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113. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Te souvient-il bien qu’autrefois Nous avons conclu d’une voix Qu’il allait ramener en France Le bon goût et l’air de Térence ? […] « Je me souviens toujours, dit Élise, du soir que Célimène eut envie de voir Damon, sur la réputation qu’on lui donne et les choses que le public a vues de lui. […] Molière l’en fit adroitement souvenir, et cette circonstance, si frivole en apparence, en associant le prince à la gloire du poète, ne fut peut-être pas étrangère à la détermination que celui-là prit plus tard d’autoriser la représentation de ce chef-d’œuvre, malgré les menées d’une cabale puissante. […] D’aucun trait plus galant se peut-on souvenir ? […] Ils ont beau se souvenir que vous êtes leur père, si vous oubliez qu’ils sont vos enfants, le vice l’emportera sur la vertu, et le mépris dont vous vous chargez étouffera le respect qu’ils vous doivent.

114. (1865) Les femmes dans Molière pp. 3-20

Je l’ai vu jouer il y a déjà bien longtemps par l’aimable Mlle Dupuis, à côté de Mlle Mars qui jouait Célimène ; eh bien, le souvenir que m’a laissé la première est resté aussi vif et plus charmant peut-être que celui de la grande actrice elle-même.

115. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Des Prologues. » pp. 118-138

Premiérement je me souviens que l’autre finit par un mariage.

116. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

« Je me souviens que Molière m’a montré plusieurs fois une vieille servante qu’il avoit chez lui, à qui il lisoit, disoit-il, quelquefois ses comédies ; et il m’assuroit que lorsque des endroits de plaisanterie ne l’avoient point frappée, il les corrigeoit, parce qu’il avoit plusieurs fois éprouvé sur son théâtre que ces endroits n’y réussissoient point. » Boileau, Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin, I.

117. (1882) Molière (Études littéraires, extrait) pp. 384-490

Ici le souvenir de Tartuffe nous viendrait tout naturellement, si l’on ne craignait l’injure d’un si laid voisinage. […] Quant à Marigny92, dans sa lettre écrite le 14 mai, sous l’impression toute vive de ses souvenirs, il se borne à nous dire que « la comédie fut trouvée fort divertissante », et qu’on ne mit pas en doute les bonnes intentions de Molière ; ce qui implique l’approbation du Roi, confirmée d’ailleurs par la Préface de 166993 et le premier Placet de 1664. […] Si Molière s’est souvenu de cette esquisse superficielle, il en a donc changé la physionomie par une expression toute différente. […] Mais cette fougue de pinceau s’imposait au peintre qui voulait graver dans notre souvenir une impression ineffaçable. […] Ensuite, sans parler d’une allusion évidemment faite au malheur qu’avait eu l’abbé de passer par les verges de Boileau, sans redire après tant d’autres que la fameuse querelle du troisième acte est le souvenir d’une dispute semblable dont Cotin fut le héros, et qui éclata devant Mademoiselle, au palais du Luxembourg, nul n’ignore que le sonnet sur la fièvre de la princesse Uranie, et le madrigal sur le carrosse Amarante sont textuellement empruntés aux œuvres du malencontreux rimeur165.

118. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

comment espérer de corriger ses semblables, lorsqu’au lieu de leur inspirer du mépris pour un vice ou un ridicule, on ne laisse dans leur esprit que le souvenir de la vertu ?

119. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE X. De la Diction. » pp. 178-203

Ce bruit & ce travail charment tant les esprits, Qu’on perd tout souvenir, tant l’on en est épris.

120. (1910) Rousseau contre Molière

» — Mais réfléchissez donc, répondPhilinte, qui, ici, se souvient beaucoup plus de Collin d’Harleville que de Molière et même que de Rousseau ; réfléchissez donc ! […] Le mort, s’étant avisé de renaître, au grand déplaisir de son cher neveu et ne voulant pas ratifier ce qui a été fait en son nom, on trouve le moyen d’arracher son consentement de force, et tout se termine au gré des acteurs et des spectateurs, qui, s’intéressant malgré eux à ces misérables, sortent de la pièce avec cet édifiant souvenir d’avoir été dans le fond de leur cœur complices des crimes qu’ils ont vu commettre. […] Rousseau, dans Sophie, débute presque, soit qu’il s’en souvienne, soit qu’il y ait simple rencontre, par la célèbre apostrophe de La Bruyère sur l’ignorance des femmes : « Pourquoi s’en prendre aux hommes de ce que les femmes ne sont pas savantes ? […] On pourrait dire que dans la Salente rêvée par Rousseau tous les garçons sont protestants, toutes les filles sont catholiques, relativement du moins à la façon dont la religion est présentée aux uns et présentée aux autres : « Par cela même que la conduite de la femme est asservie à l’opinion publique [souvenir du second principe : pourquoi l’éducation des femmes doit être le contraire de celle des hommes] , sa croyance est asservie à l’autorité. […] non pas beaucoup plus, voilà le bon parti. » Mlle Le Vasseur n’a jamais su quels immenses services lui avaient rendus Mme d’Epinay et Mme d’Houdetot, et à quel point le goût, incompréhensible par ailleurs de Rousseau pour elle, s’explique par les souvenirs que ces deux dames avaient laissés dans son esprit.

121. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Où trouver plus de pathétique que dans ces plaintes sur les rigueurs de la mort : Défendez-vous par la grandeur, Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur : Un jour le monde entier accroîtra sa richesse ; plus de sensibilité et de douce mélancolie que dans ce passage où respire l’âme de Virgile, avec le souvenir de ses vers les plus émus : Solitude où je trouve une douceur secrète, Lieux que j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais, Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ?

122. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

Dieux, princes, bergers, bourgeois, gentilshommes, valets, on en trouve partout sans qu’on songe jamais à s’en plaindre : Célie, Hippolyte, Lucile, Elvire, Isabelle, Agnès, Lucinde, Eliante, Mariane, Elise, Julie, Eriphile, Psyché, Zerbinette, Hyacinthe, Henriette, Angélique, je vous aime, avec vos Lélies, vos Léandres, vos Erastes, vos Valères, vos Horaces, vos Orontes, vos Sostrates, vos Cléontes, vos Octaves, vos Cléantes, et vos Clitandres, doux noms et charmants souvenirs, aimables figures qui venez, au milieu des farces les plus risibles ou des peintures de caractère les plus hardies, apporter la grâce riante de vos jeunes amours !

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