Baron, âgé pour lors de neuf à dix ans, était dans la troupe de la Raisin, à qui Molière venait de prêter sa salle par humanité : il vit le jeune comédien, devina son talent, l’invita à souper, et le fit coucher chez lui : qu’on se figure la surprise de cet enfant quand, à son réveil, on lui apporta un habit magnifique ; il crut être bercé par un songe agréable, surtout lorsque Molière lui fit présent de six louis, en lui recommandant de ne les dépenser qu’à ses plaisirs, et qu’il lui montra l’ordre par lequel le roi lui permettait de quitter la troupe de la Raisin pour entrer dans celle de son bienfaiteur. […] Sosie, tremblant parce qu’il est nuit, et qu’il craint d’être arrêté comme voleur, arrive du port pour annoncer à la belle Alcmène qu’Amphitryon a battu les ennemis ; il fait une répétition de sa harangue, lorsque Mercure, qui lui a volé sa figure et son nom, vient l’interrompre, l’empêche d’entrer chez Alcmène, et le renvoie vers le port, à grands coups de bâton. […] Jupiter, toujours sous la figure d’Amphitryon, entreprend de faire oublier à la belle Alcmène les torts de son mari ; il y réussit, et voulant, dit-il, célébrer son raccommodement par un sacrifice à Jupiter, il ordonne à Sosie d’aller inviter le pilote Blépharon. […] Le genre. — D’intrigue dans l’un et l’autre ouvrage, mais d’intrigue surnaturelle, puisque la métamorphose de Jupiter, qui se donne la figure de son rival, en est la base. […] Enfin, des beautés sans nombre recueillies chez Térence, chez Cyrano, chez les Italiens : et des basses plaisanteries empruntées de Tabarin, et dénoncées dans ces vers de Boileau : C’est par là que Molière, illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix ; Si, moins ami du peuple, en ses doctes peintures, Il n’eût pas fait souvent grimacer ses figures ; Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin ; Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope.
Despreaux furent oubliez, que pour se vanger de cette exclusion l’un le depeignit sous la figure du Misantrope, & l’autre le designa par ces deux vers « Et que le sort burlesque en ce siecle de fer D’un pédant quand il veut sait faire un Duc & Pair. […] Je vois bien que vous n’avez encore rien aimé, lui repondit Moliere, & vous avez pris la figure de l’amour pour l’amour même. […] Rohaut, pour le prier de lui prêter ce chapeau, qui étoit d’une si singuliere figure, qu’il n’avoit pas son pareil. […] Etudiez la Cour & connoissez la Ville ; L’une & l’autre est toûjours en modeles fertile ; C’est par là que Moliere illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût remporté le prix, Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer ses figures, Quitté, pour le bouffon, l’agreable & le fin, Et sans honte à Terence allié Tabarin.
Pour sa figure, je ne veux point vous en parler : vous verrez de quel air la nature l’a dessiné, & si l’ajustement qui l’accompagne y répond comme il faut.
Bélise, sous les traits de Mme Thénard, n’est pas la joyeuse caricature imaginée par Molière, mais une figure qui, à force de prodiguer les éclats de rire, finit par attrister les spectateurs attentifs.
Même chiffre que Corneille le Jeune, cinq cents livres de moins que Benserade, entre lesquels il figure sur la liste, beaucoup plus bas que Desmarets, ce fertile génie, et le sieur Chapelain, le plus grand poète français qui ait été et le mieux renté certes, puisqu’il eut, lui, 3,000 livres. […] Il se peut bien, puisqu’à la fin de sa carrière, ses déceptions ne l’empêchèrent pas de créer cette ravissante figure d’Henriette.
L’un dessine purement un portrait ; la ressemblance est exacte, les traits sont fidèles, les nuances même les plus fugitives sont habilement saisies ; mais ce n’est qu’une figure isolée, sans mouvement et sans vie : l’autre conçoit un vaste sujet ; il groupe autour de son personnage principal d’autres figures qui font ressortir la sienne ; il met en présence le vice et la vertu, l’hypocrisie et la bonne foi ; il presse, il anime, il enflamme son action : du jeu des contrastes les plus opposés il fait sortir la ressemblance ; du choc des passions les plus tristes il fait jaillir la gaieté ; enfin d’un divertissement il tire une haute leçon morale, et du portrait d’un homme il fait le tableau d’une époque.
« Que j’aurai de plaisir de voir des créatures qui vont sortir de moi, de petites figures qui me ressembleront comme deux gouttes d’eau, qui se joueront a continuellement dans la maison, qui m’appelleront leur papa quand je reviendrai de la ville, et me diront de petites folies les plus agréables du monde ! […] Et qu’il est loin aussi de ces petites figures qui devaient lui ressembler comme deux gouttes d’eau ! […] Il me semble que je l’entends d’ici qui rit à gorge déployée, et qui dit à mademoiselle Plessis, sa digne camarade : — « Figure-toi, ma chère (au Théâtre-Français, c’est l’usage, le fraternel toi descend et ne remonte pas, la plus ancienne dit toi à la plus jeune, et la plus jeune lui dit vous), figure-toi, ma chère, qu’ils y ont été pris ; ils ne m’ont pas reconnue dans le rôle de Sylvia ; ils se sont parfaitement contentés de ma petite personne mignonne, de ma petite voix criarde, de mon petit regard agaçant ; ils ont battu des mains ; sois donc tranquille, puisqu’ils m’ont prise pour Sylvia, toi-même tu peux représenter, demain, la Célimène du Misanthrope.
Le ballet du Carnaval (appelé aussi le Carnaval-Mascarade, ou la Mascarade-Carnaval, ou mieux, et c’est son vrai titre, le Carnaval, ballet-mascarade), figure au catalogue Soleine, sous le n° 3301-7- ; il y est désigné comme étant composé de huit entrées et d’un prologue : N° 3301.
Molière figure quantité de fois comme parrain sur des actes de baptême. […] Au XVIIe siècle on pensait autrement, et Vaugelas estimait que « la parole qui se prononce est la première en ordre et en dignité, puisque celle qui est écrite n’est que son image, comme l’autre est l’image de la pensée. » Les écrivains du XVIe siècle, semble-t-il, se souciaient plus de la « figure», que du son ou de la « musique » des mots.
Que le lecteur lise attentivement la scene que je mets sous ses yeux, qu’il se figure le Marquis à quinze ou à quatre-vingts ans, il le plaindra ; il souffrira de son embarras, & il n’en rira point.