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6. (1898) Molière jugé par Stendhal pp. -134

L’appétit manque. […] Cette scène manque donc de chaleur et de vérité dans la couleur. […] Ce manque de raison affaiblit tout ce qu’il dit contre son père. […] Un plat moderne n’eût pas manqué de faire faire son portrait brillant par la soubrette. […] Le style est bien fort, bien compact, mais il manque de vivacité.

7. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

Il ne faut point louer des conceptions aussi profondes, parce que les termes manquent à l’admiration. […] Il avait manqué de philosophie en oubliant la disproportion d’âge, il ne sut pas supporter en philosophe les conséquences de sa faute. […] Cette belle inscription fut placée sous son buste : Rien ne manque à sa gloire ; il manquait à la nôtre3. […] Mais, cette entreprise ayant manqué, Brécourt jugea bien que sa vie n’était pas en sûreté, et sur le champ il revint en France. […] Il avait de bons acteurs pour le comique ; mais il lui en manquait pour le sérieux, qui répondissent à la manière dont il voulait qu’il fût récité sur le théâtre.

8. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [42, p. 72-73] »

Voici le parallèle qu’en a fait avec Térence l’auteur du siècle de Louis XIV, le plus digne d’en juger, La Bruyère : « Il n’a manqué à Térence que d’être moins froid : quelle pureté ! […] Il n’a manqué à Molière que d’éviter le jargon, et d’écrire purement : quel feu !

9. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

On ne peut même point les accuser de manquer de goût, puisqu’ils prennent celui de ces dames. […] Rien ne manque de ce qui fait l’œuvre dans toute la belle richesse du mot! J’ai dit : rien n’y manque, je me suis trompé. Il manque le but. […] Et peut-être que la morale ne manque pas non pins.

10. (1801) Moliérana « [Anecdotes] — [55, p. 89] »

Quand il fut question d’y mettre une inscription, quelqu’un proposa d’écrire : Molière, de l’académie française, après sa mort ; mais on préféra ce vers de Saurin234 : Rien ne manque à sa gloire, il manquait à la nôtre.

11. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE PREMIER. Des différents Genres en général. » pp. 1-8

une Prude qui, contente d’avoir le mot de décence & de vertu continuellement à la bouche, manque à l’une & à l’autre en prononçant leur nom ? […] Ces vers ingénieux, pleins de sel, sont tirés d’une piece charmante, intitulée la Conspiration manquée, parodie en un acte, en vers, de Maximian, tragédie de la Chaussée. […] Je veux que le Clinquant rentre dans la bassesse D’où l’avoit su tirer le manque de justesse, Et qu’il soit reconnu du public assemblé, Pour un fils du Faux-goût, méprisable & sifflé.

12. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIV. On peut faire usage de tous les caracteres. » pp. 378-385

Dans les Fâcheux, Moliere devoit peindre nécessairement plusieurs importuns, & soutenir l’attention du public par la variété autant que par la vérité de ses images ; il eût manqué son but si l’un de ses portraits eût été assez fort pour dominer sur les autres d’une façon sensible : aussi tous les caracteres qu’il introduit dans cette piece ont-ils à-peu-près la même force, la même valeur ; ce qui devoit être nécessairement, puisque l’Auteur les destine tous à la même chose : l’un ne doit pas faire plus qu’un autre, les coups qu’ils portent doivent donc être également frappés. Ergaste obtient un rendez-vous d’Orphise qu’il aime ; il est question de le lui faire manquer, en lui suscitant des importuns qui viennent l’un après l’autre l’arrêter. […] On ne manquera pas de répondre « que la comédie des Fâcheux est épisodique ; qu’il seroit bien désagréable, lorsqu’on a plusieurs petits caracteres à placer, de ne pouvoir faire que des pieces à scenes détachées ».

13. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Ses admirateurs posthumes avaient donc beau jeu, et ils n’ont pas manqué de s’espacer sur ce thème. […] Il ne manqua pas dans la vie de Molière. […] Ces médecins ne purent manquer de lui signaler, outre ses maux physiques, le mal moral dont il souffrait. […] Telle est la version de ses ennemis, et elle ne manque pas de vraisemblance, bien que Molière n’ait jamais renoncé à la tragédie. […] Noble fin, et digne de lui, malgré le terrible anathème de Bossuet ; sans elle, il manquerait quelque chose à une gloire dont elle fut le couronnement et comme l’apothéose.

14. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE IX. Du Genre larmoyant. » pp. 103-122

Tu ne manqueras point de dire à mon pere que je le supplie instamment de racheter du Médecin Ménarque, Philopoleme le fils de notre maître commun, & de le renvoyer au plutôt, afin que moi & toi nous recouvrions notre liberté. . . . . . . . […] Conserve précieusement un ami qui ne te manquera de sa vie . . . . Encore une fois, je t’en conjure par cette main droite que je mets dans la mienne, & que je serre du fond de mon cœur, ne me manque pas plus de fidélité que j’ai dessein de t’en manquer. […] ce serait seulement avilir le cothurne ; ce serait manquer à-la-fois l’objet de la tragédie & de la comédie ; ce serait une espece bâtarde, un monstre né de l’impuissance de faire une comédie & une tragédie véritable......

15. (1697) Poquelin (Dictionnaire historique, 1re éd.) [graphies originales] pp. 870-873

C’est une prérogative de grand poids ; car enfin l’on ne peut pas accuser ce siecle de manquer de goût pour les endroits relevez des Poëtes Latins. […] La Moliere en pleurant luy fit une espece de confidence des sentimens qu’elle avoit eu pour le Comte de Guiche, dont elle lui jura que tout le crime avoit été dans l’intention, & qu’il falloit pardonner le premier égarement d’une jeune personne, à qui le manque d’experience fait faire d’ordinaire ces sortes de demarches ; mais que les bontez qu’elle reconnoissoit qu’il avoit pour elle, l’empescheroient de retomber dans de pareilles foiblesses. […] Voici l’autre exemple : Les Muses sont de grandes prometeuses, Et comme vos sœurs les causeuses Vous ne manqueriez pas sans doute par le bec. Le sens de l’Auteur est que sa Muse ressembleroit à ses sœurs qui ont beaucoup de babil ; mais selon la Grammaire cela signifie clairement & uniquement qu’elle ne manqueroit pas de caquet comme les autres Muses en manquent.

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