Œuvres du P.
Le dernier Editeur des œuvres de Moliere dit dans ses réflexions sur la piece des Fâcheux, que cette espece de comédie est presque sans nœud.
L’innocente Persiana (l’Innocente Persane), L’Orseida, L’Alvida, La Fortuna di Foresta, prencipessa di Moscou, portent le titre d’opera regia, œuvre royale.
Quelques écrivains, et entre autres Grimarest, auteur d’une Vie de Molière que Voltaire traite avec raison de fabuleuse, ont prétendu que Molière avait été presque entièrement découragé par les persécutions auxquelles l’avait exposé le Tartuffe ; qu’il en avait conçu un profond chagrin, et qu’on lui avait entendu dire au sujet de cette pièce : « Je me suis repenti plusieurs fois de l’avoir faite. »Rien ne paraît moins vraisemblable, rien n’annonce que Molière ait songé un seul instant à abandonner le terrain à ses ennemis ; on l’a vu au contraire ne perdant jamais de vue son œuvre de prédilection, faisant jouer tous les ressorts de son esprit, et traitant pour ainsi dire de la représentation du Tartuffe avec tout l’art et toute la dextérité du négociateur le plus habile. […] Ce n’est pas le seul changement qu’il ait fait à sa pièce dans l’intervalle des dix-huit mois où elle fut défendue, quoi qu’en disent les frères Parfaict dans leur Histoire du théâtre français, et plusieurs autres éditeurs des Œuvres de Molière. […] Signalons ici ce passage qui fait tache dans les œuvres d’un grand homme, et qui est si odieux dans la bouche d’un prélat.
Il apprend qu’un homme de son voisinage est riche & bête, il s’empresse de faire connoissance avec lui, s’empare de son esprit par quelques bonnes œuvres affectées, l’engage à déshériter sa femme, sa fille, & se fait donner tout son bien : cependant comme il craint que le testament ne soit pas valable, il tâche d’épouser la veuve.
Ces réflexions n’ôtent rien à la valeur artistique de toutes les œuvres de Molière, ni à la portée morale de plusieurs, ni à l’éclat du bon sens qui brille par traits saillants jusque dans les plus folles scènes ; mais elles sont nécessaires si l’on veut se rendre compte de la morale de Molière.
En 1584 et 1585, Paris reçut la visite des Comici confidenti, qui représentèrent notamment chez le duc de Joyeuse une pièce intitulée Angelica, œuvre d’un de leurs acteurs, Fabritio di Fornaris, jouant le capitan espagnol sous le nom de Cocodrillo.
Voyez notre édition des Œuvres de Molière, tome VI, page 112.
[NdE] Dans l’édition de 1730 des Œuvres de Monsieur de Molière, tome I, p. .102
Les romanciers peuvent séparer ces choses : mais c’est un mensonge à la réalité comme à la morale, et c’est par ce mensonge que leurs œuvres sont souvent funestes.