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25. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Nous en avons dit quelque chose dans le Chapitre précédent, parceque deux personnages également contrastants, sont exactement de la même force entre les mains d’un habile homme ; qu’étant de la même force, ils exigent un double titre, ou rendent le sujet équivoque ; que ce qui peut leur arriver de plus heureux, si l’un d’eux n’est pas écrasé tout-de-suite, est de briller alternativement l’un aux dépens de l’autre ; de se nuire par conséquent, & de partager à eux deux par égale portion l’intérêt que le public auroit réuni sur un seul. […] Lorsque je trouve dans une comédie deux caracteres également renforcés & parfaitement contrastants, je crois voir deux maîtres d’armes l’épée à la main : les coups qu’ils se portent mutuellement sont tous dangereux : quelquefois ils se tuent tous deux, ou bien celui qui triomphe n’a ce triste avantage qu’après avoir été considérablement affoibli par son adversaire. […] L’héroïne emploie l’argent que le héros lui donne, à faire emplette sous main des terres que vend ce dernier. […] De votre propre main je suis assassiné ! […] Enfin ce que le monde a de plus spécieux, Mon coffre le renferme, & je l’ai sous mes yeux, Sous ma main ; & par-là l’avarice qu’on blâme, Est le plaisir des sens, & le charme de l’ame.

26. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

Que pouvait donc faire le poète, ayant ainsi les mains liées ? […] Tant de grâce et d’élégance ont peur d’être froissées par des mains si rudes. […] On était redressé de main de maître. […] Toutes les couleurs étrangères se sont admirablement fondues sous sa main. […] Jourdain, qui leur tombaient entre les mains.

27. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Fournier, de quelque lettre originale tombée par hasard aux mains du libelliste, cette conversation, comment se termine-elle ? […] C’est elle qui lui mit la balle en main. […] Quand il avait la plume à la main, il obéissait à son génie et non à ses passions. […] Est-ce qu’il n’a pas ce billet à la main ? […] Célimène sent la victoire dans ses mains, et elle se prépare à en abuser.

28. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

L’étudiant Cintio commence à se décourager ; il a reçu une lettre de son père qui l’invite à demander à Beltrame la main de sa fille ; il s’y résoudrait peut-être s’il n’était pas piqué au jeu par la rivalité de Fulvio. […] L’étudiant Cintio, instruit de ce nouvel incident, s’empresse de demander à Beltrame la main de Lavinia. […] Fulvio, en le voyant aux mains des sbires, se porte garant du capitaine. […] Quand le capitaine lui demande s’il aime Celia, Fulvio, sous l’empire de la même crainte, nie son amour ; il hésite à toucher la main de Celia qu’on lui donne et tourne toujours les yeux vers Scapin pour s’assurer qu’il n’a point mal fait.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. M. COLLÉ. » pp. 354-380

Desronais la demande à son pere : celui-ci répond qu’il est vieux, infirme, fort peu riche ; qu’il a fait sortir sa fille du Couvent pour qu’elle le serve, & qu’il ne veut pas la faire passer avec son bien entre les mains d’un étranger. […] Dupuis dit malignement à sa fille que ne pouvant accorder ses deux amants, il ne veut faire du tort à aucun, & qu’elle restera fille jusqu’à ce qu’elle puisse disposer de sa main par elle-même. […] Quoique ses mains soient si sales qu’elles ne sont pas faites pour être vues, celles des gens au-dessus de lui ne sont guere plus propres que les siennes. L’or qui poisse leurs mains, s’attache comme le miel aux doigts de ceux qui le touchent. […] Celui-là parle une langue barbare, Qui l’or en main n’explique ses desirs.

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

Je baise les mains à Monsieur le Docteur. […] (Sganarelle impatienté ferme la bouche du Docteur avec sa main à plusieurs reprises, & le Docteur continue de parler, d’abord que Sganarelle ôte sa main. […] Au lieu de mettre dans les notes de sa piece, Sganarelle est impatienté par le Philosophe, il ferme avec sa main la bouche du Philosophe, il pousse le Philosophe dans sa maison, &c. il a constamment écrit, Sganarelle, impatienté par le Docteur, ferme avec sa main la bouche du Docteur ; il pousse le Docteur dans sa maison, &c.

31. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

À la suite de la querelle qui a eu lieu entre elle et son mari, à l’occasion du portrait que ce dernier a vu aux mains de la comédienne Vittoria, Isabelle, soupçonnant Oratio d’aimer celle-ci, ordonne à Pedrolino d’aller demander audit Oratio le portrait qu’elle lui a donné jadis. […] Le docteur Gratiano, mari de Flaminia, voyant Arlequin qui, une lettre à la main, contemple la fenêtre de sa femme, conçoit des soupçons, et lui demande ce qu’il cherche là et de qui est cette lettre. […] Ils mettent la main à leur épée. […] Flavio, mettant la main à sa joue, part sans dire un mot. […] Je veux donc, madonna Silvia, puisque vous y consentez, n’épouser que vous, et je vous jure, foi de cavalier, que si je ne pouvais obtenir votre main, je renoncerais à toute autre au monde.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Alors elle prie Carlos de mettre l’épée à la main & de sortir d’un air furieux. […] c’est inutilement, son pere va disposer de sa main. […] Par vos mains cet argent a passé ; Rendez-en compte, allons. […] main forte ! […] Lisette, en approchant de l’Olive qu’elle ne voit pas, étend la main & le prend par le collet ; dans le même temps Angélique rencontre la main de Dorante, qu’elle retient.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

 Qu’il a toujours, malgré ses remontrances, Heurté le fondement de toutes les Sciences, La Grammaire, qui sait régenter jusqu’aux Rois, Et les fait, la main haute, obéir à ses loix49. […] D’ailleurs Harpagon, forcé de donner un repas, Harpagon contraint à laisser un diamant de prix dans les mains de sa maîtresse, ne se trouve-t-il pas, sur-tout dans la derniere scene, dans la situation où l’on desireroit l’Avare moderne ? […] Non, Madame, il est en de trop belles mains. […] Je le répete, croit-on qu’Harpagon, contraint par son fils à laisser un diamant dans les mains de sa maîtresse, ne présente pas la situation où l’on desireroit l’Avare moderne ?

34. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Géronte veut lui donner de l’argent, il feint de le refuser, & tend la main par derriere pour le recevoir. […] Pantalon veut lui donner de l’argent ; il dit qu’il n’en veut pas, & tend la main par derriere. […] Il est aisé de voir que Moliere a pris de l’Auteur Italien la feinte maladie de l’héroïne, le déguisement de l’amoureux, les impertinences que Sganarelle dit en parlant à tort & à travers d’Hippocrate & des matieres de la malade, d’une façon moins grossiere pourtant qu’Arlequin & Crispin : il lui doit aussi le lazzi de tendre la main derriere le dos pour recevoir de l’argent, & l’enlevement de la fausse malade ; mais la vengeance de la femme, & l’idée si singuliere de faire un Médecin à grands coups de bâton, sont puisées dans une histoire connue en Russie vingt ans avant que Moliere fît un Médecin malgré lui. […] Je ne prétends point vous voler votre fille, & ce n’est que de votre main que je veux la recevoir.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. Pieces intriguées par une chose inanimée. » pp. 199-203

La sœur cadette paroît, surprend son aînée un portrait à la main, & comme elle aime aussi Celio en secret, elle lui reproche son attachement pour l’original dont elle tient la copie : Aurora lui jure le contraire, &, pour le lui prouver, lui abandonne cette miniature qui cause sa jalousie : la sœur cadette l’accepte avec transport, l’ouvre bien vîte, & voit avec étonnement la figure d’Arlequin. […] La fille cadette de Pantalon reconnoît le portrait de ce qu’elle aime, l’arrache des mains d’Arlequin, & sort en le couvrant de baisers. […] Argentine y dit que, fâchée de ne pas tenir le portrait des mains de l’original, elle le renvoie ; Scapin lit qu’on ne veut plus de la copie, parcequ’elle est aussi vilaine que l’original.

36. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

On bat des mains, on applaudit, on trouve que Molière n’a jamais mieux joué. […] Ses mains tremblent et se crispent ! […] Et moi, poursuivi, décrété, brûlé dans mes œuvres par la main du bourreau ! […] Lui aussi, il a tenu dans ses mains les preuves de sa misère ; lui aussi, il n’a pas voulu y croire. […] Et comme on frémit de dégoût et d’impatience, quand la main de ce misérable effleure seulement cette blanche étamine !

37. (1884) Molière et les Allemands pp. 3-12

Fritsche au nom de Sganarelle, le vieux roman et le provençal du xviie  siècle l’offraient à Molière de première main : Enganarello (trompeur) est enregistré tout vif par Mistral dans cet état civil de notre langue qui s’intitule le Dictionnaire provençal français (tome I, page 915). […] Pensez-en ce que vous voudrez ; mais il est certain qu’un de mes aïeux n’aurait eu qu’à ouvrir les yeux pour voir Molière, qu’à étendre la main pour effleurer et serrer la main de Molière ! […] De sorte qu’à côté de mon aïeul paternel qui n’avait qu’à étendre sa main pour effleurer ou serrer celle de Molière, il y avait, là aussi, un autre aïeul à moi qui ouvrait positivement la main pour que Molière fut mieux fêté !

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. M. DE CHAMFORT. » pp. 420-441

Milfort annonce à Belton qu’Arabelle accepte sa main avec transport : Belton est au désespoir d’abandonner Belti : ses remords redoublent en la voyant. […] Belton conduit la main de Belti qui ne sait pas signer : elle s’écrie : Quoi ! […] Mon ami, me dit-il, en me prenant par la main, j’ignorois que tu pusses me les rendre. […] L’étonnement lui coupa d’abord toute expression ; il n’en croyoit pas ses yeux ; il leva vingt fois les mains au ciel pour attester son Prophete & tout ce qu’il avoit jamais révéré. […] Allons, mes enfants, réjouissez-vous d’être tombés en si bonnes mains, & baillez-moi ici un petit plat de votre métier, pour faire passer mon chagrin.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

Lélie est amoureux de Célie ; son valet Mascarille favorise sa passion : tous deux veulent enlever la belle esclave des mains de Trufaldin. […] Faut-il vous tenir par la main, ou si vous avez quelque principe ? […] Il lui fait cette honnête proposition déguisé en Sergent & le pistolet à la main. […] Si la pupille fût venue, comme l’Olive, un pistolet à la main, forcer son tuteur à faire son message, l’intrigante cessoit d’être intéressante, le caractere étoit détruit, la scene devenoit gauche & la piece mauvaise38.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Les trois Princes ont préparé des courses & des fêtes magnifiques dans l’espoir de mériter la main de la Princesse ; mais elle déclare à son pere que l’hymen lui déplaît, que ce seroit lui donner la mort que la forcer à prendre un époux. […] Don Carlos déclare son amour, & le fait si vivement, que la Princesse croit l’avoir vaincu : elle est satisfaite, retire sa main que le Prince tenoit, & le traite avec la plus grande fierté. […] Elle avance, fait consentir les trois Princes à suivre ses volontés, & donne sa main à celui qui a su vaincre ses dédains par le dédain même. […] L’Amour prend la main de Lélio & la met dans celle de Flaminia. […] La Comtesse est la dupe de cette feinte : son amour-propre est indigné de voir qu’une conquête lui échappe ; elle retourne à Dorante, & lui donne sa main.

41. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Que, l’astrolabe en main, un autre aille chercher Si le soleil est fixe, ou tourne sur son axe ; Si Saturne, à nos yeux, peut faire un parallaxe… Pour moi, etc. […] C’est que sur le calcul, dit-on, de Cassini, Un astrolabe en main, elle a, dans sa gouttière, À suivre Jupiter passé la nuit entière. […] Dans l’épitre à Racine, il se demande : Et qui, voyant un jour la douleur vertueuse De Phèdre, malgré soi perfide, incestueuse, Ne bénira d’abord le siècle fortuné Qui, rendu plus fameux par tes illustres veilles, Vit naître sous ta main ces pompeuses merveilles ? […] combien de gens prêtèrent toujours celui des deux qu’ils tiennent à sa main ! […] Quant à la manière dont madame de Sévigné s’est exprimée dans une lettre confidentielle à son cousin sur la nomination de Racine et de Boileau à la place d’historiens, Voltaire était plus capable que personne den sentir la justesse ; Racine et Boileau eux-mêmes, en mettant la main sur la conscience, n’auraient pu la trouver injuste.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Dans le moment qu’on lui livre Turqueta, & qu’il va la remettre entre les mains de Scapin, Gélio vient, par ses plaintes, s’opposer à la vente, & déclarer clairement que son pere n’en veut point. […] L’aventure du Turc, qui vient tout naturellement avec une lettre d’avis retirer sa sœur d’esclavage, qui s’adresse précisément à l’homme qu’il doit le plus craindre, qui lui laisse entre les mains de quoi le tromper, & qui va ensuite à la campagne pour donner au fourbe le temps de lui nuire ; toutes ces choses, dis-je, ménagées ou arrangées par les fourberies de l’intrigant, me paroissent bien plus comiques que l’Egyptien de Moliere. […] Mais il faut savoir que tout cet artifice Ne va directement qu’à vous rendre service ; Que ce conseil adroit, qui semble être sans fard, Jette dans le panneau l’un & l’autre vieillard ; Que mon soin par leurs mains ne veut avoir Célie Qu’à dessein de la mettre au pouvoir de Lélie, Et faire que l’effet de cette invention, Dans le dernier excès portant sa passion, Anselme, rebuté de son prétendu gendre, Puisse tourner son choix du côté de Léandre. […] Enfin Lidame saisit l’Etourdi par la main, qui, sans contrefaire sa voix, s’écrie, je suis Philipin. […] Afin de venir à bout de ce dessein, il fit faire une lettre au nom de la femme de Charles d’Estampes, lui donnant avis de l’affliction qui lui étoit arrivée d’avoir perdu un bon mari, & lui un si bon frere, disant que son mari avoit laissé quelques legs par son testament, dont il le faisoit exécuteur, & tuteur de ses enfants, le priant de venir en diligence à Paris pour donner ordre à leurs affaires, lui faisant des excuses de ce que cette lettre n’étoit pas écrite de sa main.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Il a confondu un autre faux voyageur qui prétendoit à la main de Julie. […] Il avoue qu’il n’aime point Rosalie, qu’il épouse son bien, qu’elle donne sa main de très mauvaise grace, mais qu’il s’en moque. […] Gresset, on démasque le héros en montrant des horreurs écrites de sa propre main contre la personne qui faisoit tout pour lui, & on le chasse ignominieusement. […] Le crois-tu de sa main ? […] Le crois-tu de sa main ?

44. (1886) Revue dramatique : Les Fâcheux, Psyché (Revue des deux mondes) pp. 457-466

On assiste à ces spectacles avec indifférence, comme on regarde, à l’occasion, la reliure d’une Imitation de Jésus-Christ : c’est « le plus beau livre qui soit sorti de la main des hommes, » on veut bien le croire, mais on l’a connu naguère, dans les intervalles du catéchisme, à titre de petit ouvrage de piété. — Ainsi donc ces fruits du génie, ayant perdu le duvet et la fleur, nous sont vainement offerts : si quelques autres, de même qualité environ, restent dans le fruitier, qui s’en aperçoit ? […] se récrie quelqu’un, c’est l’œuvre commune de Corneille et de Molière : il faut donc que ce soit un chef-d’œuvre renforcé. — Mais comment ces deux poètes y ont-ils mis la main ? […] On prend plaisir, d’ailleurs, à voir le vieil auteur d’Horace manier ce frêle outil, le vers libre, et le manier si bien qu’on reconnaît à peine le moment où l’ouvrage passe des mains de Molière dans les siennes : en ce point, « barbare » rime avec « mystère, » voilà tout ; si M. […] Etendez la main vers ces admirables éditions que publie la maison Hachette, vers cette collection des Grands Écrivains de la France : vous tenez là Corneille, Racine, Molière tout rafraîchis et tout vivants1. […] Si pourtant je possédais demain une bicoque à la campagne, j’y attirerais volontiers quelques voisins, je leur mettrais entre les mains l’Art de dire, de M.

45. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Horace ne se battait point ; mais il lui baisait les mains et les bras. […] Inspire-nous le mépris des opinions reçues, et le courage de porter la main sur les vaines idoles ! […] Je disais tout à l’heure qu’il n’y en avait qu’une dans l’ouvrage où se retrouvât la main de Molière. […] On y trouve pourtant encore de ces traits qui enlèvent, et l’on sent la main du maître. […] Chrysale s’est chargé de proposer à sa femme la candidature de Clitandre à la main de Henriette.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. Du Genre gracieux. » pp. 91-102

Je me garde bien de dire que le genre gracieux ait beaucoup dégénéré dans les mains de MM. […] Un jour il eut querelle avec le Comte de Gourville, qui étoit accompagné d’un de ses parents & d’un domestique : ils mirent l’épée à la main, & n’ayant pu résister à trois personnes, il fut laissé pour mort sur la place ; mais en étant revenu, il obtint douze mille livres de dommages. […] Si je tenois, disoit-il, toutes les vérités dans ma main, je me garderois bien de l’ouvrir : on sait que la découverte d’une seule vérité fit traîner Galilée dans les prisons de l’Inquisition. […] Tancin lui dit un jour, en lui mettant la main sur la poitrine : Ce n’est pas un cœur que vous avez-là, c’est de la cervelle, comme dans la tête.

47. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [93, p. 136-138] »

Voici cette scène très courte que Voltaire nous a donnée, après l’avoir vue écrite de la main de Molière, entre les mains du fils de l’un des amis de notre auteur.

48. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Ensuite, il a plus qu’un ridicule ; il a un tort, et même assez grave, celui de donner les mains à une insolente mystification dirigée contre l’homme dont il veut devenir le gendre, et, qui plus est, d’y prendre le principal rôle. […] Jourdain, qui désavoue la sienne ; et, tandis que l’imbécile bourgeois finit par être dupe de la plus grossière imposture, l’estimable roturier arrive au comble de ses vœux, en obtenant la main de celle qu’il aime. […] Peut-être se faisait-il un scrupule respectueux d’avoir traité un sujet auquel son oncle, le grand Corneille, avait mis la main, et voulait-il, au moins, que d’autres ne pussent pas lui reprocher cette espèce de témérité. […] Les deux sœurs de Psyché sont, dans leur jalousie, d’une férocité révoltante, et les deux princes qui prétendent à sa main sont, dans leur rivalité, comme dans leur amour, d’une générosité plus que romanesque. […] Ces événements étaient fréquents chez les peuples de l’antiquité, où la guerre, la piraterie et l’exposition des enfants séparaient de leur famille nombre de jeunes garçons et de jeunes filles, qui la plupart étaient vendus à l’encan, et passaient de main en main comme objet de commerce.

49. (1843) Épître à Molière, qui a obtenu, au jugement de l’Académie française, une médaille d’or, dans le concours de la poésie de 1843 pp. 4-15

Si tu voyais les Arts, courtisans de Louis, Du faste de son règne esclaves éblouis, Demander leur salaire à son royal caprice, C’est le peuple à présent dont la main protectrice, De ses dignes élus sanctifiant les droits, Couronne les héros, les poètes, les rois. […] Des mains d’un riche avare enlève sa cassette, Ou, vengeant les saints droits de la société, Écrase Don Juan sous son impiété, Et démasque cet homme au regard faux et louche, Qui, l’enfer dans le cœur et le ciel dans la bouche, Cachant ses noirs projets sous un manteau chrétien, Trompait tous les regards, tous, excepté le tien. […] Mais qu’à son tribunal citant le genre humain, Toujours votre justice ait la marotte en main.

50. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [50, p. 83-85] »

Tous ses amis y assistèrent, ayant chacun un flambeau à la main. […] L’un, défenseur zélé des bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots, le condamnait au feu ; L’autre, fougueux marquis, lui déclarant la guerre, Voulait venger la cour immolée au parterre ; Mais sitôt que, d’un trait de ses fatales mains, La parque l’eut rayé du nombre des humains, On reconnut le prix de sa muse éclipsée.

51. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Invitation à la danse120 Donnons-nous la main, auteur et lecteurs, et dansons ensemble dans ce chapitre, aux sons du violon de Jean-Paul, le bal humoristique et romantique du dogmatisme littéraire121. […] Géant toujours chaussé du cothurne, il porte en sa main le masque tragique132. […] Le comique est le contraire du sublime. — Dansons ici, auteur et lecteurs, dansons, le balancier en main, sur la chaîne de fleurs d’un syllogisme bien tendu138. — Le sublime ambitionne les termes généraux qui ont de la noblesse : le comique doit donc rechercher les expressions individuelles à l’adresse des sens139. […] Voici comment Jean-Paul conclut le Prologue-Programme de son Titan : Maintenant donnons-nous la main, auteur et lecteurs, et dansons ensemble dans cet ouvrage ce grand bal de la vie ; moi à la tête d’un quadrille, et vous en sautant en mesure derrière moi, accompagnés par le chant des Muses et par la lyre d’Apollon, dansons de volume en volume, de cycle en cycle, de digression en digression, d’une pensée à une autre… (Traduction de M.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. De l’Entr’acte. » pp. 289-308

Un moment après Robert entre par le vestibule, une lettre à la main, un bougeoir dans l’autre : comme c’est la réponse du Comte de Clarandon qu’il rapporte, il se presse de passer chez Madame Murer pour la lui remettre. […] « Betty sort de l’appartement d’Eugénie, très affligée, un bougeoir à la main ; car il est pleine nuit. […] Un instant après le Baron sort de chez sa fille d’un air pénétré, tenant d’une main un bougeoir allumé, & de l’autre cherchant une clef dans ses goussets : il s’en va par la porte du vestibule qui conduit chez lui, & en revient promptement, avec un flacon de sel ; ce qui annonce qu’Eugénie est dans une crise affreuse. […] Betty revient avec une serviette sur son bras, une écuelle de porcelaine couverte à la main ; elle rentre chez Eugénie. […] de Harlai, premier Président & l’un des Administrateurs, lui dit : « D’Ancourt, nous avons des oreilles pour vous entendre, des mains pour recevoir les aumônes que vous faites aux pauvres ; mais nous n’avons pas de langue pour vous répondre ».

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Il est sans doute naturel qu’une jeune fille, voulant se débarrasser d’un homme qui la pousse à bout, lui promette un rendez-vous, & que son persécuteur suspende sa vivacité dans l’espoir d’être traité plus favorablement ; mais si la Lucrece veut réellement échapper encore saine & sauve des mains de son Tarquin, a-t-elle besoin de lui susciter des embarras, & de faire agir son valet pour cela ? […] vous voilà, mon cher ami, me dit-il en me serrant la main ! […] Je commence à le tirer par la manche : je lui prends la main ; il ne sent rien. […] J’oyois un de ces jours la Messe à deux genoux, Faisant mainte oraison, l’œil au Ciel, les mains jointes, Le cœur ouvert aux pleurs & tout percé de pointes Qu’un dévot repentir élançoit dedans moi, Tremblant des peurs d’enfer, & tout brûlant de foi : Quand un jeune frisé, relevé de moustache, De galoche, de botte & d’un ample panache, Me vint prendre, & me dit, pensant dire un bon mot : Pour un poete du temps vous êtes trop dévot ! […] Moi, pour m’en dépêtrer, lui dire tout exprès : Je vous baise les mains, je m’en vais ici près Chez mon oncle dîner.

54. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Voici Don Juan qui les prend par la main et qui les mène où il veut, sauf à les planter là, au milieu du chemin, à la merci du premier qui passe. […] À la fin, nous le tenions tel qu’il est sorti des mains ou plutôt des griffes de Molière, ce magnifique damné dont le nom est immortel ! […] … Donnez-moi la main !  […] Dimanche, Monseigneur ; quand il s’en ira, les mains dans vos poches, le pauvre ne sera pas loin ; et le pauvre, trouvant votre défroque sur le dos de M.  […] Maintenant, maintenant ta main !

55. (1811) Discours de réception à l’Académie française (7 novembre 1811)

Voilà encore, Messieurs, ce, que nous dit Molière, et ce que nous confirme Dancourt, historien du second ordre, mais qui n’en est ni moins fidèle ni mains véridique. […] ils sont eux-mêmes spectateurs, et battent des mains avec le public qui leur insulte ! […] À Dieu ne plaise que je parle, dans le sanctuaire des lettres, du triomphe de la barbarie, et que je rappelle, devant les statues de Corneille et de Racine, l’époque déplorable où leurs chefs-d’œuvre furent mutilés par des mains sacrilèges. […] Non, Molière, tu ne l’implorerais pas en vain ce monarque invincible ; il entendrait tes plaintes jusque dans le tumulte des camps ; et, du haut de son char de triomphe, il te tendrait une main protectrice.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Heureux, si, en touchant aux beautés délicates de son maître, il n’y eût point imprimé la main de l’écolier ! […] Le Ciel, à ta naissance, Répandit sur tes jours la plus douce influence ; Tu fus, je crois, pêtri par les mains de l’Amour : N’es-tu pas fait à peindre ? […] Valere, mettant la main sur son épée. […] Valere, mettant l’épée à la main. […] Don Juan, lui tendant la main.

57. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Molière, heureusement, n’est pas tombé au sortir de ce monde entre les mains de ses ennemis. […] En France, la critique a la main sèche ; partout où elle a passé, il ne reste que des opinions. […] Malgré ses mains crochues, Harpagon a la faiblesse d’être amoureux. […] C’est Molière en main qu’il faut juger la question. […] J’aurais pour elle au feu mis la main que voilà.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Le tableau que Sganarelle vient de nous retracer est extrêmement joli ; il sentira toujours la main du grand Maître. […] Mais il semble au contraire avoir rejetté ce qui lui tomboit presque sous la main. […] La charge est vraiment belle ; &, pour un tel dessein, Il ne me faudroit plus qu’un caducée en main ! […] Favoris de Thalie, je vous le répete, vous avez dans vos mains les armes les plus triomphantes : ne ménagez point les ouvrages toujours détestables de ces originaux. […] Dans la derniere de ces pieces, le héros trouve entre les mains de sa femme le portrait d’un jeune homme ; un instant après, il voit dans sa maison l’original du portrait.

59. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

C’est que Gros-René n’y allait pas de main morte : s’il fût tombé sur Molière dans un transport de jalousie, il l’aurait étouffé. […] Mais blanchir de la toile de Hollande, c’est ennoblir ses mains. […] Campardon a eu la main heureuse : c’est lui, le premier, qui a déniché les merles. […] Ce n’est pas Molière qui lui eût mis une grammaire à la main. […] Elles mirent l’épée à la main « après la petite pièce ».

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

Le pere d’Isabelle & de Léonor a remis, en mourant, ses deux filles avec tout leur bien entre les mains de Sganarelle & d’Ariste, qui sont freres ; il leur a donné le pouvoir de les épouser ou de leur choisir des époux. […] Comme de pareilles poursuites exposent ordinairement une honnête femme à des bruits fâcheux auxquels elle n’a pas contribué, j’ai eu quelquefois envie de lui faire dire par mes freres, que je trouve fort mauvais qu’il en use de cette maniere ; mais considérant qu’il s’ensuit souvent des réponses dures, & que des duretés on en vient ordinairement aux mains, j’ai mieux aimé, crainte de scandale, m’adresser à vous, dont il est peut-être l’ami, & qui êtes en droit, par votre caractere, de lui faire des réprimandes. […] Le fils se jette aux pieds de sa belle-mere prétendue qui lui pardonne, & lui donne sa main à baiser. […] L’héroïne raconte qu’elle a fait semblant de tomber, & qu’un jeune homme a profité de cette occasion pour lui remettre un billet en lui donnant la main. […] En vain sur tous ses pas nous prétendons régner, Je trouve que le cœur est ce qu’il faut gagner ; Et je ne tiendrois, moi, quelque soin qu’on se donne, Mon honneur guere sûr aux mains d’une personne A qui, dans les desirs qui pourroient l’assaillir, Il ne manqueroit rien qu’un moyen de faillir.

61. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Sachez donc que, pour parvenir en fort peu de temps, il faut être dur et impitoyable, principalement à ceux qui ont de grands biens ; il ne faut jamais donner les mains à aucun arbitrage, jamais ne consentir d’arrêt définitif : c’est la perte des études. […] Mais quand tout vous rit, et que le monde est bien infatué de vos richesses, il faut prendre à toute main l’argent qu’on vous offre, faire grande dépense à l’ordinaire ; et puis un beau matin, après avoir mis tous vos meilleurs effets dans une cassette, déloger à petit bruit, et donner ordre à votre portier de dire à tout le monde qu’on ne sait où vous êtes allé. […] À la fin, désolés de votre absence et ne sachant sur quoi se venger, ils font dire sous main qu’ils perdront les deux tiers, si on veut assurer l’autre. […] PERSILLET touchant dans la main de La Ressource. […] Et comme la presse sera grande, il m’a mis entre les mains des contrats de vente, le nom et la somme en blanc, pour les remplir quand il se présentera des marchands, jusqu’à la concurrence des quatre cent mille francs.

62. (1802) Études sur Molière pp. -355

pour donner le loisir à son maître de dévorer une seconde fois la main de son amante, et de provoquer de nouveaux applaudissements. […] Le satirique Boileau l’aida dans le choix de ces noms, voilà des messieurs en bonnes mains. […] Baron ne savait pas encore qu’on se venge du soufflet d’une jolie femme en lui baisant la main. […] Harpagon fouille le valet de son fils ; il examine ses deux mains, et lui demande ensuite à voir les autres. Euclion trouve un esclave auprès de son trésor, le fouille, l’oblige à montrer ses deux mains, et lui demande à voir la troisième.

63. (1692) Œuvres diverses [extraits] pp. 14-260

Mais sitôt que, d’un trait de ses fatales mains La Parque l’eût rayé du nombre des Humains ; On reconnut le prix de sa Muse éclipsée. […] Toi donc, qui t’élevant sur la Scène Tragique Suis les pas de Sophocle, et seul de tant d’Esprits De Corneille vieilli sais consoler Paris, Cesse de t’étonner, si l’Envie animée Attachant à ton nom sa rouille envenimée, La calomnie en main, quelquefois te poursuit. […] Et qui voyant un jour la douleur vertueuse De Phèdre malgré soi perfide, incestueuse, D’un si noble travail justement étonné, Ne bénira d’abord le siècle fortuné Qui rendu plus fameux par tes illustres veilles Vit naître sous ta main ces pompeuses merveilles ?

64. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Conclusion Nous venons de reconnaître toute une tradition comique qui précède immédiatement Molière et qui lui arrive de première main. […] La fameuse scène de la galère, que Molière emprunta à Cyrano de Bergerac, se trouve dessinée déjà dans un des canevas de Flaminio Scala : dans ce canevas intitulé Il Capitano, Pedrolino, afin d’arracher à Pantalon l’argent dont Oratio, fils de Pantalon, a un besoin pressant, vient lui raconter que ce fils est tombé entre les mains des bandits et mis à la rançon de cent écus. […] Les dominant par la forte éducation qu’il avait, comme tous ses contemporains, puisée chez les grands maîtres de l’antiquité, il put se servir de ce qu’il avait sous la main, en restant toujours supérieur.

65. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Déméas lui succède tenant à la main un décret qui propose d’élever une statue d’or à celui qu’il ne saluait plus après sa chute. […] que, si de vos mains je rattrape mon cœur, Je bénirai le ciel de ce rare bonheur ! […] Si cette habile défense n’est pas de sa main, elle fut au moins rédigée sous son inspiration. […] Il s’élancerait volontiers pour arracher le précieux bijou à la main qu’il embellit, malgré lui. […] N’a-t-il pas mis la main d’Henriette dans celle de Clitandre, et juré de n’en pas démordre ?

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

De la main de Durval ces lignes sont tracées. […] Comme il est extrêmement nécessaire qu’Arlequin ne fasse pas une méprise, on lui donne une lettre à chaque main, & on lui dit : celle qui est du côté de la maison de Rosaura est pour Rosaura ; celle qui est du côté de la maison de Leonora est pour le Leonora. […] Comme la Dame est beaucoup plus jeune que la Demoiselle, il fait une méprise ; il la croit encore à marier, il en devient amoureux, & écrit une lettre fort tendre, qui, étant adressée à Mademoiselle Cléonte, parvient à la vieille folle : celle-ci est enchantée de sa conquête ; elle paroît tenant dans sa main la réponse au billet doux qu’elle a reçu. […] Monsieur, mon époux n’a garde d’avoir désormais quelque chose à démêler avec elle ; je ferai bien en sorte qu’elle ne lui tombe plus sous la main.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

Angélique, donnant la main à Oronte. […] (Haut, en regardant dans la main d’Angélique.) […] Je demande présentement si parmi le monde comme il faut, & dans la bonne compagnie, il est reçu qu’une femme écrive de sa propre main un billet doux à un fat qu’elle méprise ; s’il est décent qu’elle engage une jeune personne honnête, franche, naïve, à faire la même sottise ; & qu’elles laissent ensuite toutes deux leurs lettres entre les mains d’un homme qu’elles poussent à bout, d’un homme qui doit dans peu, dit-on, faire imprimer ses lettres, d’un homme enfin qu’elles savent très capable de les déshonorer pour prix de leurs railleries outrées.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Enfin, Madame, pourvu que, délié de mes engagements, je puisse légitimement vous offrir ma main, dois-je me flatter que vous l’accepterez ? […] Allons, mets l’épée à la main : ces Messieurs sont trop honnêtes gens pour empêcher que nous terminions ici notre différend. | Le jeune Comte en même temps, les yeux pleins de rage, s’avançoit contre le Marquis, prêt à le percer, lorsque celui-ci, voyant l’extrémité à laquelle il étoit réduit, mit la main sur la garde de son épée. — Songez-vous bien, lui dit-il, à quoi vous voulez m’obliger ? […] Monsieur, s’écria le jeune Comte en jettant son épée à ses pieds, & lui prenant la main qu’il baisa respectueusement, vous êtes mon pere : je vous reconnois à ces mouvements, que la seule nature sait inspirer.

69. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Il se donne à Pantalon pour envoyé par ses ennemis de Venise afin de le tuer ; mais touché de la beauté d’Isabelle, il renonce à son projet et demande la main de sa fille. […] Le capitan oblige Flaminio, en vertu de l’engagement d’honneur qu’il a pris, à demander pour lui la main d’Ortensia à Pantalon. […] Cependant Oratio, qui poursuit Flaminia, bien qu’il soit aimé d’Isabelle, obtient de Pantalon la main de sa fille Flaminia. […] Celui-ci, dans l’excès de la douleur, s’accroche à la barbe de l’opérateur ; cette barbe est postiche et lui reste dans les mains.

70. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Arnolphe s’est perdu lui-même ; ou plutôt c’est l’idée de tenir une femme dans l’ignorance pour l’avoir mieux dans la main, que le poète a condamnée par ce dénouement. […] Quelle mine aurait fait une coquette dans ces réunions de guerriers où Agamemnon, le roi des rois, dépeçait de ses mains le bœuf du sacrifice, le mettait à la broche et en distribuait le dos entier aux convives qu’il voulait honorer ? […] Argan, le malade imaginaire, est marié, parce qu’autour d’un vieillard qui est, ou se croit menacé de mourir, il se rencontre assez souvent quelque lady Tartuffe pour inspirer le testament et mettre la main sur la succession. […] Il tâche de corriger le mal ; mais il s’y prend avec indulgence, d’une main douce, comme dit Sénèque27. […] N’est-il pas touchant de l’entendre s’écrier, en voyant Clitandre et Henriette qui, la main dans la main, sous le regard paternel, s’entretiennent de leur affection : … Oh !

71. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Baron lui prit les mains ; elles étaient glacées. […] Armande Béjart, qui laissa mourir Molière entre les mains de M.  […] Mais il ne se contentait point d’être courageux la plume à la main. […] Il semble en effet que ce type légendaire ait tourné dans la main de l’ouvrier. […] Il tend sa main à la main de marbre sans une émotion, sans un tremblement, et il me semble l’entendre murmurer comme un autre Ajax : J’en échapperai malgré les dieux.

72. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Puis le temps s’écoule ; de nouveaux chefs-d’œuvre sortent des mains de Molière ; il donne le Misanthrope, le Médecin malgré lui (1666), le Sicilien (1667), il ne donne point Tartuffe. […] Orgon fouille aussitôt à sa poche, il met dans la main de Tartuffe, discrètement, un don qui le fait protester aussitôt ; et, sans ouvrir les doigts pour voir : C’est trop, dit-il. […] Dans un joli morceau qui a fait fortune, Gautier nous le représente « agréable de sa personne, le teint frais, l’oreille rouge, les mains belles et grasses, avec un petit commencement d’embonpoint dévot. […] Il voile le sein de Dorine ; il n’est point bon, quand on cause, d’avoir de pareils objets à portée de la main. […] Avec Damis, il tomberait en de méchantes mains ; avec Tartuffe il tombera en main morte.

73. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

    En un pareil dessein, C’est mal suivre Tartuffe, il n’y met qu’une main. […] Ne t’émancipe pas, car ma main est légère. […] Il peut hardiment refaire les ouvrages ou essayer de nouveau les caractères tracés par une main inhabile. […] Il en est tellement préoccupé qu’il ne semble pas très empressé d’accepter la main de Marianne, et qu’il se laisse plutôt solliciter par Orgon qu’il ne le sollicite lui-même. […] Il en est de même de nos jours ; presque tous les matérialistes de la révolution se sont sanctifiés en un tour de main.

74. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Depuis l’impression des tomes V et VI de cette Histoire, il nous est tombé entre les mains une seconde partie des Œuvres de P.  […] Le père, étonné d’apprendre une pareille nouvelle, fait à ce fils des reproches sanglants, et l’oblige d’aller trouver sa maîtresse, et de lui demander pardon de ses importunités ; le fils, qui soupçonne la ruse, obéit ; la scène se passe en présence du vieillard même, et de la belle-mère prétendue ; il se jette aux genoux de sa maîtresse, qui lui pardonne, et lui donne sa main à baiser ; mais un instant après, et dans la même scène, il lui dit tout bas qu’il n’est pas content de lui avoir baisé la main, et qu’il souhaiterait aussi de l’embrasser. […] Dans cette comédie le coup de théâtre ou surprise de pensée que je crois la plus belle qu’on puisse trouver, et que je donnerais pour modèle en ce genre, n’était que bonne dans l’original, mais elle est devenue sublime entre les mains de Molière. […] Il implore son appui avec transport, pour obtenir la main de celle qu’il adore, et part précipitamment pour aller, dit-il, faire la demande à son père. […] Comme il sait que tout le monde est désabusé, il a appréhendé que l’on ne le jouât ; et c’est ce qui lui a fait mettre la main à la plume. » Robinet parle de cette lettre, et en même temps il fait l’éloge de son auteur.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Il met pour sa rançon quarante mines bien comptées, entre les mains d’Epidique. […] Enfin, l’esclave, après avoir passé par les mains de son frere, de l’usurier, &c. est reconnue pour fille de Périphane, & la musicienne reste à Stratippocle. […] Les ressorts de l’art seroient révoltants dans leurs mains ; ils font rire dans celles d’un valet.

76. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Toujours est-il que la troupe dut subir une captivité très pénible aux mains des parpaillots. […] Quand je m’aperçois de leur intention, la colère gronde en moi ; ma chair, mes nerfs, mes os se tendent ; mon sang tourbillonne dans les veines ; mon visage s’obscurcit comme le ciel en temps d’orage ; mon poil, mes cils se dressent comme des piques ; mes yeux roulent dans leurs gonds sous les arcades sourcilières ; mon nez se méduse ; ma bouche se cerbérise ; mon cou se lestrigonne ; ma main se panthérise ; toute la machine enfin se gonfle, écume, fait un bruit terrible, retentissant de caverne en caverne… LE PÉDANT. […] Je pris de la main gauche le trésorier et m’en servis comme d’un bouclier ; et, tirant Durandal du fourreau, je la dirigeai vers le roi qui s’avançait pour me frapper ; d’un coup, je fendis le pavé, j’ouvris la terre jusqu’aux abîmes où Neptune fut frappé de stupeur. […] Nous donnons ci-contre le capitaine Cerimonia : il est représenté une main sur sa rapière, dont la pointe soulève son manteau tout entier, et l’autre tenant sa loque tailladée ; il est en train de saluer très poliment la signora Lavinia (voyez plus loin ce personnage) qui se trouve en face de lui.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Sosie croyant mieux confondre celui qui lui vole son nom & sa ressemblance, le prie de lui dire ce qu’il faisoit pendant que les deux armées étoient aux mains. […] pour peu que vous aimiez la justice, prenez ma cause en main ! […] Le Galant latin est un grivois à qui la belle Alcmene est obligée de dire : finissez donc, tenez vos mains tranquilles. […] Cette disgrace insigne Est le fatal présent de quelque main maligne, Quelque méchant esprit rencontré sur ses pas. […] Je ne le nierai pas, Cette maligne main, si forte & si hardie, D’un orage de coups m’a la joue étourdie.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Mercure les avertit que le prétendu jeune homme est un petit frippon bien dangereux qui veut les attrapper : elles forment le dessein de se venger de lui ; pour cet effet elles feignent de vouloir l’amener en secret chez elles, s’il permet qu’on lui lie les pieds & les mains. […] Cela se peut ; mais je crois avoir déja prouvé que le spectateur, entraîné par l’habitude, & séduit par l’apparence, bat souvent des mains à des fautes qu’un vernis brillant lui cache.

79.

Il ne lui met pas tout simplement la main sur les genoux , comme l’indique Molière ; il lui prend le genou d’assez, haut, à main pleine et longtemps. […] Il court au buffet, prend le flacon, verse du vin dans un verre et apporte le verre à Tartuffe qui l’écarte doucement de la main. […] Peu de changements considérables : lorsque Cléante prend l’exploit des mains de M.  […] Il quitte la main de Mlle Bérengère pour prendre celle de Mlle Périga ; il quitte la main de Mlle Périga pour reprendre celle de Mlle Bérengère. […] Le genou d’Elmire pris à pleine main, le regard insistant et cynique, le baiser et le verre de vin sont pour le scandale.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Mais, encore une fois, apprenez que ma tête Peut seule dans vos mains mettre votre conquête. […] Les mains me démangeoient : mais j’ai craint les brocards Qu’on m’auroit aussi-tôt jettés de toutes parts. […] Gens du peuple, artisans, porte-faix & vilains, Vous, de qui la vengeance est toujours dans vos mains !

81. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Le bon prélat donna audience aux comédiens, discuta leurs raisons, et, finalement, les autorisa à continuer leurs jeux dans son diocèse, à la condition de déposer entre ses mains le canevas des pièces qu’ils voudraient représenter. Il chargea de l’examen le prévôt de Saint-Barnaba, et, quand il n’y trouvait rien de répréhensible, le saint archevêque donnait son approbation et signait les canevas de sa main. […] Thomassin (Tommaso-Antonio Vicentini), le fameux Trivelin du dix-huitième siècle, lorsque, valet de Don Juan, son maître l’obligeait à faire raison à la statue du commandeur, faisait la culbute, le verre plein à la main et retombait sur ses pieds sans avoir répandu une goutte de vin.

82. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Étéocle, roi de Thèbes, et Polynice, chef de l’armée ennemie, venue d’Argos, frappés par leurs mains fratricides, sont tombés sous les murs de la cité thébaine ; l’armée argienne a fui. […] Après lui, le mariage fut profané sur la scène, ce qu’il y a de plus saint au monde put être sérieusement joué, et la victoire impie de l’individu sur le Divin fut proposée aux spectateurs comme l’objet le plus digne d’exciter leurs éclats de rire et leurs battements de mains. […] Les peuples se rangeaient autour des hommes forts qui les avaient délivrés de la main de quelque géant ennemi ou de la griffe des bêtes féroces, et la bonne volonté de ces libérateurs puissants devenait leur loi. […] Les héros domptaient eux-mêmes le cheval qu’ils voulaient monter, fabriquaient leurs armes, leur bouclier et leurs instruments de labour, coupaient l’arbre qui devait servir de sceptre royal dans leur famille de génération en génération, façonnaient de leurs mains leur couche nuptiale, tuaient le bœuf du festin et le faisaient rôtir. […] Dans la comédie, au contraire, c’est la personnalité ou la subjectivité qui, dans sa sécurité infinie, conserve la haute main.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

Harpagon met à la porte la Fleche, parceque ses yeux furetent par-tout pour voir s’il y a quelque chose à voler : il lui ordonne de montrer ses deux mains, ensuite les autres ; il le fouille, & le congédie en mettant sur sa conscience ce qu’il lui a pris. […] La Fleche lui fait part des conditions des usuriers, lui lit la liste des meubles qu’il sera obligé de prendre pour parfaire la somme qu’il emprunte, & le plaint de passer par les mains des Juifs, des Arabes. […] Cléante, Marianne, Elise & Frosine s’assemblent pour chercher les moyens de faire renoncer Harpagon à ses prétentions sur la main de Marianne, & pour la conserver à Cléante. […] L’Avare voit son fils de loin qui baise la main de Marianne ; il dit à la derniere que le carrosse est prêt, qu’elle peut partir pour la foire, & retient Cléante qui veut l’accompagner.

84. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Une espièglerie de son fils fait passer de son doigt à celui de Mariane un diamant d’un grand prix : le voilà au supplice, et à rien ne tient qu’il ne se jette sur la main qu’embellit cette bague, pour l’en arracher. […] Ce Shadwell dit en propres termes, que nos meilleures pièces, maniées par les plus mauvais auteurs de son pays, y gagnent toujours ; qu’on peut juger, d’après cela, si L’Avare a perdu à passer par ses mains ; qu’au reste, s’il a eu recours à Molière, ce n’est ni faute d’esprit ni faute d’invention, c’est simplement par paresse. […] Un sot, formé des mains de Molière, ne pouvait être le sot commun qui court les rues et qu’on voit partout. […] Mais il n’y avait pas là d’intrigue, de nœud, de dénouement, conséquemment pas de pièce ; il en fallait trouver une, et c’est Molière que ce soin regardait : la chose était en bonnes mains. […] Dans les deux comédies, une grande princesse, dont la main est disputée par des rivaux à qui leur naissance permet d’y aspirer, et dont le cœur est en secret épris d’un jeune guerrier couvert de gloire, mais d’une condition obscure, qui l’adore en secret lui-même, s’en remet à cet amant du soin de choisir pour elle entre ses prétendants.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Le Seigneur Harpagon est de tous les humains l’humain le moins humain, le mortel de tous les mortels le plus dur & le plus serré : il n’est point de service qui pousse sa reconnoissance jusqu’à lui faire ouvrir les mains. […] Je cite les premiers qui me tombent sous la main. […] Il n’avoit de mouvement libre que celui des yeux, de la langue & des mains, lorsqu’il épousa Mademoiselle d’Aubigné, si célebre depuis sous le nom de Madame de Maintenon.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V.*. Destouches imitateur, comparé à Moliere, Plaute, Regnard, Shakespeare, &c. » pp. 185-218

Dès le lendemain, Anselme, qui étoit trop exact pour manquer à sa parole, mit entre les mains de son ami les quatre mille écus d’or, & le jetta par-là en de nouveaux embarras : mais enfin il résolut de dire que Camille étoit à l’épreuve de tout ; que ses présents ne l’avoient pas plus émue que ses paroles, & qu’après tout il craignoit d’attirer sa haine à force de la persécuter. . . . […] Léandre n’en veut rien faire, il exige de son ami qu’il aille demander à Géronte la main de Julie. […] Léandre embrasse Damon, le remercie du bonheur pur qu’il goûte, lui demande ce qu’a dit Géronte, apprend avec plaisir que le bon-homme laisse sa fille maîtresse de son sort : il espere qu’elle refusera toute autre main que la sienne. […] Timon, la bêche à la main, creuse la terre pour y chercher des racines, sa seule nourriture, & trouve un trésor. […] L’on sait enfin que Cidalise abandonne Cléon après sa ruine, & que le désespoir va le porter à se tuer, lorsque Julie oublie ses torts, lui rend les biens qu’elle tient de lui, y joint les siens & lui donne sa main.

87. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

De nos jours, le poëte n’a plus la lyre à la main, mais il n’a pas moins besoin de la collaboration de la multitude. […] Ainsi, selon qu’il est plus heureux d’être suivi par quelques-uns ou plus triste d’être abandonné par plusieurs, le poète peut, et toujours avec raison, s’abandonner à l’enthousiasme ou se jeter dans la satire : dans tous les temps, Aristophane et Sophocle, Corneille, Racine et Molière peuvent se tendre la main. […] Mais, en France, la critique a la main sèche; partout où elle a passé, il ne reste que des opinions. […] Mais ici se pose une question : celle de savoir si, en entrant dans la lice, Molière faisait œuvre de religion ou de frivolité ; s’il venait au secours de Pascal, ou s’il ne prenait en main que la cause des plaisirs de la cour, menacés par une feinte sévérité. […] Dans Le Misanthrope Molière renverse de sa propre main l’idole qu’il avait élevée; après avoir morigéné son siècle au nom de l’idéal que ce siècle rêvait, il s’en prend tout à coup à cet idéal lui-même et le met en pièces dans une œuvre d’inspiration qui est devenue son meilleur titre de gloire.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. M. DORAT. » pp. 463-467

Pepin se présenta, demanda ma main, & fut écouté ; vous savez tous les titres qu’il avoit pour l’obtenir. […] Mes pleurs, ma beauté, mon âge, ce spectacle attendrissant d’une jeune Reine qui leur tendoit les bras, firent tomber les poignards de leurs mains.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Elle a déja entre ses mains une lettre amoureuse de la fausse prude, & elle l’engage à aller au bal à l’insu de son mari. […] Timon ruiné, abandonné ensuite par ses amis, trahi par sa maîtresse, fuit d’Athenes la rage dans le cœur, & la bêche à la main, travaille la terre pour y chercher de quoi vivre. […] Timon, une bêche à la main.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

J’aurois pour elle au feu mis la main que voilà. […] J’y donne les mains. […] Adieu, Messieurs ; battez des mains.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Encore une fois, je t’en conjure par cette main droite que je mets dans la mienne, & que je serre du fond de mon cœur, ne me manque pas plus de fidélité que j’ai dessein de t’en manquer. […] Hégion désespéré ne songe plus qu’à se venger : il ordonne qu’on lie Tindare, qu’on lui mettre les fers aux pieds & aux mains, & qu’on l’envoie aux carrieres. […] C’est un dépôt qu’Argas, cet ami que je plains, Lui-même, en grand secret, m’a mis entre les mains. […] Il veut qu’entre vos mains je dépouille le traître.

92. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Tout cela étoit un rêve pour un enfant de douze ans, qui étoit depuis long-temps entre les mains de gens durs, avec lesquels il avoit souffert, & il étoit dangereux & triste qu’avec les favorables dispositions qu’il avoit pour le Theâtre, il restât en de si mauvaises mains. […] Ceux-là attendoient avec justice un gain considerable de cette Piece ; & Moliere croyoit donner par cet Ouvrage une derniere main à sa reputation. […] Acte, où Harpagon chasse la Fleche valet de son fils & demande à voir ses mains pour savoir s’il ne l’a pas volé. […] Monsieur, dit Baron, M. de Moliere est en de bonnes mains. […] Tous ses amis y assisterent ayant chacun un flambeau à la main.

93. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Tout cela était un rêve pour un enfant de douze ans, qui était depuis longtemps entre les mains de gens durs, avec lesquels il avait souffert ; et il était dangereux et triste qu’avec les favorables dispositions qu’il avait pour le théâtre, il restât en si mauvaises mains. […] La Raisin ne fut pas longtemps à savoir son malheur ; animée par Olivier, elle entra toute furieuse le lendemain matin dans la chambre de Molière, deux pistolets à la main, et lui dit que s’il ne lui rendait son acteur elle allait lui casser la tête. […] Elle passa tout d’un coup de l’emportement à la douleur ; les pistolets lui tombèrent des mains, et elle se jeta aux pieds de Molière, le conjurant, les larmes aux yeux, de lui rendre son acteur, et lui exposant la misère où elle allait être réduite, elle et toute sa famille, s’il le retenait. […] On raconte que mademoiselle Beaupré ayant eu un différend avec une autre actrice nommée Catherine Des-Urlis, elles mirent l’épée à la main, et se battirent après la petite pièce15. […] Le père de Baron mourut d’un accident très singulier : il faisait le rôle de don Diègue dans Le Cid ; son épée lui était tombée des mains, comme la circonstance l’exige dans la scène qu’il avait faite avec le comte de Gormas, et la repoussant du pied avec indignation, il en trouva mal heureusement la pointe, dont il eut le petit doigt piqué.

94. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

On a dit et redit que les seules imputations précises et saisissables qu’il contienne s’évanouissent quand on les examine de près, le flambeau de l’histoire à la main. […] Les quittances de ces ouvriers restèrent entre les mains de Pocquelin père, et elles figurent dans l’inventaire fait après le décès de ce dernier. […] Le corps de l’écriture, les habitudes de main qu’il décèle, ne sont pas moins différents. […] J’y reconnais l’encre jaunâtre et la main assez habile du faussaire qui a composé et écrit les lettres de Rabelais, de Bayard, d’Agnès Sorel, de Charles V, etc., du. trop fameux cabinet Letellier. […] Je m’incline d’avance devant sa haute compétence, et je profite de l’occasion pour lui soumettre une idée qui ferait, selon moi, son chemin dans l’esprit public si elle était lancée par une main autorisée.

95. (1819) Notices des œuvres de Molière (IV) : La Princesse d’Élide ; Le Festin de Pierre pp. 7-322

Il a versifié ce que Molière n’avait eu le temps que d’écrire en prose ; il a supprimé un des prétendants à la main de la princesse, et donné à l’autre un commencement d’amour pour Aglante, qui rend leur mariage au dénouement plus naturel et plus intéressant ; enfin, il a resserré en trois actes bien remplis la pièce divisée par Molière en cinq actes trop courts et pourtant quelquefois trop vides. […] Comme il est presque sans exemple qu’un livre supprimé en tout ou en partie disparaisse entièrement, et que toujours quelque exemplaire échappe à la proscription, ne fût-ce que pour passer dans les mains de ceux qui l’ont ordonnée, un ou deux exemplaires peut-être du Festin de Pierre entier survécurent à la mutilation du reste ; mais ils demeurèrent enfouis, ignorés pendant près d’un siècle et demi, et ce n’est que depuis fort peu d’années que leur existence a été révélée. Il est certain toutefois que, dans le temps, un de ces exemplaires ou du moins une copie manuscrite fut envoyée de Paris en Hollande ; car Jacques Le Jeune, libraire d’Amsterdam, qui, en 1683, avait imprimé Le Festin de Pierre en vers, de Dorimond, pour celui de Molière, donna, la même année, la pièce de Molière même, avec les scènes et les passages supprimés ou adoucis ; et ce qu’il y a de vraiment extraordinaire, c’est que cette édition hollandaise, qui fut suivie de quelques autres, resta presque aussi inconnue que les exemplaires non cartonnés de l’édition de Paris, puisque, cinquante ans après (en 1730) Voltaire crut faire une révélation au public, en lui donnant quelques traits de la scène du pauvre qu’il déclarait avoir lue écrite de la main de l’auteur, entre les mains du fils de Pierre Marcassus, ami de Molière.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

On a vu que Diane voulant conserver sa main à Flaminio, a écrit à Silvio, à qui on la destine, pour le prier de différer le mariage. […] J’ai dans mes mains la lettre que vous avez écrite à Silvio. […] Voilà qui m’assuroit à jamais de vos feux : Et la main & la lettre ont menti toutes deux. […] Jodelet, levant la main pour parler. […] Son maître met l’épée à la main pour le tuer.

97. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Des Pieces à spectacle. » pp. 30-36

Arlequin arrive en nageant d’une main, & en portant une lanterne ou un parasol de l’autre. […] Le tyran, au désespoir, veut mettre l’épée à la main pour punir Arlequin ; celui-ci l’enchante.

98. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Quatre Curieux de spectacles, qui ont pris querelle ensemble pendant la danse des deux Pages, dansent en se battant l’épée à la main. […] Pour toute ambition, pour vertu singuliere, Il excelle à conduire un char dans la carriere, A disputer des prix indignes de ses mains, A se donner lui-même en spectacle aux humains, A venir prodiguer sa voix sur un théâtre, A réciter des chants qu’il veut qu’on idolâtre ; Tandis que des soldats, de moments en moments, Vont arracher pour lui des applaudissements, &c.

99. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Il met son parent dans ses intérêts, le fait partir pour Saint-Germain, prend possession de sa maison, & fait sous son nom demander la main de sa belle : c’est ici que la piece commence. […] Quelques valets d’Eraste entendent les projets du tuteur, fondent sur lui : leur maître se trouve là très à propos pour sauver les jours de son ennemi, qui, vaincu de son côté par cette action généreuse, lui accorde la main d’Orphise. […] J’ai feint de m’en aller pour cacher mon dessein, Et jusqu’à mon carrosse il m’a prêté la main.

100. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Fabio lui offre la main pour la conduire ; elle l’accepte, afin de donner le temps à Lisardo de sortir. […] Marcella se trouble : elle dit à Lisardo que son secret & sa vie sont dans ses mains, ce qui confirme Lisardo dans l’idée où il étoit que la maîtresse de son ami a du goût pour lui. […] Grand chagrin de Marcella qui se voit dans les mains de son frere : grande joie de Dom Félix qui croit tenir sa perfide : ils quittent la scene, je ne sais pourquoi.

101. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

On y promene le spectateur dans une galerie de portraits, faits, à la vérité, de main de maître, mais qui peuvent se transporter, se retrancher même au gré de l’acteur, & qui nous peignent des personnes avec lesquelles il est très inutile de lier connoissance, puisque la plupart ne doivent entrer pour rien dans la piece. […] Allons, ferme, poussez, mes bons amis de cour, Vous n’en épargnez point, & chacun a son tour : Cependant aucun d’eux à vos yeux ne se montre, Qu’on ne vous voie en hâte aller à sa rencontre, Lui présenter la main, &, d’un baiser flatteur, Appuyer le serment d’être son serviteur. […] Le sentiment d’autrui n’est jamais pour lui plaire ; Il prend toujours en main l’opinion contraire, Et penseroit paroître un homme du commun, Si l’on voyoit qu’il fût de l’avis de quelqu’un. […] Bon, vous voilà les armes à la main.

102. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

On a mis la main sur le petit Poquelin : les risques et périls sont pour lui. […] J’affirmerai, et à bon droit, je pense : c’est-à-dire, preuves en main. […] Molière prit celui qui se trouvait le plus près sous sa main. […] Ainsi la cour a battu des mains ; c’est dire que le roi avait applaudi. […] Comment, et par quelles mains ?

103.

Ce sont eux qui lui ont toujours remis la plume à la main. […] Il y a des scènes, des tirades, des expressions qui ont été traitées de main de maître. […] La main gauche s’appuie sur la table, ou brûle une chandelle près d’un papier déplié ; la main droite montre Orgon, sortant de dessous la table. […] La gravure est celle de 1682, retournée, c’est-à-dire ayant à droite ce qui est à gauche dans celle-ci, de sorte que Elmire montre Orgon de la main gauche, qu’Orgon s’appuie sur la main droite, etc. — Au bas, en titre : Tartuffe. […] C’était un seigneur normand, original et sans enfants, qui, selon Tallemant, « avait de l’inclination aux mécaniques, et travaillait de la main admirablement ».

104. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

N’emploie-t-il pas la plus amère ironie lorsqu’il fait, par l’entremise du serpent, le procès à l’iniquité des puissances de la terre : Mes jours sont dans tes mains, tranche-les ; ta justice, C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois condamne-moi : et, pour qu’on ne puisse pas se tromper au sens de ce réquisitoire, il ose cette fois ajouter de son chef : On en use ainsi chez les grands : La raison les offense ; ils se mettent en tête Que tout est fait pour eux, quadrupèdes et gens ; puis il se ravise, et, comme pour se dérober après s’être trahi, il dira ingénument : Si quelqu’un desserre les dents, C’est un sot, j’en conviens. […] La Fontaine et Molière sont inséparables, ils se tiennent pour ainsi dire la main devant la postérité qui les admire et qui les aime. Elle leur sait gré à tous deux de n’avoir pas haï les hommes dont ils ont peint les travers et les faiblesses avec tant de fidélité et par des moyens analogues, car la fable, dans les mains de La Fontaine, est devenue Une ample comédie à cent actes divers. […] Chamfort l’a fait de main d’ouvrier, dans un morceau souvent cité où toutefois les antithèses sont trop symétriques et trop brillantes pour être toujours parfaitement justes.

105. (1885) La femme de Molière : Armande Béjart (Revue des deux mondes) pp. 873-908

En revanche, les portraits écrits ne manquent pas, et ils se complètent les uns par les autres, car ils sont de mains et d’intentions bien différentes. […] Tout ce que l’on est en droit de supposer, c’est que le livre part de la main d’un homme ou d’une femme de théâtre. […] La place prépondérante qu’il donne aux femmes, la manière dont il parle des hommes, la haine jalouse qui l’inspire, le choix des médisances ou des calomnies, je ne sais quoi d’oblique et d’insinuant, tout cela dénote une main féminine ; comme aussi la finesse de certaines remarques, la grâce facile et l’agréable négligence des tours. […] Ainsi, la médisante ennemie a eu la main malheureuse ; entre les grands seigneurs célèbres à la cour par leurs aventures galantes, elle a choisi trois des plus connus, se disant que, dans la foule de leurs maîtresses, une de plus passerait sans difficulté ; mais elle savait mal ce monde-là et son ignorance l’a trahie. […] Faut-il aller plus loin, et y reconnaître, comme on le veut, l’esprit ou la main de Molière lui-même, que ce soit un compte-rendu écrit de souvenir par Chapelle, ou une lettre adressée par Molière à son ami, compte-rendu ou lettre tombés dans les mains du libelliste ?

106. (1877) Molière et Bourdaloue pp. 2-269

Tous les ans Molière est couronné sur le théâtre par la main des grâces fardées ; on lui décerne des poésies approuvées des distributeurs du prix Montyon ; rien n’y fait. […] En ce temps, quel qu’on fût, quoi que l’on fit, on rencontrait toujours un prince qui, en général, était bon juge et vous tendait la main pour vous conduire au roi et à Paris. […] Le traître, l’autre jour, nous rompit de ses mains Un mouchoir qu’il trouva dans une fleur des saints. […] La platitude du style ne permet pas de soupçonner que Molière y ait mis la main, mais la pensée en est juste et adroite. […] Le traître, l’autre jour, nous rompit de ses mains Un mouchoir qu’il trouva dans une fleur des saints.

107. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

L’on croit avoir ajouté au plaisant, en forçant Harpagon à mettre fort long-temps la main devant la bouche de Maître Jacques pour l’empêcher de parler, & l’on a écarté le bon comique, inséparable de la vraisemblance, pour substituer à sa place la farce la plus plate. […] Harpagon, mettant la main sur la bouche de Maître Jacques. […] Il me prenoit & les mains, & les bras, Et de me les baiser il n’étoit jamais las.

108. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Elle est entre ses mains ! […] Elle est entre ses mains ! […] (Il lui baise la main.)

109. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

Il arriva enfin que Simone dormant, & le mari s’étant éveillé, & promenant ses pieds par le lit, rencontra le fil : & comme tout fait peur à des esprits prévenus, il ne douta point qu’il n’y eût du mystere ; mais il en fut entiérement persuadé, lorsqu’y ayant porté la main, il trouva qu’il étoit attaché aux gros doigt du pied de sa femme, & que sortant par la fenêtre, il descendoit dans la rue : il coupa doucement le fil, & se l’attacha au même endroit, pour voir ce qui en arriveroit. […] Robert, qui étoit armé, voyant qu’il étoit toujours poursuivi, met l’épée à la main, & tourne visage. […] Vous n’avez jamais eu la hardiesse de mettre la main sur moi.

110. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Lélio se défend d’aimer Silvia : mais Mario, qui prend ce discours pour un effet de son amitié, l’interrompt & le presse de donner promptement la main à Silvia, que ses prieres, celles de Pantalon & de Flaminia lui ont obtenues. […] Mario ne veut pas montrer moins de générosité ; &, lorsque Lélio est revenu de son évanouissement, il lui fait de tendres plaintes du peu de confiance qu’il a eu pour lui, & l’engage à recevoir la main de Flaminia, qu’il lui cede : mais Lélio refuse ses offres. […] Sophie étoit seule ; elle avoit les coudes appuyés sur la table, & la tête penchée sur sa main : son ouvrage étoit tombé à ses pieds.

111. (1765) [Anecdotes et remarques sur Molière] (Récréations littéraires) [graphies originales] pp. 1-26

Dans cette Comédie le coup de Théatre ou surprise de pensée que je crois la plus belle qu’on puisse trouver, & que je donnerois pour modele en ce genre, n’étoit que bonne dans l’original, mais elle est devenue sublime entre les mains de Moliere. […] QQ. ce volume est rempli de Notes Manuscrites de la main de M. de Tralage. […] Mais la comparaison que l’on peut faire des deux Scene de Rotrou avec les deux de Moliere, loin de faire tort à ce dernier, doit faire sentir la finesse de son goût, & combien les plus foibles idées devenoient supérieures entre ses mains.

112. (1858) Molière et l’idéal moderne (Revue française) pp. 230-

Pour nous qui sommes toujours les personnages principaux de nos drames, auteurs et acteurs à la fois, nous entrons dans nos créations, la main étendue, pour maudire ou pour bénir. […] L’intervention divine, cette nécessité suprême de l’art qui apparaît avec lui au commencement du monde, qui ne disparaîtrait que s’il disparaissait, cette apparition de la main qui gouverne, n’est pas du domaine de Molière. […] Parce que nous n’avons pas fait notre devoir, parce que l’art a été trahi, parce que les hommes qui se sont faits ses apôtres N’ont, pour servir sa cause et venger ses injures, Ni le cœur assez droit, ni les mains assez pures.

113. (1845) Œuvres de Molière, avec les notes de tous les commentateurs pp. -129

Il se contenta de lui laisser seulement huit mille livres de rente, entre les mains de personnes qui les lui payaient régulièrement. […] Tout cela était un rêve pour un enfant de douze ans, qui était depuis longtemps entre les mains de gens durs, avec lesquels il avait souffert ; et il était dangereux et triste qu’avec les favorables dispositions qu’il avait pour le théâtre, il restât en de si mauvaises mains. […] Beffara, qui, les pièces du procès à la main, est venu porter la lumière dans ce dédale de bassesse et de lâcheté. […] Il mettait alors la derrière main au Tartuffe, dont on ne connaissait encore que les trois premiers actes. […] Tous ses amis y assistèrent, ayant chacun un flambeau à la main.

114. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Les richesses, tombées tout à coup aux mains d’hommes grossiers, les avaient dépravés entièrement ; et pour se venger du mépris dont ils se sentaient l’objet, ils s’abandonnaient sans pudeur et sans retenue à toutes leurs mauvaises passions. […] Tels sont, en effet, Dalainville et Dervière, que la crainte de voir rendre publique leur ingratitude réduit à cette cruelle extrémité de venir eux-mêmes remettre aux mains du vieillard l’acte de restitution qui doit tant couler à leur âme cupide. […] Sa suivante à mon char, la conduit par la main ; Elle allait à Bordeaux, j’en reprends le chemin. […] Vainement, pour le calmer, Frosine lui parle des félicités de son prochain mariage; dès qu’elle revient à sa demande, Harpagon fait la sourde oreille et change de conversation ; bref, il prétexte une affaire et s’échappe de ses mains. […] Enfin, au dernier acte, lorsqu’Éliante lui accorde sa main, et que le malheureux Alceste, qui se croit trahi de toutes parts, déclare en s’éloignant qu’il va . . .

115. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Il ramasse des matériaux exquis ; il commence d’abord à se représenter son héros dans cet âge où l’ambition dévore les hommes ; il lui donne une fortune très bornée & un grand desir d’en acquérir une plus grande ; il lui fait employer toutes sortes de ressorts pour cela, sur-tout auprès d’une riche héritiere, dans l’espoir d’obtenir son bien avec sa main. […] N’oubliez pas de les donner en main propre. […]  A cet hymen si je donnois les mains,   Abandonné dans ma vieillesse, Réduit à cet état dont j’ai cent fois frémi,  Je vivrois seul, & mourrois de tristesse, De perdre en même temps ma fille & mon ami... […] Ceux qui par leur nature ne sauroient remplir une grande piece, ou y occuper la premiere place, peuvent cependant jouer un rôle essentiel entre les mains d’un habile homme.

116. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

En même temps, quatre Indiens font un petit bal à la moresque ; enfin les perroquets s’envolent des mains de leurs maîtres et les laissent désespérés de cette perte ; après quoi s’achève la pièce, et s’en vont tous s’embarquer pour la guerre de Troie. » La Finta Pazza obtint un brillant succès, auquel les cantatrices, « la gentille et jolie Gabrielle Locatelli, qui était une vraie lumière de l’harmonie, Giulia Gabrielli et Marguerite Bertolazzi, dont la voix était si ravissante qu’on ne pouvait les louer dignement », paraissent avoir eu la plus grande part33. […] Là, le miroir en main et ce grand homme en face, Il n’est contorsion, posture ni grimace Que ce grand écolier du plus grand des bouffons Ne fasse et ne refasse en cent et cent façons : Tantôt, pour exprimer les soucis d’un ménage, De mille et mille plis il fronce son visage, Puis, joignant la pâleur à ces rides qu’il fait, D’un mari malheureux il est le vrai portrait. […] Loret, dans La Muse historique, raconte ou invente, sous la date du 14 février 1654, l’anecdote suivante dont le docteur Lolli et le Pantalon Turi sont les héros : Baloardo, comédien, Lequel encor qu’Italien N’est qu’un auteur mélancolique, L’autre jour, en place publique, Vivement attaquer osa Le Pantalon Bisognoza, Qui pour repousser l’incartade, Mit soudain la main à l’espade, Et se chatouillèrent longtemps Devant quantité d’assistants ; Qui, croyant leur combat tragique N’être que fiction comique, Laissèrent leurs grands coups tirer Sans nullement les séparer.

117. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Valerio, masqué, sort de la maison de Pantalon avec Aurelia ; il lui dit que son carrosse est tout prêt, sur la lisière du bois voisin, Ottavio les surprend, met l’épée à la main, s’écrie qu’il est blessé. […] Nous voyons beaucoup de scènes comme celle que nous allons, par exemple, emprunter au scénario des Quatre Arlequins : « Arlequin vient, tenant une guitare à la main, et dans le dessein de donner une sérénade à sa maîtresse Diamantine. […] Arlequin se désespère, fait des sauts, des extravagances ; les autres l’imitent en tout, à l’exception du butor qui se remue lourdement. » Ces jeux se continuent longtemps et forment à eux seuls une partie du spectacle ; comme ils n’avaient pas eu grand succès à la première représentation, Dominique les redouble : il inscrit sur son livre : « Il faut que nous fassions des postures d’estropiés, de gros ventres, de tourner les mains derrière le dos, de former des attitudes singulières.

118. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

(Il met l’épée à la main, & court au lieu du combat.) […] Scapin arrive ; Léandre met l’épée à la main & veut la passer au travers du corps de son valet, s’il ne lui avoue la perfidie qu’il lui a faite.

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Dans l’instant même Crispin surprend la main de Lucile & la baise. […] Qu’on place le baiser de Crispin à côté de l’interprétation de la lettre, on le trouvera aussi forcé qu’impertinent : qu’on compare ensuite le moyen que Lisette emploie pour retenir Valere, avec le baiser que Crispin a appliqué sur la main de Lucile, il paroîtra bien froid, & cela parcequ’il est précédé par des moyens meilleurs.

120. (1769) Idées sur Molière pp. 57-67

C’est le mot de Vadius qui, après avoir parlé comme Caton sur la manie de lire ses ouvrages, met gravement la main à la poche, en tire le cahier qui probablement ne le quitte jamais : Voici de petits vers. […] Le champ où il a moissonné est moins vaste qu’on ne l’imagine; et quand il resterait quelque coin où il n’aurait pas porté la main, on craindrait encore de se trouver dans son voisinage.

121. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

Ceux qui se sont fait de Julie de Rambouillet une idée romanesque, veulent nous persuader qu’après que le duc de Montausier eut demandé sa main, elle le fit languir treize ans, le soumit à toutes les épreuves imposées aux amours fabuleux des romans du temps, exigea qu’il parcourût, dans toute son étendue, le royaume de Tendre, dont mademoiselle de Scudéry n’eut l’idée et ne publia la carte que dix ans plus tard. […] Ce fut pendant son séjour à Paris, dans l’hiver de 1641, que le marquis de Montausier fit à Julie cette fameuse galanterie d’une guirlande peinte sur vélin in-folio par Robert et, à la suite de laquelle se trouvent toutes les fleurs dont elle se compose, peintes séparément, chacune sur une feuille particulière, au bas de laquelle est écrit de la main de Jarry, célèbre calligraphe et noteur de la chapelle du roi, un madrigal qui se rapporte à cette fleur.

122. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

La comédie du Tartuffe donne lieu à trois questions intéressantes : La comédie a-t-elle le droit de se mêler des choses divines et de la main la défense de la vraie dévotion contre la fausse ? […] Et quelle arme entre les mains des libertins ? […] On ne rit pas de Tartuffe, on le méprise ; on ne rit pas de don Juan, on en a horreur tout en l’admirant ; et, pour nous borner au Misanthrope, on ne rit pas de Célimène ; c’est toujours elle qui règne, et même démasquée, humiliée, elle est encore souveraine, et c’est elle qui veut bien accorder sa main. […] Lui-même, tout misanthrope qu’il est, passe sa vie dans le monde, fait la cour à une femme du monde, va même jusqu’à lui offrir sa main, après qu’il a connu toute sa légèreté. […] Elle saurait comprendre Alceste, mais elle ne manque pas non plus de fierté ; et lorsque celui-ci, avec une gaucherie peu aimable, s’excuse de ne pas lui demander sa main, elle sait bien riposter avec quelque vivacité : Ma main de se donner n’est pas embarrassée.

123. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Est-ce une maison solide que je vais définitivement établir sur les ruines du vieux palais détruit par la main du Chevalier, sur les ruines de cet élégant pavillon qu’il a élevé ensuite comme une tente provisoire, en attendant une construction plus sérieuse ? […] Leurs pieds sont scellés l’un contre l’autre ; leurs bras descendent à angle droit sur leur corps où ils adhèrent ; leurs mains se touchent, posées sur leurs genoux serrés. […] Un jour, le duc de La Feuillade rencontrant Molière dans les galeries de Versailles, courut à lui comme pour l’embrasser, et lui prenant la tête entre ses mains, il lui frotta le visage contre les boutons de son habit, tellement qu’il le mit tout en sang. […] Le séducteur indifférent de done Elvire, de Charlotte et de Mathurine, le grand seigneur à la main si légère et si gracieuse quand il soufflette Pierrot, cet impertinent qui ose trouver mauvais que l’on caresse son accordée, est le frère aîné du comte Almaviva ; il représente tout un ordre de choses qui fut conduit aux abîmes par la main du Commandeur441. […] C’est un dangereux personnage ; il y en a qui ne vont point sans leurs mains ; mais l’on peut dire de lui qu’il ne va pas sans ses yeux, ni sans ses oreilles. » Ce contemplateur était triste.

124. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Mais cet éclaircissement causa un vacarme terrible ; la mère donna des marques de fureur et de désespoir, comme si Molière avait épousé sa rivale ; ou comme si sa fille fût tombée entre les mains d’un malheureux. […] Tout cela était un rêve pour un enfant de douze ans, qui était depuis longtemps entre les mains de gens durs, avec lesquels il avait souffert, et il était dangereux et triste qu’avec les favorables dispositions qu’il avait pour le Théâtre, il restât en de si mauvaises mains. […] Indignés du secours qu’on venait de leur donner ils mirent l’épée à la main, courent sur leurs ennemis, les poursuivent jusques dans Hauteuil, et les voulaient tuer. […] Ceux-là attendaient avec justice un gain considérable de cette pièce ; et Molière croyait donner par cet Ouvrage une dernière main à sa réputation. […] Monsieur, dit Baron, Mr de Molière est en de bonnes mains.

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