Rien assurément n’est plus simple, plus naturel, que cette diction. […] La comédie Latine n’a jamais franchi les limites du discours naturel. […] Est-ce ainsi que l’être prétendu souverainement juste, récompense cette pitié naturelle dont je fais singuliérement profession, & que je pratique autant qu’il m’est possible ? […] Il est question de prouver que ce même Térence, si poli, si recherché, est infiniment plus naturel que nos Modernes. […] Pourquoi dédaignent-ils aujourd’hui ce beau simple, cet élégant naturel, qui, mis à côté de leur clinquant, fait leur critique & celle de leurs partisans ?
surtout quel naturel! Ne cessons de le dire; le naturel est le charme le plus sûr et le plus durable; c’est lui qui fait vivre les ouvrages, parce que c’est lui qui les fait aimer; c’est le naturel qui rend les écrits des anciens si précieux, parce que maniant un idiome plus heureux que le nôtre, ils sentaient moins le besoin de l’esprit; c’est le naturel qui distingue le plus les grands écrivains, parce qu’un des caractères du génie est de produire sans effort; c’est le naturel qui a mis la Fontaine, qui n’inventa rien, à côté des génies inventeurs; enfin c’est le naturel qui fait que les lettres d’une mère à sa fille sont quelque chose et que celles de Balzac, de Voiture, et la déclamation et l’affectation en tout genre sont, comme dit Sosie, rien ou peu de chose.
Elle envisagea le cœur humain dans toutes les situations, le montra sous toutes les faces ; et, par le contraste continuel du personnage avec sa position, elle fit naître ces situations comiques, jaillir ces expressions si vraies, si naturelles, qu’elles peignent tout l’homme. […] Comment peut-il se faire, dit-on, que les individus placés le plus près de la nature, ne sachent pas distinguer le vrai et le discerner du faux, tandis que les hommes instruits saisissent le naturel, la vérité, savent même les démêler. […] Le peuple a perdu son caractère primitif, il n’a plus ce naturel si précieux qui seul peut distinguer le faux du vrai ; seulement l’éducation ne l’ayant pas poli, il a conservé quelque chose du langage grossier de ses pères. […] Mais si le peuple a perdu cet amour du naturel, fondement de tous les arts, il n’en est pas de même des enfants, trop jeunes pour être parfaitement imbus de nos idées sociales : partout ils reconnaissent la nature. […] Je ne parle pas ici des vertus naturelles que l’on observe chez presque tous les hommes, comme la reconnaissance, etc.
Mais il eut le bon esprit, dès son entrée dans le monde, d’être simple et naturel avec les personnes qu’il savait être ennemies du bel esprit et des pointes, sauf à se dédommager avec les autres. Il est toujours naturel quand il écrit au marquis de Salle, depuis duc de Montausier, à mademoiselle de Rambouillet, à la marquise sa mère, au marquis de Pisani son frère : ses lettres sont l’opposé, quand elles s’adressent à des précieuses 23. […] Le corbeau de Voiture est mort… » Les lettres des dernières années de Voiture sont incomparablement plus simples, plus naturelles, et de plus d’esprit véritable que celles de sa jeunesse. […] Il répond à Costar : « Je veux des fleurs cueillies per devia rura et un peu plus naturelles, Et flores terræ quos ferunt solutæ.
», et c’est ce qu’on appelle une contradiction naturelle, et c’est la plus naturelle des contradictions. […] C’est un défaut naturel que l’on ne peut guère corriger. […] Mais c’est bien naturel. […] Je lui dis : « Il n’y a rien là que de très naturel. […] Mon Dieu, tous les deux sont des mouvements naturels.
Molière veut, avant tout, que la femme conserve ses qualités naturelles de bonté, d’affection, de dévouement, de modestie. […] En un mot : « Soyez naturel. […] Or, aux yeux de Molière, l’honneur est un sentiment naturel, comme l’amour. […] Il ne pourra jamais avoir au cœur la tendresse naturelle du père pour les siens et sera souvent tenté d’user mal de son influence spirituelle, afin de contenter de temporels désirs. […] Elle est inutile, incapable de remplir ses devoirs naturels d’épouse et de mère, les seuls qui soient sacrés aux yeux du poète.
C’est une passion très naturelle ; on la trouve à chaque instant dans le peuple. […] Vouloir vivre de bonne soupe, comme Chrysale, est très naturel ; mais avoir de la curiosité, ce qui est pour quoi on s’instruit, est très naturel aussi. […] A la place de tous les genres d’imagination, ce qu’il recommande à satiété, c’est le naturel » Qu’entend-il par naturel ? […] Le naturel dans tout l’art théâtral, c’est la ressemblance avec la vie. […] Cela est naturel.
Mais est-il naturel qu’on consulte un médecin pour découvrir où est un chien perdu, & pour savoir si l’on est aimé d’une fille ou non. […] Maître Jacques dit à Harpagon qu’on parle par-tout de sa lésine ; rien de plus naturel dans une piece où l’Auteur attaque l’avarice. […] Ces incidents n’ont certainement pas le mérite des autres : il seroit pourtant ridicule de vouloir les bannir de la scene ; mais il faut que le poëte, en s’en débarrassant, ait du moins grand soin de les dénouer d’une façon naturelle. […] Béralde renvoie le lavement, & rien n’est plus naturel, puisqu’il est occupé dans le moment même à prouver à son frere que les remedes le tueront.
Il n’est pas naturel, dit-on, que les personnages les plus voisins du faiseur d’aparté n’entendent pas ce qu’il dit, tandis que les bienheureux nichés au fond du paradis, ou des troisiemes loges, si vous l’aimez mieux, n’en perdent pas une syllabe. […] Je demande d’abord : Est-il naturel que de deux hommes qui parlent ensemble, l’un puisse dire quelque chose tout bas sans être entendu de l’autre ? […] — Non, puisque l’aventure est censée se passer seulement entre les personnes intéressées. — Si le spectateur est censé n’être pas présent, sa présence peut-elle faire qu’une chose naturelle par elle-même devienne tout de suite contre nature ? […] Par conséquent les aparté, quoique dans la nature par eux-mêmes, peuvent devenir plus ou moins vicieux, plus ou moins naturels, selon l’art des Auteurs. […] Ils doivent sur-tout être plus courts, parcequ’il n’est pas naturel que si Damis, par exemple, parle à Clitandre, le premier laisse faire un aparté un peu considérable au second, sans s’en appercevoir ; à moins que l’Auteur ne l’occupe lui-même à lire, à écrire une lettre, ou qu’il ne l’abîme dans une profonde méditation.
Le premier, fin, adroit, veut s’insinuer dans le cœur de l’autre, & s’en emparer : le second s’apperçoit de son dessein ; il a le plus grand intérêt à le démasquer : est-il naturel que leur conversation soit coupée, qu’ils s’interrompent mutuellement par des questions & des répliques précipitées ? […] Est-il naturel, d’un autre côté, qu’Elmire interrompe Tartufe ? […] Est-il raisonnable qu’Harpagon, un mortel qui a tant d’aversion pour le mot de donner, qu’il ne dit jamais je vous donne, mais je vous prête le bon jour ; est-il naturel, dis-je, que cet homme écoute patiemment tout ce que dit Maître Jacques ? […] Elle faisoit fondre chacun en larmes en se jettant amoureusement sur le corps de cette mourante, qu’elle appelloit sa chere mere ; & il n’y avoit personne qui n’eût l’ame percée de voir un si bon naturel. […] En effet, cela est touchant, & je vois bien que ce bon naturel-là vous l’a fait aimer.