L’homme qui l’entretient de ses chevaux, de ses bonnes fortunes, de sa caleche ; celui qui le consulte sur l’air & les pas d’un ballet qu’il vient de composer ; Alcandre qui le prie de lui servir de second, & de porter un cartel pour lui à son ennemi ; Alcippe qui lui raconte ses malheurs dans une partie de piquet ; Oronte & Climene qui le prient de décider si un amant jaloux est préférable à celui qui ne l’est point ; le Chasseur qui lui fait part d’une chasse malheureuse ; l’Homme aux projets, qui veut enrichir la France en l’entourant de ports de mer ; le Savant, qui sollicite la charge de Contrôleur, Intendant, Correcteur, Reviseur & Restaurateur général des enseignes de Paris ; enfin, les divers caracteres de ces fâcheux devant également impatienter Ergaste en l’arrêtant, aucun d’eux ne devoit écraser les autres par une force trop supérieure.
Il condamna de tout temps la comédie « corrompue, » et voulut faire des spectacles un « .divertissement innocent827. » Il eut même quelquefois l’intention d’instruire, particulièrement dans le Tartuffe et dans les Femmes savantes. […] Le Médecin volant, le Portrait du Peintre, la Satire des Satires, les Mots à la mode, de Boursault, les Scènes de la Fille savante, de la Cause des Femmes, etc., des Italiens, ne sont que de détestables et graveleux pastiches de Molière, qui d’ailleurs, ne pouvant pas jouer uniquement son répertoire, prêtait son talent d’acteur aux plus mauvaises pièces, en sorte qu’un contemporain non assidu au théâtre attribuait tout à Molière.
Quelques personnes savantes et délicates répandaient aussi leur critique. […] Si le Roi n’avait eu autant de bonté pour Molière à l’égard de ses Femmes savantes, que Sa Majesté en avait eu auparavant au sujet du Bourgeois Gentilhomme, cette première pièce serait peut-être tombée. […] Molière connaissait les trois sortes de personnes qu’il avait à divertir, le Courtisan, le Savant, et le Bourgeois. […] » Tous les savants ont porté à peu près le même jugement sur les ouvrages de Molière ; mais il divertissait tour à tour les trois sortes de personnes dont je viens de parler ; et comme ils voyaient ensemble ses ouvrages, ils en jugeaient suivant qu’ils en devaient être affectés sans qu’il s’en mît beaucoup en peine, pourvu que leurs jugements répondissent au dessein qu’il pouvait avoir, en donnant une pièce, ou de plaire à la Cour, ou de s’enrichir par la foule, ou de s’acquérir l’estime des connaisseurs. […] La Femme Juge : 203 Les Femmes savantes : 270 et suiv.
Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.
Enfin, faudra-t-il souffrir toujours qu’on attache au chapeau de l’immortel inventeur du Misanthrope, de Tartuffe et des Femmes savantes, cette devise du plagiaire : « Je prends mon bien où je le trouve ? […] Toutes les coquetteries de Célimène étaient en fleur, dans les savantes ingénuités d’Agnès. […] Aussi, n’avait-il rappelé que pour s’en amuser, comme dans les Femmes savantes, où mademoiselle Béjard est Bélise, où mademoiselle de Brie est Armande, ces épisodes et ces distractions d’amour. […] Avec le secrétaire de l’archevêché, le savant et spirituel Claude Busset, l’un des prêtres les plus éclairés du diocèse. […] Tu n’auras pas ta pomme. » Je ne vous réponds pas que l’anecdote ne pourrait pas être du Paris moderne ; mais elle est, suivant mon savant ami, de l’Italie ancienne, et je le crois.
qu’estoit un homme savant ! […] Frontin se joue du vieillard, en lui disant que son fils est ensorcelé, qu’il ne parle plus, mais qu’il connoît un Médecin assez savant pour le guérir.
Ces nerfs, ces os, ces veines, ces artères, ce poumon, ce cœur, ce foie, et tous ces autres ingrédients qui sont là et qui… » La tirade est interrompue comiquement par nécessité de comédie ; puis le sérieux reparaît, quand Sganarelle conclut : « Mon raisonnement est qu’il y a quelque chose d’admirable dans l’homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer. […] Aujourd’hui même, des juges sincères peuvent être d’avis que cette absence complète, non-seulement de toute pratique, mais de toute pensée religieuse, a préludé, non pas à l’irréligion haineuse et prétendue savante des philosophes du dix-huitième siècle, mais à l’indifférence de bon ton qui règne de nos jours dans une grande partie de ce qui s’appelle par convenance la société chrétienne.
Je crois l’avoir déja dit ; je n’écris pas pour les Savants : ils sont mieux instruits que moi.
Il proteste ne savoir pas un mot de Médecine : on le bat ; il convient qu’il est très savant.
La lettre du 15 novembre, en réponse, est ironique dans quelques expressions, sévère dans d’autres ; mais elle tend surtout au but que se proposait madame Scarron : c’était de faire croire que l’année qu’elle allait passer dans une solitude forcée, avec les enfants dont il fallait cacher l’existence, serait consacrée à une retraite pieuse et à une réforme dirigée par un savant théologien.