Le style est bas, sans doute ; mais il convient au genre des pièces et à la condition des personnages.
Salut à Molière Ce soir, pour l’anniversaire du maître du logis, vous ne verrez pas de personnages allégoriques et vous n’entendrez pas la musique des vers.
C’était de ne pas avoir six personnages debout, posés toute une scène en éventail. […] Chauvet n’a pas cru devoir se permettre de supposer autre chose que le rez-de-chaussée que cachent entièrement dans le tableau les personnages du premier plan. […] « Jodelet est au second plan ; c’est un personnage effacé : cependant il se tient droit. […] Il possède une grâce, un tact des convenances, des allures nobles et délicates, que son beau naturel sut atteindre par des relations journalières avec les personnages les plus remarquables de son siècle. […] De plus, comme il était encore meilleur acteur que bon auteur, il eut grand soin d’accorder ses sujets, ses caractères et ses personnages à son geste et à son visage, qu’il avait, comme on dit, dans ses mains.
Pourquoi ses personnages parlent-ils en vers ? […] Je crois qu’un poète dramatique peut se proposer de donner à ses personnages les paroles, l’accent, les gestes et toutes les franchises naturelles de la réalité. […] Ce que notre Allemand voudrait, c’est une gaieté comique, « inoffensive et douce422 », s’exerçant sur des situations, des personnages purement poétiques et fantastiques. […] C’est un dangereux personnage ; il y en a qui ne vont point sans leurs mains ; mais l’on peut dire de lui qu’il ne va pas sans ses yeux, ni sans ses oreilles. » Ce contemplateur était triste. […] De même le peuple en général, et les chefs des anciennes familles royales de la Grèce n’ont jamais pensé ni parlé comme les personnages d’Eschyle ; ils ont encore moins approché de la beauté de ceux de Sophocle.
Je soutiendrai au contraire que de tous les caracteres composés, celui que M. de Marmontel indique ici est peut-être le plus riche, graces à Moliere, qui, encore novice dans l’art de mettre de grands caracteres sur la scene, a rétreci son sujet, en faisant de son Homme au ruban verd un personnage qui hait les hommes plus par humeur que par raison, en le resserrant dans un cercle fort étroit, & en ne le mettant aux prises qu’avec un bel esprit, des petits-maîtres, une fausse prude & sa maîtresse. […] La fausse modestie du personnage la changeroit bien quant à la superficie, mais le fond seroit toujours égal ; &, comme nous l’avons déja dit plusieurs fois dans le cours de cet Ouvrage, ce ne sont point les superficies qui doivent frapper sur la scene. […] On peut, me dira-t-on, rabaisser ce sujet au niveau de tout le monde & de tous les états, par les accessoires, par les personnages subalternes.
] Le principal personnage de la derniere Comedie de Moliere est un malade qui fait semblant d’être mort. Moliere représentoit ce personnage, & par conséquent il fut obligé dans l’une des Scênes à faire le mort.
Le péripatétisme intolérant appelant la persécution à son aide, ce sont les questions oiseuses, les distinctions subtiles de la scolastique voilà ce qu’il tourne en ridicule dans le personnage de Pancrace du Mariage forcé. […] La lutte entre ces divers personnages rappelle la fameuse antithèse ironique, dans laquelle se résume toute la polémique entre Descartes et Gassendi.
Il en est qui sont occasionnées par la ressemblance de deux personnages, comme dans les Ménechmes, Amphitrion, le Mariage fait & rompu. […] J’exhorte les Auteurs à réfléchir sur ces deux petites méprises consécutives, à examiner l’art avec lequel elles sont variées, à bien apprécier sur-tout l’adresse avec laquelle Moliere les fait naître des différents caracteres des deux personnages qui les font, & comme ils se peignent eux-mêmes en les faisant.
Thomas Corneille est de tous les Auteurs celui qui a fait imaginer par des maîtres l’intrigue la plus fine, la plus agréable ; mais cette même intrigue, toute fine, toute agréable qu’elle est, nous prouvera que les ressorts imaginés par des personnages distingués ne peuvent pas conduire la machine bien loin, avec ce ton, cette décence, ces égards quelquefois ridicules, que les gens du monde exigent aujourd’hui, & ne sauroient suffire à une grande piece. […] Je conçois aisément que n’étant exécutée que par des personnages comme il faut, elle pourroit amuser davantage les personnes du beau monde, si ce que je viens d’en mettre sous les yeux du lecteur n’étoit pas préparé & mêlé avec des choses qui blessent la décence, ou les conventions de ce même beau monde si chatouilleux sur les bienséances.
Un roman, s’il est passable, est conforme à nos mœurs ; les incidents sont amenés & dénoués avec vraisemblance ; ce que les personnages y font, y disent, est dans la nature ; le fonds est ordinairement attachant ; il y a même souvent des caracteres bien dessinés. […] Tout cela ne peut se faire, si l’imitateur, habile dans l’art d’imaginer, ne crée un plan, une marche, des personnages, des incidents propres à faire briller les traits qui l’ont frappé dans la piece étrangere, & les dégager du fatras qui les dépareroit à nos yeux.