C’est ce que j’ai tâché d’établir dans le parallèle que j’ai fait des deux créations les plus sublimes d’un des plus beaux génies qui aient jamais honoré la France. […] Mais plus il est important par ses résultats, plus il présente de difficultés que le génie seul peut surmonter. […] Cette division une fois reconnue, le génie prit bientôt l’essor le plus sublime, et la scène fut enrichie de chefs-d’œuvre. […] Mais le génie, resserré par la nature même des choses, ne s’est pas arrêté là. […] Le génie médita, les écueils disparurent, un nouveau chef-d’œuvre naquit.
Tu mourus couronné des palmes du génie : Quel Panthéon pour toi, dans ce siècle vanté, Devança les honneurs de l’immortalité ? […] Mais ton génie ouvrit et ferma la carrière. […] Tout semble se créer sous ta plume hardie, Et l’imitation est chez toi du génie. […] crains la calomnie, Et rassemble du moins les efforts du génie ! […] donnez aussi des palmes au génie !
Le génie de Corneille avait quelque chose d’espagnol. […] Heureux le génie à qui il a été donné de l’exciter ! […] C’est là le style de génie, il n’y en a pas d’autre. […] Est-ce cette mesure qui a fait de Molière l’homme de génie homme de bien par excellence ? […] Si l’observation est la marque du génie dans le poète comique, en quoi y a-t-il moins de génie à reconnaître la nature dans l’auteur qu’on lit, qu’à la surprendre sur l’original qui passe ?
Dans l’art de juger l’homme et de le définir D’avance ton génie a vaincu l’avenir. […] Portant avec terreur un douloureux regard Sur tes chefs-d’œuvre ; exemple et désespoir de l’art, Victime de la haine et de la calomnie, Peut-être as-tu douté de ton propre génie. […] Vois les quarante dieux réunis dans son temple D’un fraternel respect donner l’auguste exemple ; Si devant ton génie elle ferma le seuil Qui conduit au repos du bienheureux fauteuil, Pardonne ! […] Puisse-t-il, consacrant ta popularité, Prouver longtemps du moins à la postérité, Qu’aussi bien que la Grèce et l’antique Ausonie, La France honore, excite, enfante le génie ! […] Le génie est en proie à de lâches rivaux ; Tant qu’il respire encor, la haine le déchire, Mais l’avenir le venge et l’univers l’admire.
A-t-on bien compris même de nos jours ce qu’il t’a fallu de courage et de génie pour concevoir le plan de cet ouvrage et l’exécuter dans un temps où le faux zèle était si puissant, et où l’on éloignait Catinat du commandement, parce qu’il était philosophe ? […] Voyez les scènes des amants dans le Dépit amoureux, premier élan de son génie. […] Leur expérience se rencontre avec ses observations, et leur mémoire avec son génie. […] Ce n’est pas ici le lieu de discuter l’opinion qui flétrit la profession de Molière, parce qu’il n’y a point de profession que son génie ne puisse ennoblir, que cette opinion tient à des questions délicates, que les grands talents et les bonnes mœurs seront toujours au-dessus de toute condition, et que ce n’est pas trop la peine de parler du reste. […] S’il s’élevait parmi nous dans la suite un auteur comique qu’on pût lui opposer, c’est que nos mœurs seraient devenues plus fortes, et que cet auteur aurait encore plus de génie que lui.
Du moment que l’abus des richesses, l’usage continu des plaisirs qu’elles enfantent, eurent énervé les Athéniens, leur caractere mou & efféminé se communiqua aux productions du génie. […] C’est l’esprit qui a toujours porté les premiers coups au génie. […] Le Sang-froid, au Génie. […] puis-je voir le Génie Ne hanter que l’Esprit pour toute compagnie ! […] L’Esprit & Clinquant son confident conspirent contre le Génie & le Bon-sens.
Ce sont là de ces erreurs du génie, qu’on se sent trop petit pour condamner, bien que la région moyenne où l’on se tient rende impossible à notre médiocre raison de les partager. […] Maintenant, on voudrait tâcher de se dérober à la passion du beau et au joug du génie pour conserver toute l’impartialité du sens et du jugement moral. […] Ce génie, c’est le rire : il subjugue ; on s’y laisse aller d’autant mieux qu’il est délicat et franc ; en sorte qu’insensiblement on s’attache à ce qui plaît, en oubliant absolument de juger si cet attachement s’applique au bien ou au mal. […] Et sur ce point, on peut remarquer encore que plus d’un Père de l’Église s’est appliqué à des œuvres théâtrales ; que notre théâtre moderne, né dans l’Église même, n’a été proscrit par elle qu’après plusieurs siècles et pour des abus réels ; que de tout temps elle a eu des ministres très éclairés qui se sont occupés de comédie ; et qu’enfin aujourd’hui des évêques très-sages dirigent des collèges où les élèves ont souvent pour récréation des représentations dramatiques empruntées au génie antique et païen autant qu’au génie moderne et chrétien. […] Alors on se retourne vers Molière avec un sentiment d’admiration et d’intérêt plus vif encore que toute l’émotion causée par son génie.
Son génie, ce génie qui nous paraît à distance si merveilleux de facilité et de fécondité, ce génie s’est débrouillé lentement, péniblement, si vous regardez les dates ; et, ce qu’il y a de pis, il s’est débrouillé loin du public de Paris, le seul pour lequel il soit doux de travailler, le seul qui puisse donner et donne la gloire en un jour, quelquefois en une heure. […] Eh bien, l’homme de génie peignant M. […] Mais, messieurs, quelle preuve de génie, d’avoir tiré de la mort même une comédie ! […] Un seul homme l’a fait, parce qu’il était seul à les voir, et, l’ayant fait, il avait du génie ; c’était une conception du génie, car le caractère le plus évident du génie, ce n’est pas toujours d’exprimer le moment et le milieu, c’est de devancer les siècles. […] Elles ont été, la colère surtout, un des stimulants les plus actifs de son génie.
Mais vous avez tort de tirer de ce sentiment si juste des propositions universelles et des règles absolues sur le caractère nécessaire du génie comique, et sur l’essence éternelle de la comédie. […] Quelle que soit la théorie que vous inventiez, nous ne serons pas longtemps à trouver un homme de génie et plusieurs chefs-d’œuvre pour la démentir. […] Tout fait a sa cause, et toute littérature, toute œuvre d’art est un fait dont il suffît de chercher, dont il faut sans passion chercher la cause dans les mœurs, les idées et les goûts de la société qui l’a produite, dans l’esprit du siècle qui l’a inspirée, dans le génie de la nation qui lui a donné son caractère général, dans le tempérament, les habitudes et la vie de l’auteur original qui lui a imprimé son cachet particulier. […] Taine, sorti de l’école historique, prétend réduire toutes les facultés d’un artiste à une seule faculté maîtresse, toutes les facultés maîtresses de tous les artistes d’un même peuple à une grande faculté générale qui sera, par exemple, le génie oratoire pour Rome, enfin les divers génies des peuples issus d’une souche commune à l’unité de la race, et ainsi, d’abstraction en abstraction, il raréfie la critique littéraire. […] Et puis, il a sa théorie du génie.
Quand les matériaux sont rassemblés de toutes parts, préparés, dégrossis, et qu’il n’y a plus qu’à les mettre en place, l’homme de génie vient à l’heure favorable, il leur imprime le mouvement et la vie ; et les éléments épars se disposent et s’élèvent en édifices. […] Par la suite des siècles, quand tout ce qui a précédé et préparé les créations du génie a disparu dans l’oubli, les œuvres éminentes, les monuments qui restent seuls debout, apparaissent à une hauteur inexplicable, et telle qu’on s’imagine avec peine qu’ils aient été construits par des hommes. […] On a reconnu les sources où s’alimentait son génie ; on a expliqué de quels théâtres antérieurs procède son théâtre. […] Aujourd’hui un tout autre sentiment dirige les recherches dans le même sens, c’est l’intérêt de plus en plus vif qui s’attache à tout ce qui a pu servir son génie, c’est le désir de montrer comment l’imagination ne crée point de rien, comme quelques-uns se le figurent, mais transforme et vivifie ce qu’elle touche, et d’une chose morte fait une chose impérissable. […] Elles exercèrent chacune une influence spéciale sur les deux grands génies qui fondèrent chez nous l’un et l’autre genre dramatique : Pierre Corneille, le père de la tragédie, fut soutenu dans sa puissante initiative par la littérature espagnole ; Molière, le comique, s’inspira davantage de l’art de l’Italie.