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4. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXII. Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. » pp. 337-349

Des Caracteres principaux ou simples, des Caracteres accessoires, des Caracteres composés. […] Nous avons appellé caracteres principaux ou simples, si l’on l’aime mieux, ceux qui n’empruntent rien d’un autre ; & caracteres accessoires ceux qui émanent d’un caractere principal. […] Vous savez qu’aucune autre domestique ne m’approche, qu’une simple jardiniere. […] La fille la plus simple a de l’esprit de reste pour conduire une intrigue.

5. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Dans la première les sentiments avaient un caractère de généralité simple, pur, élevé ; ils sont devenus dans la seconde plus riches, plus profonds, plus intimes. […] Les mœurs étaient simples. […] Dans la comédie moderne, celle-ci domine si généralement, qu’une foule de productions comiques tombent ainsi dans la simple plaisanterie prosaïque, et même prennent un ton âcre et repoussant. […] Il en est de même partout où il n’y a, d’un côté, qu’une situation pénible, et de l’autre, que la simple moquerie et une joie maligne. […] Il tombe simple et libre, s’harmonisant avec les poses, le maintien et les mouvements.

6. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

Mais l’art de faire rire n’est pas simple, et s’il en a connu toutes les variétés, depuis les charges à l’italienne, les coups de bâton de Scapin et les clystères d’Argan, jusqu’aux fines répliques de Célimène, il a puisé plus que personne aux sources naturelles du rire, à celles qui le font communément jaillir de nos lèvres à tous. […] Comme sa morale, sa psychologie est large, simple, faite pour tous les lecteurs et tous les publics. […] Les personnages de Molière ont, au contraire, des âmes simples, peu complexes, accessibles à tous les publics. […] De tous temps et en tous lieux on les reconnaît, parce que, par-delà l’individuel qui est complexe et contradictoire, ils expriment le général qui est simple et un.

7. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Soyez simples, dit Molière aux philosophes et aux médecins, soumettez à l’expérience les règles de la science, songez à la perfectionner sans cesse ; ne vous payez pas, et ne nous payez pas de mots, qu’ils soient latins ou grecs ; enfin, commencez moralement et physiquement par nous guérir, et nous ne manquerons pas de vous rendre grâce. […] Qu’elle soit instruite et spirituelle, à merveille, mais qu’elle reste simple dans son rôle de fille, d’amante ou d’épouse. […] Alceste, homme du monde, et qui, somme toute, parle fort bien, n’est-il pas ridicule, lorsqu’après avoir chanté cette chanson simple jusqu’à la naïveté, il s’écrie : Voilà ce que peut dire un cœur vraiment épris ? […] Est-il possible de mieux montrer aux hommes, par la simple représentation d’une scène qui dut être vécue mainte fois, la tendresse naturelle du père aux prises avec l’entêtement égoïste du maniaque, et l’opinion émue, prête à blâmer aussi durement le père coupable qu’elle l’a doucement averti de sa folle et prié de se montrer meilleur ? […] Voilà ce que pouvait enfanter la simple manie d’Argan.

8. (1716) Projet d’un traité sur la comédie pp. 110-119

Ce Poète comique a une naïveté inimitable, qui plaît, et qui attendrit par le simple récit d’un fait très commun : Sic cogitabam, Hem, hic parvæ consuetudinisTerent. […] Tout ce que l’esprit ajouterait à ces simples et touchantes paroles, ne ferait que les affaiblir.

9. (1734) Mémoires sur la vie et les ouvrages de Molière (Œuvres de Molière, éd. Joly) [graphies originales] pp. -

Il est peu de piéces, sur tout en trois actes, aussi simples, aussi claires, aussi fécondes que celle-ci. […] Thessala dans Plaute, Céphalie dans Rotrou, ne sont que de simples confidentes d’Alcméne ; Moliere a fait de Cléanthis, qui tient leur place, un personnage plus intéressant par lui-même. […] n’est qu’une peinture simple des ridicules qui étoient alors répandus dans la province, d’où ils ont été bannis, à mesure que le goût & la politesse s’y sont introduits. […] L’art caché sous des graces simples & naïves, n’y employe que des expressions claires & élégantes, des pensées justes & peu recherchées, une plaisanterie noble & ingénieuse pour peindre & pour développer les replis les plus secrets du cœur humain. […] C’est par des exemples pareils, plus sensibles que de simples discours, qu’il s’appliquoit à former les mœurs de celui qu’il regardoit comme son fils.

10. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Mais il eut le bon esprit, dès son entrée dans le monde, d’être simple et naturel avec les personnes qu’il savait être ennemies du bel esprit et des pointes, sauf à se dédommager avec les autres. […] Le corbeau de Voiture est mort… » Les lettres des dernières années de Voiture sont incomparablement plus simples, plus naturelles, et de plus d’esprit véritable que celles de sa jeunesse.

11. (1900) Molière pp. -283

Sarcey, dans une conférence, avait commencé en lançant un simple mot2 ; ce mot avait soulevé des contradictions. […] Si vous voulez voir ce que Molière dut à la province, vous avez un moyen très simple. […] » Ainsi, c’est toujours la circonstance la plus simple, et en même temps la plus expressive que Molière choisit. Cette circonstance toute simple peut être quelquefois atroce. […] Quant au grand capitaine que César honore du titre de camarade, tu en as peut-être entendu parler de ton vivant ; on l’appelle Paul-Louis Courier, et c’était un simple officier de ton artillerie.

12. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

Or, au milieu de tant de perfection intellectuelle et de génie en toutes choses, régnait, au sujet de la femme, je ne sais quel faux goût, qui fut cause que ni le sublime Corneille ni même le tendre Racine ne firent tout à fait ce qu’on pouvait attendre d’eux : c’est seulement dans l’excès de la passion dramatique que Pauline, Hermione et Phèdre trouvèrent ces accents poignants et simples qui sont des cris de génie. […] Non content d’opposer aux habitudes des femmes du temps les mœurs trop simples des femmes du bon vieux temps 310 ; non content de mettre en action les ridicules d’une académie précieuse pendant un acte entier qu’ils remplissent uniquement311, Molière voulut faire briller l’exemple à côté de la critique, et exprimer ce que doit être la femme du monde dans une société polie. […] Puis, à cette vérité si simple et si oubliée, Molière joint des préceptes qui fixent avec juste mesure dans quelle limite la femme, l’épouse, la mère devra cultiver son intelligence et acquérir ce que l’instruction lui peut ajouter de mérite et d’agrément. […] Les costumes donnés par Molière à ses personnages, la modeste parure d’Elmire, la simple robe blanche d’Henriette, la splendide toilette jaune et rouge de Célimène, etc., étaient des leçons parlant aux yeux.

13. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

On nous avait ravi Clémence Isaure, réduite par la critique moderne à l’état de simple mythe ; nous risquons fort de perdre bientôt la Laure traditionnelle de Pétrarque, cette belle Laure de Noves qui se croyait immortelle et que l’on est en train de remplacer par une autre Laure, nouvellement découverte. […] Dans; le mystère de la Conception, Passion et Résurrection, il y avait cent personnages: il fallait donc non une simple troupe, mais une confrérie pour suffire à la tâche. […] Mais ce qui a fait défaut, disons-nous, à notre théâtre naissant, c’est une langue précise, correcte, énergique et colorée, à la fois noble et simple, populaire sans être triviale. […] Le sentiment national s’était développé dans la longue guerre contre les Anglais; une simple fille du peuple avait été l’héroïne de la délivrance ; le peuple lui-même, jadis serf, était devenu bourgeois et le beffroy communal tenait le donjon en respect. […] Adieu, mon fils. — Adieu, mon père, Lié suis, de bref je mourrai. » Voilà qui est touchant, pathétique et simple ; c’est la nature qui parle, et l’Iphigénie de Racine n’a peut-être pas fait couler plus de larmes que ce naïf dialogue.

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