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63. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VII. De l’Amour. » pp. 121-144

  Mais, dans ce grand enseignement, il est un point précis sur lequel le maître a insisté avec une persistance due à la fois au défaut de son siècle et au caractère de son âme : c’est la coquetterie. […] Il y avait presque autant de mérite à réformer l’amour dans l’expression que dans le fond, à l’époque où les madrigaux triomphaient si victorieusement, que Racine faisait dire au fils d’Achille aux pieds de la veuve d’Hector : Brûlé de plus de feux que je n’en allumai483 ; à l’époque où Boileau lui-même, fléchissant sous la poussée du siècle, mettait, dans la glorieuse péroraison de son Art poétique, le Benserade des ruelles à côté du Corneille du Cid et d’Horace 484. […] Après avoir rappelé les amants à un langage naturel comme l’amour, il donna, mieux que tous les autres auteurs du siècle, l’exemple de cette langue douce et touchante qui va droit au cœur parce qu’elle en exprime les vrais sentiments.

64. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IX. De l’Adultère et des Amours faciles. » pp. 166-192

Peut-être pourrait-on dire que nous sommes plus délicats aujourd’hui qu’on ne l’était il y a deux siècles, et que nous affectons d’être « plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps615 ; » il est vrai que le mot grivois ou gaulois, si l’on veut, était alors admis partout, excepté chez les précieuses, et que les dames même ne faisaient point de façon d’en rire : c’était une suite de la licence du seizième siècle616. […] III, La Pudeur au XVIe siècle : « Chaque siècle a son degré de décence… ; parmi les mœurs du temps, le mot crû n’était que le mot naturel ; les femmes l’entendaient à table tous les jours, et orné des plus beaux commentaires, etc.  […] L’influence de ces plaisirs est exprimée par Voltaire, Siècle de Louis XIV, chap.

65. (1879) Les comédiennes de Molière pp. 1-179

avec Armande Béjart, les Célimènes qui vivront jusqu’à la fin des siècles ? […] C’est que Molière était tout à la fois auteur et comédien ; c’est qu’il mettait en scène son idée ; c’est qu’il créait deux fois ses personnages, une fois dans son imagination et une fois devant la rampe, devant les immortelles chandelles de cet autre Roi-Soleil, car on finira par dire le Siècle de Molière, comme on dit déjà le Siècle de Voltaire. […] Au moins ses camarades ont presque tous gardé leur caractère, ils sont bien de leur siècle et de leur théâtre. […] En France la renommée des comédiennes a déjà franchi trois siècles. […] On l’a dit, durant tout un siècle, ils ont eu la fleur d’esprit de la jeunesse française.

66. (1922) La popularité de Molière (La Grande Revue)

De son vivant, malgré bien des attaques, il fut jugé le premier auteur de son siècle par le plus sévère et le meilleur des juges, et, si au xviiie  siècle, sa gloire subit en France quelque obscurcissement, elle brilla d’un plus vif éclat au xixe . […] Il n’est pas, comme Racine, comme Corneille même, inaccessible à des mentalités différentes de la nôtre et hors de nos frontières pas plus que chez nous, trois siècles n’ont pu le vieillir.

67. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Influence de Molière sur son siècle. […] Peut-être nous eût-il révélé le secret de son art, cet immortel génie qui depuis deux siècles est resté sans rival, comme il avait été sans modèle. […] Molière n’est pas moins admirable d’avoir prévu, sur des vers que lui montra Racine au sortir du collège, que ce jeune homme serait le plus grand poète de son siècle. […] Ce caractère, comme presque tous ceux qu’a tracés Molière, est étroitement lié à l’histoire des mœurs de son siècle. […] Qu’il se borne à trouver des couleurs et un pinceau : le siècle pourra lui fournir plus d’un modèle.

68. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [56, p. 89-93] »

Il peint non seulement les mœurs du siècle, mais celles de tous les états et de toutes les conditions.

69. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Comment une idée qu’Aristophane, Ménandre, Shakespeare, Cervantes, Molière ont mis plus de vingt siècles à construire partie par partie, sortirait-elle tout d’un bloc du cerveau de M.  […] Je ne suis point assez sceptique pour ne pas croire, et croire très fermement, que des rivages de l’Attique à ceux de la Nouvelle-Hollande, depuis l’antiquité la plus reculée jusqu’à la consommation des siècles, on a ri partout et l’on rira toujours devoir un prédicateur faire une grimace en disant : Amen ! […] Lysidas, d’érudit qu’il était devenu métaphysicien, et la spirituelle Uranie, assistant en 1862 à une représentation de L’École des femmes, juste deux siècles après la première. […] Mais, s’il était au fond indifférent, nous ne disons pas incrédule, il sauvait toutes les formes de l’orthodoxie, et lorsqu’une de ses tragédies avait réussi, il expliquait très bien son succès par les règles : « Je ne suis point étonné que ce caractère ait eu un succès si heureux du temps d’Euripide, et qu’il ait encore si bien réussi dans notre siècle, puisqu’il a toutes les qualités qu’Aristote demande dans le héros de la tragédie. […] « Ils se sont imaginés avoir pleinement satisfait à toutes les objections, quand ils ont soutenu qu’il importait peu que le Cid fût selon les règles d’Aristote, et qu’Aristote en avait fait pour son siècle et pour des Grecs, et non pas pour le nôtre et pour des Français.

70. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

En même temps Le Bourgeois gentilhomme est prosaïque ; prosaïque au même titre que les Caractères de la Bruyère, ou que Le Siècle de Louis XIV de Voltaire. […] Ils se conscient de l’ennui des drames de Destouches en constatant à leur honneur que ce sont des comédies de caractère, et ils rabaissent leur siècle, si fécond en merveilles dans l’ordre du vaudeville, leur siècle qui a produit Le Désespoir de Jocrisse 51, en s’écriant que la grande comédie est morte. […] Si dans l’état d’innocence Adam a failli, que peut donc faire le pauvre Jack Falstaff dans ce siècle corrompu ? […] Mais, parmi les débris du naufrage de Molière, il y a deux ou trois choses dont, pour moi, je regretterais la perte, et notamment celle des coups de bâton. à l’usage des adultes, que notre siècle trop délicat ou trop compatissant voudrait abolir119. […] C’est à ce dernier genre de malheur qu’il faut rapporter ces moyens corporels d’éducation pour les adultes, que notre siècle, ou très délicat, ou très compatissant, veut bannir du théâtre, quoique Molière, Holberg et d’autres grands maîtres en aient fait un fréquent usage.

71. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

En dehors de ses travaux d’éditeur, théâtres du Moyen Âge et de la Renaissance, théâtre du grand siècle et théâtre moderne, Édouard Fournier a marqué sa prédilection pour les travaux historiques par des publications considérables, où l’archéologie, l’érudition pure et l’anecdote alternent ou se succèdent sans se nuire ni s’absorber. […] Cette espèce de fascination que Molière exerce encore, deux siècles après sa mort, sur la littérature française, et qui parait s’accroître en raison inverse des distances, Édouard Fournier la ressentit plus vivement que nul autre de ses contemporains. […] Leur réplique victorieuse était écrite depuis tantôt deux siècles dans ces quelques lignes du premier biographe de Molière, le comédien Marcel, qui rédigeait, sous la dictée de La Grange, ami et compagnon du grand homme. […] Quoique les Poquelin de la branche riche eussent pullulé, comme vous venez de le voir, un siècle après, personne ne survivait de leur nom ; et personne non plus ne le perpétuait dans l’autre branche, dont nous allons parler, et d’où était sorti Molière. […] Pendant un siècle, elles le sont, en effet.

72. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

Le seul auteur de ce siècle, que notre cerveau puisse absorber sans fatigue, est Alexandre Dumas. […] Les Français sont bien heureux que cela ait paru avant leur siècle de bégueulisme. […] C’est peut-être une de ces nuances trop délicates, pour ne pas vieillir d’un siècle à l’autre. […] Le ton doux est de tous les siècles. L’habit noir une habitude du siècle de l’auteur.

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