Le grand-père, qui était présent à cet éclaircissement, appuya par de bonnes raisons l’inclination de son petit-fils. […] Il avait très grande raison de charger sur leur mauvais goût. […] Encore passe pour ce Philosophe-là, c’était celui qui avait le plus de raison. […] Vous avez raison, répondit Molière. […] Et Molière avait bien raison d’être mortifié de l’avoir travaillé avec tant de soin pour être payé de sa peine par un mépris assommant.
À plus forte raison le clergé voyait-il un usurpateur dans l’audacieux qui osait empiéter sur sa juridiction. […] L’honneur et la raison. […] Dans cette vieillesse idéale nous trouvons une Célimène qui a le cœur, la raison et les vertus d’Éliante. […] La raison de cela, répondit Condé, c’est que Scaramouche joue le ciel et la religion dont ces messieurs n’ont souci. […] C’est la raison qu’elle fait sourire.
Il a raison. […] Ce n’est pas bête ; il a raison. […] Un peu, sans doute ; mais voyez qu’il donne ses raisons qui sont bonnes. […] Il avait parfaitement raison. […] Tout cela est de fort bon sens et de très haute raison.
Qu’on médite bien les raisons qu’il donne à son valet Sganarelle de sa brusque conversion. […] Je ne quitterai point mes douces habitudes, mais j’aurai raison de me cacher, et me divertirai à petit bruit. […] Qui nous dit que sa politique n’eût pas imposé silence à ses goûts, à sa raison même ? […] Le poète de la raison et du goût, Despréaux, était l’admirateur du génie de Molière ; il le proclamait dans ses vers, il le répétait à la cour. […] Ainsi les reproches de Bourdaloue tombent à faux ; comment un homme d’une raison si élevée les a-t-il faits si légèrement ?
Qu’ils renoncent pour quelques mois au libre exercice de leur raison, je ne m’en étonnerai pas. […] Si le sens nouveau qu’on veut donner à ce rôle est désavoué par la raison, il a du moins le mérite de l’originalité. […] Pour la représentation de ces grands ouvrages, le caprice et la routine sont plus souvent consultés que la raison. […] Bien des gens trouveront qu’ils ont raison. […] S’il y en a parmi eux qui se trompent depuis trente ans, est-ce une raison pour qu’on ne les éclaire pas sur leur méprise ?
Scribe en donne des raisons plus spécieuses peut-être que solides, et qui méritent d’être relevées. […] Supérieur à tout par la raison, Molière n’a payé aucun tribut aux travers de son siècle. […] Or, Alceste a-t-il cette excessive bonté dont je parle, ou bien cette raison ce jugement, qui tempèrent et règlent nos passions ? […] La raison, pour mon bien, veut que je me retire. […] Les raisons qu’elle donne pour expliquer et justifier sa conduite sont toutes extrêmement plausibles et logiques, comme on a pu voir.
Mais la raison triomphe et, n’en déplaise à Rome, Un acteur aujourd’hui peut rester honnête homme, À ses devoirs chrétiens consacrer ses loisirs Et faire son salut en faisant nos plaisirs. […] D’un poétique éclair ton visage rayonne ; Voilà ton large front, ton œil contemplateur, Des replis de notre âme intime scrutateur, Tes deux épais sourcils que ta sage malice Semblait froncer exprès pour effrayer le vice, Tes lèvres d’où jaillit ce langage nerveux, Qui, sans prudes détours disant ce que tu veux, Fort comme ta raison, vrai comme la nature, Reste du monde entier l’éternelle lecture. […] Dans tes jeux les plus fous quelle raison t’anime ! […] Si des défauts puissants que je frappais au cœur, Votre art désespérait de se rendre vainqueur, Pour voir par la raison l’imposture abattue, Relisez mon Tartufe au pied de ma statue.
À elle seule, elle a plus de raison que tous ses maîtres ensemble, en exceptant Henriette, et sans excepter Chrysale. […] Elle pourrait, comme un autre, flatter sa maîtresse, sous qui tout tremble au logis ; mais, par droiture d’esprit, comme par générosité de cœur, elle est du parti de ce pauvre mari, qui a toujours raison et à qui l’on donne toujours tort. […] La nature ne leur a refusé ni à l’un ni à l’autre le jugement et la sensibilité ; ils ont même encore quelquefois, en ce qui ne touche pas leur manie, des lueurs de raison et des retours de tendresse pour leurs enfants. […] Ils trouvent, dans la nature plus élevée, plus délicate de leur ministère, un préservatif contre la tentation d’en abuser : plus coupables s’ils prévariquaient, ils le sont moins souvent par cette raison même. […] Il fit bien de tourner en ridicule l’infatuation d’Argan pour Purgon, comme celle d’Orgon pour Tartuffe ; mais, entre l’excès de la crédulité et l’excès contraire, n’y a-t-il pas un juste milieu où la raison s’arrête et se fixe ?
« C’est qu’il s’attache aveuglément aux opinions de nos anciens, et que jamais il n’a voulu comprendre ni écouter les raisons et les expériences des prétendues découvertes de notre siècle, touchant la circulation du sang et autres opinions de même farine. » Voilà les traits comiques lancés contre le péripatétisme scolastique, voyons maintenant ceux qu’il lance contre Descartes et son école. […] Mais Molière ne lui donne-t-il jamais raison que contre les travers et les ridicules réels d’Alceste ? […] … La chute en est jolie, amoureuse, admirable… Je n’ai jamais oui de vers si bien tournés… Est-ce à raison que, dans la scène de la médisance, Philinte prend le parti de Célimène contre Alceste ? […] Cette indifférence morale parait d’autant plus grave qu’elle se fonde sur ce que l’homme serait naturellement méchant, comme s’il n’avait pas la raison pour voir le bien et la liberté pour le faire. […] Il en est de plus d’une fable de Lafontaine, de plus d’une lettre de Mme de Sévigné, de plus d’un chapitre de La Bruyère comme des comédies de Molière, et à plus forte raison de Pascal, de Nicole, de Bossuet et de Fénelon, même dans les écrits qui n’ont pas la philosophie pour objet.
Tout le monde se déchaîne contre les aparté, & l’on prétend avoir de très bonnes raisons pour cela : les voici. […] Quand un bel esprit a étalé dans un cercle, avec emphase, cette raison convaincante, il sourit, & se rengorge : les femmes applaudissent de l’éventail ; les hommes, qui, pour s’épargner la peine de réfléchir, jugent toujours sur parole, partent de là pour condamner, sans appel, les aparté, & pour bannir totalement du théâtre comique une partie aussi utile qu’agréable. […] ne pouvoir tirer raison de mes deux tantes ! […] Je ne sais pourquoi on n’a pas mis au rang des aparté tout ce qu’un acteur dit à voix basse à un personnage ou à plusieurs, quand il a des raisons pour n’être pas entendu du reste des acteurs qui sont sur la scene. […] Il ne se formalisoit pas de deux de ses rivaux, par deux raisons : il savoit les us & coutumes des coulisses, il ne vouloit donner ni leçon ni carrosse ; le concurrent que le plaisir & le goût avoient mis sur les rangs, mortifioit seul sa vanité.
. — Tu as raison, je dois pouvoir te rendre compte de ce que je sens. […] Uranie se défie sagement des premiers mouvements d’antipathie de son goût dans les choses nouvelles pour elle de l’art et de la poésie ; elle ne croit pas avoir raison contre tout le monde ; elle ne croit pas avoir raison contre une portion éclairée du genre humain ; elle ne croit pas avoir raison même contre un seul bon juge qui loue ce qu’elle condamne, et néanmoins elle conserve, elle prétend conserverie sentiment du laid. […] Cette raison semble bonne. […] La nationalité n’est pas une raison valable pour justifier l’impertinence ; car alors, pourquoi Goethe fait-il exception ? […] Qu’on a bien raison de dire qu’un homme vaut toujours mieux que ses théories !
D’ailleurs c’est enfoncer le poignard dans le cœur de vos parents, que de monter sur le théâtre ; vous en avez les raisons : je me suis toujours reproché d’avoir donné ce déplaisir à ma famille ; et, je vous avoue que si c’était à recommencer, je ne choisirais jamais cette profession. […] Le jeune homme donnait quelques raisons pour persister dans sa résolution, quand Chapelle* entra, un peu pris de vin. […] Molière qui n’avait en vue que de détourner ce jeune homme de la profession de comédien, redoubla ses raisons pour le faire ; et enfin il lui fit perdre la pensée de paraître sur les planches.
Encore passe pour ce Philosophe-là, c’étoit celui qui avoit le plus de raison. […] Vous avez raison, repondit Moliere. […] Il a parbleu raison, dit Chapelle, voilà une injustice que nous lui faisions. […] J’approuve fort ses raisons, dit N... […] Jourdain sur le dos puisqu’on la lui vouloit donner sans aucune raison.
La plus petite action représentée au théâtre, doit, non seulement être vraisemblable, mais la vraisemblance doit encore être observée dans toutes les circonstances qui composent cette action, comme sont le temps, le lieu, les personnages, leur rang, leur âge, leur état, leurs desseins, les moyens qu’ils mettent en usage, les raisons qu’ils ont pour agir, &c. […] Je m’en vais travailler, moi, pour vous contenter, A vous faire, en raisons claires & positives, Le mémoire succinct de nos dettes passives, Et que j’aurai l’honneur de vous montrer dans peu. […] Hector, en lisant Séneque, épele en effet, & met chaque mot en pieces, comme un enfant qui lit pour la premiere fois : surcroît d’invraisemblance qui fait bien rire le parterre des Dimanches, mais qui fait, avec juste raison, secouer la tête aux connoisseurs. […] Enfin, de cent raisons mon dépit s’est servi Pour lui bien reprocher des bassesses si grandes, Et pouvoir cette nuit rejetter ses demandes : Mais elle m’a fait voir de si pressants desirs, A tant versé de pleurs, tant poussé de soupirs, Tant dit qu’au désespoir je porterois son ame, Si je lui refusois ce qu’exige sa flamme, Qu’à céder, malgré moi, mon cœur s’est vu réduit : Et pour justifier cette intrigue de nuit, Où me faisoit du sang relâcher la tendresse, J’allois faire avec moi venir coucher Lucrece, Dont vous me vantez tant les vertus chaque jour. […] J’ai souvent oui dire que les aparté éloignoient totalement la vraisemblance, & blessoient l’illusion théâtrale ; je ne suis point de cet avis, & je vais bientôt exposer mes raisons.
Après les sentiments qu’il vous a fait connoître, Fâchez-vous, éclatez autant qu’il vous plaira, Il vous dira toujours, & vous répétera Que son amour pour vous est fondé sur l’estime ; Que la raison l’éclaire & la vertu l’anime ; Qu’elles l’ont affermi dans son culte secret, Et qu’il adore en vous un mérite parfait ; Qu’il l’avouera tout haut, qu’il s’en fait une gloire ; Qu’il fuit tout autre nœud ; que vous devez l’en croire ; Qu’il met à vous fléchir son bonheur le plus doux, Et qu’il sera constant, fût-il haï de vous. […] Il faut, pour bien aimer, il faut de la raison. […] Rendez-moi donc justice, & convenez vous-même Que ma flamme est sensée autant qu’elle est extrême ; Que la prudence seule a décidé mon choix, Et que votre raison doit lui donner sa voix. […] Mais, pour ton maître, en tout fait pour orner le monde, C’est un meurtre ; & je dois, par raison, arracher Son mérite au repos qui semble le cacher. […] Ne nous laissons point corrompre par le titre & le succès de la piece : mettons-nous sur-tout bien dans la tête que si Léandre eût été aussi souvent étourdi que sage dans le courant de la piece, elle eût été détestable : j’en ai déja dit la raison ; il n’est pas naturel qu’un homme ait en même temps deux caracteres fortement prononcés, surtout quand ils sont tout-à-fait opposés.
Dans la même période, on revoit la société et l’esprit de cette madame de Sablé qui était de la société de Rambouillet dans son premier éclat, à qui Voiture écrivait des lettres si flatteuses en 1638, qui le traitait, malgré ses louanges, avec une grande supériorité de raison, et lui reprochait d’avoir un amour-propre de femme . […] Cette dame, alors âgée au moins de 60 à ans, d’une santé très délicate, ne voyait du monde que chez elle, et c’est sans doute pour cette raison qu’il en est peu parlé dans les écrits concernant les grandes sociétés de cette époque. […] Quelques écrivains du temps l’ont qualifiée de marquise ; c’est sans raison. […] Madame de La Sablière regarda d’abord cette distraction, cette désertion ; elle examina les mauvaises excuses, les raisons peu sincères, les prétextes, les justifications embarrassées, les conversations peu naturelles, les impatiences de sortir de chez elle, les voyages à Saint-Germain où il jouait, les ennuis, les ne savoir plus que dire ; enfin, quand elle eut bien observé cette éclipse qui se faisait, et le corps étranger qui cachait peu à peu tout cet amour si brillant, elle prit sa résolution, le ne sais ce qu’elle lui a coûté. […] D’après une lettre de Voiture, dont la date est incertaine, mais qui est placée entre d’autres qui sont de et qui peut par cette raison être présumée de la même date, elle serait née en 1585 au plus tard.
Farce charmante et morale ; la première scène de Sganarelle et de Géronimo, où le premier demande conseil pour se marier, est pleine de comique et de raison. […] La première scène du premier acte, où la vieille mère Pernelle, en grondant toute sa famille, expose si plaisamment et la pièce et le caractère de chacun ; la cinquième, où Orgon s’informe de la santé de Tartufe, et oublie sa femme et ses enfants, malgré les railleries de Dorine ; la sixième sur les faux dévots entre Orgon et Cléante, scène admirablement écrite ; la quatrième du deuxième acte, où les amants se brouillent par un malentendu, et se raccommodent par les soins de Dorine ; la deuxième du troisième acte, où Tartufe s’annonce ; la troisième, où il fait sa déclaration à Elmire ; la sixième, où Orgon lui demande pardon à genoux pour son fils qui l’a accusé ; la cinquième du quatrième acte, où Orgon est sous la table, scène si singulière, si belle et si hardie : voilà les principales beautés d’un ouvrage que l’Europe admire avec raison. […] La première scène du premier acte,où Argan compte ses mémoires ; la cinquième, où il propose à sa fille de se marier, Angélique croyant qu’il parle de son amant ; sa colère avec Toinette ; la scène neuvième avec sa femme et le notaire : au deuxième acte, la scène sixième, dans laquelle Diafoirus fait ses compliments, et l’amant déguisé en maître à chanter chantant un duo avec sa maîtresse ; la scène onzième d’Argan et de sa petite-fille, à qui il fait raconter tout ce qu elle a vu ; au troisième acte, la scène troisième, où Béralde parle raison à Argan sur la médecine ; la sixième, où M. […] La scène troisième, où Marine parle pour prouver à Scapin qu’elle n’est pas bavarde ; la vingt-deuxième, où Champagne, ivre, veut parler raison à M. […] La scène troisième du troisième acte, où le chevalier donné sa leçon d’italien, est jolie ; la scène huitième du quatrième acte, où le Distrait donne à son valet des raisons de sa distraction, est pleine d’esprit et de philosophie.
Quelle raison pitoyable ! […] Sans raison. […] Si vous le prenez sur ce ton, Monsieur, je n’ai plus rien à dire, Et vous aurez toujours raison. […] Ai-je voulu jamais entendre de raison ? […] Pour une raison assez forte.
Mais comme, dans ce siecle charmant, tout est soumis au tribunal des Dames, qu’elles font sur-tout le sort des ouvrages de génie, & qu’il importe beaucoup à la république des lettres que le plus grand nombre ait des idées vraies, justes & dignes de ce goût fin, délicat & naturel que le beau sexe a reçu en partage, je me contenterai de faire remarquer aux Dames qui seront en ceci d’un avis contraire au mien, qu’il faut bien moins d’adresse pour présider à la parure d’une femme jeune & jolie, qu’à celle d’une vieille : & elles se récrieront, sur-tout si elles sont parées des fleurs de la beauté & de la jeunesse ; il a raison : Madame une telle, par exemple, est un sujet ingrat, que l’art de trois Marthons des mieux stylées ne sauroit embellir ; elle est toujours d’une laideur amere : si ! […] Eraste, outré, déchire, aux yeux de la soubrette, l’écrit de la maîtresse, & sort : son valet le suit, en donnant toutes les femmes au diable ; & Marinette, surprise avec raison, s’écrie : Ma pauvre Marinette, es-tu bien éveillée ? […] Si Monsieur votre pere étoit homme farouche, Passe : mais il permet que la raison le touche ; Et lui-même m’a dit qu’une confession Vous va tout obtenir de son affection. […] Les protecteurs & le public ont raison. […] Il est surnommé, avec raison, le pere de la comédie.
Son mari revient, la gronde beaucoup de se servir de cet homme qu’il n’aime pas ; & malgré les représentations de son valet Mausecret, qui veut éviter tout éclat entre le mari & la femme, il va porter ses plaintes au Seigneur de Valletreu, qui, ayant écouté les raisons de Raoullet & de Doublette, prononce en faveur de la derniere. […] La politesse & la générosité françoises disent à tout le monde en général qu’on doit respecter toute espece de puissance, à plus forte raison celle dont on triomphe & qu’on opprime. […] La devise de cet Auteur étoit : Tout par raison, raison par-tout, par-tout raison.
Souvent j’ai beau rêver du matin jusqu’au soir, Quand je veux dire blanc, la quinteuse dit noir : Si je veux d’un galant dépeindre la figure, Ma plume pour rimer trouve l’Abbé de Pure : Si je pense exprimer un Auteur sans défauts, La raison dit Virgile, et la Rime Kainaut. […] Maudit soit le premier dont la verve insensée Dans les bornes d’un vers renferma la pensée, Et donnant à ses mots une étroite prison, Voulut avec la rime enchaîner la Raison. […] Il faut que ses Acteurs badinent noblement : Que son nœud bien formé se dénoue aisément : Que l’Action marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais dans une Scène vide : Que son style humble et doux se relève à propos : Que ses discours partout fertiles en bons mots Soient pleins de passions finement maniées ; Et les scènes toujours l’une à l’autre liées. […] J’aime sur le Théâtre un agréable Auteur Qui, sans se diffamer aux yeux du Spectateur, Plaît par la raison seule, et jamais ne la choque.
Il avoue tout naturellement qu’il n’a pas de gorge à couper ; & je ne sais, n’en déplaise à Moliere, si par cette raison même les coups de bâton ne deviennent pas moins plaisants. […] Oui, je te soutiendrai par vives raisons, je te montrerai par Aristote, le Philosophe des Philosophes, que tu es un ignorant, un ignorantissime, ignorantifiant & ignorantifié par tous les cas & modes imaginables. […] Tu veux te mêler de raisonner, & tu ne sais pas seulement les éléments de la raison. […] Enfin, sans prendre la peine de copier toute la scene de Moliere, il suffit de savoir que Pancrace impatiente encore Sganarelle en voulant lui prouver, par raisons démonstratives & convaincantes & par arguments in barbara, qu’il n’est qu’une pécore de s’emporter contre le Docteur Pancrace, homme de suffisance, de capacité ; homme consommé dans toutes les sciences naturelles, morales & politiques ; homme savant, savantissime, per omnes modos & casus ; homme qui possede Fable, Mythologie, Histoire, Grammaire. […] Lorsque les comédiens de nos jours représentent cette comédie, & qu’ils ont à peine cinquante spectateurs, en comptant les gratis, Arlequin pourroit se récrier avec juste raison sur les virlicirlicitudes des choses humaines.
Quant à ceux qui oseraient écouter une raison, et pousseraient la folie jusqu’au point de ne pas jurer par les anciens, un édit royal de 1624 les condamne au bannissement perpétuel. […] Mais quelle confiance peut-on avoir, je le demande, dans la raison d’un homme qui refuse, je ne dis pas de se marier, ce qui se comprend, après tout, mais de se laisser galamment couper la gorge ? […] Notre philosophie ordonne de ne point énoncer de propositions décisives, de parler de tout avec incertitude, de suspendre toujours son jugement et, par cette raison, tous ne devez pas dire : Je suis venu, mais : il me semble que je suis venu. […] Janet a écrit, il y a quelque temps, dans un article sur ce philosophe : « Les jésuites trouvent qu’on a trop maltraité Aristote (en quoi ils n’avaient pas tort) ; ils critiquent les abus du doute méthodique (en quoi ils pourraient bien avoir raison). »En sorte qu’il serait tout aussi juste de faire de M. […] Et ce n’est sans raison, selon nous, que, dans ce passage des Femmes savantes, on a cru voir une allusion aux deux mots célèbres : Ô Esprit, ô chair.
A-t-il raison ? […] Il n’avait pas d’autre raison. […] La raison en est simple. […] Comme ils ont raison ! […] Il préfère être lui, et il a bien raison.
La raison en est, que n’étant pas réduit en principes, ou du moins n’en ayant qu’un très petit nombre, que chacun explique à son gré, les jeunes Auteurs, de tous les pays, de tous les âges, en ont abusé pour se faire des regles analogues à leur foiblesse ; & que, désespérant de marcher sur les traces des bons Maîtres, ils se sont laissé flatter par l’orgueil de créer de nouveaux genres, & d’avoir une maniere à eux. […] Je jugeai à propos de différer pour deux raisons ; premiérement, pour n’avoir pas l’air de vouloir lutter avec le Discours couronné. […] En second lieu, mon amour-propre me persuada sans peine que puisque l’Académie avoit jugé l’extrait de ma Poétique digne de servir aux progrès de la bonne comédie, le corps même de l’ouvrage pourroit, à plus forte raison, être de quelque utilité. […] Il sut le soumettre à des regles établies par son goût & sa raison ; elles ont arrêté les écarts de l’imagination, sans étouffer son enthousiasme heureux. […] Je leur exposerai mes raisons avec toute l’honnêteté, tous les égards que les hommes bien nés, & particuliérement les gens de lettres, se doivent ; le public décidera.
C’est par cette raison qu’il applaudit à tous les entr’actes des Femmes Savantes, & qu’il critique ceux de George Dandin. […] Oui, j’admire mon malheur, & la subtile adresse de ma carogne de femme pour se donner toujours raison & me faire avoir tort. […] Cet entr’acte est donc bon ; & par la même raison, celui que je vais citer est mauvais. […] Je l’ai désigné entre chaque acte. » L’Auteur a raison ; l’action doit toujours être en mouvement & lier tous les actes les uns aux autres : mais si on ne veut plus donner le temps au spectateur de se délasser, & s’il doit avoir sous les yeux une action continuelle, pourquoi ne pas lui offrir la chose qui l’intéresse, & non ce qui l’indique simplement ? […] Nous avons banni, avec raison les chants & les danses, pour livrer en entier la scene aux seuls personnages qui concourent à l’action, & pour ne nous occuper que d’eux : irons-nous les remplacer par des mines, des grimaces ?
On voit la raison de cette différence : le roi, fatigué de madame de Montespan comme eut pu l’être un vieux mari, commençait à cédera l’attrait de madame de Maintenon. […] C’était dans cette honnêteté, toute morale, que résidait la grande puissance qui devait ramener un roi dissolu à des mœurs décentes ; car la religion n’agit sur Louis XIV qu’après l’ascendant de la morale, aidée par les charmes de l’esprit et de la raison. Comment ne pas admirer la profondeur de raison et d’honnêteté qui caractérise le jugement de madame de Sévigné sur la situation de madame de Montespan, et sur les avantages qu’elle en peut retirer ! […] « Le reste (l’intimité de sa maîtresse), par quelque raison que ce puisse être, ne lui tenait plus au cœur. […] Elle se persuadait, avec raison, que la bienveillance, l’amitié même dont la marquise pénitente lui avait donné des témoignages au moment de leur séparation, laisseraient bientôt renaître les jalousies et les défiances de la marquise rentrée en faveur.
Philinte a bien raison de s’en étonner. […] J’en vois plusieurs raisons. […] Aussi, quand Philinte lui remontre combien les habitudes de Célimène sont en désaccord avec les siennes, il répond naïvement : Il est vrai ; ma raison me le dit chaque jour ; Mais la raison n’est pas ce qui règle l’amour. […] L’exacte raison de Molière est bien éloignée d’une pensée si désolante et si fausse. […] Esprit droit et sensé qui a compris le cœur du Misanthrope et pour cette raison fait de lui un cas particulier.
Il a raison de s’indigner contre la vénalité de la justice ; mais il a tort et il devient ridicule, quand il en vient à vouloir perdre sa cause pour la beauté du fait 137. Il a raison de refuser l’amitié banale d’Oronte ; il a raison de trouver détestable le méchant goût du siècle en littérature ; mais il a tort d’aller dire au nez d’un auteur que ses vers sont bons à mettre au cabinet, Et qu’un homme est pendable après les avoir faits138. […] Celle de Molière et de Boileau était plus utile quand elle proscrivait, de par le ridicule et le bon sens, tout ouvrage Où la droite raison trébuche à chaque page188. […] Lire les Œuvres de Quinault (Paris, 1739, 1778, 1842) : Boileau a raison au nom du goût et au nom de la morale. […] II) : le sonnet d’Oronte séduit le lecteur surpris par l’agrément de l’harmonie et du trait ; mais Molière a raison de résister énergiquement à l’invasion de ces colifichets dont le bon sens murmure.
On ne veut pas ressembler à ce portrait, et on a raison. […] Esprits très cultivés, formés par le monde, c’est la raison la plus fine qu’ils emploient pour attaquer ou pour se défendre. […] Je ne suis pas dupe de ces raisons, et je ris de ce qui leur arrive pour en avoir fait un si mauvais emploi. […] Pour Philinte, c’est Molière donnant à quelque ami les conseils d’une raison aimable et indulgente. […] Aucun poète, dans notre pays, n’a eu plus d’imagination, de sensibilité et de raison, ni dans une proportion plus parfaite.
Monsieur le professeur, avecque vos raisons, Il faudroit vous loger aux petites-maisons. […] On sera bien aise de voir avec quelle adresse il l’entraîne au jeu dans un de ces bons moments où la raison sembloit l’éclairer. […] Je le suis par la plus forte des raisons, la nécessité ! […] Lorsque le désespoir aveugle nos esprits, En vain de la raison le flambeau nous éclaire : L’homme prudent échoue où l’heureux téméraire Voit ses vœux insensés par le sort accomplis73. […] Je serois un ingrat, si je n’avouois avoir puisé dans ces repas quelques-uns des bons matériaux de mon ouvrage ; mais je trahirois la vérité, si je ne disois aussi que j’y ai entendu soutenir, avec tout l’esprit imaginable, & les raisons les plus convaincantes en apparence, les choses les plus manifestement contraires au goût.
À venger le bon goût tu travaillas sans cesse ; Ta muse à tous les tons se plie avec souplesse ; Dans chacun de tes vers nous donne une leçon, Et, toujours en riant, fait parler la raison. […] L’ignorance te blâme et la raison t’approuve Lorsque, cherchant ton bien où tu sais qu’il se trouve, De ta propre richesse augmentant le trésor, Le cuivre à ton creuset vient se changer en or. […] De la raison chez toi voilà donc le pouvoir ! […] Ami de la raison, soutien de la gaîté, Jamais avec les sots il n’a fait de traité ; Et si de nos plaisirs il était moins avare Leur espèce chez nous redeviendrait plus rare. […] Loin de moi l’intention de révoquer en doute la sincérité des principes de tolérance proclamés par le Gouvernement ; mais que l’on se rappelle les clameurs que la réimpression des œuvres de Voltaire et de Rousseau a excitées il y a quelques mois ; les outrages prodigués aux deux plus beaux génies du dix-huitième siècle, à ces immortels apôtres de la raison et dé l’humanité, et l’on jugera s’il y aurait aujourd’hui de la prudence à publier pour la première fois l’Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations, ou la profession de foi du Vicaire savoyard.
Vous-même, à votre avis, n’ai-je pas eu raison ? […] Le plus sûr et le meilleur, pour deux cœurs qui s’aiment tendrement, c’est de tempérer tout d’abord d’un peu, de beaucoup même, de raison et d’indulgence mutuelle, l’expansion de leurs sentiments les plus vifs, afin que par une sorte de réciproque d’une belle parole de l’Évangile, ils soient beaucoup aimés parce qu’ils auront beaucoup pardonné. […] Belle, mais naturellement froide et maîtresse d’elle-même, elle se livre fort peu ; elle a eu assez de tact et de raison pour se maintenir en très bons termes avec les membres divers de cette famille, où sa position de belle-mère était si délicate vis-à-vis d’un fils et d’une fille déjà nubiles. […] Que de raison également et d’à-propos dans le langage déjà plus relevé de Nicole, la confidente des chagrins de la bonne et sage Mlle Jourdain, pour qui elle est plutôt une humble amie qu’une servante ! […] Avec quel mélange de malice et de raison affectueuse elle intervient dans la brouille des deux amants : À vous dire le vrai les amants sont bien fous.
Erreur accréditée par les Auteurs & les Acteurs, qui, privés des dons rares & précieux qu’il faut avoir reçus de la nature pour la peindre gaiement, & pour exciter la joie du public, n’osent avouer leur insuffisance, veulent jouer un rôle dans le monde, & feignent de suivre par raison une carriere où leur foiblesse seule les conduit. […] Voulez-vous une raison plus convaincante, & qui prouve mieux qu’on ne veut plus de ces pieces à l’antique » ? […] Quelle pitoyable raison ! […] Je l’ai déja dit : par la même raison qu’on applaudissoit les tragi-comédies de Scarron, ces pieces dans lesquelles il a mêlé, à ce qu’il disoit très plaisamment lui-même, la crême avec la moutarde ; parceque toutes les nouveautés sont dans ce genre, & que le public s’amuse de ce qu’on lui présente. […] Il condamne avec raison tout ce qui aurait l’air d’une tragédie bourgeoise.
Cette espece d’exagération demande une grande justesse de raison & de goût. […] C’est de ce genre de plaisanterie que Hensius a eû raison de dire : plebis aucupium est & abusus. […] ) ; & par cette raison on les a regardés comme incapables de rendre témoignage. […] Raison, […] Dans la droite raison, jamais n’entre la vôtre, Et toujours, d’un excès, vous vous jettez dans l’autre.
Viens çà, bête & femme opiniâtre, répliqua Sancho ; pourquoi veux-tu, sans rime ni raison, m’empêcher de marier ma fille avec quelqu’un qui me donne de grands Seigneurs pour héritiers ? […] Viens ici, ignorante & étourdie ; je te puis bien appeller ainsi, puisque tu n’entends point raison, & que tu fuis ton bonheur. Si je te disois qu’il faut que ma fille se jette du haut d’une tour en bas, ou qu’elle courre le monde, comme faisoit l’Infante Urraca, tu aurois raison de te fâcher ; mais si, dans trois pas & un saut, je fais tant qu’on la nomme Madame, & si je la tire du chaume, pour la faire asseoir sous un dais, & sur plus de carreaux de velours, que tous les Almoades de Maroc n’en ont eu en tout leur lignage, pourquoi ne veux-tu pas être de mon avis ? […] J’ai annoncé dans l’article de Pourceaugnac, que je dirois ici la raison pour laquelle la piece italienne intitulée, le Disgrazie d’Arlecchino, étoit fort rare, & ne se jouoit plus en Italie ; c’est parceque les Juifs ont obtenu un ordre qui en défend la représentation.
Leurs amans n’ont-ils pas raison de les adorer ? […] Ce choix est donc regardé, ajuste raison, comme une chose très importante pour les hommes raisonnables. […] voici une raison la plus belle du monde. […] Entre la niaiserie et une intelligence trop émancipée, il y a un milieu à prendre en se servant de la raison pour compas. […] La comtesse Il a raison, cela était commode.
N’admirez vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connoître ma foiblesse sans en pouvoir triompher ? […] Il parle ainsi dans une Préface où il rend raison de la liberté qu’il s’est donnée d’inventer les mots philosophisme, philosophistes, advertance. […] Il a eu ses raisons, & il eût pu dire ce que l’on suppose qu’Arlequin disoit en semblable cas. […] Je suis fâché, luy dis-je, que vous ayez presque quitté vos anciennes Pieces, elles étoient du goût de toutes les personnes de bon sens, on y trouvoit plusieurs choses utiles pour les Mœurs, & votre Theatre étoit un lieu où j’ose dire qu’en y voyant le ridicule du vice, on se sentoit porté même par la seule raison à prendre le parti de la vertu. […] Elle avoit passé avec raison pour la plus forte de la Campagne.
Et, par sottes raisons, votre jeune cervelle Voudroit régler ici la raison paternelle ! […] Supposons deux amants qui aient été ensemble chez deux femmes logées dans la même maison ; s’ils ne se sont pas quittés, ils savent également tout ce qui s’est passé dans leur commune entrevue ; ils ont des raisons pour ne pas en raconter les particularités à un tiers. […] En revanche, il faut aussi prendre bien garde de n’annoncer que les acteurs qui doivent paroître ; ou si l’Auteur a besoin d’un personnage qu’il ne peut introduire sur la scene, il doit lui supposer des raisons valables pour s’en dispenser. […] La pauvre femme est jalouse de M. son époux, & ce n’est pas sans raison, puisque le vieux libertin veut faire de Lisette une beauté à la mode. […] Plaute ne donne pas toujours d’aussi bonnes raisons.
Il eut l’avantage de voir de près son Maître combattre des erreurs accréditées dans l’Europe, et il apprit de bonne heure ce qu’un esprit sage ne sait jamais trop tôt, qu’un seul homme peut quelquefois avoir raison contre tous les Peuples et contre tous les Siècles. […] N’est-elle pas fondée sur la nature et sur la raison ? […] Cet art qui manque aux satires de Boileau, de tracer une ligne nette et précise entre le vice et la vertu, la raison et le ridicule, est le grand mérite de Molière. […] Ce génie si élevé était accompagné d’une raison toujours sûre, calme et sans enthousiasme, jugeant sans passion les hommes et les choses ; c’est par elle qu’il avait deviné Racine, Baron, apprécié La Fontaine, et connu sa propre place. […] À cette raison impartiale, il joignait l’esprit le plus observateur qui fût jamais.
Le Barbier prie Arlequin de lui pardonner le traitement qu’il vient de recevoir, lui dit pour quelle raison il le lui a procuré : ils entendent du bruit chez le Cadi ; ils sont alarmés, & frappent à coups redoublés. […] Je soutiens qu’on ne peut en faire de meilleur ; Et ma grande raison, c’est que j’en suis l’auteur. […] Moi, j’ai raison. […] Moi, j’ai raison. […] Moi, j’ai raison.
L’amour et la passion sont en raison inverse l’un de l’autre. […] Aussi ne daigne-t-elle pas se défendre ; le danger est nul, elle ne tient pas à Alceste ; et d’ailleurs elle sait que l’accusateur, obligé de pardonner, pardonnera sans condition et finira par demander pardon lui-même : elle a raison. […] À défaut d’autre aumône, faites-moi celle d’un mensonge. » Il y a une logique des pissions comme il y a une logique de la raison. […] Alceste nous déclare qu’il ne se croit pas plaisant : il a parfaitement raison ; mais il est comique. […] La femme de George Dandin, dit La Harpe, trouve moyen d’avoir raison contre son mari.
Dans toute la suite de la pièce, le ridicule excellent dont est couvert M. de Pourceaugnac fait qu’aux yeux du spectateur Sbrigani a raison, toujours raison, dans toutes les entreprises de son infâme industrie ; et, à la fin, on est si bien pris au charme de cette joyeuse corruption, qu’on entend sans indignation chanter par toute la troupe : Ne songeons qu’à nous réjouir : La grande affaire est le plaisir257 ! […] Dans l’Avare, il y a une invraisemblance qui est une faute ; c’est que Valère, présenté à la fin sous les plus nobles couleurs264, et montré dès le début comme plein des plus nobles sentiments265, puisse allier cette hauteur d’âme avec le misérable rôle auquel il s’est soumis par choix : entrer par un mensonge dans une maison, et, contre son propre cœur, y maltraiter volontairement, malgré toute raison, de pauvres domestiques qui n’en peuvent mais266, c’est incompatible avec tant de constance, d’esprit et de cœur. […] Il ne faut pas exiger de lui d’avoir été en toute circonstance et toujours l’interprète absolu de la raison et du bon sens, sans erreur ni défaillance aucune. […] Taschereau a raison de dire que Molière « n’eut évidemment d’autre but que celui de faire rire, et il était difficile à la vérité de le mieux atteindre. » 244.
Il est difficile de dire avec justesse ce qu’on sent n’être ni vrai, ni conforme à la raison. […] Il n’est guère de cœur de femme qui ne comprenne cette passion une et multiple, une, par l’objet auquel elle s’attache, multiple, par les diverses raisons de son attachement. […] C’étaient mêmes idées, mêmes principes, mêmes habitudes ; dans toutes une vie régulière et décente, des mœurs chastes, un esprit orné, une raison cultivée, également opposée aux mœurs de la cour, à la pédanterie des précieuses outrées, et à la dévotion feinte ou réelle qui était le refuge de la galanterie repentante ou répudiée. […] Ce fut un témoignage de l’honnêteté de mœurs, de la sagesse d’esprit, de la pureté de principes et de goût qui régnaient dans cette société, de la considération qu’y avait acquise madame Scarron, et du fonds de raison qui caractérisait Louis XIV. […] Tous les biographes81 s’accordent, avec raison, à dire, d’après la correspondance de madame de Maintenon, que, « parvenue aux grandeurs, elle se trouva si importunée des respects que son nouvel état inspirait au directeur, qu’elle crut devoir donner sa confiance à un autre ».
Le grand-pere qui étoit present à cet éclaircissement, appuya par de bonnes raisons l’inclination de son petit-fils : le pere s’y rendit, & se détermina à l’envoyer au College des Jesuites. […] Ce fut alors que Pocquelin prit le nom de Moliere, qu’il a toûjours porté depuis : mais lorsqu’on lui a demandé ce qui l’avoit engagé à prendre celui-là plûtôt qu’un autre, jamais il n’en a voulu dire la raison, même à ses meilleurs amis. […] Il arriva qu’un jour Moliere étant à la table de ce Prince, les Pages qui y servoient, ne cherchant qu’à badiner & voulant empêcher Moliere de manger les bons morceaux qu’on lui presentoit, lui changeoient d’assiette dans l’instant qu’on les lui servoit ; Moliere s’en étant apperçu, prit promptement une aîle de Perdrix, qu’on ne faisoit que poser sur son assiete, & n’en fit qu’une bouchée jusqu’à l’os, qu’il remit sur l’assiete : le Page qui vint pour lui ôter son assiete, ne fut pas assez alerte, & ne retira que l’os de cette aîle de perdrix, ce qui fit rire Moliere ; M. le Prince lui en demanda la raison ; il lui répondit : Monseigneur, c’est que vos Pages ne sçavent pas lire, il prennent les O pour les L. […] Mais qui peut ignorer les raisons que Moliere a euës de donner dans quelques-unes de ses Pieces quelques Scenes burlesques & d’un Comique un peu trop boufon : il falloit faire subsister une troupe de Comédiens, & attirer le Peuple & l’homme qui ne cherche qu’à rire : les personnes d’érudition & d’un discernement juste & délicat sont en petit nombre, & ne sont pas souvent les mieux traitez de la fortune, & par conséquent hors d’état de faire vivre les Comédiens en allant souvent aux Spectacles occuper les premieres places. […] Despréaux n’ignoroit pas toutes les raisons que je viens de dire : mais en qualité de Censeur rigide, il vouloit toûjours qu’on ne cherchât à plaire qu’aux personnes d’érudition & du goût le plus délicat : cependant de tous les Poëtes modernes Moliere étoit celui qu’il estimoit & admiroit le plus ; & qu’il trouvoit plus parfait en son genre, que Corneille & Racine dans le leur.
Le style en est simple et noble ; les pensées en sont justes et pleines de raison ; les sentiments en sont vrais, élevés et profonds : on peut dans ces écrits rendre tout à la fois une idée juste de la portée et des directions de la marquise de Rambouillet, et des conversations qui avaient lieu dans son intimité. […] … Auguste suivait le conseil de la nature, qui veut que tout ce qui travaille se repose, qui entretient la durée par la modération, et menace la violence de fin… Ce repos, ces distractions sont des besoins de la vie humaine, quelque riche et suffisante à soi-même qu’elle puisse être d’ailleurs… Ce sont, à proprement parler, les voluptés de la raison et les délices de l’intelligence… Un grand philosophe28 n’a pas craint de dire que le repos et le divertissement n’étaient pas moins nécessaires à la vie que les repas et la nourriture… Mais il ne veut pas que les sages passent le temps comme le vulgaire. […] Il a découvert entre la mauvaise humeur et la bouffonnerie un milieu approuvé et par la raison, dans lequel lame se dilate par un mouvement modéré, sans s’énerver par la dissolution, c’est la première condition qu’il estime nécessaire. […] n’était-elle pas de celles qui donnent à l’esprit le plus d’étendue et de lumières, qui s’allie ni le plus naturellement et le plus étroitement aux qualités morales, au perfectionnement de la raison, au sentiment du beau et du grand, à la délicatesse du goût, et se prêtent le mieux aux plaisirs d’une imagination sage et réglée ?
Il croit voir dans cette partie de lettre les raisons les mieux fondées pour crier à la perfidie. […] Rougissez maintenant, vous en avez raison, Et le masque est levé de votre trahison. […] Vous parlez ainsi parceque mon frere est présent, sans quoi vous ne vous seriez jamais rendu à mes raisons. […] Elle lui explique la raison qui a fait déguiser Bélise avec sa suivante, & sort en promettant de ne paroître plus aux yeux de son indigne amant. […] Moliere a banni avec raison de sa piece la leçon d’escrime que Delmire prétend recevoir du Roi.
Voltaire l’appelle le père de la vraie comédie, et, pour la France, il se peut qu’il ait raison. […] Le point où Alceste a raison et celui où il a tort seraient difficiles à fixer, et je crains que le poète lui-même ne s’en soit pas rendu un compte exact. […] Alceste a mille fois raison contre cette charmante Célimène, son seul tort est sa faiblesse pour elle ; il a raison dans ses plaintes sur la corruption de la société ; personne ne lui conteste les choses de fait qu’il soutient : il a tort de mettre en avant ses opinions avec tant de violence et si peu d’à-propos, mais puisque enfin il ne peut pas prendre sur lui l’espèce de dissimulation nécessaire pour vivre en paix avec ceux qui l’entourent, il a parfaitement raison de préférer la solitude « à la vie du monde. […] La première qu’il ait composée, Le Joueur, est vantée avec raison, et passe pour la meilleure de toutes. […] Nous autres Allemands, nous pouvons dire avec raison : hinc illae lacrymae !
Croyez-vous que j’aie pu lui répondre le moindre mot, ou que j’aie eu quelque raison à lui alléguer, bonne ou mauvaise ? […] On peut, avec raison, Se promettre de là quelque belle maison. […] Rougissez bien plutôt, vous en avez raison ; Et j’ai de surs témoins de votre trahison. […] Percé du coup mortel dont vous m’assassinez, Mes sens par la raison ne sont plus gouvernés ; Je cede aux mouvements d’une juste colere, Et je ne réponds pas de ce que je puis faire. […] La raison en est toute simple ; la voici : ce qu’on appelle filles à Paris, est continuellement à l’affût pour saisir le ton, les grimaces, les propos des petites-maîtresses du haut rang, & s’empare bien vîte des expressions qui leur sont familieres, & de leurs mots favoris : celles-ci, indignées contre ces filles pour plus d’une raison, les leur abandonnent, & en créent de nouveaux : par conséquent, un ouvrage qui a aujourd’hui le prétendu ton de la bonne compagnie, & qui fait croire que celui qui l’a composé en est l’ornement & l’aigle, aura dans six mois le ton de la plus mauvaise, & fera soupçonner que l’Auteur n’en fréquente pas d’autre.
Je vais mettre sous les yeux du lecteur tout ce que les ennemis & les défenseurs outrés du monologue disent pour & contre ; je risquerai mon sentiment sur les raisons que les uns & les autres porteront, & le public décidera. […] Allons donc, point de façon, je suis votre serviteur : il faut que vous me fassiez raison de la santé que je viens de vous porter. […] Elles sortent l’une après l’autre fort piquées comme de raison : il reste, ne s’apperçoit pas qu’il est seul, & continue son babil. […] Ils font que Pasquin, dans son ivresse, trouve la lettre amoureuse de la prude, & la livre au mari, qui par-là reconnoît la fausseté de sa femme, & par conséquent la raison qu’elle avoit pour l’indisposer contre sa niece, puisqu’elle est amoureuse de son amant.
67 Cette regle prescrite par la raison, est sur tout plus essentielle dans les pieces à caractere. […] Harpagon a raison : la Fleche fait si bien le guet, qu’il trouve l’instant favorable, enleve la cassette de l’Avare, cette cassette pour laquelle l’Avare consent à tout, & qui amene un dénouement aussi heureux que bien préparé, dans une piece où l’on fait la guerre à l’avarice. […] Cependant ce dénouement est, avec juste raison, critiqué par tous les connoisseurs. […] Vous avez raison.
De qui faites-vous plus d’estime, De la raison ou de la rime ? […] La rime, sans comparaison, Doit l’emporter sur la raison. […] C’est qu’on entend toujours la rime, Et qu’on n’entend point la raison. […] Si l’on remplit bien ces conditions, quelque part qu’on prenne un sujet, on est un bon imitateur : par la même raison, si on les remplit mal, on est un mauvais imitateur. […] L’homme approche-t-il de cet âge qu’on a la bonté d’appeller l’âge de raison, il imite le bon paysan qui lui montre à cultiver la terre, ou son maître à danser, son maître d’armes, &c.
Mais si cette raison fait une objection contre mon sentiment, elle ne suffit point pour prouver le sentiment opposé à celui que j’expose ; d’ailleurs, je répondrai à l’objection, que Plaute & Térence ont pu se tromper. […] La piece ne prouve donc point qu’un caractere propre à une province puisse fournir assez de matiere pour une grande piece ; d’ailleurs, si nous admirons avec juste raison plusieurs scenes de la Réconciliation Normande, nous devons cependant nous garder de prendre pour modele la piece entiere. […] Morbleu, c’est une trahison Dont je prétends avoir raison. […] Dont je prétends avoir raison.
Quelle est donc la raison nouvelle Qui près d’Apollon vous appelle ? […] Géronte : & voici ses raisons. […] J’ai du bien, je suis jeune, & sors d’une maison Qui se peut dire noble avec quelque raison ; Et je crois, par le rang que me donne ma race, Qu’il est fort peu d’emplois dont je ne sois en passe. […] Cette raison vaut mieux que de l’argent comptant. […] Mon dessein a été de flatter nos Comiques naissants & leur ambition : désespérant, avec raison, de pouvoir atteindre à la gloire de Moliere, ils pourroient se refroidir s’ils voyoient encore dans Regnard un rival invincible.
La reconnaissance et l’enchantement populaires ont attaché à cette brillante époque le nom du prince qui était le centre et le principal ressort de ce noble mouvement des cœurs et des intelligences : Voltaire a prouvé que ce n’était pas sans raison. […] Ces deux hommes uniques ont eu l’un pour l’autre une estime profonde ; ils ont entre eux une remarquable analogie : c’est raison de ne pas les séparer. […] « La nature du conte le voulait ainsi, » dira-t-il avec je ne sais quelle impudeur ingénue ; et il ajoutera : « c’est une loi indispensable, selon Horace, ou plutôt selon la raison et le sens commun, de se conformer aux choses dont on écrit. » Mais pourquoi écrire sur de pareilles choses ? […] Ces vers de longueur inégale ne viennent pas par caprice, ils sont amenés par une secrète raison d’harmonie ou de sentiment. […] Et tous deux avaient raison ; tous deux suivent librement les modèles qu’ils rencontrent ; là où d’autres les ont précédés, ils créent ce qu’ils imitent ; ils emportent par droit de conquête ce qu’ils dérobent ; car ils impriment à tout ce qu’ils mettent en œuvre le cachet de leur originalité.
Ce type de la parfaite honnête femme telle que la comprenait Molière, d’une raison si calme et d’un si ferme bon sens, pourrait sembler un peu froid. […] N’est-ce pas là le dernier point de la folie, et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne sert qu’à me faire connaître ma faiblesse sans on pouvoir triompher ? […] Et il paraît bien que, une fois rebuté, il acheva de lui donner raison en revenant à Mlle de Brie. […] Ce foyer de chaleur, accessible à tous, et qui semble sortir de la tombe même du poète, n’est-ce pas l’image de son génie, cet autre foyer de raison, de poésie et de gaîté ? […] Soyons indulgens pour elle, en raison même de cette délicatesse morale et de ces scrupules qui nous honorent et qui lui manquaient.
« Ce n’est pas que les anciens aient confondu ces deux idées ; on ne sauroit se persuader au contraire qu’ils ne les aient pas distinguées : mais on peut du moins avancer, à la gloire des modernes, qu’ils ont mieux profité de cette distinction ; cependant c’est un des préceptes d’Aristote qui m’a fait sentir la raison qu’ils ont eue de l’établir ». […] Si les modernes méritent des louanges à raison des distinctions qu’ils ont faites, nous allons ne pas tarir sur leur éloge, puisqu’ils ont encore distingué des caracteres ou des mœurs, les vices du cœur, les vices de l’esprit, la coutume d’une nation, les travers, les foiblesses, les ridicules de l’homme.
Quant aux raisons de leur principe, elles sont faciles à apercevoir : ils savent quelle est l’inépuisable fécondité d’un seul sujet. […] Il y a de cela plusieurs raisons. […] Or la conversation familière recèle un grand nombre de vieux mots, souvent très pittoresques, et qui, pour cette raison même, sont bannis de l’usage relevé, de même que les éclats de voix et les grands gestes ne sont pas admis dans un salon. Aussi bien, — et c’est ici la cinquième raison des archaïsmes de Molière — Molière a-t-il à ce qu’il semble, recherché parfois les vieux mots pour réagir contre l’influence des salons précisément, pour effaroucher les précieuses. […] Caractérisés comme sont ces personnages, c’est à eux, c’est à leur condition, il leur situation qu’on demande la raison des bizarreries, et en tout cas de la variété « inorganique » du style de Molière.
Personne n’eut à réclamer leur discrétion, par la bonne raison qu’ils ne purent pas même soupçonner qu’il y eût un secret à garder. […] Vitu eut occasion de prévenir le public que cet acte de piété filiale était purement chimérique, et déduisit les raisons de ce jugement, raisons qu’il reproduit aujourd’hui dans son étude sur la maison des Pocquelins. […] Ainsi, les faits, examinés de près, laissent à Molière tout le mérite de cette belle action, et je ne vois aucune raison solide pour rejeter les conclusions de M. […] Aux raisons qui avaient formé mon opinion, il ajoute même des arguments nouveaux qui la confirment. […] Peut-être croyait-il plus que de raison à l’authenticité de l’inscription collée au dos de la peinture de Sébastien Bourdon, inscription dont M.
On se sert de ses amis jusqu’à un certain point ; mais les pousser par de-là, c’est leur faire injure : & quand on est résolu de les éprouver, ce ne doit pas être en des choses qui choquent la raison, & dont on ne peut attendre aucun bien. […] J’exposerai mes raisons lorsque nous aurons vu les changements faits par l’Auteur dramatique. […] Crispin demande à Damon son maître pour quelle raison il revient à la ville. […] Nérine est surprise de voir Léandre alléguer des raisons pour différer son bonheur : elle l’avoue à sa maîtresse. […] Pasquin a beau lui représenter qu’elle a tort de n’être pas venue au monde vingt ans avant son maître, elle n’entend pas raison.
Mais à ma place il en aurait fait autant que moi ; il a lui-même eu du ménagement avec moins de raison, comme je le ferai remarquer dans la suite. […] « Molière selon lui ne connaissait pas assez la Cour pour refuser avec de si bonnes raisons l’emploi qu’on voulait lui donner » ; c’est l’Auteur qui parle en sa place. […] Il avait à soutenir la réputation qu’Elle lui avait déjà établie par son approbation : Trois raisons qui devaient également donner de l’inquiétude à Molière. […] Mon Censeur compare cette défense si heureusement pour la faire valoir, que je ne puis disconvenir qu’il n’ait raison. […] Je ne lui trouve de la raison que quand il me demande un détail plus étendu sur les Pièces de Molière : Je sais que cela aurait fait plaisir au Public ; et peut-être lui donnerai-je cette satisfaction.
Ainsi finit la parade intitulée avec raison, Isabelle grosse par vertu. […] Ma belle-sœur sembloit n’être pas de cet avis, & croyoit qu’il étoit trop libre de vous écrire ; mais je lui ai prouvé, par beaucoup de raisons, que cela étoit à sa place. […] Sainville écrit une lettre fort tendre à Angélique, qui, croyant avoir des raisons pour se plaindre de son amant, ne veut pas la recevoir. […] Vous me rendrez raison d’un procédé si noir.
— Tout ce que vous dites est véritable, lui répondit Clorante, mais je ne suis pas tout seul cause de ces abus et, pour m’y opposer, je me suis souvent efforcé de louer des pièces de théâtre qui, quoiqu’elles fussent bonnes, ont été condamnées par les mêmes raisons que vous venez de dire, ceux qui connaissaient la bonté de ces pièces n’osant les protéger, de crainte de passer pour ridicules, et disant par complaisance qu’elles ne valaient rien. […] Cette raison m’oblige à publier les siennes plus librement que je ne ferais. […] — J’avoue, lui répondit Clorante, que cet illustre Abbé en a fait une et que, l’ayant portée à l’Auteur dont nous parlons, il trouva des raisons pour ne la point jouer, encore qu’il avouât qu’elle fût bonne. […] Quand on veut fronder une Comédie et que l’on en parle beaucoup, les divers discours que l’on en tient y font venir du monde, et ceux qui vont rarement à la Comédie ne peuvent s’empêcher d’y aller, afin de pouvoir parler d’une chose dont on les entretient si souvent, et afin de voir qui a raison, ou de ceux qui blâment ou de ceux qui louent.
Ils n’ont eu raison qu’à moitié les uns et les autres. […] La raison répond sans peine à ce reproche d’une philosophie chagrine et sophistique. […] La raison désavoue cette apologie dont n’a pas besoin la mémoire d’un grand homme. […] Il eut tous les tourments, il eut presque tous les ridicules d’un mari jaloux, Avait-il raison de l’être ? […] Racine avait eu raison de dire : Montfleury n’est point écouté à la cour ; il aurait pu ajouter : et Molière y est estimé.
Pierrot a raison. […] On a cherché ces raisons, et ici encore, on a fait des hypothèses. […] On avait raison des deux parts. […] Mais La Bruyère a raison ; ce n’est pas celui de Molière. […] Mais La Bruyère a raison ; ce n’est pas celui de Molière.
Le grand-père, qui était présent à cet éclaircissement, appuya par de bonnes raisons l’inclination de son petit-fils. […] Il avait très grande raison de charger sur leur mauvais goût. […] — Tu as, parbleu, raison, mon cher ami, répondit J… en l’embrassant ; sans ce plaisir-ci que ferions-nous ? […] vous avez raison, répondit Molière. […] Molière ne se rendait pas toujours aux conseils qu’on lui donnait, et il avait raison.
Pour éviter sans doute la consonance de la rime de satire avec le mot lire qui termine cet hémistiche ; mais Molière soutint qu’il fallait s’en tenir à la première expression, et que la raison et l’art même demandaient et autorisaient souvent le sacrifice d’une plus grande perfection du vers à une plus grande justesse. […] Chapelle lui répondit : « J’ai résolu de m’en corriger ; je sens la vérité de vos raisons : pour achever de me persuader, entrons ici ; vous me parlerez plus à votre aise. » Il le fit entrer dans un cabaret, et demanda une bouteille, qui fut suivie d’une autre.
Corneille explique, dans l’Avis au lecteur de sa comédie du Menteur, les raisons qui l’ont empêché de joindre, au bas des pages, les vers imités de Lope de Vega, comme il avait fait ceux de Guillén de Castro, et de Lucain, dans cette nouvelle édition du Cid et de Pompée. […] Oui ; et voici par quelle raison Molière en a usé de la sorte. […] « Voilà par quelle raison on peut donner à juste titre Les Fâcheux pour un parfait modèle de la comédie de scènes détachées. […] « Molière, après avoir lu l’original, trouva ridicule avec raison que la princesse, qui ne pouvait douter que le prince n’aimât sa cousine, s’offrît elle-même à lui, en le choisissant pour époux. […] « Depuis que les modernes ont jugé, avec raison, que les dénouements en action réussissent beaucoup mieux que s’ils étaient en récit, comme ceux des anciens, il n’y a jamais eu, sur aucun théâtre de l’Europe, un dénouement aussi bien imaginé que celui-ci.
Il a raison. […] Il a raison. […] Il a raison.
C’est aussi l’attitude de Lélie vis-à-vis de Mascarille, et, si l’on peut comparer à l’acte IV, scène 1 de l’Étourdi l’acte II, scène 1 de l’Emilia, à plus forte raison en doit-on rapprocher l’acte III, scène 2 du Parasite : LISANDRE Cher ami, je ne sais, je suis tout interdit, Le cœur me bat au sein, je tremble, je frissonne. […] S’il est ainsi, vous perdrez la raison ; A l’heure qu’il faudra jaser comme un oison, Vous deviendrez muet, et peut-être Manille Prendra quelque soupçon que vous aimez sa fille ; Que de son fils absent vous empruntez le nom, Et venez comme en masque apporter un momon ; Rengainez votre amour, cachez sa violence, Et vous souvenez bien des choses d’importance ; Il faut de la mémoire à qui sait bien mentir, N’oubliez pas les noms de Jaffe ni de Tyr, Vous citerez encore d’autres lieux de Syrie Pour vous conduire enfin jusqu’en Alexandrie, Où vous avez trouvé ce marchand Marseillais Qui vous a reconnu pour chrétien, pour Français, Pour natif de sa ville, et d’honnête famille, Et vous a racheté. […] Mais cette date n’est appuyée par aucun témoignage authentique, tandis que La Grange, dans son Registre, a positivement daté la pièce de 1655 et que Despois a confirmé cette indication par les raisons les plus sérieuses5.
Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde. […] Vous goûtez, vous admirez, vous aimez Molière, et vous avez bien raison. […] C’est une construction a priori de sa raison intrépide, méprisant les faits, sacrifiant, à la façon allemande, aux superbes nécessités d’un système, de misérables accidents sans logique et sans signification, et quelques petits poètes, tels que Sophocle, Virgile, Racine, Goethe, vraiment trop superflus dans l’histoire littéraire.
Madame Dandin méprise, comme de raison, son mari, & lui joue quantité de tours très sanglants. […] Elle lui demanda souvent quel étoit le sujet de sa jalousie : mais elle n’eut pour réponse que les mauvaises raisons qu’on a coutume d’alléguer en pareil cas. […] Les voisins, entendant ce tintamarre, sortent aux fenêtres, & demandent la raison d’un si grand bruit. […] La pauvre créature pleuroit avec raison de tout son cœur : & quoiqu’elle dit de temps-en-temps, hélas !
Il va consulter le Docteur sur les moyens de la mettre à la raison. […] Despréaux m’a dit, (c’est M. de Monchenay qui parle) que lisant à Moliere sa Satyre, qui commence par : D’où vient, cher le Vayer que l’homme le moins sage Croit toujours seul avoir la raison en partage, Et qu’il n’est point de fou qui pour bonnes raisons Ne loge son voisin aux petites-Maisons. […] Despréaux ; Moliere se tournant du côté du Satyrique, lui dit : Qu’est-ce que la raison avec un filet de voix contre une gueule comme cela ?
Il n’entend pas raison, entre nous, sur ce point. […] Je le traitois d’abord comme un enfant ; & cet empire de ma raison sur la sienne ne laissoit pas d’être flatteur à mon âge ; mais c’étoit à qui me l’enleveroit. […] J’en fus étonnée, dit la Marquise ; mais plus je sentois qu’il avoit raison, plus je tâchois de lui persuader qu’il avoit tort. […] Il a quelque raison. […] On a bien raison de dire qu’un ouvrage n’est pas encore achevé quand il est entre les mains de l’imprimeur.
Ici le grotesque de la fiction ne surpasse guère le grotesque de la réalité, et l’on a pu dire avec raison de cette parodie que tout y est vrai, jusqu’aux violons. […] Dicat mihi un peu dominus prætendens Raison a priori et evidens, Cur rhubarba et le séné Per nos semper est ordonné Ad purgandum utramque bile ? […] A docto doctore mihi, qui sum prætendens, Domandatur raison a priori et evidens Cur rhubarba et le séné Per nos semper est ordonné Ad purgandum utramque bile, Et quod ero valde habile : Respondeo vobis, Quia est in illis Virtus purgativa, Cujus est natura Istas duas biles evacuare.
Le bon prélat donna audience aux comédiens, discuta leurs raisons, et, finalement, les autorisa à continuer leurs jeux dans son diocèse, à la condition de déposer entre ses mains le canevas des pièces qu’ils voudraient représenter. […] Thomassin (Tommaso-Antonio Vicentini), le fameux Trivelin du dix-huitième siècle, lorsque, valet de Don Juan, son maître l’obligeait à faire raison à la statue du commandeur, faisait la culbute, le verre plein à la main et retombait sur ses pieds sans avoir répandu une goutte de vin. […] La distinction de l’auteur et du déclamateur est un procédé imparfait, qui n’a d’autre raison d’exister que l’insuffisance de la nature humaine.
Non, je soutiens que cela conclut mal ; Ces raisons sont raisons d’extravagantes têtes. […] Arnolphe répond avec raison, Vous pourriez vous passer d’exemples de la sorte. […] de Voltaire a très grande raison : mais de tout temps & dans tous les pays, les Auteurs ont sacrifié l’honneur de leur art à quelque vengeance particuliere. […] Eh bien donc, sans autre raison, Je vous offre, dans ma maison, Une charge avec un asyle.
Shakespeare ne met pas un mauvais sujet sur la scène, sans l’enrichir généreusement de toutes les grâces de l’imagination poétique, de la raison solide et de l’esprit. […] Ce n’est pas non plus par un caprice sans raison que les tragiques français transportent volontiers leur théâtre en Chine, en Grèce, au Pérou. […] Ils ont la prétention de tout régler chez eux, autour d’eux, par leur volonté personnelle, leur courage, et la supériorité, d’une raison droite, loyale et magnanime. […] Mais aux yeux de la raison, cette inconséquence est le conséquent, le vrai lui-même. […] C’est au contraire la haute raison des événements, quoiqu’elle ne se manifeste pas encore comme Providence ayant conscience d’elle.
A plus forte raison devait-il bondir quand les « dévots » s’en prenaient moins au duel qu’aux duellistes. […] En outre, cette exclusion, et les raisons dont elle s’appuyait (en particulier l’impossibilité pour « une personne de communauté » de ne pas mettre ses supérieurs dans la confidence) atteignaient encore plus directement la Congrégation, si disciplinée, des Jésuites, et empêchaient ceux-ci d’entrer, au moins ostensiblement et en nombre, dans les Sociétés secrètes du Saint-Sacrement. […] Aussi bien faut-il chercher ailleurs que dans un envahissement des Jésuites et de leurs partisans la raison de ses mauvais rapports avec le Jansénisme, mauvais rapports antérieurs, du reste, à la grande bataille de 1650-1661 entre les Jésuites et les Jansénistes et aux décisions d’Innocent X (1653) contre les disciples de Saint-Cyran. […] Rapin, — dont on n’a ici nulle raison de suspecter le témoignage, — l’antipathie de la Compagnie du Saint-Sacrement qui provoqua, dans une certaine mesure, les verdicts de la Sorbonne et de Rome. […] Maurice Pellisson, 1907. p. 212 et suiv.), persuadé que la Compagnie du Saint-Sacrement est précisément et uniquement l’ennemi visé par Molière, a embrassé cette idée avec une ferveur d’adhésion puérile contre laquelle son traducteur proteste avec raison Introd., p. xii-xiv).
C’est le temps seulement, ce sont les progrès de la raison et du scepticisme, ce sont les besoins et les mensonges de la polémique qui ont fait de Tartuffe la satire définitive de l’Eglise et de la religion. […] Je suis tout disposé à croire que Molière, avec sa grande raison et sa pleine santé, l’esprit toujours ouvert sur l’excès en toute chose, apportait de l’indépendance, plus que de l’indépendance même, dans les questions religieuses ; mais il y a bien loin de là à en faire un homme de lutte et de propagande, un encyclopédiste de la veille. […] Ouvrons donc L’École des femmes, ouvrons-la simplement, franchement, sans parti pris, et demandons-nous qui a raison. […] Est-ce que je n’ai pas raison de vous dire qu’il n’y a pas moyen de s’entendre ? […] On a grandement raison, en l’étudiant, d’observer cette simplicité qu’il pratiquait lui-même, et qui est la bonne règle ; on fait bien de ne pas raffiner outre mesure, et hors de propos, sur les significations à longue portée et les prétentions quasi sibylliques que des philosophes échauffés attribuent à ses comédies.
Et lorsque nous parlons de ces prétendus beaux esprits qui brillent aux dépens de leur faiseur, nous disons avec raison, qu’ils ont fait leurs ouvrages avec leur teinturier. […] C’est par la même raison que son imitation triomphera de ces farces larmoyantes, de ces drames où tout est affecté, jusqu’à la façon dont on y éteint les bougies. […] Il projette d’épouser Marine, mais Timante lui doit ses gages, & ne le paiera pas s’il est déshérité, raison de plus pour engager le Chevalier à faire quelque trait de jeune homme un peu violent. […] Célio, favori du Roi, craint, avec juste raison, que les Ministres, jaloux de sa faveur, ne cherchent à lui nuire. […] Il a bien raison.
Il n’y a, dans aucune autre comédie, la moindre trace de christianisme ni même de religion naturelle ; et, bien qu’on puisse dire avec raison : Nunc non erat his locus 791, c’est peut-être encore un des motifs de la sévérité de Bossuet792. […] La morale naturelle est celle que chacun peut tirer de soi : morale de création divine comme nous-mêmes, qui existe essentiellement en nous tous, qui dit secrètement au cœur de chacun ce qui est bien ou mal ; lumière universelle, plus ou moins affaiblie çà et là, mais jamais éteinte ; dont les préceptes sont appuyés en chacun par le sentiment, par la raison morale, par l’opinion commune, par l’idée plus ou moins prochaine de Dieu : en un mot naturelle, c’est-à-dire fondée sur la nature que Dieu créateur nous a imposée formellement ; dont les règles immuables sont connues par l’observation de nous-mêmes ; dont la pratique est commandée par le sens moral et la conscience, et dont l’éternelle valeur, en dehors de toute révélation, est corroborée, chez les peuples chrétiens, par l’influence latente et générale du christianisme même sur les esprits qui lui sont en apparence rebelles. […] Enfin, après une réfutation minutieuse des vingt-six arguments par lesquels l’épicurisme essaie de prouver que l’âme est mortelle, réfutation qui n’occupe pas moins de vingt-sept colonnes in-folio, Gassendi ajoute que son but n’est pas d’apporter à la foi, qui n’en a pas besoin, le secours des lumières de la raison, mais de montrer à ceux qui ferment les yeux pour ne point voir cette lumière, et qui attribuent une haute sagesse aux adversaires de l’immortalité, qu’ils se jettent non-seulement en dehors de la foi, mais aussi en dehors de la saine raison. […] La raison a pour eux des bornes trop petites, En chaque caractère ils passent ses limites, Et la plus noble chose, ils la gâtent souvent Pour la vouloir outrer, et pousser trop avant.
« Cet illustre abbé, dit-il, ayant fait une pièce pour la défense de L’École des femmes, et l’ayant portée à l’auteur, celui-ci trouva des raisons pour ne la point jouer, encore qu’il avouât qu’elle était bonne. […] Tout l’artifice du poète consiste à transposer les rôles, c’est-à-dire à mettre l’ignorance et la sottise du côté des admirateurs de L’École des femmes, le jugement, l’esprit et le goût du côté de ses détracteurs ; et, comme de raison, c’est à ceux-ci que demeure tout l’avantage de la contestation. […] On a oublié depuis longtemps La Critique du Légataire, par Regnard ; La Critique du Philosophe marié, par Destouches ; Le Procès de la Femme juge et partie, par Montfleury ; on lira toujours avec plaisir La Critique de l’École des femmes, monument ingénieux d’une juste vengeance, image piquante et vraie d’une conversation où la raison et la folie, l’esprit et la sottise, l’instruction polie et le savoir pédantesque, semblent étaler à l’envie leurs grâces et leurs ridicules, et se faire mutuellement valoir par le contraste. […] Que de raisons pour plaire, pour amasser autour d’elle des flots d’adorateurs, pour désespérer Molière qui l’adorait, et dont cent fois elle mit à bout toute la philosophie ! […] Lorsque ensuite Molière retrancha la musique et la danse, en laissant subsister toutefois les moyens dont il s’était servi pour les amener, le défaut se montra seul, sans ce qui pouvait le faire excuser ; et l’on parut avoir raison contre l’ouvrage, quoiqu’on fût injuste envers l’auteur, lorsqu’on dit que la conduite en était irrégulière, et que les personnages y venaient presque tous au hasard.
Serait-elle raison sans cela ? […] n’ai-je pas bien raison de n’apprendre ni le grec ni le latin. […] Mlle de Vienne a grande raison de grossir sa voix d’une manière comique en disant ce vers. […] Prendre celui d’un homme qui expose avec chaleur des raisons qu’il croit évidentes. […] Ce manque de raison affaiblit tout ce qu’il dit contre son père.
Quelle pitoyable raison ! […] La raison qu’il nous donne pour nous persuader que Géronte ne reconnoîtra pas le valet de son fils, étoit valable autrefois ; celle de Brueys 43 & Palaprat ne peut qu’avoir été très mauvaise de tout temps, & le sera toujours.
Rire à la comédie, pleurer à la tragédie ; voilà le premier précepte établi par les anciens, par le goût & la raison, suivi par les bons Auteurs de tous les pays. […] Ces raisons sont d’autant plus dangereuses auprès des petits esprits, qu’elles paroissent convaincantes, & qu’elles le seroient en effet si les Auteurs ne prenoient grand soin de placer le contre-poison auprès de ce qu’on appelle le poison. […] Démocrite est amant, & il est maltraité : n’a-t-on pas droit de s’attendre à des scenes qui, en nous faisant voir les combats que l’amour & la raison se livrent dans l’ame d’un Philosophe, nous peindront une passion par ses beaux & ses mauvais côtés ? […] Votre Avocat, gagné de même, ne se trouvera pas lorsqu’on plaidera votre cause, ou dira des raisons qui ne feront que battre la campagne, & n’iront point au fait. […] « La raison est toute simple.
Crispin réfléchit sur les raisons qui ont pu déterminer le Sénat à nommer son maître Bourg-mestre. […] S’il se présente d’autres personnes qui veuillent me parler, tu leur diras qu’elles doivent prendre garde à ne point parler latin, parceque, pour certaines raisons, j’ai juré de ne point écouter cette langue. […] J’ai aussi fait un semblable serment pour la même raison.
L’attachante simplicité du drame français a remplacé la fatigante complication de l’imbroglio espagnol ; à de longues conversations où la subtilité s’unit à l’emphase, a été substitué un dialogue précis, simple et naturel ; des invraisemblances de caractère ou de situation ont disparu ; enfin, un dénouement, qui choque à la fois la raison et les convenances, habilement modifié, est devenu un dénouement nouveau, où sont ménagées toutes ces délicatesses de sentiment et toutes ces bienséances de mœurs qui embellissent la passion de l’amour. […] L’existence de cette traduction, qui a eu deux éditions, est une raison de plus de s’étonner que l’existence des deux fameuses scènes du Festin de Pierre ait été ignorée ou mise en doute jusqu’à nos jours. […] Quant à l’unité de lieu, règle beaucoup moins étroite, dont l’infraction s’est fait absoudre plus d’une fois par le succès, elle est violée presque aussi souvent qu’elle peut l’être, puisque la scène change d’acte en acte ; et Molière a peut-être voulu qu’il en fût ainsi dans une pièce qui, renonçant à contenter la raison, devait s’attacher d’autant plus à satisfaire l’imagination et les yeux : mais il a eu le soin de circonscrire ces nombreux déplacements dans un petit espace ; et l’action, commencée dans une ville maritime de la Sicile, borne ses excursions à la côte voisine ou à la campagne environnante. […] Dom Juan, accoutumé à traiter de chimères tout ce qui contrarie sa raison et ses sens, méprise d’abord, comme une illusion d’optique, une déception de sa vue, la merveille d’une statue mouvante.
Il avait de plus fortes raisons pour estimer peu la médecine et surtout pour s’en moquer. […] Si le vertueux Montausier eut l’air de croire qu’on l’honorait trop en le comparant à Alceste, on a vu plus tard un philosophe prétendre sérieusement que Molière, en créant ce personnage, avait voulu tourner la vertu en ridicule : accusation fausse et presque calomnieuse que tous les prestiges d’une éloquence sophistique n’ont pu soutenir contre les plus simples lumières de la raison. […] Tout consiste dans une action plaisante et même bouffonne, à laquelle les divers personnages concourent en raison seulement de leur situation respective, et presque sans aucune différence spécifique d’âge, d’humeur et de condition. […] On a des raisons de croire que l’auteur de ce ballet, Benserade, voyait déjà Molière d’un œil jaloux et malveillant ; mais, plus fin courtisan qu’habile poète, il crut devoir flatter, dans le rival qui lui faisait ombrage, l’homme qui savait amuser son maître et punir ses ennemis. […] Benserade avait bien quelque raison de redouter Molière.
Cet intermède nous semble meilleur comme logique, comique, ordre et musique, que celui qui lui a succédé, et voici les raisons que nous invoquerons en faveur de notre thèse; nous expliquerons en même temps les modifications qu’a dû subir la comédie et la forme que, selon nous, elle a pu avoir auparavant. […] Toujours est-il que c’était reconnaître la manière défectueuse dont se termine la comédie de Molière, après un long acte, qui n’a pas plus de raison pour finir que pour commencer. […] La musique des avocats doit être le reste d’un divertissement mieux enchaîné ; car à quel propos Molière, qui n’a pas. fait chanter ni danser les médecins consultants de la scène XIe, aurait-il (ait, sans avoir une raison préalable de mise en scène, chanter et danser deux avocats? […] Aucun valet n’est Italien dans les pièces qui ne se passent pas en Italie; souvent même dans celles dont la scène est à Naples ou en Sicile, le valet a un nom français, par exemple Scapin, ou turc : Hali. — Sbrigani fait seul exception : la raison ne viendrait-elle pas de ce qu’il était destiné à renouer connaissance avec un compatriote, et cela justifierait encore le Pursognacco, gentilhomme italien dans le canevas original. […] Tout eût été expliqué dans les épisodes qui semblent se présenter sans raison, et la pièce eût surtout gagné par sa fin, qui eût été faite avec la poursuite des apothicaires ; ces apothicaires sont la gaieté ; le rire disparaît quand il sont partis ; ils ne devraient donc point se montrer au premier acte, car ils tuent l’élément comique pour le reste de la soirée, et ils formeraient un finale brillant, croissant en gaieté, tandis que le troisième acte actuel s’éteint dans l’ennui d’un rire forcé et trop prolongé.
L’esprit de raison s’est introduit dans toutes les sciences, & la politesse dans toutes les conditions ». Mais dans combien d’occasions cet esprit de raison & cette politesse sont en défaut, même parmi les personnes qui en connoissent le mieux le prix & les avantages !
Ce que j’admire dans Amphitryon, c’est l’alliance de la fantaisie et de la raison. […] Les poètes de notre temps qui se disent amans de la fantaisie se croient volontiers obligés de témoigner pour la raison un dédain absolu.
C’est pourquoi, ajoûte l’Auteur, il seroit très-difficile dans une galanterie si confuse de dire qui en étoit le pere ; tout ce qu’on en sçait est que sa mere assûroit que dans son dereglement, si on en exceptoit Moliere, elle n’avoit jamais pu souffrir que des gens de qualité, & que pour cette raison sa fille étoit d’un sang fort noble ; c’est aussi la seule chose que la pauvre femme lui a toûjours recommandée, de ne s’abandonner qu’à des personnes d’élite. […] Cependant ce ne fut pas sans se faire une fort grande violence, que Moliere resolut de vivre avec elle dans cette indifference ; & si la raison lui faisoit regarder sa femme comme une personne, que sa conduite rendoit indigne des caresses d’un honnête homme, sa tendresse lui faisoit envisager la peine qu’il auroit de la voir sans se servir des privileges que donne le mariage. […] cN’admirez vous pas que tout ce que j’ai de raison, ne serve qu’à me faire connoître ma foiblesse sans en pouvoir triompher ?
Quelle que soit la corruption générale d’une grande nation, même d’une grande cour, il s’y trouve toujours quelques familles où se conserve l’honnêteté des mœurs, où la raison, le droit sens, la bienséance exercent leur légitime empire, où les bons principes sont héréditaires, comme certaines conformations : ici est d’ordinaire le privilège des familles nombreuses qui s’entretiennent, par les sympathies mutuelles de leurs membres, dans les traditions de vertus où elles sont nées. […] Telles étaient les raisons qui éloignaient de la cour la marquise de Rambouillet. […] Dans ces sociétés animées par la conversation des femmes, tous les intérêts se placent par la parole entre toutes les frivolités ; la raison la plus solide, l’imagination la plus active y apportent leurs tributs ; les aines les plus sensibles y versent leurs effusions ; les esprits les plus affinés y apportent leurs délicatesses : là, tous les sujets se prêtent aux conditions que la conversation impose ; les matières les plus abstraites s’y présentent sous des formes sensibles et animées, les plus compliquées avec simplicité, les plus graves et les plus sérieuses avec une certaine familiarité, les plus sèches et les plus froides avec aménité et douceur, les plus épineuses avec dextérité et finesse, toutes réduites à la plus simple expression, toutes riches de substance et surtout nettes de pédanterie et de doctrine.
D’autres raisons encore l’empêchaient d’accepter : il aimait le théâtre, il se sentait roi dans sa petite république, il se plaisait à faire des harangues. […] Il est vrai, ma raison me le dit chaque jour, Mais la raison... […] éclate contre le bon Sganarelle, par la raison que Molière jouait ce rôle, et que c’était lui, au théâtre, que ces Messieurs auraient voulu foudroyer du regard. […] « - Tu as raison,s’écrient les autres, ce monde-ci est indigne de philosophes comme nous. […] Mais ne cherchons point, pour le mieux, de raisons à cette passion, car [... ] la raison n’est pas ce qui règle l’amour.
Je n’ai pu me procurer la comédie italienne, parcequ’elle est fort rare, on en verra la raison dans l’article du Bourgeois Gentilhomme ; mais j’ai parlé à plusieurs acteurs qui la connoissent parfaitement, qui l’ont même représentée. […] Dans Moliere, Eraste remet Pourceaugnac entre les mains de deux véritables Médecins ; il ajoute par-là un comique infini, puisqu’on rit en même temps de l’embarras du Limousin, & de l’ignorante effronterie avec laquelle les deux Docteurs débitent des raisons pour lui prouver qu’il est malade.
Qu’avec peu de raison on se plaint d’un martyre Que suivent de si doux plaisirs ! […] Souffrons qu’en un parti la raison nous assemble. […] Aimons jusques au trépas, La raison nous y convie. […] Là est une des raisons de la colère de Bossuet, car il y a une sainte colère dans la phrase célèbre du chap.
Arlequin, comme de raison, n’en veut rien faire. […] La mouche tout d’un coup à la tête vous monte ; Et, sans considérer s’il a raison ou non, Votre esprit contre moi fait le petit démon. […] Le lendemain au matin le drapier le fit appeller, lui disant qu’ayant songé la nuit au voyage qu’il vouloit entreprendre, il ne trouvoit pas à propos de paroître à Chartres qu’il ne fût habillé de deuil ; qu’il lui falloit du temps pour cela, & partant, qu’il l’engageoit de retourner à Chartres retrouver sa belle-sœur avec un mot de lettre qu’il lui donneroit, dans laquelle il mit la raison qui l’obligeoit de retarder encore deux ou trois jours, au bout desquels il ne manqueroit pas de se rendre, la consolant le mieux qu’il lui fut possible de l’affliction qui lui étoit arrivée.
comptez-vous, pour rien, Monsieur, le droit de me parler comme vous faites, répondait Lekain. — Lekain avait raison ! tout comme les comédiennes ont raison d’être belles, pimpantes, et parées ! […] Tout se confond dans son rôle, dans sa pensée et dans sa raison. — Ô douleur ! […] c’est une raison de plus pour le mettre à la porte, répond la délicatesse française. […] Casimir Bonjour prend son bien où il le trouve, et il a, ma foi, raison.
L’avocat n’a pas à créer; il prend les faits dans son dossier; il les explique non pas, avec son imagination, mais avec sa raison et son expérience des affaires ; et quant au public, ignore-t-on que les portes de l’audience ne sont pas ouvertes pour que des esprits oisifs ou blasés viennent chercher le plaisir dans le scandale, l’intérêt dans l’aspect d’un malheureux ? […] Votre avocat, gagné de même, ne se trouvera pas lorsqu’on plaidera votre cause, ou dira des raisons qui ne feront que battre la campagne et n’iront point au fait.
Soulié n’était pas, du reste, indispensable pour qu’ils eussent raison. […] Un cavalier qui revient d’Espagne m’en apprit dernièrement la véritable raison. […] Molière leur donne raison par ses propres applaudissements. […] Pour la même raison, le prince de Condé devait désirer aussi qu’elle fût jouée devant lui. […] Il avait raison de ne plus espérer pour Tartuffe.