Jupiter se donne la peine de tromper le mari d’Alcmène ; Louis XIV en agissait autrement avec les seigneurs de sa cour. […] Le mari, bien que trompé, mais trompé par une femme de bonne foi, qui ne peut rire de sa mésaventure, puisqu’elle l’ignore elle-même, éveille plus de sympathie que l’amant heureux obligé de prendre les traits d’Amphitryon pour obtenir les faveurs d’Alcmène.
Dans la comédie ancienne & moderne, les valets trompent leurs maîtres ; cela est vrai : mais on a grand soin de leur prouver que quelques années de galere ou de bons coups d’étriviere sont ordinairement le salaire de leurs petites espiégleries. […] Point du tout : ils y perdent au contraire, puisqu’on instruit les honnêtes gens qu’ils pourroient tromper, à rendre leurs ruses inutiles. […] Ce que je viens de dire pour prouver que la comédie ne corrompt point les valets, peut encore la justifier sur le reproche qu’on lui fait de styler les belles à tromper le tuteur le plus clairvoyant, ou le mari le plus soupçonneux. […] Il semble que Regnard se soit étudié à choisir un fonds excellent, & à mettre son héros dans des situations qui promettent les moralités les plus essentielles, & tout cela pour tromper l’espérance du spectateur. […] Jourdain amoureux, en pure perte, d’une Marquise, trompé par le frippon de Comte qui lui vole un diamant & lui emprunte de l’argent, est un exemple merveilleux.
Si je me trompe en croyant la reconnaître, n’aurai-je pas le droit et même le devoir de tenter une nouvelle épreuve ? […] Rousseau a pu s’y tromper parce que sa misanthropie et même ses vertus avaient le même principe d’orgueil ; il ne faut pas d’autre remarque pour faire justice de ses déclamations. […] Clitandre s’y est trompé d’abord et a commencé par offrir à Armande son cœur qu’Henriette ne laissera plus échapper. […] Si son espoir est trompé, si Philaminte est inexorable, elle ne sera à nulle autre personne ; elle se retirera dans un couvent. […] Le vieux sénateur, abandonné par sa fille, lance au Maure qui l’emmène cette menace qu’il se rappellera aux heures de jalousie : « Elle a trompé son père, elle te trompera. » Desdémone ne trompa point Othello ; mais toutes les femmes ne sont pas des Desdémones, et la morale ne se fonde pas sur des exceptions.
Nous le voyons trop à travers ses dernières années, malade, irritable et… trompé. […] Ce ne fut point là, certes, une jeunesse mélancolique, et ni le comédien, ni le philosophe ne purent concevoir alors, ou je me trompe beaucoup, cette haine de l’humanité qu’Alceste devait professer un jour. […] Ou je me trompe fort,. ou ce personnage, louche et glissant, flaire à plein nez la confrérie. […] car ce n’est rien moins que cela ; me tromper, moi, c’est un forfait abominable ! […] L’homme chagrin voit tout en gris, se méfie de tout le genre humain, croit que tout le monde ment, il cherche toujours à découvrir quelqu’un qui le trompe et à le prendre en flagrant délit.
S’agissait-il d’empêcher un homme de se tromper sur sa vocation, et de se livrer à des illusions dangereuses? […] Vous vous tromperez. […] Peut-être craignit-il que le parterre n’allât s’y tromper encore une fois, et voulut-il, pour être sûr de son fait, donner du Cotin tout pur. […] Vous vous trompez, mes frères : faites-moi le but de vos injures et de vos pierres, et tirez sur moi vos épées. […] Les premiers mots qu’on lui dit sont d’un homme toujours de sang-froid, et qu’il n’est pas aisé de tromper.
Sganarelle, qui va porter à Valère la déclaration d’amour, ensuite le billet, ensuite le conseil d’enlever Isabelle ; la scène quatorzième de ce deuxième acte, dans laquelle Sganarelle mène Valère devant Isabelle qui s’explique en sa présence sur ses véritables sentiments, et le trompe sous ses propres jeux ; l’acte qui finit par le dessein d ‘épouser le lendemain Isabelle, ce qui rompt tout ce qu’elle a fait, et oblige de recommencer la pièce au troisième acte, où le jaloux va lui-même chercher le notaire pour les unir ; la scène sixième où il sermonne Artiste ; enfin le dénouement qui est superbe, qui se tait par les soins du jaloux, qui satisfait tout le monde. […] Le prologue de Lysiscas endormi, que l’on réveille, et qui se rendort toujours en parlant, me paraît la scène la plus plaisante de là pièce ; la première scène du quatrième acte, dans laquelle Euriale et la princesse se trompent tous les deux par amour, et veulent se persuader qu’ils sont insensibles, est la seule jolie de la pièce. […] La deuxième scène, où don Juan développe son caractère, est un modèle ; la première scène du deuxième acte entre Pierrot et Charlotte ; la cinquième du même acte, où don Juan trompe à la fois les deux paysannes, sont des chefs-d’œuvre de comique. […] La scène troisième du premier acte entre l’avare et le valet qu’il fouille ; la cinquième entre l’avare, son fils et sa fille, quand ils veulent lui parler de leur mariage ; la septième, où l’avare prend l’amant de sa fille pour juge de son refus de se marier ; la scène sixième du deuxième acte, dans laquelle Frosine flatte l’avare ; la scène troisième du quatrième acte, où l’avare trompe son fils par une fausse confidence, la quatrième, où maître Jacques les raccommode si comiquement ; la deuxième du cinquième acte dans laquelle maître Jacques accuse l’intendant du vol de la cassette ; la troisième où Valère croit qu’on l’accuse d’avoir enlevé Elise, et le quiproquo de la cassette : voilà les beautés à étudier dans cette pièce.
Aussi Noverre ne s’y trompait pas lorsqu’il écrivait dans ses Lettres sur la danse : « Dussé-je me faire une foule d’ennemis sexagénaires, je dirai que la musique dansante de Lulli est froide, langoureuse et sans caractère. »À la vérité, le grand roi n’aimait et ne voulait que cette danse emperruquée ; à ses yeux comme à ses oreilles, un seul genre était bon : le genre ennuyeux. […] Quel dommage que quelqu’un de nos petits-maîtres du commencement du siècle n’ait pas mis en musique cette agréable comédie de tuteur trompé qui devançait de cent ans Le Barbier de Séville !
Comment faire pour tromper le surveillant ? […] Quant au voile qui sert à tromper Don Pedre, & qui fait évader Isidore, je crois voir à-peu-près l’endroit où Moliere l’a pris.
L’imputation fut reconnue fausse par la suite ; mais personne à la cour n’était juge des preuves sur lesquelles le roi se décida au renvoi de madame de Navailles ; bien d’autres y auraient été trompés, et, certes, le fait était grave. […] Il résulte de ce qui précède : i° que Saint-Simon s’est trompé sur le motif qui fit renvoyer madame de Navailles, et qu’ainsi son accusation contre madame de Montausier tombe ; 2° que la cause du renvoi de la maréchale fut une intrigue issue de main de courtisan, avec de telles circonstances, que ni le roi, ni les personnes instruites de ses motifs, ne pouvaient douter de la faute grave qui était imputée à la dame d’honneur, et qu’ainsi, madame de Montausier, en achetant sa charge, ne fit que partager le sentiment général qui la condamnait.
Madame, disent les uns, trompait le roi pour le comte de Guiche. Selon d’autres, le roi trompait Madame pour mademoiselle de La Vallière, qui était du service de Madame.