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134. (1840) Le foyer du Théâtre-Français : Molière, Dancourt, I pp. 3-112

On a accusé ses railleries continuelles sur ce sujet de porter atteinte à la morale publique; Jean-Jacques Rousseau en a pris l’occasion de lancer sur lui les foudres de son éloquence genevoise ; mais, si l’on veut réfléchir, on comprendra que le but de Molière n’était pas seulement d’exciter ce rire malicieux que manque rarement de produire la chute d’un voisin. […] Cela est faux ; Alceste n’est pas ridicule un seul instant ; ses faiblesses de cœur et ses emportements ne produisent pas un si déplorable effet. […] La plaie imperceptible aura produit, à la longue, un vaste et profond ulcère ! […] Quelques vers, à la fin du troisième acte, prononcés par le vieux Chrysalde dont le bon sens est entaché d’une terreur conjugale si comique, ne manquent jamais de produire sur nous une douce impression.

135. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XII. Des Scenes. » pp. 223-249

Si la scene n’avoit pas des regles plus difficiles, les Auteurs brilleroient à peu de frais, & il leur seroit aussi impossible d’en faire de mauvaises, qu’il est rare d’en produire de bonnes.

136. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

On n’a pas vu de grand journal, et même de petit journal, pas de Figaro, ou de Charivari produire, en ses volées de cloches fêlées, ou de bois vert, l’effet de cette épigramme rapide comme la pensée, et semblable au sifflement des vipères ! […] Frêle machine en effet, l’esprit qui produit, la tête qui pense ! […] Il reprenait les faquins, il abaissait les superbes, il humiliait les natures insolentes qui se croient faites pour le commandement et pour le règne absolu ; il écrasait ces esprits impuissants qui veulent produire, à toute forces, on ne sait quelles œuvres malades. […] et vous tous, les grands dieux invoqués par Pindare, qui donc aurait jamais pensé qu’une bouffonnerie d’Aristophane le farceur, aurait produit cette immense révolution qui pensa faire de la philosophie de Socrate martyr, une religion révélée ? […] Il est vrai que la soubrette est un produit éminemment français, tout comme l’opéra-comique est un genre éminemment national.

137. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVIII. De la Décence & de l’Indécence. » pp. 314-341

Un fond qui n’est pas vraisemblable, ne produit que des scenes forcées ; un sujet qui peche du côté de la décence, amene nécessairement des situations qui ne se ressentent que trop de ce vice, & ces mêmes situations donnent lieu à des détails empoisonnés comme leur source.

138. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Le génie de Molière s’y produit dans toute sa force, avec une aisance, une pureté, une touche plus sûre peut-être encore que celle du Misanthrope, et, si on osait le dire, du Tartuffe même.

139. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Aujourd’hui comme autrefois, nous ne manquons pas de ces gens à qui la fortune tient lieu de politesse et de mérite, qui n’ont pas deux pouces de profondeur, à qui la faveur arrive par accident ; seulement ces fortunes subites qui sont le déshonneur de la Fortune elle-même, arrivent, aujourd’hui, par d’autres moyens que les moyens d’autrefois, elles se produisent, dans des lieux différents, avec des caractères tout nouveaux. […] Un jour que Cicéron lui-même interrogeait Roscius, le Talma romain, le priant de lui dire, en deux mots, le secret de son art, et par quelle magie il arrivait à produire ces grands effets dramatiques ?

140. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

— Sire, répondit Moliere, nous raisonnons ensemble, il m’ordonne des remèdes ; je ne les fais point, et je guéris. » Revenu à Paris en 1658, il joua à la Cour ses premières pièces, qui furent extrêmement goûtées, et il en produisit ensuite de nouvelles, dans le véritable goût de la comédie, que nos auteurs avoient négligé, corrompus par l’exemple des Espagnols et des Italiens, qui donnent beaucoup plus aux intrigues surprenantes et aux plaisanteries forcées qu’à la peinture des mœurs et de la vie civile. […] L’applaudissement du Prince, récompense aussi juste que flateuse pour Moliere, les allusions vrayes ou fausses qui pouvoient avoir quelque chose de mystérieux, les agrémens de la musique et de la danse, et plus encore l’espece d’yvresse que produisent le mouvement et l’enchaînement des plaisirs, contribuèrent au succès de la Princesse d’Elide.

141. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

À ce propos justement, il se produit un fait assez piquant.

142. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE XI. De la Religion. Principe et Sanction de la Morale de Molière. » pp. 217-240

Ils ne sont point une nécessité de la comédie, qui aurait produit le même effet avec des affirmations moins précises.

143. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Quant au ridicule, il n’est pas, il ne peut pas être, d’après ce que je viens de dire, produit par le contraste du caractère et de la situation, de la passion et de l’intérêt ; c’est un ridicule de mots, un ridicule exagéré et presque imaginaire, tel qu’il convient au genre de la farce proprement dite.

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