du crime affreux dont la honte me suit, Jamais mon triste cœur n’a recueilli le fruit. […] En face de ce cœur qui ne bat pas, la colère d’Alceste tombe dans le ridicule. […] Il se joue une partie terrible pour l’un, indifférente pour l’autre ; Alceste y met pour enjeu son cœur, son sang, sa vie, sou âme ; Célimène, une demi-heure de plaisir ou d’ennui. […] La joie qu’il nous apporte est la joie du triomphe : la solidarité nous prend au cœur, et toutes les gloires humaines sont les nôtres. […] Il trouvera à la fois l’immense et le vrai, le grandiose et le simple, le jour où il s’adressera à la vérité absolue qui lève et qui résout toute contradiction, — à la solution universelle de tous les problèmes, le jour où il touchera le centre de perspective d’où toute chose est vue à sa vraie place, le cœur de la science et le cœur de la vie.
—Ce n’est pas seulement dans ces affections vagues et indéterminées que Molière eût à souffrir : des douleurs bien plus intimes lui déchiraient le cœur. […] Toutes les choses du monde ont du rapport avec elle dans mon cœur : mon idée en est si fort occupée que je ne sais rien, en son absence, qui me puisse divertir. […] Dans tout cœur d’homme, grand et noble, il y a du mécontentement du présent, un penchant irrésistible vers l’avenir, un besoin constant d’innovations. […] Célimène en sera quitte pour un échec d’amour propre, pourquoi Molière ne la frappe-t-il pas au cœur ? — Au cœur !
Lorsqu’à toute autre personne Me préférait ton ardeur, J’aurais quitté la couronne Pour régner dessus ton cœur. […] Mais si d’une douce ardeur Quelque renaissante trace, Chassait Cloris de mon cœur Pour te remettre en sa place ! […] Depuis que son cœur me méprise, Un autre a gagné le mien274. […] Je me dégage à mon tour, Mon cœur devenu paisible, Oubliera, s’il est possible, Que tu lui fus cher un jour.
Et nous ne pouvons nous voir, nous, notre cœur, nos passions, nos faiblesses et nos crimes, sans réfléchir tout en riant. […] Mais toute cette étude du cœur humain, si profonde, si philosophique même, Molière ne s’y est pas livré dans un but moral, pas plus que Raphaël n’a étudié les muscles et le squelette pour devenir un chirurgien ; il n’a pas fait ses drames les plus moraux pour instruire, pas plus que Michel-Ange n’a taillé ses torses pour enseigner la myologie. […] Qui n’a ri à plein cœur en voyant Sosie battu et Amphitryon à la porte253 ? […] Dans l’Avare, il y a une invraisemblance qui est une faute ; c’est que Valère, présenté à la fin sous les plus nobles couleurs264, et montré dès le début comme plein des plus nobles sentiments265, puisse allier cette hauteur d’âme avec le misérable rôle auquel il s’est soumis par choix : entrer par un mensonge dans une maison, et, contre son propre cœur, y maltraiter volontairement, malgré toute raison, de pauvres domestiques qui n’en peuvent mais266, c’est incompatible avec tant de constance, d’esprit et de cœur. […] S’il s’est montré trop rigoureux pour le sac de Scapin et les autres farces de Molière, s’il a été cruellement silencieux pour son ami La Fontaine, ces fautes de son esprit, mais non de son cœur, sont excusées par la lutte sans pareille qu’il a eue à soutenir pour rejeter en dehors de la civilisation littéraire de la France les turlupinades et les gaillardises.
Tout le monde sait par cœur cette piece immortelle. […] il ouvre son cœur à un riche Banquier son ami. […] Ils lui jurent tous fidélité, amour, vénération ; ils auroient promis, s’il eût voulu, qu’ils l’adoreroient : les anciens sentiments qui avoient déserté leur cœur, revinrent ; je juge toujours par les apparences. […] Que votre sort effraie un cœur aussi perfide ! […] L’oncle donne tout son bien à la belle orpheline, qui se fait un plaisir d’offrir son cœur & sa main au bon & généreux Géronte, & sollicite, en faveur de cet hymen, la grace des trois fils.
Dans Corneille, le menteur ment sans nécessité, là où mentir n’avance nullement ses affaires ; c’est une sorte de perversité de sa langue, dont son cœur est innocent. […] Quoique blessé au plus vif de sa vanité et un peu au cœur, car il aime Agnès, il s’aveugle sur ses ressources, sur son expérience. […] Elle a le ton de la femme du monde, avec une candeur qui témoigne qu’elle en a trouvé le secret dans un cœur honnête et dans un esprit droit. […] Le plus grand nombre est indirect : ce sont des confidences du cœur humain dont ses devanciers n’ont entendu que la moitié, et qu’il complète. […] Quiconque y apporte du sens et un cœur est compétent.
Oui, m’a-t-elle répondu : moi de nom, cette fille de fait, et vous du cœur. […] Le but n’était pas seulement de posséder la personne, c’était aussi et surtout de posséder le cœur et d’obtenir un tendre retour. […] Il y a un cœur mieux fait sur lequel j’aurais de plus grandes espérances. […] Qu’on l’accuse de s’être faite dévote et d’avoir fait manœuvrer des prêtres pour se faire épouser, elle qui avait acquis le cœur du roi et obtenu sa renonciation aux maîtresses, durant la vie de la reine plus jeune qu’elle ! […] En effet, Louis réunissait sur elle tous les sentiments de son cœur, l’admiration, l’amitié, la confiance et l’amour. » (Genlis, t.
Aussi fait-on cercle autour de ses épigrammes qui s’en donnent à cœur joie. […] Au fond, c’est un cœur sec, un vieux garçon. […] Il entendait l’hébreu et le syriaque Il pouvait réciter par cœur Homère et Platon. […] Il entendait l’hébreu et le syriaque Il pouvait réciter par cœur Homère et Platon. […] Mais gagner son intelligence, ce n’est pas la tenir : il faut conquérir le cœur.
L’esprit s’efface alors pour faire place au cœur. […] L’homme aux rubans verts lui lient plus au cœur que les autres, si les coquettes ont un cœur. […] Ce rôle a été tissu avec les fibres de son cœur. […] Alceste, Cléante, Valère, hommes de tant de cœur et d’esprit ! […] Les héros qui revenaient de l’armée faisaient la conquête de tous les cœurs.
Surtout, je me garderai de contrister le cœur des mères par l’imprudence de mes paroles. […] Ainsi de la beauté, de l’éclat, de l’esprit, de la ruse, tout ce qu’il y a de plus séduisant au dehors ; et au dedans, un cœur sec ; voilà la coquette, voilà Célimène. […] Clitandre s’y est trompé d’abord et a commencé par offrir à Armande son cœur qu’Henriette ne laissera plus échapper. […] Mais un don plus rare que l’esprit même, et qu’Henriette possède dans un haut degré, c’est le cœur. […] J’en reporte tout l’honneur à Molière dont le nom vous a attirés ici ; j’étais sûr de trouver un écho dans vos cœurs en parlant de ce grand homme.
Il le tend en même temps, vise, & me perce le cœur ; ensuite il se met à sauter en riant de toute sa force, & en me disant : Mon hôte, réjouis-toi avec moi, mon arc est en bon état, mais ton cœur est bien malade. Dans la Piece, l’Amour, voulant s’insinuer dans le cœur de trois Nymphes & les séduire, s’annonce comme un malheureux jeune homme qui vit depuis trois jours de fruits sauvages, qui a passé la nuit au pied d’un arbre : cette idée paroît effectivement prise dans Anacréon. […] De tout mon cœur. […] Je m’étois attaché tout à la fois à deux Dames fort aimables ; l’une étoit brune & l’autre blonde : leurs appas différents ne donnoient aucun avantage dans mon cœur à l’une sur l’autre, & ne servoient qu’à me tenir dans l’équilibre, & à me les faire aimer toutes deux également. […] Ma complaisance me fit consentir à ce qu’on voulut ; je riois même de tout mon cœur de la malice que j’allois faire.
La faute Mériteroit sans doute une amende plus haute : C’est marché donné ; mais nous avons le cœur bon. […] Bien que quelques défauts obscurcissent vos charmes, Mon cœur trop prévenu n’en conçoit pas d’alarmes. […] Déja depuis long-temps, je l’avoue à regret, Mon cœur vous rend, Madame, un hommage secret. […] Votre estime, Madame, est-elle le seul prix Qui dût récompenser un cœur vraiment épris ? […] Je n’ose vous promettre une égale tendresse ; Mais je sens que pour vous mon cœur parle & s’empresse.
Mais dans quelles régions trouverait-il une femme selon son cœur, pauvre comédien qu’il était, rebuté de sa propre famille ? […] s’il venait jamais à exprimer ce cœur, on verrait ce que c’est que la vraie comédie ! […] Son cœur et sa conscience l’emportaient... […] Est-ce la nuit comme des gens sans cœur ou désespérés, que se doivent noyer des philosophes ? […] Ne pouvant la changer, il essaya de se changer lui-même, de réformer son cœur, il ne le put.
Le Comte de Tufiere est-il ici, mon cœur ? […] Du meilleur de mon cœur, je voudrois vous complaire ; Que me coûteroit-il, si je le pouvois faire ? […] Mon pauvre petit cœur, tu le peux, si tu veux. […] Le cœur de l’héroïne résiste à cet attrait séducteur, qui éblouit tant de femmes ; elle compare la prudence, l’honnêteté de son tuteur, avec l’étourderie, l’impertinence de l’amant qu’on lui destine, & son cœur donne la préférence au premier. […] Et je serois bien heureux si Hortense vous ressembloit : je l’épouserois d’un grand cœur ; & j’ai bien de la peine à m’y résoudre.
un cœur comme le mien Se fera regretter, & je le sais fort bien. […] un cœur fait comme est fait le vôtre Se peut facilement réparer par un autre. […] Non, votre cœur, Eraste, étoit mal enflammé. […] Mais si mon cœur encor revouloit sa prison ?... […] A mon fils, l’hymen semble lui faire peur ; Et sur quelque parti que je sonde son cœur, Pour un pareil lien il est froid & recule.
Non, mon cœur à présent vous déteste, Et ce refus lui seul fait plus que tout le reste. […] Pour moi, je ne crois pas, je l’avoue, que cette sorte de transaction soit passible de la part d’un cœur noblement épris. […] N’observe-t-il pas dans toutes ses démarches, même en ouvrant son cœur à celle qu’il aime, la prudence et la circonspection des gens de son espèce ? […] Si d’un tel refus vous êtes en courroux, Que le cœur d’une femme est mal connu de vous ! […] Le bonheur de vous plaire est ma suprême étude, Et mon cœur de vos vœux fait sa béatitude ; Mais ce cœur vous demande ici la liberté D’oser douter un peu de sa félicité.
Donc Bossuet, dans sa suprême sévérité, a eu l’esprit plein des dangers et des hontes de la vie de comédien, le cœur soulevé par les grossièretés étalées sur la scène de l’époque, l’indignation surexcitée par l’encouragement donné aux plaisirs de Louis XIV. […] Le premier est Boileau, qui est touchant dans son admiration naïve pour son ami, et qui l’a pleuré avec des accents qui vont au cœur. […] Cœur convaincu, il sut avoir de la dignité dans sa conduite ; il montra pour ses ennemis de la douceur et de l’oubli, ce qui vaut mieux que du mépris. […] En un mot, il faut juger, et le triomphe du comédien est de passionner si bien les cœurs que le jugement soit séduit et forcé. […] Pommier, Crâneries et Dettes de cœur, À un Questionneur.
Celles qui attaquent les ridicules, les travers, les vices, & qui développent à nos yeux le cœur humain pour nous en faire voir la fausseté. Celles enfin qui font en même temps la satyre des mœurs & des arts, de l’esprit & du cœur. […] Les pieces de cette espece sont beaucoup plus morales, plus philosophiques, & peuvent être plus long-temps à la mode que celles de la premiere classe, puisqu’elles font la satyre des mœurs, des caracteres vicieux, qu’elles y joignent des leçons excellentes, & que le cœur de l’homme varie bien moins que son esprit ; mais elles sont nécessairement plus froides, plus monotones. […] On doit y ranger toutes les pieces qui, comme la suivante, critiquent en même temps & le cœur & l’esprit, même les modes & les usages. […] Le jeu brillant de chaque Acteur, A l’abri de quelque lueur, Fera claquer sa morale ordinaire, Etonnera le connoisseur, Et le forcera de se taire, Et d’admirer, en dépit de son cœur, La complaisance du Parterre, &c.
La Dame, en qualité de femme, pousse contre lui la haine au dernier point : aussi Nérine, sa suivante, lui dit-elle, pour lui faire sa cour : Oui, oui, la haine seule est digne d’un grand cœur ; Aussi bien que l’amour, la haine a sa douceur. […] c’est de tout mon cœur... […] (En montrant son cœur.) […] Pour reconnoître un bienfaiteur, Les yeux ne sont point nécessaires : Je suis toujours averti par mon cœur. […] Favart peint le cœur d’un Anglois, il est juste de voir la critique qu’il fait de la nation entiere.
— Et cependant voyez-la sourire encore, entendez-la parler, de cette voix divine qui sait le chemin de tous les cœurs ; voyez-la se parer avec cette science naturelle que tant de femmes ont rêvée ! […] Vous l’avez accompagné en silence sur le bord de la mer : l’heure du départ est arrivée, le ciel est noir, la mer rugit au loin, le frêle esquif se balance d’une façon formidable, votre ami reste calme, il vous tient la main dans les siennes, il vous la serre, il vous regarde avec assurance, il vous sourit une dernière fois ; vous, cependant, vous avez la mort dans le cœur. […] On vient, tout exprès chez cette beauté à la Mode, pour la voir, tout exprès pour l’entendre ; elle, de son côté, elle ne songe qu’à montrer beaucoup d’esprit et un charmant visage ; quant au cœur, peu lui importe ! Ces beaux jeunes messieurs s’inquiètent bien du cœur de Célimène ! […] Mais si quelques gens de cœur n’avaient pas été, pour ainsi dire, les gardes de mademoiselle Mars, il y a longtemps que le Théâtre-Français l’eût perdue : et comptez donc combien de grands hommes, combien de grands drames qui n’auraient pas vu le jour !
La reconnaissance et l’enchantement populaires ont attaché à cette brillante époque le nom du prince qui était le centre et le principal ressort de ce noble mouvement des cœurs et des intelligences : Voltaire a prouvé que ce n’était pas sans raison. […] L’étude de son propre cœur troublé par la passion lui avait donné des lumières pour mieux voir les secrets ressorts des actions humaines. […] Sans doute on a fait de détestables comédies, capables de pervertir le cœur et l’esprit ; mais l’abus doit-il conclure contre l’usage ? […] À proprement parler, on ne lit pas les fables de La Fontaine, on les regarde ; on ne les sait point par cœur, on continue de les voir. […] Il nous a fallu l’aveu direct et public de quelques insensibles pour être assuré que La Fontaine n’avait pas pour lui l’universalité des suffrages ; mais si le sentiment des beautés dont il abonde a été refusé à quelques-uns, il n’a été donné à personne de pouvoir désabuser le monde d’une admiration qui a ses racines dans le cœur de l’homme.
Cette passion remplit, à cette époque, le cœur et l’âme d’un homme célèbre, Gui Patin. […] Tout le monde connaît la fameuse fleur nommée héliotrope, qui se tourne sans cesse vers l’astre du jour, ni plus ni moins que le cœur de M. […] Son caractère était aimable, son cœur ouvert à toutes les amitiés. […] Le maître sait le poète entier par cœur : l’élève se met à le traduire ; mais de son œuvre qu’il a brûlée, il nous reste seulement quelques vers insérés dans Le Misanthrope. […] Serait-on tenté de voir ici une contradiction avec les pages (voir le premier article) où nous disons que Molière, après avoir sondé jusqu’au fond le cœur de l’homme, l’avait trouvé mauvais ?
Enfin l’amour naissoit insensiblement dans son cœur, & avoit déja fait bien des progrès avant qu’il s’en apperçût. […] Le dépit agit sur leurs cœurs. […] (Il rit de tout son cœur.) […] Le cœur de son amant est tout ce qui la touché, elle mourra si elle ne le possede. […] Mélisse vante ses charmes : le blanc dont elle se sert, est le plaisir de conquérir tous les cœurs.
Montufar cependant y avoit gagné les cœurs de tout le monde par cet acte d’humilité contrefaite. . . . . . . . . . . . . […] Ton cœur ne se rend point, Traître ? […] C’est tout au moins, lui répliqua Blanche, qui savoit sa généalogie par cœur. […] Sans doute, & votre cœur N’a jamais eu pour moi de véritable ardeur. […] Souvenez-vous au moins que c’est vous-même Qui contraignez mon cœur à cet effort extrême.
Jugez quelle atteinte cruelle au cœur de ce triste berger. […] belle Philis, Se pourroit-il que l’amoureux Tircis Eût assez de bonheur Pour avoir quelque place dans votre cœur ? […] Dans une tragédie, ouvrage d’importance, Que faut-il pour toucher les cœurs ? […] Il est vrai ; mais elle a grace à tout cela ; & ses manieres sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s’insinuer dans les cœurs. […] Nous entendons pour la premiere fois un morceau de musique bien fait ; qui de nous pense d’abord à examiner si l’air tendre & touchant exprime bien le sentiment d’un cœur foible & passionné ?
pauvre sot toi-même, qui ne veux pas comprendre que c’est tout simplement que le cœur a plus d’esprit que l’esprit ! […] elle le voudrait du meilleur de son cœur, mais quoi ! […] Il n’y a de Molière dans les types de Molière que parce que dans tous les cœurs il est toujours de l’homme ! […] Comment ce qui ne laisse aucun trouble au cœur serait-il un péché ? […] Il n’y a pas mariage là où il n’y a pas société : il faut que les esprits s’entendent comme les cœurs.
Ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui… » La tirade est interrompue comiquement par nécessité de comédie ; puis le sérieux reparaît, quand Sganarelle conclut : « Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose d’admirable dans l’homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer. […] Le ciel a banni de mon âme toutes ces indignes ardeurs que je sentois pour vous, tous ces transports tumultueux d’un attachement criminel..., et il n’a laissé dans mon cœur pour vous qu’une flamme épurée de tout le commerce des sens, une tendresse toute sainte, un amour détaché de tout, qui n’agit point pour soi, et ne se met en peine que de votre intérêt… Je vous ai aimé avec une tendresse extrême ; rien au monde ne m’a été aussi cher que vous ; j’ai oublié mon devoir pour vous, j’ai fait toutes choses pour vous ; et toute la récompense que je vous en demande, c’est de corriger votre vie et de prévenir votre perte. […] Souhaitez bien plutôt que son cœur, en ce jour, Au sein de la vertu fasse un heureux retour, Qu’il corrige sa vie en détestant son vice757. […] La sanction de la morale de Molière est dans le sentiment de joie et de dignité qu’inspire le devoir accompli ; dans l’estime de soi-même et des autres consciencieusement acquise ; dans l’espoir du bonheur pur et sans remords que la vertu seule peut donner ; dans la sérénité d’âme et la tranquillité de cœur que porte en soi le seul honnête homme. […] En vain d’un lâche orgueil leur esprit revêtu Se couvre du manteau d’une austère vertu ; Leur cœur, qui se connoit et qui fuit la lumière, S’il se moque de Dieu, craint Tartuffe et Molière.
C’est qu’il a étudié dans le monde & dans le cœur humain les causes du rire. […] Ce m’est, je le confesse, une audace bien grande, Que d’oser de ce cœur vous adresser l’offrande ; Mais j’attends, en mes vœux, tout de votre bonté, Et rien des vains efforts de mon infirmité. […] Dès que j’en vis briller la splendeur plus qu’humaine, De mon intérieur vous fûtes souveraine ; De vos regards divins l’ineffable douceur Força la résistance où s’obstinoit mon cœur ; Elle surmonta tout, jeûnes, prieres, larmes, Et tourna tous mes vœux du côté de vos charmes. […] Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons, Et vous devez du cœur dévorer ces leçons. […] Ainsi qu’une novice Par cœur dans le couvent doit savoir son office ; Entrant au mariage il en faut faire autant : Et voici dans ma poche un écrit important Qui vous enseignera l’office de la femme.
Avec tous les respects d’un cœur vraiment sincere, Je viens pour vous offrir mon petit ministere. […] Ils agissent trop fortement sur mon cœur... […] Mon cœur, mon honneur, mon amitié, tout le veut. […] Que mon cœur est agité ! […] (En montrant son cœur.)
Elles crurent remplacer l’esprit par l’affectation, la dignité par le dédain, l’instruction par une recherche risible des mots et des idées, la distinction par un excès ruineux de, toilette, le cœur par un coquetterie de convention qui visitait tous les villages de la carte de Tendre. […] Et tout cela, avec quel charme, quelle mesure, quel talent féminin et inimitable pour ménager les gens, quelle constance dans le droit chemin du bon sens et du cœur ! […] En vain sur tous ses pas nous prétendons régner : Je trouve que le cœur est ce qu’il faut gagner327. […] Et à côté s’en place un autre non moins élevé : c’est qu’un maître sage doit régner par le cœur. […] Pour sortir, elle franchira les limites de la bienséance, de la prudence, du devoir, et se jettera de plein cœur dans les bras du premier qui s’offrira avec un air séduisant et une apparence d’honneur329.
De me barrer son cœur. […] Je crois qu’il a du cœur. […] Je l’aime de tout mon cœur. […] Parbleu, je suis à vous de tout mon cœur. […] Que votre cœur pour moi se laisse un peu toucher !
de tout mon cœur ! […] Timon ruiné, abandonné ensuite par ses amis, trahi par sa maîtresse, fuit d’Athenes la rage dans le cœur, & la bêche à la main, travaille la terre pour y chercher de quoi vivre. […] A te revoir, j’ai de la joie au cœur. […] Le plutôt qu’il pourra, Madame, assurément ; Mais bien plus tard que son cœur ne souhaite. […] Le cœur me bat...
Voyez d’abord le beau côté : Eraste a le cœur noble & plein d’humanité. […] Il n’est qu’un cœur véritablement grand Qui soit capable de le faire. […] De son cœur ils sont la peinture. […] « Voyez-le tel qu’il est : il s’est peint dans mes yeux : « Ils vous disent : Je vous adore : « Mon cœur vous le dit encor mieux... » Eraste. […] Bélise, sœur d’Eraste, paroît la larme à l’œil & le désespoir dans le cœur ; un homme qui venoit l’épouser est arrêté en route par une maladie très dangereuse.
Ce Sicilien que Moliere Représente d’une maniere Qui fait rire de tout le cœur, Est donc de Sicile un Seigneur, Charmé, jusqu’à la jalousie, D’une Grecque, son affranchie : D’autre part, un Marquis François, Qui soupire dessous ses loix, Se servant de tout stratagême Pour voir ce rare objet qu’il aime, (Car, comme on sait, l’amour est fin) Fait si bien qu’il l’enleve enfin, Par une intrigue fort jolie. […] L’un d’eux exprime devant Isidore, dans un couplet, l’amour de l’amant François, & le désespoir où il est de ne pouvoir déclarer sa tendresse : D’un cœur ardent, en tous lieux Un amant suit une belle ; Mais d’un jaloux odieux La vigilance éternelle Fait qu’il ne peut, que des yeux, S’entretenir avec elle. Est-il peine plus cruelle Pour un cœur bien amoureux ?
Il faut encore observer de ne les pas trop charger d’incidents, dans la crainte d’embarrasser l’esprit du spectateur : & ce qu’il faut sur-tout éviter, mais qui n’est pas facile, c’est de donner aux deux actions un égal intérêt ; car la perfection d’une fable d’action double est de partager si bien le cœur & l’esprit du spectateur, qu’il soit également affecté des deux actions ». Riccoboni recommande de ne pas donner aux deux actions un égal intérêt ; il dit ensuite que la perfection d’une fable d’action double est de partager si bien le cœur & l’esprit du spectateur, qu’il soit également affecté des deux actions. […] Si la double intrigue doit également affecter le cœur & l’esprit du spectateur, il faut nécessairement que l’une & l’autre l’intéressent également. Si la double intrigue ne doit pas l’intéresser également, il ne faut pas que chacune en particulier affecte également son cœur & son esprit. […] « Le Pastor Fido passe pour l’effort de l’esprit humain en ce genre ; & cependant, malgré tout l’intérêt qui est dans l’action de Silvio & de Dorinde, les spectateurs n’ont, dans le cours de la piece, le cœur & l’esprit occupés que de l’intérêt d’Amarillis & de Mirtillo.
Je hais de tout mon cœur les esprits colériques, Et porte grand amour aux hommes pacifiques. […] Au beau milieu du cœur il faut que je lui donne. […] poltron, dont j’enrage, Lâche, vrai cœur de poule. . . . . […] Le moindre coup au cœur est une sure voie Pour aller chez les morts ; il est ainsi du foie : Le rognon n’est pas sain quand il est entr’ouvert, Le poumon n’agit point quand il est découvert : Un artere coupé ! […] Animons notre cœur un peu trop retenu.
même le fameux chapitre des passions du cœur, il n’a pas moins changé que le chapitre de La femme savante. […] Que si le chapitre du cœur humain est à ce point soumis au changement, à l’aventure, que dirons-nous de cet autre chapitre : La Mode ? […] elle voulait que l’on eût foi, en sa beauté, non moins qu’en sa parole, en revanche, elle avait le courage de ces hommes généreux qui s’arracheraient le cœur, plutôt que de s’avouer vaincus, en public. […] Elle a salué toute cette foule enthousiaste avec une dignité bien sentie ; ses adieux ont été simples, touchants, sérieux ; elle tenait son cœur à deux mains, et elle aussi elle aurait pu dire comme cette héroïne de Corneille : — Tout beau, mon cœur ! […] Elle vivait par le théâtre et pour le théâtre, et elle ne pouvait pas se consoler de n’être plus la fête de l’esprit, la fête des yeux et du cœur.
Tu sais que perdre un frere & perdre son honneur, N’est pas perte pareille entre les gens de cœur. […] Etant homme de cœur tu la disputeras : Mais le Ciel est injuste, ou bien tu périras. […] Sir Charles tire son épée, &, marchant fiérement au Baron, lui met la pointe sur le cœur. […] Ayons du cœur dont nous soyons les maîtres, une valeur qui n’ait rien de farouche, & qui se porte aux choses par une pure délibération de notre raison, & non point par le mouvement d’une aveugle colere. […] Fanni, fille d’Adams, est un ange descendu sur la terre : elle parle ; chaque mot va se lancer en trait de feu dans le cœur de Thatley.
Palestre vient de faire naufrage ; elle se plaint de la rigueur du destin qui l’a jettée sur une terre inconnue, sans bien, sans ressource ; & de l’injustice des Dieux, qui n’ont aucun égard à l’innocence de son cœur, & l’exposent à toutes sortes de malheurs. […] Animons notre cœur un peu trop retenu. […] Aussi ne trouverois-je aucun sujet de plainte, Si pour moi votre bouche avoit parlé sans feinte ; Et, rejettant mes vœux dès le premier abord, Mon cœur n’auroit eu droit de s’en prendre qu’au sort. […] Tant qu’elle a pu des cœurs attirer les hommages, Elle a fort bien joui de tous ses avantages. […] je comprends : mais je n’ai pas besoin de me transporter à Paris pour goûter la beautés du Misanthrope, du Tartufe : la connoissance du cœur humain me suffit.
Comment donc, en ces luttes de l’espérance et du désir, se défendre de ces sensualités corruptrices, de ces liens du cœur, plus durs que la plus dure des prisons ? […] mais cette opération que tu fais là t’a donc tué l’âme et le cœur ! […] D’ailleurs, cette petite fille est sans cœur à force d’être ignorante. […] Elle en dit tant, que Molière, qui aime cette femme de tout son cœur, s’écrie, en frappant du pied : — Taisez-vous, ma femme, vous êtes une bête ! […] Il a ri de tout son cœur, et il a poussé le rire jusqu’à la bouffonnerie ; à présent il rentre dans toute sa dignité.
Je l’associois à mes jeux, je lui ouvrois mon cœur. […] Eh bien, me dit cette infame Margiste, mon cœur s’est vaincu, mon devoir est de m’immoler ; mon zele, mes serments, l’amour de mes anciens maîtres, tout me crie d’étouffer pour vous la voix de la nature. […] Il est touché de ses charmes & de sa jeunesse ; il la prie de ne le pas regarder, parcequ’il n’auroit jamais le courage de la faire mourir : il finit par tuer un mouton dont il porte le cœur à son maître, en lui disant que c’est celui de la Princesse, & en faisant bée : ce qui rend la chose burlesquement touchante.
Qu’on se figure la multitude de tours, d’images, de mouvements qui ont dû naître de ces conversations, où les sens, l’imagination, le cœur, étaient en jeu ; où l’émulation de plaire et d’étonner excitait les amours-propres ; où la critique n’était pas moins exaltée par les rivalités que le besoin de produire par l’émulation de plaire ! […] Par sa conversation, la vie sociale s’était perfectionnée ; les personnes s’étaient classées ; les sympathies d’esprit, de cœur, de caractère, même de conditions sociales, s’étaient rencontrées, reconnues, agrégées ; les existences se touchaient diversement ; les distinctions les plus faiblement marquées entre les personnes, mettaient des nuances dans leurs relations réciproques. […] Aujourd’hui Racine ne mettrait pas dans la bouche d’un jeune prince déclarant son amour à une captive, cette humilité religieuse : Peut-être le récit d’un amour si sauvage Vous fait, en m’écoutant, rougir de votre ouvrage ; D’un cœur qui s’offre à vous, quel farouche entretient Quel étrange captif pour un si beau lien ! […] Il existait un grand nombre de lettres de Sévigné, modèles de style épistolaire ; on en avait de son cousin Bussy-Rabutin, homme de mauvais cœur, de mauvais esprit, mais d’assez bon goût ; En morale, on avait les nobles écrits de Balzac ; En métaphysique, la méthode de Descartes ; En didactique et en polémique, les Lettres provinciales ; En critique, plusieurs bons écrits de Port Royal, la critique du Cid ; En poésie, les belles odes de Malherbe, quelques ouvrages de Racan, de Segrais, de Benserade ; les chefs-d’œuvre de Corneille, Le Cid, Les Horaces, Cinna, Polyeucte, La Mort de Pompée, Le Menteur, Rodogune.
Mais vous ne pouvez nier au fond de votre cœur, que je ne vous doive le jour. […] — Non, répliqua fiérement le Marquis, tu ne l’es pas : c’est pour la troisieme fois que je t’en assure. — J’avois encore besoin que tu me le disses de ce ton, poursuivit le Comte, pour sortir entiérement du respect que j’ai cru te devoir jusqu’à présent, & pour rejetter de mon cœur toute la tendresse que j’ai eue pour toi, & dont tu es indigne. […] puisque tu n’es pas mon pere, il me suffit aujourd’hui que tu veuilles ôter l’honneur à ma mere, je ne te connois plus que pour un tigre altéré de mon sang ; &, puisque tu en as soif, viens donc percer ce cœur que tu dis qui ne t’appartient pas. […] Oui, je rends à votre mere un cœur qui lui est dû légitimement, & je déteste en ce moment la personne pour qui je me sentois forcé à commettre tant d’injustices ; je ne la verrai de ma vie. […] Quand, jusqu’au fond du cœur pénétré de regret, Je cherche à réparer un transport indiscret, Avec quelque bonté daignerez-vous m’entendre ?
Le cœur de l’homme peut être aussi le lieu de leur bonne harmonie. […] Là, le salut public refoule au fond du cœur d’un général d’armée la tendresse paternelle. […] L’analyse du cœur humain, la peinture des caractères remplacèrent sur la scène l’antique guerre des Dieux. […] En dehors de la chevalerie, il est accompli ; c’est un esprit sensé, c’est un cœur généreux, c’est un beau caractère. […] Le cœur de l’homme est grand et vaste.
On les a si longtemps abordées le cœur troublé, le chapeau bas ! […] — Vous savez cependant que je ne manque pas de cœur, et que je sais me servir de mon épée. […] Il n’est pas forcé de savoir par cœur L’Amour médecin ! […] L’amour est mort, excepté dans mon cœur, et cet amour, amour survivant, se transforme et devient désespoir ! […] tu n’as pas de cœur !
C’est elle, la voilà, la voici, vous la savez par cœur. […] prenez-les, il vous les cède et de grand cœur. […] pour oser, de gaieté de cœur, s’attaquer à Molière ! […] d’Ancourt comprit que c’était sa muse qui passait ; il la suivit, tenant son cœur à deux mains : Tout beau, mon cœur ! […] Il les aimait, il les flairait, il les savait par cœur.
Don Garcie sort, le désespoir dans le cœur. […] Votre cœur est un cœur tout-à-fait généreux, Et nous ne pouvons trop nous en louer tous deux, Madame. […] que mon foible cœur tient encore à la terre ! […] Amour enfin, qui prit à cœur l’affaire, Leur inspira la ruse que voici. […] de tout mon cœur.
Tout agit différemment sur nos cœurs, selon la différence de notre âge, ou de l’éducation que nous avons reçue. […] j’enrage de tout mon cœur, & je me donnerois volontiers des soufflets ! […] Tout ce qu’une coquette a jamais pratiqué, Lorsqu’elle veut surprendre un cœur qu’elle a manqué, Soins de plaire affectés, souris, agaceries, Discours flatteurs, regards, gestes & lorgneries, Ma femme devant moi vient de le répéter, Pour engager Eraste, ou bien pour le flatter. […] Cléante, homme sensé, raisonnable, croit que le Ciel lit dans nos cœurs ; il agit & il parle en conséquence.
Désormais le cœur du roi suit madame de Maintenon dans son domaine. […] Madame de Sévigné, plus désintéressée que madame de Maintenon, jugeait mieux le cœur du roi à l’égard de madame de Montespan. […] Madame de Sévigné la regardait comme tout à fait sortie du cœur du roi.
A toi de cœur. […] Vous savez d’avance que cette faculté de voir exactement et profondément à travers l’enveloppe qui recouvre le cœur humain, fut la force de Molière. […] Molière, qui devait mourir d’un « cœur brisé, » comme disent les Anglais, se met toujours et partout du côté de la femme de Sganarelle. […] vous ne chercherez pas, mais vous auriez beau chercher, pas une relique ne traîne du temps où les cœurs vertueux aimaient à voir lever l’aurore au théâtre. […] J’en ai tant vu de ces orphelins du divorcé, qui cherchent en vain un foyer où réchauffer leur cœur, — car. ils ne sont plus chez eux, ni dans la maison du père, ni dans la maison de la mère.
Aussitôt, en l’absence de ces jeunes fous qui se battaient là-bas de si bon cœur, le vieux parti royaliste et dévot se réveille, il s’oppose à ce qu’on joue ce drame que déjà il sait par cœur. […] Grands moralistes tous les deux, Molière et Rousseau, ils ont vu tous les deux le cœur humain, sous un aspect bien différent. […] Est-ce le chagrin qui a si fort irrité son cœur ? […] L’avocat de ce temps-là règne et gouverne ; depuis que la comédie a cessé de faire sa pâture des gens de robe, cet avocat a relevé son cœur et sa tête. […] Elle n’a plus d’amour dans le cœur, mais on comprend si bien que l’amour a passé par là !
on ne saurait être un observateur du cœur humain en chambre. […] Et jamais cœur fût-il de la sorte traité ! […] Elle n’est pas assurément sans s’être aperçue que Tartuffe avait douceur de cœur pour elle. […] Je commence donc par remercier, et de tout mon cœur, M. […] lui dit-il, pleins de cœur !
Élève d’un célèbre philosophe (Gassendi*), il mit ses leçons en pratique ; profond dans la connaissance du cœur humain, il en développa les ressorts avec une sagacité étonnante ; bon et humain, il sema ses bienfaits sans ostentation, et n’en chercha de récompense que dans son cœur.
D’Orval réfléchit sur les charmes touchants de Rosalie, & sur l’effet produit dans son cœur par les mots qui lui ont découvert la tendresse de Rosalie. […] Clairville regrette toujours le cœur de son amante, & dit à d’Orval que sa sœur, sortie pour vérifier quelques bruits répandus sur la fortune de Rosalie & sur le retour de son pere, le prie de l’attendre. […] D’Orval & Rosalie voyent clair dans leur cœur. […] Il se retire à Milan auprès de Mario, qui lui découvre l’état de son cœur, & lui apprend qu’il souffre en ce moment tous les maux que l’absence d’un objet adoré & l’attente d’un bonheur prochain peuvent faire éprouver à un amant passionné : il n’attend que le retour de cette personne chérie, que le Docteur son pere a demandée & obtenue : elle arrive enfin, & Mario la présente à Lélio. […] avec quelle violence mon cœur palpita !
Vous pourriez apprendre par cœur 8 pages de Goldoni. […] que ce cœur est double, et sait bien l’art de feindre ! […] Allons, ferme, mon cœur ! […] Ses confidences auraient fait mal au cœur. […] Il fallait attacher en montrant à nu, les sentiments de deux cœurs tendres.
Mais l’âne qui ne savait point le rôle par cœur, n’observa point ce moment ; et dès qu’il fut dans la coulisse, il voulut entrer, quelques efforts que Molière employât pour qu’il n’en fit rien. […] Cette Laforest était sa servante ; elle était dans la coulisse opposée, d’où elle ne pouvait passer à travers le théâtre pour arrêter l’âne ; et elle riait de tout son cœur de voir son maître renversé sur le derrière de cet animal, tant il mettait de force à tirer son licou pour le retenir.
Un jeune Seigneur de Paroisse aime la fille de la Concierge de son château : il craint de ne pas lui plaire ; & pour éprouver son cœur, il feint de vouloir l’unir à un homme fort riche : c’est son valet qu’il charge de ce personnage. […] Un jeune homme qui veut éprouver le cœur de sa maîtresse, fait déguiser son valet en financier. D’un autre côté la maîtresse fait déguiser sa soubrette en dame, pour connoître à fond le cœur de son amant.
En un mot, il aime l’argent plus que réputation, qu’honneur & que vertu : & la vue d’un demandeur lui donne des convulsions ; c’est le frapper par son endroit mortel ; c’est lui percer le cœur ; c’est lui arracher les entrailles. […] Si j’osois vous montrer une preuve assurée Que son cœur... […] Ce vol qu’à vos beautés mon cœur a consacré, Pourroit être blâmé dans la bouche publique ; Et j’en veux pour témoin unique Celle qui peut m’en savoir gré. […] Recevez agréablement Mon cœur, mon ame & mon serment, Et jurez réciproquement De m’aimer furieusement Jusqu’à votre trépassement.
Non, mon cœur ne peut plus déguiser avec vous : Pour une autre, en secret, Madame, je soupire. […] Madame, sur ce point mon cœur n’est plus son maître. […] L’ennui, de l’indolence est plutôt le partage : C’est un vuide du cœur, né de l’inaction. […] A s’en bien acquitter on trouve un bien plus sûr, Et, pour un cœur bien fait, le plaisir le plus pur.
Géronte a le ton brusque & le cœur excellent ; il dit lui-même qu’on doit s’en rapporter à son cœur & non à sa voix. […] Sur quoi as-tu pu t’imaginer que je n’avois pas un cœur compatissant ? […] Là, je vous marie, soyez heureux, & ayez meilleure opinion de mon cœur une autre fois, bêtes que vous êtes. » Je ne sais si le lecteur sera de mon avis ; mais il me semble, je le répete, que ces trois scenes remaniées, retournées par la main habile de M.
Paris en jugea moins favorablement ; il la vit séparée des ornements qui l’avoient embellie à la Cour : & comme le spectateur n’étoit ni au même point de vue ni dans la situation vive & agréable où s’étoient trouvés ceux pour qui elle étoit destinée, il ne tint compte à l’auteur que de la finesse avec laquelle il développe quelques sentiments du cœur, & l’art qu’il emploie pour peindre l’amour-propre & la vanité des femmes ». […] Deux Princes rivaux se disputent par des fêtes galantes le cœur d’une Princesse.... […] Néron, s’ils en sont crus, n’est point né pour l’Empire : Il ne dit, il ne fait que ce qu’on lui prescrit : Burrhus conduit son cœur, Séneque son esprit.
Enfin, c’est à peine si l’on peut dire qu’elle est punie ; on sent bien que ce n’est pour elle qu’un échec momentané, mais qu’avec sa beauté, son esprit, sa grâce et sa fortune, elle n’aura pas de peine à reprendre le sceptre des salons et à gagner de nouveau le cœur des hommes, et cependant on ne surprend en elle aucun vestige de remords, pas l’ombre d’un sentiment généreux ; le cœur est absolument vide. […] Et si, comme on le dit, il a emprunté pour la peinture de ce caractère quelques traits à sa propre femme, ne sent-on pas qu’il a voulu, au contraire, flétrir la sécheresse d’un cœur glacé, incapable de comprendre le prix d’un cœur comme le sien ? […] Célimène, c’est le monde lui-même dans ce qu’il a de plus exquis et de plus perfide, la beauté sans la bonté, l’esprit sans le cœur, la richesse et tous les dons du dehors sans aucun des dons de l’âme ; c’est l’élégance et la grâce, le bon goût irréprochable, la diction juste, fine, perçante, la repartie implacable, la cruauté enjouée, la fierté feinte : c’est la coquette idéale, usant et abusant de tous ses dons, déchirant le plus noble cœur avec une grâce homicide, victime à la fin de ses ruses, mais prête à recommencer, n’ayant rien à craindre tant qu’elle aura vingt ans. […] Nulle part l’art de vivre en société, l’art de causer, l’art de plaire, l’art de peindre, l’art d’analyser, l’art de penser en commun, l’art de raisonner sur la vie, sur les mœurs, sur le cœur humain, en un mot l’art de la vie mondaine n’a été poussé si loin. […] Le sage de la pièce, de Jalin, épouse, comme Philinte, l’Éliante de ce faux monde, la jeune Marcelle, qui a conservé des sentiments purs au sein de l’impureté ; enfin le nouveau Alceste, comme l’autre, reste seul blessé au cœur, et avec bien plus de droit que celui-ci de devenir misanthrope.
que vous ai-je fait, cruelle Mélicerte, Pour traiter ma tendresse avec tant de rigueur, Et faire un jugement si mauvais de mon cœur ? […] N’a-t-il pas ces adulateurs à outrance, ces flatteurs insipides, qui n assaisonnent d’aucun sel les louanges qu’ils donnent, et dont toutes les flatteries ont une douceur fade qui fait mal au cœur à ceux qui les écoutent ? […] Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable ; et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. […] — Qui voulez-vous, mon père, que je dise Qui me touche le cœur, et qu’il me serait doux De voir, par votre choix, devenir mon époux ? […] Il est même utile d’indiquer qu’une passion, si féroce qu’elle soit, ne dessèche le cœur qu’au point où elle est engagée et qui l’intéresse.
Béverley finit l’acte par ces vers : Plaisirs faux & trompeurs, pleins d’horreur & d’alarmes, Le repentir vous chasse à jamais de mon cœur. […] Stukéli annonce que Béverley a tout perdu : tandis que son ami se désole chez Vilson, il va, dit-il, porter le dernier coup au cœur de Madame Béverley. […] L’avarice n’a plus d’empire sur mon cœur ; Il ne respire plus que vengeance & fureur. […] Jarvis arrange l’enfant, le félicite de dormir sans avoir peur d’être éveillé par le remords, tandis que son pere a le cœur déchiré. […] Bates, loin de l’assassiner, lui a dévoilé les complots & les fripponneries de Stukéli : celui-ci est confondu, arrêté ; la joie renaît dans le cœur de la plupart des personnages.
Enfin, le progrès des idées et le respect dû aux chefs-d’œuvre aidant, elle vient de reparaître sur le théâtre, cette courte et belle scène que n’aurait pas désavouée Shakespeare ; nous l’avons vue enfin et entendue tout entière, telle qu’elle a jailli de l’âme et du cerveau de son auteur, telle que bien peu même des contemporains de Molière ont pu l’entendre et l’admirer ; et, pour comble de bonheur, elle a été interprétée d’une manière sublime par Ligier, qui, avec quatre ou cinq paroles sorties du cœur, sans cris, sans gestes, a ému profondément toute la salle. […] Au premier plan, un riche et insolent libertin qui veut se donner, pour son argent, le passe-temps d’entendre un pauvre homme blasphémer ; d’une autre part, un valet intéressé qui engage l’homme en guenilles à gagner, à si bon marché, un beau louis d’or : « Va, va, jure un peu ; » puis un honnête mendiant qui, ayant au cœur la crainte de Dieu et le sentiment de sa dignité qu’on insulte, répond, sans déclamation, sans hésitation, simplement, fermement : « Non, monsieur, j’aime mieux mourir de faim. » Que fait alors le libertin ? […] A l’appel du frère de done Elvire, il répond : « Vous savez que je ne manque point de cœur et que je sais me servir de mon épée quand il le faut. […] descend de son mausolée et vient brûler de sa main de glace le cœur du réprouvé. […] La légende que chacun savait par cœur en Castille l’exigeait ainsi.
Madame Lisban craint la médisance : Marton la rassure, lui dit de se livrer au conseil que son cœur lui donne. […] ; mais il a le cœur excellent. […] s’écria-t-elle, le cœur saisi & pénétré. […] On me fit promettre de l’aimer uniquement : ma bouche dit oui, mon cœur non, & ce fut mon cœur qui lui tint parole. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Madame, il faut être juste : j’abandonne volontiers tous les cœurs pour le vôtre ; perte ou gain, c’est le sort du jeu, & j’en veux bien courir les risques : mais il y a encore un échange à faire, & en conscience vous ne pouvez pas exiger que je renonce au plaisir.
Elle ne prétendait pas faire oublier madame de Montespan par les saillies, par les moqueries, par les imitations chargées ; mais elle faisait sentir au roi un intérêt de cœur, elle lui faisait pressentir des jouissances inconnues, elle excitait dans son âme la puissance des sympathies ; la glorieuse, l’amante de la considération s’entendait bien avec l’amant de la gloire sur la valeur de cette jouissance, sur les moyens de se l’assurer. […] Ses paroles m’ont paru toutes choisies pour toucher un cœur sans bassesse et sans importunité. » Dans le même temps, que fait le roi ? […] La fermeté tranchante du duc de Montausier pouvait n’être pas déplacée dans un homme de sa profession et surtout de son caractère ; mais la longue expérience de Bossuet et sa profonde connaissance du cœur humain lui avaient appris que la douceur, la patience et les exhortations évangéliques sont les véritables armes a un évêque pour combattre les passions et qu’elles servent plus souvent à en triompher que ces décisions brusques et absolues qui obtiennent rarement un si heureux succès. […] Les causes déterminantes, comme nous le verrons dans les événements de cette année, 1680 et des précédentes, qui été l’inconstance du roi, la lassitude des continuelles avanies qu’elle lui attirait, et surtout la douceur, la raison pleine de charmes, le vif intérêt qu’il trouvait dans la conversation de madame de Maintenon, son inclination pour elle, le désir de se fixer à la possession du noble cœur qu’il lui avait reconnu.
L’école des mœurs doit être non seulement assez décente pour ne pas corrompre le cœur & l’esprit ; elle doit l’être jusqu’au point de ne blesser ni les yeux ni les oreilles, je ne dis pas d’une jeune personne qu’une mere croit pouvoir mener au spectacle sur la foi de l’honnêteté publique, j’ajoute de tout homme qui pense. […] Renonçons généreusement à des applaudissements dont notre cœur ne pourroit pas jouir. […] il n’est que trop assuré : C’est, de tous les affronts, l’affront le plus sensible ; Et, loin que ce matin ton cœur l’ait réparé, Tu t’es d’avec moi séparé, Par des discours chargés d’un mépris tout visible. […] Vois, si mon cœur n’eût su de froideur se munir, Quels inconvénients auroient pu s’en ensuivre ! […] Ce lui seroit trop d’honneur que d’être joué devant une auguste assemblée ; il ne demanderoit pas mieux, & il m’attaque de gaieté de cœur, pour se faire connoître de quelque façon que ce soit.
Et tu viens dans mon cœur, malheureux ! […] Pour servir ce rival, as-tu formé l’envie, Dis-moi, de m’arracher & le cœur & la vie ? […] Mariane est au désespoir des peines que sa mere ressent pour elle ; son cœur voudroit pouvoir lui sacrifier Moncade. […] Si son cœur innocent à vos yeux vient s’offrir... […] Vous voyez qu’à vous plaire il fait tout son possible ; De l’état de son cœur c’est la preuve sensible.
Si les modernes méritent des louanges à raison des distinctions qu’ils ont faites, nous allons ne pas tarir sur leur éloge, puisqu’ils ont encore distingué des caracteres ou des mœurs, les vices du cœur, les vices de l’esprit, la coutume d’une nation, les travers, les foiblesses, les ridicules de l’homme. […] Celui qui aura tracé un portrait des travers, des ridicules, des foiblesses, des vices du cœur ou de l’esprit d’un homme, nous aura peint nécessairement le caractere de cet homme, du moins en partie.
Il faut qu’un Poëte comique soit juste en tout, & qu’il satisfasse les cœurs droits de son assemblée, en traitant ses personnages avec la derniere équité. […] Voilà ce que peut dire un cœur vraiment épris. […] Célimene est si maltraitée par ses quatre soupirants, lorsqu’ils découvrent sa perfidie, que leurs adieux devroient suffire pour exclure la coquetterie du cœur de toutes les femmes. […] Allez, tous vos discours ne me font point de peur : Je sais comme je parle, & le ciel voit mon cœur. […] Le poëte tragique fut désespéré de perdre le cœur de son héroïne favorite.
Que ton cœur à ce bruit de guerre, A ces éclairs, à ce tonnerre, Du Ciel reconnoisse la voix, Et que cet olivier paisible Disparoisse à l’aspect terrible De ce laurier garant de tes exploits. […] Sigismond est frappé de sa beauté, il s’écrie : Elle a dans un instant changé mon caractere : Le seul son de sa voix a dompté ma fureur ; La douceur de ses yeux a passé dans mon cœur : Elle vient de verser dans mon ame charmée Le desir de la gloire & l’oubli de mes maux ; Pour la seule vertu je la sens enflammée : Et d’un tyran, en moi, l’amour fait un héros. […] Je vais, en dépit d’eux, me montrer magnanime, Et convaincre mon pere, en un jour si fameux, Que les astres malins n’ont sur nous de puissance Qu’autant que notre cœur est d’accord avec eux, Que notre volonté regle leur influence, Et qu’on est à son gré cruel ou généreux. […] Soit que j’aime Carlos, soit que par simple estime Je rende à ses vertus un honneur légitime, Vous devez respecter, quels que soient mes desseins, Ou le choix de mon cœur, ou l’œuvre de mes mains. […] Il vaut bien un combat : vous avez tous du cœur, Et je le garde...
A la place de ces traits mâles, vrais, vigoureux, qui démasquent le cœur humain, qui agrandissent l’ame, qui nous initient dans la connoissance si nécessaire de nous-mêmes, qui nous développent enfin la nature, nous substituons hardiment des colifichets, des enluminures, des situations traînées dans les plus misérables romans, des pieces qui ne décelent pas la moindre connoissance du cœur humain, & qui annonceroient aussi peu d’imagination si elles n’étoient remplies de caracteres imaginaires. […] Un cœur françois ne voit pas de récompense plus flatteuse. […] Vous lisez les ouvrages des anciens : le desir de vous illustrer sur la scene s’empare de votre cœur ; il vous dévore ; vous lui sacrifiez vos veilles : elles ne sont pas infructueuses ; vous enfantez une piece ; vous la présentez ; vous demandez une lecture ; souvent vous attendez la réponse pendant quatre ans ; l’impatience vous prend ; vous renoncez à une carriere si désagréable, ou bien l’incertitude vous tient long-temps dans l’oisiveté. […] Qu’on cesse d’y représenter ces drames étonnants qui blasent le goût, & produisent sur le public l’effet des liqueurs fortes sur les palais délicats ; qu’on ne s’y borne pas à rouler sur sept ou huit canevas, tandis qu’on a le fonds le plus riche ; qu’on y reprenne ces parodies si propres à corriger les ridicules, si nécessaires pour la police du Parnasse ; qu’on y parle enfin plus au cœur & à l’esprit qu’aux oreilles : alors tout Paris dira avec Fontenelle en y courant : Je vais au grenier à sel.
Sans ce métier fatal au repos de ma vie, Mes jours, pleins de loisir couleraient sans envie, Je n’aurais qu’à chanter, rire, boire d’autant ; Et comme un gras Chanoine, à mon aise, et content, Passer tranquillement, sans souci, sans affaire, La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire, Mon cœur exempt de soins, libre de passion, Sait donner une borne à son Ambition, Et suivant des grandeurs la présence importune, Je ne vais point au Louvre adorer la Fortune : Et je serais heureux, si, pour me consumer, Un destin envieux ne m’avait fait rimer. […] Ne crois pas toutefois, par tes savants ouvrages, Entraînant tous les cœurs gagner tous les suffrages. […] Quiconque voit bien l’Homme, et d’un esprit profond De tant de cœurs cachés a pénétré le fond ; Qui sait bien ce que c’est qu’un Prodigue, un Avare, Un honnête Homme, un Fat, un Jaloux, un Bizarre, Sur une scène heureuse il peut les étaler, Et les faire à nos yeux vivre, agir, et parler.
n’espérez jamais que mon cœur y consente. […] Je l’ai vu à trois lieues d’ici, où a couché le coche ; &, dans la cuisine où il est descendu pour déjeûner, je l’ai étudié une bonne demi-heure, & je le sais déja par cœur. […] Il me semble que vous prenez la chose fort à cœur. […] Un cœur tendre & volage, un esprit vif, ardent Jusqu’à l’étourderie, & toutefois prudent ; Coquette au pardessus ! […] Je le voudrois de tout mon cœur : mais où ?
Et fera-t-on cet outrage à l’humanité de penser que le vice n’ait besoin que de se montrer pour entraîner tous les cœurs ? […] Quelle connaissance du cœur ! […] Il étudiait l’homme dans toutes les situations ; il épiait surtout ce premier sentiment si précieux, ce mouvement involontaire qui échappe à l’âme dans sa surprise, qui révèle le secret du caractère, et qu’on pourrait appeler le mot du cœur. […] Mais sa philosophie, ni l’ascendant de son esprit sur ses passions, ne purent empêcher l’homme qui a le plus fait rire la France, de succomber à la mélancolie : destinée qui lui fut commune avec plusieurs Poètes comiques ; soit que la mélancolie accompagne naturellement le génie de la réflexion, soit que l’observateur trop attentif du cœur humain, en soit puni par le malheur de le connaître. […] Les découvertes nouvelles faites sur le cœur humain par La Bruyère et d’autres Moralistes, le comique original d’un Peuple voisin qui fut inconnu à Molière, ne donneraient-ils pas de nouvelles leçons à un Poète comique ?
. — Bonne ; elle nous prouve à quel point un cœur jaloux peut égarer l’imagination. […] ne devrait-il pas au moins payer d’un soupir tant d’expressions tendres, tant de traits délicats échappés successivement du cœur de son amante ? […] Ce mouvement subit de générosité, fût-il involontaire, peint, mieux qu’un long discours, un amant tout entier aux intérêts de son cœur ; et je félicite le comédien qui l’imagina. […] Nous y voyons encore que, si son cœur était sensible aux bienfaits de son roi, il ne l’était pas moins à l’injustice des critiques ; et ceux-ci vont en avoir de nouvelles preuves. […] Molière, en homme qui connaissait le cœur humain, a-t-il voulu intéresser au succès de sa pièce l’amour-propre du souverain qui en avait le plus ?
Baron, quand vous aimez, avez-vous le cœur tendre ? […] Non, ma poupine veuve, Ordonnez, j’ai pour vous un cœur à toute épreuve. […] Le combat fini, les deux amis redevinrent bons amis, s’expliquerent, convinrent qu’ils avoient eu tort de se battre pour une fille dont l’esprit étoit aussi corrompu que le cœur, & jurerent en s’embrassant de ne plus la voir que pour la persiffler. […] Tous ceux qui ne s’étoient pas apperçus des aparté, lui dirent qu’elle avoit tort, qu’elle méritoit bien tout ce que le Comte lui avoit dit, qu’il n’avoit fait que rendre foiblement les sentiments de tout le monde : ceux qui avoient tout entendu, lui tinrent malignement le même propos : elle passa sur la scene la rage dans le cœur, & fut punir le public des affronts qu’elle avoit essuyés.
Épître à Molière PHILOSOPHE profond, dont l’esprit courageux Sondant du cœur humain les replis tortueux Des fripons et des sots prépara les supplices, Osa dans tous les rangs attaquer tous les vices ; Le plus bel ornement du siècle de Louis, Gloire, gloire Molière, à tes divins écrits ! […] Pour mieux corriger l’homme, adroit réformateur, Tu l’observas longtemps, et tu le sais par cœur. […] Plus courageux que lui, dans le cœur du méchant Tu descendis sans crainte, et creusas plus avant ; Et fouillant les replis de ce nouveau Protée, Rien n’échappe, Molière, à ta loupe enchantée. […] On ne te trouve plus, chez nous, que dans les drames ; L’égoïsme, insensible à la voix du malheur, Aux pleurs de la pitié ferme toujours son cœur ; Et la philosophie et sa douce influence N’ont pu, de son exil, tirer la bienfaisance : Le cri de l’infortune est à peine écouté ; L’homme d’esprit sourit au mot d’humanité ; Le mérite caché languit dans la misère, Et l’intrigant, hélas !
Mais la peinture du cœur humain a été l’art de Molière. […] Mais Molière est de tous ceux qui ont jamais écrit, celui qui a le mieux observé l’homme sans annoncer qu’il l’observait; et même il a plus l’air de le savoir par cœur, que de l’avoir étudié. […] C’est une suite de traits dont aucun n’est perdu; celui-ci est pour moi, celui-là est pour mon voisin ; et ce qui prouve le plaisir que procure une imitation parfaite, c’est que mon voisin et moi nous rions du meilleur cœur du monde de nous voir ou sots, ou faibles, ou impertinents, et que nous serions furieux, si on nous disait d’une autre façon la moitié de ce que nous dit Molière.
Poussée par cet amour qui enflamme le courage des lions, et non par celui qui habite d’ordinaire au cœur des jeunes vierges… Enfin, par charité, j’ai dû en prendre compassion. […] Je m’exerce à connaître le cœur féminin ; et, puisque je réussis si aisément en tout ce que j’entreprends, je m’élèverai à des entreprises plus hautes, sauf à alléguer pour excuse que septies in die cadit justus. » La fuite d’Annette et d’autres disgrâces accablent le vieux LISEO. […] Mon cœur s’élance au-devant de lui !
D’un autre côté, peut-on penser que l’accent de madame Scarron dans l’expression de son chagrin, cet accent qui alla au cœur du roi, ne sortît du cœur de la gouvernante dont la douleur n’était pas toute pour la perte de l’enfant et s’était accrue de la douleur du père ? […] Madame Scarron tut sans folie concevoir l’espérance de loucher le cœur du monarque, et surtout en concevoir le désir ; et madame de Montespan dut ressentir, dans son âme altière, une secousse de jalousie qui ne pouvait manquer d’avoir des suites.
La gloire qu’il voyait prochaine, le génie dont il avait conscience, ne sauraient-ils compenser, pour un jeune cœur facile à l’enthousiasme, ce que l’âge lui avait enlevé ? […] En outre, peut-on admettre que, de gaieté de cœur et pour le seul plaisir, un homme se représente lui-même sous les traits du grotesque tuteur d’Agnès et se bafoue aussi cruellement ? […] Célimène est impeccable, si je ne m’abuse ; elle n’a ni cœur ni sens. […] » Cette fois, elle y met une indifférence de cœur, une régularité et une âpreté au gain qui la rangent parmi les femmes galantes de profession. […] Toutes les choses du monde ont du rapport avec elle dans mon cœur.
L’horreur et le mépris qu’y nourrit cette même passion pour tous les vices qui l’ont irritée sert encore à les écarter du cœur qu’elle agite. […] Vous savez que je ne manque pas de cœur et que je sais me servir de mon épée quand il le faut. […] Cela est si vrai qu’au passage même où il proclame l’amour du beau moral comme éternel dans le cœur de l’homme (« l’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même… », à ce passage même, il ajoute une note qui est celle-ci : « C’est du beau moral qu’il est ici question. […] Sa mécanique à elle est plus forte que la nôtre ; tous ses leviers, vont à ébranler le cœur humain. […] Il faut qu’elle apprenne à pénétrer leurs sentiments par leurs discours, par leurs actions, par leurs regards, par leurs gestes… Ils philosopheront mieux qu’elle sur le cœur humain ; mais elle lira mieux qu’eux dans le cœur des hommes.
Elle passa neuf années avec lui, dans une liaison qu’elle ne regardait pas comme un mariage ; depuis la mort de Scarron, elle écrivit à son frère : « Je n’ai jamais été mariée : dans mon union avec Scarron le cœur entrait pour peu de chose, et le corps, en vérité, pour rien77. »Et Scarron, avant de l’épouser, disait à ses amis : Je lui apprendrai bien des sottises, mais je ne lui en ferai point. […] Il offre tant de sympathies diverses à satisfaire, il soumet les sympathies physiques à tant de sympathies morales et intellectuelles, il présente tant de points de défense et d’attaque en même temps, il fait naître tant désirs au-delà du désir même, il offre tant à conquérir au-delà de la dernière conquête, il donne tant de jeu aux craintes, aux espérances, il arrête les progrès si près du but et y rappelle si puissamment par l’effort même qui en éloigne, enfin il y a tant de distance entre les voluptés que l’art le plus exercé ou le naturel le plus aimable peuvent donner à l’abandon et le charme de cette retenue mystérieuse qui arrête les mouvements d’un cœur passionné, que rien n’est impossible à une grande passion dans le cœur d’une telle femme. […] Je crois, au contraire, et la suite apprendra qui d’Auger ou de moi a raison, que madame de Scarron a plu très sensible me ni au roi dans sa première visite ; que le compliment qu’il lui adressa non seulement fut sincère, mais même inspiré par une secrète inclination pour elle, et fut une première amorce, jetée par des espérances confuses de possession plus ou moins prochaine, à un cœur qu’il jugeait disposé à lui céder.
Que peut-on trouver dans toutes ces maisons-là, que des gens forcés de vivre en commun par la loi et l’usage, les uns bons, les autres méchants, la plupart ridicules, sans qu’ils aient les uns ni les antres aucun sentiment des obligations et des tendresses du sang, ou que nulle part, dans leur intimité, on sente le souffle d’affection qui rassemble et réchauffe les cœurs autour du père ? […] Les enfants révoltés contre ce risible et monstrueux pouvoir n’ont-ils pas, sans exception, la raison, la justice, la délicatesse, le désintéressement, l’intelligence et le cœur pour eux seuls ? […] Si cette détestable leçon était donnée d’une manière formelle, peut-être serait-elle moins démoralisatrice ; mais grâce aux ridicules d’avarice, d’égoïsme, de routine, d’abus d’autorité attribués libéralement aux vieillards ; grâce aux qualités de cœur accordées surabondamment aux jeunes gens, il n’y a rien qui choque, à première vue, dans cette continuelle révolte des cheveux blonds contre les cheveux blancs : la raison, la morale même semble l’approuver ; et de là sort enfin une telle habitude de dénigrement pour l’autorité paternelle,.qu’on doit peut-être attribuer à Molière une part de notre Révolution dans ce qu’elle a eu de plus mauvais, une part dans l’opposition systématique aux droits du père qui règne jusque dans nos codes actuels. […] Mais non : sans doute qu’en devenant maris et pères, ils perdraient aussitôt leur bon sens, leur esprit et leur cœur. […] Molière y alla sans marchander ; il mit sur la scène un gueux plus noble de cœur qu’un gentilhomme716 ; il bafoua les bourgeois qui croient que c’est une belle chose de devenir gentilhomme ; les Arnolphe qui se donnent le nom de Monsieur de la Souche ; les Gros-Pierre qui s’appellent pompeusement Monsieur de l’Isle 717 ; les George Dandin qui, par un allongement, reçoivent le titre de Monsieur de la Dandinière 718 ; on n’oubliera jamais l’illustre maison de Sotenville, dans laquelle « Bertrand de Sotenville fut si considéré en son temps que d’avoir permission de vendre tout son bien pour le voyage d’outre-mer719, » ni celle de la Prudoterie « où le ventre anoblit720 ; » on rira éternellement des manies de dignité et de vanité qui constituent toute la noblesse des Pourceaugnac et des Escarbagnas ; enfin le type du marquis, produit par Molière et prodigué dans toutes ses pièces, est resté et restera comme l’un des meilleurs personnages du théâtre comique.
Son corps s’y fatigue, mais son cœur s’y relève, son esprit s’y mûrit. […] Molière ouvre là tout son cœur. […] Par ses œuvres, on connaît son cœur ; par son cœur, on connaît sa vie. […] Son cœur se l’était gardé. […] Vous savez que je ne manque point de cœur et que je sais me servir de mon épée, quand il le faut.
Il a un ami sage et sincère, dont il se défie, et une maîtresse dont il est tendrement aimé, sur laquelle il ne daigne pas jeter les yeux ; au contraire, il a mis toute sa confiance dans un faux ami, qui est le plus indigne homme qui respire, et il a donné son cœur à la plus coquette et à la plus perfide de toutes les femmes. […] Comme il connaissait parfaitement tous les ressorts du cœur, tous les replis de l’esprit humain, il était avantageux qu’il entreprît de traiter ce sujet, pour nous apprendre de quelle manière on peut s’approprier les idées d’autrui, et leur donner les grâces de la nouveauté. » M. […] C’est là, si je ne suis trompé, connaître parfaitement l’art du théâtre, et le cœur humain ; Sganarelle ne dit rien, mais son silence parle éloquemment aux spectateurs. […] Le bouffon en qui la princesse se confie entièrement, et à qui elle ne cache rien des mouvements de son cœur, est valet du prince dont elle veut être aimée ; ce valet se présente pour la première fois à la princesse en habit de médecin, et se dit médecin de l’amour. […] que dedans un rôle tendre, Elle en forcera de se rendre, Et que maints en lorgnant la jeune de Beaulieua, Porteront volontiers leurs cœurs en si beau lieu.
La pâle est aux jasmins en blancheur comparable, La noire à faire peur, une brune adorable : La maigre a de la taille & de la liberté ; La grasse est, dans son port, pleine de majesté : La mal-propre sur soi, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée : La géante paroît une déesse aux yeux ; La naine, un abrégé des merveilles des Cieux : L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne : La fourbe a de l’esprit, la sotte est toute bonne : La trop grande parleuse est d’agréable humeur, Et la muette garde une honnête pudeur. […] Un objet vieux & difforme captive leur cœur & fixe leur hommage : ils ont beau se railler les uns des autres & conseiller à leurs amis d’appaiser Vénus qui les a affligés d’une passion avilissante, ils ne voient pas qu’ils sont eux-mêmes victimes d’un choix souvent plus honteux.
On n’est poète et poète comique, que lorsque la Muse se fait psychologue, et porte son flambeau jusqu’au fond du cœur humain289. […] Semblable à ces déesses des anciennes épopées qui apparaissaient aux mortels, elle enchante nos yeux, subjugue nos cœurs ; mais, si nous voulons la saisir, nous embrassons une nuée. […] L’autorité que le texte a par lui-même pour convaincre et persuader tous les hommes de sa propre beauté, le commentaire ne l’a point pour rendre cette beauté sensible aux esprits rebelles et aux cœurs indifférents. […] Car elle sait que ces choses-là ne sont point belles, si elles ne plaisent qu’à ses sens ou ne touchent que son cœur, sans pouvoir être en même temps admirées, ni d’elle, ni de personne. […] Mais, si le poète fait tristement, courageusement, le sacrifice des espérances les plus chères au cœur de l’homme à ce qu’il croit être la vérité, quoi de plus beau ?
Sganarelle prévoit qu’elle sera mal reçue : Don Juan le confirme dans cette opinion, en lui peignant les plaisirs d’un cœur volage, & en lui faisant part du dessein qu’il a formé depuis peu. […] Elvire l’arrête, lui reproche de l’avoir trompée, de l’avoir entraînée dans le précipice ; lui demande si elle a perdu son cœur pour toujours. […] « La jeune fille sort pour pêcher & tendre des filets : au lieu de poissons, elle y prend les cœurs ». […] Vous savez que je ne manque point de cœur, & que je sais me servir de mon épée quand il le faut. […] Je la trouve d’autant plus sublime, qu’elle peint bien le fond du caractere de Don Juan, qu’elle est revêtue du vernis hypocrite qu’il s’est donné nouvellement, qu’elle le rend encore plus odieux, qu’elle va merveilleusement au sujet, à l’intrigue, & qu’elle décele dans l’Auteur une grande connoissance du cœur humain ; peut-être même annonce-t-elle le seul homme qui pouvoit faire le Tartufe.
Précisément ; & c’est son ami même Qu’à soupçonner son cœur est toujours prêt... […] La défiance dans un cœur Peut-elle aller si loin ? […] Par elle il voit d’abord vos cœurs aliénés, Le mari dérangé, la femme malheureuse, Et peut-être moins vertueuse... […] C’est cette juste défiance Que je renferme dans mon sein, Dont j’épargne à leurs cœurs la triste connoissance, Qui ne feroit qu’augmenter leur chagrin... […] Ma fille & Desronais Auront beau m’accuser d’une injustice extrême, Je ne dois point, aux dépens de mon cœur, Pour faire plutôt leur bonheur, Me rendre malheureux moi-même66.
Ses manières sont engageantes, ont je ne sais quel charme à s’insinuer dans les cœurs. […] Ce portrait, Molière le portait dans son propre cœur. […] Il y a, en effet, chez la femme, un besoin naturel de dévouement qui empêche la misanthropie de se développer à l’état aigu, si je puis dire ; mais la misanthropie n’en existe pas moins dans certains cœurs féminins, qui sont des cœurs d’élite, seulement elle se dissimule sous une tristesse souriante qui peut donner le change. […] Le mot est dit et dès lors n’a plus qu’à passer de bouche en bouche, en attendant cette heure si lente à venir où il pénétrera dans tous les cœurs. […] Ce sont des cœurs blessés qui portent le deuil de chères illusions disparues ; le monde dit en les voyant : « Ce sont des misanthropes !
Faites parler les droits qu’on a dessus mon cœur, Je vous en donne la licence ; Et, si c’est en votre faveur, Je vous réponds de mon obéissance. […] La pauvre infortunée aime avec violence ; A moi seul de ses feux elle fait confidence, Et je vois dans son cœur des tendres mouvements A dompter la fierté des plus durs sentiments. […] Ils se rendent mutuellement les présents qu’ils se sont faits, déchirent les lettres qu’ils se sont écrites, promettent de ne plus se voir, finissent par se raccommoder, par s’aimer davantage : & toutes les personnes qui ont eu le cœur tendre s’écrient, en voyant exécuter cette scene, ou en la lisant, voilà comme on aime !
Je sais qu’il est beau d’affecter le cœur dans une comédie ; qu’un Auteur doit s’étudier à l’attacher, à l’intéresser. […] Le véritable intérêt comique se déguise sous assez de formes : tantôt il affecte le cœur, tantôt il ne pique que la curiosité, mais de mille façons diverses, suivant le génie de l’Auteur, & l’adresse avec laquelle il sait les amener, les mettre en jeu & les faire contraster. […] M. de Pourceaugnac arrive par le coche ; heureusement Sbrigani le sait déja par cœur, & il a trouvé en lui un esprit tout-à-fait propre à être berné : on exhorte Julie à feindre, à laisser croire que M. de Pourceaugnac lui plaît beaucoup ; nous ne savons pas pourquoi : tant mieux ; nous desirons bien mieux la suite, sur-tout lorsque nous avons vu M. de Pourceaugnac.
dire avecque douleur Que j’ai des forces, mais que je manque de cœur. […] N’a-t-on rien qui me pût fortifier le cœur ? […] Puisque vous le voulez, éprouvons ce moyen : Mon cœur pour ce remede a de la répugnance ; Et c’est, à dire vrai, malgré moi que je danse.
Votre cœur ne se trompe pas. […] Alors mon homme, aidé du simple sens commun, pourroit lui répondre, je pense : « Puisque la satisfaction du cœur a deux façons de s’exprimer, gardez votre joie pleureuse pour les pieces que je viens voir avec l’intention d’y pleurer ; mais lorsque, sur la foi de votre affiche, je vous donne de l’argent pour rire, régalez-moi, je vous prie, d’un plaisir qui soit gai, & qui ne ressemble pas si fort au chagrin ». […] Oui, mon cœur s’est ému dès le moment que vous avez ouvert la bouche ; & notre mere que vous allez ravir, m’a mille fois entretenu des disgraces de notre famille. […] Il faut que cela soit ; car je sens que pour vous Dans mon cœur tout à coup ma flamme est amortie, Et fait en ce moment place à l’antipathie.
Je dis plus, je soutiendrai que leurs plus grands partisans en apparence, sont plus justes dans le fond du cœur. […] Les Auteurs du genre prétendu moderne & philosophique voient que les Romains savoient amener des situations attendrissantes sur la scene, & plaçoient déja dans la bouche des acteurs ces exclamations bruyantes, qui sont du moins sures d’étourdir les oreilles quand elles ne vont pas au cœur : je veux dire ces oh ! […] Encore une fois, je t’en conjure par cette main droite que je mets dans la mienne, & que je serre du fond de mon cœur, ne me manque pas plus de fidélité que j’ai dessein de t’en manquer. […] D’un souverain pouvoir, il brise les liens Du contrat qui lui fait un don de tous vos biens, Et vous pardonne enfin cette offense secrete Où vous a d’un ami fait tomber la retraite : Et c’est le prix qu’il donne au zele qu’autrefois On vous vit témoigner en appuyant ses droits : Pour montrer que son cœur sait, quand moins on y pense, D’une bonne action verser la récompense ; Que jamais le mérite avec lui ne perd rien, Et que, mieux que du mal, il se souvient du bien.
Mowbrai ordonne à John de faire venir le Notaire : il félicite Belton de posséder le cœur de Belti. […] La réponse du malheureux Turc commença d’un ton assez tranquille : mais lorsqu’après avoir confessé en général qu’il étoit né quelque chose, & que c’étoit un malheur de fortune qui l’avoit fait tomber entre les mains des Chrétiens, il fut pressé d’une maniere tendre de s’expliquer davantage, son cœur s’ouvrit avec violence, & fit passage à une infinité de sanglots. […] Enfin, le cœur gros de tendresse & de joie, dans un transport inexprimable de reconnoissance, il se jetta, à la vue de tout le monde, aux pieds de son bienfaiteur ; il s’écria, en les embrassant : O le meilleur de tous les Chrétiens ! […] Le bon esclave de Ligourne paya libéralement le prix qui fut demandé, & remplit tous les autres devoirs avec une ouverture de cœur & une générosité dignes du christianisme.
vous voulez aller avec cette vîtesse, Et d’un cœur, tout d’abord, épuiser la tendresse ! […] Que sur les cœurs il prend un furieux empire, Et qu’avec violence il veut ce qu’il desire !
Ismene est devenue éprise de l’amant de sa fille ; elle craint le retour de Champagne ; elle ouvre son cœur à Laurette sa suivante, qui se charge de faire soutenir à Champagne que le mari d’Ismene est mort. […] Quinault, né à Paris en 1635 ; il étoit fils d’un Boulanger : c’est à quoi Furetiere fait allusion en disant : « Quinault est la meilleure pâte d’homme que Dieu ait jamais faite ; il oublie les outrages qu’il a soufferts de ses ennemis, il ne lui en reste aucun levain sur le cœur. […] Ce Poëte né avec une oreille saine & délicate, un cœur tourné à la tendresse, paroissoit plus propre à composer des vers lyriques ; aussi y réussit-il parfaitement.