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126. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Or, le parterre de ce temps-là, sage et plein de réserve, trouvait très naturelle cette héroïque persévérance ; il applaudissait, de la façon la plus loyale et la plus sincère son unique comédien ; seulement, un jour que ce jeune homme de quatre-vingts ans était aux pieds de sa maîtresse, et comme ses deux laquais tardaient à le venir relever, quelques étourdis du parterre se mirent à rire un peu trop haut.

127. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Arlequin, épouvanté, fait la culbute en arrière, le verre plein à la main.

128. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXI » pp. 338-354

Parole pleine de bienveillance et de considération98.

129. (1821) Notices des œuvres de Molière (VI) : Le Tartuffe ; Amphitryon pp. 191-366

Nous tromperions-nous en admirant Tartuffe comme un personnage plein de vie et de vérité, naturel et dramatique à la fois ? […] Sosie même, Sosie, malgré la bassesse de sa condition et la grossièreté de ses mœurs, comprend cette délicatesse de son maître ; car, lorsqu’un sot et indiscret ami, ébloui de la majesté du dieu et de la magnificence de ses promesses, ouvre la bouche pour complimenter Amphitryon, il la lui ferme par ces paroles pleines de sens et de comique, qui méritent de devenir la règle éternelle des bienséances en toute aventure pareille : … Coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire.

130. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

En apprenant la mort d’Argan, peu d’instants plus tard, désespérée, pleine de repentir en songeant au chagrin qu’elle a pu causer à son père, elle ne trouvera, pour se punir de sa désobéissance passée, aucun châtiment plus pénible que la captivité dans une de ces retraites où les austérités « usent les tristes jours que le ciel a comptés ». […] Le premier, celui sur lequel il revient sans cesse, est d’être simples : Monsieur Purgon a beau s’affubler d’une longue robe noire et parler latin, il n’en tue pas moins ses malades ; Monsieur Lysidas invoque Aristote et fait d’exécrables pièces ; le philosophe Pancrace est un âne avec toute son érudition ; Marphurius, qui feint de douter si le monde extérieur existe ou non, a besoin de quelques coups de bâton pour se souvenir qu’il existe des juges ; Trissotin, qui mêle en ses vers les calembours aux soupirs, est insupportable. — Molière dit à Arsinoé qu’elfe s’y prend un peu tard pour devenir prude ; à Dorante, ami de Monsieur Jourdain, qu’en dépit de ses belles manières et de son titre, il est un escroc ; à Don Juan, fils insolent, révolté contre toute idée de devoir individuel ou social, égoïste et méchant, au seigneur qui s’abaisse à user de son prestige pour intimider et congédier un créancier, au séducteur de Dona Elvire, repenti tardivement et s’en remettant hypocritement au ciel du soin de réparer ses fautes : « Apprenez que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu’on signe qu’aux actions qu’on fait, et que je ferais plus d’état du fils d’un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d’un monarque qui vivrait comme vous » ; Clitandre, amant d’Angélique et plein de mépris pour le roturier Georges Dandin : « Vous avez une étrange façon de mentir et de vous parjurer, pour un gentilhomme ! 

131. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

Toute la noblesse de Lorraine et du Rhin, « moult de seigneurs et de dames, » dit la chronique; une pleine foule de bourgeois et de tous les lieux à l’alentour étaient accourus. […] Aujourd’hui nous avons dû commencer par déblayer (permettez-moi cette expression) les avenues de notre sujet, semblables à ces ouvriers qui dégagent d’un amas de scories informes l’accès d’un beau temple antique et qui ensuite se trouvent en présence du monument lui-même, de ses péristyles, de ses statues, de la pleine lumière dont il est inondé.

132. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Un peuple qui affectoit autrefois dans ses mœurs une gravité superbe, & dans ses sentimens une enflure romanesque, a dù servir de modele à des intrigues pleines d’incidens & de caracteres hyperboliques. […] Tout est plein d’action chez lui, de mouvemens & de feu. […] Nous disons la suavité des parfums ; & en fait de peinture, un tableau plein de suavité ; tels sont les tableaux de l’Albane & du Correge.

133. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Ainsi, parcourant d’une plume agile, tantôt la vie et tantôt les œuvres de son écrivain préféré, Édouard Fournier, entre temps, s’est délassé à des épisodes moindres, mais toujours pleins d’intérêt, comme tout ce qui touche notre grand poète comique. […] Il avait savouré les applaudissements accordés à celui qu’on lui donnait pour ancêtre, avec une modestie toute pleine d’orgueil, mais sans grande connaissance de cause, ainsi qu’on put le voir, quand fut rédigé l’inventaire de ses effets, meubles, hardes et libres, dont j’ai lu une copie. […] — Cela est vrai, répond Molière par la bouche de Cléonte, elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Déjà je l’avais pressenti, dans le Don Juan, à cette phrase sur lui et ses pareils : « On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu’ils sont, ils ne laissent pas, pour cela, d’être en crédit parmi les gens, et quelque baissement de tète, un soupir mortifié et deux roulements d’yeux rajustent, dans le monde, tout ce qu’ils peuvent faire. » A la scène première du Misanthrope, je le retrouve avec les mêmes traits : Au travers de son masque, on voit à plein le traître ; Partout il est connu pour tout ce qu’il peut être, Et ses roulements d’yeux et son ton radouci N’imposent qu’à des gens qui ne sont pas d’ici… Ce n’est pas tout,.Molière tient à ce qu’on ne s’y méprenne pas ; il continue, en le traitant de pied-plat poussé dans le monde par de sales emplois ; or, vous savez d’où l’abbé était sorti, et vous n’avez qu’à lire les chansons du temps, pour bien connaître tout ce dont sa complaisance était capable129. […] C’était en 1670. dans le plein du succès de Tartuffe et de la guerre que lui faisaient les dévots.

134. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXVIII. De l’exposition des Caracteres. » pp. 433-447

Enfin, pour ébaucher en deux mots sa peinture, C’est l’homme le plus vain qu’ait produit la nature : Pour ses inférieurs plein d’un mépris choquant : Avec ses égaux même il prend l’air important : Si fier de ses aïeux, si fier de sa noblesse, Qu’il croit être ici-bas le seul de son espece : Persuadé d’ailleurs de son habileté, Et décidant sur tout avec autorité ; Se croyant en tout genre un mérite suprême ; Dédaignant tout le monde, & s’admirant lui-même : En un mot, des mortels le plus impérieux, Et le plus suffisant, & le plus glorieux.

135. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLI. Des Episodes. Maniere de les lier aux Caracteres principaux, & de placer les Caracteres accessoires. Embonpoint d’une Piece. » pp. 475-492

Je sais, quand il le faut, par un peu d’artifice, Du sort injurieux corriger la malice : Je sais, dans un trictrac, quand il faut un sonnez, Glisser des dés heureux, ou chargés, ou pipés ; Et quand mon plein est fait, gardant mes avantages, J’en substitue aussi d’autres prudents & sages, Qui, n’offrant à mon gré que des as à tous coups, Me font en un instant enfiler douze trous.

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