Lisette prie Pasquin de lui peindre le caractere de son maître, & dévoile en échange celui de sa maîtresse. […] Pasquin acheve de peindre son maître, & c’est au mieux. […] Mon maître d’un regard doit le mettre en déroute. […] Le laquais donne la lettre à Pasquin, qui copie son maître, & reçoit le laquais d’un air impertinent : celui-ci sort en se moquant de lui. […] Pasquin avoue qu’il a tort de copier son maître, il sent qu’un Glorieux est un sot animal.
Tu sais quelle amitié de tout temps fit paroître L’époux de ta maîtresse au pere de mon maître ; Qu’ils étoient grands amis, n’étant encore qu’enfants, Et qu’il y peut avoir déja près de huit ans Que ton maître, embarqué sur mer pour ses affaires, Fut pris, & chez les Turcs vendu par des corsaires. […] Il voit avec plaisir Mascarille dans les Précieuses ridicules, parceque son maître a fait naître l’envie de le connoître. […] Le Comte votre maître est froid & sérieux. […] J’ai oui dire que son jeune maître s’est marié, & je ne doute nullement que cet argent ne soit pour faire un présent à la nouvelle mariée. […] Pourquoi Géta ne le reprend-il pas quand son maître en a besoin ?
Le valet déguisé & le maître rodent autour de la maison pour trouver un instant favorable à leur dessein. […] Tandis que les deux rivaux sont sur le pré, le valet sert son maître auprès de Léonor, malgré Dona Maria, qui le croit là pour lui porter des nouvelles de Don Juan. […] Son maître en est en peine, quand le Jaloux, à qui la gouvernante a fait confidence du prétendu penchant que Don Juan a pour elle, vient le trouver, très enchanté de n’avoir plus en lui un rival, lui dit de mettre bas toute feinte, que sa belle lui a tout avoué, qu’il approuve sa tendresse, & qu’il va l’introduire auprès d’elle pour qu’ils puissent se parler tête à tête. […] Graces à une lumiere qui s’éteint, la gouvernante fait la conversation avec le valet qu’elle prend pour le maître : le Jaloux fait sentinelle à leur porte, & croit être bien sûr de son fait, parcequ’il entend la voix d’un homme qu’il prend toujours pour Don Juan ; mais celui-ci profite de ce temps-là pour enlever sa maîtresse.
Henri veut déterminer son maître à se marier avec la fille qu’on lui destine. […] Mon maître ne m’a jamais pu dire autre chose, sinon : Va-t’en trouver mon pere, & lui dis... […] on ne sauroit croire de combien je passe mon maître en sagesse. […] Je ne suis pas maître de moi. […] Mon maître est honnête homme & ennemi des procès.
J’ai déja critiqué les scenes dans lesquelles les valets parodient leurs maîtres, parcequ’indépendamment de la langueur qu’elles jettent dans l’action, en offrant deux fois la même situation, un de leurs grands défauts est de pécher contre les regles de la gradation. […] Son valet, jaloux de tâter d’une bonne fortune, prend un habit de son maître, se rend au lieu assigné, & se laisse conduire en Colin Maillard chez la dame, qui est Lucinde. […] Ces deux scenes sont parodiées l’une de l’autre, elles offrent à-peu-près la même situation ; mais celle du valet, précédant celle du maître, la fait desirer avec plus d’impatience, & redouble l’intérêt par le desir : aussi plaît-elle. […] Pasquin se met à la toilette & copie son maître. […] Valere quitte Paris pour aller recueillir sa succession, termine ses affaires, est prêt à revenir dans la capitale, quand son valet Crispin, & Lisette, suivante de la veuve, qui sont amoureux l’un de l’autre, forment le dessein d’unir leurs maîtres.
Polilla demande à son maître pourquoi il a nié sa tendresse ; Carlos lui répond que, pour vaincre la fierté de son inhumaine, il veut prendre une route opposée à celle des deux Princes. […] Son maître lui dit que si on lui fait quelque avance, il ne pourra s’empêcher de céder. […] Polilla félicite son maître, que tout sert, jusqu’à la conduite de ses rivaux. […] Il lui fait entendre, avec beaucoup d’adresse & sous le sceau du secret, que son maître doit épouser Silvia. […] A peine est-elle entrée chez Lélio, que Scapin, qui l’a introduite, prie tout bas son maître de lui donner quelques coups de bâton.
C’étaient les Trois docteurs rivaux et le Maître d’école. […] Or, cette farce du Maître d’école, aujourd’hui disparue, composée à peu près à la même époque que le Médecin volant, la Jalousie du Barbouillé, les Docteurs rivaux, le Testament, le Docteur amoureux, existait encore au siècle dernier dans le cabinet de M. de Bombarde (voir la Valise de Molière, de M. […] Ne serait-ce pas un fragment du Maître d’école que nous avons trouvé dans le Carnaval, et que nous transcrivons plus loin ? Si cela était (comme nous le croyons probable) , il faudrait en conclure que, parmi les premières œuvres de Molière, la farce du Maître d’école eut assez de réputation pour que Lully s’en souvint quand il composa, de pièces et de morceaux, son Carnaval-Mascarade. […] Viva (bis) Barbacola (bis) Le maître et les écoliers dansent ensemble, puis on reprend les deux derniers vers, l’air de danse et le maître et les écoliers s’en vont tous ensemble en dansant.»
Il était le maître de son théâtre. […] En ce moment déjà, il comprenait qu’il serait le maître absolu des esprits et des intelligences de son temps. […] La pauvre fille est esclave, son maître l’a mise à prix. […] Dubois annonce son maître, son maître arrive. […] Et en ceci les sujets ont très volontiers obéi à leurs maîtres.
Crispin, voulant que son maître soit Légataire universel, paroît sous le nom du neveu, & fait des impertinences qui changent les résolutions de l’oncle : content de son succès, il paroît sous l’habit de la niece pour la faire aussi déshériter : il joue d’abord le personnage d’une veuve fort douce, fort honnête. […] Moliere a encore connu tout le prix du sérieux déplacé, & s’en est servi en grand maître, témoin la scene dans laquelle Arnolphe annonce à Agnès qu’il va l’épouser. […] Bien qu’on soit deux moitiés de la société, Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité ; L’une est moitié suprême, & l’autre subalterne ; L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ; Et ce que le soldat, dans son devoir instruit, Montre d’obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son pere, A son supérieur le moindre petit frere, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance, & de l’humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur & son maître. […] On veut à mon honneur jouer d’un mauvais tour : Et quel affront pour vous, mes enfants, pourroit-ce être, Si l’on avoit ôté l’honneur à votre maître !
Ses pratiques, je crois, ne vous sont pas nouvelles : Bien souvent pour la Terre il néglige les Cieux ; Et vous n’ignorez pas que ce Maître des Dieux Aime à s’humaniser pour des beautés mortelles. […] Heureux, si, en touchant aux beautés délicates de son maître, il n’y eût point imprimé la main de l’écolier ! […] Je me vois dans l’estime, autant qu’on y puisse être ; Fort aimé du beau sexe, & bien auprès du maître. […] Passe encore pour mon maître, il a quelque droit de me battre ; mais, pour ce Monsieur l’Intendant, je m’en vengerai si je puis. […] Je m’érige aux repas en maître architriclin, Je suis le chansonnier & l’ame du festin.
Arlequin exhorte son maître à ne point partir sans le Barbier. […] Ce dernier leur fait en vain des signes de la fenêtre, ils soutiennent toujours que le Cadi fait assassiner leur maître. […] Crispin accourt pour savoir si Damis son maître a fléchi Cidalise. […] Il part avec son maître. […] Et la mienne saura te faire voir ton maître.
Sosie vient du port pour annoncer l’arrivée d’Amphitrion son maître : il a peur. […] Sosie dit qu’à moins que la coupe ne soit double, ainsi que lui & son maître, elle est certainement dans le petit panier. […] Sosie se jette du parti de Jupiter, & soutient que son maître est un faux Amphitrion. […] Sosie craint pour son front le déshonneur qui couvre celui de son maître, & veut apprendre de la bouche de Cléanthis ce qui s’est passé. […] Non, je suis le valet, & vous êtes le maître : Il n’en sera, Monsieur, que ce que vous voudrez.
La scène italienne est bouffonne, puisqu’Arlequin confie même à son cheval les secrets de son maître ; la française est du meilleur comique. […] J’ai vu un moderne Jodelet compter assez sur la patience de son maître et du spectateur pour quitter successivement une douzaine de gilets. […] Le maître ne craint-il point que le pantin ne fasse tort à l’amant ? […] pour donner le loisir à son maître de dévorer une seconde fois la main de son amante, et de provoquer de nouveaux applaudissements. […] Le jeune homme profite des leçons de son maître, cherche fortune, plaît à une belle, et cette belle est la femme du docteur.
Une fois Molière en selle, il fut le maître du grison, et il ne s’avisa pas de s’écrier : Holà ! […] Mon maître, a perdu tant d’honnêtes femmes que je puis bien avoir une inclination ! Mon maître, dit-il encore, a commandé tant de manteaux brodés à M. […] La table de mon maître est surchargée de vins et de viandes, pourquoi ne pas m’enivrer un peu ? […] En effet, le maître et le valet se disputent sur la question : Être ou n’être pas !
Scapin, qui a entendu les conventions que l’étudiant vient de faire avec Mezzetin, feint d’être brouillé avec Fulvio son maître qui l’a battu ; il entre au service de Cintio, qui l’envoie demander l’argent à Beltrame, et qui lui confie l’anneau à la vue duquel on lui délivrera Celia. Scapin s’empresse d’exécuter ces ordres, mais au profit de son véritable maître. […] ACTE CINQUIÈME Scapin se fait un point d’honneur de triompher des sottises de son maître. […] Les écoliers devenaient les maîtres.
Il rend un compte fidele à son maître, & lui conserve par-là non seulement la faveur du Prince, mais la vie. […] Tiens, déja dans l’hôtellerie où tu m’as mis en attendant que ton maître me prenne, j’ai voulu faire le muet pour m’exercer ; je m’y attrape à tous moments. […] Je te disois hier que ton maître te laisseroit seul au logis : il faudra qu’à son retour tu lui fasses entendre par signes quels gens l’auront demandé : comprends-tu ? […] En voilà assez pour le coup ; retire-toi, je ne veux point que mon maître te voie encore. […] Son maître lui montre à contrefaire les personnes de tous les états, à demander tout ce qui lui fera plaisir ; ce qui fournit quantité de lazzis bien plus plaisants que ceux de la piece françoise.
Ce bon Père lui envoya ensuite le Maître chez qui il l’avait mis en pension pendant les premières années de ses Études, espérant que par l’autorité que ce Maître avait eue sur lui pendant ces temps-là, il pourrait le ramener à son devoir ; mais bien loin que le Maître lui persuadât de quitter la Profession de Comédien, le jeune Molière lui persuada d’embrasser la même Profession, et d’être le Docteur de leur Comédie, lui ayant représente que le peu de Latin qu’il savait le rendrait capable d’en bien faire le Personnage, et que la vie qu’ils mèneraient, serait bien plus agréable que celle d’un Homme qui tient des Pensionnaires.
Depuis longtemps déjà, elle vit dans cette maison où Tartuffe, gueux et déguenillé, s’introduisit un jour, revenant de l’église en compagnie du maître. […] Et Dorine qui a vu Elmire souffrir, Tartuffe manger, dormir et boire, s’étonne et s’indigne de trouver son maître si indifférent à l’égard de sa femme. […] Maintenant, consciente du péril, elle s’efforcera de son mieux d’ouvrir les yeux à son maître. […] Votre devoir de père, de mère, de tuteur, de fille, d’épouse, d’ami, de serviteur, de maître, de sujet. […] Le pauvre Sganarelle est loin d’être admirable, mais il avait un fort méchant maître et s’est efforcé de faire quelque bien ; il lui sera beaucoup pardonné.
Valere & Lucas viennent seconder ses desirs : ils cherchent un Médecin pour guérir Lucinde, fille de leur maître, qui est devenue muette. […] Il amuse le pere pendant ce temps là ; mais Lucas avertit son maître que sa fille s’enfuit avec Léandre déguisé en apothicaire, & que le Médecin a conduit toute l’intrigue. […] Arlequin la cherche long-temps, & la trouve enfin attachée à sa ceinture derriere son dos : il la fait baiser à son maître, en lui disant qu’elle sort de chez le parfumeur. […] Il ne pouvoit pas mettre sur la scene un homme rossant sa femme, dans l’idée que ses larmes écarteroient les soupirants ; une pareille scene auroit paru absurde dans un temps où une épouse affligée trouve tant de consolateurs : aussi a-t-il substitué à ce mari mal-adroit, un époux qui veut être le maître chez lui, qui s’impatiente des criailleries de sa femme, & la bat.
Je vois tous les soirs votre gros cousin (Louvois)90, qui me dit quelque chose de son maître, et puis il s’en va ; car je ne voudrais pas causer longtemps avec lui91. Ce maître vient quelquefois chez moi, malgré moi, et s’en retourne désespéré, jamais rebuté. […] Sa piété est douce, gaie, point fastueuse ; mais il veut une vie chrétienne et active ; c’est un homme admirable ; je vous l’enverrai, si vous souhaitez, à vous et à Guébriant, Il commence pars emparer des passions, il s’en rend maître, et il y substitue des mouvements contraires, il m’a ordonné de me rendre ennuyeuse en compagnie, pour modifier la passion qu’il a aperçue en moi, de plaire par mon esprit. […] Le maître du gros cousin est évidemment Louis XIV.
l’esclave et le maître du monde ! le loustic et le maître de la république ! […] Dazincourt était le confident, mais non pas l’ami intime de son maître. […] Le comédien est le maître du monde ! […] Le peuple de Paris le trouvait un maître quelque peu dur.
Des Pieces intriguées par les Maîtres. Nous avons des comédies dans lesquelles les maîtres imaginent quelques ressorts, &, de dessein prémédité, les font agir eux-mêmes ; mais nous en voyons peu dans lesquelles ils prennent sur eux de les combiner tous, de les faire tous mouvoir, de faire enfin marcher toute la machine. […] Thomas Corneille est de tous les Auteurs celui qui a fait imaginer par des maîtres l’intrigue la plus fine, la plus agréable ; mais cette même intrigue, toute fine, toute agréable qu’elle est, nous prouvera que les ressorts imaginés par des personnages distingués ne peuvent pas conduire la machine bien loin, avec ce ton, cette décence, ces égards quelquefois ridicules, que les gens du monde exigent aujourd’hui, & ne sauroient suffire à une grande piece. […] Barthe : cette piece en est digne à tous égards, puisque l’Auteur est, de nos jeunes Comiques, celui qui fait voir un talent plus décidé ; puisque son ouvrage est resté au théâtre, qu’il a eu le plus grand succès & qu’il le mérite ; puisqu’on y voit des scenes que les maîtres de l’art ne désavoueroient pas ; puisqu’enfin l’Auteur vise à la gloire de faire regner dans ses pieces le ton de la bonne compagnie. […] Ce n’est pas, je le répete, que le grand monde n’ait ses intrigues : ses héros, sans parler de ceux qui déshonorent leur rang, s’ingénient continuellement, les uns pour supplanter un rival en faveur auprès du maître, les autres pour se souffler des amants ou des maîtresses ; ceux-ci pour se mystifier, ceux-là pour se faire des noirceurs atroces.
Arlequin, valet de Lélio, est désespéré que son maître ne seconde pas une méprise d’autant plus favorable qu’ils manquent d’argent : il fait croire à Cassandre qu’une maladie a totalement fait perdre la mémoire à son fils. […] Tu veux donc absolument que la concubine de notre maître soit dans cette maison-là ? […] Cette femme qui sort de cette maison-là, est-ce Philocomasie la Courtisanne de mon Maître, ou ne l’est-ce pas ? […] Vous voulez, Philocomasie, qu’on vous appelle d’un autre nom que le vôtre ; la bienséance ne le permet pas : d’ailleurs, c’est faire affront à mon maître. […] je fais un affront à ton maître ?
Je suis, pour vous servir, Gentilhomme Auvergnac, Docteur dans tous les jeux, & maître de trictrac. […] Un maître de trictrac ! […] Maître juré filou, sortez de la maison. […] Mon maître aime la pauvreté. […] Dans le temps où les drames n’avoient pour but & pour sujet que la gloire de Bacchus, Phrinicus, disciple de Thesphis, & quelques autres, à l’exemple de leur maître, insérerent dans leurs pieces des vers qui n’étoient point à la louange de Bacchus.
Pasquin part pour rejoindre son maître : Madame Lisban ordonne qu’on la fasse avertir dès qu’il arrivera. […] Dorilas aura bien la complaisance de faire pour moi ce qu’il fait pour mon maître . . . […] (Faisant comme son maître. […] Si mon maître ne croyoit avoir tant d’esprit . . . . […] Il vole son maître qui s’en apperçoit & ne le chasse point.
Mogicon, qui connoît les mœurs corrompues de son maître, craint quelque sottise de sa part. […] Son ancien maître lui a commandé de lui ouvrir la porte de la rue pendant la nuit. […] je t’ai donné un Maître à danser ? […] Cependant l’Olive s’insinue auprès de Lisette, ils ménagent un entretien à leurs maîtres. […] Hé bian, revenez-y ; ce sont vos affaires : vous êtes le maître.
Maître, parlez de manière à être compris… BARRA. […] Quant à toi, maître, compte les coups un à un, à haute voix, qu’on t’entende ; et garde-toi bien de commettre, une erreur dans le compte, car il faudrait recommencer. […] Prenez, puisqu’il vous les donne, et en outre ce manteau pour le restituer à son pauvre maître. […] L’Affamato voudrait bien changer de maître ; mais chacun redoute la prodigieuse capacité de son abdomen.
Raimon, maître de physique du Prince, fut piqué de son injustice. […] Il eut l’art de s’introduire chez la dame, sans savoir qu’elle étoit l’épouse de son maître : il eut l’art de lui plaire : il eut l’art enfin de pousser l’aventure bien loin. […] Le jour suivant, ainsi que Nérin se promenoit par la place, par fortune, Maître Raimon vint à passer, & Nérin lui fit signe qu’il vouloit un peu lui parler ; & s’étant approché de lui : « Mon Maître, dit-il, il y a bien des nouvelles. […] Est-il naturel que le Prince ne sût pas où logeoit son maître de physique, & que, le sachant, il n’eût pas reconnu sa maison ? […] Le Maître en Droit est peut-être plus plaisant qu’Arnolphe, en ce qu’il dicte lui-même à son rival le moyen dont il doit se servir pour séduire les Romaines, & qu’il l’avertit d’aller au but dès qu’il aura obtenu le premier rendez-vous.
Molière, qui avait alors trente-six ans, et qui était devenu un maître à son tour, en était le directeur. […] Zucca, qui est un poltron, dit à son maître qu’il lui arrivera malheur d’aller ainsi toutes les nuits chez Virginia. […] Ramené par les questions de Flaminio, il fait le détail de tout ce qui se passe entre son maître et Virginia, puis il est battu. […] Les deux valets se plaignent de servir des maîtres extravagants. […] Pandolfo menace le maître et le valet, et va chercher des armes.
Pourquoi les Maîtres de l’art ont-ils admis plus volontiers les oppositions que les contrastes entre les premiers personnages d’une piece ? […] Lorsque je trouve dans une comédie deux caracteres également renforcés & parfaitement contrastants, je crois voir deux maîtres d’armes l’épée à la main : les coups qu’ils se portent mutuellement sont tous dangereux : quelquefois ils se tuent tous deux, ou bien celui qui triomphe n’a ce triste avantage qu’après avoir été considérablement affoibli par son adversaire. Mais dans une piece où les principaux personnages ne sont qu’en opposition, je crois considérer avec la plus grande satisfaction un maître d’escrime qui fait assaut avec le plus leste, le plus délié, le plus adroit de ses éleves. […] Cependant je ne l’aurois pas risquée si Boileau n’eût déja comparé Moliere à un maître d’escrime. […] Rare & fameux esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail & la peine ; Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts, Et qui sais à quel coin se marquent les bons vers : Dans les combats d’esprit savant maître d’escrime, Enseigne-moi, Moliere, où tu trouves la rime.
En voici le sujet en quelques mots : Chrisoforo (Epidicus de Plaute), valet de Polipo (Strattippoclès), jeune soldat, fils d’un père opulent, a été chargé par son maître, qui est allé au siège de Nicosie, en l’île de Chypre, d’acquérir par tous moyens Flavia, esclave d’un marchand d’esclaves nommé Arpago. […] Chrisoforo sait que le père de son jeune maître, le vieillard Polidoro, maintenant veuf de son épouse légitime, a toujours une première femme et une fille qu’il a laissées autrefois à Nicosie, et que cette fille, nommée Emilia, doit bien avoir à présent une vingtaine d’années. Le valet n’imagine rien de mieux, pour exécuter l’ordre de son maître que de faire passer Flavia pour cette Emilia, et d’arracher au père qui n’a jamais vu sa fille l’argent nécessaire à la rançon de l’esclave. […] On peut comparer ce canevas avec Crispin rival de son maître, de Le Sage. […] Mezzetin, pour le toucher, lui offrit le tiers de la récompense qu’il recevrait de son maître, et passa au moyen de cette promesse.
Scapin, fripon valet d’un maître aussi fripon ! […] Par son talent et par son orgueil impérieux, il s’en était rendu le maître. […] Il y a des scènes, des tirades, des expressions qui ont été traitées de main de maître. […] Alberdingk Thym est trop maître de la versification hollandaise, pour y rencontrer des obstacles. […] Cette dame l’avait loué à un maître paumier, avec lequel a dû traiter J.
Aussitôt ce valet le prend par le haut, et en dépouillant la jambe de son maître, met ce bas à l’endroit : mais comptant ce changement pour rien, il enfonce son bras dedans, le retourne pour chercher l’endroit, et l’envers revenu dessus, il rechausse Molière. […] Le stupide domestique qui le vit avec surprise, reprend le bas, et fait le même exercice que la première fois ; et s’imaginant avoir réparé son peu d’intelligence, et avoir donné sûrement à ce bas le sens où il devait être, le sens où il devait être, il chausse son maître avec confiance : mais ce maudit envers se trouvant toujours dessus, la patience échappe à Molière.
Ce n’est que fort longtemps après qu’il dit à son maître, Les gens que vous tuez se portent assez bien. […] Dans le Dépit Amoureux de Moliere, Mascarille, valet de Valere, déclare à Polidore, pere de son maître, le mariage secret qu’a fait son fils. […] Toutes les surprises de Moliere annoncent le grand maître, témoin celles-ci dans le Tartufe. […] Il sait encore que George Dandin a envoyé Colin chez M. de Sotenville, & il peut se douter que le maître paroîtra au lieu du valet.
Plus vous étudierez les maîtres et les disciples venus après eux, — pater et juvenes patre digni , et plus vous trouverez qu’ils obéissent au même art poétique, où il est enseigné que la poésie est une imitation des actions, des paroles et des mœurs de nos semblables ; que cette imitation, pour être exacte et fidèle doit être conforme aux mœurs et aux usages des temps dont on parle, et que c’est justement dans la juste expression des caractères que les poètes font paraître cet art de l’imitation qui est un art si charmant, lorsqu’il est fidèle et complet ; même le mensonge est agréable s’il a les apparences de la vérité. […] Les anciens, nos maîtres en toutes choses, étaient des enfants, comparés à ce M. […] Revenons au maître, à Molière, et pardonnez-moi ces dissertations par lesquelles je tâche de réunir les diverses parties de ce travail que je voudrais rendre utiles aux écrivains à venir, afin de compenser le peu de renommée que j’en espère pour moi-même. […] Vous étudiez avec anxiété son geste, son sourire, l’inflexion de sa voix ; puis, à certains moments inespérés, vous vous retournez avec un murmure approbateur, et vous dites à votre ami : — Comme elle ressemble à son maître, mademoiselle Mars ! […] Vous lui faites jouer cette niaise comédie dans laquelle toutes choses sont bouleversées, où le valet devient le maître, où le maître devient le valet, pendant que de leur côté Marton et sa maîtresse changent également de robe, d’allure, de langage et d’amours.
Il fallut du temps au maître pour passer les Pyrénées. […] Nous nous amusâmes, Larroumet et moi, à chercher les pièces où avait été exploitée cette situation d’un valet se déguisant en maître ou même d’un maître empruntant les habits d’un valet. […] Car c’est un des meilleurs ouvrages de ce maître du rire contemporain. […] Il y a des scènes qu’il a jouées à ravir, et notamment celle du maître à danser, où Truffier (le maître de danse), a été lui aussi d’un sérieux merveilleusement drôle. […] On y trouve pourtant encore de ces traits qui enlèvent, et l’on sent la main du maître.
Enfin, Octave s’est rendu maître de son ennemi : il l’a fait attacher à un bûcher, il ordonne qu’on y mette le feu ; mais dans l’instant même Arlequin dit au tyran qu’il est las d’essuyer ses ironies 2. […] Son maître est retenu par l’amour auprès d’une maîtresse qu’il adore ; pendant ce temps là son régiment est commandé pour aller à l’ennemi ; il apprend cette nouvelle, craint avec juste raison d’être déshonoré, & veut se tuer : Arlequin le transporte en un clin d’œil au milieu du camp, où l’on murmuroit déja de son absence. […] Après quelques autres traits moins merveilleux, Arlequin abat d’un coup de baguette une tour dans laquelle son maître est prisonnier, & lui fait prendre la forme d’une colline agréable, d’où descendent des Sauvages pour le défendre contre ses ennemis, & des danseurs pour l’amuser.
Molière devait à Gassendi le point de départ de cette morale, car de la métaphysique de son maître il prit rien ou peu de chose. […] La Forest, la vieille La Forest, est presque aussi populaire que son maître, grâce à deux anecdotes, venant l’une de Boileau, l’autre de Grimarest. […] Un jour que Provençal chaussait obstinément son maître à l’envers, il recevait un coup de pied qui l’étendait par terre ; ce maître « étoit l’homme du monde qui se fesoit le plus servir ; il falloit l’habiller comme un grand seigneur, et il n’auroit pas arrangé les plis de sa cravate ; il étoit incommode par son exactitude et par son arrangement ; il n’y avoit personne, quelque attention qu’il eût, qui y pût répondre : une fenêtre ouverte ou fermée un moment devant qu’il l’eût ordonné le mettoit en convulsion ; il étoit petit dans ces occasions. […] Confirmant ce que dit Chappuzeau, que « les comédiens ne peuvent souffrir entre eux la monarchie, qu’ils ne veulent point de maître particulier et que l’ombre seule leur en fait peur, » tous ses membres se récrient comme un seul homme lorsque Molière exprime la prétention d’être obéi : Le maître ! […] Molière y était passé maître.
Si, dans une piece à caractere, il est nécessaire que depuis l’exposition jusqu’à l’arrivée du héros, tout le peigne, tout nous parle de lui ; par une suite de cette regle dictée par la raison, & autorisée par l’exemple des meilleurs maîtres, il est clair qu’une piece à caractere est défectueuse, si, après qu’on nous a fait le portrait du premier personnage, après qu’il a paru lui-même à nos yeux, nous ne voyons pas toute l’action rouler par lui, sur lui, ou pour lui ; c’est-à-dire, s’il n’est pas la cause directe ou indirecte de tout ce qui se passe sur la scene ; si tout ne part pas de lui, ou ne rejaillit pas sur lui ; si enfin la scene est un seul moment sans qu’il y soit question de lui. […] c’est le coup de maître. […] Maître Jacques rapporte à son maître ce qu’on dit de lui & de son avarice dans le quartier. […] Il se console aisément des coups que lui a donné son maître ; mais ceux de l’Intendant le piquent au vif. […] La Fleche a volé le trésor de l’Avare : il traverse le théâtre avec sa proie, avertit son maître de sa bonne fortune, & tous deux prennent la fuite entendant les cris d’Harpagon.
Arlequin fait observer que son maître a bien la mine de vouloir esquiver l’affaire. […] Arlequin interrompt son maître pour lui dire que Vittoria l’attend près de là, dans la boutique d’un orfèvre. Lesbino, désespéré, cherche à persuader à Arlequin qu’il doit le tuer, lui Lesbino, parce qu’il a formé le dessein d’assassiner son maître. […] Arlequin dit à Oratio qu’Isabelle et Flaminia ont enlevé un page de son maître, et qu’elles retiennent ce page chez elles.
Les choses étant ainsi, Molière put croire que ce serait un coup de maître de faire maltraiter les mauvais auteurs par Montausier sous le nom d’Alceste, de la même manière que Boileau et lui en usaient dans leurs ouvrages, c’est-à-dire de le montrer faisant la guerre au mauvais goût sans la faire aux personnes. C’était en effet un coup de maître pour Molière, de représenter Montausier, ce censeur énergique, sous les couleurs les plus nobles, et d’opposer son caractère même aux prétentions de bel esprit sans esprit, et le poète sans talent ; de le montrer intraitable pour un mauvais ouvrage, quelque honnête, quelque estimable que fut l’auteur, en respectant en lui l’homme de bien et de mérite ; précisément comme Racine et Boileau prétendaient en user avec Chapelain, Cottin et leurs semblables.
Mais l’art du poète qui traduit un fourbe sur la scène, consiste à lui tendre des pièges que ne puisse soupçonner toute sa défiance, ou que ne puisse éviter toute son adresse ; surtout à soulever contre lui ceux de ses vices dont il est le moins maître, afin que, dans le combat de ses passions et de son intérêt, son masque tombe ou se dérange. […] Plaisant moyen d’honorer le maître des dieux et des hommes, que de le représenter abusant de son pouvoir suprême pour tromper une femme et déshonorer son mari ! […] Que le valet, double comme le maître, soit comme lui marié, et l’intrigue en deviendra doublement divertissante. […] Enfin, si le valet échappe au sort dont son maître est la victime, la suivante devient tellement furieuse qu’elle menace de faire volontairement ce que sa maîtresse a fait sans le vouloir ni le savoir cette complication d’intérêts et de sentiments, ce jeu d’oppositions et de rapports qui anime si plaisamment la scène, est entièrement dû au personnage de Cléanthis. […] Ensuite une servante y fait autant de bruit, À son maudit caquet donne libre carrière, Réprimande son maître, et lui rompt en visière, L’étourdit, l’interrompt, parle sans se lasser ; Un bon coup suffirait, pour la faire cesser, Mais on s’aperçoit bien que son maître, par feinte, Attend, pour la frapper, qu’elle soit hors d’atteinte.
Des maîtres dans l’art d’écrire, nous passons aux badigeonneurs du carrefour ! […] Ésope était esclave, on n’a jamais su le nom de son maître ! […] Comment s’est-il évanoui, et dans quel nuage sanglant, ce type souriant du courtisan éternel, esclave à tout faire et cependant maître absolu de son front, de son regard, de son visage ; infatigable, impénétrable, habile ? […] disait-elle, homme heureux, qui reste absolument le maître des esprits et des âmes ! […] Enfin la critique moderne est revenue, et vaillamment aux maîtres de l’antiquité, leur empruntant tout ce qu’elle pouvait leur prendre !
Le sérieux est maître de presque tous les points, et menace d’envahir la place entière. […] Molière est un maître… dans la farce67. […] Et pourtant c’est par là que Molière mérite que je l’aie proclamé maître dans la farce. […] L’oncle se retire devant le neveu, et le maître du voleur l’oblige à restituer la marmite. […] C’est là un écueil que les plus grands maîtres n’ont pas toujours su éviter.
Au reste, Belti vantant la façon dont on aime dans les bois, méprisant l’or & l’usage qu’on en fait chez les peuples policés, demandant si elle est riche, voulant qu’on la remene dans les bois où elle ne connoissoit pas la pauvreté, blâmant nos loix, se moquant de nos femmes indolentes, a beaucoup de ressemblance avec Arlequin Sauvage, voulant manger l’argent qu’on lui présente, & ne comprenant pas à quel autre usage il peut être bon ; décidant que nous sommes des frippons en naissant, puisque nous avons besoin de loix pour être bons ; félicitant un plaideur d’avoir perdu son procès qui l’importunoit ; demandant si la Justice est un animal, & s’il mord ; se moquant des personnes qui se font servir comme si elles n’avoient ni bras ni jambes, & sur-tout des hommes qui font avec eux le métier de bêtes ; priant enfin son Capitaine de le remener dans ses bois, où, ne connoissant pas la pauvreté, il étoit son maître & son roi. […] Hassan interroge les esclaves sur leur état, leur pays ; il veut racheter André qui le prie de donner la préférence à son malheureux maître. […] Il avoit été pris dans un voyage qu’il faisoit vers quelque isle, pour aller rendre les derniers devoirs à son pere expirant ; & ses Maîtres l’avoient vendu à un Marchand de Ligourne. […] Tout vous appartient ; venez être mon maître à Smyrne ; je suis à vous comme j’étois au Marchand de Ligourne. […] Le Musulman, après s’être informé au maître des esclaves de ce qui s’étoit passé, se rapprocha encore plus satisfait qu’auparavant.
Et, sauf ce dernier type que le progrès de la décence publique fit supprimer définitivement, tous ces personnages jeunes ou vieux, maîtres ou valets, furent transmis par Molière à ses successeurs et se perpétuèrent sur notre scène classique. […] Ton maître t’a chargé De me saluer ? […] Les dominant par la forte éducation qu’il avait, comme tous ses contemporains, puisée chez les grands maîtres de l’antiquité, il put se servir de ce qu’il avait sous la main, en restant toujours supérieur.
Les quatre comédies que j’ai nommées servent d’épreuve aux débutants, et les élèves couronnés du Conservatoire les jouent non pas comme ils les comprennent, mais comme elles sont comprises par leurs maîtres. […] S’ils acceptent sans discussion et pour toujours les idées de leurs maîtres, qu’ils sachent bien que le public ne verra jamais en eux que des doublures. […] Qu’elle ait adopté spontanément ce parti, qui est le plus sage, ou qu’elle ait suivi les conseils de son maître, peu m’importe : elle est dans le bon sens, dans la vérité, la justice m’oblige à le déclarer ; mais je crois en avoir dit assez pour établir que les comédiens du Théâtre-Français n’interprètent pas fidèlement l’École des femmes. […] Il sait d’avance qu’Orgon ne sera pas trompé, qu’il a trop d’esprit pour se laisser prendre à la dévotion de Laurent et de son maître, Chose triste à dire et qui montre à quel point le sens des grandes œuvres s’obscurcit de jour en jour parmi les gens du monde, le rôle d’Orgon, ainsi compris, c’est-à-dire ainsi dénaturé, n’excite dans la salle aucun murmure. […] Pour penser, pour écrire comme les maîtres, il faut interroger, comme eux, l’histoire, la philosophie, la société, et l’intelligence enrichie par cette triple étude connaît trop bien ses forces pour abdiquer sa liberté.
Cependant, si l’Épicuréisme pratique de ces joyeux disciples de Gassendi pouvait trouver quelque excuse dans la doctrine de leur maître, assurément il n’en trouvait pas dans son exemple et dans sa vie. […] En traduisant Lucrèce, Molière faisait suite aux grands travaux de son maître sur la philosophie d’Épicure. […] Écoutez ce même Pancrace proposer à Sganarelle de lui enseigner « si la substance et l’accident sont termes synonymes ou équivoques à l’égard de l’être ; si la logique est un art ou une science, si elle a pour objet les trois opérations ou la troisième seulement ; s’il y a dix catégories ou s’il n’y en a qu’une; si la conclusion est de l’essence du syllogisme ; si l’essence du bien est mise dans l’appétibilité ou dans la convenance ; si le bien se réciproque avec la fin, si la fin nous peut émouvoir par son être réel ou par son être intentionnel. » Le maître de philosophie du Bourgeois gentillhomme ne se montre pas moins habile que Pancrace dans les divisions et les subdivisions de la logique scolastique. […] A en croire Grimarest, l’original de ce maître de philosophie serait Rohault, un des plus zélés et des plus célèbres disciples de Descartes, et en même temps ami de Molière.
Secondement, il s’est ménagé le comique que produisent la morgue, la bassesse, & la dispute des différents maîtres. […] Chez un homme de la lie du peuple, un Maître en fait d’armes, un Chanteur, un Danseur, un Philosophe, auroient été tout-à-fait déplacés.
La politesse gase les vices ; mais c’est une espece de draperie légere, à-travers laquelle les grands maîtres savent bien dessiner le nud. […] Les bailleurs s’y reserverent seulement deux loges pour eux & pour leurs amis ; c’etoient les plus proches du théatre, distinguées par des barreaux, & on les nommoit les loges des maîtres. […] Qu’on nous pardonne de tirer tous nos exemples de Moliere ; si Menandre & Térence revenoient au monde, ils étudieroient ce grand maître, & n’étudieroient que lui. […] Ce sénateur lui donna le nom de Térence, suivant la coutume qui voulut que l’affranchi portât le nom du maître dont il tenoit sa liberté. […] On diroit qu’il a choisi dans ses maîtres leurs qualités éminentes pour s’en revêtir éminemment.
quand j’étudie le maître, je voudrais l’être, — de deux cent vingt ans au moins pour le pouvoir étudier sur le vif. […] Cependant il persiste : cela lui donne ses entrées ; il observe les hommes, fournit ses tablettes et s’oriente sur l’humeur du maître… — Mais valet de chambre ! […] L’amour est un grand maître : il a donné de l’esprit à Agnès. […] Il lui a fait éprouver ce sentiment des écoliers qui surprennent leur maître en flagrant délit de mensonge. […] La femme est un être inférieur exclusivement créé pour le service et la délectation de son seigneur et maître.
Il fallait réprimer l’insolence du maître et du valet et réparer l’outrage qu’ils faisaient à la majesté divine ». […] De part et d’autre, c’est le bon sens du valet qui met en relief la folie du maître, ici une folie généreuse qui peuple le monde de chimères, là une folie licencieuse qui insulte à toute piété et à toute vertu. […] … C’est bien à vous, petit ver de terre, petit myrmidon que vous êtes (je parle au maître que j’ai dit), c’est bien à vous à vouloir vous mêler de tourner en raillerie ce que tous les hommes révèrent ? […] Il l’est d’autant moins que la mort d’un maître riche ne pouvait en aucune façon mettre en péril les gages d’un valet. […] Nous répondons que, pour le valet, la mort du maître est précisément la seule chance qu’il ait d’être payé : un maître obéré n’est pas un maître ruiné, et c’est la succession qui paie.
Son maître le trouble au point qu’il alloit oublier de lui remettre une lettre, il la lui donne. […] L’inconnu paroît ; il se nomme André, il est le domestique du pere de Rosalie : il raconte que son maître a jadis été forcé de quitter son vrai nom ; qu’en partant des Isles il s’est souvent écrié, je vais donc embrasser mes chers enfants ; qu’il a perdu tous ses biens ; qu’il a langui dans l’esclavage & dans la misere, & qu’il est sur le point d’arriver. […] Charles porte à son maître le reçu de Rosalie. […] Pendant qu’on est empressé à le secourir, Scapin, encouragé par l’amitié que Mario a témoignée à son maître, découvre l’amour de Lélio pour Flaminia, & les efforts qu’il s’est faits pour sacrifier son amour à son ami.
Le total est à la vérité un tissu exact et continuel d’abus de puissance, de violence, d’injustice ; mais une fois prince du sang en tout et partout, il n’y a plus qu’un pas à faire ; et il est moins difficile donner la préférence à un prince du sang sur les autres, pour une succession dont on se prétend maître de disposer, puisqu’on se le croit de faire des princes du sang par édit, qu’il ne l’est de fabriquer de ces princes avec de l’encre et de la cire, et de les cendre ainsi tels sans la plus légère contradiction73. » Madame de Maintenon ne fut ni créole, ni créole publique, ce qui signifie femme publique, ni à l’aumône. […] « Une nuit qu’il était couché dans la garde-robe de son maître avec le sieur de la Fosse, il lui dît à plusieurs reprises : Notre maître est un ladre verd, et le plus ingrat mortel qu’il y ait sur la surface de la terre. […] Mais son maître ne lui en fit pas pour cela plus mauvais visage le lendemain ; aussi ne lui en donna-t-il pas un quart d’écu davantage. » Récit de d’Aubigné.
C’est à vous d’en sortir, vous qui parlez en maître : La maison m’appartient, je le ferai connoître, Et vous montrerai bien qu’en vain on a recours, Pour me chercher querelle, à ces lâches détours ; Qu’on n’est pas où l’on pense, en me faisant injure ; Que j’ai de quoi confondre & punir l’imposture, Venger le ciel qu’on blesse, & faire repentir Ceux qui parlent ici de me faire sortir. […] On y promene le spectateur dans une galerie de portraits, faits, à la vérité, de main de maître, mais qui peuvent se transporter, se retrancher même au gré de l’acteur, & qui nous peignent des personnes avec lesquelles il est très inutile de lier connoissance, puisque la plupart ne doivent entrer pour rien dans la piece. […] Il ignore ce qu’il vient faire ; il ne peut pas nous le dire : c’est à son maître à nous l’apprendre ; s’il ne le faisoit pas, ce seroit un défaut dans la piece. […] Dans l’Avare, Cléante, Elise, Valere, Dame Claude, Maître Jacques, la Merluche, Brin-d’avoine, paroissent, parceque leur Maître le leur ordonne. […] Il est clair que Simon & la Fleche, présents à l’explication, doivent être très fâchés ; la Fleche d’avoir si mal adressé son maître, & le Courtier d’avoir en même temps trahi le secret du pere & du fils : aussi prennent-ils la fuite.
Enfin, le Maître de philosophie de M. Jourdain n’ajoute-t-il pas à tous les préceptes précédents l’excellente leçon qu’un maître doit commencer par prêcher d’exemple198 ? […] L’honnête homme doit être maître de lui cette noble modération est une vertu capitale dont rien ne le peut dispenser. […] Mais ce calme du sage n’est ni l’indifférence211 ni l’orgueil212 : il faut que, toujours maître de soi, l’honnête homme supporte bravement le mal sans jamais se laisser faire le bien213 ; que, malgré tous les défauts des autres, il reste pour eux indulgent, bienveillant, serviable214 ; qu’il ne soit pas simplement un homme honnête et bon, mais un homme instruit, aimable, capable de conversation, spirituel s’il peut215 ; qu’il répande autour de lui non seulement le bien, mais l’agrément, et que toutes ses qualités ne lui donnent jamais un sentiment d’amour propre216 ; qu’il ait, avec la modestie, la dignité et les bonnes manières sans affectation217 ; qu’il songe même à la façon de s’habiller, sans être négligé ni ridicule, mais aussi sans outrer la mode218 ; qu’avec une juste libéralité il évite soigneusement les excès de luxe dans la toilette comme dans la vie, et qu’il ne sacrifie point son bien ni sa famille aux inutiles satisfactions de la vanité, ou aux prétendues exigences du monde219 : ce chapitre est infini, et Molière semble n’avoir pas oublié un seul des éléments, même les plus insignifiants en apparence, dont doit se composer cette perfection de la société polie, l’honnête homme. […] XXVI, v. 75. — « Mais le coup de maître est d’avoir fait-Alceste amoureux, d’avoir courbé cette âme indomptée sous le joug de la passion, et montré par là surtout que le plus sage ne peut être complètement sage, Et que dans tons les cœurs il est toujours de l’homme.
Il tâche de s’excuser : Orgon lui dit de sortir : il lui répond fiérement, qu’en vertu d’une bonne donation, il est maître de tous ses biens, & promet de punir les personnes qui blessent le ciel en le calomniant. […] Le maître dit à Colombine qu’il adore Diana ; le valet parle pour son compte à la soubrette : elle les rebute tous les deux, en leur disant qu’elle est éprise du Docteur, & que Diana aime un jeune écolier. […] L’écolier résiste ; mais il va céder quand le maître revient, & lui donne des coups de bâton. […] L’écolier & le maître se pardonnent mutuellement. […] Célio s’éveille, frappe : Arlequin & Tiennette paroissent à la fenêtre, lui demandent ce qu’il veut : il dit qu’il veut entrer, qu’il est le maître de la maison, en vertu d’une promesse qu’il a dans sa poche : il la cherche & ne la trouve point.
La comédie, comme tous les autres arts, fut empruntée à la Grèce par les maîtres du monde. […] Le maître de philosophie de M. […] Le maître et le valet se gourment, et le cocher fait d’inutiles efforts pour mettre le holà. […] Excellent maître, Molière était pourtant, à ce qu’on assure, un maître fort difficile104. […] On conçoit que Molière fut peu empressé de le remplacer auprès d’un maître qui avait la main si prompte et si meurtrière.
La raison en est, que n’étant pas réduit en principes, ou du moins n’en ayant qu’un très petit nombre, que chacun explique à son gré, les jeunes Auteurs, de tous les pays, de tous les âges, en ont abusé pour se faire des regles analogues à leur foiblesse ; & que, désespérant de marcher sur les traces des bons Maîtres, ils se sont laissé flatter par l’orgueil de créer de nouveaux genres, & d’avoir une maniere à eux. […] il y auroit dévoilé toutes les finesses de son art en grand homme, c’est-à-dire comme il les sentoit ; nous y aurions appris à connoître les détours d’un labyrinthe si compliqué, où les plus grands Maîtres, & l’inimitable Moliere lui-même, se sont égarés : il nous auroit indiqué les fautes qu’il avoit faites avant de connoître la profondeur de son art, & celles qui n’étoient qu’une suite de cette précipitation avec laquelle il étoit quelquefois obligé de travailler ; ainsi ses imperfections mêmes auroient contribué à lui faire des successeurs dignes de lui. […] Je frémis moi-même de ma témérité, en songeant que j’ose tenter de remplir un projet formé par les plus grands maîtres. […] Une seconde lettre, bien flatteuse pour Aristote, est celle qu’Alexandre, devenu maître de la terre, lui écrivit.
Phlipin excuse son jeune maître, reçoit du vieillard deux cents ducats & feint de repartir bien vîte pour Cascaye : mais il annonce tout bas que Don Pedre est secrètement à Lisbonne. […] Phlipin annonce à son maître que le combat du Comte ne sera pas sanglant, puisqu’il est tête à tête avec Léonore derriere une Eglise. […] Ayons du cœur dont nous soyons les maîtres, une valeur qui n’ait rien de farouche, & qui se porte aux choses par une pure délibération de notre raison, & non point par le mouvement d’une aveugle colere. […] Un de ses amis, nommé Thoward, rit de sa passion, propose au Fermier de céder sa fille au Lord moyennant une somme : le pere frémit d’indignation : le Lord désavoue son indigne ami : sa tendresse prend de nouvelles forces : il ne peut vivre s’il ne possede Fanni, il la demande au vertueux Adams qui lui oppose la distance qu’il y a de son maître à sa fille.
Le maître veut profiter de cette étourderie pour connoître à fond le caractere de la belle qu’on lui destine : en conséquence il ordonne à Jodelet de prendre ses habits & son nom, & de jouer son personnage, tandis qu’il jouera celui de valet. […] Scapin se félicite d’avoir instruit Pantalon ; il vient lui vanter son zele : mais son maître, loin de l’en remercier, l’accable de reproches sur son étourderie, & sur ce qu’il l’a exposé à quereller à tort & sa fille & Celio.
On étudiait assez vite aux premiers jours du grand siècle ; quatre ou cinq ans suffisaient à ces études qui, pour ainsi dire, étaient dans l’air, et sitôt que le jeune Poquelin fut en état de lire Aristophane, et Térence, et Plaute, et les maîtres, il rêva que lui aussi il était né pour être un instituteur de nations. […] Les uns et les autres, à peine ils eurent touché à l’ancienne comédie, ils trouvèrent qu’elle était impuissante à satisfaire leur fantaisie, et Poquelin, pour leur plaire, inventa Le Docteur amoureux, Le Maître d’école et Les Trois Docteurs. […] Déjà, Molière était le maître. […] Ainsi commencèrent les illustres fondateurs du théâtre athénien ; ainsi s’est révélé le maître et le dieu du théâtre anglais ; ainsi ces grands génies, par l’exercice assidu des moindres détails, pour ainsi dire par l’argumentation ad hominem, sont entrés dans tous les mystères de ce grand art d’arracher le rire ou les larmes, d’intéresser et d’amuser tant de gens, venus de si loin et de côtes si opposés, avec tant d’ambitions si différentes : paysans, bourgeois, coquettes, amoureuses, capitaines, courtisans. […] Elle rappelait à ses amis trop bruyants, que le maître avait besoin de silence et de solitude.
Le dialogue est vif et franc, le comique incisif et redoublé : Molière est désormais maître de son expression. […] Le conte du Maître en Droit a fourni le sujet de la comédie de Y Ecole des Femmes. […] On était redressé de main de maître. […] Les valets, personnages si importants de notre vieille comédie, sont tous aussi fripons que leurs maîtres. […] Il est un monde qu’il a peint de main de maître, et dont nous n’avons pas encore parlé.
Eh bien, me dit cette infame Margiste, mon cœur s’est vaincu, mon devoir est de m’immoler ; mon zele, mes serments, l’amour de mes anciens maîtres, tout me crie d’étouffer pour vous la voix de la nature. […] Il est touché de ses charmes & de sa jeunesse ; il la prie de ne le pas regarder, parcequ’il n’auroit jamais le courage de la faire mourir : il finit par tuer un mouton dont il porte le cœur à son maître, en lui disant que c’est celui de la Princesse, & en faisant bée : ce qui rend la chose burlesquement touchante.
La gloire du maître de la comédie n’a, du reste, rien perdu à ces investigations, et l’admiration qu’il inspire n’a fait que s’accroître, à mesure qu’on a pénétré la plupart de ses secrets. […] Il les étudia dans leurs œuvres, il les étudia dans leur jeu ; il fut leur disciple, mais un disciple qui surpassa ses maîtres.
Molière connaissait trop bien le monde pour n’avoir pas observé quel rôle important jouent dans les familles ces braves filles que nous appelons aujourd’hui bonnes, à cause sans doute qu’elles ne le sont plus, et qui, placées par leur condition dans une situation très subordonnée, n’en exercent pas moins une très grande influence sur ceux-là mêmes qui s’appellent leurs maîtres, et que, le plus souvent, elles conduisent à leur gré ; cela était vrai surtout du temps de Molière. […] Comme elle rit de bon cœur au nez de son maître, à qui elle est attachée pourtant, mais dont le grotesque accoutrement et la manie gentilhommière lui font perdre le respect. […] Et l’agaçante Dorine, cette fille suivante, que Mme Pernelle trouve Un peu trop forte en gueule et fort impertinente, et se mêlant surtout de dire son avis ; mais qui, malgré tout, est une fille d’esprit, de cœur et de sens, appréciée et écoutée de ses maîtres ; assez bien de sa personne, d’ailleurs, pour que ses appas émeuvent Tartuffe, et lui attirent de sa part cette admonestation, plus indécente mille fois que la prétendue indécence dont il affecte de se scandaliser : … Couvrez ce sein que je ne saurais voir ! […] Quoi de plus piquant que son débat avec son maître : Si l’on ne vous aimait ?
Le regne de Louis XIV fut un temps de prospérité pour les Arts & les Lettres, parceque ce Prince fit les établissements les plus favorables aux hommes de génie, & que Colbert s’attachoit à récompenser les personnes qui servoient bien son maître, préférablement à celles qui lui faisoient une cour servile. […] La postérité comptera parmi nous dix Peintres fameux, autant de Sculpteurs, autant d’Architectes illustres, & dira : « Tant d’Artistes distingués n’ont pu faire des progrès, qu’au sein d’un pays où les talents naissants trouvent des ressources gratuites chez des Maîtres entretenus par la générosité du Monarque ; tant d’Artistes distingués n’ont pu se perfectionner, que dans un pays où l’Eleve, parvenu au point de laisser entrevoir la moindre étincelle de génie, est envoyé à grands frais dans l’ancienne patrie des beaux arts, peut s’y enrichir des plus belles connoissances, & revenir, précédé de sa réputation, dans la capitale pour être accueilli dans le palais des Rois. » Qui pourroit ne pas voir toute l’utilité du plus respectable des établissements, de cette Ecole d’honneur, de bravoure, dans laquelle est admis quiconque puise dans un sang noble l’ardeur de défendre sa patrie ? […] Deux Poëtes couronnés des mains de la Muse tragique viennent d’être honorés des bienfaits63 du maître : les Comédiens ont ordre de ne plus confier aux doubles64 les pieces de Moliere : encore un pas, & nous pourrons revoir les beaux jours de Thalie & de Melpomene. […] Le spectateur aura un objet de comparaison pour juger sainement ; & les Comédiens qui méritent la palme, ne se la verront plus disputer par des écoliers fiers de remuer les bras, les jambes, la tête comme leur maître.
Avant de soumettre aux regards de Louis XIV une comédie d’une telle portée, le poète dut pressentir les dispositions du Maître par une lecture préalable. […] Chrysale triomphe d’être enfin le maître quand on ne lui dispute plus rien, et d’enfoncer les portes une fois ouvertes. […] l’on verra bien qu’il est le maître de céans ! […] Il le fallait bien pour répondre si ponctuellement au caprice du maître, et aux vœux du public. […] Et je sens que du mien Clitandre s’est fait maître.
et combien de Regnard, qui viennent si loin derrière Molière, en eussent approché plus près, si la vie avait eu pour eux tout ce qu’elle eut pour le maître de déboires humiliants, et de désillusions amères ? […] Dans l’Amant indiscret, on retrouve la donnée de l’Etourdi de Molière : le valet de Cléandre imagine pour favoriser l’amour contrarié de son maître une série de stratagèmes que Cléandre rend inutiles par son manque de discrétion. […] Auprès d’eux, Molière semble un maître hollandais, un Téniers, un Gérard Dow, tandis qu’eux rappellent Watteau et nos peintres galants du XVIIIe siècle, très légers et artificiels. […] C’était un bon époux, un bon père, un bon maître, lin bon citoyen, un ami fidèle et un sûr. […] Jourdain ou pour fermer la bouche à la majestueuse Philaminte ; et ce mot, elles ne l’ont point cherché, c’est la nature qui le leur a suggéré ; et tandis que leurs maîtres, à chaque pas qu’ils oui, s’enfoncent plus avant dans le ridicule, elles sont belles, elles, si je puis dire, de leur simplicité, de leur ignorance, et de leur santé.
les plus habiles lui répondent qu’ils n’en savent rien ; qu’en ceci chaque comédien est resté le maître de se montrer tout à fait comme un grand seigneur qui fronde, et de très haut, les vices de l’espèce humaine, ou tout à fait comme un philosophe qui s’en attriste. […] « Voilà ce que disent nos maîtres, les critiques qui ont vu, qui se souviennent et qui regardent, à la fois, dans le présent et dans le passé. […] Le parterre s’était mis à adopter ce Baron comme le dernier confident des pensées du maître, et jusqu’à la fin de sa vie il l’entoura d’attentions et de respects.
Ce tableau est fait de main de maître et, quoique Pierre Gringore fût à peine né à l’époque où le poète lui attribue la moralité de 1482, cette licence non impardonnable, tant de fois dépassée d’ailleurs par l’école de la couleur locale, ne saurait empêcher de rendre justice çà la vérité de la peinture. […] Les scènes de la Passion, la Sainte Famille, le mariage de la Vierge, l’Annonciation des anges aux bergers, l’adoration des Mages, les Noces de Cana, les vendeurs chassés du Temple, Pilate se lavant les mains, le Reniement de Saint-Pierre, l’incrédulité de Saint-Thomas, voilà, avec bien d’autres sujets analogues, sur quoi s’exerçait, vous le savez, le talent des Giotto (né en 1366), des Fra Angelico, des VanDyck, des Zemling, des Mantegna, des Luc de Cortone, des Pérugin (15e siècle), ces maîtres renommés, dont les travaux jettent de l’éclat sur le moyen-âge à son couchant. […] « N’en pourrait-on point rabaisser, cher maître, lui disent-elles, soyez-nous bénin. […] La scène de l’apparition de Jésus à la Magdeleine est encore de celles que les maîtres de la peinture ont souvent reproduites ; et je ne sais même si le Mystère (sc. 15e de la 4e journée) ne l’emporte pas ici en effet dramatique. […] Maître drapier à la fin est vaincu, non sans peine; il se sauve, persuadé que le diable est venu, sous la figure de Patelin, prendre son drap : ...
S’il partagea sur la physique les erreurs de son maître, du moins il apprit de lui à ne jamais repousser les améliorations, et à porter dans les discussions scientifiques la même tolérance que dans les matières religieuses. […] Les érudits citent respectueusement Les Docteurs rivaux, Le Maître d’école, Le Médecin volant, Le Docteur amoureux, La Jalousie de Barbouillé. […] Quelle variété entre la gentille Marinette, la verte et brillante Dorine, la naïve Nicole, la franche Martine, et cette Toinette qui brusque son maître, trompe la belle-mère, et seconde l’aimable fille d’Argan accablée sous une marâtre ! […] C’était un maître et un oracle quand il parlait : et ces comédiens avaient tant de déférence pour lui, que Baron n’osa lui dire qu’il était retenu ; et la Duparc n’avait garde de trouver mauvais que le jeune homme lui manquât de parole. […] Le public sait comme moi jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevé : mais ce n’est pas le seul endroit par lequel il nous a fait voir qu’il a su profiter des leçons d’un si grand maître.
C’était Minerve sortie d’un coup, et tout armée, du cerveau du maître. […] Je considère comme probable qu’il lui en lut au moins la fin ; et cela expliquerait la permission verbale que donna le maître, un jour de libéralité ou de dépit contre les dévots, qui, à sa barbe et dans sa cour, faisaient poser des grilles aux fenêtres des filles d’honneur. […] Voilà comment au lever du rideau, nous le trouvons dans la place, où le maître ne voit plus que par ses yeux. […] Il tirait un merveilleux parti de leur physionomie personnelle, de leurs habitudes de corps, de leurs infirmités même : il y a donc là un sûr indice des volontés du maître. […] Quant aux mouches, vous savez ce qu’en fait Laurent, Laurent son garçon, reflet grossissant du maître.
C’est le moyen le plus sûr pour surprendre les connoisseurs, & captiver leur suffrage ; mais je dois leur représenter en même temps que nos plus grands Maîtres ont échoué lorsqu’ils ont poussé la témérité trop loin. […] Pierre Corneille, surnommé le Pere de la tragédie, naquit à Rouen en 1606, d’un Maître des eaux & forêts.
Le roi est entouré de tous les cadets de Gascogne qui ont jadis suivi sa fortune ; il a entre les jambes le Gascon gasconnant Antoine de Roquelaure, le compagnon de ses équipées galantes, le maréchal borgne, qui a plus grand nez que son maître. […] Il faut qu’il s’écoule un demi-siècle au moins pour qu’on en vienne à être assez maître de son propre génie pour le garder tout entier, même en présence des modèles que nous offraient les littératures plus avancées que la nôtre.
Ces acteurs italiens n’allaient-ils pas être appelés par les envieux les maîtres et les inspirateurs de Molière ? […] Mais nul n’a égalé, n’a suivi, même de loin, le maître. […] Le maître hypocrite, c’est Tartuffe. […] Loyal dans Tartuffe, le maître d’armes dans Le Bourgeois gentilhomme et Diafoirus père dans Le Malade imaginaire. […] » Brave et excellent, il écrivit L’Ombre de Molière, imprimée à la suite des œuvres du maître.
Dans le reste de l’acte, le valet du Misanthrope vient chercher son maître, pour l’avertir qu’on lui est venu signifier quelque chose qui regarde son procès. […] Le Maître d’école a. […] La scène de Sosie avec elle n’est point une répétition vicieuse de celle d’Amphitryon avec Alcmène, quoique le maître et le valet aient également pour objet de s’éclaircir sur la fidélité de leurs femmes. […] Je conviendrai avec ce maître de l’art que sa réponse est raisonnable ; mais s’il est de bonne foi, il avouera que Molière aurait mieux fait d’éviter une faute semblable. […] Pour observer ce précepte, et pour animer davantage le mouvement de l’action, Molière s’est servi en grand maître des deux plus puissants ressorts qu’il soit possible d’imaginer dans un pareil sujet.
Plaute, Térence, Moliere, voilà, quoi qu’on en dise, nos seuls maîtres. […] Tout le monde a reconnu dans les bons Auteurs comiques trois especes de pieces, pieces à intrigue, pieces à caractere, pieces mixtes, c’est-à-dire, qui tiennent des deux premieres : mais tout le monde n’a peut-être pas senti que les pieces à intrigue, que les pieces à caractere, que les pieces mixtes sont variées à l’infini dans leur construction, dans leur marche ; que chacun de ces trois genres en a plusieurs autres, qui doivent être traités différemment, & qui l’ont été par les meilleurs maîtres de l’art chez toutes les nations.
L’âne répond à son maître poursuivi par des voleurs et qui veut remmener, Eh ! […] Sauvez-vous et laissez-moi paître, Notre ennemi, c’est notre maître.
Consulter les bons maîtres, & employer l’expédient auquel ils ont eu recours. […] Elle avoit deux amants ; l’un lui fournissoit un bon carrosse, & se chargeoit du détail de sa maison ; l’autre l’instruisoit à marcher sur les planches, à y parler, à avancer, à reculer, à remuer le bras droit, le gauche, à prononcer douze syllabes sur douze tons, à peu près comme une bonne qui fait réciter à un enfant Maître corbeau sur un arbre perché. […] Le laquais attend, voit le couple heureux qui part incognito & va sans suite au bout de la rue se jetter dans un fiacre ; aussi-tôt voilà le laquais qui, pour exécuter fidellement les ordres de son maître, monte derriere, & s’applaudissoit déja de son adresse, lorsque passant devant une boutique fort éclairée, le Marquis apperçoit derriere l’ombre du carrosse celle d’un laquais.
La Montagne annonce à son maître qu’Orphise vient à lui. […] Quelques valets d’Eraste entendent les projets du tuteur, fondent sur lui : leur maître se trouve là très à propos pour sauver les jours de son ennemi, qui, vaincu de son côté par cette action généreuse, lui accorde la main d’Orphise. […] Qu’entends-je à ces gens-là dire de notre maître ?
Mais qui donc est si maître de soi qu’il ne se relâche jamais, et reste toujours absolument vertueux ? […] Pour des génies comme Molière, le rôle qu’ils jouent dans la vie des peuples n’est ni moins beau ni moins terrible : leur séduction est si victorieuse,. qu’il est impossible qu’une nation reste indifférente à leur charme ; et quand même ils ne le voudraient pas, ils en deviennent nécessairement les maîtres de par une puissance invincible. […] si le peuple était instruit moralement d’une manière suffisante ; si chaque homme dans son cœur portait, avec la volonté. de bien faire, une connaissance assez nette de ce qui est bien ou mal pour rester maître de son jugement au milieu du plaisir, et discerner avec calme ce qu’il doit fuir ou imiter ; s’il avait depuis l’enfance une habitude constante et forte de l’honnête, alors ou dirait avec confiance au peuple : Allez au théâtre de Molière. […] Le style de Molière a été heureusement apprécié par un poète moderne : Quel maître en fait de langue, et quel auteur charmant !
Ému d’enthousiasme aux leçons d’un tel maître, le jeune Poquelin traduisit en vers, sous ses yeux, le poème de Lucrèce ; ce fut son premier essai poétique. […] Quant à l’amour, voilà ce que Molière y sut peindre en maître, et c’était aussi la chose qu’il connaissait bien alors. […] Vous avez tort, dit-il à Godemer, de perdre le respect envers votre maître, qui peut vous faire aller comme il voudra : il ne faut pas abuser de sa bonté. […] Qui croirait, par exemple, que la grotesque dispute du maître de danse et du tireur d’armes avec le philosophe, dans le Bourgeois Gentilhomme, n’est que la mise en scène d’une querelle qui eut lieu, à cette époque, entre les maîtres de danse et les joueurs de violon ? […] La digne fille faisait tous ses efforts; mais en vain, l’animal emporta maître et servante au milieu des acteurs, sur la scène.
La scène du maître de tric-trac fait voir à quel point cette passion avait pu dégrader la jeunesse, puisqu’elle recevait les leçons inouïes de professeurs tels que M. […] Les défauts des maîtres échappent rarement aux domestiques, aussi le vieux Comtois ne manque-t-il pas de dire à M. […] Scribe, qui ne possèdent pas comme le maître, au même degré du moins, l’art de les dissimuler, ni les qualités brillantes qui leur font contrepoids. […] C’est ce qui ressort clairement du langage plein de passion que Molière lui fait tenir : C’est à vous d’en sortir, vous qui parlez en maître ! […] Elles sont adressées à un jeune élève que des circonstances auraient pour quelque temps éloigné de son maître.
De son côté Molière, observateur profond, avait jugé qu’il avait besoin de flatter son maître pour avoir le droit de ne pas flatter son siècle : sous une minorité orageuse, il n’eût pas été libre d’exprimer une seule vérité, parce que chaque faction régnait à son tour, et qu’elles étaient trop éphémères ou trop faibles pour supporter le ridicule. […] On sait que dans ce pays le personnage obligé de toute grande maison est l’abbé, qui n’a des ministres de l’Évangile que le costume, et qui a tellement l’art de se rendre nécessaire qu’il est bientôt l’intendant du logis, le directeur de la femme et l’ami du maître de la maison. […] Celui-ci relève une expression qui lui paraît impropre, celui-là découvre à la loupe un passage qui n’est pas rigoureusement conforme aux règles de la syntaxe ; cet autre enfin refait un vers qu’il trouve sans harmonie, comme un maître qui corrigerait le thème de son disciple. […] C’est un coup de maître d’avoir mis sa fausse dévotion aux prises avec son libertinage ; et c’est de l’amour criminel de Tartuffe, comme de l’amour brûlant du misanthrope, que jaillissent les scènes les plus admirables et les développements de passions les plus sublimes auxquels le génie se soit jamais élevé. […] On croirait que, satisfait de rompre le mariage de Valère avec elle, il se réserve seulement de l’épouser plus tard, afin de dominer un jour la maison comme gendre après y avoir joui d’abord de tous les droits du maître.
De plus, la pièce, qui est une des premières du maître, est souvent écrite dans une langue fertile en archasmes. […] La qualité de maître écrivain à Paris qu’il prend dans les actes d’emprunt a fait supposer qu’il était cet ancien maître de pension dont parle Ch. […] Par bail du 12 septembre 1643, le maître paumier Noël Gallois leur loua ce jeu de paume moyennant un loyer annuel de 1900 livres. […] Le 13 août celui-ci est en liberté et s’oblige, avec ses compagnons, à acquitter, garantir et indemniser le maître paveur. […] D’ailleurs, il entendait être maître de ses finances, et ne pas supporter la tutelle des surintendants.
Molière, en somme, fut maître de ballet sous Louis XIV ; voilà ce que nous voyons. Et c’est peut-être trop dire : maître, en effet, il ne le fut pas dans toutes ces réjouissances. […] A considérer l’ensemble de ces jeux, si ce n’est pas M. le duc de Saint-Aignan ou quelque autre gentilhomme de la chambre qu’on en reconnaît le maître, c’est Lulli.
Ce siècle mémorable réunissait alors sous un Maître célèbre trois Disciples singuliers ; Bernier, qui devait observer les mœurs étrangères ; Chapelle, fameux pour avoir porté la Philosophie dans une vie licencieuse ; et Molière, qui a rendu la raison aimable, le plaisir honnête, et le vice ridicule. Ce Maître, si heureux en Disciples, était Gassendi, vrai Sage, Philosophe pratique, immortel pour avoir soupçonné quelques vérités prouvées depuis par Newton. […] Il eut l’avantage de voir de près son Maître combattre des erreurs accréditées dans l’Europe, et il apprit de bonne heure ce qu’un esprit sage ne sait jamais trop tôt, qu’un seul homme peut quelquefois avoir raison contre tous les Peuples et contre tous les Siècles. […] Des jeunes gens épris d’amour pour des courtisanes, des esclaves fripons aidant leurs jeunes maîtres à tromper leurs pères, ou les précipitant dans l’embarras, et les en tirant par leur adresse ; voilà ce qu’on vit sur la Scène comme dans le monde.
En vérité l’avenir croira que les Romains étaient dans le dix-huitième siècle les maîtres de notre pays » 1. […] Le voyageur, en parcourant nos villes rajeunies, ne croira plus qu’au dix-huitième siècle les Romains aient été nos maîtres, il reconnaîtra la France aux monuments qu’elle consacre à ses propres enfants. […] Puis, lorsque son esprit errant de livre en livre, Manque enfin de pâture… alors il songe à vivre, Et la vie apparaît à son cœur de vingt ans Belle, riche, éternelle : il est maître du temps ! […] Enfin, en descendant des vices aux travers, Tous les faux sentiments sont par lui découverts : Le Bourgeois, dédaignant les vertus paternelles, Cherche parmi les grands de dangereux modèles, Le Valet qui naquit probe, sincère et bon, Veut imiter son maître et devient un fripon ; Le Médecin, gonflé d’orgueil et d’ignorance, Assassine les gens au nom de la science ; Dans sa prose ou ses vers un mauvais Écrivain Substitue à la langue un jargon fade et vain ; Et la Femme, suivant de pédantesques traces, Immole aux faux savoir son esprit et ses grâces ! […] C’est ce maître absolu que pour auxiliaire Dans l’œuvre qu’il médite ose espérer Molière.
Les poètes qui leur succédèrent, ayant paru dans un temps où la cour de France était devenue le modèle de la galanterie, saisirent cette circonstance pour prendre une nouvelle route ; ils crurent devoir diminuer quelque chose de la sévérité de la tragédie, et pour en faire un spectacle plus riant aux yeux du public, ils rendirent l’amour le maître dominant de la scène. […] Racine le porta peu de temps après, le genre comique n’était qu’amusant et gai ; et c’est dans ce goût qu’on vit paraître L’Amant indiscret, ou le Maître étourdi ; La Comédie sans comédie ; Le Geôlier de soi-même ; Le Pédant joué, et Le Campagnard. […] Il produisit une réforme générale ; on rit, on se reconnutb ; on applaudit en se corrigeant. » « [*]Il y a très peu de défauts contre la langue (dans cette pièce) parce que lorsqu’on écrit en prose, on est bien plus maître de son style, et parce que Molière, ayant à critiquer le langage des beaux esprits du temps, châtia le sien davantage. […] Ma foi, puisque vous me connaissez si bien, je vais vous dire la vérité de la chose ; mon maître étant mort, je me trouvai fort embarrassé de ma personne, parce que je me trouvais fort gueux, et que je n’avais gagné à son service que la méthode de faire des vers (cosi cosi). […] Sachez donc, avant que je sorte, que puisque Mascarille vous rend visite, vous devez bien me souffrir ; que s’il s’est acquis par ses farces la réputation d’avoir de l’esprit, que j’en fais aussi bien que lui, sans l’aide des Italiens : et qu’enfin si la veuve de Guillot-Gorju, mon maître et le sien, ne lui eût vendu les mémoires de son mari, ces farces ne lui eussent jamais donné tant de gloire.
Quant à son style, c’est un Auteur qui s’emporte, mais qui paraît assez le maître de son expression, qu’il hasarde aussi effrontément que s’il était le Directeur de la Langue : tout terme, toute expression l’accommode pour se faire entendre. […] Il a fait voir par l’Ouvrage qu’il a donné après celui-ci, qu’il est capable de faire mieux ; et qu’il est le maître de se donner de la réputation quand il choisira de bons sujets. […] Il a épargné tant d’autres vérités à des personnes qui ne les valent pas, tout Comédiens qu’ils sont ; il pouvait bien encore épargner à la Troupe le chagrin que de tels sentiments partissent d’un homme qu’ils reconnaissent pour leur Maître, et qui a été si longtemps à leur tête.
Valerio lui dit que son maître est d’une humeur singulière, et qu’il pourrait bien l’épouser ; elle se recommande à l’intendant. […] Il est bientôt remplacé par Trivelin, qui envoie chercher un rôtisseur, ordonne un repas magnifique au nom du maître de la maison, et, lorsque Pantalon arrive avec sa compagnie, il lui dit qu’Arlequin et sa femme, obligés d’aller en ville pour une affaire de la dernière conséquence, l’ont chargé de faire les honneurs pour eux. […] Ces canevas nous paraissent appartenir, au moins pour le fond, à la période où les rôles des deux zanni acquirent une importance exceptionnelle sur le théâtre italien de Paris, grâce au talent supérieur du Trivelin Locatelli et de l’Arlequin Dominique, qui y régnèrent l’un à côté de l’autre de 1662 à 1671, époque où le premier mourut et Dominique resta seul maître de l’emploi.
En 1654, c’est-à-dire un an après que eut été représenté en province et cinq ans avant qu’il le fût à Paris, Quinault fit jouer une comédie intitulée L’Amant indiscret, ou le Maître étourdi. […] Fallait-il à Molière, pour lui enseigner à peindre les agitations de l’amour, d’autres maîtres que son cœur qui les éprouva toutes, et la nature qui n’eut aucun secret pour lui ?
Arlequin, qui ne s’apperçoit pas de l’échange, présente à Pantalon le présent de son maître, & n’oublie pas de demander pour boire ; Pantalon lui donne généreusement. […] Dans la seconde on voit des femmes au désespoir que l’été leur ait enlevé les plumets ; en attendant le retour de l’armée, elles s’amusent avec des Abbés, des Financiers, des Maîtres à chanter : par conséquent, elle est très bien intitulée.
Il y a même une inconséquence marquée dans le plan de l’Étourdi : c’est que, son valet ne lui faisant point part des fourberies qu’il médite, il est tout simple que le maître les traverse sans être taxé d’étourderie. […] C’est dans ce temps qu’il fit quelques-unes de ces petites pièces que lui-même condamna depuis à l’oubli, et dont il ne reste que les titres, le Docteur amoureux, le Maître d’école, les Docteurs rivaux. […] Elle est soutenue d’un de ces marquis turlupins que Molière avait joués déjà dans les Précieuses, en y faisant voir des valets qui étaient les singes de leurs maîtres. […] Au reste, M. et Madame de Sotenville sont du nombre de ces originaux qui venaient souvent se placer sous les pinceaux de Molière, et qui dans ses moindres compositions font retrouver la main du maître. […] En établissant la mésintelligence d’un mauvais ménage entre Sosie et Cléanthis, il donne un résultat tout différent à l’aventure du maître et du valet, et double ainsi la situation principale en la variant.
À dire le vrai, ces pièces sont fort inférieures au Misanthrope, à L’École des femmes, au Tartuffe, et à ces grands coups de maître : mais elles ne sont pourtant pas d’un écolier, et l’on y trouve toujours une certaine finesse répandue que le seul Molière avait pour en assaisonner les moindres ouvrages. […] Aussi peut-on dire qu’il se souciait peu d’Aristote et des autres maîtres, pourvu qu’il suivît le goût de ses spectateurs qu’il reconnaissait pour ses uniques juges.
Jamais plus illustre maître n’eut de plus dignes disciples. […] Il fit donc pour la province le Docteur amoureux, les Trois Docteurs rivaux, le Maître d’école : ouvrages dont il ne reste que le titre. […] Il eût été plus honorable pour la nation, de n’avoir pas besoin des décisions de son maître pour bien juger. […] Il y a très peu de défauts contre la langue, parce que lorsqu’on écrit en prose, on est bien plus maître de son style ; et parce que Molière ayant à critiquer le langage des beaux esprits du temps, châtia le sien davantage. […] Cette pièce le fit connaître plus particulièrement de la cour et du maître ; et lorsque, quelque temps après, Molière donna cette pièce à Saint-Germain, le roi lui ordonna d’y ajouter la scène du chasseur.
Un jour Molière, pour éprouver le goût de cette servante, lui lut quelques scènes d’une comédie de Brécour*, comédie qu’il disait être de lui : la servante ne prit point le change ; et après avoir entendu quelques pages, elle soutint que son maître n’avait pas fait cette pièce.
On ne douta plus que Molière ne fût entièrement maître du théâtre dans le genre qu’il avait choisi ; ses envieux ne purent pourtant s’empêcher de parler mal de son ouvrage. […] Ce vieux domestique avait l’honneur d’être toujours dans le carrosse de son maître. […] Godemer, accoutumé aux caprices que le vin causait à son maître, ne se mit pas beaucoup en peine d’exécuter ses ordres. […] Toujours auprès du roi, Molière fut témoin de l’imprudence du favori, du despotisme du ministre, et de la faiblesse du maître. […] Laforest ne prit point le change, et, après avoir ouï quelques mots, elle soutint que son maître n’avait point fait cet ouvrage. » (Bross.)
Pinel, qui, de maître d’écriture, s’est fait comédien, entraîné peut-être par Poquelin, son ancien élève ; Nicolas Bonenfant, Catherine Bourgeois et Madeleine Malingre. […] Le prince protégea Molière, en souvenir de leurs maîtres communs les Jésuites ; il tendit la main à l’acteur vagabond, pour le plaisir que lui avait fait le comédien camarade. […] A tout bout de champ, pour divertir son maître, le maréchal faisoit semblant de vouloir se lever pour aller battre Gros-Guillaume et disoit : « Cousis, ne bous fâchez. […] Une heure vint où il en fut le maître. […] Sa déférence pour les conseils de Boileau, son obéissance soumise aux leçons de ce maître du bon sens, sont une preuve que, loin de fuir les bons juges, il allait à eux de lui même.
C’étoit un maître & un oracle quand il parloit. […] Mais ce n’est pas le seul endroit par lequel il nous ait fait voir qu’il a sû profiter des leçons d’un si grand Maître. […] Ce vieux domestique avoit l’honneur d’être toûjours dans le carrosse de son Maître. […] Godemer accoûtumé aux caprices que le vin causoit à son Maître, ne se mit pas beaucoup en peine d’executer ses ordres. […] Aussi-tôt ce Valet le prend par le haut ; & en dépouillant la jambe de son Maître, met ce bas à l’endroit.