier. […] Bernard, amoureux & tuteur d’Angélique, veut absolument l’épouser, & la tient renfermée dans sa maison de campagne.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Un trait comique prend sa source dans la chose même, naît de la situation des personnages, & tient d’elle seule l’avantage de faire rire : un trait plaisant est au contraire une saillie qui ne fait rien à l’action, qui ne tient rien de la situation des personnages, qui fait rire, à la vérité, mais aux premieres représentations seulement. […] A quoi tient ce mot d’interloquée ? […] & Mad. de Sotenville exaltent moins la vertu des héroïnes de leur famille, le trait n’est plus rien ; preuve qu’il doit tout à la situation, & qu’il tient tout-à-fait à la scene.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

elle m’étoit tombée, Je vous suis bien tenu de ce soin obligeant, Qui m’épargne un grand trouble, & me rend mon argent. […] Faut-il vous tenir par la main, ou si vous avez quelque principe ? […] Tenez donc. […] Tenez donc.

30. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Édouard Fournier se le tint pour dit. […] Cela ne tient pas devant une minute d’examen. […] Molière tint bon. […] Il tint parole. […] Il avait été patient jusque-là, mais, cette fois, il n’y put tenir.

31. (1885) Revue dramatique. Le répertoire à la Comédie-Française et à l’Odéon (Revue des deux mondes) pp. 933-944

Plus que Racine, autant que Molière, le grand homme du jour a gardé la faveur publique ; il est même, sinon plus estime ni plus aimé, du moins plus respecté que Molière ; il tient le dessus dans cette trinité, il est Dieu le père : allons voir quels honneurs ses cardinaux lui rendent ! […] Il est vrai que, l’année précédente, le Cid avait poussé jusqu’à dix, ainsi que le Menteur, et Polyeucte jusqu’à huit ; Horace déjà s’était tenu à une. […] Feuillet. — Pour être exact, joignez à ce que vous tenez là Corneille et Richelieu, de M. […] Voilà décidément tout ce qui a tenu, pendant deux hivers, deux printemps, un été, un automne, entre les murailles de cet édifice sacré. […] Quant aux tragédiennes, depuis MmeSarah Bernhardt, on n’en fait plus : Mlle Dudlay en tient lieu.

32. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Cette salle fut affectée ordinairement aux représentations théâtrales, quoiqu’elle eût de temps en temps une destination plus sérieuse : ainsi elle servit aux États généraux tenus en 1614, les derniers de la France monarchique avant 1789. […] Les acteurs français ne pouvaient lutter avec ces étrangers : « La comédie telle que ceux-ci la jouaient, dit Brantôme, était chose que l’on n’avait encore vue et rare en France, car, par avant, on ne parlait que des farceurs, des conards de Rouen, des joueurs de la Bazoche et autres sortes de badins. » Ce qui devait offrir surtout un vif attrait, c’était la présence d’actrices élégantes jouant les rôles féminins, tandis que les rôles de femmes étaient tenus chez nous par des hommes. […] Flaminio Scala avait alors dans sa troupe quatre rôles de vieillards ou de pères nobles, comme nous dirions aujourd’hui : le Pantalon ou le Magnifico, tenu par un acteur nommé Giulio Pasquati ; Cassandro da Siena, joué on ne sait par qui ; Zanobio, le vieux bourgeois de Piombino, représenté par Girolamo Salembeni de Florence ; enfin le docteur, il dottore Gratiano Forbisone, dont Lodovico de Bologne portait la robe. […] Francesco Andreini, outre l’emploi du capitan qu’il tenait avec une grande supériorité, créa le type du Dottore siciliano et celui du magicien Falcirone. […] Nous ne savons l’acteur qui tenait le rôle de Pedrolino (Pierrot) ; ce rôle est, dans les canevas des Gelosi, fort pareil à ce qu’il est resté sur la scène française, pétulant, grimacier, malin, gourmand et poltron.

33. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VIII » pp. 70-76

Cependant ce n’était pas une témérité bien grande, s’il est vrai que quelques années plus tard, « madame de Sévigné », comme le dit son cousin Bussy-Rabutin, « ne tenait pas ses bras trop chers ». […] Godeau, de l’Académie française, évêque de Vence, ayant adressé à Voiture un défi de vers galants en honneur de cette belle personne, Voiture lui adressa ce rondeau fanfaron : Comme un galant et brave chevalier, Vous m’appelez en combat singulier D’amour, de vers et de prose polie ; Mais à si peu mon cœur ne s’humilie, Je ne vous tiens que pour un écolier ; Et fussiez-vous brave et docte guerrier, En cas d’amour, n’aspirez au laurier. […] Il la recommande aux Romains ; la politesse exquise de son esprit en avait conçu les lois : mais la chose était hors des mœurs générales ; le mot décence n’existait même pas ; pour l’en tenir lieu, Cicéron emploie cette locution : quod decet .

34. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

» et à lui seul il tenait tout le spectacle avec un bruit, un enthousiasme, une fête ! […] Où se tient-il ? […] Molière… en l’aimant avec passion, tenait son peuple à distance. […] Il tient à toutes les choses et à toutes les œuvres de la vie. […] Léonore ne se tient pas encore pour battue.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Mais Anselme n’étoit pas homme à s’en tenir là, & sa destinée ne le vouloit pas. Camille a résisté à des paroles, dit-il ; voyons, mon cher Lothaire, si elle aura la force de tenir contre quelque chose de plus réel. […] Parbleu, vous en tenez, Avec vos savants ! […] Timon est forcé de convenir que l’univers n’est pas sans vertu : il montre son trésor à Evandra, lui déclare qu’il veut sans cesse le tenir caché pour prévenir les maux dont on le feroit l’instrument. […] L’on sait enfin que Cidalise abandonne Cléon après sa ruine, & que le désespoir va le porter à se tuer, lorsque Julie oublie ses torts, lui rend les biens qu’elle tient de lui, y joint les siens & lui donne sa main.

36. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [17, p. 47-48] »

Enfin, il lui envoya le maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses études, espérant que par l’autorité que son maître avait eue sur lui pendant ce temps là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que ce bonhomme lui persuadât de quitter sa profession, le jeune Molière lui persuada de l’embrasser lui-même, et d’être le docteur de la comédie ; lui ayant représenté que le peu de latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le personnage, et que la vie qu’ils mèneraient serait bien plus agréable que celle d’un homme qui tient des pensionnaires. […] Ce bon Père lui envoya ensuite le Maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses Études, espérant que par l’autorité que ce Maître avait eue sur lui pendant ces temps-là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que le Maître lui persuadât de quitter la profession de Comédien, le jeune Molière lui persuada d’embrasser le même Profession, et d’être le Docteur de leur Comédie, lui ayant représenté que le peu de Latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le Personnage, et que la vie qu’ils mèneraient, serait bien plus agréable que celle d’un Homme qui tient des Pensionnaires.

37. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Elle ne tient guère plus à Lycaste qu’à Sganarelle. […] Lui aussi, il a tenu dans ses mains les preuves de sa misère ; lui aussi, il n’a pas voulu y croire. […] Le feuilleton devait tenir à cette gloire, elle était un peu en famille chez nous ; M.  […] Encore une fois, lisez les modèles, et tenez-vous aux modèles. […]                                  Non, je veux m’y tenir.

38. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Je tiens de M.  […] Tenez ! […] Tenez ! […] Tenez ! […] Ainsi, tenez ! 

39. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Arnolphe s’est perdu lui-même ; ou plutôt c’est l’idée de tenir une femme dans l’ignorance pour l’avoir mieux dans la main, que le poète a condamnée par ce dénouement. […] D’où vient que leur portant une haine mortelle Vous pouvez bien souffrir ce qu’en tient cette belle ? […] Elle n’aurait plus assez de présence d’esprit pour diriger et tenir en harmonie cette foule de rivaux intéressés à se supplanter. […] Léonor n’est pas exposée à ce travers, parce qu’elle a du bien et qu’elle vit dans un temps où on tenait moins à sortir de sa condition qu’à s’y faire honorer. […] C’est sa qualité dominante ; elle la tient de Chrysale, car, si, au jugement de sa femme, il a l’esprit formé d’atomes trop bourgeois, Chrysale n’est pourtant point un sot ; il estime les gens pour ce qu’ils valent, non pour ce qu’ils ont.

40. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Mais encore une fois, plus la difficulté était grande pour Molière, et plus il y devait tenir. […] Ainsi a fini plus d’une monarchie en plein abîme, en plein argot ; tant il est difficile de se tenir longtemps à la majesté du drame, à la hauteur du discours ! […] À la fin, nous le tenions tel qu’il est sorti des mains ou plutôt des griffes de Molière, ce magnifique damné dont le nom est immortel ! […]  » Et moi, je vous réponds que le roi Louis XIV n’a jamais tenu un pareil langage à une abbesse, dans son propre couvent, et qu’en tout cas, si jamais le roi eût tenu ce discours, il ne l’aurait pas tenu avec dignité ! […] Il ne tient ni à la naissance, ni au nom, ni même à l’âge, fort peu même à la beauté ; tout lui convient, pourvu que cela soit vite fait.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Il fait tout ce qu’il peut pour se redonner la vue dont il conserve nuit & jour une si chere idée ; mais la grande contrainte où l’on tient sa bergere, lui en ôte tous les moyens. […] Tenez, Messieurs, voilà six pistoles que je vous donne50. […] Pourquoi me tiens-tu ce discours ? […] Ma foi, je le tiens fou de toutes les manieres. […] Je l’ai déja dit en parlant de Scarron, & j’ai promis de le prouver par les ouvrages mêmes de cet Auteur : voici le vrai moment pour tenir ma parole.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Comme notre orchestre, bon ou mauvais, tient parmi nous la place des chœurs, nous appellons un acte cette premiere, seconde, troisieme partie, &c. qui est séparée de l’autre par notre musique. […] Tiens-toi un peu. […] Je le tiens fort à plaindre. […] Je le tiens fort à plaindre.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Il lui demande de qui il le tient. […] D’un autre côté Célio est fâché de voir son portrait entre les mains d’Arlequin ; il lui demande de qui il le tient ; Arlequin lui répond que c’est de sa femme. […] Sganarelle lui dit qu’il le tient de sa femme. […] plaise au Seigneur qu’il soit sot à tel point, Qu’il me tienne mauvais & ne se batte point !

44. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Vous l’avez accompagné en silence sur le bord de la mer : l’heure du départ est arrivée, le ciel est noir, la mer rugit au loin, le frêle esquif se balance d’une façon formidable, votre ami reste calme, il vous tient la main dans les siennes, il vous la serre, il vous regarde avec assurance, il vous sourit une dernière fois ; vous, cependant, vous avez la mort dans le cœur. […] Mais arriver à un spectacle avec l’intention formelle de lancer à l’idole, sa petite couronne ; tenir cette couronne honteusement cachée au fond de son chapeau, et puis, quand la reine en question a fait sa dernière pirouette ou déclamé son dernier vers, lui jeter obscurément la servile guirlande, c’est là tout à fait le métier d’un laquais, d’une maman, ou d’un amoureux de bas étage. […] Par exemple, je me rappelle ces propres paroles de deux demoiselles errantes qui se promenaient sur le boulevard de Gand, à dix heures du soir : — “Tiens, disait l’une, Polyte nous rapportera des fleurs, la Taglioni danse ce soir !” […] Ingrate génération, à qui mademoiselle Mars a enseigné à parler et à se taire, à s’habiller, à saluer, à vivre, enfin ; que disons-nous, les moindres choses de la vie ordinaire, cette aimable femme les a apprises à cette génération ; elle leur a appris à entrer dans un salon, à tenir un éventail, à prendre un fauteuil, et les moindres détails de la vie élégante !

45. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Toutes les fois qu’il n’est pas obligé de divertir la cour par ordre, ou le peuple par nécessité, il moralise pour le siècle, il donne des leçons, il tient école. […] Ceux à qui Molière « fait venir de coupables pensées » peuvent toujours se tenir à l’écart : chacun de nous doit savoir s’il apporte ou non dans cette épreuve les dispositions convenables. […] L’apologue de La Fontaine tient à l’épopée par le récit, au genre descriptif par les tableaux, au drame par le jeu des personnages et la peinture des caractères, à la poésie gnomique par les préceptes. […] Cette ruse de l’esprit, qui se cache avec le secret désir d’être surpris, tient au caractère de l’auteur, et il ne l’emploie guère que lorsqu’il parle en son propre nom. […] La Fontaine et Molière sont inséparables, ils se tiennent pour ainsi dire la main devant la postérité qui les admire et qui les aime.

46. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Le principal personnage tient de l’étourdi proprement dit et du généreux, ce qui le rend très sympathique tout en le laissant très plaisant. […] C’est une chose très significative, nous dit-on, que très souvent pour soutenir la thèse à laquelle il tient, Molière ait choisi des servantes. […] C’est une manière de marquer le profond mépris où il le tient. […] Comme il réduit l’action, le sujet, la chose, comme disaient les anciens, au minimum, il n’est embarrassé ni de la faire tenir en un jour ni de la faire tenir en une salie de douze pieds carrés, et comme l’action est presque nulle il va de soi qu’elle soit unique. […] Tiens !

47. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Comme cet avis tient à l’historique de la tragédie de Timocrate, nous en mettons ici quelques passages, par forme de supplément à l’article de cette pièce, que l’on trouvera page 178 et suivantes de ce huitième volume. […] Mais il est certain qu’on n’en peut juger de cette sorte sans prendre le nœud pour le dénouement ; et si je puis me servir de l’exemple d’Héraclius, tout ce qui se passe avant le quatrième acte ne tient lieu que de préparatifs pour mettre Phocas entre deux princes, dont il sait que l’un est son fils, et l’autre celui de Maurice, sans qu’il puisse connaître lequel des deux est l’ennemi dont il a juré la perte, et c’est ce qui en fait le nœud. […] « [*]Quoique la comédie des Précieuses ridicules ne soit pas une des meilleures du côté de l’intrigue, quoiqu’elle ne soit pas une des plus nobles, elle doit tenir un rang considérable parmi les chefs-d’œuvre de Molière. […] Parmi les dramatiques, dont il est question, Corneille l’aîné tient seul cette place. Il n’en va pas de même de son cadet ; et quoique ce soit une divinité parmi les comédiens, les encens qu’on lui donne ne sont pas si généraux que ceux de son frère : ne croyez pourtant pas que j’en veuille dire du mal ; au contraire, je tiens que c’est celui de tous les auteurs qui pense plus profondément : et sans doute l’envie avouera elle-même que son Stilicon est tout à fait beau.

48. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Il n’est pas le mariage, il n’est pas le célibat, il tient au célibat par ses côtés honteux, il tient au mariage par ses inquiétudes et ses ennuis. […] Nos grands hommes, autant de marionnettes dont le fil est tenu par des mains déliées et cachées ; héros, tant qu’ils obéissent aux passions populaires, martyrs, s’ils veulent briser cet esclavage ! […] L’homme, de son côté, tout honteux d’être si ému, s’était retourné contre la muraille, et il tenait sa tête dans ses mains ; ses épais cheveux, mal en ordre, retombaient sur ses mains, et il pleurait. […] Elle tenait à sa gloire, et jusqu’au bout de sa vie elle se battit, pied à pied, contre la vieillesse, semblable à ce maréchal de France sur les bords de la Bérésina qui tient tête aux Cosaques, pendant que l’armée en désordre franchit l’obstacle, et se sauve, à l’abri de ce valeureux ! […] Jamais son esprit n’avait été plus ingénieux, plus alerte ; jamais son regard n’avait pétillé de plus de vivacité et de malice. — Elle tenait à bien mourir, elle tenait à être pleurée, elle s’attachait, de toutes ses forces, à ce sillon lumineux que laissait après elle cette gloire élégante !

49. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Et incapable de réflexion, il se remit dans la Troupe de la Raisin, qui l’avait excité à tenir ferme dans son ressentiment. […] Tenez, Molière, vous n’avez jamais donné une marque d’esprit si brillante. […] Encore si c’était toujours avec les mêmes personnes, vous pourriez espérer de la bonté de votre tempérament de tenir bon aussi longtemps qu’eux. […] Les Comédiens tinrent les lustres allumés, et la toile levée, précisément à quatre heures. […] C’étaient toujours les mêmes ennemis de Molière qui parlaient : Leur ignorance les tenait toujours dans le même genre de critique.

50. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

On y tient mille à l’aise, et puisque nous sommes debout comme les cinq cents qui sont au parterre, considérons le lieu. […] Le moyen d’y tenir ! […] — Je le tiens de M. […] Pourquoi j’y tiens ? […] Tout ce qu’elle ne tient pas d’Arnolphe, elle l’aurait laissé prendre, et n’eût pas cru qu’il en dût être mécontent.

51. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Le 10 janvier 1650, Molière tenait un enfant sur les fonts à Narbonne. […] Tenons donc pour assuré que si la mort de Molière, mort soudaine et précipitée, ne l’eût pas empêché de faire sa paix avec l’église et de recevoir les sacrements, la cérémonie de ses funérailles se fût accomplie sans protestation de la part du clergé. […] Il tient pour la cour, et il n’a cessé de préférer 1’« honnête homme » au bourgeois de Paris ou des provinces, et au gentilhomme provincial. […] Considérez seulement la place et le rôle qu’y tiennent les servantes, Nicole, Martine, Nérine ou Dorine, vraies filles de la nature, dont le naïf bon sens s’échappe en saillies proverbiales, et qui ne nous font rire, qui ne sont comiques ou « drôles », qu’à force d’être « vraies ». […] C’est pourquoi nous dirons maintenant de son style qu’il n’est pas sans défauts, mais ces défauts ne l’empêchent point d’être unique en son genre, et dans notre histoire littéraire, pour des qualités qui tiennent étroitement à ces défauts mêmes.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Brueys & Palaprat, imitateurs, comparés avec Térence, Blanchet, un Auteur Italien, & la nature. » pp. 100-132

Je tiens que la premiere qualité d’un honnête homme est de bien payer ses dettes ; & je viens savoir quand vous serez de commodité de recevoir vos trois cents écus. […] Par Sainte Marie la gente, Je me tiens plus esbaubely Qu’onques : le diable, en lieu de ly, A prins mon drap pour moi tenter. […] Quant à la scene dans laquelle Agnelet combat Patelin avec les armes qu’il tient de lui, elle est meilleure dans l’original, en ce qu’elle est préparée dès l’entrevue du berger avec l’Avocat. […] Tiens, déja dans l’hôtellerie où tu m’as mis en attendant que ton maître me prenne, j’ai voulu faire le muet pour m’exercer ; je m’y attrape à tous moments. […] Tenez, Monsieur.

53. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

C’est une impasse où se tient en embuscade un dilemme uniformément éploré qui se pose entre le désespoir et le divorce, bu bien entre le divorce et la mort. […] vous n’avez pas le droit de frapper à faux, vous qui tenez en main la lance d’or. » Dans l’ordre moral, depuis que j’existe, j’ai toujours vu abattre, jamais je n’ai vu rebâtir. […] j’y tiens !... […] nous y tenons tous, et ces messieurs, les neveux de Molière, les premiers, j’en suis sûr ! […] Molière a gagné son pari, mais je ne conseillerais à personne de le tenir après Molière.

54. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Qu’à cela ne tienne. […] Louis XIV tenait en plus haute estime un ballet ou une mascarade, surtout quand il y figurait, que les meilleures œuvres tragiques ou comiques. […] Je tiens ceux de La Fontaine pour parfaitement apocryphes et l’authenticité de ceux de Molière pour bien douteuse. […] Un excommunié pouvait-il tenir un enfant sur les fonts baptismaux ? […] Je tiens à remercier publiquement M.

55. (1706) Addition à la Vie de Monsieur de Molière pp. 1-67

Concision, dont je me suis servi au commencement de cet article, ne sera pas sans doute du goût de mon Censeur ; mais lui-même qui se tient si fort à l’antique n’a-t-il rien hasardé dans sa Critique ? […] Je conviens qu’une voix sonore, et une flexibilité de corps, que nous tenons de la nature, donnent un grand avantage à l’Acteur. […] On est aisément piqué, quand on est traité d’ignorant ; je n’ai pu tenir contre l’envie que j’avais de faire retomber ce reproche sur mon Censeur. […] Je puis à mon tour reprocher à mon Critique que Baron lui tient trop au cœur : Comment ! […] J’ai laissé tout cela à penser au Lecteur ; mais mon Censeur ne pense point, et s’en tient au premier sens des termes ; il faut tout lui dire pour qu’il le sente.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Des aparté. » pp. 446-462

Il a déja appris l’affaire, & elle lui tient si fort en tête, que tout seul il en parle haut. […] Celle-ci, piquée qu’on eût osé la faire épier, persuade au Marquis de se venger, de la venger elle-même ; lui dit, pour l’y engager, que le Comte a tenu de fort mauvais propos contre lui, & elle fait si bien que dès le lendemain, au point du jour, l’amant de quartier quitte le champ de Vénus pour voler sur celui de Mars, y fait appeller son adversaire, & lui alonge un coup d’épée au travers du bras. […] Le Comte sur-tout promit de le faire cruellement, & tint parole. […] Tous ceux qui ne s’étoient pas apperçus des aparté, lui dirent qu’elle avoit tort, qu’elle méritoit bien tout ce que le Comte lui avoit dit, qu’il n’avoit fait que rendre foiblement les sentiments de tout le monde : ceux qui avoient tout entendu, lui tinrent malignement le même propos : elle passa sur la scene la rage dans le cœur, & fut punir le public des affronts qu’elle avoit essuyés.

57. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

La même année il était question, dans l’Assemblée générale du Clergé de France, de proposer au Roi « la translation de toutes les foires qui se tenaient les jours de fête, » et c’était un des membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, Mgr de La Barde, qui poussait cette pointe. […] Les gens qui tenaient au divertissement, qu’ils fussent peuple, bourgeois ou seigneurs, devaient sentir à tout instant qu’il y avait, quelque part, travaillant, de concert et avec suite, à détruire tous les amusemens profanes, des apôtres puritains, autrement déterminés que les lieutenans de police ou les échevins à faire appliquer les ordonnances de Sa Majesté ou les arrêts des Parlemens, autrement acharnés contre les folies du siècle que les évêques et les curés, et ne se résignant pas, comme eux, à d’oratoires et anodines remontrances. […] A l’automne 1660, il était décidé à « surprendre, »d’un coup de filet, « tous les confrères assemblés. » Ceux-ci, avisés « de bonne part, » — Lamoignon et Anne d’Autriche elle-même, peut -être, les tenaient au courant, — se méfièrent12. […] Le grief que l’on y sent tenir le plus au cœur des rédacteurs contre les disciples de Bernières-Louvigny, c’est d’avoir provoqué en Normandie contre le Jansénisme, qui prospérait en cette province, une sorte de soulèvement populaire. […] Dans cette activité, on a vu aussi quelle part tenaient les « œuvres de zèle. » Or, s’il serait souverainement injuste, et nous n’y pensons nullement, de prétendre que le Jansénisme ne comprit pas, lui aussi, l’obligation de ces besognes de miséricorde47, il ne l’est pas d’observer que l’activité bienfaisante n’apparait point aux Jansénistes comme le principal de la vie chrétienne, et ne pouvait pas être, pour eux, l’idéal d’une association de dévots.

58. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE II. La Débauche, l’Avarice et l’Imposture ; le Suicide et le Duel. » pp. 21-41

C’est l’esprit qui règne dans la scène de l’Etourdi 113 où Lélie se veut tuer, tient le fer prêt, sans que Mascarille dise autre chose que : « Tuez-vous donc vite. » À quoi Lélie, rappelé à la raison par le sens froid de son valet, répond fort comiquement : Tu voudrois bien, ma foi, pour avoir mes habits, Que je fisse le sot, et que je me tuasse114. […] J’enrage, Lorsque j’entends tenir ces sortes de langage115. […] Le suicide, qui tient tant de place dans nos romans et nos drames, paraissait à Molière une folie et un crime tel, qu’il ne le jugeait pas digne de faire un ressort de la comédie : il n’en parlait que pour rire. […] Il a fermement approuvé le roi de tenir la main à l’exécution de ses édits sur cette matière121. […] « Comme la fausse dévotion tient en beaucoup de choses de la vraie..., comme les dehors de l’une et de l’autre sont presque tous semblables, il est… d’une suite presque nécessaire que la même raillerie qui attaque l’une intéresse l’autre, et que les traits dont on peint celle-ci défigurent celle-là… Et voilà ce qu[est arrivé lorsque des esprits profanes… ont entrepris de censurer l’hypocrisie, non point pour en réformer l’abus..., mais pour faire une espèce de diversion dont le libertinage pût profiter, en… faisant concevoir d’injustes soupçons de la vraie piété par de malignes représentations de la fausse.

59. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

L’orgueil peut s’en accommoder, la vraie dignité n’y tiendrait pas. […] Je ne puis plus tenir contre les douleurs et les déplaisirs qui ne me donnent pas un instant de relâche. […] Est-ce l’Olympe vertueuse ou l’Olympe débauchée qui tient un pareil langage ? […] Son attention, dit-il, tenait en respect toute la cour. […] Cléante, qui les rassemble et qui parle comme l’un et l’autre, n’aboutit qu’à discourir ; Molière, le Molière historique qui se taillait complaisamment cette casaque de vertu sans pouvoir parvenir à se l’ajuster, tient le langage d’Alceste, tient le langage de Philinte, tient le langage de Cléante, mais il mène la vie de Sganarelle et de Tartuffe.

60. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Nous tenons donc avec M. […] Elle tient à la main une lettre que lui adresse son amant, qui est au service. […] Ces événements tinrent longtemps la haute noblesse éloignée de Paris. […] Elle dit la tenir de son beau-père, qui la tenait d’un vieux médecin ordinaire de Louis XIV. […] C’était, avons-nous dit, comme un pacte réciproque que l’auteur comique tenait de son côté, mais sans négliger de mettre le roi à même de le tenir du sien.

61. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

En costume de Sganarelle, c’est-à-dire sous un accoutrement burlesque, qui tient du Scapin et du Scaramouche, le bonnet à la main, la lèvre charbonnée d’une grosse moustache en parenthèse, il s’avance à la rampe pour haranguer le public. […] Louis XIV ayant tenu le même langage à Racine et à Boileau, on peut admettre que le prince, obligé à moins de réserve que le roi, fut aussi bienveillant pour Molière. […] Dans tout cela, il faut le reconnaître, la pensée maîtresse du siècle, l’idée chrétienne tient fort peu de place. […] Comme Gassendi, comme plusieurs autres du même caractère, il tenait à finir convenablement. […] Mais, ici encore, n’eussions-nous aucun renseignement positif, il suffirait de feuilleter ses œuvres pour deviner, à la place qu’il y donne à l’amour, celle que l’amour tint dans sa vie.

62. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Quant aux notes grammaticales, tout ce qui tient à l’histoire de la langue a trouvé place dans notre commentaire ; tout ce qui tient à la grammaire proprement dite en a été écarté. […] Qui, depuis sa mort, a tenu plus sûrement le théâtre comique que M. […] Tenez Molière, vous n’avez jamais donné une marque d’esprit si brillante. […] Chapelle lui promettait toujours merveilles sans rien tenir. […] lui dit ce prince, que celui dont tu me présentes l’épitaphe n’est-il en état de faire la tienne !

63. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Il ne tiendrait qu’à moi d’en avoir nn plus beau, Me dis-je... […] Il ne se couvre d’aucun masque pour faire des dupes ; il ne tient nullement à l’opinion qu’on peut avoir de son honneur ou de sa sagesse. […] Oui, pour ma part, je vous tiens préférable À tout ce que j’y vois de plus considérable. […] Non, c’est toujours cette même fougue, cette même exubérance de chaleur qui tient presque de la folie. […] L’estime où l’on vous tient a dissipé l’orage, Et mon mari de vous ne peut prendre d’ombrage.

64. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Après ça, et pour si peu qu’on y tienne, je suis volontiers disposé à proclamer le savoir fabuleux des Allemands — savoir d’autant plus fabuleux que, parfois, bon gré, mal gré, la Vérité sort de ces puits de science ! […] Il en est tout échauffé : tout scalfurat, comme on disait à Toulouse, du temps du poète Goudouli, le contemporain et l’ami de Molière… Tiens ! […] Je ne me borne pas à avoir toutes les apparences de raison pour moi ; et je m’en tiens à ma première explication, que je maintiens.

65. (1911) L’Étourdi de Molière et Le Parasite de Tristan L’Hermite (De Jodelle à Molière) pp. 292-302

L’essentiel était d’amuser, de tenir toujours le spectateur en joie, de laisser le plus possible sur la scène Mascarille tempêtant, s’adoucissant, fourbant, s’agitant, brûlant les planches. […] « Peut-être Mascarille exagère-t-il un peu quand il tient ces discours à Lélie, déguisé en Arménien pour abuser Trufaldin par un stratagème analogue à celui du Parasite ; cependant les deux exemples connus de saint Vincent de Paul et de Regnard suffiront ici pour établir que les sujets de Louis XIII et de Louis XIV ne devaient pas juger l’intrigue de la comédie de Tristan et certains dénouements de Molière aussi dépourvus de vraisemblance qu’ils nous le paraissent aujourd’hui. » M. […] Pourquoi notre poète, après avoir si docilement suivi l’Inavvertito, a-t-il de gaieté de cœur renoncé aux scènes amusantes qui terminent celle pièce, et s’en est-il tenu à une reconnaissance invraisemblable exposée dans un récit fort long et peu clair de Mascarille ?

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVII. Du Caractere des Professions. » pp. 284-302

Tenez, il ne fait que de sortir d’ici. . . . . . . . . . . . . . . […] (A son garçon, qui tient quelque chose de couvert.) […] Tenez, Monsieur, prenez par où il vous plaira. […] je n’y puis tenir, Madame : dussiez-vous Vous armer contre moi de tout votre courroux, Me battre, me tuer, il faut que je vous dise Que je ne puis en rien aider votre entreprise.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Par ma foi, je la tiens. […] Par ma foi, je la tiens. […] tenez de moi pour un fait assuré, Que vous vous en devez croire fort honoré ; Que c’est risquer beaucoup qu’insulter ma famille, Et qu’on vaut mieux cent fois que votre belle-fille. […] Rare & fameux esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail & la peine ; Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts, Et qui sais à quel coin se marquent les bons vers : Dans les combats d’esprit savant maître d’escrime, Enseigne-moi, Moliere, où tu trouves la rime.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Marton, qui a tout entendu, paroît, la console, lui promet de la servir, & jure que la philosophie ne tiendra pas contre Crispin, Marton & l’Amour. […] Avez-vous vu certain petit sonnet Sur la fievre qui tient la Princesse Uranie ? […] C’est par-là que j’y tiens un rang plus honorable. […] Tenez, on vient à nous : oubliez vos querelles.

69. (1732) Jean-Baptiste Pocquelin de Molière (Le Parnasse françois) [graphies originales] « CII. JEAN-BAPTISTE POCQUELIN. DE MOLIERE, Le Prince des Poëtes Comiques en France, & celebre Acteur, né à Paris l’an 1620. mort le 17. Fevrier de l’année 1673. » pp. 308-320

Le jeune Pocquelin ne put tenir contre l’envie qu’il avoit de declarer ses sentimens à son pere : il lui avoua franchement qu’il ne pouvoit s’accommoder de sa profession ; mais qu’il lui feroit un plaisir sensible de le faire étudier. […] M. le Prince de Conti, qui l’avoit fait venir jouer plusieurs fois dans son Hôtel à Paris, l’encouragea ; & ce Prince allant en Languedoc pour y tenir les Etats, ordonna à Moliere de le venir trouver avec la Troupe qu’il avoit formée, pour y jouer la Comédie : Moliere partit avec sa Troupe, qui eut bien de l’applaudissement en passant à Lyon en 1653. où il donna au Public l’Etourdi, la premiere de ses Pieces, qui eut autant de succès qu’elle en pouvoit esperer. […] Rare & sublime esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail & la peine, Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts Et qui sçait à quel coin se marquent les bons Vers ; Dans les combats d’esprit sçavant Maître d’escrime, Enseigne-moi, Moliere, où tu trouves la rime. […] lui dit ce grand Prince, que celui dont tu me presente l’Epitaphe, n’est-il en état de faire la tienne !

70. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Comment veut-on que l’autorité d’une date, si décisive qu’elle puisse être, tienne contre celle d’un grand écrivain, lu, relu, appris par tant de générations et répété par les historiens à la suite ? […] Quant à La Fontaine, que son amour pour la rêverie et son indifférence pour la fortune tinrent toujours loin des faveurs, qui, seul avant Fénelon eut au temps de Louis XIV le goût de la solitude et le talent, de peindre la nature, comme on veut bien convenir qu’il ne doit son génie qu’à lui-même, à ses goûts et à ses auteurs favoris, les vieux écrivains du XVIe siècle, il est inutile d’insister sur ce point. […] Louis XIV devenu roi, Colbert eut l’idée de donner des pensions à tous les auteurs qui semblaient tenir un rang distingué dans l’estime des contemporains. […] Quant à l’historien Mézeray, on lui maintint la pension de 4,000 livres qu’il tenait de Mazarin, jusqu’au moment où, quelques hardiesses ayant été signalées dans son histoire de France, cette pension fut réduite à 2,000. […] Rien de mieux sans doute ; mais d’abord l’anecdote est un peu suspecte : c’est MmeCampan qui, la première, l’a racontée dans ses Mémoires, publiés en 1822, un siècle et demi après la mort de Molière, et elle dit la tenir de son père, qui la tenait d’un vieux médecin de la cour… Tout cela ne donne pas à cette histoire un grand air d’authenticité.

71. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Et ce respect de Molière (bien supérieur en cela à La Fontaine) pour la femme, qu’il croit naturellement bonne et généreuse, ne répond-il pas aux préoccupations du grand philosophe moderne qui jugeait de la valeur morale d’une société selon la place que la femme y tenait, l’estime et le respect dont elle y était entourée, croyant avec raison que seule la femme sera capable d’élever, de rendre meilleur et plus pur le cœur de l’homme ; que seule la compagne de celui qui lutte et qui pense, saura lui rappeler sans cesse qu’il doit être non seulement courageux et énergique, mais très bon, très généreux et très aimant. […] « S’il suffit de sacrifier les siens pour être éternellement heureux », s’est dit Orgon, « qu’à cela ne tienne. » Et il a négligé sa femme, il a brutalement mis son fils à la porte, il a rudoyé son frère et va sacrifier sa fille… Tels sont les dangers qu’un mauvais directeur fait courir à une famille, et c’est bien le directeur que Molière condamne, celui que le catholicisme prétend substituer au père dans la direction morale de l’épouse et des enfants, et qui, pour être dévot, n’en sera pas moins homme. […] Vous laisserez sans honte immoler votre fille Aux folles visions qui tiennent la famille, Et de tout votre bien revêtir un nigaud Pour six mots de latin qu’il leur fait sonner haut. […] J’enrage Lorsque j’entends tenir ces sortes de langage ! […] Harpagon, aux yeux duquel les deux mots « sans dot » en matière de mariage tiennent lieu « de beauté, de jeunesse, de naissance, d’honneur, de sagesse et de probité », se verra méprisé par un fils insolent qui bravera sa malédiction.

72. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

s’il ne tient qu’à vous montrer du gras, Je m’en vais vous montrer..... […] La pupille d’Ariste, qu’il a eu soin de ne point gêner sur les goûts innocents de son âge, tient une conduite irréprochable, et finit par épouser son tuteur. […] Il y a d’abord le rire qui naît des méprises, des saillies, des facéties, et qui ne tient qu’à la gaieté : c’est le plus souvent celui de Regnard. […] Il porte sur des travers réels, qui tiennent à l’excès de ces bonnes qualités. […] Vous n’étiez pas tenu de démontrer en conscience à Oronte que son sonnet ne valait rien.

73. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

Ses travers, c’est la vanité, l’entêtement, l’esprit de système, la bizarrerie, l’amour de soi : et qui de nous n’en tient pas un peu ? […] Il la tient sous clef, non en jaloux, il est trop vain pour être jaloux, mais par système ; il pense l’avoir formée parce qu’il la voit résignée, et convaincue parce qu’elle cède. […] Il veut aller lui-même chasser l’infâme ; mais Isabelle lui persuade qu’il est plus séant qu’elle renvoie sa sœur, et qu’il se tienne caché, pour ne pas ajouter à la confusion de la pauvre fille. […] Arnolphe, mieux appris, tient le milieu entre l’esprit de Sganarelle et l’esprit des gens de cour ; il ne voit pas beaucoup plus loin que Sganarelle, mais il s’en fait plus accroire. […] Les autres se tiennent plus sur une cime ; Molière vit au milieu de nous.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Destouches avoit encore tenu la parole qu’il nous donne dans la troisieme Lettre à M. le Chevalier de B**, il auroit augmenté le nombre de ses admirateurs en augmentant celui des connoisseurs2. […] Tels sont à-peu-près les présents que le comédien doit tenir de la nature. […] Loin de nous à jamais cette idée si fausse, que les heureuses dispositions tiennent lieu d’étude. […] Jusqu’ici l’on n’en a guere distingué que trois : le genre d’intrigue, le genre à caractere, & celui qui tient de l’un & de l’autre, connu sous le nom de genre mixte ; mais nous verrons que ces genres sont divisés en plusieurs autres.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

comme tout cela tient bien au caractere du héros & répond bien au titre de la piece ! […] Qu’on examine, aux représentations de cette comédie, si toutes les parties qui ont quelque rapport avec la manie annoncée, ne sont pas plus animées que celles qui s’en écartent : vues séparément, les dernieres ont cependant autant de beautés, & peut-être davantage, preuve incontestable que dans un drame les plus petites choses doivent être liées très fortement les unes aux autres, & qu’elles tiennent de là leur plus grand mérite. […] Tenez, serrez cela. […] Tenez, serrez cela.

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Enrique accuse fort légérement Don Sanche, respectable vieillard, d’avoir tenu des propos contre sa famille, & le fait maltraiter dans l’obscurité par des lâches à ses gages. […] Si ton frere vivoit, lui dit-il, ce seroit lui qui vengeroit son pere : il est mort, c’est à moi de tenir sa place. […] Don Alvar vient lui dire que s’il tient de lui la vie, il lui a rendu le même service ; qu’ils ne se doivent plus rien de ce côté-là, mais qu’ils sont obligés présentement de se battre, l’un pour venger la mort d’un frere, l’autre pour laver l’affront fait à son pere. […] Ma générosité surpasse donc la tienne, D’autant que ton offense est moindre que la mienne.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

tenez-le bien mon voleur ! […] Le Cuisinier François parle comme le Cuisinier Athénien, il tient à-peu-près les mêmes propos. […] Tiens, exécrable Mégere ! […] Comme, dans les pieces bien faites, les principaux personnages se peignent plus souvent par leurs actions que par leurs paroles ; ou, comme leurs paroles tiennent si bien à la scene, qu’elles sont pour ainsi dire en action, nous ne séparerons pas du même cadre ce que chacun des Avares a fait d’avec ce qu’il a dit. […]   Pantalon tient un trésor caché sous son lit, qui, en conséquence, n’a pas été fait depuis dix ans, puisqu’il ne permet l’entrée de sa chambre à qui que ce soit.

78. (1801) Moliérana « Vie de Molière »

Ses parents tinrent pour lui la survivance de leur charge chez le roi ; mais son génie l’appelait ailleurs. […] Le prince de Conti* qui tenait les états Languedoc, à Béziers, se souvint de Molière qu’il avait vu au collège ; il lui donna une protection distinguée. […] Ces défauts sont couverts par une variété qui tiennent le spectateur en haleine, et l’empêchent de trop réfléchir sur ce qui pourrait le blesser123.

79. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Un signe de sa tête tient tout le monde en devoir. […] Balzac pense qu’à l’aménité, ils joignaient cette grandeur « dont il leur était impossible de se défaire, parce qu’elle tenait à leur cœur et à leur esprit, parce qu’elle avait racine en eux et n’était pas appliquée sur leur fortune. Pas un de leurs gestes, pas un de leurs mouvements qui fût indigne de la souveraineté du monde ; ils riaient même, ils se jouaient avec une sorte de dignité. » Ici l’auteur fait un retour vers madame de Rambouillet, pour remarquer qu’elle est de ce caractère, qu’elle descend du même principe, fille de leur discipline et de leur esprit , et ne tient pas moins de l’a magnanimité des César et des Scipion que de l’honnêteté des Livie et des Cornélie.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

La sœur cadette paroît, surprend son aînée un portrait à la main, & comme elle aime aussi Celio en secret, elle lui reproche son attachement pour l’original dont elle tient la copie : Aurora lui jure le contraire, &, pour le lui prouver, lui abandonne cette miniature qui cause sa jalousie : la sœur cadette l’accepte avec transport, l’ouvre bien vîte, & voit avec étonnement la figure d’Arlequin. […] Argentine y dit que, fâchée de ne pas tenir le portrait des mains de l’original, elle le renvoie ; Scapin lit qu’on ne veut plus de la copie, parcequ’elle est aussi vilaine que l’original.

81. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

En 1664, nous le verrons tenir sur les fonts de baptême avec Madame, le premier enfant du poète. […] La duchesse de Bouillon trouvait du plaisir dans cette société ; elle présenta nos poètes à ses sœurs, la duchesse de Mazarin et la comtesse de Soissons, qui tenaient de grandes maisons à Paris.

82. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Je tiens ce fait d’une personne contemporaine qui m’a assuré l’avoir vû de ses propres yeux. […] Et incapable de reflexion il se remit dans la Troupe de la Raisin, qui l’avoit excité à tenir ferme dans son ressentiment. […] Tenez, Moliere, vous n’avez jamais donné une marque d’esprit si brillante. […] Je tiens ce fait d’une personne encore vivante qui étoit alors à la Cour. […] Les Comediens tinrent les lustres allumez & la toile levée, précisement à quatre heures.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Sur les tiennes, A mon âge, crois-tu que je forme les miennes ? […] Tiens, chez moi le dedans gouverne le dehors. […] il ne tient qu’à vous de m’être excellente, si vous voulez. […] Non, certes : & il y a tel homme à qui je pardonnerois de m’aimer, s’il me l’avouoit avec cette simplicité de caractere, tenez, que je louois tout-à-l’heure en vous. […] Je demande à présent s’il est décent, s’il est raisonnable, que cette femme, qui tient à des gens d’un rang honnête, & qui en est très fiere, se laisse traiter par tout ce qui l’entoure comme la derniere des grisettes.

84. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Oui, je ne pus souffrir de les voir si bien ensemble, le dépit alluma mes désirs, et je me figurai un plaisir extrême à pouvoir troubler leur intelligence et rompre cet attachement dont la délicatesse de mon cœur se tenait offensée. […] Or celte manifestation est une cause d’erreur des plus fréquentes et contre laquelle il est bon de se tenir en garde. […] Toute science réelle ne doit pas s’en tenir à la spéculation, elle doit s’affirmer par des conséquences pratiques qui se déduisent des connaissances qu’elle procure. […] L’homme même qui possède les sentiments moraux, éléments constitutifs de la raison, ne sait pas toujours se tenir dans les limites du vrai, du juste, du bien, ce qui est le cas d’Alceste et d’Orgon. […] Si l’occasion s’en présente, il ne manque jamais de faire tenir à ses personnages de petits discours pleins de sentences qui, par les vérités qu’elles renferment, seraient parfaitement placées dans un cours de psychologie des passions.

85. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Cheminant en voiture, assis au milieu de ses décorations de théâtre, tout pensif, il tenait la petite sur ses genoux... […] Rien ne lui était indifférent de ce qui tenait au grand art qu’il aimait. […] Baron, éperdu, monte éveiller Molière qui descend à la hâte, court en costume de nuit au bord de la rivière et leur tient ce discours : « - Mes amis, que vous ai-je donc fait ? […] Tenez, Molière, vous n’avez jamais donné une marque d’esprit si brillante. […] Un certain soir, on l’avait préparé à jouer son rôle, Laforêt, derrière les coulisses, le tenait par la bride, Molière monté dessus ; mais voici le baudet pris de la fantaisie d’entrer avant son tour.

86. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

Je vous dirai le fait tel que je le tiens de madame de Noailles. […] Jusqu’ici il a tenu parole.

87. (1802) Études sur Molière pp. -355

La scène de dépit entre Valère et Marianne, tient-elle bien essentiellement à l’action ? […] S’il ne tient qu’à cela, répondit le perfide Ordogno, de quel pays êtes-vous ? […] mon cher Mendoce, interrompit au plus vite le cauteleux Ordogno, celui avec qui j’ai tant de fois… Je prétends vous régaler pendant que je vous tiens, etc. […] Les divertissements qui suivent le dénouement ne nous regardent pas, et nous ne tenons pas plus à eux qu’ils ne tiennent à la pièce. […] Le rôle de Scapin tient aussi à plusieurs genres.

88. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Cette société tenait ses séances à l’hôtel Rambouillet. […] L’hôtel du Marais, lui, sembla tenir à demeurer neutre. […] Cet oubli des convenances explique la conduite non moins affligeante qu’il tint plus tard envers Molière. […] Il ne tint pas à lui qu’il ne rompît également avec Boileau. […] La conquête de la Franche-Comté avait tenu éloignés de Versailles le Roi et tous les jeunes seigneurs.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Madame Grognac, qui forçoit le Distrait à épouser sa fille, ne veut plus de lui, le croyant ruiné, & le dénouement se fait au gré des principaux acteurs, mais non au gré du spectateur, puisque le mensonge du valet & le dénouement qu’il amene, ne tiennent pas du tout au caractere du Distrait & à l’intrigue de la piece qui roule sur des distractions. […] Un dénouement tient quelquefois à un sujet, & n’est pas préparé : alors il est préférable à ceux qui ne naissent pas du fond de la piece, & que rien n’annonce ; mais il est très défectueux. […] L’humeur impérieuse de Philaminte, la foiblesse de Chrisale, tiennent dans l’incertitude deux amants & le public qui s’intéresse à eux.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. Des Comédies Allégoriques. » pp. 75-90

Alors Doublette appelle un Ouvrier nommé Dire ; mais, comme tout son mérite consiste dans le babil, & qu’il n’effectue rien de ce qu’il promet, elle le renvoie, & en fait venir un autre appellé Faire, qui tient tout ce qu’il a promis, ce qui satisfait fort Doublette. […] Chacun la tient fort mal. […] Chacun la tient fort mal.

91. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Je tiens tout au rebours, qu’elle a besoin d’appui, De grâce, de pitié, de faveur affétée, D’extrême charité, de louange empruntée. […] Les vers en sont moins bons que ceux du Cocu imaginaire, mais le sujet en est tout à fait bien conduit ; et si cette pièce avait eu cinq actes, elle pourrait tenir rang dans la postérité, après Le Menteur et Les Visionnaires. » Cette dernière phrase n’est-elle pas d’un homme d’un goût bien sûr ? […] La dame qui a par hasard cette même couleur montre au cavalier un ruban qu’elle tenait caché ; alors elle doit absolument danser avec lui, et recevoir ses soins et ses services pendant tout le jour. Le cavalier est aussi obligé de tenir à la dame des propos de galanterie, et la dame pareillement doit, tant que le jour dure, faire semblant d’agréer sa tendresse. […] Mais qui peut supporter la hardiesse d’un farceur qui fait plaisanterie de la religion, qui tient école du libertinage, et qui rend la majesté de Dieu le jouet d’un maître et d’un valet de théâtre, d’un athée qui s’en rit, et d’un valet plus impie que son maître, qui en fait rire les autres. » L’auteur continue tout son discours sur le même ton, et finit par implorer l’autorité du roi et celle de la justice contre la comédie de Molière.

92. (1900) Molière pp. -283

Toutes les comédies de Molière dédaignent la finesse qui tiendrait à des faits : la comédie pour lui est tout entière dans l’observation. […] Puisque j’ai prononcé ce mot de « dévots », je tiens à le définir. […] Bien tenir son ménage, coudre et filer. […] On a dit de Molière que son seul livre bien médité, bien lu, bien considéré, pouvait tenir lieu d’expérience. […] Et ne devrait-elle pas se tenir pour satisfaite !

93. (1821) Sur le mariage de Molière et sur Esprit de Raimond de Mormoiron, comte de Modène pp. 131-151

Il eut de cette femme une fille qu’il fit baptiser le 11 juillet 1658 sous leur nom à tous deux, et qu’il fit tenir sur les fonts par son fils Gaston, âgé d’environ sept ans, et représenté par son beau-frère l’Hermite de Vauselle8. […] Quant au père et au beau-frère de Molière, qui signèrent aussi l’acte de célébration, ils ont pu ignorer des faits qui leur étaient presqu’étrangers, et qu’ils tenaient aisément pour vrais, lorsque celui qu’ils regardaient avec raison comme le plus intéressé dans cette affaire, les tenait pour tels.

94. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Le roi l’ayant envoyé en 1654 tenir les états de Languedoc, il engagea Molière à se rendre auprès de lui à Béziers avec sa nouvelle troupe. […] Tiens, mon ami, lui dit Molière, en voilà un autre ; et il s’écrie : Où la vertu va-t-elle se nicher ? […] Recherché par beaucoup d’hommes de naissance ou de fortune, tous les repas qu’il recevait d’eux, il tenait à les leur rendre. […] Je mets au nombre des plus précieux renseignements qui m’aient été fournis, un extrait du registre de la troupe de Molière, tenu par Lagrange. […] Voltaire, qui tenait sans doute de l’abbé de Châteauneuf, son parrain, l’aventure qu’avait racontée Ninon, en fit sa comédie du Dépositaire.

95. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Pasquin, seul avec son maître, ne sait comment le faire tenir debout. […] Tout de même : si vous en exceptez l’endroit où Simon, au lieu de menacer Dave du moulin, lui promet de le faire mourir sous le bâton, & veut être assommé s’il ne lui tient parole. […] Il en tient. […] Retire-toi, maraud.Il en tient. […] Chapelle se le tint pour dit, & fit prudemment.

96. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Cependant le roi et madame de Montespan se tiennent encore à distance, et ne se voient que dans les grands appartements. […] Une lettre de madame de Sévigné, du 6 novembre, raconte avec sa grâce ordinaire comment le roi, sous le nom d’un certain Langlée, espèce d’aventurier qui tenait un jeu à la cour, lui donna la plus belle robe dont on eut jamais eu l’idée : « M. de Langlée a donné à madame de Montespan une robe d’or sur or, rebrodé d’or, rebordé d’or, et par-dessus un or frisé, rebroché d’un or mêlé avec un certain or qui fait la plus divine étoffe qui ait jamais été imaginée : ce sont les fées qui ont fait cet ouvrage en secret.

97. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

C’est Molière lui-même qui le dit, et il faut bien l’en croire ; mais une telle vitesse tient du prodige. […] Comme ces deux grands moralistes, il a sans doute eu le tort de condamner, d’une manière trop absolue, un art dont l’utilité, en beaucoup de cas, ne saurait être niée raisonnablement ; de lui contester tous les heureux succès, en lui imputant tous les accidents fâcheux ; enfin de ne pas séparer l’abus de l’usage, et surtout de ne pas distinguer assez l’impuissance qui tient à l’inexpérience, à la présomptueuse impéritie des hommes, de l’impossibilité qui résulte de la nature éternelle des choses. […] A la vérité, Dupuis, en refusant de marier sa fille, n’est jaloux que de sa tendresse, et la dot qu’il faudrait donner ne lui tient point au cœur : en général, il couvre d’une certaine délicatesse de sentiments, le fond d’égoïsme que Sganarelle montre à nu ; mais Dupuis est un homme de la haute finance du dernier siècle, et Sganarelle est un petit bourgeois de la jeunesse de Louis XIV ; mais Dupuis et Desronais est un drame, et L’Amour médecin est une comédie. […] Je n’ai qu’une arme ; mais elle est sûre : c’est le registre même de la comédie, tenu jour par jour avec une exactitude qui ne fait grâce d’aucun détail. […] Il leur font tenir des discours proportionnés à leur état, sans qu’il en coûte rien à la pureté de l’idiome. » On peut faire plus d’une réponse à cette critique de Boileau.

98. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Cependant Molière ne s’en tint pas là. […] A quoi tiennent les passions ? […] » Si l’auteur eût tenu ce langage il aurait été envoyé immédiatement à la forteresse de Pignerol. […] Nous approuvons d’ailleurs Molière de s’en être tenu aux mœurs, quand même il n’y aurait pas été forcé. […] Jérôme, qui sait à quoi s’en tenir, ne le lâche pas ainsi.

99. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Il ne suffit pas que les incidents tiennent naturellement au sujet, il faut encore qu’ils se préparent mutuellement, & qu’ils naissent l’un de l’autre ; que la chaîne qui les lie parte du même point. […] Il n’est pas nécessaire de faire une récapitulation de ces incidents pour prouver qu’ils tiennent tous naturellement au fond du sujet ; qu’ils sont accrochés l’un à l’autre, & qu’ils se donnent mutuellement naissance.

100. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

Je veux, avec toutes les personnes raisonnables, que chacun d’eux se tienne dans le cercle que la raison lui a prescrit. […] Tout le monde a reconnu dans les bons Auteurs comiques trois especes de pieces, pieces à intrigue, pieces à caractere, pieces mixtes, c’est-à-dire, qui tiennent des deux premieres : mais tout le monde n’a peut-être pas senti que les pieces à intrigue, que les pieces à caractere, que les pieces mixtes sont variées à l’infini dans leur construction, dans leur marche ; que chacun de ces trois genres en a plusieurs autres, qui doivent être traités différemment, & qui l’ont été par les meilleurs maîtres de l’art chez toutes les nations.

101. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Scene de dix vers dans lesquels on dit à Cléante qu’il est bien heureux de n’avoir pas entendu les discours que Madame Pernelle a tenus à la porte. […] Vous êtes bienheureux de n’être pas venu Au discours qu’à la porte elle nous a tenu. […] Ce n’est qu’une scene de liaison ; d’ailleurs il est à parier que Madame Pernelle n’a pas oublié Tartufe dans le discours qu’elle a tenu à la porte, & il eût été très facile à Moliere de nous le dire.

102. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

La plus facile est celle d’amener un personnage pour faire une seule scene qui ne tient pas à l’intrigue, & qu’on pourroit retrancher sans nuire à l’action. […] Je ne sais qui me tient, tant je suis animé, Que quelques bons soufflets donnés à poing fermé... […] Tenez, voilà de quoi calmer vos alarmes.

103. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

On tient pour admis, avec Buffon, que seuls, les ouvrages bien écrits passeront à la postérité et le style des siens n’a cessé d’être, dès le début, l’objet de critiques souvent injustes, excessives, mais parfois fondées. […] Est-il rationnel qu’une culture disproportionnée à son rôle lui permette de tenir dans la communauté une place que la nature et une organisation plusieurs fois millénaire de la famille ont attribuée à l’homme ? […] La popularité de Corneille tient plus à son « Qu’il mourût » qu’aux cinq actes de Polyeucte, et ce que nous avons retenu du pur et divin chef-d’œuvre, c’est la belle réponse du héros : Où le conduisez-vous ?

104. (1818) Épître à Molière pp. 6-18

si tu les tenais tous ces dévots de places, Singes défigurés par leurs viles grimaces, De leurs fronts dégradés nous montrant la laideur, Tu les dépouillerais de leur masque imposteur. […] Dès son début, aussi, Gosse est victorieux ; De ses lauriers futurs c’est un présage heureux : De nos trésors nombreux augmentant les richesses, L’auteur du Médisant nous tiendra ses promesses. […] Dans leur sainte horreur pour tout ce qui tient à nos trente dernières années de malheurs et de prodiges, ces messieurs calomnient sans pitié la philosophie et la gloire, les paratonnerres et la vaccine ; et ils ne passent sur les ponts d’Austerlitz et d’Iéna que depuis qu’ils ont changé de noms.

105. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Dans ce que nous avons vu de la cour, se présentent les premières causes qui durent déterminer madame de Rambouillet à se tenir éloignée de ce foyer de discorde et de scandale, à se confiner chez elle et à s’y former une société habituelle. […] Sully dit un jour au prince de Condé qui se plaignait du roi : « Je vous ai entendu reconnaître plusieurs fois que vous tenez de sa bonté tout ce que vous êtes. » Sully, édition de Petitot, t.  […] de Sully : « Vous tenez de sa bonté tout ce que vous êtes.

106. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Ajoutons que son tort est de s’en tenir aux paroles. […] Il faut lire le récit de Grimarest, qui dut tenir ces détails de Baron, présent à la scène. […] Dans ses utopies, la femme a toujours tenu peu de place. […] Tenez : mon cœur s’émeut à toutes ces tendresses. […] Mais gagner son intelligence, ce n’est pas la tenir : il faut conquérir le cœur.

107. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Il est rapporté dans Vittorio Siri qu’on n’avait pas manqué, à la naissance de Louis XIV, de faire tenir un astrologue dans un cabinet voisin de celui où la reine accouchait ; c’est dans les cours que cette superstition règne davantage, parce que c’est là qu’on a le plus d’inquiétude sur l’avenir. […] et le tient de mon père. […] Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle ? […] Cotin ne s’en tint pas à sa satire, il publia un autre ouvrage sous ce titre : La Critique désintéressée sur les satires du temps, in-8°, 1666. […] Il se passa cinq ou six jours avant que l’on représentât cette pièce pour la seconde fois, et pendant ces cinq jours, Molière tout mortifié se tint caché dans sa chambre : il appréhendait le mauvais compliment du courtisan prévenu : il envoyait seulement Baron à la découverte, qui lui rapportait toujours de mauvaises nouvelles.

108. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

S’il ne tient qu’à cela, répondit le perfide Ordogno, vous m’allez connoître à la premiere chose que je dirai. […] Je prétends vous régaler pendant que je vous tiens, & je ne veux pas qu’il soit dit que deux amis qui avoient tant d’envie de se revoir, se soient rencontrés pour se faire simplement la révérence.

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Enfin, la Statue vient sommer Don Juan de tenir sa parole. […] Don Juan s’applaudit d’avoir alarmé Patricio, & rit de la sottise des paysans, qui sont délicats sur leur honneur, & semblent toujours le tenir à deux mains. […] Isabelle presse l’homme qu’elle tient de se faire connoître, il n’en veut rien faire. […] Don Juan met l’épée à la main : Arlequin tient la sienne droite, après s’être couché sur le dos. […] Elisa impatiente de rechef Don Juan, en le pressant de lui tenir la parole qu’il lui a donnée de l’épouser.

110. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Le théâtre est l’Église du diable Voilà comment tiennent, l’une à l’autre, ces œuvres fameuses de la comédie ; un lien secret réunit à Molière, au maître absolu de ce grand art, toutes les comédies qui ont été faites après lui, et de même que Longin appelait le théâtre d’Eschyle, d’Euripide et de Sophocle : le Relief des Festins d’Homère , on pourrait appeler les comédies qui ont suivi L’Avare, Les Femmes savantes, Le Misanthrope et L’École des femmes, le relief des soupers de de la petite maison d’Auteuil. […] « Pour moi, disait saint Jérôme, je tiens l’adultère en plus grande estime que ces prétendus moralistes, et je soutiens que, rien qu’à le voir, on apprend à le commettre : Discitur adulterium dum videtur !  […] Tenez, Henri, ce sera plus tôt fait, asseyez-vous là, à ma place, prenez ma plume, et pendant une heure faites-vous écouter de mes lecteurs. […] Notre ami, tout rempli d’admiration pour cette comédie incomparable, disait cependant que les jeunes filles n’avaient rien à y voir, qu’elles étaient cruellement déplacées dans ce drame du plaisir et de la joie où l’amour et l’esprit se tiennent, si étroitement pressés, qu’il n’y a plus de place pour les plus simples sentiments du cœur ; il disait encore que la comédie de Molière, toute remplie de pères crédules, de vieillards amoureux, de jeunes gens éveillés, de soubrettes égrillardes, de valets goguenards, cette comédie où rien ne manque, pas même l’entremetteuse et l’escroc, n’était pas faite pour y faire apparaître des enfants frais et blonds. […] Ces comédiens étaient recherchés par les plus grands seigneurs ; ces comédiennes étaient belles et galantes, on les aimait pour leur beauté, pour leur esprit, pour leurs amours ; il y avait de ces femmes qui tenaient pour leur amant, Racine ou M. de Sévigné ; il y en avait une qui portait le nom de Molière !

111. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

 Ils se mêlent de trop d’affaires, De prétendre tenir nos chastes feux gênés ;  Et sur les jours caniculaires, Il nous donnent encore, avec leurs loix séveres,  De cent sots contes par le nez. […] Si les propos du Chevalier ne sont pas décents, comment regardera-t-on ceux que Cléante tient à son pere dans l’Avare ? […] Si les Auteurs doivent faire parler leurs personnages décemment, il est une décence qu’ils sont obligés d’observer eux-mêmes en critiquant les mœurs, les vices ou les ridicules de quelqu’un qui tient à un Corps respectable. […] Vous voyez sa statue, & comme il tient sa main ?

112. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

  Vous savez, grand Dieu du Parnasse,   Que je ne me tiens guere en place. […] N’a-t-il pas senti que le prologue d’Amphitrion tient à la piece, qu’on ne peut guere la représenter sans lui, & que le sien bien au contraire n’a pas le moindre rapport avec les Menechme ? […] Je suis un peu parent, je tiens à la famille. […] Nous dirons donc en passant seulement que dans Moliere la fausse nouvelle est apportée par un homme qui tient à l’action, & dans Regnard par un personnage de nulle consistance ; que chez Moliere elle sert à faire ressortir les principaux personnages, & chez Regnard à les mettre en contradiction avec eux-mêmes.

113. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

C’est une œuvre essentiellement morale, de montrer que la passion qui tient le plus de place dans le monde, et dont les excès sont le plus funestes, est pleine de joie et de dignité, quand l’homme sait se garder assez pour n’y céder que dans le temps et les circonstances qui peuvent la rendre utile, noble, et faire d’elle le soutien et le charme de la vie. […] Tenez, mon cœur s’émeut à toutes ces tendresses ; Cela ragaillardit tout à fait mes vieux jours, Et je me ressouviens de mes jeunes amours437, qui n’a devant les yeux cet amour pur et naturel, plein de joie et d’honneur, que Phèdre dépeint avec tant de vérité dans son désespoir de n’en pouvoir jouir : Hélas ! […] Boileau, le champion de la raison, qu’on trouve sur la brèche partout où le goût du temps essaie d’en franchir les remparts, s’est montré là, comme en maint endroit, le digne second de Molière, et il a retrouvé le pinceau de Juvénal pour aider son ami à rendre la coquette à jamais odieuse : D’abord, tu la verras, ainsi que dans Clélie, Recevant ses amants sous le doux nom d’amis, S’en tenir avec eux aux petits soins permis ; Puis, bientôt en grande eau sur le fleuve de Tendre, Naviger à souhait, tout dire, et tout entendre. […]   Ramenez donc au ciel toute votre tendresse,   Et tenez votre esprit an Seigneur attaché,   Madame : après cela moquez-vous du péché.

114. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

De pareils succès ne purent enchaîner le poète sur les bords du Rhône : il fut appelé par l’amitié du prince de Conti dans la ville de Béziers, où devaient se tenir les états de Languedoc. […] Le véritable public devint l’instrument de quelques sots et de quelques précieuses ; Boileau seul tint bon, et, peu de temps après, Louis XIV lui ayant demandé quel était le plus grand écrivain qui eût honoré le siècle, il répondit aussitôt : Molière. […] Béjart parait être l’auteur d’un ouvrage intitulé : Recueil des titres, qualités, blasons et armoiries des prélats et barons des états de Languedoc, tenus en 1654, par le sieur J. […] En 1678, ce comédien, étant à la chasse du roi à Fontainebleau, joua une assez longue scène avec un sanglier qui l’atteignit à la botte, et le tint quelque temps en échec ; mais il parvint à lui enfoncer son épée jusqu’à la garde, et le tua raide. […] Qui, depuis sa mort, a tenu plus sûrement le théâtre comique que M. 

115. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

L’obligation fondée sur un choix libre et volontaire, qui unit à l’homme la compagne de sa vie, est d’un ordre plus élevé que le lien nécessaire par lequel un enfant tient à ses parents. […] Sottement révolté contre l’ordre éternel des choses, il est nécessaire qu’il soit vaincu ; mais cela n’est pas encore assez, et si la victoire lui tient à cœur, si la défaite lui est amère, qui ne voit que la morale n’est qu’à moitié contente ? […] Il ne tient pas ses comptes, il ne se mêle pas de politique, il est oisif, indécis et amoureux. […] Si j’étais tenu pour imbécile par les gentilshommes, par les gens magnifiques, généreux, de haute naissance, ah ! j’en ressentirais un irréparable affront ; mais que des pédants me tiennent pour insensé, je m’en ris.

116. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Toutes les parties d’une comédie doivent être enchaînées l’une à l’autre ; chacune tient à celle qui la précede, & en dépend. […]  Si vous cherchez, dans ces transports confus, Un prétexte à briser les nœuds d’un hyménée   Qui me tient à vous enchaînée,   Tous ces détours sont superflus ;   Et me voilà déterminée A souffrir qu’en ce jour nos liens soient rompus. […] Tu tiens, je crois, quelque langage ?

117. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VI. Les Femmes. » pp. 103-120

Et quand le fils terrible a parlé, elle dit encore, pour calmer la colère d’Orgon et éviter un scandale inutile : Oui, je tiens que jamais de tous ces vains propos On ne doit d’un mari traverser le repos ; Que ce n’est point de là que l’honneur peut dépendre, Et qu’il suffit pour nous de savoir nous défendre364. […] On trouve tout simple qu’une jeune et jolie femme tienne un salon ouvert où se groupe une cour d’adorateurs à la mode. […] Peu à peu, les petites intrigues se nouent391 ; le temps et le cœur s’usent à ménager les prétendants, et à tenir la balance égale entre tant de gens qui s’enhardissent pour la faire pencher de leur côté392 ; la vanité, l’audace grandit à mesure que le cœur s’amoindrit ; les vrais amis s’éloignent discrètement pour faire place aux faux amants ; on finit par se perdre soi-même au milieu de ses propres ruses, et par être impitoyablement humiliée par ceux-là dont on croyait s’être fait des esclaves en se compromettant393 ; et quand il n’en reste plus qu’un seul, celui qu’on a tourmenté sans pitié par tous les raffinements de la coquetterie, et qui pourrait seul rendre le bonheur avec l’honneur, celui-là, on n’est plus capable de l’aimer ; on le réduit au désespoir par une exigence indigne394 ; et l’on demeure perdue à l’amour qu’on n’a point connu, au monde qui met autant de froideur dans ses dédains qu’il apportait d’ardeur dans ses flatteries : heureuse encore si l’on n’est pas perdue au repentir, et si, dans l’âme desséchée, il reste encore de quoi aimer la vertu autrement que par nécessité : après cette jeunesse de Célimène, la triste chose \ de finir en Arsinoé !

118. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

Philippin Tenez, voyez jusqu’à demain. […] Elle avait été jouée auparavant aux États de Languedoc, tenus à Béziers. […] Ils étaient certainement fort amis ; mais on tient de M. […] Il boitait, et ne tint jamais, semble-t-il, que des rôles secondaires, sauf dans l’Avare où il représentait La Flèche. […] La Grange tint pendant plus de trente ans jusqu’à la mort de Molière, mais aussi après, une place essentielle dans la troupe.

119. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Il n’est plus tout d’une pièce : voilà la vérité ; sans parler d’autres singularités, très propres à tenir l’esprit en suspens : comme l’absence absolue d’a parte. […] Cependant, tenu par métier de me former une idée nette du personnage, je me suis pris à lui comme j’ai pu, j’ai tâté sous son manteau, j’ai cherché, et je ne dirai pas que j’ai trouvé, mais j’assurerai qu’en toute conscience je crois que le rôle a passé, lui aussi, par une transformation analogue à celle d’Alceste, devenu, en dépit de Molière, un rôle tragique ; que Tartuffe n’est rien moins que cela ; qu’il était originairement, qu’il devrait être encore un… Ah ! […] Condé enfin, qui, comme on sait, tenu à l’écart par le roi, s’occupait, et fort noblement, des choses de l’esprit, et, selon la jolie expression de mon cher maître E. […] Beaucoup tiennent pour cette seconde hypothèse. […] Il tenait à son Tartuffe.

120. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

SATIRE IIÀ MONSIEUR DE MOLIÈRE Rare et fameux Esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail et la peine ; Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts, Et qui sais à quel coin se marquent les bons vers. […] L’aimable Comédie avec lui terrassée En vain d’un coup si rude espéra revenir, Et sur ses brodequins ne put plus se tenir.

121. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Mais Molière, vous le savez, se tient toujours le plus près possible de la nature, et la nature lui aura dit qu’un homme, à quarante-deux ans, ne doit guère penser au mariage, et surtout à un mariage disproportionné. […] Et tenez, si vous voulez le connaître, le voilà qui vient d’entrer en scène. […] Je tiens à une idée que j’y ai mise, à une pensée d’éducation que vous n’y voyez pas ; j’apportais une vérité nouvelle. […] Car on dit qu’on les tient esclaves en ce lieu, Et que c’est pour cela qu’ils sont maudits de Dieu.

122. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Tenez, Monsieur, il y a dans ce pays une espece de gens qui, voyant qu’on ne leur fait pas l’honneur de les élever dans les charges & dans les emplois de distinction, trouvent le moyen, par leur propre industrie, de se faire valoir eux-mêmes. […] J’ai vu prononcer qu’un homme de Cour est celui qui veut se donner l’air de tenir à la Cour ou d’y être nécessaire ; & un homme de la Cour, celui qui, par son rang, y tient réellement. […] Il a tenu parole.

123. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Les fourbes nous y tiennent par leurs subtiles inventions, les sots par leur ignorance, les Théologiens39 par leurs mysteres, les Avocats par leurs chicanes, les gens d’Etat par leurs intrigues. […] Richard arrive, se tient quelque temps sur la porte sans rien dire, regarde son amante : elle pleure, & s’excuse sur les fourberies du Lord. […] Voilà déja plusieurs années que je me tiens auprès de mon protecteur, vivant sans cesse dans l’attente de ce qu’il me faisoit espérer. […] Il emprunte en conséquence les deux cents louis au mari, pour avoir, lui dit-il, une honnête citoyenne, les donne ensuite à la femme en présence du Chevalier & de Sophie, en lui disant : Tenez, Madame, voilà deux cents louis que vous aurez la bonté de remettre à Monsieur votre mari.

124. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

avec Madeleine Béjart, les servantes maîtresses, les fortes en gueule qui ont aujourd’hui quitté la famille pour tenir maison chez elles ? […] Et Mlle de Lagrange « d’après un croquis au crayon noir. » Est-ce un homme ou une femme, dans cette robe en armure qui la tient tout empesée dans sa disgrâce ? […] Édouard Thierry a très bien dit que c’était le livre d’or de la Comédie française tenu par son véritable greffier d’honneur, par un des ancêtres de la compagnie, par l’acteur accompli qui a créé la tradition toujours vivante d’Horace et de Clitandre. […] Sans doute pendant longtemps elle tint le double emploi, mieux payée par la de Brie que parle théâtre ; mais l’heure glorieuse va sonner. […] Bref, lui-même, ses parents et les siens n’ont rien à attendre d’un pareil être, parce qu’il est inhabile à toutes choses, et qu’il se tient éloigné des opinions et des coutumes ordinaires.

125. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Fauriel, Charles Magnin, Francisque Michel, avaient mise à la mode et contre laquelle nous avons à nous tenir en garde. […] A la vérité, on se trouverait d’accord ainsi avec un ancien critique, qui n’a connu ni « le théâtre » de Hroswitha, ni les Vierges sages et les Vierges folles, ni les Epîtres farcies ; il en coûtera peut-être quelque chose à notre amour-propre d’avoir édité tant de vieux textes, pour n’arriver qu’à répéter avec Boileau, que « le théâtre fut longtemps, chez nos dévots aïeux, un plaisir ignoré. » Toutefois, Messieurs, je n’y vois pas grand mal et, quand les idées reçues ont du bon, je trouve assez sage de s’y tenir. […] Le sentiment national s’était développé dans la longue guerre contre les Anglais; une simple fille du peuple avait été l’héroïne de la délivrance ; le peuple lui-même, jadis serf, était devenu bourgeois et le beffroy communal tenait le donjon en respect. […] Rome tiens, Grèce à moi s’applique, Arabe, Tharse, Asie, Afrique, Égypte, Galde, Babilonne, Tout est à moi, et tout te donne ;    Mais que devant moi tu te inclines Et m’adores. […] Il tient bon toutefois se montre très revêche et ne démord pas de ses six aunes de drap.

126. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

De là ces titres vagues qui n’annoncent rien, ou qui promettent ce que la piece ne tient pas ; de là ces longs titres qui ne finissent point, & qui font voir aux connoisseurs la nécessité où l’Auteur s’est trouvé d’annoncer une double intrigue ou un double caractere ; de là encore ces titres fastueux qui charment tout le monde, échauffent toutes les têtes avant la représentation, & font dire ensuite au spectateur malin : La montagne en travail enfante une souris. […] Il est une infinité d’autres titres qui peuvent être excellents, médiocrement bons, ou tout-à-fait mauvais, selon qu’ils tiennent plus ou moins ce qu’ils promettent.

127. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Je puis fermer les yeux sur vos flammes secretes, Tant que vous vous tiendrez aux muets interpretes ; Mais si la bouche vient à s’en vouloir mêler, Pour jamais de ma vue il vous faut exiler. […] Les Cieux, par les liens d’une immuable ardeur, Aux beautés d’Henriette ont attaché mon cœur : Henriette me tient sous son aimable empire, Et l’hymen d’Henriette est le bien où j’aspire.

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