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5. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Moliere obtint une pension de mille francs l’an 1663. […] « La mort de Moliere – – – arriva d’une maniere toute surprenante. […] ] Moliere étoit mort quand Mr.  […] ] Moliere est l’un des Hommes illustres dont Mr. […] Vie de Moliere, folio 3.

6. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

Moliere obtint une pension de mille francs l’an 1663. […] Moliere représentoit ce personnage, & par conséquent il fut obligé dans l’une des Scênes à faire le mort. […] C’est en celles-là que l’on diroit que nôtre Moliere est plus fertile, que les Comiques de l’antiquité. […] Vie de Moliere fol. […] Histoire de la Guerin auparavant femme & veuve de Moliere, pag. 

7. (1739) Vie de Moliere (Réflexions sur les ouvrages de litérature) [graphies originales] « Chapitre » pp. 252-262

L’Auteur de la Vie de Moliere,Vie de Moliere. […] Pour lui, il se propose, dans cette courte Histoire de la Vie de Moliere, d’éviter cet écueil. […] Sire, répondit Moliere, nous causons ensemble, il m’ordonne des remédes, je ne les fais point, & je guéris ». […] L’Auteur de la Vie de Moliere soutient que la Comédie Latine a fourni tout au plus l’idée de la Françoise. […] Ce que j’ai tiré de la Vie de Moliere, suffit pour en faire connoître le mérite.

8. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Despreaux, aussi persuadé du mérite de Moliere que le P. […] Montfleury étoit gros, c’est à quoi Moliere fait allusion dans la même pièce. […] Moliere n’avoit eu le temps d’écrire en vers que le premier acte, et la première scène du second. […] Il avoit quitté la troupe du Palais-Royal avant la mort de Moliere. […] Par La Fontaine, 1673 (Oraison funèbre de Moliere, Mercure galant).

9. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

C’est d’après Plaute que Moliere a composé l’Amphitrion françois. […] Moliere étoit un rude joueur. […] Moliere étoit trop au-dessus de son modele pour ne pas les lui abandonner. […] de Voltaire dit là-dessus dans ses Observations sur les Comédies de Moliere. […] de Voltaire va décider si Moliere a copié servilement Lucien.

10. (1759) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1759) [graphies originales] « article » pp. 604-605

Moliere avoit alors trente-quatre ans. […] Moliere avoit été fort estimé du roi. […] Plusieurs poëtes s’exercerent sur le genre de mort de Moliere, & firent plusieurs vers. […] Joly l’édition des œuvres de Moliere, publiée en 1734, en 4 volumes, in:4º. […] On a mis dans le dernier volume l’Ombre de Moliere, comédie par Brécourt ; des extraits de divers auteurs, contenant plusieurs particularités de la vie de Molieren des jugemens sur quelques-unes de ses piéces, & un recueil de diverses piéces sur la mort de Moliere.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. » pp. 357-396

L’Avare de Moliere. […] L’Avare de Moliere. […] L’Avare de Moliere. […] L’Avare de Moliere. […] Il faut que Moliere l’ait oublié.

12. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. […] Moliere s’indigne de voir le Parnasse en proie à de pareils rimailleurs. […] en oubliant Moliere, on oublie ses préceptes. […] Moliere prouve combien on est dupe en se comportant ainsi. […] Moliere !

13. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Paris seul ne verra-t-il plus joüer Moliere ? […] Le misantrope de Moliere eût trouvé les siens à Rome. […] Moliere en fournit mille exemples. […] Le secret de ces miroirs seroit-il perdu depuis Moliere ? […] Moliere fait rire les plus austeres.

14. (1732) Moliere (Grand Dictionnaire historique, éd. 1732) [graphies originales] « article » pp. 45-46

Moliere avoit été fort estimé du roi, qui le gratifia de plusieurs pensions. […] Plusieurs poëtes s’exercerent sur le genre de mort de Moliere, & firent plusieurs vers. […] Les autres n’ont joué dans la comedie que la vie bourgeoise & commune ; & Moliere a joué tout Paris & la cour. […] Il ne faut pas confondre ce poëte avec un autre Moliere, qui vivoit l’an 1620. […] Vie de Moliere.

15. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

Moliere en composa d’abord une farce, qu’il représentoit dans la province. […] Roze soutenoit, en chantant ses paroles, que Moliere les avoit traduites d’une épigramme latine. […] Si Moliere avoit voulu, il auroit pu fermer bien vîte la bouche à M. […] Dans la derniere scene de la piece de Moliere, Léandre, après avoir enlevé Lucinde, la ramene à son pere. […] Mais si de Visé a tort d’avoir fait un mauvais dénouement, Moliere a bien plus grand tort de s’en être servi.

16. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Quelle perte sur-tout, qu’une mort précipitée ait empêché Moliere de faire le commentaire de ses ouvrages ! […] L’Académie Françoise proposa pour sujet, en 1769, l’Eloge de Moliere. […] Quel homme fut jamais doué d’un génie plus créateur que Moliere ? […] Le troisieme volume contiendra toutes les imitations de Moliere : nous reconnoîtrons qu’il n’est jamais plus grand que lorsqu’il est imitateur ; & pour nous convaincre de la difficulté qu’il y a à s’approprier les idées des autres, à les revêtir des couleurs convenables à son sujet, nous comparerons dans le quatrieme volume Moliere imitateur à Moliere imité, & nous y décomposerons les imitations de ses successeurs, en rapprochant toujours les copies des originaux. […] Qui nous dira comment un sujet se présentoit d’abord dans toute sa masse à l’esprit de Moliere ?

17. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Des Comédies-Ballets. » pp. 37-44

Voyons quel fut le succès des pieces que Moliere fit exprès pour la Cour. […] Ce fut à cette fête, connue sous le nom de l’Isle enchantée, que Moliere fit jouer la Princesse d’Elide, comédie-ballet en cinq actes.... […] Ecoutons présentement l’Editeur des œuvres de Moliere. […] Voici ce qu’en dit M. de Voltaire : « Louis XIV lui-même donna le sujet de cette piece à Moliere. […] On peut leur comparer les comédies-ballets de Moliere après les avoir séparées en trois classes.

18. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Regnard imitateur de Moliere. […] Quel a donc été le but de Regnard en prenant les idées de Moliere ? […] Mais il est pris dans les Fâcheux de Moliere, Acte III. […] Regnard affoiblit donc l’idée de Moliere. […] Enfin Regnard, à moins d’avoir copié exactement la tirade de Moliere, ne pouvoit faire rien de plus ressemblant.

19. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. » pp. 5-19

Gélio s’oppose au succès de cette ruse & de plusieurs autres qui se trouvent dans l’Etourdi de Moliere. […] Mais, en revanche, Moliere s’est montré bien supérieur à l’Auteur Italien dans une infinité de choses. […] Moliere n’a saisi qu’en partie le comique du conte. […] Encore une imitation heureuse, Moliere ne laissoit presque plus rien à desirer. […] Il n’a pas mieux profité du Conte de d’Ouville que Moliere.

20. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. » pp. 411-419

Ce fut à cette représentation que la Troupe de Moliere prit pour la premiere fois le titre de Troupe du Roi. […] Grimaret ajoute que cet original ne le porta pas loin, & que Moliere, pour se venger du campagnard, le mit sur le théâtre, & en fit un divertissement au goût du public. […] Voici l’endroit qui a fourni quelques idées à Moliere. […] Moliere a considérablement embelli le dialogue d’Ordogno & de Mendoce. […] Moliere a fort bien fait de nous dire au commencement de la piece, que l’esprit du héros étoit des plus épais.

21. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. De la Catastrophe ou du Dénouement. » pp. 503-516

Qu’on compare ce dénouement avec un de ceux de Moliere, celui de l’Avare si l’on veut. […] Le spectateur arrive à la vérité au terme qu’il desire ; mais il se demande : par quel chemin Moliere nous a-t-il fait passer ? […] L’exemple le plus frappant que nous puissions en donner, est dans l’Ecole des Maris de Moliere. […] Moliere est dans ce cas, dans son Dépit Amoureux. […] Ce trait, que Moliere a lâché certainement contre les Auteurs possédés du démon des citations, me retient bien souvent.

22. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. » pp. 144-179

Voilà Moliere au-dessus de Straparole. […] D’un autre côté, Moliere a un trait impayable & qu’il ne doit à personne. […] Nous allons voir ce que Moliere lui doit, & comment il en a fait usage. […] Voyons la même scene transportée par Moliere sur le théâtre françois. […] Je vais le leur prouver par une comédie qui a paru un an avant celle de Moliere.

23. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXV. » pp. 500-533

Rappellons-nous d’abord les scenes de Moliere. […] Nous n’avons point dit que Moliere ait imité sa Psyché. Supposons qu’aucun Auteur n’ait avant lui traité ce sujet, Moliere ne l’a-t-il pas trouvé dans la Fable ? […] Moliere imitoit sur le théâtre jusqu’à l’habillement des personnages qu’il livroit à la risée publique. […] Enfin, tranchons le mot, tous les ouvrages de Moliere ne sont qu’une imitation continuelle.

24. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. » pp. 274-278

Bien des personnes prétendent que Moliere doit aussi le sujet de cette comédie aux Italiens ; &, pour appuyer leur sentiment, elles citent une lettre manuscrite de M. de Tralage, qui se trouve à la Bibliotheque de S. […] de Tralage qui parle) que Moliere, qui étoit de ses amis, l’ayant un jour rencontré dans le jardin du Palais Royal, après avoir parlé des nouvelles de théâtre & autres, le même sieur Angelo dit à Moliere qu’il avoit vu représenter en Italie, à Naples, une piece intitulée le Misanthrope, & que l’on devroit traiter ce sujet. […] Moliere l’écouta avec beaucoup d’attention : quinze jours après, le sieur Angelo fut surpris de voir dans l’affiche de la Troupe de Moliere la comédie du Misanthrope annoncée & promise ; & trois semaines, ou tout au plus tard un mois après, on représenta cette piece. […] Bien des personnes pensent que le sonnet du Courtisan bel esprit est l’ouvrage d’un Auteur contemporain de Moliere. […] « Il peut se faire aussi, me dira-t-on, que quelque Auteur précieux & maniéré eût lu le couplet espagnol, qu’il eût trouvé l’idée charmante, qu’il en eût voulu enrichir notre langue ; & que Moliere, toujours guidé par son bon goût, en eût montré le faux ».

25. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

Il engagea Moliere à composer cette comédie pour une fête magnifique qu’il donna au Roi & à la Reine Mere. […] Un acte d’une piece jouée devant Moliere lui a fourni l’idée de ses Fâcheux. […] Quoi qu’il en soit, l’idée appartient à Moliere. Concluons donc, d’après l’Auteur Anglois, que Moliere en l’imaginant a fait la critique de tous les faiseurs de projets. […] Mais Moliere a-t-il employé tous les matériaux propres à son sujet ?

26. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. » pp. 436-488

Les Italiens ont tiré tout le parti possible de l’idée de Tabarin ; & Moliere, si souvent au-dessus d’eux, leur est inférieur dans cette occasion : mais cela n’enleve pas à Moliere le prix de son art, comme le prétend Boileau. […] Plaçons présentement Moliere à côté de son ami Cyrano qui lui a fourni deux scenes. […] L’idée est fort plaisante, Moliere l’a adoptée. […] Il est bien plus plaisant dans Moliere de voir ces contradictions dans un seul homme qu’un fourbe ballotte à son gré. […] Je ne puis comprendre comment Moliere n’a pas vu dans le plan de son modele des combinaisons tout-à-fait ingénieuses.

27. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXI. Des Caracteres de tous les siecles, & de ceux du moment. » pp. 331-336

Qui nous dira si Moliere, avant que de travailler au Tartufe, n’a pas voulu sonder le goût du Public dans cette tirade du Festin de Pierre, acte V, scene II. Le Lecteur aimera peut-être mieux la voir en vers par Thomas Corneille, elle est exactement rimée sur celle de Moliere. […] tout Auteur n’est pas un Moliere. […] Les Précieuses paroissent ; un vieillard s’écrie du milieu du parterre : Courage, Moliere, voilà la bonne Comédie. […] Je puis répondre qu’ils ont cessé d’exister depuis si peu de temps, que nous nous rappellons encore leurs traits : d’ailleurs les pieces de Moliere peuvent se comparer aux portraits de l’illustre M.

28. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. » pp. 426-435

Jusqu’à ce temps là, j’estime Moliere tout autant que si Madame Jourdain eût été la premiere à les tenir. […] Lulli avoit fait la musique des divertissements ; il s’appelloit Jean-Baptiste, ainsi que Moliere. […] « Jamais piece n’a été plus malheureusement reçue que celle-là, & aucune de celles de Moliere ne lui a donné tant de déplaisir. […] Moliere nous prend assurément pour des grues, de croire nous divertir avec de telles pauvretés, disoit M. le Duc de ***. […] Vie de Moliere, par Grimaret.

29. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Pieces à scenes détachées. » pp. 45-60

Riccoboni a raison de mettre les Fâcheux de Moliere au-dessus de toutes les pieces à scenes détachées ; mais il a tort de dire que Moliere a eu seul la hardiesse d’en faire en trois actes. […] Le dernier Editeur des œuvres de Moliere dit dans ses réflexions sur la piece des Fâcheux, que cette espece de comédie est presque sans nœud. […] Moliere n’avoit donc pas d’autre parti à prendre que celui de presser les incidents de l’intrigue, de les indiquer seulement sur le théâtre, & de les faire développer derriere la toile quand ils demandoient des détails trop longs. […] Mais ce n’est point assez ; je veux leur prouver présentement que Moliere, s’il l’eût jugé à propos, auroit pu précipiter davantage son intrigue, sans la priver d’aucune des parties qui lui sont essentielles, & que nous venons d’admirer en elle. […] Moliere, qui a senti combien cela étoit forcé, a vainement essayé de prévenir la critique, en faisant dire au héros : Sous quel astre, bon Dieu !

30. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Il faut même avoir quelque obligation à Moliere qui nous a épargné toutes les indécences de son original. […] Moliere attaqua T. […] Enfin Moliere fit si bien, que Cotin, accablé du coup, tomba dans une mélancolie qui le conduisit au tombeau. […] Moliere. […] On trouva qu’il ressembloit trop à celui de l’original, Moliere le nomma Trisotin.

31. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXII. De l’Intérêt. » pp. 385-398

Les étrangers ont la hardiesse de reprocher à Moliere que ses pieces ne sont pas intéressantes. […] Justes appréciateurs du mérite, vous qui savez sentir les vraies beautés, élevez tous ensemble la voix pour chanter les louanges de Moliere. […] Qu’on envisage ainsi l’intérêt comique, qu’on ne le confonde pas avec l’intérêt tragique, & l’on verra que Moliere est le plus attachant des Auteurs. […] J’ai dit plus haut que Moliere est le plus intéressant, ou le plus attachant des Auteurs comiques, mais qu’il auroit pu l’être davantage. […] Otez des œuvres de Moliere les scenes dans lesquelles les valets parodient leurs maîtres, & font l’amour pour leur compte ; enlevez-en encore toutes les aventures romanesques ; faites que les scenes du Misanthrope tiennent l’une à l’autre, & soient enchaînées comme celles de Pourceaugnac, Moliere deviendra tout-à-coup plus intéressant du double.

32. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Caracteres propres à tous les rangs. » pp. 328-330

Quand on a le bonheur de rencontrer un de ces caracteres, il faut placer le personnage qu’on prend pour son héros, dans un rang qui le mette à la portée de tous les autres : il faut enfin prendre pour modele Moliere dans son Bourgeois Gentilhomme. La folie qu’ont tous les hommes de vouloir paroître plus qu’ils ne sont, a frappé Moliere : il a senti tout l’avantage qu’il pouvoit tirer d’un ridicule général, puisque les Princes prennent le titre de Rois, que les grands Seigneurs veulent être des Princes, qu’un simple Gentilhomme se fait appeller Monseigneur par son Laquais & par le Barbier de son village : ainsi des autres. […] Moliere s’est gardé de prendre pour son héros un Prince ou un homme élevé à la Cour : ce n’est point que le ridicule qu’il vouloit peindre ne se trouve aussi complettement chez eux que chez leurs inférieurs ; mais il n’auroit pas été aussi frappant, grace à l’adresse qu’ont les Grands, dit M. de Voltaire, de couvrir toutes leurs sottises du même air & du même langage. Moliere n’a eu garde encore de prendre son principal personnage dans le rang le plus bas, parceque ses sottises auroient été grossieres & maussades. […] Moliere l’a senti quand il a mis sur la scene le Prince jaloux, le Cocu imaginaire, George Dandin : on y voit trois jaloux d’un rang tout-à-fait opposé ; l’un est Prince, l’autre un bon Bourgeois, & le troisieme un Paysan : tous les trois frapperoient également les hommes de tous les états, si les pieces étoient également bien faites.

33. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « De l’Imitation en général. » pp. 1-4

Moliere, le divin Moliere lui-même, n’a pas quatre pieces qui ne soient imitées, en général ou en partie, d’un autre Auteur ; & je vais le prouver : loin de vouloir par-là diminuer le nombre de ses lauriers, je prétends leur donner un nouvel éclat, puisque Moliere a si bien embelli ses copies, qu’on les préfere aux originaux, qu’il est devenu lui-même un objet d’imitation pour ses successeurs, & que tous n’ont obtenu des suffrages qu’en se rapprochant de ce grand homme. […] Nous avons assez parlé des parties de la comédie & de ses différents genres, pour savoir apprécier les changements heureux ou malheureux que notre guide fera, & pour nous instruire en même-temps dans l’art de l’imitation, art si difficile, que lui seul l’a connu supérieurement : c’est ce que nous prouverons encore en plaçant quelquefois Moliere imité à côté de Moliere imitateur, & en mettant sous les yeux du public les imitations de tous nos Auteurs, depuis Moliere jusqu’à nous.

34. (1781) Molière (Anecdotes littéraires, historiques et critiques) [graphies originales] « MOLIERE. » pp. 41-42

Moliere, né à Paris, fut, sans contredit, le plus grand Philosophe de son siecle. […] Moliere avoit des amis respectables, qui le consoloient des chagrins qu’il essuyoit. […] Moliere pensoit trop, pour être plaisant dans la société ; c’étoit un observateur qui n’alloit dans le monde que pour y moissonner. […] Comme il étoit fort dissipé, il rendoit à Moliere ce qu’il avoit vu, & Moliere le mettoit en œuvre.

35. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

  La différence qu’il y a entre la piece de Moliere & celle de M. […] La Précieuse de Chappuzeau n’a que le ridicule de parler science ; la Madelon & la Cathos de Moliere poussent l’affectation jusques dans les conversations les plus familieres, & la façon de se mettre. […] Chappuzeau connut sans doute lui-même la distance qu’il y avoit de sa piece à celle de Moliere, puisqu’il la corrigea d’après lui, & la fit donner en 1661 sur le théâtre du Marais avec le titre de l’Académie des Femmes. […] Moliere fait d’un mauvais original une copie qui est un petit chef-d’œuvre ; & Chappuzeau qui refait son ouvrage d’après cette copie, n’en apperçoit pas les beautés, & ne sait y voir d’autre mérite que celui d’avoir substitué des valets à son Pensionnaire. […] Je sais qu’à la représentation des Précieuses, un vieillard, frappé par la vérité des portraits qu’on lui présentoit, s’écria : Courage, Moliere, voilà la bonne Comédie : je sais que Ménage, en sortant de la premiere représentation, dit à Chapelain : « Nous approuvions, vous & moi, toutes les sottises qui viennent d’être critiquées si finement & avec tant de bon sens ; croyez-moi, il nous faudra brûler ce que nous avons adoré, & adorer ce que nous avons brûlé » : je sais enfin que Moliere a si fort ridiculisé ses originaux, qu’ils ont disparu, & que cependant nous voyons la piece avec plaisir10.

36. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. » pp. 251-273

Voyons comment Moliere l’a rendue. […] Passons présentement à Moliere. […] Cependant celle de Moliere est beaucoup plus plaisante. […] La scene de Moliere, ainsi encadrée, a dû nécessairement mieux ressortir que celle du Poëte latin. […] Si Moliere a su imiter en homme de goût ses prédécesseurs, M.

37. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Soit que Moliere ait arrangé ses fables d’après les caracteres qu’il avoit dessein de traiter, soit qu’il ait décidé le choix des caracteres d’après les plans que la Cour lui prescrivoit quelquefois, nous voyons qu’il a tiré le plus grand parti de ses divers caracteres. […] Moliere va nous servir encore de guide dans une autre carriere. […] Mais Moliere voulant filer une petite intrigue, a choisi le caractere de la Comtesse pour en faire le principe de l’action : & quoiqu’il le fasse agir de préférence, il ne lui donne jamais assez de supériorité sur les autres pour qu’il puisse les rendre subalternes, & devenir principal. […] Alceste, n’ayant pas un de ces caracteres communs, dont le genre humain présente des modeles à chaque pas, dont les traits marqués rendent la peinture plus facile & diminuent le travail du peintre, Moliere ne pouvoit par conséquent se flatter d’en faire l’unique objet d’une comédie en cinq actes. […] J’ai cherché pendant long-temps la cause de cette supériorité que Moliere a sur ses prédécesseurs & sur ses successeurs dans l’art de faire briller plusieurs caracteres par le secours l’un de l’autre ; & j’ai trouvé qu’il la doit à l’adresse avec laquelle il met ses caracteres en opposition.

38. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. M. GOLDONI. » pp. 468-479

Nous avons d’ailleurs suffisamment prouvé, je pense, qu’aucun des successeurs de Moliere n’a le droit de lui reprocher ses imitations, encore moins celui de le traiter de copiste, de traducteur, de plagiaire. […] Nous n’avons donc qu’à réfléchir sur ce que nous venons de lire, & nous nous rappellerons aisément que nos Comiques n’ont mérité des éloges que lorsqu’ils ont mis dans leurs ouvrages, à l’imitation de Moliere, une exposition simple & claire, des scenes bien filées & qui se font desirer, des actes bien enchaînés, des situations amenées sans effort, un dialogue aussi vrai que précis ; lorsqu’à l’imitation de Moliere, loin d’ériger le jargon affecté en agrément, ils l’ont ridiculisé ; lorsqu’ils ont dédaigné l’esprit, les pointes, les épigrammes, les madrigaux, les détails plus propres à parer un almanach qu’à figurer dans une comédie ; qu’ils ont tiré tout le comique de la situation ; qu’ils ont rendu leur morale amusante ; qu’ils ont porté sur notre théâtre les beautés de l’étranger, & non ses absurdités ; lorsqu’enfin, à l’imitation de Moliere, ils ont fait un tout rendu parfait par la justesse de toutes ses parties. […] J’ai entendu dire très sérieusement à des gens fort respectables d’ailleurs : « Si Moliere revenoit, il seroit bien étonné de voir qu’on a trouvé le vrai genre de la comédie ». […] Par conséquent ne perdons jamais de vue le double but de la comédie, qui est d’instruire en divertissant, & tâchons, en imitant Moliere, le meilleur des imitateurs, l’imitateur de la nature, tâchons, dis-je, de nous former un empire sur la scene entre lui & Regnard. Le champ est vaste ; mais je l’ai déja dit, je crois, & je le répete, qu’on ne s’attende pas à détrôner Moliere.

39. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « [Introduction] » pp. 1-4

Nous rendrons cette différence sensible en faisant passer sous nos yeux les différentes imitations des plus fameux Comiques depuis Moliere jusqu’à nous. […] Nous espérons prouver encore par-là que les successeurs les plus célebres de Moliere sont ceux qui ont imité davantage leurs prédécesseurs, & que tous ont été plus ou moins applaudis, à mesure qu’ils se sont plus ou moins rapprochés de Moliere, le premier Poëte comique de tous les âges & de toutes les nations ». […] D’après ce principe adopté par toutes les personnes de goût, & suivi plus scrupuleusement par Moliere à chaque pas qu’il a voulu faire vers la perfection ; d’après ce principe, dis-je, nous ne pouvons mieux juger des imitateurs modernes, qu’en les plaçant entre les Auteurs qu’ils ont imités & la nature. […] Convenons qu’il ne sera question ici que de la belle nature, telle que l’a imité Moliere dans les parties & l’ensemble de ses meilleures pieces ; telle enfin que doit la voir un Philosophe qui se propose de corriger & de faire rire les hommes en leur peignant au naturel leurs gestes, leurs traits, leurs travers, leurs ridicules, leurs vices, enfin toutes les vérités que leur amour-propre leur déguise, ou qu’il tient cachées sous les replis du cœur humain.

40. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Unités. » pp. 352-366

La fable de la Métromanie ne peut pas être censée commencer & finir dans trois heures ; & l’Auteur a très bien fait de prendre le temps qui lui étoit nécessaire, d’abord qu’il n’excédoit pas les vingt-quatre heures : mais Moliere a très mal fait d’user de la permission, & d’envoyer dormir les personnages de son Malade imaginaire entre le premier & le second acte. […] Si Moliere, par exemple, pour peindre son Harpagon, avoit mis en même temps sous les yeux du spectateur, & les traits d’avarice de son enfance, & ceux qu’il fait lorsqu’il veut sacrifier sa fille à l’amour d’un homme qui la prend sans dot, cette duplicité d’action seroit choquante, parceque l’avarice d’un enfant est tout-à-fait différente de celle d’un homme mûr. […] Si les Anciens nous avoient donné cette regle, sans l’accompagner d’un exemple, personne, peut-être, ne l’auroit encore suivie ; mais l’Avare de Moliere nous démontre qu’elle est praticable. […] « Je conclus donc que, si l’unité d’action est sans contredit la plus naturelle & la plus convenable au théâtre, il peut aussi se rencontrer des gens capables de faire des fables d’action double, tels que Guarini & Moliere ; & que loin de proscrire ces sortes de fables, on doit les adopter comme des modeles, ou du moins les citer comme des exemples que l’on peut suivre ». […] C’est lorsque Moliere fait des intrigues doubles dans ce genre, qu’il faut l’imiter.

41. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. » pp. 201-217

Et supposé que Moliere eût pu ajouter encore quelques larcins à ceux qu’il a faits dans cette scene, nous devons lui savoir gré de ne l’avoir pas prise en entier. […] Reprenons Moliere, nous aurons encore des éloges à lui donner. […] C’est peut-être d’après cela que le Bourgeois Gentilhomme de Moliere veut que le Philosophe la lui montre. […] On dit dans le temps, que Moliere avoit composé l’intrigue de sa piece d’après cette même aventure. […] Moliere en composant sa scene avoit l’idée remplie de celle qu’il imitoit.

42. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. Du Choix du Titre. » pp. 94-102

Il est aisé de voir que Dorimon a mieux réussi que Moliere, les Italiens & les Espagnols, mais dans le titre seulement. […] Je crois très à propos de faire remarquer ici que les Italiens, & Moliere après eux, ont mal traduit le titre espagnol. […] L’Etourdi ou les Contre-temps de Moliere, la Mere Coquette ou les Amants brouillés de Quinault. […] Moliere n’a aucun titre dans ce genre. […] On voit dans toutes ses comédies des traits hardis & singuliers que Moliere ne désavoueroit pas ; mais elles manquent de conduite, ainsi que leur Auteur.

43. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Les Caracteres des hommes n’ont pas plus changé que ceux des professions. » pp. 303-311

Nous avons, grace au Ciel & à Moliere, peu de femmes savantes : mais hélas ! […] Je suppose qu’un Comique entreprenne de les peindre sous prétexte que les mœurs ont changé depuis Moliere. […] Il est singulier qu’un des caracteres le mieux traité, le plus approfondi par Moliere, soit précisément celui que nos Auteurs modernes sont plus tentés de refaire. […] Comment a fait Moliere, me dira-t-on, quand de l’Avare de Plaute & de plusieurs autres ébauchés dans dix pieces différentes, il a composé le sien ? […] Personnages des Femmes savantes de Moliere.

44. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. » pp. 420-425

Comparaison de l’imitation de Moliere avec celle de Jean Jacques Rousseau. […] Nous passerons légérement sur un ouvrage que Moliere composa uniquement pour la Cour, qu’il crut ne devoir pas hasarder sur le théâtre de Paris ; & nous ne ferons pas de grandes recherches pour découvrir s’il y a quelque bout de scene, quelque lazzi imité d’un théâtre étranger. […] Personne n’est plus que moi l’admirateur de Moliere : l’on s’en apperçoit, je pense, & le Lecteur dit peut-être de moi ce que Dorine dit d’Orgon à propos de Tartufe : . . . . . […] Malgré le juste enthousiasme que j’ai pour Moliere, je ne serai jamais aveuglé jusqu’au point de l’admirer toujours également. […] Si Moliere fait des fanatiques, il peut s’en passer ; & la même sincérité qui m’a fait marquer les imperfections que j’ai cru voir dans quelques-uns de ses ouvrages, me fait donner ici la préférence à l’imitation de Rousseau sur celle de notre comique.

45. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. » pp. 180-200

Moliere les a vues presque toutes, s’en est emparé, & les a traitées en grand homme : mais pourquoi n’a-t-il pas mis en action, sous les yeux du spectateur, le moment où la Princesse chante pour charmer son amant ? […] Quant aux défauts qui sont dans l’original espagnol, Moliere les a tous évités. […] Moliere épargne à sa Princesse jusqu’à la honte de faire un aveu formel de sa défaite. […] de Marivaux, appellé par quelques personnes le Moliere du théâtre italien, a donné aussi une imitation de la Princesse d’Elide. […] La tirade de Moliere auroit bien plus de rapport avec le commencement du quatrieme livre de Virgile, où la sœur de Didon conseille à cette Princesse de ne plus résister aux charmes de l’amour.

46. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. » pp. 71-105

C’est la piece italienne que nous opposerons à celle de Moliere. […] Aussi, chez Moliere, Don Garcie n’enleve Elvire que pour la délivrer de la persécution d’un tyran. […] A merveille, Moliere ! […] Moliere a rejetté cet incident. […] Moliere, me dira-t-on peut-être, a imité le premier original qui est espagnol.

47. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Extrait du Festin de pierre de Moliere. […] Moliere déguise son valet en médecin, & ne tire point parti de ce déguisement. […] Goldoni a fait foudroyer Don Juan, à l’exemple de Moliere. […] Goldoni est un grand homme ; il mérite qu’on lui laisse le soin de se juger sur la façon dont il a imité Moliere. […] Dimanche, du Festin de pierre de Moliere.

48. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IV. » pp. 57-70

Elle est imitée presque en entier d’une piece italienne très ancienne, dont nous ferons l’extrait quand nous aurons rappellé au Lecteur le sujet du Cocu imaginaire de Moliere. […]   Moliere fait deux scenes d’une seule Italienne. […]   Moliere a très bien fait de ne pas déguiser Lélie en pélerin, & de nous sauver les détails de l’affaire d’honneur qui l’a fait travestir. […]   Je ne détaillerai point le troisieme acte de Moliere, parcequ’il ne sert presque qu’à démêler l’imbroglio des deux premiers. […] Tous les deux jouent sur des mots bas & des tournures burlesques ; mais Moliere sera désormais exempt d’un pareil reproche.

49. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. » pp. 106-124

  La surprise de Déméa amene des scenes comiques que Moliere n’a pas négligées. […] Moliere, en prenant une route toute opposée à celle de Térence, a bien prouvé sa supériorité. […] Moliere, plus délicat que nos modernes, ne pouvoit pas décemment mettre sur le théâtre une femme mariée & amoureuse, encore moins un confesseur. […] Moliere la fait naître comme d’elle-même, & la rend bien plus brillante. […] Je ne citerai pas tous les détails imités par Moliere ; ce seroit entrer dans des soins trop minutieux.

50. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. » pp. 294-322

Ce fut alors que Moliere dit à l’assemblée : Nous comptions avoir aujourd’hui l’honneur de vous donner la seconde représentation du Tartufe ; mais M. le Premier Président ne veut pas qu’on le joue. Moliere opposa ses protections au crédit des faux dévots, & son chef-d’œuvre reparut enfin sans interruption le 5 Février 166934. […] C’est ce que j’ignore : mais je ne puis douter que Moliere n’ait puisé dans une des Nouvelles de Scarron ; & le Lecteur, qui ne le savoit pas, va bientôt en être aussi sûr que moi. […] Loin de croire que Moliere, en composant la derniere scene, ait songé à la premiere, je suis persuadé qu’il l’a faite d’après une situation prise dans un vieux roman. […] Il indique dans toutes ses Nouvelles des scenes excellentes dont Moliere a tiré le plus grand parti ; & dans tout son théâtre, à peine en trouve-t-on une passable.

51. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Du Dialogue. » pp. 204-222

Comparons ce que Moliere a fait réellement avec ce dont on l’a gratifié. […] La situation est la même, les personnages disent à-peu-près la même chose, puisque Moliere n’a presque fait, en cet endroit, que copier Térence : toute la différence consistera donc dans l’art de dialoguer. […] Voici présentement comment Moliere fait parler Octave, Silvestre & Scapin sur le même sujet. […] Je prends mon exemple dans l’Ecole des Femmes de Moliere. […] Note qui se trouve dans les bonnes éditions de Moliere.

52. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. » pp. 397-410

J’ignore pourquoi Moliere a préféré le poignard à l’eau. […] Passons au second conte, & voyons les richesses que Moliere y a puisées. […] C’est enfin dans ce conte que Moliere a puisé la morale qui naît tout naturellement du sujet, & qui donne une si belle leçon à l’humanité. Remercions Moliere de l’avoir mise en action. […] Les contes que j’ai cités démentent cette fausseté, en indiquant les véritables sources dans lesquelles Moliere a puisé.

53. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVIII. Du Comique, du Plaisant, des Causes du rire. » pp. 463-473

Rien ne prouve mieux la distance qu’il y a entre Moliere & Regnard, que la différence de leur comique. […] Comparons-le présentement avec un des traits simples, naïfs, qui font rire aux éclats dans Moliere, sans en avoir la prétention. […] Nous sentons présentement avec quel art Moliere a prépare toute la finesse, toute la malignité, tout le sel comique de ce trait. […] Par quel charme inconcevable Moliere, même en traitant les sujets les plus graves, est-il assuré d’exciter un ris général ? […] L’emploi des termes consacrés à un usage différent, moyen de faire rire si négligé de presque tous les Auteurs, produit le plus grand effet chez Moliere.

54. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLII. De l’art d’épuiser un Sujet, un Caractere. » pp. 493-503

Moliere va nous le prouver. […] Moliere a fait un chef-d’œuvre, dans lequel chaque personnage principal est un dévot à sa maniere. […] Moliere laisse-t-il rien à désirer, & ne nous fait-il pas voir son modele dans tous les sens ? Le célebre Auteur de la Métromanie a suivi dans cette piece le systême de Moliere. […] Il n’avoit pas, comme Moliere, cet esprit philosophique qui sait donner à tout une tournure morale.

55. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. De l’Exposition. » pp. 139-164

On pourroit reprocher la même faute à presque toutes les pieces des anciens ; & quand Moliere fit le Dépit Amoureux, il les imitoit jusques dans leurs défauts. […] Que fait Moliere ? […] celui qu’a pris l’ingénieux Moliere dans les Précieuses ridicules. […] Dans l’Etourdi de Moliere, Lélie vole à Mascarille pour lui apprendre que Léandre est son rival. […] Moliere, de qui je cite tous les défauts en faveur des jeunes Auteurs que ses scenes inimitables pourroient décourager, le grand Moliere a fait cette faute, & je le prouve par le rôle de Nérine dans Pourceaugnac.

56. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Enfin parut le grand Moliere. […] Pourquoi les Auteurs qui ont succédé à Moliere s’écartent-ils de la véritable route que les maîtres de l’art leur ont frayée ? […] Mais qu’on me permette de puiser un exemple dans la meilleure comédie que nous ayons vue depuis Moliere ; je veux parler de la Métromanie. […] Piron en le traitant comme Moliere. […] Chaque personnage de Moliere se peint par sa diction, chacun de ses mots décele au spectateur ce qu’il est ; mais Moliere savoit bien que tant qu’il y auroit des faux dévots, des chasseurs, des médecins, des apothicaires, des femmes savantes, ils parleroient sur le même ton, & s’exprimeroient dans les mêmes termes.

57. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Appliquons à cette maxime un exemple pris dans Moliere, & choisissons une scene qui, peu fameuse par elle-même, ne laisse pas imaginer qu’un très petit nombre seulement ont les qualités dont je viens de parler. […] Voilà pourquoi, dans toutes les scenes de dépit que Moliere fait jouer à ses amants, il file des intrigues où il y a une action & un imbroglio inconcevables. […] On part de là pour prouver que toutes les pieces devroient être faites comme le Misanthrope ; & que si Moliere avoit vécu davantage, il n’auroit travaillé que dans ce genre. […] Moliere n’a pas jugé à propos de leur faire dire en partant pourquoi ils s’enfuyoient, & il a très bien fait, parceque la situation le dit assez. Moliere a mis seulement en note, M.

58. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

« Voyez, dira-t-on, voyez le vuide affreux qui regne au théâtre lorsqu’on joue Moliere. […] « Pourquoi, dira-t-on encore, la foule ne court-elle pas aux pieces de Moliere » ? […] & fait, sans y penser, l’éloge de Moliere. […] Ainsi parlent les dignes successeurs des camarades de Moliere ; mais ils ne sont pas les plus forts. […] La Muse mercenaire croit avoir égalé ou surpassé celle de Moliere & de Regnard ; elle mesure ses talents sur ses profits.

59. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. De l’Art de prévenir les Critiques. » pp. 309-313

Si Moliere n’eût rappellé cette grande vérité aux spectateurs avant que de rendre Tartufe dupe d’Elmire, ils auroient trouvé surprenant qu’un maître fourbe donnât tête baissée dans le piege. […] Quiconque entendra toutes ces tirades sans avoir fait attention à la scene précédente, trouvera, sans contredit, les propos d’Elmire très hardis, & les critiquera ; mais il leur applaudira tout au contraire s’il a saisi la façon ingénieuse avec laquelle Moliere prépare le spectateur à entendre les choses les plus fortes, & prévient sa critique en lui prouvant qu’elles sont nécessaires. […] La plupart des Auteurs ont senti, comme Moliere, la nécessité de prévenir les critiques ; mais peu l’ont fait avec cette justesse de raisonnement, avec cette adresse persuasive qui captive le sentiment du public, & le force, pour ainsi dire, à ne juger qu’au gré de l’Auteur. […] Cela est vrai ; mais Moliere, dans le même cas, se tire plus adroitement d’affaire que ses successeurs.

60. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. Des Actes. » pp. 274-288

Moliere n’est pas le premier, comme on le croit, qui ait osé s’y soustraire. […] Il a beau être de la composition de Moliere. […] Moliere ! Moliere ! […] Comédie de Boursault, si bien persiflé par Moliere dans son Impromptu de Versailles.

61. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. […] Jusqu’ici la piece de Baron ne ressemble pas beaucoup à celles de Moliere & de Cicognini. […] Cette derniere situation est dans le Prince jaloux de Moliere, & dans il Principe geloso de Cicognini. […] Il n’y a rien dans le Prince jaloux d’Italie, ni dans celui de Moliere, qui ressemble à cet acte. […] Cependant on publioit dans le monde que Chapelle aidoit Moliere dans son travail.

62. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. De l’Etat, de la Fortune, de l’Age, du Rang, du Nom des Personnages. » pp. 39-75

Moliere & bien d’autres l’ont vivement sentie. […] Un seul exemple suffira pour le prouver ; & je choisis l’Ecole des Femmes de Moliere. […] Moliere, qui l’a senti, a nommé, dans son Malade imaginaire, un Médecin, M. […] Moliere est le seul de nos Poëtes comiques qui ait poussé là-dessus la licence au dernier point. […] Moliere.

63. (1735) Moliere (Supplément au Grand Dictionnaire historique) « MOLIERE, (Jean-Baptiste Poquelin) poëte comique, etc. » p. 82

Poquelin qui prit alors le nom de Moliere faisait de petites comédies pour les provinces, Le docteur amoureux, Les trois docteurs rivaux, Le maître d’école, et quelques autres qui n’ont point été imprimées. […] Moliere avait alors trente-quatre ans. […] Moliere se maria, choisit fort mal sa compagne, et fut très malheureux en ménage.

64. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Moliere a senti leur inutilité, il n’en a fait qu’un seul19. […] Plaute & Moliere m’apprennent, dans celui de l’Amphitrion, ce que je ne dois savoir que dans une exposition qui tienne réellement à la piece. […] Se peut-il que dans un temps aussi éclairé que celui qui a succédé à Moliere, les Modernes aient poussé plus loin que les Anciens, la folle manie de faire des prologues ? […] La comédie de l’Emploi du Temps & le prologue qui la précede, intitulé l’Ombre de Moliere, peuvent servir ici d’exemple. […] Oronte veut des portraits : le poëte dit que Moliere a gâté le théâtre.

65. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXX. Des Surprises. » pp. 490-502

Je la trouve dans l’Ecole des Femmes de Moliere. […] Moliere & nos bons comiques ont là-dessus poussé l’art jusqu’à un point inconcevable. […] Dans le Dépit Amoureux de Moliere, Mascarille, valet de Valere, déclare à Polidore, pere de son maître, le mariage secret qu’a fait son fils. […] Toutes les surprises de Moliere annoncent le grand maître, témoin celles-ci dans le Tartufe. […] Oui, tout l’art de Moliere paroît dans la scene indiquée par Riccoboni : chacun de ses vers produit une surprise de pensée ou d’action ; mais elle n’est amenée par aucune action surprenante de la part des acteurs.

66. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. » pp. 81-99

Dufresny imitateur comparé à Moliere, à Champmeslé, son Mariage fait & rompu comparé à l’histoire véritable du faux Martin-Guerre, & à la nature. […] Quinault l’introduisit dans sa Mere coquette : Moliere s’en empara, la rendit aussi utile à sa piece, qu’elle est fausse & ridicule dans Quinault. Dufresny en la remaniant semble s’être appliqué à dédaigner les corrections de Moliere pour les défauts de ses prédécesseurs. […] En ce cas nous aurions rendu le plus mauvais service à Moliere en indiquant ses imitations, nous l’aurions fait bien criminel. […] Regnard doit, selon moi, occuper la droite de Moliere, Dufresny la gauche, &c.

67. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Du Choix d’un Sujet. » pp. 25-38

Pour nous convaincre de cette grande vérité, supposons quelqu’un qui connoisse tout Moliere 6, excepté son Dépit Amoureux ; & mettons sous ses yeux les scenes les plus belles de cette comédie. […] L’homme que nous avons supposé ne manquera pas de s’écrier que le Dépit Amoureux est une des plus belles pieces de Moliere, puisqu’il en est peu où l’on trouve un si grand nombre de beautés ; & il sera tout étonné quand on lui dira que c’est une des moins bonnes. […] Que l’exemple de Moliere nous fasse trembler. […] Jean-Baptiste Pocquelin, si fameux sous le nom de Moliere, naquit à Paris en 1620, sous les piliers des halles, dans la troisieme maison en entrant par la rue S. […] J’ai rapporté plusieurs petites tirades de cette piece, parcequ’elles m’ont servi, non seulement à rendre l’extrait de chaque scene plus rapide, mais encore parcequ’elles mettent le Lecteur à portée de juger de la versification de Moliere dans ses premieres pieces, de la comparer dans la suite avec celle de ses dernieres, & d’y remarquer à quel point l’Auteur avoit su châtier son style.

68. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XV. » pp. 290-293

Il suffit d’examiner les mœurs de cette comédie, pour voir que le sujet en est étranger, que Moliere l’a transporté sur son théâtre, sans se donner la peine de l’habiller à la françoise, & de changer la condition de ses esclaves, qui rendent son intrigue plus vraisemblable. […] Quant au voile qui sert à tromper Don Pedre, & qui fait évader Isidore, je crois voir à-peu-près l’endroit où Moliere l’a pris. […] Voyons ce qui a quelque rapport avec l’ouvrage de Moliere.

69. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. » pp. 20-52

Plusieurs comédies, tant françoises qu’italiennes, ont fourni à Moliere le fond & les scenes de cet ouvrage. […]   Moliere a fait entrer dans son Dépit amoureux toutes les scenes de ce canevas, à l’exception de celles qu’amenent & la langoureuse Victoire, & le complaisant Lucindo : ces deux personnages, qui sont très inutiles dans la piece italienne, n’auroient pas mieux figuré dans la françoise, & Moliere a très bien fait de les supprimer. […] Quant à la façon dont ces mêmes scenes sont traitées, on croira sans peine que Moliere l’emporte sur l’Auteur Italien. […] Remarquons en passant que ce n’est pas dans ce dernier trait que Moliere brille, & qu’il auroit fort bien pu ne pas finir la scene par cette plate bouffonnerie qui se trouve dans plusieurs pieces italiennes8. […] D’Ouville a fait, avant Moliere, une comédie sur le même sujet, intitulée Aimer sans savoir qui ; mais elle ne mérite point d’être opposée au Dépit amoureux.

70. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

On va s’écrier qu’en ce cas-là le Misanthrope par air ne peut être que mauvais, parceque le Misanthrope de Moliere passe pour le chef-d’œuvre de tous les théâtres. […] Les petites simagrées & les affectations d’un pareil original figureroient, je crois, très mal à côté des traits mâles & vigoureux que Moliere leur a abandonnés. […] Si j’avois à peindre un avare qui voulût passer pour prodigue, le contraste qu’il y a entre le fond du caractere & le masque, pourroit me faire espérer du comique ; mais j’aurois à glaner sur les pas de Moliere, le moissonneur le plus cruel pour tous ceux qui viendront après lui. […] Moliere a bravé les partis des Beaux-Esprits, des Prudes, des Femmes Savantes, des Tartufes, tous réunis contre lui : il les a attaqués & combattus avec une noble audace, dont on ne sauroit assez le louer ; mais il se fût perdu s’il eût été au-delà du ridicule des Marquis. […] Moliere n’a traité que deux ou trois caracteres généraux ; toutes ses pieces fourmillent pourtant de caracteres.

71. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. Choix du lieu de la Scene. » pp. 76-93

Nous trouvons fort indécent, & très peu vraisemblable, que de grands personnages, comme Jupiter, Alcmene, Amphitrion, fassent, au milieu d’une rue, des scenes de dépit, des scenes tendres, des scenes emportées ; d’un autre côté, nous disons que si Amphitrion & Sosie pouvoient entrer dans la maison, nous n’aurions plus de situations comiques, ni de piece ; & d’après cette réflexion, nous concluons que Moliere a été forcé de placer la scene devant le palais d’Amphitrion. Voilà donc qui est décidé ; Moliere ne pouvoit pas faire autrement. […] Que Moliere, au lieu de placer la scene à Thebes devant le Palais d’Amphitrion, l’eût mise à Thebes dans le péristile du Palais d’Amphitrion, tout étoit réparé ; la décence & la vraisemblance étoient conservées, sans rien diminuer du comique, puisque le plaisant ne consiste pas à voir refuser à Amphitrion & à Sosie une premiere porte, qui, chez les Grands, n’est jamais exactement gardée ; mais à voir interdire à l’un l’appartement de sa femme, tandis qu’il la sait en bonne compagnie ; & à l’autre la cuisine ou l’office, dans un temps où il meurt de faim. […] On trouveroit ridicule à Paris qu’un pere ordonnât d’apporter des chaises devant sa porte pour consulter au frais un Docteur sur la maladie de sa fille, & pour faire prendre l’air à la malade ; cela se fait journellement à la campagne : & on le voit, avec plaisir, dans le Médecin malgré lui de Moliere. […] Une promenade est un endroit convenable : c’est là que Moliere réunit très naturellement les Fâcheux, qui, par-tout ailleurs, paroîtroient amenés par force.

72. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXV. Du contraste des Caracteres. » pp. 386-397

Diderot, contraste peu : Plaute contraste moins encore, Moliere plus souvent. Mais si le contraste fut quelquefois pour Moliere le moyen d’un homme de génie, est-ce une raison pour le prescrire aux autres Poëtes ? […] D’ailleurs, loin de penser que Moliere soit l’ami des contrastes, je l’en crois l’ennemi capital ; du moins ai-je de la peine à trouver un contraste parfait dans une seule de ses pieces à caractere. […] Toutes les pieces de Moliere fourmillent de pareils contrastes.

73. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VIII. De l’Action, du Nœud, des Incidents. » pp. 165-171

Voyez l’Etourdi de Moliere. […] Tout autre que Moliere auroit rendu les mystifications du Limousin aussi ennuyeuses que celles de Dom Japhet. […] Il en est cependant dans Moliere, même dans les pieces que l’ignorance & le sot bel esprit croient avilir en les nommant des farces.

74. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. Des Caracteres nationaux. » pp. 268-283

Les Auteurs qui ont précédé Moliere, Thomas Corneille sur-tout, & Scarron, avoient la fureur de nous présenter sans cesse des Espagnols. Moliere lui-même, au commencement de sa carriere, a suivi le torrent, s’est laissé entraîner par l’usage, & nous a peint les mœurs les plus anciennes, en introduisant dans ses premieres pieces quelques personnages tels que ses Marchands d’Esclaves & ses Filles dans l’esclavage. […] Moliere, loin de bâtir l’intrigue d’une seule de ses pieces sur le vice ou le ridicule attribué à quelques-unes de nos provinces, n’a seulement pas daigné en faire des scenes détachées. […] Les successeurs de Moliere ont cru s’enrichir en s’emparant d’un fonds négligé par ce grand Homme.

75. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. La Chaussée, imitateur de Regnard, d’un Auteur Espagnol, d’un Auteur Italien, d’un Romancier François, &c. » pp. 262-276

Les Auteurs larmoyants seront sans doute bien indignés de nous voir placer la Chaussée si loin de Moliere, ce Farceur qu’ils honorent d’un souverain mépris. […]   Grace à la revue que nous venons de faire dans ce volume, les Comiques qui ont figuré sur la scene, depuis Moliere jusqu’à nous exclusivement, ne pourront pas reprocher au pere de la comédie ses imitations. […] Aucun ne l’a fait avec tant d’adresse ; il étoit nécessaire de convaincre mes Lecteurs de cette vérité : sans cette précaution les ennemis de Moliere n’auroient pas manqué de prodiguer aux Auteurs modernes le titre de créateurs, & de donner à leur maître celui de plagiaire, de traducteur, de copiste. […] Qui, plus que Moliere, est exempt d’un pareil reproche ?

76. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. […] Elle est malheureusement pour son Auteur une copie de l’Avare de Moliere. […] Ces mêmes Auteurs sont cependant venus après Moliere. […] Passons aux deux scenes imitées de Moliere. […] Nous avons vu cette scene dans le Théâtre Italien, dans Quinault, Moliere, Dufresny & Regnard.

77. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. De la liaison des Scenes. » pp. 250-260

Le Théâtre de Hauteroche fourmille de ces fautes ; & si je cherchois bien, j’en trouverois peut-être dans Moliere. […] Tout au contraire, je défie le menétrier le plus machine, ou le plus adonné au vice chéri des Musiciens, d’avoir seulement l’intention de prendre son violon dans tout ce que j’ai cité de Moliere. […] Moliere a paré le coup, en séparant la sortie du pere & l’arrivée du fourbe, par un monologue qui tient à l’action générale, & à celle des deux scenes qu’il lie.

78. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. » pp. 489-499

Il falloit avoir d’aussi bons yeux que Moliere pour l’appercevoir, & sur-tout autant de génie qu’il en avoit, pour sentir ce que l’idée mieux développée, étendue & dégagée de tout fatras, pourroit fournir de plaisant. […] Quelqu’un a dit que Desmarets avoit peint une folle comme on n’en voit point, ou qui n’existent que dans les petites-maisons ; & Moliere, une folle comme on en voit mille dans le grand monde. […] Moliere est un sage qui prend le ridicule sur le fait, & le peint avec autant de force que de vérité, pour en corriger ceux qui l’ont, ou pour en préserver ceux qui pourroient l’avoir un jour.

79. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. Des Pieces intriguées par un Valet. » pp. 125-134

Nous en avons un exemple frappant dans les Fourberies de Scapin, de Moliere. […] L’Auteur a voulu dire, sans doute, que les comiques venus après Moliere & Regnard, ayant perdu de vue cette gaieté naturelle avec laquelle on doit faire parler les valets, cet esprit souple, délié avec lequel on doit les faire agir, n’ont plus osé en introduire sur la scene ; mais il est ridicule de dire, parceque l’impuissance des Auteurs les a bannis du théâtre, qu’ils ne jouent plus le même personnage dans le monde. […] Moliere lui-même n’est pas exempt d’un pareil reproche.

80. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Je présente aux jeunes Auteurs le plus excellent modele qui ait existé, Moliere. […] Parcourez ainsi toutes les scenes amoureuses de Moliere, vous verrez avec quelle adresse il en a écarté la fadeur, la monotonie ; & comparons-les à une de ces scenes où deux amants, occupés uniquement du plaisir de se parler, semblent faire assaut d’esprit, s’attaquent & se ripostent avec des madrigaux, interrompent la marche de l’intrigue & la font oublier au spectateur. […] Ce seroit un morceau délicieux dans un opéra ; aussi Moliere, qui avoit le tact fin, l’a-t-il volé à M. de Boissy pour le mettre en musique dans son Malade imaginaire 54 qui a paru soixante ans avant l’Homme du jour. […] Que les Auteurs s’appliquent donc à rendre leurs amants intéressants, à mettre leurs scenes amoureuses en action, & qu’étudiant l’art inconcevable de Moliere, ils apprennent à tout vivifier comme lui, & sur-tout à ne point affadir leurs pieces en croyant les rendre touchantes.

81. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. Du Genre mixte. » pp. 241-252

La Mere Coquette, ou les Amants brouillés, de Quinault ; le Grondeur, de Palaprat ; l’Etourdi ou les Contre-temps, & l’Ecole des Maris, de Moliere, vont nous servir d’exemple. […] Décomposer les grands maîtres, & puiser des leçons jusques dans leurs plus mauvaises pieces ; témoin l’Etourdi ou les Contre-temps, de Moliere. […] Opposons à la mal-adresse de Palaprat l’adresse de Moliere, & prouvons qu’il est un moyen sûr pour éviter les défauts reprochés avec juste raison à l’Auteur du Grondeur.

82. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Moliere donna son Festin de Pierre en prose, & il ne réussit pas. […] « Moliere, dit M. de Voltaire, pour ne pas heurter de front le sentiment des Critiques, & sachant qu’il faut ménager les hommes quand ils ont tort, donna au public le temps de revenir. […] Comme M. de Voltaire ne parle que de la tragédie, je puis plus hardiment dire qu’une comédie en vers blancs, bonne d’ailleurs, réussiroit sur notre Théâtre ; & bien des personnes seront, je crois, de mon opinion, si l’on fait attention à la prose de Moliere ; elle est si bien cadencée, on y remarque tant de vers, qu’elle ne s’éloigne guere de la poésie des Anglois.

83. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Imitons Moliere : tous les héros de ses pieces à caractere ont des caracteres principaux, témoins son Misanthrope, son Imposteur, son Avare, ses Femmes savantes, son Prince jaloux même ; aucun héros de ces différentes comédies n’est caractérisé par des demi-teintes, & des nuances seulement. […] Moliere ne s’est pas borné à peindre dans son Avare, l’Avare amoureux, l’Avare mauvais pere, l’Avare usurier ; son Harpagon est tout cela : il ne s’est pas contenté de saisir une seule branche de l’avarice, il les a embrassées toutes. […] Si Dufresny eût agi comme Moliere, sa piece eût été moins froide, moins monotone ; & M.

84. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Soyez surpris, avec raison, de voir la qualité & l’intérêt s’établir des privileges dans le sanctuaire des arts : dites-vous à vous-même qu’au théâtre les vrais nobles, les vrais riches, sont ceux qui ont hérité de Moliere, de Corneille, & qui les approchent de plus près : gémissez en secret ; mais gardez-vous d’insister si vous desirez qu’on vous joue par grace dans les petits jours, ou pendant les chaleurs de l’été57, encore serez-vous très heureux. […] Il est à parier que si Moliere les eût éprouvés, il auroit cédé aux bontés du Grand Condé qui vouloit se l’attacher. […] Enfin, s’il est vrai qu’un Empire soit plus ou moins illustre à mesure qu’il produit plus ou moins d’hommes de génie, d’hommes immortels, pourquoi ne pas admettre le seul moyen qui peut nous rapprocher de ce temps fameux où les Corneille, les Moliere, les Racine, s’immortalisoient chacun sur un théâtre différent ? […] Deux Poëtes couronnés des mains de la Muse tragique viennent d’être honorés des bienfaits63 du maître : les Comédiens ont ordre de ne plus confier aux doubles64 les pieces de Moliere : encore un pas, & nous pourrons revoir les beaux jours de Thalie & de Melpomene.

85. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Pieces intriguées par plusieurs Personnages. » pp. 169-175

Je prendrai un exemple dans Moliere. […] Moliere ne pouvoit, dis-je, faire remplir tous ces rôles par Sbrigani que Pourceaugnac ou le beau-pere auroit reconnu ; d’un autre côté, il a voulu le rendre attachant.

86. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIII. Des Pieces intriguées par les Maîtres. » pp. 151-168

qu’on nous représente, comme Moliere dans son Bourgeois Gentilhomme, un Monsieur le Comte faisant agir tous les ressorts de son esprit intrigant pour excroquer de l’argent à M. […] Dans l’Etourdi de Moliere, lorsque Trufaldin surprend Mascarille avec Célie, ils ont recours à la même ruse ; mais Mascarille est un valet, & non un homme du bon ton ; mais Célie est une esclave égyptienne, qu’on peut croire instruite, comme toutes ses pareilles, dans l’art de la magie ; mais enfin l’action de l’Étourdi se passe dans ces temps reculés où l’on ajoutoit foi aux magiciens. […] J’ose soutenir le contraire ; & je défierois là-dessus, non seulement Thomas Corneille, mais Moliere lui-même ; parceque toute intrigue préméditée dénote nécessairement dans celui qui l’imagine un esprit de fourberie & de fausseté qui ne sauroit s’allier à la décence qu’on exige, sur le théâtre, des personnes bien éduquées ; & qu’il est impossible de filer, de soutenir quelque temps une intrigue comique, sans employer quelques-uns des ressorts que la bienséance interdit aux personnes d’une certaine façon, & qu’elle permet aux intrigants subalternes.

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Lorsque le héros ne paroît pas le premier, toutes les scenes qui précedent son arrivée doivent nécessairement nous le peindre, ou du moins nous entretenir de lui ; ce qui n’est pas fort aisé, sur-tout lorsque le héros ne paroît qu’au troisieme acte, comme dans le Tartufe : aussi fait-on quelques reproches à Moliere sur cet article. […] Ce n’est qu’une scene de liaison ; d’ailleurs il est à parier que Madame Pernelle n’a pas oublié Tartufe dans le discours qu’elle a tenu à la porte, & il eût été très facile à Moliere de nous le dire. […] Convenons qu’il faut avoir de l’humeur pour faire des reproches pareils à Moliere.

88. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVI. De l’opposition des Caracteres. » pp. 398-416

Cependant je ne l’aurois pas risquée si Boileau n’eût déja comparé Moliere à un maître d’escrime. Satyre II, à Moliere. Rare & fameux esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail & la peine ; Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts, Et qui sais à quel coin se marquent les bons vers : Dans les combats d’esprit savant maître d’escrime, Enseigne-moi, Moliere, où tu trouves la rime.

89. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. M. PALISSOT. » pp. 297-316

Mis à côté de Lacroix, d’un Auteur Anglois, de celui des Mille & une Nuits, de Moliere, d’Aristophane, &c. […] Messieurs, n’imitons pas les pédants de Moliere. […] Nous avons dit à ce sujet, dans le troisieme volume, que la scene de Moliere étoit imitée du Phormion de Térence : celle qui suit leur ressemble un peu.

90. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. M. DIDEROT. » pp. 317-332

Mis à côté de Goldoni, de Riccoboni, de Moliere, &c. […] C’est un tissu des caracteres de l’Ami vrai, & de l’Avare de Moliere. […] Goldoni n’avoit pas été plus scrupuleux : il s’étoit emparé de l’Avare, sans que personne se fût avisé de le trouver mauvais, & l’on n’avoit point imaginé parmi nous d’accuser Moliere ou Corneille de plagiat, pour avoir emprunté tacitement l’idée de quelque piece, ou d’un Auteur Italien, ou du Théâtre Espagnol.

91. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Regnard imitateur comparé avec la Bruyere, Plaute, & la nature. » pp. 5-50

Regnard est après Moliere l’Auteur comique le plus généralement estimé ; il faut donc, si ce que nous venons de dire est vrai, qu’il soit après Moliere celui qui a le plus imité ses prédécesseurs ; aussi est-ce la vérité même. […] Regnard étant un des Auteurs que nous devons connoître le mieux après Moliere, il faut tâcher aussi de le faire voir par tous les côtés, mais en différents temps & sous diverses formes, pour promener le Lecteur sur des objets variés, sans l’éloigner cependant du but principal. […] Quand on compare les pieces de Moliere avec leurs originaux, on l’admire davantage : il n’en est pas ainsi de Regnard, sur-tout dans cette derniere imitation. […] Moliere n’auroit-il pas eu cette scene présente, en composant la scene où Pourceaugnac est entre les mains des Médecins ? […] Nous avons comparé dans le second volume la philosophie de Regnard à celle de Moliere : nous y avons suffisamment prouvé que toutes les pieces de Regnard sont très indécentes, & qu’il est un philosophe très dangereux.

92. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX. De la Gradation. » pp. 342-351

Baron a évité, dans son Homme à bonne fortune, le défaut que nous venons de reprocher à Moliere. […] Ce que nous venons de dire sur la gradation des situations, nous épargnera la peine de nous étendre sur celle des moyens, & nous comprendrons aisément pourquoi Moliere, voulant renvoyer son Pourceaugnac à Limoges, lui fait d’abord essuyer des lavements, lui suscite ensuite des créanciers, plusieurs femmes, des enfants, & finit enfin par lui faire craindre d’être pendu.

93. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIII. Des Reconnoissances. » pp. 399-421

Il est si difficile de rendre une reconnoissance bien comique, que je ne puis citer pour exemple le pere de la bonne comédie, Moliere, cet Auteur inimitable en tout, excepté dans ses reconnoissances. […] Qu’on ne dise point, parceque Moliere n’a pu faire de reconnoissances comiques, que l’on doit y renoncer, & qu’il vaut encore mieux les rendre attendrissantes qu’insipides. […] Moliere avoit besoin, dans son Etourdi, que Trufaldin reconnût Célie, son esclave, pour sa fille ; Andrès, cru Egyptien, pour son fils.

94. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXVI. De la Vraisemblance. » pp. 434-445

Il est, dans l’un des chefs-d’œuvre de Moliere, dans son Ecole des Maris, des circonstances presque aussi peu vraisemblables, auxquelles le public semble ne pas faire attention, peut-être par respect encore. […] Moliere, qui consultoit sa servante, étoit plus persuadé qu’un autre de cette vérité : voilà ce qui me donne la témérité d’exposer mes réflexions.

95. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. Des Pieces d’intrigue en général. » pp. 123-124

C’est dans ses détours que Plaute, Térence, Moliere, Regnard se sont habitués à voir, à sentir tout d’un coup ce qui doit être au commencement, au milieu, à la fin d’une piece ; à s’emparer de l’attention du public, à la captiver, en lui présentant des incidents qui se croisent en apparence, & qui le conduisent cependant au point qu’il a desiré.

96. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. Des Monologues. » pp. 261-273

Dans ce monologue, Moliere n’est au-dessus de Plaute que parcequ’il l’a coupé & varié par les réponses de la prétendue Alcmene. […] Moliere, dans le Malade imaginaire.

97. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Pieces intriguées par une Soubrette. » pp. 135-150

Je remercie Moliere, Regnard, & leurs successeurs, de me l’avoir laissée. […] Je vous avertis donc, mon pere, de vous tenir bien sur vos gardes contre ce coquin-là, &c. » La lettre que Chrisale fait écrire ne sert à rien dans la piece, & c’est un grand défaut : voilà vraisemblablement pourquoi Moliere & Regnard ne s’en sont point emparés.

98. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIX. Des Méprises, des Equivoques & de ce qu’on appelle quiproquo au Théâtre. » pp. 474-489

Moliere sentoit tout le prix des méprises. […] J’exhorte les Auteurs à réfléchir sur ces deux petites méprises consécutives, à examiner l’art avec lequel elles sont variées, à bien apprécier sur-tout l’adresse avec laquelle Moliere les fait naître des différents caracteres des deux personnages qui les font, & comme ils se peignent eux-mêmes en les faisant.

99. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XX. Des Pieces intriguées par le hasard. » pp. 223-240

Moliere, en choisissant le plus parfait de ces originaux pour l’objet de son imitation, a bien montré quel étoit son discernement. […] Je dirai seulement que je ne connois point de comédie françoise d’intrigue, dont les incidents ne soient pas prévus par les personnages, & qu’excepté Amphitrion, c’est le seul genre que Moliere n’ait point traité.

100. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Et pourquoi Moliere, en traitant le même sujet, l’a-t-il, pour ainsi dire, épuisé ? […] Qu’on ne m’accuse pas de partialité contre Destouches ; si je l’estimois moins, je ne le mettrois pas si souvent aux prises avec Moliere : mais il est bon, je crois, d’étudier aux yeux des Auteurs naissants ceux qui doivent leur servir de guide.

101. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [29, p. 54-59] »

doucement, répondit Moliere : ce n’est point ici une affaire à entreprendre mal-à-propos ; c’est la dernière action de la vie, il n’en faut pas manquer le mérite.

102. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXIV. Des Tableaux. » pp. 422-425

Tels sont les tableaux de Moliere.

103. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIX. De l’action dans les Pieces à caractere. » pp. 448-468

On peut voir aisément ; par les pieces à caractere de Moliere, la différence qu’il y a d’une comédie qui laisse perdre de vue le héros ou le sujet promis, avec celles qui, dans chaque scene, développent aux yeux du spectateur le travers, le vice ou le ridicule annoncé par le titre. […] Je choisis l’Avare de Moliere, & je vais prouver que j’ai fait un bon choix.

104. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVI. M. DE BEAUMARCHAIS. » pp. 442-462

Darnaud de Baculard, de Thomas Corneille, de Boisrobert, & de Moliere, &c. […] Moliere, avant M. de Beaumarchais, avoit fait entrer dans son Festin de Pierre quelques-unes des idées imitées de l’espagnol par Thomas Corneille, Boisrobert & Scarron.

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