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5. (1809) Cours de littérature dramatique, douzième leçon pp. 75-126

C’était une idée originale que de peindre Ésope, cet esclave, cette ligure contrefaite, comme jouissant de la faveur de la cour. […] Lors même que leur idée était juste, ils mettaient bientôt le tort de leur côté, par la fausse application qu’ils en faisaient. […] Quelques auteurs après lui, et malheureusement Lessing lui-même, ont étendu la même idée à tous les genres dramatiques. […] Je ne sais si l’on a déjà remarqué que l’idée principale du Mariage forcé est prise dans Rabelais. […] Voilà une idée et des effets qui prouvent un vrai sentiment de l’art, mais l’exécution laisse encore beaucoup à désirer.

6. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais, si elles sont si intéressantes, que ne prenait-il note de ces idées pour notre plaisir et notre instruction ? […] Il a répété que ses idées étaient justes, nombreuses, variées, fines, élégantes, piquantes, intéressantes, instructives. […] Cette critique se compose d’idées particulières et d’idées générales. […] Richter a trouvé une fort belle métaphore pour rendre la même idée. […] On croirait vraiment que le poète échappe à la loi de l’association des idées ; à coup sûr, il n’a pas fait de plan.

7. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE PREMIER. Part de la Morale dans la Comédie de Molière. » pp. 1-20

Malgré tant de changements de langage, de mœurs et d’idées, il semble destiné à vivre toujours jeune parmi les Français, ainsi qu’Homère parmi les Grecs. […]   Alors, on comprend aussi combien il est intéressant de connaître les idées morales de cet homme. […] S’il avait d’autres idées que celles qui y percent, c’est une question obscure d’abord, puisque pour l’éclairer on est réduit à des hypothèses, et ensuite peu intéressante, puisque ses idées cachées n’ont pu avoir l’influence de celles qu’il a exprimées. […] Quelles sont sur le devoir, sur l’honneur, même sur l’ordre social, les idées de cet esprit hardi ? […] Il est à remarquer qu’on ne trouve que là, dans tout Molière, l’idée que la comédie puisse avoir un but moral.

8. (1819) Notices des œuvres de Molière (II) : Les Précieuses ridicules ; Sganarelle ; Dom Garcie de Navarre ; L’École des maris ; Les Fâcheux pp. 72-464

Je veux donner, en terminant, une idée des bienséances de la scène italienne à cette époque. […] Mais les Adelphes ont fourni tout au plus l’idée de L’École des maris. […] Le sujet de L’École des maris est la différence que deux systèmes contraires d’éducation, l’un sagement indulgent, et l’autre ridiculement sévère, peuvent produire dans les sentiments et dans la conduite des jeunes gens qui y sont assujettis ; et, d’après cela, il est vrai de dire que Molière doit à Térence l’idée première, l’idée fondamentale de sa comédie, l’idée à l’exécution de laquelle tout le reste ne fait que concourir. […] Molière a profité de l’idée de Lope de Vega, mais pour la corriger, pour la perfectionner. […] Molière, dans son Avertissement, explique comment l’idée vint de mêler et même de lier la danse à l’action dramatique, de manière qu’elle en remplît les intervalles, sans en rompre le fil.

9. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Comme exemple, je citerai deux axiomes de la critique française, que bien certainement aucun esprit assez mal fait, en France, n’a jamais eu, n’aura jamais l’idée de mettre en doute. […] Vous avez beau remonter à l’origine des choses et des idées ou à l’A B C de la grammaire et de la rhétorique, suivre un à un les pas de la logique ou faire appel au sens commun simplement, mettre en avant la raison ou, ce qui vaut mieux, la nature ; au fond de toutes vos théories littéraires il y a un sentiment, pas autre chose, analogue, non point au sentiment large d’un homme libre de préjugés qui trouve belles toutes les belles fleurs et belles toutes les belles femmes, chacune dans son genre de beauté, mais au sentiment étroit d’un petit propriétaire qui n’a d’yeux que pour les fleurs de ses plates-bandes et de ses pois, ou d’un jeune amoureux prêt à rompre les os au premier qui osera dire que sa maîtresse n’est pas la plus belle femme du monde. […] Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ? […] Tout fait a sa cause, et toute littérature, toute œuvre d’art est un fait dont il suffît de chercher, dont il faut sans passion chercher la cause dans les mœurs, les idées et les goûts de la société qui l’a produite, dans l’esprit du siècle qui l’a inspirée, dans le génie de la nation qui lui a donné son caractère général, dans le tempérament, les habitudes et la vie de l’auteur original qui lui a imprimé son cachet particulier. […] Alexandre Vinet croit ressaisir dans les idées de la morale et même de la religion les principes absolu ?

10. (1844) La fontaine Molière (La Revue indépendante) pp. 250-258

La première idée d’une statue à élever à Molière fut émise par M. […] Ils se préoccupaient peu de l’espace et de l’enclavement, et cherchaient avant tout à exprimer leur idée nettement et avec les formes vraies qu’elle comportait. […] Cette tête inclinée, ce corps affaissé sur lui-même, ces mains qui semblent s’abandonner, toute la pose enfin pleine de laisser-aller, ne rendent pas l’idée glorieuse qui s’attache à Molière. […] Les détails connus de sa vie active et charitable, sa mort, causée par sa persistance à jouer alors qu’il était déjà fort malade, viennent, du reste, corroborer l’idée qu’on se fait de la force d’esprit et de caractère dévolue à Molière. […] Quant à l’exécution de la statue en elle-même, elle nous a paru soignée et consciencieuse ; l’idée du statuaire acceptée, sa ligure est bien assise et bien composée, ses draperies sont bonnes et bien entendues, et M.

11. (1886) Molière et L’École des femmes pp. 1-47

Un homme politique, par exemple, a des principes qu’on lui connaît ; il a des opinions ; il a des idées… quelquefois. […] On y a cherché une idée, comme nous disons aujourd’hui ; on y a cherché une pensée d’éducation, je ne sais quelle vue d’avenir. […] Je tiens à une idée que j’y ai mise, à une pensée d’éducation que vous n’y voyez pas ; j’apportais une vérité nouvelle. […] Molière, dans L’École des femmes, n’a pas mis des idées sur l’éducation, et si Molière avait mis des idées sur l’éducation quelque part, c’est bien certainement dans Les Femmes savantes, c’est là et pas ailleurs qu’il faudrait aller les chercher. […] Ne lui demandez pas des idées ; les idées, il ne les voit qu’à travers les caractères, au moment où elles deviennent excessives et où il va les ridiculiser.

12. (1823) Notices des œuvres de Molière (VII) : L’Avare ; George Dandin ; Monsieur de Pourceaugnac ; Les Amants magnifiques pp. 171-571

Je rappellerai aussi qu’on a cru s’apercevoir le germe de l’idée morale développée par Molière, dans un passage de l’Aululaire de Plaute. […] C’est un collaborateur embarrassant, qu’un monarque : il y a une sorte de danger à s’écarter de ses idées ; il peut y en avoir une autre à les suivre. […] Du reste, son idée était excellente. […] Don Sanche d’Aragon lui fournit l’idée principale des Amants magnifiques. […] De cette idée dramatique commune aux deux pièces, sort un dénouement commun, mais dont les moyens et les circonstances diffèrent.

13. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIV. » pp. 279-289

L’opinion commune est que Moliere doit entiérement la piece dont il est question au canevas italien ou au Médecin volant de Boursault, qui n’en est qu’une traduction presque littérale ; mais il m’est aisé de prouver que s’il doit à l’un ou à l’autre quelques idées, il a pris le plus grand nombre & les plus essentielles ailleurs. […] Il est aisé de voir que Moliere a pris de l’Auteur Italien la feinte maladie de l’héroïne, le déguisement de l’amoureux, les impertinences que Sganarelle dit en parlant à tort & à travers d’Hippocrate & des matieres de la malade, d’une façon moins grossiere pourtant qu’Arlequin & Crispin : il lui doit aussi le lazzi de tendre la main derriere le dos pour recevoir de l’argent, & l’enlevement de la fausse malade ; mais la vengeance de la femme, & l’idée si singuliere de faire un Médecin à grands coups de bâton, sont puisées dans une histoire connue en Russie vingt ans avant que Moliere fît un Médecin malgré lui. […] Arlichino Medico volante, Arlequin Médecin volant, a pu fournir à Moliere, comme nous l’avons dit, l’idée de son Médecin malgré lui ; mais il doit certainement ses plus grandes beautés à l’un des contes que je viens de rapporter. Il ne pouvoit pas mettre sur la scene un homme rossant sa femme, dans l’idée que ses larmes écarteroient les soupirants ; une pareille scene auroit paru absurde dans un temps où une épouse affligée trouve tant de consolateurs : aussi a-t-il substitué à ce mari mal-adroit, un époux qui veut être le maître chez lui, qui s’impatiente des criailleries de sa femme, & la bat. […] Roze, en lui indiquant l’endroit où il avoit puisé l’idée de sa chanson.

14. (1910) Rousseau contre Molière

Le Malade imaginaire ne pouvait pas entrer dans la suite des idées de Rousseau songeant à Molière. […] Beaucoup d’hommes de votre classe sont dans ces idées. […] Il était auteur comique, et quelle idée se faisait-on alors et se faisait-il lui-même de la comédie ? […] Elle signifie que Rousseau obéit à ses deux idées à la fois. […] Mais cette idée, pourquoi ne pas l’accepter, si elle est vraie ?

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