Dans Le Malade imaginaire, de Molière, le malade disait à un apothicaire : « Allez, monsieur, on voit bien que vous avez coutume de ne parler qu’à des culs. » À la représentation suivante, il changea ainsi ce passage : « On voit bien que vous n’avez pas coutume de parler à des visages. » P.
Car on a beau dire : Malade imaginaire ; imaginaire tant que vous voudrez : cet homme est en effet très malade. […] Le moyen que je rie du Malade imaginaire, au milieu d’un pareil malaise ? […] D’ailleurs, comme je le disais tout à l’heure, pour ceux qui savent quel homme était Molière, la représentation du Malade imaginaire ajoute encore cette tristesse du souvenir à toutes les tristesses ; c’est à la troisième représentation de cette pièce que Molière est mort. […] « La postérité saura la fin de ce poète-comédien qui, en jouant son Malade imaginaire ou son Médecin par force, reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez. […] Quant au nombreux domestique imaginaire de notre Sicilien, il ne se montre pas, il est vrai, mais il est plus amusant cent fois que Lajeunesse et Léveillé, ce Léveillé maudit.
Voilà ce qu’ils ont prétendu, exposant sur le théâtre, et à la risée publique, un hypocrite imaginaire, ou même, si vous voulez, un hypocrite réel, etc… Damnables inventions pour humilier les gens de bien, pour les rendre tous suspects, etc. » (Bourdaloue, Sermon cité plus haut. […] III ; le Cocu imaginaire, sc.
Pour ne parler que de ces premières ébauches de comédies, au lieu de caractères, on y trouve des situations ; au lieu des ridicules de la nature, des ridicules exagérés ou imaginaires ; au lieu de personnages, les types de certaines professions, un docteur, un capitan, un juge ; au lieu de la vraisemblance dans l’action, tout l’esprit de l’auteur employé à y manquer. […] Le principal personnage, le menteur, n’est un caractère qu’en comparaison des types imaginaires de la comédie d’intrigue. […] Je n’aime guère l’excuse qu’il en donne à son valet : J’aime à braver ainsi les conteurs de nouvelles ; Et sitôt que j’en vois quelqu’un s’imaginer Que ce qu’il veut m’apprendre a de quoi m’étonner, Je le sers aussitôt d’un conte imaginaire Qui l’étonne lui-même et le force à se taire6. […] L’Étourdiest de 1653 ; le Malade imaginaire, de 1673.
J’ai vu depuis précisément la même scène, et plus forte encore, et j’ai compris que, lorsqu’on peignait des originaux pris dans la nature, et non pas, comme autrefois, des êtres imaginaires, l’on ne pouvait guère charger ni les ridicules ni les passions. […] L’Amour Médecin est la première pièce où Molière ait déclaré la guerre à la Faculté, et cette guerre dura jusqu’à la fin de sa vie; car son dernier ouvrage, le Malade imaginaire, fut encore fait contre les médecins. […] Quand il s’écrie, dans son éloquente indignation, au sujet des calomnies d’Oronte : Lui qui d’un homme honnête à la cour tient le rang, A qui je n’ai rien fait qu’être sincère et franc, Qui me vient malgré moi, d’une ardeur empressée, Sur des vers qu’il a faits demander ma pensée ; Et parce que j’en use avec honnêteté, Et ne le veux trahir, lui, ni la vérité, Il aide à m’accabler d’un crime imaginaire : Le voilà devenu mon plus grand adversaire, Et jamais de son cœur je n’aurai de pardon, Pour n’avoir pas trouvé que son sonnet fût bon : Et les hommes, morbleu , sont faits de cette sorte ! […] La Comtesse d’Escarbagnas, le Médecin malgré lui, les Fourberies de Scapin, le Malade imaginaire, M. de Pourceaugnac, sont dans ce genre de bas comique qui a donné lieu au reproche que le sévère Despréaux fait à Molière d’avoir allié Tabarin à Térence. […] Si la thèse de réception soutenue par le Malade imaginaire, si le mauvais latin, et la cérémonie et l’argumentation, ne sont qu’une caricature, le personnage du Malade imaginaire, tel qu’il est dans le reste de la pièce, n’est-il pas trop souvent réalisé?
Remarque que Mlle Beaubourg, qui débuta à huit ans dans le rôle de Louison du Malade imaginaire, avait laissé le souvenir d’une figure charmante, M. […] Et puis il espérait bien n’être qu’un cocu imaginaire ; en effet Mlle de Brie semblait bien plutôt la sœur de Molière que sa maîtresse. […] Il a créé vingt-deux rôles dans les pièces de Molière, car il était là au Dépit amoureux ; il y était encore au Malade imaginaire. […] Cette fin, un deuil pour le monde entier, n’est qu’un événement à sensation qui fera une réclame pour Le Malade imaginaire. Jouée quelques jours après cette date funèbre, la comédie verra ses recettes augmentées d’un tiers, et Le Malade imaginaire bénéficiera ainsi de la mort de Molière.
L’instruire de son erreur, c’est l’exhorter à ne pas s’intéresser à des aventures imaginaires.
« On voit pourtant tous les jours avec plaisir, me dira-t-on, les Fâcheux, le Mariage forcé, le Sicilien ou l’Amour Peintre, M. de Pourceaugnac, le Bourgeois gentilhomme, la Comtesse d’Escarbagnas, le Malade imaginaire, qui sont autant de comédies-ballets jouées à la Cour avant d’être représentées à Paris ».
C’est encore Molière qui, dans un intermède du Malade imaginaire, lui a donné le plus grand rôle ; mais il n’est là qu’un prête-nom ; il ne fait que remplacer le Pédant, comme on le verra dans la suite de ce livre, et n’a point son caractère original.
Rathery a comparé le début du fameux monologue d’Argan, le malade imaginaire, à l’entrée en matière de la farce du Français logé à l’hôtellerie du Lombard63 : Chinque per chinque, vinte chinque ; Sey per sey, trenta e sey ; Septe per septe, quaranta e nove ; Octo per octo, sexenta e quatre… Ho guadagnato in octo mesi Solamente à logiar Francesi A centanara de fiorini.