Toutefois, la conception du Misanthrope peut avoir eu un autre principe : ne serait-ce pas l’intérêt commun de la société des quatre amis.
[43, p. 73-77] 1705, Grimarest, p. 89-92 Molière, dans la société, possédait l’art si peu connu de ménager la délicatesse de ses amis, et qui plus est de leur donner d’excellents conseils.
Il voit aux prises la nature et la société, il devine l’éternel drame des passions mêlé aux passagères comédies de son temps.
Sa société habituelle : Racine, Boileau, La Fontaine et Chapelle. […] Cette société tenait ses séances à l’hôtel Rambouillet. […] Une « chère », une « précieuse », devait se mettre au lit à l’heure où sa société habituelle lui rendait visite. […] Molière, concevant les services que l’auteur dramatique peut rendre à la société, seconda dans cette pièce les efforts de son roi pour abolir la barbare coutume du duel. […] Quant à madame de La Sablière, son inviolable attachement pour La Fontaine la portait à rechercher la société des amis du fabuliste.
Ils jouaient dans le faubourg Saint-Germain, et au quartier Saint-Paul, et on appella leur société l’illustre théatre.
On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. […] Ajoutons que cette crainte se compliquait d’un conflit entre la société laïque et la société ecclésiastique, toujours prête à lui refuser droit de contrôle sur ses doctrines et ses pratiques. […] On y sent l’intention de nous persuader que la société pourrait bien être une caverne de brigands. […] Le Misanthrope du dix-septième siècle nous demande de nous corriger ; les autres rendent la société responsable de nos fautes. […] Il n’en faut pas médire : car elle fut le berceau de la société polie.
Les pointes commencèrent à tomber, mais lentement : comme elles se soutenaient dans les sociétés qui donnaient le ton, le théâtre n’en était pas encore purgé, à beaucoup près, et ce furent les Précieuses ridicules et les Femmes savantes qui portèrent le dernier coup. […] Les Précieuses ridicules, quoique ce ne fût qu’un acte sans intrigue, firent une véritable révolution : l’on vit pour la première fois sur la scène le tableau d’un ridicule réel et la critique de la société. […] Dans l’Impromptu de Versailles, Molière, emporté par ses ressentiments, eut le tort inexcusable de nommer Boursault; et quoiqu’il ne l’attaque que du côté de l’esprit, ce n’en est pas moins une violation des bienséances du théâtre et des lois de la société. […] Rien de tout cela : c’est un homme du monde, qui s’est amusé à ce qu’on appelle des vers de société. […] Tartufe est si coupable, qu’il ne suffisait pas, ce me semble, qu’il fût démasqué; il fallait qu’il fût puni, et il ne pouvait pas l’être par les lois, encore moins par la société.
Pendant le siècle de Louis XIV, elle ne fut en général cultivée et pratiquée que par quelques hommes d’esprit et de plaisir, et elle n’a régné que dans quelques salons suspects de libertinage d’esprit et de mœurs, dans la société du Temple et chez Ninon de Lenclos. […] Le plus grave et le plus savant d’entr’eux, Bernier, auteur d’un abrégé de la philosophie de Gassendi, était surnommé le joli philosophe et faisait les délices de la société du Temple.
« Il y a d’autres genres de comique : il y a des plaisanteries qui causent une autre sorte de plaisir ; mais je n’ai jamais vu ce qui s’appelle rire de tout son cœur, soit aux spectacles, soit dans la société, que dans des cas approchants de ceux dont je viens de parler. […] Il s’en fait tous les jours dans les sociétés, qui prouvent le contraire : telle est l’équivoque que voici.
Plusieurs sociétés particuliéres se faisoient un divertissement domestique de jouer la comédie. Pocquelin entra dans une de ces sociétés, qui fut connuë sous le nom de l’illustre théatre. […] Lorsqu’il avoit en vûë de corriger un ridicule plus essentiel, ou un vice contraire à la société, il réservoit la premiére place pour un de ces caractéres singuliers qui méritent par eux-mêmes de fixer toute l’attention. […] Quoique, dans tous les tems, l’expérience ait montré que la disproportion des conditions & des fortunes, la différence d’humeur & d’éducation, sont des sources intarissables de discorde entre deux personnes que l’intérêt, d’une part, &, de l’autre la vanité, engagent à s’épouser, cet abus n’en est pas moins commun dans la société : Moliere entreprit de le corriger. […] Séduit par un panchant qu’il n’eut ni la sagesse de prévenir, ni la force de vaincre, il envisagea la société d’une femme aimable, comme un délassement nécessaire à ses travaux ; ce ne fut pour lui qu’une source de chagrins.