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4. (1825) Notices des œuvres de Molière (IX) : La Comtesse d’Escarbagnas ; Les Femmes savantes ; Le Malade imaginaire pp. 53-492

Il fallut que la voix tardive des hommes de goût s’élevât contre cette injuste froideur qui accueillait un chef-d’œuvre, et ramenât le public à la vérité de ses propres impressions. […] Il y aurait eu, de la part de Molière, une impudente contradiction à désavouer publiquement le dessein de jouer l’abbé Cotin, et à le faire paraître ensuite sous ses propres vêtements. […] Il paraît que, cette fois, Molière ne reçut point d’ordre du roi, et que ce fut de son propre mouvement qu’il fit Le Malade imaginaire. […] L’amour de nous-mêmes et le soin de notre propre conservation sont, sans contredit, nos sentiments, nos intérêts les plus naturels et les plus impérieux. […] Bonnefoi est l’instrument nécessaire de Béline ; et il n’est un notaire que parce qu’un homme de cet état est le seul propre à seconder efficacement les projets de cette femme cupide.

5. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. Des Vers & de la Prose dans les Comédies. » pp. 103-117

Un homme habile peut faire des vers propres à une farce, & de la prose digne d’une grande piece. […] Les uns disent que les vers libres & les rimes mêlées sont plus propres, en ce qu’il y a plus de liberté & plus de variété, & qu’ils s’éloignent du ton soutenu des vers alexandrins à rimes plates. Je répondrai à cela ce que j’ai dit au sujet de la prose & des vers : l’une & l’autre poésie est propre au théâtre quand elle est vraie, précise, sonore. […] Sotte condition que celle d’un esclave, de ne vivre jamais pour soi, & d’être toujours tout entier aux passions d’un maître, de n’être réglé que par ses humeurs, & de se voir réduit à faire ses propres affaires de tous les soucis qu’il peut prendre ! […] Sotte condition que celle d’un esclave,  De ne vivre jamais pour soi,  Et d’être toujours tout entier   Aux passions d’un maître,  D’être réglé par ses humeurs,  Et de se voir réduit à faire   Ses propres affaires  De tous les soucis qu’il peut prendre.

6. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Peindre de tels enfants autrement qu’ils ne sont, qu’ils ne peuvent être, c’eût été épargner à leurs tyrans ce qu’il y a de plus propre à les corriger ou du moins à les faire rougir, et leur proposer à eux-mêmes l’inutile modèle d’une vertu impraticable ; c’eût été, en un mot, pécher contre la vérité, sans aucun profit pour la morale. […] Quoi de plus contraire à l’avarice, et en même temps de plus propre à la balancer, à l’emporter sur elle, que l’amour, la plus prodigue et la plus impérieuse de toutes les passions ? […] La sottise, de même que l’esprit, a ses degrés et ses variétés ; elle a son originalité et sa perfection propre, elle a enfin ses saillies et presque son sublime. […] Il voulait des divertissements nombreux, variés et magnifiques : quoi de plus propre à les amener sur le théâtre, que la rivalité de deux princes qui se disputent, par ce moyen, le cœur d’une jeune princesse ? […] Don Sanche et Sostrate voient tous deux couronner leur flamme par un auguste hymen ; mais, avant d’obtenir ce prix, don Sanche, cru fils d’un pêcheur, venait d’être reconnu pour fils d’un roi ; tandis que Sostrate, d’amant devient époux sans changer d’état, et demeure ce qu’il était, le premier de sa race et le fils de ses propres œuvres.

7. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « PRÉFACE. Du Genre & du Plan de cet Ouvrage. » pp. 1-24

Qu’il se trouveroit heureux si, dispensé de passer les trois quarts de sa vie dans des recherches & des irrésolutions qui mettent des entraves à son génie & qui l’égarent souvent, il trouvoit, comme les jeunes Artistes, des guides surs, propres à diriger ses premiers pas, à lui indiquer les routes avouées par Thalie, & battues par ses favoris. […] Il faut connoître la théorie d’un art, n’en pas ignorer les regles, pour savoir apprécier le mérite des chefs-d’œuvre qu’il enfante ; ou bien on s’expose à la honte de revenir sur son propre jugement ; ou, ce qui est bien pis, à celle de le voir condamner par la voix publique. […] Le comédien, pour exceller, doit avoir reçu de la nature une taille, une figure, une voix propres aux rôles auxquels elle le destine. […] Le cœur ne se laisse point tromper ; cette noble, cette superbe partie de l’homme n’entend que son propre langage. […] Les jeunes Auteurs me feroient, sans contredit, honneur s’ils mettoient sur notre scene les histoires ou les sujets des comédies étrangeres que je rapporterai dans le courant de cet ouvrage ; cependant je me crois obligé de les avertir que j’ai tiré parti de ce qui m’a paru plus propre à notre théâtre, peut-être avec moins d’art qu’ils ne le feroient ; mais je pourrois les gagner de vîtesse, & cela seroit désagréable pour eux.

8. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Au dix-huitième siècle, il a brûlé l’antique idole, pour édifier de ses propres mains des Poétiques et des Esthétiques successives, auxquelles il a fini par ne plus pouvoir croire. […] Non seulement il les juge, les condamne ou les justifie à la lumière de sa propre raison ; mais il écrit sur l’art sans s’inquiéter de ce que le Grec a pu dire. […] Il a été dupe lui-même de sa propre logique avec une naïveté touchante et vraiment allemande. […] La comédie doit donc nous montrer, au contraire, le triomphe de la personne humaine, conservant sa sécurité infinie au milieu même des échecs, qu’elle subit dans la poursuite d’un but contradictoire, et riant de ses propres infortunes. […] Si quelque chose est propre, au contraire, à nous tirer de la mélancolie, c’est bien le chant de ce petit animal.

9. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

L’étude de son propre cœur troublé par la passion lui avait donné des lumières pour mieux voir les secrets ressorts des actions humaines. […] Il ne montre pas un sens moins droit ni moins délicat lorsque, parlant en son propre nom2, il combat les scrupuleux qui proscrivent absolument la comédie. […] L’erreur de Rousseau vient de ce que, dans son orgueil et sa sauvagerie, il se prenait lui-même pour un type de vertu ; de sorte qu’en paraissant défendre Alceste, il plaide sa propre cause. […] Alceste a le tort de se croire parfait et infaillible, d’exagérer sa propre valeur morale, de ramener tout à soi et de ne voir que faiblesse et perversité dans tout ce qui s’oppose au despotisme de sa volonté ou s’écarte du modèle intérieur dont il prétend faire une règle générale. […] Cette ruse de l’esprit, qui se cache avec le secret désir d’être surpris, tient au caractère de l’auteur, et il ne l’emploie guère que lorsqu’il parle en son propre nom.

10. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Tel frappe d’abord en grand, qui n’est propre bien souvent qu’à figurer dans une petite scene ; & tel n’en impose point au premier aspect, qui peut fournir une longue carriere. […] Depuis quelques mois il a érigé, de sa propre autorité, sa terre de Clincan en Comté, & il est Monsieur le Comte tout court. […] Tenez, Monsieur, il y a dans ce pays une espece de gens qui, voyant qu’on ne leur fait pas l’honneur de les élever dans les charges & dans les emplois de distinction, trouvent le moyen, par leur propre industrie, de se faire valoir eux-mêmes. […] N’oubliez pas de les donner en main propre. […] Un homme qui se défie de tous les autres est certainement un original très propre à mettre sur la scene.

11. (1850) Histoire de la littérature française. Tome IV, livre III, chapitre IX pp. 76-132

C’est encore le théâtre espagnol qui avertit Corneille de son propre génie. […] Il corrompra ses propres domestiques, pour les rendre plus fidèles. […] Chacun parle à la fois le langage le plus général et le plus propre à la personne. […] C’est d’ailleurs le propre du travers religieux, d’endurcir, de dessécher, de passionner ceux qui en sont atteints, et d’exaspérer ceux qui en souffrent. […] Molière connaît mieux que le préteur le prix de ce qu’il emprunte ; il est, dans son art, ce que sont tels habiles hommes dans la vie civile, lesquels savent mieux nos propres affaires que nous.

12. (1775) Anecdotes dramatiques [extraits sur Molière]

(Le Petit Robert des noms propres 2007). […] (Le petit robert des noms propres 2007). […] (Le Petit Robert des noms propres 2007). […] (Le Petit Robert des noms propres 2007). […] (Le Petit Robert des noms propres 2007).

13. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Tandis que la tradition burlesque régnait presque souverainement sur la scène italienne, et que les types, inventés une fois pour toutes, y reproduisaient chaque ridicule dans son expression générale, nos bouffons ne perdaient pas l’habitude de regarder autour d’eux, de peindre sur le vif un caractère particulier, de saisir l’actualité au passage, d’exercer enfin l’esprit observateur et satirique propre à la nation. […] Chez nous, on resta longtemps encore dans cette alternative, ou d’être imitateur en perdant son originalité propre, ou de ne conserver son originalité qu’en dehors de toutes les conditions d’un art élevé et d’une littérature proprement dite. Il faut qu’il s’écoule un demi-siècle au moins pour qu’on en vienne à être assez maître de son propre génie pour le garder tout entier, même en présence des modèles que nous offraient les littératures plus avancées que la nôtre.

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